Proposition pour un « Labo de co éducation »

La coéducation, c’est le partage des rôles entre différentes personnes qui oeuvrent ensemble à l’édu-cation d’un enfant, d’un jeune, ou d’un groupe. Cela concerne les parents – premiers éducateurs de leurs enfants – , les professionnels de l’école, des loisirs, du social, de la santé ainsi que les enfants et les jeunes eux-mêmes.

Cette notion de partage est aujourd’hui reconnue comme nécessaire et préconisée par les institutions. Elle représente un tremplin vers une autre conception de l’éducation, plus globale, plus ouverte, donnant une place à chacun. Mais elle s’avère difficile à mettre en oeuvre et semée d’obstacles : cela nécessite du temps, des bonnes conditions de dialogue, du respect et de la confiance mutuels, de l’espace pour des approches différentes qui peuvent devenir complémentaires.

A Saint-Etienne et au Chambon-Feugerolles une réflexion approfondie s’est amorcée sur ce sujet depuis deux ans, avec plusieurs temps de rencontres concernant des parents, des enseignants, des bénévoles et des professionnels d’associations et de collectivités territoriales.

Un petit groupe de professionnels (1) a poursuivi le dialogue sous forme de rendez-vous téléphoniques, pendant la période éprouvante du confinement puis du déconfinement, entre mars et juillet 2020. Ce groupe a pu mesurer combien le projet affiché de la « continuité pédagogique » a mis à mal familles, enseignants et acteurs éducatifs. Il aurait dû être plutôt question de « continuité éducative » et y engager alors de nombreuses institutions et associations. L’absence de coordination entre les différents secteurs de l’éducation globale a rendu compliquées les initiatives, pourtant nombreuses, des professionnels. Cette expérience confirme le caractère indispensable de la mise en place de ces espaces communs pour assurer une continuité, notamment en direction des familles les plus marquées par la précarité et/ou par l’isolement, le repli sur soi, l’inquiétude, le découragement.

Ce même groupe propose de créer, à partir de septembre 2020, un « labo de coéducation » afin de poursuivre la réflexion et de construire des propositions en confrontant les points de vue des divers «coéducateurs ».

La proposition concerne les parents et l’ensemble des professionnels qui travaillent auprès des enfants et des jeunes : dans les écoles, collèges et lycées, dans les centres sociaux et culturels, dans les associations, les services médico-sociaux, les équipements culturels et dans les espaces publics. Dans chaque établissement ou structure, tous les professionnels peuvent être concernés (par exemple dans une école : pas seulement les enseignants mais aussi les ATSEM, les AESH, les animateurs etc..) On veillera aussi, d’emblée, aux façons d’inclure progressivement des enfants et des jeunes. Il s’agit d’un engagement bénévole et non institutionnel, même si les différents professionnels s’attacheront à faire connaître et reconnaître ce travail à leurs institutions respectives.

Le groupe devra définir une ou plusieurs thématiques engageant tous les participants, en reconnaissant chaque acteur du champ éducatif dans son rôle, et sa légitimité, en impliquant les enfants et les jeunes.

Les directions précises de réflexion et les méthodes de travail seront construites et validées par le groupe lors des premières séances, à partir des propositions ci-dessous.

Propositions de questionnements :

De quoi a besoin un enfant durant sa vie éveillée pour entrer dans les apprentissages (scolaires et non sco-laires), pour y éprouver de l’intérêt et du plaisir ?

Que peut apporter aux uns et aux autres une mise en commun pour assurer l’éducation ? Quelles modalités, quels objectifs, quels contenus, quels destinataires pour ce partage?

Comment offrir à chaque enfant « une éducation au monde« , et se saisir de tout ce qu’il y a alentour de disponible pour produire de l’éducation ?

Comment donner du sens à des apprentissages scolaires construits dans la logique des disciplines, en les appuyant sur le monde réel, en les mettant en lien avec tous les apprentissages réalisés en dehors de l’école ? Comment permettre à ces apprentissages disciplinaires de contribuer aux évolutions de ce monde et à ses transformations indispensables ? Comment permettre aux enfants et aux jeunes de devenir acteurs/ auteurs de leurs apprentissages, de façon à ce qu’ils trouvent leur place et leur rôle dans cette société à laquelle ils se doivent d’apporter leur contribution ?

Proposition de méthodologie

A partir de la méthode d’élaboration de projets, dans un premier temps nous pourrons identifier tous ensemble des thèmes et des questions à partager.

Dans un deuxième temps, des « groupes de pairs » (2) (y compris des groupes d’enfants et des groupes de jeunes) seront mis en place pour échanger sur les mêmes thèmes et questions en fonction des expériences respectives des membres de chaque groupe.

Enfin, une mise en commun se fera régulièrement pour mettre en évidence les points de convergence/de divergence entre les groupes de pairs ainsi que les éventuelles perspectives à envisager (initiative à mettre en place, démarche à mener, nouveau thème et nouvelle question à explorer, etc.).

Les rencontres communes à l’ensemble des groupes de pairs se dérouleront dans des lieux publics, si possible en dehors des locaux scolaires afin de permettre une parole plus libre de chacun : parents, professionnels, enfants…

Les jours et horaires des réunions des groupes de pairs et des réunions communes seront choisis afin de convenir au maximum de personnes intéressées, compte tenu des importantes variables de contraintes selon les catégories de personnes (parents, enseignants, animateurs..).

Ce labo de co-éducation sera coordonné par Josiane Gunther, engagée dans l’association de pédagogie sociale « Terrain d’entente ». Il pourra s’appuyer sur la contribution de deux personnes-ressources bénévoles :

– Frédéric Jésu, ancien pédopsychiatre de service public et impliqué en tant que consultant dans le champ des politiques sociales, familiales et éducatives locales, auteur de plusieurs livres entre autre: « Co édu-quer: pour un développement social durable » ;

– Catherine Hurtig-Delattre, enseignante et formatrice, autrice du livre: « La coéducation à l’école, c’est possible » qui rapporte une expérience de 30 années d’ouverture de l’école aux familles et aux associations.

Une réunion destinée à présenter cette initiative, à échanger sur ses objectifs, ses contenus et ses modalités, et à programmer les étapes de son déroulement se tiendra le mercredi 30 septembre de 17h à 19h (lieu à préciser)

(1) groupe composé de plusieurs enseignants engagés en pédagogie Freinet, de responsables du secteur éducatif 1 dans une commune, d’une bénévole dans une association de pédagogie sociale

(2) Il s’agit de réunir les personnes ayant le même statut : un groupe de parents, un groupe d’enseignants, un groupe d’animateurs, un groupe de jeunes etc… 

Laisser un commentaire