Chanson

Ce que nous voulons: construire une ville pour nous tous!

Nous voulons que cessent le racisme systémique, les violences policières, les inégalités sociales qui continuent de se creuser.

Nous avons démarré cette marche dans le quartier de Beaubrun/Tarentaize

Les habitants de tous ces quartiers subissent de plein fouet l’aggravation de toutes les inégalités sociales. Après la mort de Nahël des révoltent se sont manifestées durant l’été. Un militant de Nanterre déclarait:  » S’il n’y a pas de réaction, les gens sont morts!  » Pour nous sentir vivants ensemble, nous savons construire des alternatives.

Nous voulons nous mobiliser ensemble, dans la durée, pour la convergence des justices antiracistes, sociales, écologiques, féministes pour que cessent les politiques sécuritaires et anti sociales.

Il ne faut  pas extraire tous ces territoires qui sont mis à mal, du reste de la société. Jamais l’égalité ne sera possible, la justice, la société résiliente si on exclut des gens.

Il faut donc briser l’isolement des quartiers. Ouvrir des perspectives pour que tout un chacun accède à la société, normalement.

Il faut aller dans les quartiers. Faire alliance: les injustices peuvent être le ciment de l’unité.

En Juillet 2020, suite au meurtre de Georges Flyod, on martelait dans les rue

« Génération, climat, génération Adama, on veut tous respirer!

Ce sont nos affaires sociales et nous avons la responsabilité de contribuer à ce qu’il devienne possible aux habitants de se réapproprier leur quartier et d’y vivre dignement.

Terrain d’Entente est présent depuis 12 ans à Beaubrun Tarentaize. Nous sommes présents sur l’espace public, nous proposons des ateliers de rue et les enfants, les jeunes, les adultes nous rejoignent. Ensemble, nous développons des actions qui partent des aspirations, qui tentent de régler des problèmes concrets. Quand on propose un espace régulier et pérenne, les gens nous rejoignent et s’investissent. Et nous développons une force collective.

Mais nous sommes trop peu nombreux à rejoindre toutes ces familles. Nous sommes toujours  en risque de ne pas pouvoir continuer, faute de moyens. Nous avons besoin de renouveler nos forces et nos énergies pour poursuivre ce qui est entrepris et qui marche.

Si nous nous y mettons tous ensemble, il est possible de construire une politique qui défend la vie des habitants. Rejoignons les habitants qui vivent à la périphérie pour défendre notre ville pour nous tous.

Josiane Gunther

Participation à la marche contre les violences policières.

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Des exemples concrets d’émancipation

Plusieurs actions pour augmenter la capacitation des jeunes et femmes habitants le quartier de Beaubrun-Tarentaize 

Notre démarche de pédagogie sociale part des besoins et envies des personnes du quartier et de la façon dont elles les formulent. Nous visons à créer les conditions pour permettre l’élaboration collective de réponses à ces besoins et envies, en redonnant la dignité, la légitimité et la force, pour que tous et toutes prennent en main la construction et le fonctionnement des projets décidés et s’impliquent dans les décisions.

Voici cinq exemples concrétisant cette démarche générale de notre association.           

1- Une cantine solidaire à Beaubrun: « le Terrain des saveurs »

Pour nous, l’Amicale, Vrac, Terrain d’Entente, tout a commencé autour des bacs de jardinages cultivés durant cet été de canicule de 2022 par l’Amicale.

En Septembre, un repas a été cuisiné collectivement à partir de cette récolte, et partagé ensemble. Ce qui nous a permis d’imaginer cette cantine à partir de nos expériences et nos constats.

L’Amicale fait un bilan positif des expériences de cuisine collective avec les habitants et de repas partagés autour d’événements interculturels. Elle s’inquiète du confort des étudiants du CFA qui se retrouvent dehors avec un sandwich,  quelque soit les intempéries, s’ils ne sont pas inscrits à la cantine de leur établissement.                                                                                                                                                                                                            Terrain d’Entente: Notre travail, avec le collectif solidarité alimentaire, autour de la question de l’alimentation de qualité accessible à tous, a permis des réalisations importantes:  la culture en plein champ, le maraîchage au Lycée Montravel, avec Coop Sol 42, ( soit 241 heures avec 21 personnes); notre implication dans la dynamique de VRAC (5 à 6 femmes assurent le temps de distribution chaque mois), l’expérience des paniers solidaires avec l’AMAP de Beaubrun (qui a concerné 13 familles sur un semestre).

Toutes ces actions nous ont aidé à identifier de manière toujours plus ajustée les besoins du quartier en matière d’alimentation. Les femmes qui se sont impliquées ont gagné en sentiment de légitimité, en confiance, et sont prêtes à s’investir sur d’autres projets, notamment ce projet de cantine solidaire de quartier.

« Ce projet de cantine correspond à un besoin sur le quartier. Beaucoup de personnes sont très pauvres autour de nous, elles se nourrissent avec les colis alimentaires, certaines sont sans famille, très seules. La cantine va nous permettre de nous retrouver autour d’une même table. »

 Une charte a été réalisée dans le cadre du café des femmes et soumise à la directrice du l’Amicale.

Nos objectifs :

Nous voulons une Cantine solidaire :

–  Pour des personnes en difficulté financière, seules, qui ne cuisinent pas un repas équilibré par jour. Tout en créant un cadre où chacun puisse se sentir « comme chez soi »

–  Pour des enfants qui n’ont pas pu être inscrits à la cantine scolaire. Pour apprendre à goûter à tous les aliments, dont les légumes

–  Pour les étudiants au CFA qui n’ont pas accès à la restauration scolaire.

 –  Un lieu de rencontre et d’échanges multiculturels, intergénérationnels

 –  « Une cuisine du monde » de façon à sortir des discriminations alimentaires.

 –  Lutter contre le gaspillage, avec la valorisation des surplus, des invendus : favoriser les commerçants du quartier.

 –  Développer une alimentation saine et locale. S’appuyer sur les partenariats construits avec l’AMAP de BEAUBRUN, VRAC, le Terroir.  Les produits de notre maraîchage collectif sont cuisinés, à l’occasion des cantines, depuis Septembre 2023.

–   Une reconnaissance des capacités d’organisation du travail des femmes, de leurs aptitudes professionnelles. Et faire de nouveaux apprentissages pour mener ce projet de cantine dans sa globalité.

 –   Un prix solidaire et conscient de façon à permettre l’accès de cet espace aux plus démunis. 

Pour évaluer la faisabilité, nous, les femmes de Terrain d’Entente, avons réalisé une période d’essai où nous avons privilégié l’ invitation des partenaires du quartier pour faire découvrir ce projet. Le bilan est très positif.

Nous avons pu réunir plusieurs partenaires des structures dont toutes ne se connaissaient pas!

Malgré les conditions de cuisine pas encore très favorables, nous avons été  en mesure d’assurer 25 repas. Aujourd’hui, nous pouvons accueillir jusqu’à 40 personnes!

Toutes les femmes qui se mobilisent pour que ce projet aboutisse, vivent avec des revenus insuffisants, beaucoup d’entre elles ont recours aux colis alimentaires de manière régulière. Elles acceptent malgré tout d’assurer gratuitement ce travail. Certaines apportent régulièrement de chez elles, des compléments au menu pour en enrichir la saveur et la diversité.

Toutes sont prêtes à poursuivre cet effort dans la durée, en espérant ainsi assurer un service aux habitants qui répond à des besoins identifiés. En espérant ainsi être reconnues, trouver leur place avec tous les autres acteurs du territoire.

Les 15 femmes impliquées dans cette cantine solidaire, ont pris en main tous les aspects du fonctionnement : la gestion des inscriptions, l’achat des dentées, la confection des repas, la gestion financière, les liens avec les différents acteurs du quartier. Sarah a suivi avec succès une formation pour maîtriser les normes HACCP et Terrain d’Entente a pu l’embaucher sur cette fonction de coordinatrice depuis octobre 2023.

Cette forte mobilisation contribue aux transformations indispensables pour vivre mieux tous ensemble dans notre quartier. Nous ne pouvons que saluer les capacités très grandes de ces femmes qui sont moteur dans des actions qui enrichissent notre quotidien.

Nous espérons pouvoir à terme rassembler chaque semaine, autour d’une même table, partenaires, habitants, cuisinières.  

Des temps de concertation sont prévus une fois par mois avec l’équipe des cuisinières. Nous avons pu prendre les décisions suivantes:

–  Les bénéfices réalisés permettent une gratification pour chaque cuisinière. Elle bénéficie de bons d’achat qu’elle peut dépenser au moment des distributions mensuelles de VRAC et choisir des produits de qualité. (La somme attribuée a été décidée collectivement.)

–  Nous avons constitué une association collégiale dédiée en Octobre 2023 appelée « Terrain des saveurs« . Ceci permet plus de clarté pour les adhésions de ceux qui fréquentent la cantine et d’avoir un compte en banque associatif.

–   Nous sommes impliquées dans le montage de la caisse sociale de l’alimentation, certaines participent aux Assemblées de cette caisse et transmettent au groupe les avancées pour avoir leur retour. Nous organisons les évènements qui rassemblent les collectifs, les individus, pour faire valoir et avancer ce projet stéphanois. Plusieurs repas ont été organisés en lien avec tout le collectif impliqué dans ce projet de caisse:  en janvier en partenariat avec la Fabuleuse Cantine, en Juin à l’Amicale de Tardy, en Octobre à la Ricamarie et le prochain fin Novembre au Salon Tatou Juste. Chaque fois 10 femmes sont concernées pour chacune 8 heures de travail + 3 heures de courses. 

Les heures de travail nécessaires à la tenue de la cantine                                                                                                                                                     Pour la coordinatrice: Elaboration du menu et des quantités à adapter, achat des denrées, recherche des invendus auprès de producteurs tels « Le Terroir”, organisation du travail: nombre de personnes nécessaires, répartition des tâches (préparation du repas, organisation de la salle, accueil, rangement, nettoyage), gestion des réservations, communication. (8h)                                                                                                                                              Le travail des cuisinières : 5 personnes pour cuisiner: 3h pour 5 personnes soit 15h. 2 personnes pour organiser la salle, accueillir les convives, expliquer le fonctionnement, nettoyer et ranger: 2h pour 2 personnes soit 4 h                                                                                                                            Soit 27 h pour chaque ouverture de cantine qui concerne 8 personnes (avec la coordinatrice). Nous avons ouvert cette cantine depuis Novembre 2022, à raison de 2 fois par mois ( une fois en Juillet et fermé en Aout). 23 ouvertures et 621 heures de travail. 15 femmes impliquées.

Nous avons réorganisé ces temps de cantine dans les locaux des Moyens du Bord,à compter de Novembre 2023. Début Janvier 2024, nous emménageons une cuisine mise à disposition par l’AGASEF qui souhaite entreprendre un partenariat avec Terrain d’entente et Terrain des saveurs

Pour le maraîchage, nous travaillons en partenariat avec Coop Sol 42, une association impliquée dans le montage de la caisse sociale de l’alimentation. Depuis Mars 2023, 21 personnes différentes ont participées aux différents chantiers: au lycée horticole de Montravel pour la culture des plantes, de la graine à la mise en terre et au ramassage; sur les terres prêtées par des paysans: culture de pommes de terre et oignons, de la plantation au ramassage. Soit 241 heures de travail réalisé.

Une partie des légumes est vendue dans une épicerie sociale, une autre sur des marchés éphémères, à prix libre et une autre est cuisinée dans la cantine solidaire.

Ces moments de maraichage sont l’occasion pour nous toutes d’échange sur le travail de la terre, les conditions de culture avec le changement climatique, sur les conditions de travail et de vie des paysans, sur la qualité de la nourriture. Toutes choses qui nous redonnent de la dignité nous permet de mettre en oeuvre et de développer nos capacités, de retrouver notre place dans le collectif.

 

2- L’atelier  couture: « le Terrain des créativités ».

Deux couturières, Zaïa et Souhila, ont pris ce projet en main à la rentrée de Septembre 2022. A chacune de leur démarche, elles en parlent au café des femmes et on se met d’accord ensemble. (Le café des femmes accueille chaque semaine 20 à 25 femmes, dont une quarantaine sont concernées tout au long de l’année, il permet que des projets collectifs aboutissent). Zaïa et Souhila ont cherché des machines à coudre de qualité, elles ont discuté les prix, et on a pu acquérir 3 machines pour démarrer ce projet. Elles ont fait connaissance avec « Pièce montée » pour acheter du tissus à un bon prix. C’est un magasin qui s’est ouvert sur notre quartier et qui vend tout ce qui est nécessaire pour la couture.

Elles ont  rencontré la directrice de l’Amicale de Beaubrun, qui a donné son accord pour nous héberger. Nous avons donc ouvert début Novembre 2022 cet atelier à raison de deux fois par semaine: le Lundi et le Jeudi de 14h à 16h.

Ces deux couturières sont responsables de l’atelier, et l’animent bénévolement. Dans notre quartier certaines personnes sortent très peu et sont très isolées. Nous souhaitons être ouvertes à toutes celles et ceux qui voudraient nous rejoindre. Nous souhaitons nous organiser entre nous et nous apprendre les unes les autres, développer et enrichir nos savoirs faire, devenir autonomes. Certaines savent coudre, d’autres faire du crochet, du tricot…Nous voulons faire reconnaître nos talents et notre créativité. Nos revenus sont très précaires, nous ne pouvons pas toujours acheter de quoi nous faire plaisir pour embellir nos appartements, changer de toilettes. Cet atelier couture rend possible certains de ces projets. Pour celles et ceux qui le souhaitent, pouvoir également apprendre les bases du métier de couturière qui faciliterait des possibilités d’insertion professionnelle.

Une autre couturière nous a rejoint en Janvier, elle est modéliste de métier. Nous espérons ainsi pouvoir réaliser de belles choses que nous pourrions vendre (Marcher de la création, Fête du 8 Mars, et d’autres événements avec l’Amicale) Nous sommes adhérentes de l’association VRAC et nous avons pu obtenir un petit espace pour vendre chaque mois, au moment de la distribution des commandes, ce que nous réalisons. Nous avons aussi participé à l’événement du 8 Mars sur la Place Roannelle.

L’une d’entre nous a créé un groupe watshap pour permettre les inscriptions, gérer la liste d’attente.  Elle communique au groupe les jours des ateliers. Nous avons demandé une adhésion de 5 euros pour l’année aux personnes intéressées ce qui nous a permis d’acheter un peu de tissus. Nous avons des temps de bilans réguliers, au café des femmes, pour améliorer notre accueil et notre mode d’organisation.

A l’occasion des événements du 8 Mars, nous avons organisé une journée porte ouverte le 13 Mars où des habitants nous ont rejoins. Plusieurs d’entre nous participent aux ateliers « parents ambassadeurs », animés par Florence Liotard qui transmet la proposition de nos ateliers dans les écoles du quartier. Nous avons été « victimes » de notre succès! Beaucoup de femmes souhaitent s’investir dans cet atelier. Nous étions trop nombreuses, avec seulement 3 machines à coudre, et nous avons dû réaliser une liste d’attente. Nous avons présenté notre projet au Fond de Participation des Habitants fin Mai 2023 pour nous permettre d’assurer l’achat de matériel supplémentaire et notamment des machines à coudre, pour ouvrir ces ateliers à plus de personnes, et offrir de bonnes conditions pour chacune et chacun. Nous avons été prise en compte dans cette demande. La somme accordée nous a permis l’achat de 6 machines supplémentaires et d’autres matériaux! Depuis la rentrée 2023, nous accueillons à chaque atelier 15 femmes. Nous imaginons développer d’autres activités en parallèle: l’apprentissage du crochet, du tricot, qui pourrait permettre à nos « anciennes » du quartier de nous transmettre leur savoir. Et devenir ainsi un atelier multi créatif !!!

Après avoir été  accueillies, à partir de Novembre 2023, à l’Amicale de Tardy, le Jeudi avec un atelier le matin et un autre l’après midi.  Nous emménageons  notre atelier en Janvier 2024, dans le local mis à disposition par l’AGASEF!

 

3 – Bilan du championnat FSGT, traditionnellement appelé foot entreprise.

Depuis 4 ans, une équipe composée de jeunes âgés de 14 ans à 20 ans évolue dans ce championnat tous les lundis de l’année quelque soient les conditions météorologiques.

L’année 2023 est la première année où le projet a été à son terme, nous n’avons eu à déplorer aucune sanction sur le comportement des membres de l’équipe.

Dès le début de cette année cette équipe a su s’auto organisée, et la présence de Ramzi n’a pas été centrale mais dans l’accompagnement, la ré assurance, l’encouragement . C’est un jeune adulte (partie prenante en tant qu’ado à Terrain d’Entente depuis plusieurs années) qui a choisit de prendre la présidence de cette équipe et qui a su assurer le rôle de coach et  a permis à chacun d’avoir une place précise au sein de l’équipe.

Tout ne fut pas simple chaque lundi mais, de façon progressive, en accordant du temps à la réflexion collective, chacun a pu s’engager à respecter les règles et les autres.

Depuis ces 4 années ce projet a concerné plus de 35 jeunes et c’est la première fois que le collectif n’est pas exclue avant la fin du championnat.

L’équipe a même fini première de sa poule lors de la première phase et elle évolue actuellement en division 1. Dans la pratique, nous avons pu noté pour beaucoup d’entre eux de considérables évolutions des comportements et d’échanges constructifs entre les membres des équipes rencontrées. Pour certains, ces relations se sont concrétisées par des échanges de CV entre les jeunes et les membres d’entreprises participant au championnat notamment avec Abeille: une compagnie d’assurances;  Coveris: une entreprise spécialisée dans le plastique; Renaud dans le commerce, ou en encore Décathlon dans le vente de sport. Certains travaillent actuellement dans ces entreprises.

Tout cela a commencé après une discussion en septembre entre les membres de l’association et les jeunes qui ont décidé  de se prendre en charge en prenant en main la responsabilité de ce projet et en payant eux même l’intégralité de la cotisation.

L’association à contribué financièrement au prêt de matériel et en assurant les déplacements.

Ce mode de fonctionnement a d’ailleurs été réinvestit sur d’autres projets tout au long de l’année, notamment avec les ados sur les projets autour des vacances. 

 

4 – Accompagnement de notre association par la Fabrique de la Transition

Terrain d’Entente est membre du CA de la Fabrique de la Transition qui rassemble actuellement 15 structures qui construisent des démarches alternatives sur le bassin stéphanois. Nous souhaitons tous ensemble contribuer à faire de notre territoire, un territoire résilient face aux impacts du dérèglement climatique et à l’érosion des liens de solidarité. Nous tentons de changer les modes de production, de décision, de consommation. Nous développons la mutualisation des expertises  et ressources. Nous tentons de générer la coopération entre nos membres avec de nouveaux projets, pour hybrider les réseaux existants, de façon à ce qu’ils se transforment en s’ouvrant à d’autres réalités, d’autres expertises. Nous tentons de faciliter l’émergence de nouveaux acteurs pour renforcer l’écosystème. 

L’objectif de cet accompagnement est de permettre à chacun des membres de Terrain d’Entente (salariés, habitant-es impliqué-es, membres du bureau) de s’approprier le projet associatif, les enjeux économiques, et la compréhension globale du fonctionnement actuel, et de chercher les modalités pour prendre les décisions tous ensemble de façon à ce que chacun-e se sente légitime pour faire des propositions…. Le co développement sera la base de ce travail : des groupes de « pairs » (notamment de femmes du quartier, d’ados) , accompagnés par une personne garante du cadre, vont essayer d’exposer et résoudre les situations/problématiques de celles et ceux qui le composent.

Après une phase de diagnostic (avec l’équipe salariée, les habitantes investies dans le COPIL, les membres du bureau), durant l’été, un besoin nouveau a été identifié: la nécessité de réaliser une plaquette de communication interne (pour les membres de l’association, ceux qui nous rejoindront) et externe (pour nos partenaires financiers et techniques, les élus)

 

Nous avons partagé un premier atelier en Octobre pour récolter des éléments pour assurer son contenu. Nous étions 15 ( les 3 salariés, les 3 membres du bureau, 10 femmes impliquées). Après l’AG du 27 novembre, à laquelle participeront Thomas et Alice de la Fabrique, nous travaillerons la suite de cet accompagnement au sein des différents « espaces » de Terrain d’entente. (café des ados, café des femmes, Copil).

 

Voici la restitution des réflexions lors de ce travail collectif : 

Les méthodes de Terrain d’entente: La pédagogie sociale.

On part de ce que veulent les gens. On décide ensemble et collectivement.  Apprendre ensemble.

La Co-éducation : nous prenons toutes et tous part à l’éducation des enfants et des jeunes

On fait ce qui ne se fait pas ailleurs, relayant les institutions là où elles sont absentes.

Faire avec, et aller vers. Être dehors, avec ceux qui ne poussent pas les portes

Entraide, Coopération, Auto-organisation 

Les valeurs de Terrain d’entente

L’accueil y est inconditionnel : quand on veut, quand on peut, on y participe à la hauteur de ses moyens.

C’est ouvert à tout le monde et particulièrement à celles et ceux qui n’ont pas de place ailleurs.

C’est un lieu d’émancipation. Le partage est au centre : partage d’idée, de café et de gâteaux, de travail, d’informations.

Une association qui  rassemble des personnes des quatre coins du monde.

Le soutien et l’apprentissage mutuel : tout le monde a quelque chose à apporter 

Les actions de l’association :

On associe, prend en charge, accompagne les enfants, les jeunes les adultes  en détresse

Le soutien scolaire, l’aide au devoir. Le café des ados. Le café des femmes,

Des vacances pour toutes et tous !

L’atelier couture – rendre le monde plus beau.

La cantine solidaire : un moment où manger ensemble par et pour le quartier !

Du maraîchage pour faire pousser nos légumes et découvrir le quotidien des paysan.nes

Des paniers solidaires, pour manger de bonnes choses accessibles

Ce que permet notre association :

On anime le quartier… Et on en sort !

On fait évoluer les choses, on agit sur ce avec quoi on n’est pas d’accord

Prendre de la hauteur sur le quotidien. Réfléchir ensemble. Dénouer les problèmes, trouver des solutions

C’est une bulle de sécurité. On sort de l’isolement. Soit et les autres !

On y est fière de ce qu’on sait faire, C’est un lieu où se redonner de l’espoir, allumer des étoiles,

On y fait l’impossible. On y trouve du courage, de la force pour continuer

Se défouler, se libérer, trouver du bonheur. Être bien ensemble et construire cet « ensemble ».

Révéler la force des femmes migrantes 

 

5 – Eté 2023, le projet « Plongée » 

Comment est né ce projet, à partir de quels constats ? 

L’espace Alfred Sisley à Montchovet (St-ETIENNE) et l’association Terrain d’entente à  Tarentaize( St-ETIENNE) sont des structures aux couleurs sportives, culturelles et citoyennes qui construisent avec les jeunes une large palette d’activités durant l’année et notamment lors des vacances scolaires.

Au début de l’année 2022, nous avons constaté qu’il existait un lien étroit entre les jeunes adhérents de ces deux structures, qu’ils se fréquentaient et qu’ils étaient nombreux à être scolarisés dans les mêmes établissements.

Ils nous ont fait remonter leur envie de créer une action commune.

Nous avons organisé un séjour en bivouac, lors de la période estivale de l’année 2022, qui a en partie été financé par LJS.

Suite au succès de ce premier séjour, l’idée d’organiser un nouveau projet a émergé dans notre espace d’échange privilégié, le Café des ados. Cette fois-ci, la thématique retenue a été la plongée sous-marine. Le choix s’est porté sur Bormes-les-Mimosas, une région propice à la découverte de la faune et de la flore sous-marine. Ce séjour pouvait offrir une occasion unique à 10 jeunes issus des deux structures de vivre ensemble une nouvelle expérience de construction d’un projet et d’un partage du vivre ensemble.

Le séjour a été organisé dans un gîte en gestion libre, créant ainsi un environnement convivial et chaleureux favorisant les échanges et le renforcement des liens entre les jeunes. La plongée sous-marine a constitué l’activité centrale de ce séjour, permettant aux participants de découvrir la beauté et la diversité des fonds marins de la région. En s’initiant à cette activité, les jeunes ont eu également l’opportunité de développer des compétences d’équipe, de communication et d’autonomie. Ils sont impliqués dans la préparation des repas et l’organisation des activités, ce qui a favorisé leur responsabilisation et leur prise d’initiative.

De plus, nous avons constaté chez ces jeunes une forte addiction aux écrans et notamment au téléphone portable. Un des objectifs sous-jacents de ce projet était d’encourager les jeunes à décrocher de leurs téléphones et à s’engager activement dans des activités en dehors du monde virtuel.

Nous souhaitions créer des expériences réelles et immersives qui captivent l’attention des jeunes et les éloignent de leurs écrans. Ces activités physiques et interactives offrent une alternative stimulante aux divertissements virtuels et encouragent les jeunes à se re-connecter avec leur environnement, avec les autres participants et avec eux-mêmes.

En résumé, ce projet est né de la volonté des jeunes adhérents de l’Espace Alfred Sisley et de Terrain d’entente de collaborer et de réaliser une action commune. Les séjours en bivouac précédents ont renforcé leur motivation et ont permis de constater les bénéfices de ces expériences partagées. Le séjour sur la thématique de la plongée sous-marine à Bormes-les-Mimosas constituait une étape supplémentaire dans cette démarche, offrant aux jeunes l’opportunité de découvrir de nouvelles perspectives, de renforcer leur esprit d’équipe et leur autonomie, et de créer des souvenirs durables.

Objectifs du projet ?

Voici les 4 objectifs principaux du séjour :

  • Découvrir et explorer un environnement naturel différent de celui auquel les jeunes sont habitués : La plongée sous-marine permet de découvrir un monde sous-marin fascinant et méconnu, offrant ainsi aux jeunes l’occasion d’élargir leur horizon et de développer leur curiosité.
  • Favoriser la confiance en soi et l’autonomie : La pratique de la plongée sous-marine peut être intimidante pour les jeunes. Cependant, en surmontant leurs peurs et en développant leur maîtrise de la technique, les jeunes peuvent renforcer leur confiance en eux et leur capacité à prendre des initiatives et à agir en autonomie.
  • Renforcer l’esprit d’équipe et la solidarité : La plongée sous-marine est une activité qui se pratique en binôme ou en groupe, ce qui nécessite une communication claire et efficace, ainsi qu’un esprit de coopération. Les jeunes sont ainsi amenés à renforcer leur cohésion et leur solidarité en travaillant ensemble pour atteindre leurs objectifs. De plus, dans la vie quotidienne, les jeunes vont devoir faire preuve d’entraide afin d’accomplir les différentes tâches incontournables de la vie en groupe (ex: ménage, repas, vaisselle…)
  • Sensibiliser à la protection de l’environnement : La plongée sous-marine permet de prendre conscience de la fragilité de l’environnement marin et des enjeux liés à sa préservation. Les jeunes peuvent ainsi être sensibilisés aux gestes éco-responsables et à l’importance de préserver la biodiversité.

Description du projet :  

Ce projet a réellement débuté en 2023 lors d’une nouvelle réunion de concertation entre les jeunes de nos deux structures. Nous avons organisé 6 rencontres avant de partir en séjour :

  • Séance Baptême de plongée en février 2023 avec le CLUB DE PLONGEE DE ST ETIENNE
  • Séance recherche d’un lieu de séjour en février 2023
  • Séance débats sur la faune et la flore en mars 2023
  • Séance préparation du séjour en avril 2023
  • Réunion avec les familles en mai 2023
  • Séance préparation du séjour en juin 2023

Le séjour a eu lieu du 05/07/2023 au 09/07/2023. L’intégralité des jeunes ont obtenu leur diplôme de plongée et ont donc pu plonger à 15 mètres de profondeur.

Les activités prévues étaient:

  • VTT sur l’île de Porquerolles
  • Sortie plage
  • Visite de Saint-Tropez et de Bormes les Mimosas
  • Plongée sous-marine
  • Randonnée

Cette idée de séjour n’était qu’un outil quant à la transmission de valeurs. Le projet visait à susciter chez les jeunes, une prise de conscience sur l’importance et l’impact que peut avoir la nature et la plongée sous marine sur la personnalité de chacun.  

Le public :

  • Les groupes de jeunes étaient constitués de 4 garçons et 6 filles issus des quartiers stéphanois de Montchovet et de Tarentaize.
  • Des jeunes entre 16 et 19 ans en recherche d’autonomie et de construction vis-à-vis de l’adulte, la plupart encore dans un cursus scolaire, cependant, certains déscolarisés et sans situation professionnel.

Méthode d’évaluation et indicateurs choisis au regard des objectifs poursuivis ?

  • L’analyse des difficultés des jeunes est essentielle quant à l’évaluation du déroulement du projet. Le degré d’implication et les retours des jeunes sont des facteurs importants à prendre en compte pour évaluer le projet.
  • De plus, des objectifs plus opérationnels ont été fixés et un « grand bilan » a été fait lors d’une réunion partenariale entre les deux structures.

Quelques éléments de notre évaluation

  • Quels bénéfices pour le public (Plus-value éducative, mixité, Implication…)

La création d’une dynamique de groupe extraordinaire (entraide, solidarité et bienveillance) et une expérience de vie émancipatrice  liée à la plongée sous-marine (dépassement de soi, autonomie). Certain(e)s jeunes, ne savaient pas nager et ont pourtant réussi à aller au-delà de leurs limites en descendant à plus de 15 mètres de profondeurs. La plongée sous-marine est une activité réellement émancipatrice, les sessions ont permis aux jeunes de renforcer leur confiance en eux. 

  • Quels effets a produit ce partenariat ?

Le partenariat est toujours important pour nos deux structures car il nous permet d’avoir un regard complémentaire et neutre sur les jeunes que nous accompagnons au quotidien. De plus, cela permet aux jeunes d’obtenir une opportunité d’accompagnement individuel ci-besoin et d’échanger avec d’autres personnes. Ensuite, le groupe de Terrain d’Entente était composé principalement de garçons, contrairement au groupe de Sisley qui lui, était composé uniquement de filles, ce séjour inter-centre était aussi une occasion pour créer des expériences de mixité chez nos jeunes. 

  • Quelle(s) perspective(s)?

Nous aimerions d’ores et déjà construire un nouveau projet l’année prochaine, une nouvelle fois sur le thème de la nature.

 

 

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Rapport Moral 2023

Rapport moral 2023

La pédagogie sociale, une pédagogie de l’urgence sociale

En Avril 2011, pour tenter de répondre à une demande d’enfants en situation de rue, nous avons sollicité les différentes structures du quartier, et nous avons fait ensemble des constats:

– Les centres de loisirs ont des listes d’attente et ne peuvent accueillir tous les enfants.

– L’Acars s’adresse aux jeunes de plus de 16 ans.

– Les familles en grande précarité ne peuvent pas faire face à toutes les démarches nécessaires pour répondre aux besoins des enfants.

En Novembre 2023, qu’est ce qui a changé?

Les structures sont de plus en plus précarisées. Certaines ne peuvent pas développer des postes de travail suffisamment pérennes pour faire face aux besoins. Les activités proposées se réduisent ou ne concernent qu’un petit nombre de personnes.

Les autres dispositifs mis en place sont chaque fois réduits en moyens et les agents s’épuisent à ne pas pouvoir répondre aux demandes. Les revenus sont insuffisants pour vivre dans tous les foyers, et l’aide alimentaire, au delà de sa « qualité », ne comble pas les besoins d’une famille. Les conditions de vie, pour beaucoup, deviennent intenables.

Tous les jeunes, les enfants, les adultes de ce territoire sont impactés par le climat islamophobe qui s’aggrave dans la société.

Et pour Terrain d’Entente?

Nous n’avons aucun lieu dédié, depuis 12 ans, malgré toutes nos relances auprès des adjoints au maire. Ceux qui nous étaient jusqu’alors accessibles, pour les temps de présence ouverts aux enfants et aux jeunes, tout au long de la semaine, nous sont désormais fermés. Du coté des femmes, nous sommes condamnées à subir les contraintes de ceux qui acceptent de nous ouvrir leur porte. Et nous devons quitter les lieux quand ils le décident. Mettant ainsi à mal les efforts inouïes pour développer les actions identifiées comme nécessaires. A l’exemple de la cantine solidaire identifiée par tous les acteurs comme une ressource pour le territoire.

Des constats alarmants!

Mais, dans cette sombre période, nous restons debout!

Plusieurs femmes dont toutes ont des revenus insuffisants pour vivre, sont partie prenante d’actions qui répondent à des besoins identifiés ensemble et développent des projets dans la durée. Certaines n’ont pas de titre de séjour, et elles contribuent à toute une dynamique qui permet à beaucoup de sortir de l’isolement, de créer des liens d’interconnaissance, de casser les murs de l’entre soi et d’ouvrir des possibles avec toute notre diversité.

Une dynamique collective qui est source de transformation. Deux exemples emblématiques:

L’atelier couture: le « Terrain de Créativités » est entièrement auto organisé et accueille aujourd’hui une trentaine de femmes. Deux couturières sont responsables de l’atelier, et l’animent bénévolement.

La cantine solidaire, le » Terrain des Saveurs », en lien avec le projet de la caisse sociale de l’alimentation de St Etienne.

Toutes les femmes qui se mobilisent acceptent d’assurer gratuitement ce travail.

Toutes sont prêtes à poursuivre cet effort dans la durée, en espérant ainsi assurer un service aux habitants qui répond à des besoins identifiés. En espérant ainsi être reconnues, trouver leur place avec tous les autres acteurs du territoire.

Cette forte mobilisation contribue aux transformations indispensables pour vivre mieux tous ensemble dans notre quartier. Nous ne pouvons que saluer les capacités inouïes de ces femmes qui sont moteur dans des actions qui enrichissent notre quotidien.

Le café des femmes, qui accueille chaque semaine 20 à 25 femmes, dont une quarantaine sont concernées tout au long de l’année, permet que ces projets aboutissent. Merci aux Moyens du Bord de nous faire de la place!

Notre petite équipe de salariés ne renonce pas. Elle préserve tout ce qui est possible pour répondre aux besoins, pour garder le lien avec tous ceux qui nous accordent leur confiance depuis toutes ces années. Des temps de présence après l’école ont été multipliés, nous sommes là les mardis, les jeudis, les vendredis aux pieds des immeubles. Le soutien scolaire a été maintenu deux fois par semaine, à la médiathèque et à la Comète. Nous avons construit des liens solides avec de nombreux acteurs du champ éducatif pour créer toutes les opportunités possibles de découverte sportive, d’ouverture culturelle. Le café des ados se transforme et perdure. Nous restons à l’affût de tout ce qui peut se développer pour tous ces enfants et ces jeunes à qui la société accorde si peu. Merci à tous ces acteurs qui savent nous faire confiance et qui ne verrouillent pas leur porte.

Convaincus que l’éducation est affaire de tous et qu’il faut rendre visible et accessible les actions éducatives, nous avons rejoint les enfants là où ils sont : dehors. Nos relations se sont inscrites dans la réalité telle qu’elle est. Nous nous sommes investis avec les personnes qui en ont le plus besoin pour nous enrichir ensemble de nouveaux liens sociaux. Nous nous sommes efforcés d’identifier ce qui est primordial pour elles. Nous avons créer du durable, de la stabilité, à partir de rien, à partir de pratiques sociales communautaires que nous avons inventé ensemble. Ces espaces du dehors, qui ne sont pas forcement propices aux activités culturelles et éducatives, deviennent pour nous des centres, des lieux où il peut se passer quelque chose.

Pas de contrat, pas de projet, mais des pratiques quotidiennes d’hospitalité, de convivialité.

Nous avons crée un rapport d’égalité où l’implication de chacun est précieuse pour que les projets puissent aboutir.

Chaque action a été l’occasion de mieux comprendre, ensemble la réalité, de construire des savoirs nouveaux. Une forte relation de confiance s’est construite, au fil du temps. De cette confiance a pu naître d’autres confiances et d’autres démarches, au sein d’un large réseau stéphanois.

« TE nous aide à trouver notre place dans cette société qui ne veut pas de nous »(sic)

Merci à tous les bénévoles, nombreux qui par leur travail nous permettent de tenir.

Par son mode d’approche des relations, la pédagogie sociale encourage l’engagement, de manière pérenne, auprès de ceux pour lesquels l’existence est une lutte quotidienne pour survivre, grâce aux liens d’amitiés que nous construisons au fil du temps. Des liens qui nous relient, des liens qui nous soutiennent mutuellement, des liens qui nous rendent plus solides plus combatifs, plus entreprenants. Une présence, quotidienne, affective, une relation proche et personnalisée. Elle permet de dépasser les barrières d’incompréhensions et de peurs. Cette pédagogie permet d’appréhender la réalité dans toute sa complexité et de développer la force, l’énergie et la créativité nécessaire pour là transformer.

La politique de la ville doit s’appuyer sur cette expertise et donner de vrais moyens d’action à tous les acteurs mobilisés dans leur diversité. C’est le seul moyen d’apporter des réponses à la solitude et au risque de replis, de redonner de l’espoir aux jeunes et à leur famille. Massivement, les habitants aspirent à faire société avec tous. Encourageons ces élans pour développer ce qui est indispensable pour assurer à tous une vie plus digne.

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Rapport moral et d’activité 202/2021

Rapport moral 2020/2021
Quels enseignements tirons nous de nos 10 années de présence sur le quartier de Tarentaize?
Depuis toute cette période, nous nous adressons en priorité, à ceux qui sont très peu représentés dans les structures du quartier, ni dans les réseaux qui s’efforcent de construire des démarches alternatives pour répondre aux enjeux environnementaux et sociaux. Toutes ces familles dont les difficultés, et les aspirations ne sont pas suffisamment prises en compte.
Notre démarche volontaire d’aller à la rencontre des habitants, de faire toujours le premier pas, nous a permis de construire une relation solide et fiable.
Notre effort permanent pour tenter de comprendre comment le quotidien est vécu par les familles permet de libérer la parole. Pour tenter de comprendre au mieux, nous devons accepter d’être déstabilisé, de sortir de nos cadres de référence, de l’environnement qui nous a construit. C’est de cela qu’il est question quand on décide d’aller à la rencontre des gens.
Chercher et accepter de nous tromper, tirer des enseignements de nos erreurs et chaque fois comprendre de manière plus ajustée ce qui est en jeu, ce que développent les injustices et tous les rapports inégalitaires dans le quotidien des familles.
C’est le sens que nous donnons à la notion « d’éducation populaire ». Nous ne pouvons comprendre que ce sur quoi nous agissons ensemble, avec ceux qui ont une réelle connaissance des rapports inégalitaires parce qu’ils les subissent.
Nous tentons de rendre visible ce qui est caché et de créer une dynamique collective pour régler des problèmes concrets.
La précarité ce n’est pas seulement l’absence de ressource. C’est l’enfermement sur un territoire. La plupart des familles vivent dans des logements surpeuplés: on vit à 4 dans un T2, à 8 dans un T5…
La précarité, c’est souvent le délitement du lien social. Parler de ses problèmes c’est la honte et la peur d’être jugé. On se sent indigne, on s’isole, on se décourage puis on renonce. On renonce à des choses essentielles, comme des démarches pour faire valoir des droits.
La précarité, c’est l’absence de perspective d’avenir et la peur que demain soit pire encore.
Mais nous sommes aussi témoins de tous ceux qui développent une « âme de guerrier » et qui se battent envers et contre tout. Ils construisent des relations d’entraide, ils développent leur talent. Ils s’investissent dans des collectifs.
« Nous les galères c’est tous les jours, on sait faire avec ».
Il est nécessaire de développer des ressources inouïes pour ne pas renoncer, pour tout affronter, assumer tous les coups. Certaines femmes expliquent qu’elles ont pris le parti de rire de leurs galères « pour ne pas devenir folle ».
La dynamique du collectif redonne l’énergie et l’envie à beaucoup.
La dynamique collective se crée à partir du moment où on sait aller à la rencontre des gens, où on assure des temps de présence réguliers et fiables, où on est attentif à ce qui se manifeste, où on fait l’effort de comprendre ce qui se vit au quotidien pour ces familles.
Dans ces conditions là, les gens sortent de chez eux, s’organisent, réalisent des projets.
A force de mieux comprendre ce qui est en jeu, toutes ces questions deviennent nos affaires. A partir de cette implication on arrive à construire des actions qui transforment les relations, et les personnes. Un premier pas vers l’émancipation.
Le travail de toutes ces années se traduit, aujourd’hui, dans l’organisation de notre collectif, par l’implication et la prise de responsabilité des femmes, des enfants et des jeunes du quartier qui prennent les initiatives que nous tenons tous ensemble.
Une expérience micro locale pleine de richesses, émancipatrice, mais qui ne peut pas devenir transformatrice.
Plusieurs vivent des situations de plus en plus difficiles: avec des surendettement conséquents, la manifestation de maladies chroniques, des dépressions, et des jeunes qui partent à la dérive.
Il est indispensable de mettre en évidence que les difficultés que subissent ces familles sont le résultat des orientations de nos politiques depuis de nombreuses décennies. Avec le chômage de masse, la casse des services publics, le non accès aux droits fondamentaux, un échec scolaire important, le cloisonnement des espaces sociaux où on ne se rencontre plus nulle part dans notre diversité.
Les personnes qui traversent des difficultés multiples n’ont pas suffisamment de disponibilité mentale pour participer aux différents projets menés sur ces questions qui sont les leurs, et ne se sentent souvent pas légitimes pour s’investir dans des espaces qu’elles ne fréquentent jamais. Il est indispensable de sortir de nos tendances à l’entre soi parce que c’est la seule façon de mieux appréhender la réalité dans ses aspect les plus divers et d’agir de manière adaptée. Les questions d’environnement, d’alimentation, de santé sont nos affaires à tous. Il est indispensable de prendre en compte le point de vue de ceux qui subissent toutes les précarités. Et qu’ils puissent contribuer à la mise en route d’alternatives. Nous avons besoin de leur expertise.
Il faut sortir de l’isolement, s’engager avec d’autres collectifs pour croiser des centres d’intérêt et des préoccupations. Ces questions de précarité doivent être posées à l’ensemble de la société, en terme d’inégalités des droits, d’injustice.
Notre société est segmentée, alors nous voulons développer des opportunités de rencontre avec tous, de façon à sortir de l’enfermement qui distille de la peur, des préjugés. Sortir de l’idéologie de séparation qui provoque toujours plus de discrimination. Face à la montée de l’individu, la réponse est dans le collectif qui est la seule manière de remettre en question culturellement ces conceptions.
Nous retrouvons cette dynamique d’éducation populaire où nous prenons, ensemble, en main des réalités qui nous concernent tous, pour envisager les questions en terme d’ouverture, d’échanges, de manière à reconstruire le tissu social, des liens d’entraide.
Nous voulons surtout mettre en évidence le profond délitement de notre organisation sociale qui ne sait plus prendre en compte les aspirations de tous ceux qui sont le plus impactés par ce système toujours plus inégalitaire, injuste, violent. Un système qui abandonne tous ceux qui souhaitent par dessus tout faire partie intégrante de la société et y apporter leur contribution.
Rapport d’activité 202/2021
I – L’engagement au sein de collectifs. Terrain d’Entente est à l’initiative de la création de collectifs sur des problèmes de société qui nous semblent essentiels.
1 – L’accès aux vacances pour tous.
Depuis toutes ces années, nous nous confrontons à une difficulté majeure pour les familles, celle de ne pas pouvoir offrir de vacances à leurs enfants.
Ne pas pouvoir partir en vacances constitue une réel préjudice pour les enfants, comme pour les adultes. Cet enfermement sur le quartier provoque des tensions entre les habitants, un ennui considérable pour les enfants. Ils évoquent leur stratégie pour que la journée passe plus vite, ils s’endorment très tard pour se réveiller le plus tard possible dans l’après midi, de façon à ce que la journée passe plus vite. Sur le terrain nos temps de partage deviennent plus difficiles, les enfants perdent peu à peu le ressort de l’envie, à force de vivre cet ennui sur de longues périodes de l’été. Avec certains, nous n’arrivons plus à les entraîner dans nos jeux, la relation devient plus problématique.
Certaines familles n’ont aucun lieu de ressourcement, aucune opportunité de rencontre, de découverte et d’échanges sur d’autres façons de vivre et de comprendre la réalité …
Ce qui contribue d’autant à cet enfermement et cet isolement où on n’ose plus sortir de chez soi.
Nous souhaitons retrouver tous ensemble le sens des départs en vacances: la découverte d’autres espaces qui ressourcent, la rencontre de l’autre, différent de soi. Dans cette société qui se segmente, le temps des vacances peut être l’occasion de construire d’autres relations humaines. Cette aspiration concerne de plus en plus de monde, au delà des familles des milieux populaires.
Nous souhaitons envisager des vacances en terme d’ouverture, d’échanges, de manière à reconstruire le tissu social, des liens d’entraide.
Organisation de l’été 2021.
Malgré un financement pas suffisamment conséquent, la commission vacances (constituée de salariés, de bénévoles et d’adhérents) a décidé de poursuivre la dynamique engagée l’été dernier, considérant l’impact positif pour les familles et pour les relations interpersonnelles.
Les séjours familles: Nous avons partagé deux séjours avec des amis scouts qui ont initié les enfants aux plaisirs de vivre au plus près de la nature et d’y apprécier ses ressources. Ils ont concerné 10 familles dont 26 enfants.
Le premier séjour a été vécu comme une évidence que ces partages de culture, cette rencontre avec l’altérité étaient un vrai bénéfice pour nous tous « c’est le pays que j’ai envie d’habiter! » (sic une amie scout).
Les difficultés traversées pendant le second séjour nous ont permis de réfléchir à nos limites et à la meilleure façon de les dépasser. Ce qui nous vaut la chance d’accueillir dans notre collectif, deux nouveaux membres issus de ces séjours. Les interrogations que nous avons partagées leur ont permis de se sentir investis de cette volonté de rejoindre ces familles très blessées par l’indifférence et les incompréhensions des institutions en place. Des familles qui perdent l’espoir que leur situation puisse trouver un jour une issue favorable. Qui perdent l’espoir et qui perdent pied.
Séjours jeunes. Le domaine de Champoly nous a permis d’assurer 4 séjours. 25 jeunes ont pu sortir du quartier. Certains d’entre eux avaient contribué au nettoyage du lieu durant le
printemps. Une expérience qui a été limitée par les différentes périodes de confinement. Mais malgré ces limites, nous avons constaté cet été, un meilleur respect du lieu. Certains habitants deviennent familiers, ce qui contribue à découvrir d’autres modes de relation, d’autres façons de vivre le quotidien.
Sorties au bord de l’eau. 5 sorties ont été réalisées avec des bus de 60 personnes, soit plus de 100 personnes dont certaines ont pu bénéficier de deux sorties (celles qui ne participaient pas aux séjours familles).
Ces sorties sont particulièrement appréciées par les familles. Nous découvrons chaque fois un nouvel espace de nature. Nous organisons une prise en charge collective des enfants, ce qui permet d’accueillir et d’intégrer les nouvelles familles à notre collectif.
Chaque année, nous observons l’impact positif de ces journées partagées pour la vie du quartier. Certaines familles construisent des liens d’amitié, les adultes qui ont pu vivre des temps de plaisir partagés avec les enfants développent une relation plus positive avec eux, ils sont plus reconnus dans leur posture éducative dans le quotidien, et les enfants ne sont pas uniquement perçus dans leur comportement parfois insolent.
Séjours enfants. Nous avons poursuivi notre partenariat séjours sur le site de la Ronde lierre, à Montmiral. La sortie du quartier vers un site sobre et naturel a des impacts très positifs auprès des enfants. On observe chaque fois plus d’entraide et de bienveillance, une limitation des conflits au sein du groupe. Pour les enfants, sortir de Tarentaize, leur permet de reprendre corps avec leur âge réel. Ils n’ont pas à jouer un rôle, à tenir une image, à vouloir paraître plus grands. Ils s’autorisent à être un peu plus eux mêmes. Dans ce contexte différent, ils deviennent plus respectueux des règles. Les répercussions sur le quartier sont très positives.
Nous avons donc reproduit un schéma assez identique avec deux séjours à Montmiral qui a concerné 35 enfants et collégiens.
2 – La co éducation. Initiation d’un « Labo de co éducation » avec les différents acteurs du champ éducatifs, les parents, les enfants, les jeunes. L’éducation mobilise beaucoup de monde et nous manquons d’espaces de concertation pour assurer notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants.
La proposition de ce « Labo de co éducation » est de rechercher les possibilités de faire ensemble. Mais  » faire ensemble de l’éducation », ça ne va pas de soi, d’où la nécessité d’une recherche, pour faire des expériences, pour essayer de trouver des consensus pour pouvoir agir ensemble. Faire une réflexion et une recherche avec les habitants, et tous les partenaires volontaires. Faire l’expérience d’être différent par les responsabilités et les rôles et de tenter de parler ensemble de la même chose. Construire de bonnes conditions de dialogue pour construire des relations qui donnent une place à chacun, et partager des approches différentes qui peuvent devenir complémentaires. L’objectif de cette co éducation est de mettre en commun nos rôles pour accompagner au mieux chaque enfant et lui permettre de trouver sa place parmi les autres.
Une première rencontre du « Labo » a pu se faire à l’occasion des 10 ans de Terrain d’Entente. en Juin. Une cinquantaine de femmes étaient présentes, et ont pu confronter leur réflexion avec la présence de plusieurs collectifs qui nous avaient rejoint à cette occasion. Nous recherchons les structures partenaires qui pourraient s’investir dans l’avancée de ce projet pour cette rentrée.
Le Labo a démarré sur la commune du Chambon malgré les différentes périodes de confinement. Les élus se sont engagés pour favoriser cette initiative. Plusieurs groupes de paires ont pu réfléchir pour définir les notions d’éducations, de co éducation et envisager des possibilités concrètes pour créer des espaces de concertations avec les différents acteurs concernés.
3 – La Solidarité alimentaire.
La pauvreté s’aggrave, notamment depuis le premier confinement. Pour survivre, beaucoup ont recours aux aides, aux colis alimentaires.
Nous déplorons différentes difficultés concernant ce système d’aide.
Tout d’abord, la situation d’indignité dans laquelle sont plongés les demandeurs:
– Pour faire face aux demandes qui sont croissantes, les associations caritatives ont pris le parti de réduire la période de distribution pour chacun. Certains vont « bénéficier » des colis sur quelques mois, voire une fois par mois!
– Ces colis dépendent de la Banque Alimentaire qui est issue d’excédents de l’agro industrie, et de la grande distribution. 95% de la nourriture distribuée dans le cadre de l’aide alimentaire est industrielle.
Ce Système permet de distribuer aux pauvres des denrées destinées à être jetées.
Se pose aussi le problème de l’impact de cette alimentation polluée sur la santé: avec la question inquiétante des perturbateurs endocriniens. Le diabète, l’hyper tension, l’obésité provoqués par l’alimentation industrielle. Ces questions de co morbidité qui rendent l’impact des virus mortels pour toutes ces personnes aux organismes très affaiblis.
Notre volonté est l’accessibilité à une alimentation de qualité pour nous tous. La première qualité d’un produit étant son accessibilité ! Avec la question de la transformation nécessaire de nos rapports sociaux: sortir de la posture aidant/aidé, distinguer aide alimentaire intégrée au système, et mise en place d’une solidarité renforçant nos liens et la relation paysans/habitants des quartiers.
VRAC St Etienne. Nous avons assuré une première distribution en Septembre. Il a été possible à plusieurs familles de venir découvrir cet espace éphémère où nous avions soigné l’esthétique et l’accueil. Mais le prix coûtant reste encore trop cher pour beaucoup de personnes.
Le collectif de solidarité alimentaire pour tenter d’autres réponses. Il concerne une vingtaine de structures: des associations d’éducation populaire, des producteurs, des distributeurs, des restaurateurs.
Le projet : travailler ensemble, coordonner et mutualiser nos dynamiques.
– accès à des paniers solidaires avec la mise en lien des collectifs: les AMAPS, les Jardins d’Oasis, VRAC, Terrain d’Entente, Les brigades de solidarité….,
– collecte de fonds (prix arrondis, don des points de la carte de fidélité, invendus) dans les lieux de distribution qui développent cette pratique depuis un certain temps.
– Le parrainage à la Fourmilière, pour permettre son accès à d’autres coopérateurs avec un accueil à la manière de ce que développe ATD
– La dynamique de la Cantine Solidaire (portée par la Cantine Participative et les Brigades) avec une dynamique collective horizontale: certains bénéficiaires de repas participent également à leur confection.
– Initier des rencontres paysans/ quartier pour envisager des actions de solidarité.
Tous les acteurs investis dans le groupe solidarité alimentaire tentent depuis plusieurs années des approches en direction d’une alimentation de qualité accessible à tous. Cette visée reste à ce jour très limitée. Il est nécessaire de construire des approches et des actions croisées. Il est indispensable de développer ces mutualisations pour appréhender la réalité dans toute sa complexité.
Se nourrir, c’est un besoin mais aussi un droit. Le nombre de personnes en insécurité alimentaire est bien trop élevé pour faire reposer la réponse politique sur le secteur associatif. C’est d’une vraie politique de protection sociale qui inclut le droit à l’alimentation dont nous avons besoin. La sécurité sociale de l’alimentation.
II – Les réponses du quotidien.
Nous poursuivons nos temps de présence réguliers sur l’espace public, tout au long de l’année, de manière libre, inconditionnelle et gratuite. A partir de ces temps de rencontre, nous développons des actions. A force de tâtonnements, on trouve parfois des issues. Elles restent aujourd’hui extrêmement fragiles et incertaines. Voici les plus emblématiques
Avec les ados: Nous recherchons à diversifier les sources d’épanouissement et des expériences qui font sens pour ces jeunes en « galère »
Malgré les différents confinements et couvre feu, nous avons poursuivi nos temps de présence auprès des jeunes avec « le café des ados ». Environ dix jeunes nous rejoignent chaque semaine. Tout au long de l’année une quarantaine de jeunes sont venus au moins une foix.
Ces rencontres permettent d’élaborer ensemble des projets, d’identifier des difficultés, d’ouvrir d’autres espaces en se saisissant du tissu associatif local, d’assurer des accompagnements individualisés.
Nous avons pu réaliser cette année des démarches qui ont pu aboutir pour répondre à la demande d’une dizaine de jeunes dans leur parcours individuel. Des besoins très divers ont pu être pris en compte: recherche de stage, de formation, réorientation, Mission locale pour l’accès à la Garantie Jeune, lien avec la PJJ….
Des week-end et des vacances à Champoly se sont poursuivis avec les chantiers participatifs pour restaurer ce lieu « la Maison du Peuple » qui appartient à plusieurs collectifs. Des occasions de partager des temps où se croisent des personnes qui ne vivent pas les mêmes réalités. Ils ont concernés une trentaine de jeunes.
Le foot à 7 proposé par la FSGT2 va reprendre cette année 2021/2022. Soit 15 jeunes qui ont réalisé des démarches pour obtenir une licence.
La rencontre avec Rimbaud (Centre d’addictologie): Notre partenariat va pouvoir devenir effectif dès le mois d’Octobre avec les chantiers rémunérés, encadrés par des éducateurs de Rimbaud. 4 jeunes vont être concernés sur la première période. Ces chantiers pourront déboucher sur des suivis individualisés avec les personnes ressources du Centre. La présence d’un éducateur, au café des ados, est prévue d’ici Novembre.
Les enfants qui continuent à manifester leur souffrance d’écoliers. Le sport: reste un puissant vecteur de prise de confiance en soi, en l’autre et une source de compréhension du sens des règles de vivre ensemble.
Travail en partenariat avec Sport Autrement: 4 enfants poursuivent les entraînements; l’Ecole de Rugby du RCSE: 10 enfants ont été inscrits; « Vélo en quartier » avec l’apprentissage du déplacement en ville et les sorties en groupe: 24 enfants ont bénéficié de l’apprentissage, et ont réalisé au moins une sortie en dehors du quartier; Ecole de Hand: après une sensibilisation les Mardis après l’école sur le terrain de jeux, 6 petites filles sont inscrites dans le club depuis la rentrée scolaire.
Le développement des talents créatifs est également une ressource. Nous avons signé une convention avec la Comète qui va permettre aux familles à faible revenu de pouvoir inscrire ses enfants à des ateliers artistiques (musique, chant, danse). Nous comptons à ce jour 6 inscriptions. Un partenariat se développe avec le Centre Explora qui vient d’ouvrir ses portes pour proposer des activités d’éveil aux sciences et à l’expérimentation. Il est prévu des ateliers mensuels gratuits où des groupes de 4 à 6 enfants qui seront accompagnés par des mères de familles adhérentes.
Le soutien scolaire
Depuis le dernier confinement du mois de Novembre 2020, nous avons développer 3 temps pour accueillir les enfants d’âge primaire et les collégiens (une soixantaine d’enfants nous rejoignent tout au long de la semaine, avec un nombre d’adultes conséquent et compétents pour assurer cette présence). Nous n’imposons pas de contrainte d’inscription et d’horaire, un créneau de 2 heures est à disposition des enfants qui restent le temps nécessaire pour terminer et comprendre leur travail.
La répartition des adultes se fait en fonction des difficultés, si nécessaire un adulte pour un enfant. Chaque adulte s’efforce de s’adapter au mieux aux besoins, des temps de régulation d’équipe sont prévus à chaque période de vacances.
En l’espace d’un mois, nous avons noté des évolutions réelles pour plusieurs enfants qui ont repris confiance dans leurs capacités et qui retrouvent du plaisir à apprendre. Ils fréquentent de manière assidue ces différents temps. Leur participation est active, ils développent de l’autonomie dans la gestion du travail scolaire et respectent les règles établies. De nombreux parents et certains enseignants ont fait des retours positifs sur l’évolution de leur comportement.
La demande s’est intensifiée au fil des semaines, de plus en plus d’enfants réclament ces temps d’accueil et nous n’avons pas les moyens matériels et humains pour faire face à toutes ces demandes. Plusieurs mères de familles ont décidé de renforcer l’équipe cette année.
L’accès au numérique. Trop d’enfants scolarisés ne disposent toujours pas du matériel informatique indispensable. Nous sommes en lien avec le collectif Zoomacom pour rechercher à équiper toutes les familles demandeuse de matériel adapté.
Présence après l’école
Certains enfants ont besoin d’activités plus dynamiques quand ils ont terminé leur journée scolaire.
Temps de présence sur l’espace Jean Ferrat le Mardi après l’école, pour assurer un temps d’initiation aux pratiques sportives auxquelles les enfants n’ont pas accès.
Atelier RAP: en partenariat avec la Médiathèque a proposé 10 séances qui ont concernés une douzaine de filles et garçons d’ages différents.
Atelier argile sur les périodes de vacances scolaires avec Les Moyens du Bord, que nous avons pu reproduire 5 fois. 6 familles ont partagé ces séances: soit 6 adultes et 15 enfants.
Les femmes. Le café des femmes se poursuit avec la présence régulière de Latifa, pour l’atelier bien être. Un atelier art thérapie s’est mis en place et va se poursuivre à raison d’une fois par mois. Régulièrement, entre 10 et 25 femmes se rencontrent, soit 60 femmes nous ont rejoint au moins une fois dans l’année.
En préservant tout le plaisir que constitue le fait de se retrouver, et c’est premier dans toutes nos rencontres, des échanges se construisent, des projets s’élaborent, avec des manifestations publiques où nous avons de plus en plus d’opportunités de nous croiser, de nous parler avec d’autres, des femmes et des hommes dans nos diversités.
5 travailleurs sociaux du Conseil Départemental nous ont rendu visite pour entendre les difficultés des familles et expliquer leur rôle, les possibilités d’aide, les lieux spécifiques pour certains recours….16 femmes étaient présentes ce jour là. Nous espérons avec ce nouveau partenariat, pouvoir permettre aux familles d’oser franchir la porte de ces services qui leur sont dédiés, sans crainte de se sentir juger, sans honte d’évoquer les problèmes rencontrés. En se sentant légitimes de faire valoir des droits;
Depuis deux ans, ces femmes aspirent à vivre plus pleinement leur vie d’adultes. Alors qu’auparavant toutes nos conversations étaient centrées sur les enfants et l’intendance du quotidien!
Avec les sorties vélos organisées avec Vélo en quartier où 8 femmes participent régulièrement, des marches sur les voies vertes se sont organisées et vont se poursuivre. Elles concernent parfois des adultes, parfois des familles.
Nous étions 6 femmes à aller visiter le magasin coopératif « La Fourmilière », début Septembre, avec la perspective que des adhérentes puissent s’investir comme coopératrices.
III – Des actions exceptionnelles.
Participation à la journée internationale des droits de femmes.
Malgré les contraintes imposées par le protocole sanitaire, nous avons pris le parti de ne pas renoncer à nous manifester sur l’espace public. En lien avec d’autres collectifs de femmes, et le CREFAD, nous avons assuré deux manifestations: la lecture d’un conte sous forme de marche déambulatoire, dans un quartier voisin avec l’association « les voisines »; la lecture d’extrait de notre livre « La voix-e des femmes », sur l’espace Jean ferrat. Sur ces deux temps, 6 femmes de l’association ont contribué à l’animation, 20 étaient présentes.
Ces évènements ont débouché sur la création du « collectif du 8 Mars » avec la volonté de réaliser des évènements tout au long de l’année pour assurer une plus grande visibilité à la présence des femmes sur l’espace public. Une immense majorité d’associations se développent grâce à la présence massive des femmes. Il est temps qu’elles puissent bénéficier d’une plus grande considération.
Lettre pétition pour l’aménagement de l’espace public.
Nous avons réalisé une lettre pétition avec des pères de familles pour demander la restauration de l’espace Jean Ferrat: le terrain de foot qui est très endommagé, l’installation d’une fontaine, et la sécurisation d’une rue que les enfants traversent tout au long de la journée pour se rendre au parc et à l’école. Nous avons appris récemment que nos demandes allaient être prises en compte.
10 ans terrain d’Entente Nous avons été enthousiasmés ce 9 Juin 2021, de pouvoir accueillir autant de diversités. Beaucoup de représentants associatifs étaient présents (Vélo en Quartier, L’Amicale de Beaubrun, Sport Autrement, Les Moyens du Bord, La Fourmilière, VRAC, l’Amicale de Tardy, le Centre Explora, la Bricoleuse, Grandir en Oralité, la Fabrique de la Transition, des enseignants de la Pédagogie Freinet, le CDAFAL, La Fondation Abbé Pierre) une cinquantaine de familles du quartier ont partagé l’après midi, soit une centaine d’adultes se sont rencontrés tout au long de l’après midi. On a fait ce jour là société tous ensemble. Une dizaine de femmes s’étaient mobilisées pour assurer l’organisation de cette journée.
Un remerciement particulier à Amel qui a apporté une contribution très précieuse dans la réalisation du diaporama, du film où des enfants et des femmes témoignent de ce que représente aujourd’hui, Terrain d’Entente dans leur vie. Elle a filmé tout au long de la journée les différentes interventions. Nous allons tout mettre en oeuvre pour que notre site trouve la capacité à diffuser tous ces précieux documents.
Une partie de l’après midi a été consacrée à l’ouverture du Labo de co éducation. Frédéric Jésu, ancien pédopsychiatre de service public et impliqué en tant que consultant dans le champ des politiques sociales, familiales et éducatives locales, auteur de plusieurs livres entre autre: « Co édu-quer: pour un développement social durable » ; et Catherine Hurtig-Delattre, enseignante et formatrice, autrice du livre: « La coéducation à l’école, c’est possible » qui rapporte une expérience de 30 années d’ouverture de l’école aux familles et aux associations ont apporté leur contribution.
Nous avons fait l’expérience d’un échange en plusieurs groupes pour tenter d’identifier les différents acteurs de l’éducation. Les habitantes du quartier, et tous ceux issus des différents collectifs ont contribué ensemble à ce temps de réflexion. La famille et l’école ne suffisent pas pour prendre en compte les différents besoins des enfants tout au long de la journée, de l’année, il est temps d’imaginer la meilleure façon de construire des liens pour que tous ces acteurs travaillent ensemble.
Des amis nous ont rejoint sur le terrain pour proposer un riche après midi aux enfants. Notre ami Aldérick avec les rollers, l’association Sport Autrement pour un atelier boxe. Simon de la Médiathèque avec les réalisation d’instruments de musique à partir de la récupération de déchets
Une atmosphère joyeuse et festive avec un engagement volontaire de toutes les personnes présentes qui ont expérimenté le lancement de ce Labo de co éducation. Un résultat vraiment encourageant.
Une action est en cours avec un Bailleur public. Des problèmes récurrents de propreté sont à déplorer depuis plusieurs années sur les espaces collectifs: les allées, les escaliers, les étages. Hors les locataires payent des charges importantes, en constante augmentation. Nous sommes en période de crise sanitaire, la désinfection quotidienne des espaces collectifs est indispensable pour assurer la protection des locataires. Cette situation devient intenable pour les locataires. Certains renoncent à inviter des proches parce qu’ils craignent de s’affronter à des jugements en mettant à nue leur condition de vie indigne. Beaucoup cherchent à déménager.
Il y a quelques mois le Toit Forézien a été mis en demeure par le service sanitaire de la ville. Il était dans l’obligation de mettre en place un isolant adapté pour protéger les appartements qui étaient contigus au local à poubelles. Aucun travaux n’ont été réalisés jusqu’à ce jour.
Un dossier se constitue avec la signature d’une lettre pétition de tous les locataires concernés, des prises de photos, l’appui de l’ADILE.
IV- Les perspectives.
Condition de travail des femmes de ménage. Ce travail indispensable à toutes les entreprises, institutions, structures, est de plus en plus externalisé. Les conditions pour l’exercer deviennent d’autant plus précaires. Les préjudices humains, que ce soit sur le plan physique, psychique et social sont considérables.
Un travail en lien avec la LDH depuis quelques années va pouvoir aboutir à différents évènement en Décembre 2021, de manière à dénoncer ces pratiques indignes.
Projection du film « les Quais de Ouistreham » de Florence Aubenas, rencontre débat autour du livre « Deux millions de travailleurs et des poussières » en présence des deux auteurs, une rencontre avec les donneurs d’ordre pour revendiquer des conditions de travail plus dignes.
Atelier cuisine avec Les Moyens du Bord. Nos liens avec cette association se développent au fil des années. Des femmes volontaires vont initier à l’art de la cuisine des adhérents des MDB, à raison d’un Mardi par mois. De façon à ce que la cuisine devienne un plaisir partagé. Le repas réalisé collectivement sera partagé entre tous avec la présence des enfants.
Soutien à l’action du LAPE (lieu d’accueil parents / enfants) ouvert par l’Amicale de Beaubrun. Nous espérons pourvoir renouveler des temps d’accueil à destination des tout petits (2 / 3 ans) afin de pallier les difficultés d’accès au langage de certains enfants.
Comité de pilotage. Nous avons partagé notre première rencontre le 1er octobre. Il a rassemblé les salariés, des bénévoles « permanents » et 6 habitantes du quartier. Il a été l’occasion d’établir ensemble notre feuille de route.
Temps de formation prévus entre l’équipe salariée et les bénévoles, les habitants pour mutualiser nos pratiques et construire une culture commune sur la démarche de la pédagogie sociale; à chaque période de vacances scolaires.
Partenariat avec la Fondation Abbé Pierre, des subventions sous forme de micro projets vont être envisagées. L’objectif est de renforcer la capacitation de tous, les adultes, les jeunes et d’engager notre collectif dans une dynamique de réalisation de projets concrets, à partir de l’initiative des habitants.
La Fabrique de la Transition où nous contribuons, avec plusieurs structures collectives du bassin stéphanois, de façon à mutualiser nos moyens, à mieux diffuser la culture de la coopération, à amplifier nos liens pour mener de nouveaux projets et faciliter l’émergence de nouveaux acteurs. Nous sommes ainsi associés à ces structures porteuses de vitalité, d’ouverture et d’actions transformatrices.
D’autres partenariats se développent au fil des années:
– Nous apportons notre contribution au le Forum de la Précarité organisé par « Changer de Cap »,
– Nous allons participer avec 5 femmes, à la Nouvelle Université Populaire initiée par le collectif « Parlons en » à Grenoble,
– Nous allons participer à un écrit collectif avec le GPAS et d’autres structures sur la question de « l’aller vers ».
Nous espérons une réponse positive à notre demande de financement au Conseil départemental.
Un entretien préalable avec ce service, nous a permis de prendre contact avec la chargée de Mission du Plan Pauvreté, Précarité qui estime que notre démarche est conforme aux attendus de ce plan. Une rencontre est prévue ces prochains jours pour envisager une prise en compte de notre travail.
Nous remercions les membres du CDAFAL qui mettent à disposition leurs locaux, ce qui rend possible la poursuite de tout ce que nous développons. Ils assurent depuis 3 ans une aide substantielle à nos départs en vacances grâce aux chèques vacances.
Nous remercions la Fondation Abbé Pierre dont l’appui précieux nous permet de poursuivre la route.

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LE PROJET VRAC : une alimentation de qualité accessible à tous.

Au vu de l’impact de l’alimentation et de sa production sur notre santé et sur la nature, au vu de l’intérêt manifesté sur cette question par une majorité d’habitants des milieux populaires, au vu de leur impossibilité majeure à y avoir accès, Il est nécessaire de développer un cadre qui rende accessible pour tous une alimentation de qualité, issue d’une production écologique. L’objectif est de construire une dynamique qui engage chacun d’entre nous à en devenir partie prenante.

Le projet VRAC Saint-Etienne (Vers un Réseau d’Achat en Commun) est issu d’une réflexion partagée de différents acteurs et associations d’habitants du territoire stéphanois, posant le constat d’inégalités persistantes d’accès à une alimentation de qualité, malgré le développement de nombreuses initiatives locales en la matière. La situation très précaire de certaines familles est l’explication essentielle de leur absence de participation concrète.

En passant par le groupement d’achat, l’association VRAC Saint-Etienne vise à offrir la possibilité aux habitants des quartiers de se réunir pour commander à prix coûtants, des produits biologiques, écologiques et locaux,  répondant ainsi aux enjeux sociaux et environnementaux actuels.

Cette démarche s’attache à placer au centre l’équitable accessibilité des produits pour les familles et la rémunération des producteurs. Il est indispensable de reconnaître à tous le droit à une alimentation de qualité et la possibilité pour ceux qui nous nourrissent de pouvoir vivre dignement de leur travail.

Cette démarche ne deviendra réellement soutenable et transformatrice, que si nous posons d’emblée la question financière pour les ménages et la rétribution juste des agriculteurs. Pour l’accès de tous à une alimentation saine et locale il est indispensable de sortir des différentes formes d’aides alimentaires humiliantes. Dans différents espaces de réflexion, et de réalisations concrètes de solutions alternatives, on envisage cette question sous l’angle de la sécurité sociale alimentaire.

NOS CONSTATS

Le coût de la nourriture reste une préoccupation permanente des familles aux faibles revenus. Il est très fréquent que les foyers renoncent à une alimentation de qualité par manque de moyens financiers. 

Certaines dynamiques engagées  permettent d’affirmer qu’il est indispensable d’aller à la rencontre des gens, d’être présents sur les territoires pour rendre possible des actions transformatrices. La précarité est un vécu si contraignant que la tendance pour une personne qui la subit est de renoncer à des droits fondamentaux comme l’alimentation de qualité, l’accès à la santé, à la culture…    

 CE QUE NOUS PROPOSONS

– L’association VRAC favorise le développement de groupements d’achats de produits de qualité (biologiques, équitables) *dans les quartiers prioritaires de la Politique de la Ville* (à discuter). En partageant des valeurs communes de solidarité, de justice sociale et alimentaire et de valorisation de produits de qualité et de leursproducteurs, l’objectif est d’offrir l’accès du plus grand nombre à des produits de consommation courante de qualité à prix accessible.

Elle se base sur l’implication des adhérent.e.s dans le fonctionnement de leur groupement d’achat : il s’inscrit dans une visée émancipatrice de réappropriation de l’alimentation. L’objectif est de créer des rencontres qui produisent du plaisir partagé et non de l’anxiété autour des questions d’alimentation, de santé et d’environnement.

Au sein des groupements, les prix sont raisonnables grâce à :

– la commande de produits en grande quantité à des producteurs engagés;

– la réduction des coûts intermédiaires en priorisant les circuits courts et en réduisant les emballages superflus;

– la vente à prix coûtant et sans marge.

– Des membres de l’association organiseront chaque mois la prise des commandes dans les lieux de permanence physique avec tous les habitants volontaires, complétées par des commandes passées en ligne sur la plateforme cagette.net. Une douzaine de jours plus tard, ils livreront les produits sur chaque point de distribution sur une demi-journée. Des événements conviviaux « autour de la cuisine », avec les habitants, seront aussi proposés régulièrement.

– Il s’agit de s’appuyer sur les dynamiques de collectifs déjà engagés dans la distribution des produits issus de l’agriculture paysanne locale et sur les structures de proximité impliquées dans la vie des quartiers de façon à mutualiser les ressources et faire converger les enjeux.

– Les produits du groupement d’achat incluront des produits alimentaires en vrac (huile d’olive, farine, chocolat, sucre, fruits secs, riz, pâtes, légumineuses…), des produits d’épicerie transformés (jus de fruits, compotes, café, thé, confitures, miel, purée de tomates…) produits d’hygiène (shampoings et savons, crèmes, dentifrices, lessive…),  et des produits frais locaux (fromages…).

– Les produits seraient vendus à prix coûtant aux habitants des QPV. Une cotisation solidaire peut s’appliquer pour les adhérents habitants hors-QPV, qui doivent pouvoir participer au projet sans devenir majoritaires parmi les adhérents : la priorité d’adhésion au groupement peut être donnée aux habitants des QPV. 

– L’association devra solliciter la participation et l’engagement des collectivités locales et des bailleurs au projet à sa gouvernance et leur financement dans l’objectif de soutenir un poste de départ et des frais de fonctionnement. Les distributions et prises de commandes ayant lieu dans les centres sociaux et structures de proximité souhaitant mettre à disposition des salles, il n’y aurait pas de loyer à payer pour les distributions.

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Pour une alimentation digne pour tous.

Terrain d’Entente a contribué à l’émergence de VRAC (Vers un Réseau d’Achat en Commun) sur le quartier de Tarentaize/Beaubrun.

Ce projet est issu d’une réflexion entre différents acteurs de terrain, notamment :

– « De la Ferme au Quartier » qui développe depuis 10 ans la dynamique des AMAP dans les quartiers. Son projet social initial était de rendre accessible cette distribution de paniers aux personnes à faibles revenus.

– « La Fourmilière », supermarché coopératif, qui souhaite que cet espace permette l’implication de tous, sans discrimination. Le coût des aliments, les parts pour devenir coopérateur, sont estimés de façon à limiter au maximum les freins à la participation.

– « Terrain d’Entente » dont un de ses objectifs est de réfléchir aux conséquences sociales de la pauvreté et à la manière de les faire reculer.

Une rencontre entre des membres de la Fourmilière et des adhérentes de Terrain d’Entente a mis en évidence une préoccupation et une volonté partagées de favoriser une alimentation de qualité pour tous, qui contribue à une meilleure santé et à la préservation de l’environnement. Malgré tout, depuis l’ouverture du magasin, et différentes tentatives pour organiser la découverte de cet espace, aucun.e habitant.e n’est devenu.e coopérateur.rice.

La situation très précaire de ces familles est l’explication essentielle de leur absence de participation concrète. Les dynamiques engagées par Terrain d’Entente sur le quartier permettent d’affirmer qu’il est indispensable d’aller à la rencontre des gens, d’être présents sur les territoires pour rendre possible des actions transformatrices.

La précarité est un vécu si contraignant que la tendance pour une personne qui la subit est de renoncer à des besoins fondamentaux comme l’alimentation de qualité, l’accès à la santé, à la culture…

D’autres structures ont rejoint VRAC pour s’y investir concrètement: L’Amicale Beaubrun, le centre social le Babet, l’AMAP de Beaubrun,

Nous sommes d’accord sur ces constats: Le coût de la nourriture reste une préoccupation permanente des familles des milieux populaires. Il est très fréquent que les foyers renoncent à une alimentation de qualité par manque de moyens financiers.

Or les prix « coûtants » affichés sur le catalogue VRAC restent pour beaucoup de familles inaccessibles. Les familles les plus pauvres ont été gravement impactées par les conséquences des confinements successifs, elles se retrouvent pour beaucoup surendettées. De plus en plus de personnes sont contraintes de faire appel à l’aide alimentaire.  La volonté de Terrain d’Entente est de rendre accessible à tous ce qui est indispensable à une existence digne. La possibilité de pouvoir subvenir aux besoins élémentaires, et également de choisir une alimentation de son choix nous semble être des objectifs à ne jamais perdre de vue.

Nous recherchons sans relâche, des solutions pour assurer à tous cette possibilité.

Terrain d’Entente a donc initié une rencontre pour engager différents acteurs avec VRAC 42, pour se questionner ensemble sur cette réalité très prégnante à St Etienne de situations de grandes précarité qui ne cessent d’augmenter. Les Brigades de solidarité, La Fourmilière, le réseau des AMAPS, la Fabrique de la Transition, De la Ferme au Quartier se sont rencontrés  fin décembre 2020.

Tous ces collectifs sont investis sur la question de l’alimentation et s’engagent dans des actions qui se déclinent de manière très différente.

Les Brigades de Solidarité ont pris le parti de s’adresser à tous ceux qui ne sont pas pris en compte dans les différents dispositifs d’aide alimentaire. Ils se sont organisés depuis le premier confinement pour repérer les personnes en demande d’aide, récolter des dons et les distribuer régulièrement.

La Fourmilière assure, auprès des coopérateurs, une collecte de denrées qui sont destinées à plusieurs lieux de solidarité dont  les Brigades.

Depuis sa fondation, ce marché coopératif à la volonté de rendre son accès possible pour tous. Son mode de fonctionnement particulier avec ses contraintes sont un élément d’explication de l’absence de coopérateurs issus des quartiers populaires.

Terrain d’Entente depuis plusieurs années s’interroge sur les meilleurs conditions possibles pour rendre une alimentation de qualité accessible à tous. Des liens se sont construits avec la Fourmilière, nous avons contribué à l’émergence de VRAC. Nous poursuivons nos recherches.

Les AMAPS, depuis plusieurs années s’interrogent sur les questions d’accessibilité alimentaire. Différentes tentatives pour constituer des paniers solidaires ont été réalisées, en lien avec d’autres structures comme le Secours Populaire, les producteurs (concernant les invendus).

De la Ferme au Quartier recherche un mode d’organisation financière pour rendre accessible ses produits. Un lien se construit avec les Brigades pour tenter un fonctionnement en réseaux avec les producteurs.

VRAC 42  se trouve à la croisée de tous ces chemins, de ces différents constats de l’immense difficulté à pouvoir rejoindre ceux qui sont aujourd’hui condamnés à consommer des produits que nous pouvons estimer dangereux, pour la santé, pour l’environnement, et dont le mode de  production met en péril l’agriculture paysanne.

La Fabrique de la Transition s’est constituée pour générer de la coopération sur les projets. Elle a contribué à la constitution de VRAC 42

Ce qui  est commun à tous ces collectifs, c’est essentiellement la question de la justice sociale, de l’accès à l’alimentation pour tous. Notre volonté est de s’adresser à ceux pour lesquels rien n’est accessible, qui ne sont pas partie prenante de tous ces réseaux. Nous sommes confrontés  à l’urgence sociale pour tous ceux qui n’ont pas de quoi se nourrir au quotidien, à l’urgence sanitaire pour tous ceux qui sont contraints à une alimentation polluée et à l’urgence environnementale, avec l’enjeu de la production alimentaire (comment sortir de la logique de l’agro-industrie et de tout son cortège d’aides, avec la  banque alimentaire comme variable d’ajustement, comment soutenir une agriculture paysanne viable pour les producteurs?)

L’urgence sociale est une question immédiate avec une organisation en réseau qui est déjà effective et qu’il faut amplifier : donner accès à de la nourriture pour tous ceux qui n’en n’ont pas les moyens d’une manière digne (l’accès aux colis alimentaires impose aux « bénéficiaires » des justifications humiliantes).

Le problème essentiel des différents « dispositifs d’aide alimentaire » est qu’ils maintiennent ceux qui y ont accès dans un statut de demandeurs de manière souvent définitive et construit un système de dépendance, de sélection et d’exclusion.

Le recours aux aides d’urgence devrait être un moment exceptionnel dans  l’existence, pour qu’ensuite chacun puisse avoir accès à des ressources suffisantes pour subvenir à ses besoins vitaux.

Tout en poursuivant les actions de solidarité et d’entraide, nous sommes confrontés à la question de notre contribution à ce que chacun puisse se nourrir  correctement et de manière digne, puisse choisir sa nourriture en fonction de ses goûts et habitudes pour une démocratie alimentaire.

Il y a nécessité de construire une réflexion et des démarches transformatrices qui prennent en compte les besoins vitaux en tant que droits universels et apportent des réponses pour pallier  aux catastrophes environnementales.  Un travail est en cours et que nous pouvons rejoindre sur la construction d’une sécurité sociale de l’alimentation, les engagements des communes sur le maraîchage…..

L’objectif est de prendre en considération les besoins sur toute la commune de St Etienne, l’organisation de l’alimentation sur tout le territoire, et de permettre une connexion entre les différents énergies pour tenter de  coordonner les dynamiques.

Nous aimerions construire une réflexion avec les  producteurs, les distributeurs pour rechercher un mode d’organisation qui nous permette de définir collectivement ce que nous voulons manger, comment on le produit, de façon à ce que ceux qui nous nourrissent puissent vivre dignement et comment en assurer l’accès à tous. Dans un premier temps, nous envisageons de tenter de construire une caisse de solidarité qui permette à chaque stéphanois de consommer le plus possible de la qualité.

Le lien avec la Fourmilière et la Ferme au Quartier vont nous permettre de mettre en synergie producteurs, distributeurs, transformateurs, clients, et faire des propositions de solidarité (prix arrondis, points de la carte de fidélité à destination des collectifs, systèmes de « prix cassés »)

Nous souhaitons engager d’autres collectifs à nous rejoindre.

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Appel aux dons 2020

Nous lançons aujourd’hui notre appel aux dons 2020, vous pouvez y accéder en suivant ce lien sur Helloasso:

Propulsé par HelloAsso

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Lorsqu’on a moins de droit que les autres, comment accepter d’avoir les mêmes devoirs?

« Ha ça, c’est sûr, ça serait bien que le goûter devienne un temps de partage! »

C’est un jeune de 14 ans qui parle ainsi. Il a des pépites dans les yeux quand il évoque cette perspective.

C’était au début de nos rencontres aux pieds des immeubles, à l’occasion de nos premiers ateliers de rue les samedis après midis. Notre premier goûter avait été catastrophique, les chocos avaient volés, certains même piétinés dans la précipitation des jeunes  à réclamer leur part!

A l’époque, nous nous adressions essentiellement à des garçons adolescents qui nous ont rapidement encouragés à revenir pour construire ensemble ces temps de « partage ».

Au début de nos rencontres, les coups et les insultes pleuvaient. Mais chaque fois que nous savions nous interposer dans ces rudes bagarres, en y accordant le temps nécessaire, les maux savaient s’exprimer, on apprenait ensemble à trouver les mots justes pour donner du sens à ces colères explosives. Ils nous ont rapidement sollicités pour intervenir dans ces conflits. Ils ont fini par nous demander de venir plus souvent et de rester plus longtemps.

De ces jeunes dont on parle trop souvent avec un discours empreint de crainte, de mépris, d’une multitude de présupposés qui ne sont jamais vérifiés mais toujours affirmés avec conviction. On leur reproche d’être à l’origine de tous ces désordres sociaux, ces incivilités qui nous les font rapidement considérés comme délinquants.

Moins on a de relation, d’expériences partagées, moins on a de connaissance, et de compréhension. S’ouvre à nous alors un champ très libre pour les phantasmes générateurs de peurs et de rejets. Cette tendance facile à penser de façon simplifiée et schématique.

Il faudrait donc les éduquer! Instaurer fermement  des règles pour apprendre « le cadre » à ces jeunes qui ne respectent rien ni personne »! Un « cadre »  posé de façon autoritaire et strict pour leur apprendre les rudiments des règles du vivre ensemble. On voit qu’ils crachent par terre, qu’ils profèrent des insultes, qu’ils narguent les adultes.  

Mais qui fait l’effort de connaître un peu la réalité de leur quotidien? Qui s’interroge des conséquences de cette vie de galères?

Un jeune que je rencontrais régulièrement en prison me posait un jour cette question. « Comment on fait quand on est une famille très pauvre, qu’on a été nul à l’école, ,qu’on vit dans un quartier où il y a de la violence, de la délinquance? »….

Qui est capable de répondre?

Comment on fait quand les collèges excluent des collégiens pendant plusieurs mois et qu’ils précisent qu’ils n’ont plus rien à faire dans un établissement scolaire? Comment on fait quand on a raté plusieurs semaines d’école suite à une situation familiale explosive et qu’il n’est pas possible d’envisager le redoublement parce qu’il y a trop d’élèves par classe?! Comment on fait quand on a 11 ans, et qu’il est indispensable de contribuer à l’organisation familiale dès la première heure du jour et qu’on reçoit des sanctions et des menaces d’éviction scolaire parce qu’on arrive en retard à l’école? Comment on fait quand les structures du quartier organisent un départ en vacances pour 7 alors qu’on est 40 à l’espérer? Comment on fait quand on démultiplie les démarches de recherche d’emploi et que c’est toujours « non »?

Qui peut répondre?!

Ils sont pourtant nombreux, les chercheurs, les intellectuels à nous proposer des pistes pour comprendre et tenter de trouver des  manières adaptées de répondre. Parce que la responsabilité de toute la communauté éducative est de chercher d’abord et sans relâche, à comprendre ce que manifestent ces jeunes!

Fernand Deligny (1) a été l’un des pionniers pour rechercher sans relâche ce qui dans son propre comportement empêchait que la rencontre se produise, que le lien se construise. C’est d’abord ça le travail éducatif, considérer ses propres limites et défaillances pour mieux cheminer avec l’autre, pour se laisser transformer par ses attitudes qui peuvent nous déconcerter, provoquer un sentiment d’insécurité. Pour rejoindre sa souffrance et tenter de là traverser avec lui.

Christophe Dejours (2) nous invite à nous laisser coloniser par le doute. Parce que « le réel se fait connaître par l’échec« , parce que « la souffrance guide l’intelligence« .

Dans un entretien sur la question de la violence des banlieues, Christophe Dejour répond « la violence du non travail »!

L’accomplissement de soi dans le champs social, passe par le travail. Inscrire notre existence dans la société passe par le travail et la reconnaissance de notre contribution à l’intérêt commun. Pour ces jeunes, il n’y a plus d’espoir d’apporter cette contribution à la société, ce qui pourrait les inscrire dans la communauté des hommes. Ils sont privés de la possibilité d’espérer le travail.

Pour supporter cette situation, résister à cette souffrance de se sentir exclus, certains s’efforcent d’organiser des stratégies de défense. Il s’agit pour eux de renverser le rapport au travail. Ils inversent cette humiliation d’être récusé du rapport au travail dans l’affirmation que rien n’est plus humiliant que d’accepter de travailler.

Cette attitude de défiance se construit dès l’école. Les difficultés d’apprentissage, les efforts très contraignants sont possibles à condition que se profile la promesse d’une émancipation grâce au travail. Pour eux, le travail scolaire devient donc le symbole de ce qu’il faut rejeter. Ne pas se soumettre à la discipline, s’opposer au travail scolaire, à l’enseignant, à tout ce qui représente ce qu’il est interdit d’espérer pour eux même.

Ce rapport d’humiliation du fait de l’exclusion produit des comportements par lesquels ils s’endurcissent pour supporter tout ça: il faut devenir insensible à toute forme de message qui rappel le rejet. Est un homme celui qui est capable d’assumer la souffrance et de l’infliger à autrui. Tout ce qui représente cet ordre qui ne leur laisse aucune place est la cible de leur haine. L’ennemi est tout ce dont on est définitivement privé. C’est une idéologie défensive, une exaltation de la violence comme valeur. Ils ne sont pas victimes du système, ce sont eux désormais qui vont faire peur et qui vont humilier. Etant exclus de toute participation aux règles de la collectivité, ils rentrent dans « un rapport de force » et non plus un rapport de droit. Le « rapport de droit » est d’avance perdu pour eux tout le temps et partout.

Christophe Dejours estime que nos réponses sont inadaptées, inopérantes. Du côté de l’action sociale, l’objectif des éducateurs est d’attaquer ces défenses pour les déconstruire, ce qui amplifie d’autant la radicalisation de ces défenses.  La réponse sécuritaire et répressive ne fait également qu’aggraver les choses. La terrible dérive de ces réponses est de n’avoir bientôt que l’armée comme solution pour aller cogner sur ces gosses afin de les mater.

Il faut retrouver les voies qui permettraient à chacun d’apporter sa contribution à la vie sociale par le travail. »La centralité du travail est vitale pour chacun. »

Ceux qui échouent à l’école sont les exclus de demain. 1,9 millions de jeunes sont ni en emploi, ni en formation, ni en recherche, ni en accompagnement. Comment  peuvent-ils s’insérer? Notre pacte républicain est en danger si on ne réduit pas ces écarts: lorsqu’on a on moins de droits que les autres, comment peut on accepter d’avoir les mêmes devoirs?

« La coopération, l’explication, la compréhension sont une plus grande source de réussite que la compétition, le langage des initiés. Il faut une école inclusive avec un système d’évaluation qui encourage. Promesse d’une élévation du niveau pour tous, ce qui n’est jamais du nivellement par le bas.

Pour le vivre ensemble en société, il faut scolariser ensemble toute la jeunesse. L’école, c’est le temps du commun. » (Jean Paul Delahaye) (3)

Terrain d’Entente est engagé sur cette question de l’école. Les enfants des milieux populaires souffrent à l’école parce qu’il n’y a pas suffisamment de prise en compte et d’effort de compréhension de leur réalité. Le corps enseignant a la responsabilité de l’ouverture de l’école sur le quartier, de l’organisation de la rencontre avec les familles. Mais cette institution ne peut pas réaliser ce travail seule et de manière isolée.  
Nous souhaitons engager  un chantier, dans la durée, pour rechercher comment offrir les meilleurs conditions pour construire une communauté éducative qui assure de manière effective notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants et des jeunes, avec les différents acteurs du champ éducatif, les parents. C’est une condition incontournable pour permettre à chaque enfant de faire des liens entre les différents espaces dans lesquels il évolue et de trouver ainsi du sens et de la cohérence dans les apprentissages organisés de manière différente à l’école, en famille, dans le milieu associatif.

Les enfants dont la structure familiale ou  sociale a été brisée peuvent devenir créateurs si on leur donne un lieu de parole, autant qu’ils peuvent devenir délinquants quand leur énergie ne trouve aucun lieu d’expression. Terrain d’Entente cherche à offrir une structure affective et sociale autour de ces jeunes. Nous prenons le risque de nous laisser déstabiliser, jusqu’à nous sentir parfois avec eux, à la limite du danger et nous puisons ensemble d’impressionnantes ressources. Il faut pour cela endurer les nombreuses expériences d’échec, et s’obstiner à ne pas lâcher. Il est nécessaire de développer une attitude de bienveillance et de compréhension. Nous mobilisons toute notre énergie pour créer un climat apaisant pour accueillir ces tempéraments tendus, blessés, hyper réactifs. On sanctionne le moins possible, on accueille, on  écoute, on s’efforce de comprendre.

Ainsi, ces mêmes jeunes ont su se saisir de l’opportunité que leur offrait un nouveau dispositif, le Fond de Participation des Habitants, qui aide au financement de différentes actions. Ils ont rédigé un projet de départ en vacances, et préparé ensemble la rencontre à la commission d’admission pour expliquer leurs motivations. Ils souhaitaient partager quelques jours entre copains. Ils se sont saisi de la seule opportunité que nous pouvions leur offrir: une semaine à la Ferme des Fromentaux, en Haute Loire.

Pour ces jeunes, ce séjour a été « une première fois » sur de nombreux aspects. La vie dans une ferme, le travail du quotidien, la « rencontre » avec la nature….

Malgré cet aspect déstabilisant, ils ont eu, durant tout le séjour, une attitude coopérative et positive.

Ils se sont intéressés aux activités, (conduite du tracteur, traite des chèvres….). Ils ont participé à toutes les tâches ménagères (repas, vaisselle, rangement) qu’ils avaient eux mêmes organisé en se répartissant le travail à partir d’un tableau qui établissait des tours de rôle.  Ils ont respectés les horaires qu’on avaient décidé avant le séjour. Ils ont eu un très bas niveau d’exigence concernant les activités, s’inquiétant du coût et des possibilités de l’association. Les soirées ont été l’occasion d’échanges authentiques autour de leurs préoccupations.

Aujourd’hui, ces jeunes ont souhaité organiser un « café des ados », un lieu pour se retrouver avec une présence adulte pour les accueillir .

Aujourd’hui les structures sont nombreuses à investir beaucoup d’énergie pour dénoncer le danger des écrans et faire des campagnes de prévention, de sensibilisation pour apprendre les  bonnes pratiques. Sachant que les écrans sont pour beaucoup la seule source de plaisir qui est vécue dans la solitude, sans aucun garde fou, les structures du quartier que nous avons sollicitées pour organiser ensemble cet accueil, nous ont toutes répondus:  « on ne peut pas tout faire! »

Nous avons donc ouvert ce café et une trentaine de jeunes nous rejoignent chaque jeudi. Nous réfléchissons ensemble à différents espaces pour discuter, se divertir. Des projets se pensent. Tout semble possible, mais un problème se profile: nous ne sommes que deux pour les accueillir! Nous risquons rapidement de toucher nos limites pour tenir cet accueil dans la durée.

Notre détresse à nous, c’est d’être trop peu nombreux, et de disposer de moyens insuffisants  pour construire une action à la hauteur des aspirations de ces jeunes qui réclament juste un peu d’espace et d’attention.

                                                                                    Josiane GUNTHER Mai 2019

(1) Fernand Deligny, né en 1913, une des références majeure de l’éducation spécialisée

(2) Christophe Dejours, psychiatre, psychanalyste et professeur de psychologie français, spécialiste en psychodynamique du travail et en psychosomatique

(3) Jean Paul Delahaye, Inspecteur général de l’éducation nationale honoraire. Ancien directeur général de l’enseignement scolaire.

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Pour retrouver notre légitimité et sortir ensemble de l’impasse.

          

Notre cheminement à Terrain d’Entente nous a permis, au fil des années, de faire des rencontres improbables. Nous pouvons envisager aujourd’hui d’initier des évènements, pour tenter de construire des espaces différents avec d’autres collectifs et répondre à  des questions de société qui dépassent les préoccupations quotidiennes de notre territoire et qui font tomber certaines frontières.                                                                                                                                Nous sommes sollicités sur des questions diverses, avec comme postulat de tenter de construire collectivement une démarche qui soit transformatrice, qui apporte un changement, qui recherche des alternatives.                                                                                                 Pour citer celles qui nous portent particulièrement aujourd’hui.

Le super marché coopératif, la « Fourmilière » vient d’ouvrir ses portes à St Etienne.  Un nouvel espace pour promouvoir l’agriculture paysanne, respectueuse de l’environnement, qui privilégie les circuits courts. Les coopérateurs construisent un mode d’organisation où chacun prend part aux décisions et se sent responsable des principes déclarés.  Les fondateurs de cette démarche sont venus solliciter les adhérentes de Terrain d’Entente et nous ont invité à prendre part à leur réflexion. Ils souhaitent poursuivre l’organisation de ce travail en comptant sur notre contribution, afin que ce magasin corresponde à la grande diversité des habitants de notre ville en y intégrant, en tant que coopérateurs, des habitant-e-s de Beaubrun – Tarentaize.

Nous participons au bal populaire du 14 Juillet que le collectif « les cris du quartier » propose depuis quelques années. Une journée de fête ouverte à tous, où chacun apporte sa contribution. Nous avons été sensibles à cette invitation qui rassemble plusieurs associations qui interviennent dans différents quartiers. Toutes développent des démarches d’éducation populaire et réalisent des actions culturelles, sportives, citoyennes qui s’adressent à tous.

Nous avons initié un chantier avec les acteurs de la pédagogie Freinet sur la co éducation depuis 2 ans.

Trop de jeunes sont ni en emploi, ni en formation, ni en recherche, ni en accompagnement. Notre pacte républicain est en danger si on ne réduit pas ces écarts: lorsqu’on a on moins de droits que les autres, comment peut on accepter d’avoir les mêmes devoirs?

La première démarche pour assurer les conditions du bien être à l’école est de l’ouvrir aux parents, de favoriser la co éducation, pour une meilleure connaissance réciproque.

Construire une communauté éducative qui assure de manière effective notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants, et leur permettre ainsi de trouver du sens et de la cohérence dans les apprentissages organisés de manière différente à l’école, en famille, dans le milieu associatif….

Une toute dernière rencontre a eu lieu avec des militants de la LDH. Ils ont réalisé un travail de recherche sur la lutte contre les discriminations et l’accès aux droits pour tous. Ces militants souhaitent aller à la rencontre de ceux qui vivent des difficultés importantes pour faire valoir des droits et faire reconnaître les situations de discrimination.

Les amis de la LDH qui nous rejoignent se réjouissent de pouvoir travailler avec les membres de Terrain d’Entente sachant qu’on s’efforce collectivement de redresser ce qui ne va pas dans notre société. Ils souhaitent « entreprendre un  travail pour faire valoir les droits avec ceux qui savent prendre en main leur réalité« . (sic)

Quand on imagine la réalité quotidienne de toutes ces familles qui subissent un empilement de contraintes pour espérer assurer seulement des moyens de subsistance jour après jour, on peut se demander comment il devient possible de s’inscrire ensemble dans des démarches militantes. Comment il est possible de s’extirper de cette inquiétude permanente, de cette peur du lendemain? Comment on arrête de subir et de se méfier de ceux qui nous entoure?

Nous avons évoqué à plusieurs reprises, ce qui est préliminaire à la construction d’une relation de confiance, pour arriver à être moins centrés sur les problèmes à régler et s’engager peu à peu, avec d’autres, pour construire des projets qui répondent à des envies.                                    Mais là, nous avons franchi une autre étape. Nous ressentons aujourd’hui un peu de légitimité pour nous inscrire avec d’autres collectifs dans des actions qui espèrent avoir une portée transformatrice pour la société toute entière. Un engagement qui reste un pari, celui de pouvoir mobiliser l’énergie nécessaire qui est souvent absorbée par les « galères » du quotidien.

Pour ce qui concerne Terrain d’Entente, tout a commencé par la préoccupation du non départ en vacances et de la reconnaissance de ses lourdes conséquences pour les enfants et les familles. De plus en plus de familles ne partent pas en vacances. Il était temps de reconsidérer le droit aux vacances comme un enjeu social.

Nous avons beaucoup investi, avec nos moyens dérisoires, pour rendre possible des départs. Nous avons sollicité l’an passé différents réseaux pour créer un collectif sur l’accès aux vacances pour tous. Nous nous sommes engagés dans une réflexion pour penser ce problème dans sa dimension politique: comment on organise une réappropriation des vacances par les gens eux mêmes, qui ne soit pas du tourisme, en les construisant collectivement, de manière à reconstruire le tissus social, les liens d’entraide?                                                                                 La question du départ en vacances permet d’aborder les questions de l’environnement, de l’alimentation,  du respect de la terre et des populations. L’environnement et les inégalités sociales sont liées.

Partir s’est s’ouvrir à d’autres réalités,  aller à la rencontre de ceux qu’on ne connaît pas, sortir de nos cloisonnements et peu à peu, refaire société tous ensemble. Nous avons rechercher des hébergements amis, sensibles à nos questions, volontaires pour construire des collectifs qui se mobilisent sur des questions politiques pour sortir des cases où on nous a assigné. Pour identifier le temps des vacances comme lieu de fabrication de la société.

Ca à l’air de rien, les départs en vacances. Nous partons depuis quelques années rejoindre des amis paysans boulangers, éleveurs de chèvres en Haute Loire. Ces familles du quartier de Tarentaize, qui connaissent la peur du lendemain, la honte de leur condition, ont pris ce risque d’aller dans l’inconnu.                                                                                                                                         Notre point d’appui pour faire ensemble ce pas, a été les expériences positives que nous avons réalisées ensemble, à partir de nos discussions au café des femmes, de ce que nous avons pu mettre en commun, de cette communauté de vie qui est devenue peu à peu réalité pour certaines.                                                                                                                                                  C’est parce qu’on côtoie les gens dans le quotidien, qu’on côtoie l’intime de leur existence, qu’on peut construire des choses ensemble. Il s’agit toujours pour nous, de tenter de modifier les conditions politiques de l’existence, en partant du quotidien. Nous nous efforçons d’observer les micro évènements qui se manifestent et nous tentons de  les intégrer à nos analyses, à nos efforts de compréhension. Nous sommes très soucieux également, d’identifier la charge mentale de la vie quotidienne vécue par les familles, et nous avons le soucis de là partager en prenant en charge certains temps de la semaine avec les enfants, en réalisant ensemble les démarches incontournables.     

Les différentes actions que nous avons menées à bien, en affrontant ce qui est difficile, ont permis d’ introduire de la solidarité entre nous et avec les autres.

Et nos séjours à Retournac nous ont aidé à sortir de la peur et de la honte:                                                              « Ici on n’a pas besoin d’avoir peur, on ne ferme même pas la porte à clé, on se sent respecté tel qu’on est…. ».  

L’accueil chaleureux et inconditionnel de nos hôtes nous ont rendu le sens de notre respectabilité.                                                                                                                                Quand nous partons collectivement en vacances, nous construisons du dépaysement, nous ré enchantons la banalité du quotidien. Produire quelque chose ensemble reste fondamental pour avoir le sentiment de vacances, de dépaysement. Durant ces journées nous nous intéressons à toutes les opportunités de partage, parce que nous savons qu’elles sont créatrices de construction de liens. Quand nous essuyons tous ensemble la vaisselle, nous partageons un moment de convivialité singulière qui prend une part dans la dynamique globale du séjour. Les repas peuvent devenir des moments de fête, de construction de savoirs faire communs, et des moments de conscientisation. Des occasions de faire apparaître des valeurs en partageant une pratique, en l’éprouvant.

A Retournac, nous avons pu faire ainsi l’expérience de ce qui nous lie, nos préoccupations communes, nos budgets très précaires (beaucoup de ces amis habitants de la ferme survivent aussi avec le RSA!) et de l’enrichissement de partager nos différentes façons de construire le quotidien, nos manières d’appréhender le réel à partir de nos valeurs, de nos croyances, de ce qui nous a construit. Nous avons réalisé ainsi un creuset, à la manière de ce récipient qui permet le mélange et qui  transforme les métaux en quelque chose de plus complet, de plus abouti, de plus précieux.

En passant par un lieu qui nous appartient ensemble, ailleurs que chez nous, il devient possible de se rencontrer et de faire du mélange. Il forme un point de rencontre, d’influence des cultures différentes. On déconstruit alors des peurs, et on construit des compétences sociales. Nous fabriquons ainsi des communautés qui peuvent s’étendre.

Ces séjours ont permis pour les membres de notre collectif, de vivre des expériences positives autour de l’organisation concrètes du quotidien où chacun arrive à contribuer à son bon déroulement. Ces réussites collectives sont devenues un appui considérable pour retrouver confiance et assurance. Aujourd’hui nous arrivons à nous saisir d’opportunités d’auto financement pour nous donner les moyens de poursuivre ces projets de départ en vacances. Le mode d’organisation pour faire des gâteaux, servir dans un salon de thé, vendre des crêpes devant la médiathèque…. devient  plus efficace et respectueux des forces et des possibilités des unes et des autres. La relation s’intensifie entre certaines et certains, les personnalités s’affirment d’avantage. Ce cercle vertueux favorise des partages de réflexions plus élaborés et ouverts aux enjeux de notre société.

Ces expériences de projection, de construction et de départs concrets en vacances ont été  renouvelées régulièrement, également dans d’autres espaces, avec d’autres collectifs. Elles nous permettent aujourd’hui de nous sentir plus légitimes pour renforcer les rangs de tous ces amis qui cherchent à construire autrement. Nous  espérons ainsi contribuer à bâtir un horizon d’égalité et d’intérêt commun, de façon à améliorer les conditions de vie de tous et à retrouver notre dignité.                                                                                                                               Tout reste extrêmement fragile, dans tout ce que nous entreprenons, et risque de basculer à tout instant.  Cet un exercice périlleux qui demande attention, constance, vigilance, mais c’est la seule manière de rester debout et de se sentir vivant. Nous nous donnons les moyens de pouvoir encore espérer.

                                                                                        Josiane GUNTHER Avril 2019

Publié par Terrain D'entente dans Chanson, Vacances pour tous, 0 commentaire