La question de l’alimentation est une préoccupation partagée par tous, elle traverse tous les champs: la santé, les inégalités, les enjeux environnementaux, la rémunération des producteurs, la démocratie.
Pouvoir choisir de manger ce que l’on souhaite sans se détruire la santé. respecter le travail des producteurs et productrices.
La défense du droit fondamental de se nourrir, la défense de ceux qui produisent la nourriture et qui doivent pouvoir vivre de leur travail.
Pour transformer le modèle agricole il faut s’attaquer à la précarité. Il y a donc nécessité à travailler tous ensemble.
A St Etienne, un collectif d’une vingtaine de structures s’intéresse à ces questions depuis deux ans. Il concerne des associations, des distributeurs, des producteurs (Terrain d’Entente, Coop Sol 42, VRAC St Etienne, Le collectif SSA, La Fabrique de la Transition, la Tablée, le Pain du Loup, la Fourmilière, la Ferme au Quartier, le réseau des AMAP, les Bio coop). Il cherche et expérimente de nouvelles voies pour lutter contre la précarité alimentaire et pour avancer vers une démocratie alimentaire.
Nous souhaitons développer les conditions d’une alimentation de qualité accessible à tous, en nous adressant en priorité à ceux qui en sont privés. Une façon pour nous de nous acheminer vers un droit universel.
Après avoir participé à l’émergence et à la dynamique de VRAC St Etienne, qui propose chaque mois, à Tarentaize et à la Cotonne, des commandes de produits de qualité à prix coûtant, nous avons initié différents projets :
⁃ la culture en plein champ pour développer avec les paysans, des liens d’entraide et d’inter connaissance. Nous avons ainsi produits cette année des pommes de terre (800 kg) et des courges (plusieurs centaines). Nous avons pu nous partager entre les participants, une partie de ces productions, nous en avons vendus, au moment des distributions de VRAC.
– des paniers solidaires avec l’AMAP de BEAUBRUN, que les familles payent 30% du prix coûtant le reste étant payé au paysan par un subvention du réseau régional des AMAP. Les producteurs ont vu augmenter leur débouché de manière significative.
⁃ le parrainage à la FOURMILIERE, le super marché coopératif, qui a permis à des habitantes de Tarentaize de devenir «coopératrices» et de participer à cette dynamique.
– une cantine solidaire en cours de réalisation à Beaubrun/Tarentaize.
Cette expérience qui monte en puissance nous encourage à tenter de changer d’échelle, d’un quartier de St Etienne à l’ensemble de la ville, et de développer la contribution du plus grand nombre pour permettre à chaque stéphanois de pouvoir se nourrir correctement et de manière digne.
A ce jour, il semble possible de nous engager ensemble: consommateurs, distributeurs, pour constituer une caisse sociale de l’alimentation en développant des pratiques solidaires déjà existantes en magasin: prix arrondi en caisse, don des points des cartes de fidélité, fruits et légumes suspendus….. et d’autres que nous allons promouvoir.
Une mobilisation où nous serions tous gagnants, qui relève de notre intérêt commun.
Engager et permettre à chacun à plus consommer des produits de qualité, locaux, permettre une plus grosse production, des débouchés plus importants, et aux distributeurs de trouver une issue à la baisse de fréquentation de leur magasin constatée depuis plusieurs mois.
Cette mobilisation pourrait nous engager tous ensemble pour chercher ‘un mode d’organisation pour définir collectivement ce que nous voulons manger, comment on le produit, que ceux qui nous nourrissent puissent vivre dignement, en assurer l’accès à tous.
Nous commençons à réfléchir aux perspectives de la sécurité sociale de l’alimentation: une vraie politique de protection sociale qui inclut le droit à l’alimentation.
Cette caisse sociale de l’alimentation pourrait en tracer un peu les contours. Au sein de notre collectif, nous tentons des projections sur le fonctionnement de cette caisse :
– Chacune et chacun peut travailler dans différents chantiers ; le maraîchage, les distributions de VRAC, la cantine….Le temps de travail effectué est comptabilisé sous la forme d’une cotisation « temps ». A ce jour, les personnes volontaires ont, pour une grande partie, de faibles revenus et trouvent leur place dans les actions proposées. Elles et ils travaillent gratuitement et deviennent moteur dans certaines actions en cours. Ces cotisants en temps seraient rétribués en bons d’achat qui pourront être utilisés dans des lieux de distributions « conventionnés », identifiés collectivement. Il n’y a plus de bénévoles, de bénéficiaires ni de personnes accueillies, nous sommes tous des cotisants.
– Une cotisation en argent pourra être versée par celles et ceux qui le peuvent.
– La vente des légumes récoltée collectivement abondera aussi cette caisse.
– Toutes et tous reçoivent un bon d’achat à dépenser dans les lieux conventionnés.
La contribution de Leaticia, dans le cadre de son master en politique locale et développement territorial, va nous aider à cheminer dans cette réflexion. De façon à ce que nous construisions nos valeurs, nos principes et nos modalités d’action.
Tout ce processus en cours est l’occasion de faire ensemble l’apprentissage des codes et des pratiques de la démocratie et de la citoyenneté, par une expérience d’auto organisation qui inclut tous les acteurs, toutes les personnes volontaires. Les décisions sont prises au sein du collectif, les actions sont réalisées avec tous: militants associatifs, personnes en situation de pauvreté.
Cette caisse est d’ors et déjà alimentée par le réseau des bio coop qui y a contribué de manière substantielle. Nous allons solliciter d’autres contributions de façon à assurer une certaine pérennité: le 1% pour la transition de la Fabrique de la Transition, St Etienne Métropole….
Nous pourrons nous appuyer sur des pratiques déjà en cours: Montpellier dans le cadre de l’expérimentation « Quartier à Vivre » développe une caisse alimentaire commune.
Ces actions solidaires vont donc se développer tout au long de cette année 2023 dans les différents magasins volontaires: les bio coop, La Fourmilière, Le Terroir, De la Ferme au Quartier, VRAC en Vert.