Rappel des objectifs :
Les écoles du Chambon souhaitent construire une relation de confiance avec les familles.
La présence des parents jouent un rôle essentiel dans la lutte contre l’échec scolaire. Elle favorise le bien être et la réussite de l’enfant. Un des enjeux majeurs de la réussite à l’école, est d’aider l’enfant à vivre la différence entre sa culture familiale et la culture scolaire sur le mode de la complémentarité. Les enseignants ne peuvent pas faire la classe sans se soucier de la façon dont les élèves vivent la relation entre la culture qu’ils dispensent à l’école et celle de leur milieu familial.
Les enseignants ont besoin de savoir comment les familles vivent l’école. Leur parole est indispensable pour pouvoir s’adapter au mieux aux besoins et chercher de bons moyens pour communiquer.
Plusieurs mères de familles ont pu s’exprimer dans chaque groupe scolaire, où un espace était dédié pour ces rencontres. Nous avons pu aborder différentes questions concernant la relation de l’école avec les familles.
Ce qui donne un sentiment de confiance:connaître le déroulement d’une journée à l’école
La confiance est possible à condition d’avoir des infos précises sur le contenu des journées, leur organisation. Les conditions d’apprentissages à l’école sont une inquiétude permanente
« Je me dis que la scolarité de mes enfants se déroule bien tant que la maîtresse ne se manifeste pas. Si j’ai des doutes, je demande un rendez vous« .
– La réunion de rentrée est importante, elle permet de connaître le programme, les sorties, ce que font les enfants en classe. « On parle de votre enfant, on se sent tout de suite concerné« .
– Réunions prévues à la fin de chaque trimestre de façon individuelle. 3 plages horaires sont proposées
– Le carnet de liaison permet de signaler les problèmes et de solliciter un temps de rencontre quand c’est nécessaire, les parents doivent le signer donc le consulter régulièrement
– Les journées « porte ouverte » de la première semaine, où deux ou trois parents sont présents dans la classe pendant une heure. C’est une bonne manière de bien comprendre une journée à l’école, les conditions d’apprentissage des enfants. Il est possible de rester en classe le premier jour pour les élèves en CP.
– Réunions personnalisées proposées à deux ou trois familles en fonction de leur disponibilité. – Possibilité de parler à l’enseignant chaque matin entre 8h20 et 8h30 et à chaque heure de sortie. « On n’est pas obligé d’attendre le jour du RDV« .
– A la maternelle, les relations quotidiennes des parents avec les enseignants facilitent la cohérence éducative. La présence d’enseignants depuis plusieurs années dans l’école aide à la construction de relations de confiance.
Mais ces bonnes expériences sont dépendantes et tributaires de la bonne volonté de l’enseignant. Certains sont patients et s’adaptent aux possibilités de l’enfant, d’autres ont tendance à imposer un rythme et une manière de considérer les choses.
Plusieurs parents évoquent une appréhension chaque rentrée scolaire sur la personnalité, le caractère de la maîtresse qu’on va devoir subir, avec laquelle on va devoir s’adapter, se résigner. « On n’a pas la choix, on est obligé de faire avec. Il faut tenir le coup toute l’année. C’est à nous de céder. Se soumettre«
Les parents ne se sentent pas légitimes pour donner leur avis « L’école est un lieu de savoir et c’est l’enseignant qui sait ».
Il arrive que des difficultés se manifestent entre différents adultes dans le cadre de l’école: l’enseignant et l’AVS. Pour être dans de bonnes conditions d’apprentissage, l’enfant ne doit pas subir les tensions d’adultes en conflit. Le rôle de chacun doit être clairement définit.
Un autre problème pour la question des AVS: leur contrat est en CDD, il peut se terminer en cours d’année. Ce sont les parents qui doivent faire la demande auprès de la MDPH, l’école remplit le GEVASCO, les parents sont présents à cette réunion avec les enseignants (ESS) pour constituer le dossier. Il y a souvent 8 mois d’attente avant qu’une intervention se réalise.
Qu’est ce qui nous fait dire que c’est un-e bon-ne maître-sse?
– Il/elle est à l’écoute, les enfants se sentent en confiance. Il/elle sait prendre en compte la famille. Comment elle arrive à traverser les problèmes Il s’intéresse à la façon dont on vit le quotidien. Il/elle manifeste qu’il s’en préoccupe.
Pour traverser ces difficultés, on a besoin de se sentir soutenu, de rencontrer d’autres parents qui traversent la même situation.
– Il/elle sait s’organiser pour faire évoluer chaque enfant à son rythme: ex du décloisonnement en CP avec 3 maîtresses qui encadrent 3 groupes d’enfants qui circulent dans 3 ateliers, en fonction de leur niveau.
– Il/elle est soucieux de transmettre des valeurs, les limites. Parfois il y a un décalage entre la façon de procéder à l’école et en famille. A l’exemple des points verts, jaunes et rouges qui sont distribués pendant la semaine. Pour décrisper la situation, c’est nécessaire de savoir accepter les règles de la maîtresse. Un rendez vous est peut être utile pour bien comprendre le mode de fonctionnement.
Pour que les enfants soient dans de bonnes conditions d’apprentissage: le rôle des parents:
Ils doivent être à jour tout au long de la semaine. « Si je suis perdue, mon enfant sera perdu« .
Difficile de s’impliquer, comme parent d’élève, les temps de réunion sont difficiles pour beaucoup.
Leur rôle: « Ils servent surtout à organiser la kermesse« . Participer aux Conseil d’école avec la présence de tous les enseignants, la maire, où on demande l’avis des parents sur le projet d’école
Pourquoi il y a aussi peu de parents présents? « Ça prend trop de temps. Les réunions sont à 20h après la journée. Demande d’être très disponible. Ca fait trop pour une vie de famille« . Peur de s’engager et de ne pas tenir dans la durée. Le Manque de confiance peur de ne pas s’exprimer suffisamment bien. Prendre la parole pour les autres, il faut savoir bien dire les choses. La barrière de la langue.
Ils doivent porter la parole de l’ensemble. Etre à la sortie de l’école pour parler.
« On a besoin de construire un réseau de parents pour s’entraider. Pour rencontrer les parents il faut faire la démarche d’aller là où ils sont, le marché le vendredi matin! »
Il est possible de solliciter la présence d’un parent d’élève pour faire médiation si le problème semble difficile à aborder. Mais les parents ne connaissent pas cette procédure et y ont très peu recours.
Un ex. d’initiative des parents élus. Une année où plusieurs actes de violence entre parents s’étaient manifestés devant la sortie en présence des enfants, une formation sur la communication NV a été proposée aux parents, aux enseignants. Ca qui a permis un travail qui s’est prolongé sur toute la commune, avec le personnel périscolaire. Un regret, les réunions étaient proposées à 18h et beaucoup de parents n’ont pas pu participer.
Beaucoup de parents n’ont pas la culture de la réunion le rôle de délégué n’est pas accessible à tous par contre beaucoup sont prêts à rendre des services concrets. L’école ça fait peur.
« Quand c’est détendu on parle plus facilement, quand c’est trop sérieux je ne me sens pas à ma place« . Quand c’est du concret, c’est possible. Une présence ponctuelle est plus accessible, à l’occasion d’une journée organisée, pour rendre service
Qu’est qu’on attend de l’école?
« L’école est indispensable, elle fournit à l’enfant des outils pour grandir, pour devenir indépendant, pour gérer ses besoins quotidiens de manière autonome« .
– Que nos enfants réussissent. Qu’ils puissent choisir leur orientation. Qu’ils se développent au maximum de leur possibilité. Qu’ils aillent le plus loin possible. Jusqu’au bout de ce qu’ils peuvent faire.
Il n’y a pas que l’école pour assurer cette fonction: sur le Chambon, il existe plusieurs structures: la ludothèque, le centre de loisir, l’espace jeunesse, la médiathèque, le centre social Cré actif. Ce n’est pas le même cadre que l’école les apprentissages sont différents et complémentaires, ce sont des lieux plus libres. « Que l’enfant se confronte à différentes méthodes lui permet de se rendre compte qu’il n’y a pas qu’une seule manière d’apprendre« .
Les devoirs à la maison: « c’est la révision de ce qui a été fait à l’école. Le temps de classe n’est pas toujours suffisant pour intégrer une notion , c’est un entraînement supplémentaire à la maison. Ca ne doit pas durer plus d’1/4 d’heure, 20mn. Reprendre ce qu’on a fait à l’école, c’est important. Ce qui aide l’enfant c’est la cohérence éducative entre ce qu’il vit à l’école et à la maison. Etre couché à l’heure, levé à l’heure, arriver à l’heure à l’école« .
Est ce que cette demande est accessible à toutes les familles? Parfois les enfants refusent de faire leurs devoirs à la maison. L’enfant n’est pas forcément disponible, les parents non plus.
Peut être prendre le relais avec d’autres adultes?
Les aides aux devoirs faisait partie de la journée d’école. Aujourd’hui le péri scolaire est payant et on ne propose plus d’aide aux devoirs
Pas suffisamment de repère sur la façon dont on apprend à l’école. « Les devoirs à la maison m’aident à comprendre son niveau ».
Des exemples de difficulté
– J’ai appris dans un autre pays, d’une autre façon comment je dois m’y prendre? Je ne sais pas comment ça se passe une journée à l’école. La réunion de rentrée m’a permis de comprendre certaines choses.
– Peur que mon enfant soit en retard, ne soit pas comme les autres. Tout en sachant que chacun apprend à son rythme. Les enfants en classe, n’ont pas tous les mêmes envies au même moment. Différence entre être inquiet et être tendu par envie d’apprendre et de réussir qui est un bon moteur pour grandir.
– Mon enfant ne voulait pas travailler, « j’ai laissé tomber »
– ma fille depuis le début de sa scolarité c’est difficile, je ne sais pas ce qu’elle a. Qu’est ce que j’ai fait? A qui je peux en parler? Je suis dans le vide, j’ai besoin de mettre des mots sur ce qu’elle a
– La cantine: il faut s’inscrire la semaine d’avant. S’il y a un imprévu, je ne peux pas l’inscrire. Si je ne respecte pas les délais je paye une pénalité de 2 euros par repas.
– Peur d’une orientation qui réduise le champ des possibles »on se fixe sur la moyenne alors que la motivation peut tout changer ». Il y a plein de métiers qu’on ne connait pas, on ne sait pas les bonnes filières pour y avoir accès.
– Un enfant diabétique. Les règles administratives imposées à l’école pour sa prise en charge spécifique exigent des démarches très contraignantes pour la famille qui est soumise à des délais très courts en début d’année, pour des remises de documents. Chaque rentrée scolaire, cette pression de l’école est ressentie par les parents, ce qui tend les relations avec l’enseignant. Le médecin référent de l’école ne semble pas suffisamment sollicité pour rassurer les enseignants, donner des info précises sur les règles de conduites des adultes envers cet enfant….
– Si un enfant se blesse ou est malade pendant la journée d’école, les parents doivent être disponibles immédiatement pour venir le récupérer. Les parents s’étonnent de l’absence d’infirmière pour assurer une présence adaptée auprès des enfants
– Une petite fille qui a fait sa première rentrée scolaire toussait en arrivant à l’école. la maîtresse a demandé à la mère de là ramener chez elle. Cette mère n’a pas pu donner des arguments sur l’état de santé de sa fille, elle s’est sentie disqualifiée par cette maîtresse qui semblait mieux savoir de quoi cette petite fille avait besoin ce jour là. Depuis, les relations sont tendues. Ce que cette mère souhaitait c’était la possibilité d’un dialogue où elle aurait pu expliquer son point de vue « je suis la maman, je ne suis pas une gamine », entendre celui de la maîtresse et prendre ainsi une décision éclairée. Cette mère s’est sentie remise en question dans sa personne
– Une petite fille s’est sentie injustement traitée par sa maîtresse durant toute une année scolaire. Elle pris le parti de n’en parler à sa maman qu’en fin d’année pour éviter de créer un conflit entre sa mère et sa maîtresse. » Il y a des enfants intelligents à l’école et des enfants intelligents de la vie ».
– Une mère demandait à ce que sa fille de 4 ans puisse faire la sieste. la maîtresse lui a répondu qu’à 4 ans un enfant n’a plus besoin de faire la sieste. « Moi je lui parlais de ma fille, elle me répondait sur une théorie des besoins des enfants en fonction de l’âge ». Ca voulait dire pour moi: vous ne connaissez pas les besoins des enfants, mais moi je sais. Le pouvoir est du côté de l’enseignant ».
– Pour la réunion de rentrée en maternelle, il a été précisé aux parents de venir sans les enfants. Beaucoup n’ont donc pas assisté à cette réunion
– Un de mes enfants a été hospitalisé sur une longue période. Un jour, j’ai laissé son petit frère dans sa classe sans prendre le temps de lui dire au revoir. Il m’a suivi dans la rue, il a échappé à la surveillance de la maîtresse. J’étais pressée, et choquée de le voir dans le rue, je lui ai donné une fessée et l’ai ramené à l’école. Ni la maîtresse ni la directrice ne m’ont parlé de cette fessée. J’ai reçu un courrier quelques semaines après cet incident, qui m’annonçait une enquête sociale. Des AS sont venues régulièrement à mon domicile et m’ont beaucoup remise en question sur mon rôle de mère.
Depuis cet évènement, une ATSEM est devant l’entrée de l’école pour surveiller les sorties des enfants. Mais ni la maîtresse ni la directrice n’ont été remises en question par le service social sur le fait que mon fils s’était retrouvé dans la rue.
– Problème de nombre de couchettes insuffisant et de personnes pour accompagner ce temps. Les maîtresses demandent donc aux parents que la sieste se passe à la maison et qu’ils ramènent les enfants à 15h Ce qui demande aux parents de faire des trajets supplémentaires entre le domicile et l’école. Donc beaucoup de familles gardent les enfants à la maison et ils sont privés d’un temps de socialisation l’après midi. Il est estimé qu’une mère qui ne travaille pas a tout le temps pour s’occuper des enfants en dehors de l’école.
On ne sais pas combien de temps dure la sieste à l’école. Les parents ne s’autorisent pas toujours à poser des questions sur ce qu’ils ne comprennent pas.
Le risque c’est de rajouter une difficulté à une autre difficulté en s’inquiétant sans trouver d’interlocuteur, un lieu pour être rassurée. Les informations manquent sur les recours, (réseau de ressources pour répondre aux problèmes (apprentissage, comportement…), les suivis réguliers….)
Besoin de se sentir pris au sérieux dans les observations Ca aide l’école que les parents puissent faire des commentaires sur le comportements des enfants à la maison.
les enfants à l’école savent se conformer à certaines attentes, en respectant les codes de l’école. Ils se retrouvent face à des adultes qui ne sont pas dans le registre émotionnel, qui s’efforcent d’être objectif. A la maison, c’est plus difficile, ce sont les affects qui sont déterminants dans le relation parents/enfants.
Ce qui permet de briser la glace:
Les parents aiment être invités à l’école et pouvoir apporter leur contribution.
Ex. de l’impact de la présence des parents dans la classe. Ca crée beaucoup d’émulation chez les enfants qui veulent montrer ce qu’ils savent faire, ça crée une ambiance de travail forte, les parents sont gratifiés. l’enfant voit sa mère parler à la maîtresse, il se sent bien. Cette présence le rassure C’est un temps positif où chacun donne le meilleur
Une proposition : présence de parents volontaires pendant les premières semaines d’accueil en petite section pour seconder la maîtresse qui est débordée.
Accueil tout au long de l’année avec une pause café où les parents sont invités à rester un moment dans la classe.
Une journée « repas partagé » dans la cour de l’école où Cré actif est présent et qui laisse de forts souvenirs. Il faudrait là renouveler dans l’année plusieurs fois.
Pour que tous les parents se sentent concernés, il est important d’être très précis sur l’info. (ça se passe en primaire mais c’est aussi pour les maternelles…)
La présence des enseignants chaque jour à la sortie
« Si on pense que la réunion de rentrée est importante, que la présence des parents est nécessaire, il est indispensable de transmettre un compte rendu aux parents absents«
Un espace « parents » à l’intérieur de chaque l’école.
La rencontre avec l’ensemble de la communauté éducative, prévue un samedi matin risque de poser problème à de nombreuses familles. Il faudrait aussi penser à un accueil pour les enfants