Depuis les débuts du mois de juillet un atelier rap fut proposé aux adolescents du collectif une fois par semaine. Celui-ci consistait à écrire son propre texte puis apprendre à l’interpréter et à le poser en rythme.
Le rap est actuellement le style de musique le plus écouté au monde et en France. S’adaptant à toute base musicale, le rap est à l’origine un moyen de communication servant au poète à faire passer un message, à décrire à l’auditeur sa vie, ses doutes et ses ambitions. Pour un jeune de 13 ans c’est la chance de pouvoir verbaliser son quotidien, de développer son écriture, son vocabulaire et sa prestance à l’oral. Au sein d’un quartier, c’est la chance de pouvoir s’affirmer dans un rôle positif et d’échapper à la réalité par la musique.
De nombreux enfants différents sont passés par cet atelier rap, beaucoup d’entre eux ne participant pas à plus d’une ou deux séances. Cependant un groupe de trois enfants déterminés continuèrent le projet, élaborant deux musiques et en enregistrant une lors du mois de Mars. Les progrès accomplis lors de ces dix mois d’ateliers furent impressionnants, les jeunes adolescents gagnant en qualité d’écriture, d’interprétation et en sens du rythme.
Si une certaine tolérance fut appliquée quant aux mots employés par les jeunes dans leur texte, le mot d’ordre et seule obligation fut pour eux de raconter la vérité. De la tourner dans le sens qu’il voulait, certe, de l’embellir au besoin, mais pas de la transformer pour correspondre à la norme de ce qui peut se faire dans le rap. En d’autre terme : ne joue pas le gangster si tu n’en es pas un. Cette règle obligea les jeunes à pousser plus loin leur description de la réalité, d’analyser plus finement les difficultés sociales et les oppressions qu’ils pouvaient déceler autour d’eux. Parfois, quand les jeunes avaient trop de questions, les ateliers se transformaient en débat de plusieurs heures. Loin de s’éloigner du sujet, cela leur permettait au contraire de s’inspirer et d’enrichir leurs textes par leurs réflexions.
Ces dix mois d’ateliers furent donc une belle réussite, et ce grâce à la volonté sans faille et à la rigueur de ses participants. En espérant que leur pratique du rap pourra continuer sans l’aide d’un adulte, car ces jeunes ont des choses à dire !