Le projet Cité Educative, les besoins recensés à Tarentaise par Terrain d’Entente

  Nous sommes très inquiets de l’évolution de la situation des habitants du quartier depuis le premier confinement. La précarité s’aggrave pour de nombreuses familles qui cumulent des difficultés parfois insolubles. Les enfants et les jeunes en sont les premières victimes.

Dans le cadre du projet « cité éducative » il est prévu un accès à une grande diversité d’activités artistiques et culturelles sur ce territoire. Et nous nous questionnons sur l’accessibilité de ces différentes activités à tous les habitants du territoire.

Nous savons que de plus en plus de familles n’ont plus la possibilité d’inscrire leurs enfants ne serait-ce qu’au centre de loisir faute de moyens financiers (de plus en plus sont contraintes de monter des dossiers de surendettement pour assurer les besoins élémentaires, beaucoup font également la demande de colis alimentaires). Terrain d’Entente s’adresse en priorité à toutes ces familles qui ne sont plus inscrites, ou très peu,  dans les structures existantes.

Un exemple parmi bien d’autres: une dizaine de familles souhaitent inscrire leurs enfants à l’atelier chant/percussion qui était prévu pour les vacances de Février à la Comète. Le minimum de 20 euros demandé pour pouvoir y prétendre  représente pour toutes une sommes insoutenable.

 

Nous n’avons aucune connaissance du projet « cité éducative » dans sa globalité. Nous souhaitons attirer votre attention sur ce que nous comprenons des besoins et de ce qu’il nous parait urgent à mettre en oeuvre pour répondre aux enjeux éducatifs.

Bien sûr ces réflexions et constats, nous les faisons à partir de notre propre expérience. Nous pensons qu’il serait vraiment souhaitable de pouvoir approfondir le partage de nos expériences  avec les autres structures agissantes sur le quartier et avec les élus concernés.

 

Le soutien scolaire: depuis le dernier confinement du mois de Novembre, nous avons pu développer 3 temps pour accueillir les enfants d’âge primaire et les collégiens avec un nombre d’adultes conséquent et compétents pour assurer cette présence.  Le bilan actuel va bien au-delà de nos projections :

– Le nombre d’enfants présents est extraordinaire, il pourrait être encore plus important si nous communiquions davantage.

– En l’espace d’un mois nous avons noté des évolutions réelles pour plusieurs enfants qui ont repris confiance dans leur capacité et qui retrouvent du plaisir à apprendre. Ils fréquentent de manière assidue ces différents temps. Leur participation est active, ils développent de l’autonomie dans la gestion du travail scolaire et respectent les règles établies. De nombreux parents et certains enseignants ont fait des retours positifs sur l’évolution de leur comportement.

– La demande s’est intensifiée au fil des semaines, beaucoup trop d’enfants réclament ces temps d’accueil et nous n’avons pas les moyens matériels et humains pour faire face à toutes ces demandes. Nous ne sommes pas sûr de pouvoir maintenir ce rythme tout au long des semaines, ce que nous déplorons compte tenu de la demande et de ce que cette présence favorise.

– Il faudrait développer ces temps chaque jours de la semaine dans les différentes structures du quartier et prévoir des adultes qualifiés pour assurer cet accueil pour tous les enfants qui en ont besoin.

 

Présence après l’école: certains enfants ont besoin d’activités plus dynamiques quand ils ont terminé leur journée scolaire. Nous avons entrepris le Mardi soir après l’école un temps de présence sur l’espace Jean Ferrat pour assurer un temps d’initiation aux pratiques sportives (foot, vélo, rollers). Beaucoup d’enfants ne bénéficient  pas de pratique sportive régulière tout au long de l’année.

Nous sommes très volontaires pour nous saisir de ce qui est financé dans le cadre de cité éducative et participer aux différentes initiatives (Vélo en Quartier, Centre Explora, la Comète..) mais nous manquons de force pour assurer tous les liens et les accompagnements nécessaires.

Il faudrait assurer ce temps de présence après l’école chaque jours de la semaine et prévoir d’autres  initiations sportives et culturelles, sur d’autres espaces, avec d’autres équipes d’animateurs.

 

La difficultés récurrente des jeunes. Certains adolescents partent à la dérive. Ce constat est partagé avec le centre social,  l’amicale laïque et l’ACARS.

Beaucoup sont en difficulté scolaire et ne trouvent pas de sens à poursuivre des études, les orientation scolaires se font souvent par défaut. Ils expriment un vécu quotidien de « galère », des temps qui sont vides de sens. Ils sont confrontés parfois à un environnement violent, témoins ou victimes d’actes délinquants. L’absence de perspectives expose ces adolescents fragiles à la tentation de participer eux mêmes à des actes délictueux. Certains ont déjà connu des interpellations policières et ont un casier judiciaire, des évictions scolaires de longue durée. A 13 ans, beaucoup d’entre eux fument régulièrement du canabis et contribuent à sa diffusion.

Le manque d’activité et leurs difficultés à s’intégrer collectivement à l’extérieur du quartier est souvent manifesté. Certains n’ont aucune opportunité de rencontre, de découverte et d’échanges sur d’autres façons de vivre et de comprendre la réalité … Et ceci contribue à cet enfermement et cet isolement.

 

Les liens de confiance que nous avons construits avec eux tout au long de ces années, nous ont permis de nous ajuster à certains de leurs besoins.

Chaque Jeudi de 17h à 19h, nous ouvrons le café des ados. Ce temps de présence est l’occasion de prendre en compte les difficultés manifestées par ces jeunes et d’assurer des accompagnements indispensables pour régler avec eux des problèmes concrets. Cet accueil a lieu salle Descours, qui est une salle polyvalente à disposition de nombreuses associations.

Il est important qu’un espace dédié aux jeunes soit ouvert tout au long de la semaine et qu’un travail puisse être coordonné entre les différents acteurs du champ éducatif du territoire.

Nous avions entrepris des rencontres dans le cadre du foot à 7 qui permettaient à une dizaine de jeunes de se confronter avec d’autres équipes sur le département. Ces rencontres hebdomadaires sont l’occasion de renforcer le cadre éducatif de ces jeunes, de leur permettre de se confronter à d’autres réalités. L’éducateur du Babet réalisait un travail semblable.  Le nombre de jeunes en demande nécessite d’augmenter ces propositions de façon très conséquente.

Nous organisons également à partir du printemps des week end dans un espace partagé entre plusieurs collectifs pour réhabiliter un lieu destiné aux vacances d’été. Nous faisons chaque fois un bilan positif de ces expériences, avec les jeunes impliqués. Mais elles restent trop exceptionnelles pour apporter un réel bénéfice à ces jeunes « en galère ».  Il est également nécessaire de démultiplier ces opportunités de sortie du quartier, tout au long de l’année.

Nous faisons les mêmes constats positifs de nos séjours vacances et nous ne sommes pas en mesure de combler les besoins de tous les jeunes. Ce qui est proposé sur le territoire reste très insuffisant. Ces constats sont confirmés par plusieurs adultes habitants du territoire qui sont très inquiets de l’évolution des adolescents et des actes délictueux qu’ils commettent de plus en plus jeunes.

 

Beaucoup sont très en demande pour trouver de quoi se faire un petit pécule pour réaliser des projets. Les chantiers de l’ACARS existent et accueillent les jeunes qui en font la demande mais ils restent également très insuffisants pour répondre à tous. Le deal devient une solution pour beaucoup. Le Centre Rimbaud développe également ces propositions de chantier et déplore le manque de moyens pour faire face aux besoins.

Plusieurs aimeraient également faire des formations. Le BAFA intéressent certains mais le coût reste inaccessible pour tous ceux que nous connaissons. Il faudrait qu’ils puissent être encouragés financièrement dans leur démarche de formation.

 

Le soutien à la parentalité.

Nous nous adressons à des adultes dont les difficultés s’aggravent. Plusieurs développent des maladies chroniques, des dépressions. Nous nous efforçons, dans le cadre du café des femmes de développer des ateliers « bien être » de façon à favoriser des temps de ressourcement.  Nous sommes en lien avec la médiatrice santé qui souhaite soutenir cette démarche.  Nous sommes convaincus de contribuer ainsi à l’amélioration  du climat familial qui peut devenir tendu. Il est indispensable de construire des espaces de rencontre et de convivialité tout au long de la semaine, en direction des adultes.

Septembre 2021

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