Mois : mars 2018

La fête du printemps

« Cette année, on a oublié la fête du printemps! »

C’est à l’occasion de notre rendez vous au café des femmes que Samia a fait cette remarque, tout récemment.

Samia est d’origine Kabyle. Au cours de nos différents échanges sur nos origines, elle nous a appris que chaque année, en Algérie, autour du 28 Février,  le printemps est un évènement qui est fêté pour célébrer le renouvellement de la vie. Anekcum N Tefsut, ce qui veut dire: fêter l’entrée du printemps.

C’est l’occasion de se préparer à sortir du temps de l’hiver où les occasions de rencontres avec les autres sont plus rares,  pour retrouver l’énergie, la vitalité de se remettre en marche, en symbiose avec la nature et ceux qui nous entourent. Des moments de joie, de communion pour célébrer l’arrivée de cette belle saison.

 

Au printemps, dans les forêts de montagne en Kabylie, pousse une plante dénommée « aderys ». C’est une racine utilisée dans la préparation du plat traditionnel de cette fête. Elle possède des vertus thérapeutiques, elle renforce le système immunitaire. C’est un plat qui fait parti du patrimoine culinaire en Algérie.

Ce repas est partagé entre tous pour fêter ce renouvellement et se réjouir tous ensemble de cette perspective: le printemps qui nous permet de sortir à la rencontre des autres. Le printemps se fête de différentes manières, dans toutes les traditions.

Samia nous a permis de découvrir et d’organiser cet évènement depuis plusieurs années. Anekcum N Tefsut est rentré désormais dans les coutumes de notre collectif.

 

Nous ne sommes pas toutes d’origine Kabyle, loin de là! Mais ces différents partages autour de l’art de vivre et de comprendre la réalité sont autant d’occasion d’enrichir  nos espaces, de percevoir en même temps ce qui est propre à chacun d’entre nous et ce qui nous rassemble, nous unit. Ces partages, où on s’ouvre à la réalité de l’autre,  nous donnent une meilleure compréhension de ce qui nous entoure et du sens qu’on souhaite apporter à ce que nous construisons ensemble. C’est la volonté qui anime Terrain d’Entente depuis toues ces années.

 

Mais cette année, nous étions, à la sortie de l’hiver,  les uns et les autres dans des préoccupations qui nous ont tous accaparés. Samia nous a rappelé l’importance de ce rendez vous du printemps, et nous a donné l’envie de l’organiser.

 

Pour des raisons d’organisation pratiques, nous n’avons pas pu, cette année,  partager le repas. Mais nous avons estimé important de nous rassembler pour vivre ensemble un moment de fête. Certaines d’entre nous traversent actuellement des moments douloureux qui peuvent les rendre vulnérables, elles ont trouvé le courage, ce jour là,  de se joindre à notre collectif.

La fête chaque fois est l’opportunité de retrouver l’énergie, la force pour rester debout malgré tout, avec la présence des autres.

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Echange avec Fyala, adhérente à Terrain d’Entente

Josiane

Fyala je te remercie bien de te prêter à cet exercice, ça va nous permettre de parler un peu de terrain d’entente et du café des femmes

 

Fyala: d’accord

 

Josiane:  Donc voilà, juste savoir comment t’as connu terrain d’entente.

 

Fyala

d’accord. Alors j’ai connu Terrain d’entente  en 2014, c’était en novembre je crois. Je suis venue déjà en France en 2014, en Juin 2014. Je suis venue pour la france pour une vie meilleure et pour un avenir pour mes enfants, c’était ça le but de venir en france. Déjà que j’ai déraciné mes enfants, c’était très dure pour nous. et en arrivant en france je connaissais personne, mes enfants se sentaient seuls, abandonnés. Et j’ai remarqué qu’ici les enfants, chacun jouait seul et j’ai poussé mes enfants vers les enfants pour qu’ils jouent ensemble , mais rien… Et peu à peu j’ai connu des parcs. Et après j’ai connu le parc qui est juste derrière la médiathèque, je peux, je peux pas dire le nom. Et je voyais des personnes avec des enfants, il y avait des tapis, il y avait des grosses caisses rouges avec beaucoup de jouets. Et les enfants jouaient tous ensemble, et les grands il s’occupaient des enfants ils étaient très gentils et tout ça. Et moi j’étais de loin et  je me demandais mais c’est quoi ces gens, c’est qui ? est ce que je peux pousser mes enfants vers eux? Et je disais à mes enfants allez y allez y, essayez de rentrer parmi ces enfants. Et mes enfants ils y allaient. Et moi j’étais tellement timide, je connais personne, j’avais pas le courage d’aller vers eux et demander ce que c’était. Je suis timide de naissance.

Et après quand je marchais avec mon grand fils j’ai aussi  remarqué que toujours il saluait un adulte. Alors je lui demandais, d’où tu le connais lui? Et il me répondait mais maman ils sont derrière la médiathèque, ce sont eux qui jouent avec nous. Et un jour en revenant des courses je les voyais ranger, c’était fini le temps des jeux, ils rangeaient leurs grosses caisses. Alors là je me suis dit, ça y est, je vais demander à ces personnes qui sont-ils?  Qu’est ce qu’ils font? Alors j’arrête une petite jeune fille qui travaille dans l’association Et là je leur demande excusez moi, je voudrais vous poser une question, qui êtes vous? Vous êtes une association? Vous êtes qui? Alors tout gentiment elle me répond oui nous sommes une association, nous sommes toujours derrière la médiathèque le mercredi le samedi, il y a même un café des femmes, tu seras la bienvenue. Et tout ça. Alors je me dis c’est super…encore j’étais seule, moi même,  je me sentais seule, ça veut dire j’avais personne.

Alors le mercredi après midi j’ai pris mes enfants et je suis partie derrière la médiathèque et là je me suis approchée et c’est Josiane qui la première m’a fait la bise elle était toute chaleureuse elle m’a pris dans ses bras elle m’a dit voici terrain d’entente, et voilà tout ce qu’on fait  et tout ça . Et j’étais tellement contente, là  je me suis parlé à moi et je me suis dit, là je suis tombée sur un trésor. parce que  j’étais seule ici. Après j’ai vu Claire, elle était présente aussi le mercredi, elle s’est présentée à moi, ils jouaient avec mes enfants., ils saluaient tout le monde et tout ça…Ca m’a fait très chaud au coeur j’étais très contente en arrivant à la maison. J’ai dit à mon mari j’ai trouvé des gens, ils sont très sympa, il y a même un café des femmes vendredi j’y serais. Et vendredi est venu et je suis venue et là j’ai fait la connaissance des autres femmes. J’ai pu parler aux gens, j’ai pu connaitre des gens et tout ça.

En premier  J’étais un petit peu timide mais ….à force d’y aller…parce que,  après je ne ratais pas un café des femmes. J’habite juste à côté. Tous les vendredis j’ai dit à mon mari c’est mon vendredi à moi. c’est le jour où je vais connaitre des gens, où je vais me distraire, où je vais un petit peu papoter et tout ça. Le café des femmes coulait dans mon sang, c’est comme si c’était une cigarette pour moi, ça coule, ça coule dans mon sang, j’attendais impatiemment  toute la semaine. J’étais dynamique, je travaillais toute la semaine à la maison, pour mes enfants, l’école et tout ça, et j’attendais impatiemment le vendredi.   Ca y est, le café des femmes à deux heures j’y étais.

Euh c’est comme ça que j’ai connu terrain d’entente

 

Josiane Oui merci beaucoup Fyala est ce que tu pourrais nous décrire un peu comment ça se passe au café des femmes? Heu…

 

Fyala

Au café des femmes nous sommes des femmes qui viennent chacun comme elle peut On se réuni alors autour d’une graaande table. Il y a un bon  café chaud posé, des friandises, des gâteaux c’est les femmes qui apportent où Josiane elle même et Claire. Et là on commence à, discuter. Déjà le café des femmes, les femmes qui se rencontrent on devient une famille. ca me plait. on sent pas tout ça, il y a des blancs, il y a des noirs….on  se rencontre et on devient une famille, vraiment une famille qui se soutien. C’est ça qui me plait, on commence à faire connaissance et tout, et petit à petit on a des projets. Au café des femmes, nous sommes une famille, nous sommes soeurs au café des femmes. Et quand quelqu’un parle, on est toujours en train de l’écouter. Il y a des fois, des fois,  on adore se taquiner un petit peu, On s’amuse on rigole, on fait des blagues aux autres femmes. Mais  Toujours on est super bien posé au café des femmes c’est un bon temps qu’on passe ensemble. IL y a des fois on arrive à réaliser des petits rêves. Ou des petites euh des petits rêves à chacun d’entre nous

 

Josiane Tu pourrais nous en dire quelques uns des petits rêves?

 

Fyala Heu….

 

Josiane  Qui ont été importants pour toi hein?

 

Fyala

Faut heu…que je me rappelle un petit peu parce qu’il y a eu tellement de choses, tellement de choses qu’on a fait ensemble… Déjà au café des femmes on a réalisé la soupe là heu, la soupe heu qui a été faite heu au moment des attentats de Charly Hebdo. C’était pour montrer aux gens que malgré …. parce que au café des femmes après les attentats, nous sommes des femmes venues de pays différents il y  a certaines de nous  qui portent le foulard… Et après ces attentats là on se sent mal, on se sent comme si rejeté par la société, on a peur aussi de sortir dehors, de se faire montrer du doigt et tout ça. Et ce projet là a été monté rien que pour dire que  malgré tous ces attentats là malgré tout ça on peut réaliser des choses ensemble, il faut pas nous regarder de ce mal côté là il y a le mal et il y a le bien, et avec le bien on peut réaliser beaucoup, beaucoup  de choses, on peut être vraiment unis.  et c’est au café des femmes on a monté….on a monté ce projet là.

Et on a réalisé une énorme soupe adressée à tous les gens, gratuitement. Avec amour et chaleur et tout ça. Et Et Et il y avait deux sortes de soupe, une soupe de légume et une chorba, une soupe traditionnelle algérienne qui est très connue et heu….qu’on adore. Et Beaucoup de femmes, les femmes du café des femmes ont tous mis la main dans la soupe. Il y avait ceux là qui épluchaient, ceux là qui rinçaient les légumes ceux là qui touillaient la marmite. Et ça a fait une énorme soupe. Et le temps venu de poser les soupes, il y avait énormément de gens. Et ça fait un peu rigoler nous en tant que heu… Moi Maintenant je me sens en tant que terrain d’entente, je vis terrain d’entente, je suis terrain d’entente, comme bénévole c’est tout. C’était que les gens ils venaient avec leur bol et ils te disaient, où est la caisse pour poser heu l’argent. Mais il y avait pas de caisse  Ben heu, c’était comme un choc pour eux, ils disaient, mais cette soupe elle est gratuite…; Oui, elle est gratuite,  c’est seulement pour vous dire qu’on peu faire des choses ensemble. Des choses qui coûtent rien du tout, peut être rien qu’un petit sourire, c’est tout.

Et là c’est un projet qu’on a réalisé tous ensemble et qui jusqu’à aujourd’hui me touche énormément. Quand chez moi je fais cette soupe là tous les souvenirs me remontent….parce que chez nous on là fait toujours cette soupe… tous les souvenirs me remontent

Et heu, il y  a aussi le projet hammam. Les femmes adorent  le hammam.  Se poser en eau chaude, se frotter le dos …. Là ça rigole et tout ça, elles sont contentes. et elles repartent chez elles avec une belle peau lisse, un grand sourire, elles sont toutes belles, toutes fraiches.  Ca aussi c’est un projet qu’on a monté à Terrain d’Entente. On a aussi dernièrement monter un projet de salon de thé. C’était vraiment un très beau projet. Ce sont des femmes qui ont réalisé un salon de thé et qui ont travaillé dedans..

 

Josiane Tu peux nous dire comment ça c’est construit ce salon de thé, comment ça a démarré?

 

Fyala

C’était d’abord le rêve voilà de quelqu’un qui a voulu monter un salon de thé et elle n’a peut être pas eu le droit, heu l’agrément peut être  de le monter. Alors elle même elle s’est adressée à terrain d’entente et c’est eux  qui ont fait tout leur possible pour avoir un petit local et…mettre une somme d’argent pour acheter les ingrédients et tout ç et tout ça… et les femmes elles ont distribué le travail. toi tu sera disponible pour faire les gâteaux … oui,  toi tu seras disponible pour garder les enfants des mamans qui travaillerons…. oui , toi tu seras disponible pour servir dans le salon de thé pour servir ou pour vendre des petits gâteaux parce qu’il y eu beaucoup de gâteaux, tout ça,  et il a vraiment marché ce salon de thé, et il y avait  des femmes qui portaient le foulard, et les passants demandaient est ce qu’il est à tout le monde ce salon de thé  ou c’est seulement les femmes…. Et là, on était mixte…Il y avait des couples qui venaient, il y avait des gens…et ils ont même fait le couscous qui était très demandé et… très bon aussi à déguster. Ce projet là  a permit de faire une petite somme d’argent quand même et avec cette petite somme d’argent on va réaliser un autre rêve à toutes ces femmes qui ont mis de leur bon…. de leur bon côté pour réaliser ce salon de thé

 

Josiane Qu’est ce que ça va être

 

Fyala

Je crois que ça sera… parce qu’on n’est pas vraiment  d’accord encore, parce que il y a des femmes qui veulent… en tous cas ce sera pour une sortie, une bonne sortie, enfants et mamans. Parce que pour les mamans, ce sont leurs enfants qui comptent, s’occuper de leurs enfants, sortir ses enfants. Alors le prochain projet ça va être de sortir ces mamans et leurs enfants dans un endroit qui va pas vraiment coûter parce que déjà  Rien que le transport coûte 400 euros, le car, alors on va essayer de profiter de  cet argent pour bien s’organiser, une sortie avec jeux et tout ça pour les enfants,  peut être un pique nique

 

Josiane Comment vous prenez les décisions ensemble?

 

Fyala

Au café des femmes, chacun dit par exemple qu’est ce qui pense et puis l’autre par exemple dit non regarde je crois que ici ça cloche, et elle ne sera pas disponible ce jour là… en tous cas on se met d’accord et c’est ça qui est très chaleureux. Parce que exemple ci une de nous est coincée ce jour là et bien hop, on change la date prévue pour sortir,  alors ça sera pas cette date, on essaye une autre date. L’union fait la force, comme l’union a fait la force pour réaliser ce projet du salon de thé. Maintenant L’union c’est de faire en sorte de sortir  toutes ces familles là sortent ensemble un jour pour bien déguster l’argent qui est rentré avec ce projet de salon de thé

 

Josiane Tu sens que c’est des…tous ces projets ces rêves réalisés, ça fait bouger quelque chose entre les femmes

 

Fyala

Ha ça, ça fait bouger beaucoup, beaucoup les femmes. Moi même, je suis une femmes très timide, mais maintenant je me suis relancé dans la vie. Je me sens vivre, je peux compter sur moi Avec terrain d’entente je me sens encore plus forte, je donne mon opinion,  j’arrive à parler, même les femmes maintenant, en arrivant elles sont comme ça, elles sont timides, et maintenant hop, elles s’épanouissent.  on a fait des choses et tout ça.

Le café des femmes ce qui me plait aussi beaucoup c’est par exemple une femme, elle a un petit problème, elle court au café des femmes.  nous sommes une famille, on s’épaule , on s’appuie C’est très bien pour nous, c’est vraiment un appui pour moi, pour ces femmes là

 

Josiane….Merci beaucoup… est ce qu’il y aurait un autre rêve que tu imagines possible à réaliser

 

Fyala

moi personnellement j’ai un autre rêve. Nous on a réalisé des choses pour nous, c’est vrai…  on a déjà réalisé plein de choses, il y a eu les sorties hammam, les sorties au bord de l’eau pour les femmes et pour leurs enfants Il y a eu aussi heu les enfants par exemple ils vont à la campagne, ils vont cultiver un petit peu la terre, ils font beaucoup de choses, ils vont dans des stades, ils vont ..C’est bien. Et moi maintenant, j’aimerai faire quelque chose pour les autres, avec terrain d’entente. J’ai deux projets en tête, par exemple monter un projet c’est de heu  rendre visite dans les maisons de retraite , nous les femmes, pourquoi pas… une fois ou deux fois par mois…Il y a beaucoup de personnes âgées qui ont plus de famille. Les familles ils les mettent dans des maisons, après heu… et ces gens là sont tellement seuls; tellement déprimés   et que moi je pense à eux parce que moi j’ai connu ça. J’ai pas été dans une maison de retraite, mais j’ai été toute seule en france, et moi je pense à ces gens là. Les malades aussi à l’hôpital, par exemple qui viennent des autres villes et tout ça, qui sont  loin de leur famille… J’aimerai bien moi, et même je suis sûr que les autres femmes si j’étalais ce projet là eh bien je suis sûr qu’elles voudraient Pourquoi pas, une petite boite de chocolat, un petit moment avec eux eh bien crois que ça serait formidable de réaliser heu, c’est pour eux cette fois ci.

Nous on a tellement vécu de choses avec terrain d’entente, on a vécu des noël Moi personnellement j’ai jamais vu un sapin dans ma famille, petite, mes enfants

en tant que musulman ils ont jamais vu le sapin de noël alors à terrain d’entente mes enfants ils ont touchés le sapin de noël Je crois que…. ils ont vu beaucoup de choses Je crois que maintenant, je trouve que c’est au tour des autres de recevoir aussi de terrain d’entente.

Terrain d’entente c’est une association qui donne et c’est ça qui me plait à terrain d’entente elle donne, elle donne elle donne toujours

Mais moi, je voudrais pas seulement parler du café des femmes, terrain d’entente c’est important aussi pour mes enfants Terrain d’entente a toujours été présent pour mes enfants Je suis venue en 2014, j’ai déraciné mes enfants Quand ils sont arrivés en france, ils ne savaient pas parler le français correctement. Je ne savais pas où demander Terrain d’entente leur a donné confiance en eux, ils ont discuter avec eux, ils ont parlé avec eux ils ont été en contact avec les autres enfants, ils ont pu discuter, les premiers amis des mes enfants c’est à terrain d’entente.

Aujourd’hui ma fille est en troisième année j’en dormais pas la nuit, l’école était très difficile pour elle, tout était en français Mais grâce à terrain d’entente j’ai pu m’appuyer sur josiane et claire, ma fille aujourd’hui elle a réussit j’ai vraiment, mais vraiment un appui de terrain d’entente, à l’aide aux devoirs, l’aide aux devoirs que l’établissement m’a refusé.  J’ai demandé l’aide aux devoirs et ça m’a été refusé Terrain d’entente offre l’aide aux devoirs aux enfants  sans rien demander donne de leur temps, donne de leur amour, donne de leur savoir et ça, ça me touche vraiment ça j’aimerai bien que ce soit cité

 

Josiane Tu voudrai rajouter quelque chose?

 

Fyala

Oui je sens que claire et josiane c’est ma vraie vie maintenant ici je sens c’est ma vraie famille ici sur la france. que toutes les femmes du café des femmes sont mes soeurs et je tiens à remercier vraiment, vraiment qu’ils ont su mettre debout cette association qui sont présents vraiment pour ces dames là, des dames en difficulté, je les vois et je les entend ils savent les rassurer, ils savent prendre leur main et les tirer du fond du puit Et ce qui me plait vraiment à terrain d’entente c’est que les secrets ils sont vraiment enfuient au fond du puit. Personne ne sait rien des difficultés de l’autre, ça c’est vraiment pour moi quelque choses de rassurant. J’ai eu moi quelques difficultés, je me suis appuyé sur eux je dis des choses et rien n’est sorti. J’espère que terrain d’entente continuera, continuera. et sera toujours présent pour les autres.

c’est du fond du coeur que je parle

 

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Atelier Théâtre

Durant la deuxième semaine des vacances de Février nous avons eu l’opportunité de participer à un atelier théâtre animé par Lucile à l’Amicale Laïque de Tardy. Deux groupes de quatre et six enfants participaient à l’atelier, l’un le matin et l’autre l’après-midi.

L’objectif de cette semaine n’était pas de monter un spectacle (le temps aurait été trop cour) mais plutôt de les faire travailler sur les deux compétences primordiales d’un comédien : l’écoute et le rapport aux autres. A l’aide de petits jeux les enfants ont ainsi pu se rencontrer, prendre conscience de leur propre image et de l’importance du respect de l’autre. Ayant un but ludique de prime abord, cet atelier leur a aussi permis de parler d’eux même, de leurs vies et de leurs doutes. Au fur et à mesure que les jours passaient les jeux devenaient plus fluides car les enfants gagnaient en assurance et en complicité. Tous devinrent force de proposition, faisant vivre l’atelier, et laissant présager le mieux pour la répétition publique du dernier jour.

Celui-ci se déroula dans la grande salle de l’amicale de Tardy. Etaient présents en même temps les deux groupes qui avaient participé à l’atelier ainsi que des mamans et femmes du quartier, qui pouvaient observer non pas une représentation mais une reproduction fidèle des ateliers proposés durant une semaine. Après que l’ambiance fut bien assurée par les comédiens en herbe il fut proposé aux mamans de participer elles même au dernier atelier, ce que la majorité fit avec la plus grande joie. Surprise, dépassement de soi et crises de fou rire furent au rendez-vous de cet après midi pas comme les autres.

Dans l’ensemble cette semaine fut enrichissante pour tout le monde, permettant de tisser des amitiés présentes et de futures passions.

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Atelier RAP

Depuis les débuts du mois de juillet un atelier rap fut proposé aux adolescents du collectif une fois par semaine. Celui-ci consistait à écrire son propre texte puis apprendre à l’interpréter et à le poser en rythme.

Le rap est actuellement le style de musique le plus écouté au monde et en France. S’adaptant à toute base musicale, le rap est à l’origine un moyen de communication servant au poète à faire passer un message, à décrire à l’auditeur sa vie, ses doutes et ses ambitions. Pour un jeune de 13 ans c’est la chance de pouvoir verbaliser son quotidien, de développer son écriture, son vocabulaire et sa prestance à l’oral. Au sein d’un quartier, c’est la chance de pouvoir s’affirmer dans un rôle positif et d’échapper à la réalité par la musique.

De nombreux enfants différents sont passés par cet atelier rap, beaucoup d’entre eux ne participant pas à plus d’une ou deux séances. Cependant un groupe de trois enfants déterminés continuèrent le projet, élaborant deux musiques et en enregistrant une lors du mois de Mars. Les progrès accomplis lors de ces dix mois d’ateliers furent impressionnants, les jeunes adolescents gagnant en qualité d’écriture, d’interprétation et en sens du rythme.

Si une certaine tolérance fut appliquée quant aux mots employés par les jeunes dans leur texte, le mot d’ordre et seule obligation fut pour eux de raconter la vérité. De la tourner dans le sens qu’il voulait, certe, de l’embellir au besoin, mais pas de la transformer pour correspondre à la norme de ce qui peut se faire dans le rap. En d’autre terme : ne joue pas le gangster si tu n’en es pas un. Cette règle obligea les jeunes à pousser plus loin leur description de la réalité, d’analyser plus finement les difficultés sociales et les oppressions qu’ils pouvaient déceler autour d’eux. Parfois, quand les jeunes avaient trop de questions, les ateliers se transformaient en débat de plusieurs heures. Loin de s’éloigner du sujet, cela leur permettait au contraire de s’inspirer et d’enrichir leurs textes par leurs réflexions.

Ces dix mois d’ateliers furent donc une belle réussite, et ce grâce à la volonté sans faille et à la rigueur de ses participants. En espérant que leur pratique du rap pourra continuer sans l’aide d’un adulte, car ces jeunes ont des choses à dire !

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Atelier Fille

Le samedi 3 février, nous nous retrouvons en salle Descours, avec un petit groupe de jeunes filles, pour partager un moment, exclusivement pour elles.

En effet, suite à leur demande, nous avons organisé un « atelier fille ». C’est l’occasion, pour elles, de passer un moment convivial entre copines et de prendre soin d’elles. Au programme,coiffure,manucure,et maquillage.C’est aussi un moment privilégié pour ces jeunes filles, qui ont participé à l’organisation de cet après-midi en nous accompagnant pour l’achat du nécessaire de coiffure.

Durant cette après-midi, Sarah a mené une séance de coiffure,où chacune a pu lui demander la coiffure qu’elle souhaitait ; lissage, boucle, ou encore chignons ont été à l’honneur. S’ensuit une séance de manucure,menée par Éloïse, avec un large choix de couleurs de vernis ainsi que de motifs afin que chacune puisse trouver ce qu’il lui correspond le mieux.

Puis, les jeunes filles en autonomie, ont pris l’initiative de se maquiller.

Enfin, des adolescentes du quartier ont proposé un atelier henné, qui a beaucoup plu.

L’après-midi, s’est achevé autour de pancakes, et petits gâteaux au chocolat, chacune était ravie de cet après-midi, qui s’est déroulé dans la bonne humeur, sans aucun incident. Elles sont toutes reparties avec l’envie de renouveler l’atelier.

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Pour retrouver le sens, le dynamisme, l’éthique dans le travail social

Nous sommes très interpellés depuis quelques années, en constatant le rétrécissement des possibilités d’agir des institutions et des structures du travail social. Dans ces espaces, il y a de moins en moins d’accueil physique aux usagers, dans l’urgence, les démarches sur la question de l’accès à des droits fondamentaux n’aboutissent pas ou de manière parcellaire, ou les réponses sont inadaptées, les rendez vous sont de plus en plus espacés, l’accueil est parfois tendu.

En regard de ces institutions du service public, se développent des petites associations qui sont condamnées, et ce, sur le long terme, à des logiques de survie, à une précarité permanente, à l’incertitude d’être en capacité de poursuivre leurs actions. Et ces petites associations règlent des problèmes concrets, développent des actions et répondent à des besoins cruciaux, en associant chaque fois les personnes concernées qui se mobilisent. On peut citer, par exemple, tous ces espaces de solidarité qui se développent dans la durée auprès des personnes migrantes. Aujourd’hui, les assistantes sociales s’adressent à ces collectifs pour trouver des solutions d’hébergements.

Un autre exemple, l’association Terrain d’Entente qui propose des ateliers de rue à Tarentaize depuis près de 7 ans. Elle a obtenu en 2017, les Lauriers de la Fondation de France là reconnaissant ainsi comme l’association la plus innovante du département de la Loire.

Terrain d’Entente, c’est une poignée de militants, et une équipe très instable, avec des jeunes en formation d’éducateurs, présents entre 6 et 9 mois, des jeunes volontaires du service civique avec un contrat de 10 mois, un employé en contrat aidé pour une année. Nous sommes éparpillés tout au long de la semaine dans différents lieux pour nos réunions d’équipe, pour le café des femmes, la garde des bébés. Ces différents espaces mis à notre disposition par le centre social du quartier sont remis en question à chaque période de vacances scolaires. Nous louons un garage (avec des souris!) pour entreposer notre matériel pédagogique.

Comment expliquer ce grand écart entre des institutions établies qui ne font plus face aux situations de détresse et des associations qui disposent de moyens toujours insuffisants et qui trouvent des issues pour répondre à une grande diversité de problèmes?

Depuis plusieurs années, les agents des institutions d’Etat subissent des injonctions à tenir des objectifs décidés par les pouvoirs publics qui sont très à distance des réalités du quotidien, sans pouvoir eux mêmes intervenir dans ces décisions. On parle aujourd’hui à ces agents « d’intéressement à l’efficacité », de « performances » à développer…. L’idéologie libérale domine désormais tous ces espaces.

Cette logique libérale met en avant la question des déficits publics. Les projets sont envisagés avec comme objectif essentiel, de réduire les coûts. La question de la finalité de l’action sociale n’est jamais posée. Or toute l’action sociale est centrée sur l’intérêt général, sa vocation est de garantir à tous l’effectivité de ses droits (l’éducation, la santé, le logement, les transports….). La mission de tous ces agents de la fonction publique est de prendre en compte l’intérêt général dans sa diversité et sa complexité. De rechercher des solutions adaptées à chaque problématique, analysée en regard de l’expertise des usagers.

C’est le coeur de tous ces métiers. Un travailleur social sait entendre et prendre en compte la parole de la personne en demande d’aide, dans une écoute bienveillante et empathique. Il sait confronter son analyse par un regard croisé avec d’autres professionnels, d’autres partenaires, il sait travailler et s’investir dans des projets collectifs. Tous ces temps de concertation favorisant l’accès aux droits pour chacun sur le plan politique, sociale, économique.

Le statut de fonctionnaire est conçu pour permettre à tous les agents de contribuer à l’avancée, l’adaptabilité des décisions politiques en regard de l’évolution de la société.

Les questions sociales se transforment sans cesse, évoluent, se dégradent, d’autres problématiques se manifestent, il est incontournable de pouvoir entendre la parole de tous ces acteurs de terrain pour que les lois, les dispositifs constituent des réponses adaptées.

Une assistante sociale me rapportait son expérience sur l’évolution de son travail ces dernières années. Il y a 5 ans, il était toujours possible d’accueillir une mère de famille en détresse un vendredi soir et de lui délivrer un secours d’urgence. Les travailleurs sociaux, de manière unanime se mobilisaient alors pour aller chercher ce secours qui était parfois disponible en dehors de leur zone géographique d’intervention, et personne ne déplorait les heures supplémentaires inhérentes à la mission réalisée, tant la tâche était reconnue légitime. « On avait toujours une solution de secours ».

Mais depuis plusieurs années cette enveloppe est toujours plus remise en question, et le même agent qui se mobilisait sans compter ses heures, conscient d’agir dans le cadre de ses missions, est capable de répondre aujourd’hui à cette même mère en détresse: « il n’y a rien de possible, et ce n’est pas la peine de revenir la semaine prochaine, je vous ferais la même réponse ».

Les agents aujourd’hui, dans de nombreuses situations de danger, n’ont plus aucune latitude pour envisager des solutions, pour chercher avec d’autres. Ils se retrouvent confinés dans leur secteur d’intervention, sans lien avec les autres structures, ce qui réduit d’autant les possibilités de répondre aux situations de détresse.

Les agents ne sont plus en capacité de jouer un rôle de vigilance et d’alerte face aux évolutions de la société et aux effets dévastateurs des orientations politiques.

La précarité et la dégradation des conditions d’emplois et des salaires pour les usagers et pour les travailleurs sociaux, la dégradation de l’offre des services publics, des protections sociales ont, dans tous les domaines, des conséquences dramatiques.

Laurent OTT avait intitulé un de ses derniers articles: « Le culte du consentement, tombeau des innovations sociales « .

Nous devenons les valets d’un système qui nous étouffe, qui nous contraint. Quand il n’est plus possible d’imaginer, d’inventer des solutions en s’organisant avec d’autres, quand il n’est plus possible de faire un pas de côté pour chercher à améliorer les situations, à quoi bon réfléchir?

Dans toute situation de travail, si nous n’avons aucune possibilité de réfléchir collectivement, de proposer, d’inventer, à partir d’une lecture de la réalité, nous perdons peu à peu tout intérêt, toute envie à s’investir pour contribuer à l’évolution de notre tâche. Nous perdons le sens de nos missions. Nous nous retrouvons dans la posture de l’esclave face au maître qui pense pour nous, et nous rejoignons alors facilement et assez rapidement son idéologie, ses principes, ses valeurs.

Ne plus penser, ne plus chercher à analyser le contexte auquel on se confronte sans cesse nous fait penser en fonction de l’idéologie dominante. Il devient alors tout à fait possible d’accepter de croire que le problème ce sont toutes ces personnes en situation de détresse. Elles s’expriment mal, elles n’honorent pas tous les rendez vous, ne se plient pas à toutes les contraintes imposées par les démarches administratives, elles achètent des habits de marque à leurs enfants!….

Dans ces espaces de travail social, nous avons oublié que l’action sociale publique est orientée vers le bien être des populations, la dignité, le développement des personnes. Dans ces espaces, les agents n’ont plus la capacité à s’indigner devant le fait que de plus en plus de familles n’ont aucune perspective d’avenir. Ceux de leurs membres qui sont encore employés, réalisent des travaux avilissants qui détruisent leur santé, vivent dans des logements dégradés, dans des quartiers relégués, ne peuvent offrir à leurs enfants aucun loisir, aucun projet de vacances….

Vous savez pourquoi les familles pauvres achètent des vêtements de marque à leurs enfants? C’est pour qu’ils ne soient pas marqués du stigmate « bénéficiaire du RSA », c’est un sursaut de dignité, pour que les enfants n’aient pas à avoir honte de leur origine.

A Terrain d’Entente, nous restons indignés, depuis 7 ans que nous sommes présents sur le quartier de Tarentaize. Cette colère est un puissant moteur. Avec les familles du quartier, nous prenons à bras les corps nos affaires sociales pour transformer ce qui est inacceptable dans un des pays les plus riches du monde.

Nous réinventons un modèle de développement social, producteur de richesse et d’égalité sociale. Et nous sommes témoins de ce qui se construit au quotidien, silencieusement.

Au milieu de difficultés de plus en plus importantes, les familles populaires produisent un énorme travail quotidien pour tenir, pour faire vivre ou survivre la famille, élever les enfants, pour éviter plus de dégradation de la vie sociale du quartier. Sans ce travail, le tissus social serait bien plus dégradé. Mais ce travail est nié et les familles sont ainsi dépossédées de leur moyens de vivre, avec un mépris social largement ressenti dans de nombreux domaines du quotidien.

Il s’agit pour nous, de transformer cet inacceptable violence sociale : la négation de ce que produisent les familles.

Le combat est celui d’une réappropriation. Il s’agit d’agir ensemble, de construire des solidarités et d’obtenir la reconnaissance de ce travail des familles.

Nous savons tous, que l’efficacité dans le travail se construit dans la mise en relation avec les autres acteurs, dans la coopération et le travail collectif. Travailler ensemble, produire ensemble, transformer ensemble, ce n’est pas seulement apprendre comment faire les choses, mais c’est aussi retrouver ensemble l’énergie et la raison de le faire.

Pour construire des liens d’égalité où chacun est reconnu dans sa dignité, il nous faut affirmer que chacun est producteur de richesses. Il nous faut reconnaître ainsi la place qu’il occupe réellement, le rôle qu’il joue dans la société, le fait qu’il est auteur d’une multitude d’initiatives qui dynamisent au quotidien la collectivité, et lui laisser l’espace pour penser, décider, réaliser à partir de son expertise.

Pour retrouver le sens, le dynamisme, l’éthique  dans nos activités humaines, dans tous les secteurs de notre existence, il est indispensable de reconnaître chacun comme producteur de richesses. Mettre en évidence ce qui est produit et qui enrichit le pays de toutes les manières possibles.

Josiane GUNTHER, le 20 Février 2018

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