Mois : avril 2019

Cacher la poussière sous le tapis.

                                    

C’est une expression qui décrit ce que nous ne souhaitons pas montrer, ce qui doit rester caché. Une façon d’imager ce qui fait honte, ce qui est estimé indigne, inavouable.

Dans notre collectif, au fil des semaines, des mois, des années nous découvrons peu à peu de quoi est fait le quotidien de nombreuses familles qui subissent et supportent la précarité. Parmi ce qui alourdit fortement  la marche de tous ceux là,  il y a pour l’essentiel une grande difficulté à accorder sa confiance, à prendre le risque de rencontrer les autres, ceux qu’on ne connaît pas, d’oser une parole. Il n’est donc pas question d’oser dire et partager ce qui est vécu douloureusement jour après jour.

Il nous faut donner du temps au temps pour qu’une porte s’entrouvre. Avec certaines personnes,  plusieurs années ont été nécessaires pour qu’une relation devienne possible

La peur domine le quotidien qui est décrit par beaucoup par un sentiment d’enfermement, d’isolement, de « prison », de « fond du puit ». On entend également l’expression « on coule ».

Dans ces témoignages il est par contre, peu question de colère, face à tous ces empêchements à construire le quotidien de façon à ce qu’il devienne plus vivable, plus souhaitable. C’est plutôt la honte qui se manifeste, la honte de ne pas y arriver, de ne pas pouvoir offrir ce qui est essentiel à sa famille, de sentir ses enfants malheureux, frustrés,  et d’entendre les jeunes dire parfois  « la vie est trop dure ». La honte de se trouver face à son impuissance.  

Alors on préfère se taire et « cacher la poussière sous le tapis ».

A terrain d’entente nous ressentons pour de nombreuses familles un sentiment de découragement, de fatigue, d’usure. Pour certains même, des manifestations de dépression. Alors que lorsque nous nous retrouvons pour organiser des évènements, il est question la plupart du temps de dynamisme, d’enthousiasme et même de joie à participer, à s’inscrire dans les sorties avec de plus en plus de monde.

Petit à petit un espace de rencontres s’est construit, parce que nous sommes restés fidèles à nos rendez vous tout au long de l’année, parce que nous avons élaboré, tenté, bricolé sans relâche  et collectivement des solutions chaque fois que nous avons identifiés ensemble des problèmes, des besoins, chaque fois que nous avons osé exprimer des envies. C’est un  travail en commun qui se réalise, une mise en commun d’idées, d’initiatives, d’inventions. Nous élaborons toujours toutes ces tentatives à partir d’une conception qui nous est essentielles: l’intérêt général, l’intérêt de tous.

Ce travail, ces démarches qui parfois aboutissent,  construisent peu à peu un sentiment que quelque chose peut devenir  possible.   Le pas devient moins lourd, les têtes se redressent, l’espoir se profil, timide, mal assuré; mais il est bien là.

Ces expériences renouvelées au fil du temps redonnent un sentiment de confiance, en soi d’abord, puis avec certains. Nous retrouvons cette sensation indispensable, vitale, d’exister pour les autres, de contribuer au bien commun. Nous retrouvons le sens de l’existence, celui de participer, d’apporter sa pierre par son travail, par ses efforts, par notre capacité à savoir se bousculer, la fierté de savoir donner « le coup de collier » qui va rendre possible une action.  

Une adhérente de Terrain d’Entente me remercie souvent lorsque je lui demande de l’aide. A l’improviste, dans l’urgence, elle est toujours disponible pour donner le coup de main indispensable  pour faire des gâteaux,  qui vont  compléter le goûter de la prochaine fête,  des crêpes qu’on va vendre avec les enfants devant la médiathèque, de prêter tous les ustensiles de cuisine nécessaires pour faire les galettes sur le terrain, de s’occuper des bacs de jardinage qu’on laisse régulièrement à l’abandon….

Elle m’expliquait récemment que ce qui lui était devenu insupportable c’était d’être considérée par tout le secteur social comme « une bénéficiaire de l’AAH », quelqu’un « d’assisté », qui ne sert à rien, qui est inutile. C’est la plus grande souffrance de son existence.

Vivre dans un appartement inadapté, ne pas pouvoir faire face chaque mois aux charges incompressibles, ses problèmes de santé récurrents, elle peut supporter tout ça, mais sa vie devient  un enfer si elle se sent inutile. 

A partir de cette dignité retrouvée, il lui est devenu possible de parler de ce qui ne va pas, sans cette crainte de se sentir jugée, déconsidérée. Il lui a été possible de partager ces multiples expériences où tout semble perdu, condamné, destructeur.

Il est indispensable de savoir ensemble soulever ce tapis, et de voire ce qui est caché. Il faut  s’y cogner dessus et savoir s’indigner profondément face à  ces mauvais traitements infligés à tous ceux qu’on a placé à la marge, de tous ceux qui subissent les inégalités les plus flagrantes.

Mais ce qu’on découvre aussi dans ce quotidien toujours difficile, ce sont tous ces  rayons de lumières, toute la ressource infinie de chacun pour tenir,  résister encore, tenter l’impossible et finalement ne jamais couler complètement, ne pas s’effondrer totalement.

L’une d’entre nous  s’est retrouvée durant deux mois seule,  enfermée chez elle, sans pouvoir avoir le moindre contact avec son fils lourdement handicapé, parce qu’elle a été opérée d’une très grave fracture au pied. Sa CMU ne lui a ouvert aucun droit à une assistance à son domicile. Certains jours, elle a bénéficié de la solidarité du voisinage et de sa famille mais la plupart du temps elle a appris à se débrouiller seule pour faire ses repas, entretenir son logement, prendre soin d’elle.

Au cours d’une de mes visites elle m’a fait la démonstration de sa façon de s’organiser pour assurer tous les actes du quotidien. Elle commentait régulièrement ses différentes illustrations de ce qu’elle avait su mettre en place par: « tu me trouves courageuse! » …. Elle rayonnait…. Face à cette belle danse qu’elle m’offrait dans son fauteuil roulant, je me suis projetée quelques secondes dans cette réalité et j’ai su que je n’aurai pas pu trouver les ressources suffisantes pour percevoir un peu de satisfaction dans cet abandon.

C’est une aptitude qui se cultive justement dans ce désert là, lorsqu’on est confronté à soi même, face au mur, au silence à la souffrance et à la solitude. C’est une aptitude qui se développe quand on a le sentiment de n’avoir aucun autre choix que de tenir le coup dans cette totale adversité, quand il n’y a plus rien à perdre.

Cette aptitude correspond à une aspiration très profonde de vivre, d’exister, d’espérer. Notre humanité se nourrit de cette aspiration à quelque chose de meilleur. Une aspiration qui ne s’éteint jamais. Quand elle est éprouvée, vécue pleinement, cette aptitude  permet toutes les résistances, on sait alors avec certitude qu’on peut tout supporter, qu’on tiendra toujours le coup, envers et contre tout.

« Je sais que Dieu  ne me donnera pas des épreuves plus dures que ce que je peux supporter.« (sic)

Il se développe une confiance intérieure dans la vie elle même. Cette force là reste la seule parfois,  sur laquelle nous pouvons nous appuyer, à l’échelle d’un collectif, pour tenter ensemble de construire autrement, pour tenter de construire en restant fidèles à nos rêves à ce que nous souhaitons comme commune humanité, pour les uns, pour les autres, pour nous tous.

Cette rage de vivre devient le seul chemin possible pour pouvoir tenter ensemble autrement, pour trouver l’énergie nécessaire et la force de ne jamais renoncer. C’est le seul moyen d’ouvrir des espaces où quelque chose d’autre devient possible.

                                                                                                   Josiane GUNTHER Mars 2019

Publié par Terrain D'entente dans Chanson, Texte de reflexion, 0 commentaire

« Une école de la réussite pour tous » Avril 2019

Terrain d’Entente a été invité a cette rencontre animée par Marie Aleth GRARD, vice présidente d’ATD Quart Monde.

Depuis plusieurs années nous sommes préoccupés des difficultés grandissantes que les enfants manifestent à l’école. Nous nous sommes engagés dans l’action « 1001 territoires » sur le quartier de Tarentaize. Plusieurs parents avaient contribués à ces temps de réflexion. Depuis deux ans, nous cheminons avec des enseignants membres de l’ICEM pédagogie Freinet,  pour engager un travail sur les possibilités d’ouvrir les écoles aux parents pour favoriser un accueil respectueux  du milieu de vie des enfants scolarisés.

Marie Aleth GRARD est membre du conseil supérieur des Programmes, elle siège au CESE à la section de l’éducation, de la culture et de la communication. Elle a travaillé en lien avec JP Delahaye, directeur général de l’enseignement. Elle nous a présenté la réflexion du CESE sur la réduction des inégalités à l’école dues aux origines sociales.

Le rapport du CESE de septembre 2011  sur les « inégalités à l’école » dénonçait déjà le fait que l’école n’arrive pas à atténuer les inégalités dues à l’origine social et culturelle. La loi de Refondation de l’école du 8 Juillet 2013 insiste sur le caractère inclusif de l’école, et qu’il est essentiel de se préoccuper de la réussite de tous. Les conditions d’une école inclusive: garantir une place en maternelle dès deux ans, éviter les fermetures d’école dans les petites communes, renforcer les RASED. Tous les parents doivent être accueillis à l’école à égale dignité. Tous les enseignants doivent être formés pour mieux comprendre le milieu d’origine des enfants scolarisés. Ils doivent être également formés à la pédagogie de la coopération qui permet d’avantage la réussite de tous. 

Permettre à tous les enfants et les jeunes de devenir citoyens dans une démocratie, pleinement insérés dans la société, tel est le défi que l’école doit relever.

La réussite à l’école signifie que les élèves doivent ont tous acquis le socle commun de connaissances et de culture, et qu’ils choisissent leur orientation.

Chaque année, depuis 15 ans, plus de 100 000 jeunes sortent du système scolaire sans aucun diplôme.

Pour aborder cette question des inégalités dues aux origines sociales et culturelles, il est nécessaire d’entendre la parole des parents socialement les plus exclus. C’est à partir des progrès des enfants des familles les plus défavorisées que nous pourrons mesurer la capacité de l’école à les faire réussir tous. Dans le cadre de cette recherche à l’initiative du CESE, un groupe « croisement » s’est réunit sur 7 journées: 5 chercheurs, 5 enseignants, 5 acteurs de quartier, 5 parents solidaires, 10 parents qui vivent dans la grande pauvreté

Ces journées d’échange ont permis de conclure que la réussite de tous est possible si:

 –   les enseignants travaillent en équipe, plus de maîtres que de classe. Favoriser les échanges pédagogiques entre zones prioritaires et les autres territoires 

 –   tous les parents sont accueillis à l’école

 –   une recherche permanente d’une pédagogie adaptée (respecter le découpage par cycle de 3 ans, développer la pédagogie de la coopération, développer l’apprentissage de la démocratie par la prise de parole donner à tous les élèves les moyens de faire leur travail personnel sur le temps éducatif)

 –   une gouvernance bienveillante et exigeante. (former les personnels d’encadrement à l’animation de l’équipe et au travail collectif, mettre en place une réflexion sur l’évaluation des enseignants, développer des programmes de recherche action en établissements)

Il est proposé d’expérimenter dans des écoles volontaires pendant 5 ans, ce cahier des charges

L’éducation prioritaire ne pas être la seule réponse, elle ne garantit pas une école ouverte et compréhensible pour tous.

L’école porte en elle ses propres forces. Les équipes pédagogiques cherchent, créent, innovent dans le but de ne laisser aucun élève au bord de la route. Elles ouvrent des voies qui devraient permettre de surmonter cet obstacle du déterminisme social auquel se heurte l’école. 

L’école n’est pas le seul lieu d’éducation, des projets en partenariat avec les quartiers peuvent naître avec tous ces collectifs qui construisent un tissu de relations où les parents ont une place privilégiée.  

Jean Zay, ministre de l’éducation à l’époque du Front populaire, estimait que l’école et les collectifs d’éducation populaire étaient les deux jambes de l’éducation et devaient oeuvrer ensemble.

9 Millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, dont certains vivent dans la grande pauvreté (cumul de précarités qui concernent le non accès à l’emploi, au logement, à la santé)

35% des personnes ne font pas la demande de RSA (12 pages à remplir)

Un enfant pauvre, quand il arrive à l’école maternelle a bénéficié de 1000 heures de moins d’histoires racontées.

Il se retrouve  souvent dans une posture de conflit de loyauté qui bloque les apprentissages de manière inconsciente. Il se retrouve dans une double solitude, à l’école il ne peut pas parler de son environnement social, en famille il ne peut pas partager ses expériences scolaires. Les parents ne peuvent pas s’intéresser à ce qui se vit à l’école parce qu’ils n’ont aucune connaissance de cette réalité. (On pose des questions sur l’école en fonction de ce qu’on en connaît: les codes, les langages)

L’accueil des parents à l’école facilite la découverte et la connaissance du milieu.  (accueillir tous les parents sur des temps formels et informels, multiplier les espaces parents avec un animateur, former les parents délégués en réfléchissant à un statut pour ces parents). Ouvrir l’école au partenariat qui a une connaissance du territoire sur lequel intervient l’école..

Les inégalités scolaires sont inhérentes aux dispositifs.

84% des enfants qui se retrouvent en SEGPA sont issus de milieux défavorisés (l’école estime qu’elle ne sait pas faire avec ces enfants là!). 1% obtiennent le brevet

37%  réalisent un CAP qu’ils n’ont pas choisi.

58% sortent du système scolaire sans aucun diplôme.

Pour réduire ces inégalités: meilleure inclusion des SEGPA dans les collèges, supprimer le volet social pour les affectations, redonner à ces affectations un caractère réversible, multiplier les dispositifs permettant aux enfants de grandir ensemble.

Publié par Terrain D'entente dans Chanson, Rencontres, 0 commentaire

Rencontre ICEM/Terrain d’Entente Mars 2019

Comment dépasser les frontières érigées entre les membres de l’éducation nationale et les différents membres de la communauté éducative, les associations d’éducation populaire, les parents….pour rendre légitime leur parole, leur volonté de devenir partie prenante et soutenir la lourde mission de l’école ? Dans les différents textes il est de plus en plus question de l’importance de la construction de ces liens et les verrous restent toujours aussi tenaces un peu partout.

Les parents peuvent trouver une place réelle dans l’école à partir d’un cadre scolaire, d’un projet éducatif bien défini par l’équipe enseignante qui en est responsable. C’est la seule façon d’apporter des repères sur les possibilités et les limites de la relation entre les membres de cette communauté éducative. C’est ce qui donne la possibilité à chacun d’avoir une grande liberté pour s’investir et devenir force de proposition en respectant cet espace particulier de l’école qui a un mode de fonctionnement propre et des contraintes qui sont importantes à bien identifier.

Les enseignants peuvent investir et apprécier ce travail de « collaboration » si le temps nécessaire est pris en compte dans leur charge de travail. on ne peut pas demander dans la durée à des enseignants de participer à ce type de projet qui nécessite beaucoup d’énergie uniquement sur leur temps personnel, de manière militante.

Les constats: Si les parents se sentent rejetés de l’école, les enfants ne sont pas dans de bonnes conditions d’apprentissage. On souhaite tous favoriser des conditions de bien être à l’école. L’école ne fait plus référence pour des enfants de plus en plus nombreux qui vivent ce qui s’y passe comme sans rapport avec leur réalité, leur identité, leur culture, leur famille, leur condition de vie, leur avenir. 

L’école ne peut assumer son rôle que si elle considère l’enfant dans toutes ses dimensions, elle se construit avec la participation des parents. Parents inquiets, qui cherchent à encourager les enfants dans leur parcours scolaire, mais impuissants à pouvoir être partie prenante d’un système qu’ils ne comprennent pas. 

Nombreux sont les parents prêts à s’impliquer si un espace leur est ouvert. Ils savent expliquer les freins à la relation avec les enseignants, et faire des propositions concrètes. Ils sont volontaires pour s’impliquer dans des rencontres pour favoriser la meilleure scolarité possible des enfants. Nous pouvons identifier, grâce à leur contribution, les besoins et les possibilités de transformation dans l’enceinte de l’école.

Les préalables à la réussite:

Une bonne compréhension mutuelle

Le postulat de la co éducation (parents, enseignants, structures) Nous sommes collectivement responsables de l’éducation des enfants.

Nécessité de créer des espaces de rencontre:                                                                                  Pour comprendre les préoccupations de chacun, mettre en question des dysfonctionnements, réfléchir à nos conceptions de l’éducation, créer une communauté éducative d’entre aide.

Comment rendre possible ces espaces?

Importance du lieu où se déroule les échanges: pas le hall d’entrée, sous le regard de tous

Il faut beaucoup de temps pour se reconnaître: des poses café (répétition de choses simples)

Des temps d’école ouverts aux familles (un accueil le matin sur un créneau horaire).

Des samedis matins pour parler des réussites, des projets, des réalisations.

Des ouvertures pour des ateliers à partir de compétences particulières, d’envies des enfants (parents, associations)

Certaines classes accueillent les parents sur des temps scolaire.

Des temps ponctuels pour des sujets d’actualité dans l’enceinte de l’école, les questions internes au fonctionnement de l’école. (que faire face à la déscolarisations; problème lié au temps péri scolaire; les devoirs à la maison: qui permet un lien quotidien entre l’école et la famille, quoi proposer d’autres pour maintenir ce lien régulier? ; problèmes liés à la restauration scolaire….)

Etre associé à ce qui peut être dit en classe face à des évènements particuliers qui traversent la société.

Prendre appui sur la communauté éducative: les différentes asso assurent la garde des enfants pendant des temps de rencontre parents/enseignants. Elles  peuvent être présentes à l’occasion de repas partagés ….

Cloisonnement entre les différentes structures (Marie, écoles, centres sociaux…) Que tous les acteurs se rencontrent qu’on n’entende plus « ça ne me concerne pas, c’est la Mairie… »

Un enfant qui relève de soins, représente un long processus d’acceptation. Les enseignants s’inquiètent parfois un peu vite, faire confiance au diagnostic des parents qui connaissent l’enfant dans un autre contexte, les autres structures. Les orientations interprétées comme un échec « qu’est ce qui va le mieux pour cet enfant là? » Le DRE peut jouer un rôle

Problème des délais d’attente pour les prises en charge spécifiques…  Le RASED doit retrouver les moyens nécessaires                                                                                              Créer un réseau d’entre aide avec des parents ayant traversés les mêmes difficultés « boite à outil des expériences de chacun ».

Trouver la bonne manière de se parler pour rétablir un niveau d’égalité dans les échanges

 » si vous êtes en retard, votre enfant peut être confié à la police » 

Les parents expriment beaucoup leur difficulté à prendre la parole. « Ca ne sert à rien de parler, on n’est pas entendu ».

Peur de l’institution, manque de compréhension de son fonctionnement, les horaires, incompréhension face au système scolaire, cigles, vocabulaire, lisibilité des intervenants. Les parents se sentent dévalorisés.

Les leviers: discussion devant l’école, mobilisation autour d’évènements, trombinoscope des intervenants, diffusion des comptes rendus qui ciblent les réponses aux préoccupations des parents.

Les parents dont la communication est plus facile, un poste de psycho, d’IDE, une personne extérieure à l’équipe enseignante peuvent assurer la médiation en cas de litige.

C’est possible de prendre des initiatives pour accueillir les parents dans l’école, à l’échelle d’une seule classe, même si toute l’équipe n’est pas enthousiaste face à cette perspective.

Des comportements peuvent se transformer. A l’exemple des enfants qui réclament à leur nouvel enseignant, les « quoi de neuf », les « conseils » suite à cette expérience positive de leur année scolaire précédente. 

C’est indispensable que l’école ne se retrouve pas seule sur son territoire, qu’elle puisse s’appuyer sur les autres structures pour construire une communauté éducative et chercher des solutions aux problèmes des familles.

C’est dans la simplicité et la diversité des propositions d’ouverture de l’école aux parents qu’on se donne le plus de chance de rendre accessible cet espace à toutes les familles.

Nous souhaitons ouvrir ces temps de réflexion aux écoles de la ville. Nous pouvons faire une proposition de démarche de co éducation que nous pouvons transmettre à toutes les structures concernées.

Publié par Terrain D'entente dans Chanson, Rencontres, 0 commentaire

Rencontre avec la LDH, ( Ligue des Droits de l’Homme) en Avril 2019

               Rencontre avec la LDH, ( Ligue des Droits de l’Homme).

La LDH a réalisé il y a deux ans, un travail de recherche sur la lutte contre les discriminations et l’accès aux droits pour tous. Ce travail s’intéresse particulièrement aux personnes qui  sont le plus victimes des discriminations, les militants souhaitent aller à la rencontre des gens qui vivent des difficultés importantes pour faire valoir des droits et faire reconnaître les situations de discrimination. 

Agir avec les institutions est toujours compliqué. Le but du projet est de transmettre des connaissances pour équiper et accompagner les individus, rendre accessible les outils pour que les personnes concernées puissent les utiliser pour se défendre. 

Les amis de la LDH qui nous rejoignent se réjouissent de pouvoir travailler avec les membres de Terrain d’Entente sachant qu’on s’efforce collectivement de redresser ce qui ne va pas dans notre société, ils souhaitent « entreprendre un  travail pour faire valoir les droits avec ceux qui savent prendre en main leur réalité » 

La LDH est une institution très ancienne qui a une réelle influence sur la défense des droits. Il s’agit bien de la défense des  droits de l’Homme, avec un grand H!. 51% de l’humanité étant constituée de femmes!

L’origine de ce mouvement s’est au départ centré sur le respect du  droit du travail. Actuellement ils sont sollicités sur de nombreuses questions de société , les conditions d’existence de ceux qui sont régulièrement expulsés des squats, qui sont en situation irrégulière sur le territoire, étant une grande préoccupation. 

Tout au long de l’après midi, nous avons pu échanger sur de nombreux sujets de préoccupation.

La libre circulation des personnes

Comment est-il possible de venir s’installer et travailler en France? Où est l’égalité de citoyenneté pour tous? Comment les autorités politiques assurent l’exercice des principes de la République? Comment est-il possible rassembler les conditions pour obtenir une autorisation à travailler?

L’image de la France pour les pays extérieurs reste toujours « le pays des droits de l’Homme ». Nous traversons une période où on accepte de moins en moins les étrangers.

En Albanie, l’état n’était pas suffisamment protecteur par rapport aux personnes discriminées. En France, quand on vient de l’étranger, quand on se retrouve « sans papier », on a peur de l’état et de la police.

Les textes de loi, les recours, être conseiller sur le plan juridique, rencontrer des avocats spécialisés, c’est long. Il faut de plus en plus être vigilent sur le délais que les nouvelles lois ont limité. Pour toute décision administrative, on peut en demander la modification, mais en respectant les délais. A condition de bien connaître les lois, les dispositifs, les accords. L’administration applique la loi qui est en vigueur.

La carte de séjour périmée

Une carte qui n’est pas renouvelée dans les délais, et le contrat de travail est remis en question, les prestations de la CAF sont supprimées…. Le traitement du renouvellement de cette carte est informatisé, ce qui augmente les difficultés dans les démarches pour tous ceux pour lesquels l’informatique est inaccessible.

Il existe également des traitement d’exceptions qui sont défavorables. A l’exemple des accords d’Evian de 62, de la France avec l’Algérie.

Nous sommes ignorants de certains de ces accords, des textes qui sont modifiés. Ce qui complexifie notre capacité à faire valoir des droits.

Comment faire évoluer la loi? Elle doit s’adapter à l’actualité qui se transforme. Que faire par rapport aux lois qu’on estime injustes?

La question du travail et du voile.

Pour les fonctionnaires, les signes religieux sont interdits, pas dans le secteur privé. Hormis ce qui peut être spécifié dans le règlement intérieur d’une entreprise, l’interdiction du port du voile dans le secteur privé, dans le cadre d’une formation, relève de l’intimidation, ce qui est interdit.  les règles sur l’interdiction du port du voile à l’école ne concernent les élèves seulement  jusqu’à la terminale. Au delà, il n’y a pas de règle; 

La loi est parfois appliquée de façon arbitraire. Chaque département peut décider d’un règlement intérieur différent. les principes de certains relèvent d’ irrégularités. Ce qui peut faire jurisprudence.

Un exemple de licenciement abusif, suite à un congé parental

Au retour du congé, le poste était occupé par quelqu’un d’autre,  une autre proposition très désavantageuse a été faite avec des horaires fractionnés sur toute la journée, un secteur de travail très éloigné du domicile. Ce qui était incompatible pour une vie de famille avec des enfants très jeunes. Pour faire appel au prud’homme, il a nécessité des mois de rendez vous avec différentes structures qui orientaient chaque fois les démarches vers d’autres structures. Une énorme perte de temps, beaucoup de stress, des problèmes de santé dont de l’hyper tension, des difficultés familiales dues à cette importante tension dans la durée.

La difficulté à trouver un logement de son choix. Parfois besoin de déménager pour trouver un logement plus accessible financièrement. L’une d’entre nous a refusé un appartement qui n’avait aucune ouverture dans la cuisine. On lui a répondu qu’il n’y aurait plus de recherche de logement puisqu’elle refusait ce qu’on lui proposait. Alors que c’est au bout de 3 refus qu’il n’y a plus de recherche. La LDH intervient parfois auprès d’un bailleur.

Des impasses dans la prise en charge de jeunes adultes handicapés. Les établissements d’accueil sont de moins en moins en capacité d’offrir un cadre d’accueil stable (réduction des coûts, des effectifs….). l’une d’entre nous a son fils qui doit changé régulièrement d’établissement durant les week end et les périodes de vacances, les frais de déplacements sont assurés par  la famille de ce jeune qui subit cette contrainte. Elle déplore d’ailleurs ces changements imposés pour ce jeune qui est extrêmement perturbé. 

Les associations de handicapés peuvent se saisir de ce problème. L’Etat reste responsable de la prise en charge des majeurs handicapés.  

Proposition d’une synthèse de toutes les ressources juridiques, avec les spécificités de chacun, les conditions d’accès.

Nous énumérons les lieux qui peuvent recevoir nos demandes:

 – le CIDFF (Maison de l’emploi, 04/77/01/33/55, sauf le mardi)

 – la Maison du Droit (mais beaucoup d’attente pour obtenir un premier rendez vous)

 – la Maison des Avocats qui proposent des permanences spécialisées; On prend rendez vous le Lundi (04/77/33/16/22, 36 rue de la Résistance)

 – Laure Marie THILLON, permanences au Babet le Jeudi matin

 – l’ASSFAM 04/77/31/25/19

Publié par Terrain D'entente dans Rencontres, 0 commentaire