Le collectif solidarité alimentaire

Suite à la période longue du confinement différents collectifs se sont inquiétés des difficultés croissantes des familles à assurer les besoins alimentaires quotidiens.

Ils ont faits plusieurs constats:

Le coût de la nourriture reste une préoccupation permanente des familles. Tout au long de la semaine on court de promo en promo pour trouver le moins cher possible pour nourrir sa famille. Il y a de plus en plus de recours à l’aide alimentaire.  Un mode d’intervention caritatif fortement imbriqué au système alimentaire et sur productif. Initialement destiné aux situations d’urgence, ce dispositif est en passe de devenir une réponse structurelle.  L’aide alimentaire construit un système indigne de dépendance, de sélection et d’exclusion. La Banque alimentaire est issue d’excédents de l’agro industrie, et de la grande distribution.

Avec tout un système de défiscalisation qui encourage à produire plus sans remise en question du modèle de production.

Ce Système permet de distribuer aux pauvres des denrées destinées à être jetées,  une nouvelle opportunité de faire des profits. Le caractère indigne de ce processus se double du problème de l’impact de cette alimentation industrielle sur la santé.

Comment permettre à chacun de se nourrir correctement et de manière digne?  Cette question de l’alimentation traverse tous les champs: il s’agit de réduire les inégalités, de penser une juste  rémunération des producteurs, répondre aux enjeux environnementaux, et à la question sanitaire.

La possibilité de pouvoir subvenir aux besoins élémentaires, de choisir son alimentation nous semble être des objectifs à ne jamais perdre de vue.

Suite à des rencontres avec la FAQ( La Ferme au Quartier), la Fourmilière (magasin coopératif), la Fabrique de la transition (coordination des réseaux alternatifs), Terrain d’Entente, l’AMAP de Beaubrun:

Développement de  la dynamique de VRAC (Vers un Réseau d’Achat en Commun). L’amicale de Beaubrun, le centre Social le Babet sont partie prenante.

C’est l’organisation d’un groupement d’achat pour l’accès à des produits de qualité à prix coûtant. Il est financé par la FAP (Fondation Abbé Pierre), des bailleurs publics, la Région

Cette association existe dans plusieurs territoires. Chaque mois dans les quartiers, les habitants passent leur commande. Les produits sont livrés dans les structures existantes. Des évènements autour de la « cuisine »  ont commencé à s’organiser. L’objectif étant de créer des rencontres qui produisent une dynamique collective,  du plaisir partagé

Le prix coûtant aujourd’hui reste inaccessible pour encore trop de familles. Il faut continuer à chercher des alternatives.

Le collectif de solidarité alimentaire s’est constitué il y a un an, pour tenter d’autres réponses pour assurer cette accessibilité à une alimentation de qualité. Il concerne une vingtaine de structures du bassin stéphanois: des associations, des producteurs, des distributeurs, des restaurateurs.

Les brigades de solidarité: dans plusieurs régions, des militants  se sont organisés depuis le premier confinement pour récolter des dons, les distribuer régulièrement aux personnes qui n’ont plus de solution pour se nourrir, malgré la présence des associations caritatives. A St Etienne pour faire face à la demande qui va croissant, un système de contrôle a été mis en place avec  un agent qui s’assure que chaque « bénéficiaire » ne s’adresse qu’à une seule asso et ne « profite » pas de plusieurs lieux de distribution,et les « bénéficiaires » n’ont droit qu’à un panier par mois. Avec les brigades, personne n’a à justifier de son revenu, chacun vient quand il en a besoin.

La cantine participative: en lien avec les Brigades. Les habitants viennent cuisiner ou se restaurer autour d’une grande table, à partir des produits issus des dons (repas à prix libre).

VRAC St Etienne. Distributions démarrées en Septembre 2021

De la ferme au Quartier:  Plateforme de distribution des produits issus de l’agriculture paysanne locale pour les consommateurs, les restaurations collectives, les distributeurs. Leur  logistique est mise à disposition de VRAC, des Brigades, en récupérant les invendus des magasins/fermes partenaires, du jardin d’Oasis qui y dépose les paniers solidaires.

La Fourmilière. Magasin coopératif géré de façon démocratique sur le mode une personne = une voix. L’objectif est de rémunérer équitablement les producteurs et permettre l’accès à des produits de qualité pour tous. Offrir un lieu d’échange, de partage des savoirs et de débats. Chaque coopérateur donne 3 heures par mois pour contribuer à l’organisation du magasin. Tous ceux qui le souhaitent peuvent devenir coopérateurs.

Différentes  Bio coop.

« Au Terroir » : Magasin de producteurs

Ces magasins partenaires tentent de mettre en place divers dispositifs de solidarité :  leurs invendus; fruits et légumes « suspendus »;                    –   points de la carte de fidélité, prix arrondis pour constituer un fond de solidarité en direction des associations.

Les AMAPS un système de circuit court alimentaire, en économie solidaire de façon à établir un commerce équitable entre agriculteurs et consommateurs. Avec le réseau AURA des AMAPS, mise en place de paniers solidaires (les familles payent 30% du prix coûtant, le financement est assuré par des appels à projets)

Les jardins d’Oasis. Proposer à des personnes de retrouver le chemin de l’emploi. Le contrat de travail dans le domaine du maraîchage biologique peut être un tremplin. Alimente un circuit de paniers solidaires sur Saint-Étienne financé par la région.

 La fabrique de la transition. Pour contribuer à faire du territoire Stéphanois, un territoire résilient face aux impacts du dérèglement climatique et à la destruction des liens de solidarité. Rôle de coordination dans le collectif Solidarité Alimentaire.

Il est indispensable de développer la mutualisation de toutes ces ressources pour appréhender la réalité dans toute sa complexité. Notre volonté est de nous adresser à ceux pour lesquels rien n’est accessible et qui ne sont pas partie prenante de tous ces réseaux. Tenir compte de leur expertise pour avancer est indispensable.

Les questions qui nous préoccupent face à cette nouvelle dynamique

–  Comment ne pas rentrer dans une posture « caritative« et créer du lien non descendant ?

Il nous faut distinguer aide alimentaire intégrée au système, et mise en place d’une autre solidarité renforçant les liens entre paysans et habitants des quartiers.

–   Lentraide et la transformation nécessaire de nos rapports sociaux: La question de la défense du droit fondamental de se nourrir,  croise celle de celui qui produit la nourriture et qui doit pouvoir vivre de son travail. Ceux qui nous nourrissent et ceux qui ne peuvent pas se nourrir subissent des situation sociales assez identiques  Inventer des  modes d’organisation pour renforcer les équipes sur les lieux de production pour planter, récolter.

–   Comment on peut associer les personnes concernées aux démarches solidaires et aux réflexions ?Et veiller à une appropriation de ce projet dans le respect des possibilités de chacun à pouvoir s’y engager.

Tenter de développer des opportunités de travail, de partage de projets avec tous, qui nous sortent de nos tendances à l’entre soi et qui nous permettent de mieux appréhender la réalité dans ses aspect les plus divers et d’agir de manière plus adaptée 

Le projet qui se développe:

accès à des paniers solidaires avec la mise en lien des collectifs: les AMAPS, les Jardins d’Oasis, Terrain d’Entente.

Rencontre avec les membres actifs de l’AMAP du quartier où 17 adultes avaient participé. Visite de la ferme du jardin d’Oasis avec 15 adultes: projet d’atelier cuisine pour prendre l’habitude d’utiliser les légumes bio dans leur intégralité;                                                                 Depuis Décembre 2021, 13 familles concernées par les paniers solidaires. Chaque quinzaine elles viennent les récupérer pendant la distribution de l’AMAP du quartier.

Certaines familles ont renoncé, d’autres s’inscrivent. Nous devons prendre en compte  la difficulté pour beaucoup, de s’inscrire dans la durée du fait d’une instabilité permanente de l’existence où chaque jour peut apporter des difficultés supplémentaires. Il faut rester dans la dimension collective, où ensemble on retrouve l’envie, l’énergie, le sens. Accepter cette part d’incertitude qui est la réalité quotidienne des familles.

Un petit bilan sur les 4 mois de fonctionnement: pour les paysans: 30% de productions en plus; pour les familles: 20 familles ont découvert ce commerce équitable, un système de solidarité s’est organisé: certaines familles ont payé des paniers pour celles qui ne pouvaient pas. Amel a permis que cette distribution soit possible durant toute cette période.

Le parrainage à la Fourmilière, pour permettre son accès à d’autres coopérateurs Deux rencontres au magasin qui ont concerné 15 personnes. Beaucoup d’intérêt manifesté pour la démarche: des produits de qualité, favoriser la production  locale, être partie prenante, responsable collectivement et non pas simplement « client ». Face à la difficulté manifestée à s’engager pour 3 heures d’affilée, une proposition de créneau de 2 heures a été réalisée. Face à la difficulté à financer la part sociale: une proposition de « part sociale suspendue » (financée par les coopérateurs) a été faite pour soutenir l’effort. 10 personnes commencent à s’impliquer.

Initier des rencontres paysans/ quartier. Un après midi à la ferme proche du quartier avec 12 adultes. Présentation du travail d’élevage. Visite de la terre 100m2 prêtée par le paysan, qu’on va cultiver pour planter des patates qu’on revendrait dans le cadre de VRAC. Des perspectives de cueillette avec des paysans qui livrent l’AMAP. Les personnes impliquées seront « rémunérées » avec la possibilité d’accès à la caisse de solidarité.

–  Appel à constituer un Fond de Solidarité dans les magasins (prix arrondis en caisse, don des points de la carte de fidélité, fruits et légumes suspendus, invendus) Une tentative pour rendre plus accessible le prix coûtant de VRAC, permettre l’accès aux magasins, augmenter le nombre de paniers solidaires et renforcer le travail des Brigades. Les distributeurs constatent une inquiétante baisse de fréquentation de leur magasin. Les producteurs doivent pouvoir développer leurs débouchés. L’augmentation des consommateurs est un enjeu pour chaque partie. Cette caisse de solidarité relève de notre intérêt commun. Un appel à projet, issue de la politique des bio coop va compléter de manière substantielle cette caisse pour financer plus de paniers solidaires, une carte solidaire proposée en magasin ( pour que certains payent le prix coûtant). Ces actions seront lancées dans tous les lieux de distributions à partir de septembre 2022 sur une année.

A terme nous souhaitons construire une réflexion avec les  producteurs, les distributeurs, les consommateurs pour rechercher un mode d’organisation qui nous permette de définir collectivement ce que nous voulons manger, comment on le produit, de façon à ce que ceux qui nous nourrissent puissent vivre dignement et comment en assurer l’accès à tous?

Le nombre de personnes en insécurité alimentaire est bien trop élevé pour faire reposer la réponse politique sur le secteur associatif. C’est d’une vraie politique de protection sociale qui inclut le droit à l’alimentation dont nous avons besoin. Nous commençons à réfléchir aux perspectives de la sécurité sociale de l’alimentation.

 

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