Nous nous retrouvons aujourd’hui devant une menace tragique et mondiale, une pandémie qui évolue de façon fulgurante. L’essentiel est d’arriver tous ensemble à surmonter cette catastrophe avec le moins de dégât humain possible.
Nous avons à saluer l’immense travail des soignants qui se retrouvent chaque jour, devant des difficultés incommensurables pour faire face et pour lutter contre cette contamination mortelle, avec de très faibles moyens.
Il est donc temps de renforcer toutes les solidarités de toutes les manières possibles. De nombreux collectifs qui sont engagés auprès des populations les plus en danger, ont su être extrêmement réactifs dès l’annonce de notre obligation au confinement. Ils ont su interpeller les pouvoirs publics sur les questions essentielles d’approvisionnement, de mise à l’abri, de mesures d’hygiène et de protections élémentaires….De nombreux militants sont restés mobilisés et s’organisent chaque jour pour tenter de n’oublier personne.
Terrain d’Entente fait également le constat des forces de mobilisation qui émergent et se manifestent dans de nombreux foyers à Beaubrun /Tarentaize. Les familles, les jeunes inventent d’autres moyens de communication pour ne pas se retrouver totalement isolés, pour organiser toutes les formes possibles d’entraide .
Les jeunes qui sont souvent pointés du doigt pour leur absence de sens civique, pour leur mésusage de l’espace public…
Ces jeunes là sont prêts aujourd’hui à assurer les services qui vont devenir indispensables au quotidien des personnes les plus fragiles: les « anciens », les personnes handicapées…( les courses pour remplir le frigo, les médicaments à renouveler, les colis reçus à la poste…).
Il n’est pas certain que nous soyons en mesure de trouver un mode d’organisation qui rende possible cette entraide. Le confinement restant la mesure la plus sûr de faire barrière au virus. Mais la bonne volonté de ces jeunes, dans cette période où le danger nous menace tous, nous permet d’espérer pour eux, à l’avenir, une véritable reconnaissance et une place. Plutôt que de maintenir notre réflexe de défiance et de mise à distance à leur égard, sachons considérer ce qu’ils savent nous manifester aujourd’hui, dans cette situation inédite, de leur volonté de participer et de contribuer au mieux être de tous.
Depuis l’injonction au confinement, à Beaubrun/Tarentaize, via les réseaux sociaux, des messages quotidiens s’échangent, des projets se dessinent.
Plusieurs familles ont décidé d’inviter chacun, chacune à faire le tri dans les photos qui rappellent les souvenirs des moments que nous avons pu partager ensemble. Des évènements très divers: de la sortie « châtaignes », à la fête d’Halloween, des galettes sur le terrain à la fête du 31 Décembre, etc….!
Chacun, chacune va ainsi pouvoir enrichir notre site pour garder en mémoire ce que nous avons su développer tout au long de l’année. Des souvenirs qui vont nous aider à ne pas oublier que nous savons agir et progresser ensemble.
« On a le temps! »
Nous vivons dans un époque où tout s’accélère, où les questions d’efficacité se confondent avec la précipitation, le mouvement permanent, l’hyper activité. Ce temps de confinement obligatoire peut nous inciter à prendre le temps pour assimiler, s’approprier les expériences vécues, tirer des enseignements des actes que nous posons, des relations que nous construisons.
Dans ce retour aux souvenirs, nous allons pouvoir prendre le temps ensemble, d’apprécier, de mesurer ce que nous sommes en capacité de réaliser, pour poursuivre cette dynamique pour des jours meilleurs.
Pendant nos longs échanges téléphoniques, il est souvent manifesté par les unes et les autres, la capacité à tirer bénéfice de cette promiscuité imposée. En famille, on retrouve le plaisir de cuisiner à plusieurs, de découvrir de nouvelles recettes, de faire des dessins, de partager les repas tous ensemble… On se parle plus. Ces relations plus intimes deviennent plus intenses. Quand on connaît l’exiguïté de certains appartements, tous ces témoignages forcent le respect.
Il est même prévu de tenter de réaliser notre « café des femmes » sous forme de conférence téléphonique! on serait ainsi à plusieurs à prendre des nouvelles des unes et des autres, à nous réconforter, à nous redonner du souffle.
Etre en capacité de trouver ce qu’il y a de positif dans les situations difficiles, c’est la force de tous ceux qui ont à affronter un quotidien rude, parfois plein d’incertitudes, souvent menaçant.
Aujourd’hui, nous avons besoin, plus que jamais, de nous nourrir de cette ressource là, qui rend possible de traverser ensemble bien des tempêtes.
Ce qui nous maintient en vie ce sont tous ces liens qui nous unissent grâce justement au fait d’avoir à prendre soin les uns des autres. Les personnes les plus vulnérables nous donnent à vivre ce qui est le plus essentiel à chacun pour pouvoir préserver son humanité. Sentir que l’autre, mon semblable a besoin de moi tout comme il est indispensable à mon existence.
En ces temps très troublés les informations sur les ondes nous révèlent les pires conséquences de la trajectoire néo libérale:
– le témoignage poignant d’une soignante qui est condamnée à rester impuissante face à tous ceux qui se retrouvent seuls face à la mort, sans possibilité de pouvoir dire « adieu » à leurs proches
– les projections du MEDEF qui, dans ce contexte, envisage de rendre les vacances obligatoires à tous ces travailleurs inactifs pour toute la période de confinement et prévoit dès cet été la relance massive de l’économie!
La relance de l’économie mondialisée des multinationales. Celle qui est responsable des déplacements permanents des biens et des marchandises à l’échelle de la planète. Ces transactions permanentes justement responsables de la diffusion du virus et de la pandémie qui s’est répandue à une vitesse foudroyante.
Pour arrêter ce jeu de massacre, nous avons des réponses concrètes. Sur tous les territoires des collectifs organisent une économie de proximité qui peut devenir réellement opérante et contribuer avec efficacité à organiser un monde vivable pour tous. Toutes ces expériences construisent des actions à partir de problèmes identifiés, analysés collectivement. Elles font la démonstration qu’il est indispensable et possible de se réapproprier les enjeux de notre époque en agissant avec les autres.
Toutes ces expérimentations qui se développent, nous permettent de mieux appréhender les modalités d’organisation des collectifs pour reconnaître et s’appuyer sur les ressources que chacun pour développer des espaces adaptés aux enjeux d’aujourd’hui.
C’est au prix de tous ces efforts que nous pouvons espérer construire une vie qui réponde à la nécessité du respect du vivant, du respect de la dignité de tous.
Prenons bien soin les uns des autres, prenons soin du vivant!