2020

Le confinement vu de Tarentaize, à Saint-Etienne

« Nous sommes en prison. Nous sommes dans nos appartements, mais en prison… ».

Les familles sont nombreuses à vivre cette période de confinement avec ce sentiment d’enfermement. Beaucoup de ces adultes parlent dans ces terme en connaissance de cause : des membres de leur famille, ou parmi leurs proches voisins ont déjà fait un séjour en prison. En prison,  il n’est possible de téléphoner aux proches, de prendre une douche, d’avoir des vêtements de rechange…. seulement sur des jours et des horaires imposés de manière souvent vécue comme aléatoire. Il n’y a pour les détenus et pour leurs familles, aucune prise sur la moindre des décisions. Tous se sentent dépossédés d’eux mêmes. La logique des délais, des refus, des accords, leur échappe totalement, avec le sentiment de subir des traitement injustes et indignes.

Au départ, cette période de confinement a bien été comprise par tous comme le respect  de règles sanitaires établies  pour protéger la population d’une menace très objective. Les familles ont manifesté leur bonne  volonté de participer à cet effort collectif pour empêcher au mieux la diffusion de ce virus mortel. Elles ont respecté strictement toutes les injonctions: le temps limité des sorties, les gestes barrière… 

Beaucoup ont entrepris un grand ménage de printemps, impliquant tous les membres de la familles. Les adultes ont organisé leur journée de façon à  prendre en charge les devoirs des enfants pour soutenir, au maximum de leur possibilité, les efforts des enfants à « poursuivre » leur scolarité. Ils ont changé les habitudes familiales en cuisant à plusieurs, en inventant de nouvelles recettes, en partageant les repas tous ensemble, à la même heure … Chacun recherchant ainsi la meilleure manière de traverser ce moment particulièrement anxiogène. Certains pensaient même que ce petit virus avait prit le parti « de ne pas toucher aux enfants, aux animaux, à la nature, à tous « les innocents » en fait! ».  Il s’attaquait par contre à ceux qui étaient  responsables des graves défis que nous avons aujourd’hui à relever, notamment la régénération de notre environnement qui  subit des destructions d’une ampleur considérable. Ces sentiments, ces réflexions, nous l’espérons, permettront de tirer des enseignements pour tenter de construire un monde plus habitable pour tous.

Mais ce temps de confinement, qui se prolonge, construit au fil du temps le sentiment de subir un enfermement de type carcéral. On subit les annonces en boucle du nombre de morts qui augmente chaque jour et qui donne « une odeur de mort à l’air qu’on respire« .

On subit  la répression policière qui sillonne en permanence le quartier « j’ai l’impression que chaque fois que je passe la tête par la fenêtre, j’aperçois une voiture de police« . On subit des moyens matériels tellement réduits qu’ils sont insuffisants pour satisfaire les besoins les plus élémentaires. Celui notamment de pouvoir s’alimenter chaque jour et qui devient aujourd’hui un luxe. Le périmètre et le temps de déplacement réduits, l’absence de voiture pour de nombreux foyers, obligent à se servir dans les commerces de proximité dont les prix ont doublés ces dernières semaines.

Le travail scolaire est devenu très rapidement problématique. Les rares familles les mieux loties, possèdent un seul ordinateur dont l’usage doit être réparti entre plusieurs frères et sœurs tout au long des semaines, ce qui démultiplie  les occasions de conflits. Beaucoup de familles n’ont pas la possibilité d’imprimer les attestations de dérogations indispensables pour pouvoir envisager la moindre sortie.

Depuis 5 semaines de nombreux enfants ne sont plus sortis ne serait ce qu’une demi heure par jour. Et tous ces enfants se retrouvent trop nombreux à partager des espaces extrêmement exigus. C’est une évidence, un enfant a besoin de bouger, c’est le propre de cette période particulière de l’existence. Le mouvement reste le moyen indispensable aux enfants pour vivre  des expériences essentielles pour appréhender et comprendre le monde et ses règles. Des règles qui sont censées être égales pour tous…. 

L’inquiétude des familles augmente quant aux capacités  à devoir encore tenir dans la durée avec toutes ces contraintes et ces difficultés. 

Ces colères, ces découragements, dans le cadre de Terrain d’Entente, on les partage régulièrement au téléphone. Des temps privilégiés où on peut dire en vérité ce qu’on ressent, les injustices subies mais aussi les  aspirations, celles surtout d’ une société plus égalitaire, où on n’oublierait personne, où on saurait construire des liens de fraternité plus solides et plus sûrs. 

Des échanges qui permettent de comprendre ce qui peut aider à tenir le coup dans ce temps long qui nous prive de l’essentiel : les liens, l’entraide. 

Nous avons pu ainsi organiser des petits services pour assurer les courses pour les personnes les moins valides. Quelques jeunes du quartier se prêtent à l’organisation de ces tâches. 

Ce n’est pas simple de réaliser ce petit projet avec eux. Ils ont trop pris l’habitude d’entendre que non seulement ils sont bons à rien, qu’ils nous dérangent,  mais aussi  qu’ils ne comptent pas pour nous. Ces jeunes qui n’ont accès ni à emploi, ni à la formation, ni à l’accompagnement se sentent abandonnés à leur sort. Ces jeunes qui dealent en bas des allées et que la police ne contrôle même plus…Ces jeunes qu’on ne protègent plus.  Ils sont donc réduits, pour obtenir un petit pécule,  à propager tous ces produits illicites. « Ces jeunes à qui ont n’accorde même pas le minimum vital qu’est le RSA! »

Et certains, malgré tout,  sortent de chez eux pour installer avec nous une bouteille de gaz à la voisine qui vient de sortir de l’hôpital, pour faire le plein de la semaine à la grand mère dont le mari n’a plus aucune motricité…. Ces quelques gestes apportent une respiration à tout un quartier, parce qu’on est fier de « nos jeunes » sur lesquels il semble qu’on puisse compter dans cette période où le temps s’est suspendu, où tout semble paralysé. C’est un petit bout de dignité retrouvée pour l’ensemble du quartier !

A notre demande, un beau mouvement de générosité s’est propagé dans les réseaux militants proches, pour récolter des jouets, des jeux, des livres, des coloriages de façon à ouvrir, aux enfants, une petite fenêtre sur l’extérieur, pour passer le temps des vacances. 

Curieusement, le jour de la distribution, ce sont les pères dans leur grande majorité qui se sont déplacés. Ces pères dont on doute souvent de leur capacité à accorder l’attention nécessaire à leur famille. Sur cette période où il est dit à longueur d’antenne que le danger nous menace à tout instant, ce sont les pères  qui sortent et qui protègent leur famille en prenant tous les risques. Ils font les courses, ils vont au travail, et ils choisissent des jeux pour leurs enfants.

Ce petit évènement extrêmement banal a nécessité toute une semaine d’organisation pour qu’il soit rendu possible. Les pouvoirs publics approuvaient la légitimité de cette action en direction des enfants. Mais le cadre des  attestations de dérogation  ne permettait pas cette sortie, bien que  très momentanée, du confinement.                                                                                  Le fait de pouvoir vivre des moments de détente, de plaisir, de découverte n’a pas été considéré comme « nécessaire » et « indispensable ». 

Aujourd’hui, les enfants et les jeunes  restent  les grands oubliés et ceux des milieux populaires en subissent le préjudice le plus lourd. Si les enseignants ont su maintenir le travail scolaire, avec les moyens dont ils disposaient, ils ont pu faire l’expérience  que ce contexte renforçait considérablement les inégalités. 

Par contre, pour les institutions, aucune autre question ne s’est posée concernant les besoins particuliers des enfants.  

De nombreux pédagogues nous rappellent régulièrement que l’enfance est caractérisée par la curiosité, l’ enthousiasme, la puissance créatrice. Cet élan de vie qui reste un point d’appuie déterminant pour chacun d’entre nous pour poursuivre notre marche en avant tout au long de notre existence.

Ne sommes nous pas en train de mettre en danger ce qui est essentiel en ne réfléchissant pas à comment permettre à ces enfants, dans ce contexte, d’exister pour ce qu’ils sont?

L’enfant, tous les enfants et les jeunes, ne sont pas des adultes en devenir. Ils existent ici et maintenant. Cet élan de vie qui les caractérise, et le fait de devoir prendre soin d’eux devrait porter la société toute entière! Et ce dans toutes les périodes plus ou moins tragiques que nous avons à traverser.

Josiane Günther 

le 19/04/2020

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Dimanche 08 Mars 2020 « Journée internationale des droits de la Femme »

Une première sur le quartier Beaubrun/Tarentaize ! Les femmes ont occupé l’espace public

Plusieurs adhérentes de Terrain d’Entente ont souhaité répondre à l’invitation du centre social  du Babet, à nous manifester ensemble dehors. Elles se sont donc investies durant plusieurs semaines, à la préparation de cette journée qui rassemblait une vingtaine d’associations du quartier. Ces femmes qui participent depuis plusieurs années à notre collectif ont souhaité que notre manifestation publique soit caractéristique de ce que nous savons développer toutes ensemble : l’attention que nous accordons collectivement aux enfants et les rendez vous hebdomadaires qui rassemblent les femmes du quartier.

Pour cette journée, plusieurs associations se sont regroupées Place Roannelle. Chacune avait un stand, organisé et animé à leurs souhaits. 

L’association Terrain d’Entente était représentée par un barnum blanc accompagné d’une frise de photos qui rappelaient des temps forts de ce que nous développons tout au long de l’année. La fête des voisins, la fête de fin d’année, les sorties à Retournac, la galettes sur le terrain, les animations organisés par les enfants (atelier paperolles, fête d’Halloween)…….

Le « café des femmes » qui a lieu tous les vendredis après midis au Babet a été ouvert à tous, sur l’espace public 

Nous avons également proposé des ateliers : 

-Kapla et activité manuelle pour les enfants

-Tatouages au henné et tresses pour tous, à prix libre !

Notre livre « la voix-e des femmes » était en vente ! 

A l’heure du goûter nous avons en collaboration avec « les mères » du quartier, proposé des crêpes. 

Le temps de préparation du matin a été un peu rude : avec le froid et le manque de passage dans l’atelier, mais personne ne s’est découragé !

L’après-midi a été d’une grande richesse. Entre les rires des enfants, la voix portante de ces femmes mobilisées, la solidarité du stand, les passants intrigués et l’odeur du thé, du café et des crêpes. Pour tenir cet espace, toutes les femmes présentes ont eu une source d’énergie merveilleuse, ce qui a permis un instant de partage et de convivialité unique ! L’occasion également d’échanger à plusieurs, sur la question des droits de femmes…

Les femmes ont su manifester une fois de plus leur immense ressource et force de mobilisation. Comme chaque fois, nous avons réussi à faire sortir les gens de chez eux. Ces rencontres, source de bien être pour nous tous, sont chaque fois l’opportunité de manifester d’autres envies, de construire d’autres projets. Des occasions pour enrichir encore et encore nos savoirs faire, nos savoirs être et développer ce qui nous est utile pour vivre mieux. C’est ça la puissance des femmes !

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LES DIFFERENTS TEMPS DE TERRAIN D’ENTENTE

LES TERRAINS

Les terrains sont le nom donné au temps où nous – l’équipe pédagogique – nous trouvons au sein du parc Jean Ferrat (Tarentaize). Ces temps-là sont fondamentaux dans la pédagogie sociale et pour notre travail qui demande une présence régulière et constante au sein du quartier où nous intervenons. 

Les terrains sont un temps d’accueil libre, inconditionnel et gratuit où nous y côtoyons un public très varié d’enfants de tous âges, des adolescents mais aussi des mamans, voir quelques papas. 

13h30 :

Avant de nous rendre au sein du parc, nous nous rejoignons en équipe au garage où se trouve notre matériel pour nos interventions (jeux de société, ballons, corde à sauter, coloriage, goûter). Nous récupérons le diable qui est l’un des éléments principaux lors de nos terrains car c’est avec ceci que nous transportons notre matériel. Si la météo le permet, Nous emmenons à chaque fois :

  • Le tapis qui est roulé à l’arrière de la charrette
  • Une caisse avec les coloriages et les crayons de couleurs
  • Une caisse avec quelques jeux de société et des jeux de cartes
  • Une caisse avec des jeux d’assemblages pour les plus petits 

Les caisses peuvent être modifiées au fil de nos interventions et des personnes de l’équipe. Avec ceci nous prenons impérativement un sac de sport où se trouve :

  • Ballons
  • Corde à sauter
  • Raquettes 
  • Diabolos, …

Nous emmenons également un jerricane et dix verres en plastique pour que les enfants puissent boire, accompagné d’un goûter.

13h50 :

Une fois que nous avons tout ça, direction le terrain !

13h55 :

En premier lieux nous déroulons le tapis, et y posons les caisses dessus. Cela est plus convivial pour y jouer ou même s’asseoir dessus – le tapis et pas les caisses… – pour discuter. L’un de nos rôles durant le terrain est d’accompagner les enfants pour qu’ils s’approprient cet espace, dans un but ludique et éducatif, nous faisons, ensemble, des jeux de société sur les tapis. De plus, nous proposons en parallèle des tapis ; des activités comme du foot, roller, ping-pong, badminton, volley, slackline, molky, corde à sauter…

Les « tapis » sont l’espace qui doit être identifié Terrain d’Entente par les personnes présentes sur le parc au moment des terrains. Installé à proximité du terrain de foot, l’équipe pédagogique doit assurer la veille de nos règles de fonctionnement collectives basées sur la bienveillance et le respect de soi, de chacun et du matériel mis à disposition. Ainsi, il est indispensable qu’un pédagogue minimum soit présent sur ce lieu afin d’assurer son bon fonctionnement durant le terrain. Chaque pédagogue fait l’activité qui lui plaît, personne n’est forcé de faire du foot ou de la corde, il faut juste qu’il ait l’œil sur ce qui se passe sur le terrain.

Nous n’imposons pas les jeux et ne forçons pas les enfants à jouer avec nous, ils sont libres de créer et développer leurs propres activités sans ou avec nous. Nous devons même accompagner et permettre cette création.  

Les terrains sont également un lieu d’échange où certains se confient sur leur vie quotidienne ou les difficultés qu’ils rencontrent au niveau scolaire. Notre rôle à ce moment-là est de les soutenir et de leur redonner confiance en eux. Ces échanges permettent aussi de mettre des projets en place avec eux que ce soit ponctuellement, sur la durée, ou encore pour les vacances. 

16h15 – Le Conseil des Enfants sur le Terrain

Matériels : sac à dos du conseil avec à l’intérieur :

  • Bâton de parole,
  • Cahier du conseil (un côté compte rendu et un côté inscription pour les sorties organisées),
  • Stylos,
  • Tapis en toile ciré pour s’asseoir
  • Flyers de l’association

Déroulement du Conseil :

Il y a une installation précise, qui créée une forme de rituel avec les tapis dit du conseil installé de manière circulaire et individuelle : afin que tout le monde puisse se voir, s’écouter et se distribuer la parole. 

Lors de ce conseil, plusieurs sujets peuvent être évoqués en fonction de ce qui est prévu pour les semaines à venir (activités, sorties, planning des vacances, tout type de projet ou idées…). Ces choses que nous leurs annonçons sont programmées à l’avance. Le conseil est préparé en amont au sein de l’équipe. On peut également faire des retours aux enfants sur certains comportements qui nous ont interpellés lors des précédents terrains. La parole des enfants est aussi importante que celle de l’adulte lors de ces conseils. Nous avons établi des règles pour s’exprimer dans le cadre du conseil : on doit prendre le bâton de parole, et ne parler qu’à ce moment-là, si on ne l’a pas, on écoute l’autre. Le conseil est avant tout un temps qui doit permettre aux enfants d’avoir l’occasion de s’exprimer, de faire des remarques ; mais aussi de partager leurs envies, leurs idées, et ainsi de faire naitre des projets.

Ce conseil a donc pour but de créer un temps démocratique, d’où l’utilisation du bâton de parole qui a une double utilité : éviter qu’on se coupe la parole et donner l’habitude de s’écouter et de se respecter les uns avec les autres.

Lors du conseil, les membres de l’équipe ont différents rôles : 

-Un « meneur » : qui va annoncer les nouvelles, qui va aussi donner et récupérer le bâton. 

-Un « secrétaire » : qui va noter, avec un enfant, l’ordre du jour et ce qui a été établie et pour garder une trace de ce qui se dit, pour que l’équipe puisse se ressaisir des remarques des enfants. 

-Un « maître du temps » : une personne gère le temps pendant le conseil. 

-Un ou deux « encadrants » : qui ont pour rôle de faire des retours au silence ou qui cadrent en rappelant les règles s’il y a trop d’agitation.

Il est important de savoir que le conseil n’est pas obligatoire, mais fortement recommandé auprès des enfants car c’est le moment pour eux de donner un avis ou de proposer une idée. Il faut donc encourager au maximum les enfants à participer aux conseils.

Il faut également que l’équipe pédagogique reprenne le compte rendu de ce conseil en réunion d’équipe afin de donner une suite à ce temps qui se veut participatif.

16h30 – Le gouter :

C’est un temps qui se situe avant que nous quittions le terrain, ce temps permet que l’adrénaline et l’excitation des jeux s’apaisent peu à peu, de se dire au revoir de manière collective. Nous essayons de réunir tous les enfants sur le tapis ou sur les tables de pique-niques afin de pouvoir être tous ensemble et de discuter du déroulement de l’après-midi – sauf s’il vient d’y avoir un conseil. Les enfants sont généralement demandeurs pour distribuer le goûter, afin de cela leur permettre de se sentir responsables, autonomes et investis au sein de l’association

LE CAFE DES FEMMES

13h30

Nous préparons la salle avant que les femmes arrivent : nous faisons le café, nous préparons l’eau pour le thé, nous mettons sur la table les tasses ainsi que le sucre, les cuillères.

14h00-14h30

Les femmes commencent à arriver, nous -les pédagogues- sommes déjà assis autour de la table, on se dit tous bonjour. Ensuite quand elles sont tous assis, tous ensemble essayons de faire l’ordre du jour de ce que nous allons aborder.

Le café des femmes est un temps convivial pour lequel nous nous retrouvons dans une salle prêtée par le Centre social du « Babet ». Les femmes du quartier qui le souhaite y participent avec l’équipe pédagogique. On y retrouve ainsi les mamans de certains enfants qu’on côtoie sur les terrains.

Ce temps d’échange (autour d’un café, d’un thé etc…) permet de discuter de sujet divers et variés, qui peuvent être : 

  • Les projets à venir concernant les enfants, pour que les femmes du quartier nous aident aux préparatifs.
  • Les projets concernant ces femmes, par exemple pour une sortie ou bien pour une organisation telle que la journée de la femme, là aussi pour qu’elles investissent dans la réservation etc…
  • Parfois il peut y avoir des interventions d’intervenants extérieurs par des partenaires de l’association : yoga, relaxation, interventions santé, présentation projet sur le quartier,…

Mais c’est avant tout un temps où elles peuvent discuter des difficultés qu’elles rencontrent dans la vie quotidienne. Et nous solliciter si besoin, pour un accompagnement aux freins rencontrés. 

Pour celles qui viennent avec leur(s) enfant(s), un ou deux membres de l’équipe pédagogique installe puis anime un accueil maternel dans une salle. Cela permet aux mères de pouvoir « souffler » et discuter plus paisiblement, en sachant leur enfant est occupé à jouer. Cependant les enfants peuvent aussi rester avec leur mère pendant le café des femmes, ou alterner.C

LE CAFE DES ADOS

Le café des ados se déroule chaque jeudi de période scolaire à partir de 17h dans la « Salle Descours » du quartier. C’est un temps où les adolescents viennent nous voir librement, et partage avec l’équipe pédagogique autour de :

  • Projet Foot à 7 FSGT (retour sur les rencontres, planification des suivant, attitude pendant les match, travail tactique, maillot personnalisé, documents administratifs etc.)
  • PlayStation 
  • Ping-pong 
  • Cartes 
  • Jeu de ballon dans la cour de la salle.
  • Atelier boxe 
  • Musique 

Ce temps est un temps de prévention, un temps pour essayer de créer du lien avec certains ados vulnérables qui ont des comportements à risque pour eux et pour les autres. C’est également un temps pour échanger sur leur place dans la société : ainsi, nous avons pour rôle de les accompagner à comprendre et réaliser cette dernière. 

Durant ce temps, les ados peuvent également nous solliciter pour les aider dans leurs recherches de stage, dans leurs travaux scolaires ou bien dans l’accompagnement d’autres recherches.

Ce temps permet aussi de réfléchir aux projets qu’ils peuvent mettre en place durant les vacances : comme pour l’ensemble de nos actions, Nous partons de leurs idées et les amenons à réfléchir à la faisabilité d’un projet et sur la façon dont ils vont devoir s’impliquer et participer pour qu’il se réalise.  

LA PRESENCE APRES L’ECOLE

Ce temps se déroule au ‘’Terrain’’ – parc Jean Ferrat- et doit permettre aux enfants de faire une coupure avec l’école, nous n’amenons pas les tapis mais seulement le minimum nécessaire : sac de sport et si le temps le permet jeux de société et jerricane. Le match de foot est ce jour-là, un match « cool » et « populaire » qui doit permettre de faire jouer tout le monde, quel que soit le niveau technique. Afin de porter cette dynamique sur le terrain de foot, il est indispensable que l’équipe pédagogique soit présente dans ce-s match-s, et surtout les personnes qui ne pratiquent pas le football.

Parfois et si nous sommes nombreux en tant que pédagogues nous pouvons aider les enfants qui sont en demande pour réaliser leurs devoirs à la médiathèque : le taux d’accompagnement et d’un pédagogue pour 3 enfants maximum.

LE SOUTIEN SCOLAIRE

Ce temps à lieu à la salle Descours et parfois au CDAFAL quand nous n’avons pas la salle, ce temps permet aux enfants qui ont des difficultés ou qui n’arrivent pas à réaliser leur travail scolaire, chez eux pour quelconque raison, de faire leurs devoirs. Ils peuvent également retravailler les notions où ils ont des difficultés avec l’aide de pédagogue présent. 

Nous installons les tables de manières à ce que les enfants soient en petit groupe ou seul avec un pédagogue afin de les aider au mieux.

Nous essayons d’être un pédagogue pour un enfant dans la limite du possible.

Nous essayons de suivre leur évolution afin de voir ce qu’ils ont acquis et ce qu’ils leur restent à améliorer pour les guider dans leurs apprentissages. 

Nous acceptons sur ce temps uniquement les enfants qui ont des devoirs, de plus, lorsqu’un enfant présent à « terminé » ses devoirs, il peut soit rester au calme dans la salle, soit rentrer chez lui. Le temps de devoir étant consacré à la concentration et au travail scolaire, nous essayons d’instaurer un climat adapté. 

Nous pouvons en fin de séance animer un jeu collectif comme un « petit bac », pour mettre fin à ce temps et se dire au revoir.

Lors des vacances scolaires, la salle est divisée en deux, un côté pour faire ses devoirs, accompagné d’un pédagogue et d’un autre côté, les enfants peuvent faire des jeux de société « calmement ». 

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TERRAIN D’ENTENTE MODE D’EMPLOI

Pour ceux et celles qui voudraient mieux comprendre notre démarche, il est important de faire un petit retour sur ce qui a motivé la mobilisation d’une poignée de militants et de décrire au mieux notre mode d’organisation et l’évolution de ce petit collectif. 

Nous avons voulu répondre à une demande d’enfants qui nous rejoignaient, de plus en plus régulièrement, aux permanences d’accès aux droits ouvertes aux adultes, sur le quartier, dans le cadre du Portail « Pour l’accès aux droits sociaux ». Ils réclamaient du temps de présence, ils se dénommaient « les galériens ». Des enfants qui se retrouvent seuls sur l’espace public, qui ne sont pas inscrits au centre de loisir, qui n’ont pas d’activité sportive, qui ne partent pas en vacances

Depuis Avril 2011, nous proposons des ateliers de rue, tout au long de l’année au pied des immeubles, dans le quartier Beaubrun/Tarentaize à St Etienne, au Parc Jean Ferrat. Nous apportons des tapis, des jeux diversifiés pour tous les âges. Nous offrons un temps de présence pour rejoindre les familles qui ont très peu accès aux structures censées accueillir tout le monde.                                                                                                                              

Notre accueil est libre, inconditionnel et gratuit.       

 –    Un accueil libre, où l’on vient quand on veut, et l’on part quand on veut. C’est le respect du temps des personnes qui nous rejoignent quand c’est utile et possible pour elles.

–    Un accueil inconditionnel, pour tout le monde. Notre collectif organise ces rencontres à partir du multi âge et du multiculturel. 

–    Un accueil gratuit qui nous met dans un lien d’égalité où chacun participe en fonction de ses centres d’intérêt et non de ses possibilités financières.

Notre équipe est constituée d’une militante permanente, fondatrice de l’association, qui travaille bénévolement et de deux personnes plus présentes sur les tâches administratives, et ponctuellement, sur les différents temps de rencontre.                                                                         

Deux personnes sont employées, au travers d’un CCD, pour assurer la coordination de l’équipe et de ce qui se développe au fil des années.                                                                                         

Des jeunes travailleurs sociaux en formation nous rejoignent chaque année pour un temps de stage d’une durée de deux à 9 mois.                                                                                                     

Des jeunes volontaires en services civique, sur un contrat de 10 mois, sont présents tout au long de l’année.                                                                                                                                 

Tout au long de ces années, des personnes bénévoles nous ont rejoint, se sont engagées avec nous, puis sont reparties. 

Le statut très fragile, très précaire de notre association, nécessite l’implication de chacun pour agir, penser, comprendre la réalité et que les projets puissent aboutir. Une forte relation de confiance et de reconnaissance réciproque s’est construite entre nous. Les liens s’approfondissent avec beaucoup. On estime ensemble aujourd’hui, que nous avons dépassé le stade de la relation classique au sein d’une association, avec des « responsables » et des « adhérents ». Nous pouvons compter sur les ressources des uns et des autres pour développer ce qui nous parait utile et nécessaire. Nous avons développé une histoire commune, des centres d’intérêt communs, notamment le soucis du bien être des enfants.

Toutes les actions que nous menons à bien se construisent avec la participation active d’adultes et d’enfants de plus en plus nombreux. Il existe différents espaces de participation démocratique :

 –  Le café des femmes le vendredi après midi où on partage nos préoccupations, nos envies, où nous élaborons des projets à partir des besoins manifestés.

 –  Le conseil des enfants le samedi après midi, où chacun est invité à dire comment il vit ces temps collectifs, où on réfléchit à la meilleure façon de régler certaines difficultés, où nous élaborons des projets. 

 –  Le CA, des adhérentes habitantes du quartier (6 à 15), décident des orientations de l’association. Il se réunit une fois par mois depuis octobre 2018.                           

 –  Le café des ados le jeudi à 17h. Pour parler des difficultés, construire des projets à partir des envies.

Nous avons développé des actions qui sont devenues pérennes, depuis bientôt 9 ans. Nous poursuivons les ateliers de rue, (tous les mercredis et samedis, et les mardis et vendredis pendant les vacances scolaires). À partir de cet espace, nous organisons de plus en plus régulièrement, avec les enfants, différentes sorties, à leur initiative (Piscine, sorties natures, cinéma, théâtre, temps de lecture dans une librairie d’enfants, atelier bricolage organisé par un autre collectif). 

Les enfants ont su manifester leurs inquiétudes et leur difficulté à accomplir seuls le travail scolaire, nous proposons des temps réguliers pour l’aide aux devoirs, et également une présence auprès des adolescents, qui souhaitent se retrouver après l’école, dans un espace où ils se sentent accueillis. ces temps sont organisés dans une salle mise à disposition de la Mairie.

Suite à nos conversations avec les adultes qui nous ont rejoint au cours de ces temps de présence réguliers les mercredis et samedis après midis, des espaces se sont crées pour répondre à des besoins, et des envies. La garde mutuelle des bébés le Jeudi après midi et le café des femmes le vendredi après midi dans les locaux mis à disposition par le Centre social du quartier « le Babet. »

Des moments exceptionnels, rythment l’année, ils sont également construits à partir de ce que manifestent les enfants, les adultes. La période du Ramadan est un temps très privilégié de l’année pour les familles de confession musulmane, elle conditionne l’agendas de notre association. Nombreux sont les adhérents de Terrain d’Entente à vivre sur ce rythme. Chaque année, nous souhaitons manifester notre marque d’attention et de respect sur ce temps fort et important. Chaque vendredi soir, nous nous retrouvons au Parc Jean Ferrat, pour fêter la rupture du jeûne.

Les « rencontres pays d’origine » sont proposées en fonction des envies des adultes de présenter leur région d’origine. Nous nous adressons à des familles qui sont nombreuses à avoir migrées, en laissant loin derrière, une partie d’elles même, une famille, des racines. À l’heure où les migrations sont interprétées comme des menaces, un danger, qui justifient la fermeture de toutes les frontières, nous affirmons ensemble que ceux qui rejoignent ce territoire sont pour nous tous une ressource, une richesse et une force. Ces rencontres sont l’occasion de découvrir d’autres façons d’appréhender la réalité et de l’organiser au quotidien, de partager nos compréhension du monde, nos cultures et de nous enrichir mutuellement.                                                                                                                          

Un diaporama est réalisé et commenté par leurs autrices, au cours de ces rencontres. Eh puis nous dansons, nous chantons, nous dégustons des saveurs qui nous font vivre et goûter des petits bouts de nos diversités. Autant de fenêtres qui s’ouvrent sur le monde qui devient plus accessible et plus joyeux.

Avec les adultes, nous avons mis l’accent depuis quelques années, sur les ateliers beauté, bien être et les sorties au Hammam. « Le hammam, on le reporte tout le temps ». Ces femmes ont très peu d’occasion pour prendre soin d’elles. Il y a des choses plus vitales à tenir pour essayer de construire un quotidien acceptable. Ces temps que l’on consacre à soi même et aux autres nous paraissent de plus en plus essentiels. Une petite exception dans le quotidien, un petit changement, un peu d’énergie retrouvée, et le regard qui change sur soi même, change sur ce qui nous entoure, change sur ce que nous ressentons comme possible. Nous retrouvons le sens, l’envie et l’énergie de construire avec d’autres. Les ateliers beauté, coiffure, maquillage, épilation, coloration, sont entièrement pris en charge par les adhérentes. Chacune participe aux frais, apporte le matériel nécessaire, consciente de la fragilité financière de notre association et volontaire pour apporter sa contribution de façon à la rendre pérenne. Latifa, masseuse, réflexologue et aromathérapeute, propose des séances d’auto  massage une fois par mois. 

Ces familles, pour la plupart, subissent un enfermement sur leur lieu d’habitation qui les dévitalise. Toutes, pour décrire cette situation, évoquent des termes très éloquents : il est question de « prison », de « fond du puits », de « galère »…. La demande de sorties est permanente, pressante. Avec des moyens dérisoires, nous tentons des réponses, en saisissant des opportunités. Le centre social bénéficie d’un financement de la CAF, durant la période estivale, pour organiser des sorties « familles ». Durant les deux mois été, des sorties au bord de l’eau sont proposées chaque mercredi.

Au jardin « Les Moyens du Bord », dans un magnifique espace de nature qui surplombe la ville, nous retrouvons cette association amie, quelques journées durant l’été, pour partager des temps de cuisine collective, des ateliers d’expression artistique, des spectacles.

Depuis plusieurs années nous organisons des séjours vacances dans une ferme en Haute-Loire. Nous rejoignons des amis paysans boulangers, éleveurs de chèvres avec lesquels nous construisons ces séjours. Depuis deux ans, nous nous sommes associés à différents collectifs, pour gérer une propriété,dans les Monts du Forêt, à Champoly. Des séjours ont été réalisés pour rassembler des membres de ces collectifs et créer ainsi des opportunités de rencontres, des petits temps de vie qui nous sortent de nos cloisonnements, de nos entre soi.                                                                                                               

Les enfants sont nombreux à souffrir à l’école, à ne pas y trouver leur place, à ne pas arriver à se rendre disponibles pour apprendre, et à, finalement, estimer qu’ils n’ont « pas de cerveau ». Au fil des années, leurs ambitions se réduisent, ils renoncent d’eux mêmes à poursuivre des études. Face à ce désastre, à cette très préjudiciable blessure narcissique, où les enfants n’osent plus rêver à un avenir où ils pourraient se réaliser, nous recherchons d’autres modes d’expression pour chacun qui le valorise, qui mette en évidence des capacités bien réelles. Nous développons des ateliers d’expression artistique après avoir repérer les envies, pour mettre en évidences tous ces talents qui ne demandent qu’à s’exprimer. En fonction également des personnes qui rejoignent notre équipe, tout au long de l’année, nous proposons du théâtre, du rap, de la peinture, des paperolles, des origamis…

Les Ateliers cuisine sur le terrain sont également un moyen pour produire des choses ensemble, se rapproprier notre pouvoir d’agir. Nous apportons régulièrement une carriole fabriquer par un ami et nous réalisons avec les enfants, notre goûter du jour. D’autres envies ont émergées de cette pratique régulière, nous organisons des après midis « galettes » cuites au feu de bois, à partir d’un foyer réalisé par les enfants. Les mères prennent alors en charge la cuisine, et s’occupent de tout les nécessaire: l’achat des denrées, les ustensiles de cuisine.

Nous insistons également sur l’accès aux droits et nous nous inquiétons notamment des conditions de travail qui se détériorent. Ces femmes quand elles travaillent sont pour l’essentiel femmes de ménage. Elles se retrouvent toutes dans des conditions indignes, leur santé est mise à mal. Leur corps est véritablement malmené, beaucoup développent des troubles musculo-squelettiques invalidants. Certaines, à 35 ans ne peuvent plus exercer leur métier. Nous avons construit un partenariat avec la médiatrice santé du quartier, une assistante sociale de la sécurité sociale,  une juriste, des militants de la LDH, et nous recherchons des issues sur ces problèmes de santé au travail. 

En fonction des événements qui frappent notre société et qui nous indignent, nous trouvons des modes de manifestations, d’actions. Nous recherchons à exprimer nos valeurs, nos aspirations de manière publique.

Nous avons organisé une soupe, sur l’espace public, suite à l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015, pour faire la démonstration qu’il est possible et heureux de construire des choses tous ensemble et de pouvoir faire société commune. De nombreuses familles voulaient affirmer qu’elles s’indignaient face à la violence de cet attentat. Mais nous voulions également manifester notre inquiétude face à  la stigmatisation des citoyens de confession musulmane, des populations qu’on cherchait ainsi à opposer aux autres. Nous avons souhaité manifester notre sentiment d’injustice face à cette tentative d’amalgame, qui a semé le trouble et la confusion. Nous sommes face à de très graves et très préjudiciables injustices qui se multiplient toujours depuis ces dernières années. Il s’agit pour nous de les identifier clairement pour se donner les moyens d’y apporter des réponses adaptées. 

Certains étés, nous organisons un tournoi de foot, en soutien au peuple palestinien avec le collectif BDS (Boycotte, Désinvestissement, Sanction en direction du gouvernement d’Israël). Notre modeste contribution à cette solidarité internationale pour dénoncer ce génocide et ce massacre qui perdurent depuis bien trop longtemps et réclamer que le peuple palestinien puisse bénéficier enfin du droit internationale pour exercer sa souveraineté et reconstruire un état de droit et de dignité.

Un autre tournoi de foot a été réalisé en hommage à Yassin, 20 ans, qui est mort assassiné. Yassin était un enfant du quartier. C’était une façon pour nous de dire que nous ne voulons plus de cette sauvagerie pour nos enfants. La violence est partout. La violence pour nos jeunes, c’est d’abord de ne pas pouvoir choisir une formation, un métier qui leur plaise vraiment, de ne pas avoir un revenu suffisant pour vivre bien. Nous voulons nous battre ensemble contre cette injustice qui bloque leur avenir.

Nous participons au bal populaire du 14 Juillet que le collectif « Les cris du quartier » propose depuis quelques années. Nous avons été sensibles à cette invitation qui rassemble plusieurs associations qui interviennent dans différents quartiers. Toutes développent des démarches d’éducation populaire et réalisent des actions culturelles, sportives, citoyennes qui s’adressent à tous. Tout un réseau se développe pour mutualiser et enrichir les initiatives de chacun. Une journée de fête ouverte à tous, où chacun apporte sa contribution.

Les ados deviennent beaucoup plus partie prenante dans nos actions. Plusieurs ont participé à l’organisation des tournois de foot. Nous avons pu organiser une grande fête d’Halloween au parc Courriot avec plusieurs jeunes, qui ont fait preuve d’une grande créativité. Certains viennent nous prêter main forte pour l’aide aux devoirs. 8 se sont organisés pour être admissibles au Fond de Participation des Habitants, en rédigeant un dossier qu’ils ont présenté à une commission. La somme d’argent qu’ils ont récolté a contribué largement au coût d’un séjour à la Ferme des fromentaux à Retournac, pendant les vacances de printemps.  Des projets plus en direction des filles deviennent possibles également.

Nous avons initiés des collectifs que nous allons poursuivre :

Le Collectif « Accès aux vacances pour tous ». La marchandisation des vacances a eu pour conséquence d’une part, de supprimer en l’espace de quelques années, la moitié des lieux d’accueil, et de priver ainsi un nombre de plus en plus important de personnes d’espace de ressourcement pendant l’été ; et d’autre part, de nous faire devenir consommateurs de loisirs. Nous avons réfléchi au sens des départs en vacances. Partir, c’est l’occasion de rencontrer d’autres personnes, de découvrir d’autres façon de vivre et de comprendre la réalité. Dans cette société qui se segmente, le temps des vacances peut être l’occasion de construire d’autres relations humaines. Il nous faut développer des opportunités de rencontre avec tous. Cette aspiration concerne de plus en plus de monde, au delà des familles des milieux populaires.                                                              

Le Collectif pour la réussite de tous les enfants à l’école avec le groupe ICEM Freinet. Nous émettons l’ hypothèse que les enfants des milieux populaires souffrent à l’école parce qu’il n’y a pas suffisamment de prise en compte et d’effort de compréhension de leur réalité. Le corps enseignant a la responsabilité de l’ouverture de l’école sur le quartier, de l’organisation de la rencontre avec les familles. Mais cette institution ne peut pas réaliser ce travail seule et de manière isolée. Nous souhaitons engager un chantier, dans la durée, pour rechercher à offrir les meilleurs conditions pour construire une communauté éducative qui assure de manière effective notre responsabilité collective dans l’éducation des enfants, avec les différents acteurs du champ éducatif, les parents.    

Condition incontournable pour permettre à chaque enfant de faire des liens entre les différents espaces dans lesquels il évolue et de trouver ainsi du sens et de la cohérence dans les apprentissages organisés de manière différente à l’école, en famille, dans le milieu associatif….   

Il est nécessaire que tous les espaces d’apprentissage se rencontrent , s’organisent ensemble pour que les enfants comprennent la cohérence entre tous ces espaces et en retire d’utiles enseignements de façon à devenir le plus possible « citoyens ».                                                                                                                                                                                                               

Cette démarche particulière s’est inspirée de ce que développent d’autres collectifs à l’échelle du territoire, depuis près de 20 ans : Intermèdes Robinson à Lonjumeau dans l’Essonne, Madame Rutabagga à la Ville Neuve à Grenoble. Nous sommes ensemble engagés dans une démarche d’éducation populaire qui se réfère à la pédagogie sociale 

La pédagogie sociale est une pédagogie engagée, une pédagogie de l’action. Elle se base sur la réalité sociale et sa critique, avec la volonté de construire un projet collectif, d’initier quelque chose qui n’existe pas encore, pour transformer cette réalité, pour là rendre plus vivable, plus habitable.

Depuis toujours, elle s’adresse à une population à l’ère de la précarité, des catastrophes sociales. C’est une pédagogie de l’urgence qui tente de retisser des relations sociales. Face à la précarité, nous cherchons à créer du durable, de l’ordre d’une sécurité relationnelle et sociale. Nous le réalisons à partir d’une pratique sociale communautaire à durée indéterminée.

Ces collectifs mettent en évidence ce que la société produit de plus violent : les ravages de la précarité, qui rendent impossible pour ces familles des perspectives d’avenir. Des familles qui ne peuvent pas s’inscrire dans un avenir commun, condamnées à la solitude, à l’incertitude, à l’instabilité permanente. Les conditions de travail indignes, l’inscription dans une logique de survie où on renonce peu à peu à faire valoir des droits, l’intégration de son statut dans la société « on est des arabes, on ment, on vole! », l’auto enfermement.

Ces collectifs mettent en évidence le travail considérable du quotidien réalisé par ces adultes pour assurer le plus de sécurité possible à leur famille, les ressourcesles forces de mobilisation qui se manifestent, si on sait être présent et impliqué, dans la durée. Les aspirations à produire collectivement des choses utiles à la société. Et enfin, les capacités des enfants et des jeunes qui s’adaptent en permanence à l’imprévu, qui font face aux dangers de la rue. Des enfants et des jeunes qui prennent en main les choses: ils se saisissent de toutes les opportunités qui se présentent, ils s’ inscrivent seuls à des club sportifs et en assument les contraintes, prennent en compte le budget familial et renoncent aux activités dont ils rêvent quand ils les estiment trop coûteuses. Ils prennent des initiatives lorsqu’on sait être présents à leur côté  de manière inconditionnelle.

Ces ressources qui donnent la force et le souffle pour continuer sans relâche de rechercher des solutions d’espoir.

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Prenons bien soin les uns des autres, prenons soin du vivant!

Nous nous retrouvons aujourd’hui devant une menace tragique et mondiale, une pandémie qui évolue de façon fulgurante. L’essentiel  est d’arriver tous ensemble à surmonter cette catastrophe  avec le moins de dégât humain possible. 

Nous avons à saluer l’immense travail des soignants qui se retrouvent chaque jour, devant des difficultés incommensurables pour faire face et pour lutter contre cette contamination mortelle, avec de très faibles moyens.

Il est donc temps  de renforcer toutes les solidarités de toutes les manières possibles. De nombreux collectifs qui sont engagés auprès des populations les plus en danger, ont su être extrêmement réactifs dès l’annonce de notre obligation au confinement. Ils ont su interpeller les pouvoirs publics sur les questions essentielles d’approvisionnement, de mise à l’abri, de mesures d’hygiène et de protections élémentaires….De nombreux militants sont restés mobilisés et s’organisent chaque jour pour tenter de n’oublier personne.

Terrain d’Entente fait également le constat des forces de mobilisation qui émergent et se manifestent dans de nombreux foyers à Beaubrun /Tarentaize. Les familles, les jeunes inventent d’autres moyens de communication pour ne pas se retrouver totalement isolés, pour organiser toutes les formes possibles d’entraide .

Les jeunes qui sont souvent pointés du doigt pour leur absence de sens civique, pour leur mésusage de l’espace public…

Ces jeunes là sont prêts aujourd’hui à assurer les services qui vont devenir indispensables au quotidien des personnes les plus fragiles: les « anciens », les personnes handicapées…( les courses pour remplir le frigo, les médicaments à renouveler, les colis reçus à la poste…).

Il n’est pas certain que nous soyons en mesure  de trouver un mode d’organisation qui rende possible cette entraide. Le confinement restant la mesure la plus sûr de faire barrière au virus. Mais la bonne volonté de ces jeunes, dans cette période où le danger nous menace tous, nous permet d’espérer pour eux, à l’avenir, une véritable reconnaissance et une place. Plutôt que de maintenir notre réflexe de défiance et de mise à distance à leur égard, sachons considérer ce qu’ils savent nous manifester aujourd’hui, dans cette situation inédite, de leur volonté de participer et de contribuer  au mieux être de tous.

Depuis l’injonction au confinement, à Beaubrun/Tarentaize, via les réseaux sociaux, des messages quotidiens s’échangent,  des projets se dessinent. 

Plusieurs familles ont décidé d’inviter chacun, chacune à faire le tri dans les photos qui rappellent les souvenirs des moments que nous avons pu partager ensemble. Des évènements très divers: de la sortie « châtaignes », à la fête d’Halloween, des galettes sur le terrain à la fête du 31 Décembre, etc….!

Chacun, chacune va ainsi pouvoir enrichir notre site pour garder en mémoire ce que nous avons su développer tout au long de l’année. Des souvenirs qui vont nous aider à ne pas oublier que nous savons agir et  progresser ensemble. 

« On a le temps! »

Nous vivons dans un époque où tout s’accélère, où les questions d’efficacité se confondent avec la précipitation, le mouvement permanent, l’hyper activité. Ce temps de confinement obligatoire peut nous inciter à prendre le temps pour assimiler, s’approprier les expériences vécues, tirer des enseignements des actes que nous posons, des relations que nous construisons.

Dans ce retour aux souvenirs, nous allons pouvoir prendre le temps ensemble, d’apprécier, de mesurer ce que nous sommes en capacité de réaliser, pour poursuivre cette dynamique pour des jours meilleurs.

Pendant nos longs échanges téléphoniques, il est souvent manifesté par les unes et les autres,  la capacité à tirer bénéfice de cette promiscuité imposée. En famille, on retrouve le plaisir de cuisiner à plusieurs, de découvrir de nouvelles recettes, de faire des dessins, de partager les repas tous ensemble… On se parle plus. Ces relations plus intimes deviennent plus intenses. Quand on connaît l’exiguïté de certains appartements, tous ces témoignages forcent le respect.

Il est même prévu de tenter de réaliser notre « café des femmes » sous forme de conférence téléphonique! on serait ainsi à plusieurs à prendre des nouvelles des unes et des autres, à nous réconforter, à nous redonner du souffle.

Etre en capacité de trouver ce qu’il y a de positif dans les situations difficiles, c’est la force de tous ceux  qui ont à affronter un quotidien rude, parfois plein d’incertitudes, souvent menaçant. 

Aujourd’hui, nous avons besoin, plus que jamais, de nous nourrir de cette ressource là, qui rend possible de traverser ensemble bien des tempêtes.

Ce qui nous maintient en vie ce sont tous ces liens qui nous unissent grâce justement au fait d’avoir à prendre soin les uns des autres. Les personnes les plus vulnérables nous donnent à vivre ce qui est le plus essentiel à chacun pour pouvoir préserver son humanité. Sentir que l’autre, mon semblable a besoin de moi tout comme il est indispensable à mon existence.

En ces temps très troublés les informations sur les ondes nous révèlent les pires conséquences de la trajectoire néo libérale:  

 –    le témoignage poignant d’une soignante qui est condamnée à rester impuissante face à tous ceux qui se retrouvent seuls face à la mort, sans possibilité de pouvoir dire « adieu » à leurs proches  

 –    les projections du MEDEF qui, dans ce contexte, envisage de rendre les vacances obligatoires à tous ces travailleurs inactifs pour toute la période de confinement et prévoit dès cet été la relance massive de l’économie!

La relance de l’économie mondialisée des multinationales. Celle qui est responsable des déplacements permanents des biens et des marchandises à l’échelle de la planète. Ces transactions permanentes justement responsables de la diffusion du virus et de la pandémie qui s’est répandue à une vitesse foudroyante.

Pour arrêter ce jeu de massacre, nous avons des réponses concrètes. Sur tous les territoires des collectifs organisent  une économie de proximité qui peut devenir réellement opérante et contribuer avec efficacité à organiser un monde vivable pour tous. Toutes ces expériences construisent des actions à partir de problèmes identifiés, analysés collectivement. Elles font la démonstration qu’il est indispensable et possible de se réapproprier les enjeux de notre époque en agissant avec les autres. 

Toutes ces expérimentations qui se développent, nous permettent de mieux appréhender les modalités d’organisation des collectifs pour reconnaître et s’appuyer sur les ressources que  chacun pour développer des espaces adaptés aux enjeux d’aujourd’hui.

C’est au prix de tous ces efforts que nous pouvons espérer construire une vie qui réponde à la nécessité du respect du vivant, du respect de la dignité de tous.  

Prenons bien soin les uns des autres, prenons soin du vivant! 

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TERRAIN D’ENTENTE A L’HEURE DE L’OVALIE

Tournoi à Saint-Etienne

Depuis septembre 2018, un partenariat entre l’association Terrain d’Entente et le club de rugby de Saint-Etienne, le RCSE, a déjà permis à 11 enfants de pratiquer le rugby de manière régulière : 5 en 2018 et 8 en 2019, dont 2 qui sont restés les deux années.

Ainsi, ces enfants (dont deux filles), âgés de 5 à 11 ans, participent aux séances d’entrainement les mercredi après-midis et vendredi soirs, ainsi qu’aux 9 tournois annuels avec les équipes des moins de 6, 8, 10 et maintenant 12 ans du RCSE.

Le rugby -seul sport de combat collectif – impose naturellement l’entraide et la solidarité pour affronter les difficultés. Ce qui correspond pleinement aux objectifs pédagogiques proposés par Terrain d’Entente.

En effet, ce sport éducatif cumule par sa pratique des valeurs propres aux sports de combats (le respect de l’autre, l’humilité et la confiance en soi) ainsi que celles que l’on retrouve dans les sports collectifs (solidarité, esprit d’équipe, capacité d’écoute et de communication et confiance en l’autre).

Bien que parfois certains(es) n’ai pas tout le temps l’envie de participer, les familles assurent pleinement la continuité éducative indispensable pour la pratique d’une telle activité et accompagnent leurs enfants jusqu’à l’Etivaliére (lieu des  entraînements) et même au-delà pour les tournois : Feurs, Roanne, Montbrison, Villefranche, Lyon, Roche la Molière, Villeurbanne, etc.

Cette assiduité à la pratique d’une activité, qui nécessite d’importants efforts psychomoteurs et de discipline, provoque des évolutions d’attitudes considérables et remarquables sur l’écoute attentive des enfants durant les moments d’explication de consigne d’un jeu et ainsi directement sur le respect des règles et du déroulement de ce dernier.

D’ailleurs, il arrive maintenant que nous ayons droit à une partie de rugby durant nos temps de présence sur le parc Jean-Ferrat, sans les plaquages pour le moment…

Cette activité a aussi permis à Saïf, Ibrahim, Sabri, Youness, Lowan, Azziz, Amine, Karim, Djiane, Célia et Adem de découvrir des Oscar, Manoé, Martin et autres Maxime. Cela peut paraître évident ou défendu par nos institutions, mais ce projet a mis en valeur le cloisonnement racial dont sont victime les enfants des quartiers de Tarentaize et Beaubrun. En effet certains enfants ont manifesté leur curiosité, appréhension à pratiquer auprès des camarades de jeu : « bizarres », « aux cheveux jaunes ». En questionnant un peu on s’aperçoit que ce sont pour certains les premières relations établies avec des enfants « blanc » !

En effet, le rugby –  encore perçu comme un sport « élitiste » – attire bien souvent les classes sociales les plus aisées, bien qu’au club de Saint-Etienne il existe déjà et au-delà de ce partenariat une certaine mixité.

Enfin, nous avons sollicité la municipalité et l’Etat pour un accompagnement financier de ce projet coûteux en accompagnement, transport et prix de la licence, mais restons sans réponse de leur part actuellement. Fort heureusement, le RCSE a fait un effort considérable pour rendre ce partenariat possible, en réduisant de 70 % le prix des licences pour les enfants de Terrain d’Entente !

A suivre…

Bertrand.

Tournoi à Roche La Molière
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Une émission de radio en plein air!

Pour écouter l’émission c’est ici:

https://soundcloud.com/radio-velo-mobile/journal-du-11-mars-2058-asso-terrain-dentente-tarentaize-saint-etienne

Les enfants ont entre 5 et 11 ans.

Au fil des années, nous avons eu recours, à plusieurs reprises, à la radio comme moyen d’expression et de communication

Nous avons été interviewés par radio bleue où les enfants ont su dire leur participation et leur contribution au développement des actions de Terrain d’Entente.

Nous sommes allés à trois reprises à Radio Dio.

Le premier rendez vous a été inauguré par les ados! ils ont su parler de leurs envies, leur dynamisme, leur besoin de se sentir une reconnaissance, une place.

La deuxième intervention nous a permis d’expliquer la pédagogie sociale, sa démarche, sa volonté de construire avec tous ceux pour lesquels aucun avenir n’est envisageable aujourd’hui, et transformer notre espace social en droit pour tous à une vie digne.

Plusieurs femmes se sont déplacées à la dernière rencontre pour manifester leur volonté d’être présentes et actives sur l’espace public.

Cette année, à l’arrivée du printemps, Flora nous a rejoint avec sa radio ambulante. Flora est enseignante, elle a pris une année sabbatique pour parcourir le territoire et aller à la rencontre de ceux qui n’ont pas facilement accès aux médias, pour leur donner la parole.

Grâce à la contribution de la médiathèque, nous avons pu mettre en route cette possibilité des échanges via les micros.

Une douzaine d’enfants (surtout des filles!) nous ont rejoint tout au long de l’après midi, certains en bas âge, 4, 5 ans!. Cette expérience inédite a permis de faire une multitude d’ apprentissages très bénéfiques: respecter des consignes qui rendent possible la prise de parole de chacun: rester le plus silencieux et tranquille possible, avoir des gestes délicats pour se saisir du micro qui est un matériel fragile, respecter le temps de parole de chacun….

Plusieurs d’entre eux  ont pu prendre le temps de se familiariser avec ce matériel, réaliser les branchements, comprendre l’utilité des différents câbles reliés les uns aux autres.

Flora a lancé les enfants dans une « fiction », dont l’intitulé était :

« Journal de Radio Tarentaize du 11 mars 2058. Comment la vie des tarentaiziens et tarentaiziennes s’organise? »

Après un long moment d’hésitation, de gène, d’incompréhension de cette consigne particulière, peu à peu des langues se sont déliées, certains ont su donner libre court à leur imagination.

Ils, elles  ont parlé de la question du coronavirus en sachant exprimer ainsi leur conscience de ce problème sanitaire, et aussi leur capacité à savoir prendre du recul et y apporter un peu d’humour; ils, elles ont abordé les questions de la pollution qui se serait aggravée, et son impact sur le quotidien où en 2058, il n’est possible seulement de « sortir pour se rendre au travail et faire les courses! « ….  » mais où on ne mange que du bio! » Ils, elles  ont su envisager d’autres modes de déplacement « des fusées en bois, avec du carburant en boue! »; ils, elles ont parler aussi beaucoup des modes de répression qui se sont durcis tout au long des années: « les policiers sont des robots qui ont des lances qui nous tranchent en deux si on se comporte mal après trois avertissements! » Ils, elles  ont chanté, inventé des flash publicitaires……

Des enfants lucides, conscients des enjeux. Qui gardent malgré tout la fraîcheur et l’enthousiasme qui nous fait parfois tellement défaut à nous les adultes.

Ces enfants ont su se saisir de cette occasion pour manifester en toute innocence le rôle qu’ils, elles  jouent dans la société. La capacité à exprimer la spontanéité, la joie de vivre, l’envie, l’élan. Toutes ces manifestations de puissance d’être qui nous donnent la force  chaque matin de recommencer, de continuer à vouloir, à tenter, à croire. 

Une petite émission de radio pour mettre en évidence que les enfants sont notre bien commun, ils, elles nous invitent à en prendre soin!

Un grand merci à Flora et à son amie qui ont su encourager chaque enfant, prendre en compte chaque suggestion pour rendre possible un moment d’expression d’une grande qualité.

Ces enfants souvent pointés du doigt par l’école sur leur difficulté d’apprentissage ont eu la possibilité de manifester une grande ressource en imagination et en créativité, et se sentir reconnu dans toute leur richesse.

L’émission sera prochainement en podcast sur Radio dio

Publié par Terrain D'entente dans 2020, Médias, 0 commentaire

La Ferme des Fromentaux nous est toujours ouverte!

C’est devenu une tradition, au mois de Février, nous partons à plusieurs familles pour aller saluer nos amis de la ferme des Fromentaux qui nous accueillent chaque été. 

A la fin de l’hiver, les chevreaux viennent au monde. Nous avons eu la chance unique l’an passé, que l’un d’entre eux naisse sous nos yeux. Un très fort moment d’émotion.

Ce 22 Février, nous nous sommes retrouvés à 35 personnes dont 22 enfants de 2 à 12 ans. Notre voyage s’est effectué par le train. Un magnifique trajet à travers la campagne  » on ne voit pas le temps passer! » le reste du parcours pour rejoindre la ferme s’est fait à pied pour les enfants. L’occasion d’admirer le vol des canards et leur façon singulière de se glisser sur l’eau pour atterrir; de se demander « qui a pu mettre toute cette eau? » pour permettre à cet immense fleuve de circuler sur une telle distance!; de saluer ce grand père que nous avons croisé sur notre chemin et qui a su tirer de son jardin de quoi attirer les chevaux pour qu’ils viennent nous manger dans la main et acceptent de bonne grâces toutes nos caresses. 

L’occasion enfin, de se sentir fier d’avoir su parcourir une telle distance à pied, et de reconnaître le toit de la ferme de nos amis.    

Nos amis qui nous attendaient avec leur chaleur habituelle, et qui nous ont offert un cadeau inoubliable.

Cette année les chevreaux nous ont fait de la place dans leur box! Un moment magique et très impressionnant. Nous avons pu prendre tout le temps nécessaire pour oser nous assoir auprès d’eux, pour arriver peu à peu à garder le silence, à être moins agités, moins inquiets, moins apeurés face à cet évènement inédit ….et petit  à petit, plusieurs chevreaux sont venus nous saluer, nous faire des calins!!! Le temps s’est suspendu…. L’apaisement était palpable!

La journée était particulièrement chaude, il a été possible de faire un barbecue qui nous a rappelé les plaisirs de nos dernières vacances d’été.

Nous avions une longue journée à notre disposition, la cabane qui avait un peu souffert de l’hiver a pu être réparée avec la contribution de tous les enfants, les plus grands soutenant l’effort des plus petits.

On a même eu le temps d’aller saluer à nouveau nos amis les chevreaux.

Renée Jo et Dédé ont bénéficié d’un véritable banquet qui avait été réalisé par toutes ces femmes qui s’était levées dès l’aube pour faire ainsi honneur à nos hôtes.

Une de ces journées qui nous ressource, une fantastique opportunité pour se retrouver en symbiose avec cette nature qui nous porte, qui nous nourrit, et qui nous donne envie d’en prendre soin. Durant ces journées « nature » c’est évident pour chacun qu’aucun papier, aucun  détritus ne doit venir souiller cet environnement magnifique.

Voici les impressions de Mirela, qui effectue son service civique parmi nous et qui découvrait cet espace.

« Nous avons  pu effectuer une journée sympa et formidable à Retournac en train avec les enfants ainsi que leur mamans. À l’arrivée une femme ainsi que son mari nous attendait pour pouvoir aller à la ferme. 

Une  fois arrivés à la ferme  c’était l’heure de prendre le déjeuner avec les enfants et les mamans qui mangeaient à part afin de pouvoir profiter entre elles  sans leurs enfants.
L’après-midi nous nous sommes rendus à la ferme pour voir les nombreux bébés chèvres ainsi que les chevaux. Ensuite avec les enfants nous  nous sommes rendus à la cabane qui avait déjà était construite afin de rajouter des éléments. Ce jour là les enfants apportaient le bois  et tous ensemble on essayait de participer à différentes tâches. 
Ensuite on a pu jouer au petit lu et à différentes activités   telles que jeux de cartes, au ballon, faire de la balançoire.
Il faisait beau et toutes les conditions étaient là afin de passer un moment formidable .

Avant de prendre le chemin et de rentrer à la maison les enfants ont pris le goûter.
C’était une journée joyeuse pour tout le monde. Beaucoup d’enfants n’ont pas la possibilité de sortir de leur quartier et cela était une première pour certains d’entre eux .
Ils découvraient en quelque sorte le monde et tout ce qu’il les entoure. »

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La fête du 31 Décembre 2019

Au cours d’une réunion mensuelle du CA de notre association, plusieurs femmes nous annoncent leur décision d’organiser une fête du quartier pour le dernier jour de l’année.

Tout a déjà été élaboré par ces adultes, elles demandent simplement de recevoir l’adhésion de notre commission pour s’employer à rendre possible ce projet….

Quel extraordinaire chemin parcouru ensemble.

Des voisins dont certains ne se parlaient que très peu, se sentent aujourd’hui légitimes pour inviter tout un quartier à participer à une fête.

Ce n’est pas certain que ce soit une possibilité qu’on puisse envisager là où on vit, avec nos propres voisins!

« On a dépassé le stade de l’association avec des membres responsables et des adhérents. On est tous au même niveau et on organise les choses ensemble! » 

C’est un membre très actif de notre collectif qui avait fait cette remarque quelques temps auparavant.

Ce ne sont pas que des mots.

A Terrain d’Entente, des femmes, des enfants, des jeunes participent très concrètement à tout ce que nous construisons depuis toutes ces années.  

Pour rendre possible cet évènement, il a été nécessaire de présenter un projet très argumenté devant une commission, le Fond de participation des habitants, pour pouvoir prétendre à un financement. Tout un travail s’est auparavant réalisé à plusieurs pour évaluer les dépenses: celles qui concernaient le menu, la décoration, l’animation. Rien n’a été laissé au hasard, certaines ont même pensé à rétribuer la participation des employés de Terrain d’Entente.

Sur cet évènement précis nous avons été « les petites mains » qui assuraient certains trajets pour les courses, la réception de matériel, l’acheminement des plats cuisinés dans la salle où se déroulait notre fête.

Il nous avait été demandé également d’organiser l’après midi avec les enfants. Les conditions météo ont permis après le repas, et le spectacle, de réaliser  un tournoi de foot préparé avec enfants où tous ont pu participer, quelque soit leur âge.

De la conception de la fête à sa réalisation concrète, tout a été pris en charge par plusieurs habitantes du quartier!

L’organisation a été décidée au café des femmes. Des volontaires ont prévu de participer au nettoyage de la salle, la décoration a été réalisée par un groupe d’enfants accompagnés par des ados, le repas a été préparé par quelques unes, le service était assuré par d’autres, le nettoyage et le rangement de la salle ont été également anticipés.

Il ne faut jamais oublier de préciser qu’il s’agit de femmes, mères de familles qui doivent donc prévoir la garde des enfants quand elles réalisent toutes ces tâches. Les pères sont alors mis à contribution!

Une très belle fête!

Nous avons été accueilli dans une salle transformée en restaurant. Chapeau pour la déco!

Il était prévu une grande diversité d’entrées, une paella,  des gâteaux commandés chez un excellent pâtissier et tout une série de friandises offertes aux petits comme aux grands!

Plusieurs adultes se sont improvisés en Monsieur, Madame Barba papa

Aldérik, un ami artiste de l’association, a fait une magnifique prestation à coup d’accordéon, de chants, de rollers. Wafid, Kacem et Lohan nous ont offert une très belle démonstration d’acrobatie, hip hop.

Eh puis bien évidement nous avons dansé!

Nous avons su faire le bilan de cette journée au café des femmes. Nous avons pu remercier celles qui avaient donné tellement de temps pour rendre possible ce beau moment.

Mais tout n’a pas été parfait, comme d’ailleurs tout ce qu’on réalise au sein d’un collectif!

Et nous avons su nous dire ce qui n’a pas marché, nos déceptions, nos agacements. De ces moments où on sait prendre le risque de blesser, de ne pas être compris. Où on trouve le courage de dire en vérité.

Là aussi, on peut apprécier le chemin parcouru ensemble.

Dans combien de collectifs il est possible de faire le bilan d’une action et malgré les amertumes, les déceptions, savoir reprendre le fil des relations? Combien savent continuer à entreprendre d’autres projets, fort des erreurs reconnues et des enseignements qu’on a su en retirer ensemble?  C’est le challenge de tout collectif, le plus difficile à affronter et en même temps l’incontournable pour continuer nos avancées. Nous développons ensemble des savoirs nouveaux qui permettent de réelles évolutions.

Terrain d’Entente c’est ça. C’est cette volonté chevillée au corps de continuer à chercher des solutions pour réaliser des actions indispensables pour que la vie devienne meilleure. Sachant qu’on prend le risque que tout ne soit pas parfait, en partant de la dureté du réel. Et le rêve peut devenir réalité. Le rêve d’arriver à construire un collectif où chacun trouve sa place, où chacun trouve la force de s’affronter aux autres parce que chacun a retrouvé sa légitimité.

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SEJOURS A MONTMIRAL – ETE 2019

A l’initiative de quelques familles et enfants fréquentant régulièrement l’association, nous avons construit ces deux séjours dès le mois de janvier 2019, avec comme finalité de proposer un cadre de « vacances » aux familles qui n’ont aucune – ou peu de – perspective de départ durant l’été. L’objectif restant toujours pour Terrain d’Entente que les projets s’adressent à tous, de manière inconditionnelle.

Nous avons tout d’abord appréhendé les besoins et attentes de chacun et les avons adaptés à nos opportunités et moyens à disposition : c’est ainsi que ce sont dessinés ces deux séjours sur le site de la Ronde lierre, à Montmiral (26) – les propriétaires étant sensibles à notre démarche.

La commission chargée de cette organisation s’est réunie très régulièrement durant plusieurs mois. Elle a choisi de séparer les deux séjours. 

-Le premier concernait  un groupe d’enfants, moteur de l’initiative, du 01 au 05 juillet

-un second groupe, du 05 au 09 août, composé autour de familles très investies dans la construction de ce projet et qui avaient bénéficié de vacances collectives avec l’association à la ferme des Fromentaux l’année précédente.

Afin d’accompagner leur bon déroulement, une équipe pédagogique s’est organisée pour partager  ces deux semaines : Kaoutar, Ramzi et Bertrand. Lors du premier camp, Lyina, volontaire en service civique est venue compléter cette équipe.

A l’exception de Bertrand, qui connaissait déjà le lieu, l’ensemble des participants sont partis à l’aventure dans ce site qui nous propose un type d’accueil assez particulier : dormir dans des cabanes – sans électricité ni connexion – pratiquer l’équitation, cuisiner dans une ancienne grange, cohabiter avec les nombreux animaux et insectes présents. Ceci, avec une vue imprenable sur la Drôme des collines…

Une fois passé les difficultés administratives imposées par nos partenaires financiers (CAF pour le séjour enfant et ANCV pour le séjour famille), nous avons limité notre présence à 19 personnes sur chaque période. Ceci nous semblait être la limite maximale pour un accueil digne de ce nom. Nous avons eu connaissance seulement le matin même du départ pour le premier séjour (et la veille pour le second), de la liste définitive des participants et encadrants.

Ensuite, nous avons été accueillis par Brith et Olivier, propriétaires du site, qui nous ont réservé l’accès exclusif de tout l’espace dès notre arrivée et durant les 10 jours de notre présence.

Tout s’est très vite enchaîné !

Bien qu’ayant collectivement étudié et programmé nos départs respectifs, le déroulement du séjour s’est improvisé de manière assez spontanée, magique et bienveillante. Notamment, lors du séjour « famille » ou l’implication de chacun est progressivement devenue égalitaire.

La sortie du quartier par ce voyage vers un site aussi sobre et naturel a eu des impacts rapidement évaluables, auprès des enfants notamment, par de l’entraide et de la bienveillance permanente, une restriction des conflits exponentielle (3 accrochages en tout) et une utilisation des insultes quasi réduite à néant durant ces 10 journées… ce qui n’est pas rien!

Les sourires, temps de partage et envie de rester et/ou d’y retourner sont clairement des indicateurs positifs de ces actions.

Très loin des sorties dites « de consommation » – à l’exception d’une journée au lac, avec une activité pédalo – nous avons pris beaucoup de plaisir à :

  • La réalisation de taches de la vie quotidienne, vaisselle, courses, cuisine, nettoyage, avec un planning pour le premier séjour et à l’instinct pour le second.
  • Au partage de temps de jeu de société, jeux collectifs nocturnes et parties de foot endiablées sur la carrière du centre équestre.
  • Boire de l’eau et limiter la consommation de produits sucrés après épuisement rapide des importantes réserves.
  • Combattre nos peurs de l’équitation, des insectes, souris, chiens, du noir, de l’eau et de la collectivité.
  • Passer 5 jours et 4 nuits en extérieur – parfois en période de canicule.
  • Progressivement oublier certaines contraintes vestimentaires et esthétiques que nous nous imposons dans nos quotidiens respectifs à Saint-Etienne

Nous avons basculé vers ce que Pierre Rabhi nomme : la « sobriété heureuse ».

Reprendre l’ensemble de ce qui s’est passé sur ces deux semaines serait impossible et/ou irrespectueux pour ces temps individuels et collectifs qui seront à jamais gravés dans nos mémoires et tellement importants pour nos vies futurs et réciproques. 

Néanmoins les échanges que nous entretenons entre participants depuis notre retour sur Tarentaize parlent d’eux-mêmes et nous souhaitons provoquer de nouveau ce type d’action pour l’été prochain, Inch Allah !

L’équipe et les parents des enfants présents sont unanimes sur l’impression d’émancipation et l’ambiance qui s’est très largement améliorée lors des terrains depuis le déroulement de l’ensemble des actions que nous avons établies durant cet été.

Mais, la question demeure : aurons-nous suffisamment de force humaine, partenariales et financières pour perpétuer cette expérience durant l’été 2020 ???….

A suivre…

Bertrand.

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