Il y a 5 ans, un comité « pouvoir d’agir » s’est crée, à Paris, à partir de différents constats: les enfants des milieux populaires sont massivement en difficulté à l’école. Il n’y a pas d’espace pour se parler entre enseignants et parents. Les attentes par rapport à l’école sont différentes dans les deux milieux. Beaucoup de rendez vous manqués pour pouvoir mieux se comprendre. Des convictions étaient également mises en évidence: chaque enfant, dès 3 ans a toutes les capacités pour rentrer dans les apprentissages scolaires. Il est nécessaire de créer des conditions d’accueil des familles dans l’école pour construire des liens de connaissance et de reconnaissance mutuelle. La co éducation à l’école est possible et incontournable pour offrir les meilleures conditions d’apprentissage aux enfants.
Cette action part donc de la volonté de constituer une communauté éducative. Construire un collectif, avec les parents et tous les partenaires concernés par l’éducation, pour aller ensemble dans le même sens, pour le bien être des enfants. Les parents, les structures de quartier, sont complémentaires de l’école.
Sur le quartier Beaubrun/Tarentaize, la proposition au cours des différents échanges qui rassemblent les partenaires de l’éducation (parents, associations, DRE, REP), a été de faire des constats sur la façon dont chacun vit l’école. Ce qui fonctionne bien, ce qui est difficile, ce qu’on voudrait voir changer, les propositions éventuelles.
Depuis Avril 2016, des rendez vous réguliers se déroulent au centre social du Babet en présence des parents, des enseignants, de Terrain d’Entente, du DRE et du REP. Depuis le début de ces rencontres, la parole a pu circuler de manière positive. Elle est due pour bonne partie à la qualité de présence des parents. Ils ne sont pas venus pour dénoncer, mettre en cause les capacités pédagogiques des enseignants. Ils ont su exprimer leur difficulté à bien comprendre le fonctionnement de l’école, il ont mis en évidence les contraintes qui les empêchaient de participer aux rencontres proposées dans l’école (la garde de leurs enfants en bas âge, leur honte pour certains, face à leur manque de compréhension de la langue française, de la lecture et de l’écriture….) On peut repérer une évolution rapide de ces temps de rencontres, les échanges se vivent de manière horizontale, chaque adulte présent exprime sa façon de comprendre la situation, fait des suggestions, prend position.
Nous avons, à partir de ces échanges, mis en place des actions qui deviennent pérennes. Notamment la présence des parents dans chaque école, une matinée par semaine, prévue sur le temps de décharge des directrices de façon à créer des rencontres régulières, pour permettre des échanges entre le représentant de l’école, d’un partenaire responsable de l’éducation et des parents: « les espaces info parents ». Nous avons pu mesurer la volonté de nombreuses mères de famille à se mobiliser pour prêter main forte à des adultes plus en difficulté pour s’adresser à la bonne personne, au service concerné pour réaliser les démarches nécessaires à la scolarité de leurs enfants. Cette capacité à renoncer au programme de la matinée pour certaines et d’accompagner une mère qui n’arrive pas à s’orienter vers le service administratif adapté. Nous commençons à envisager des temps d’animation au sein des écoles pour répondre à des préoccupations de parents. Des temps de jeux, entre adultes, pendant le temps scolaire sont déjà engagés à l’école de Tarentaize. Ces rencontres tentent de répondre aux préoccupations des parents de pouvoir aider leurs enfants dans les apprentissages. Tout le monde connait des jeux, beaucoup en pratiquent. L’objectif est que ces temps s’organisent le plus possible sous forme d’échange de savoir. Il est question d’imaginer des temps de réalisation de jeux pendant « les espaces info parents ».
« Travailler ensemble, produire ensemble, ce n’est pas seulement apprendre comment faire les choses, mais aussi trouver ensemble l’énergie et la raison de le faire ». (Laurent OTT)