Rapport d’activité 2019/2020

                             Rapport d’activité Terrain d’Entente 12 Septembre 2020

Une année impactée par la COVID19! 

Le confinement, l’école à la maison, le prix des produits de première nécessité qui  explose, des pères et des mères qui doivent poursuivre leur travail: remplir les rayons des super marchés, assurer le ménage et la désinfection des locaux, se rendre auprès de nos aînés pour en prendre soin, la peur de la contagion, les sorties sous contrainte, la police qui distribue des amendes à certains, des deuils qui ne peuvent pas se vivre pleinement, la reprise de notre vie sociale sous condition avec des services administratifs toujours plus inaccessibles, des trajectoires de vie bloquée par des documents qui semblent impossibles à obtenir . 

Une fois de plus, une fois de trop pour beaucoup, de dramatiques conséquences pour ceux qui sont placés  au plus bas de nos préoccupations sociales. Et nous sommes en incapacité d’en mesurer toutes les conséquences sur le long terme.

« Chaque jour les devoirs tombent comme de la grêle » (sic)

Durant cette longue période de confinement,  nous avons été témoins de la souffrance de nombreux enfants et jeunes, et de leurs parents face à l’impossibilité de répondre à la commande de l’école. La souffrance et l’angoisse d’avoir une fois de plus à renoncer, à s’avouer vaincu et à redouter les conséquences de ce nouvel échec pour leur devenir. 

Alors nous avons continué à faire ce qui nous mobilise depuis toujours: rester « présent », accorder beaucoup d’attention à ce qui se manifeste, pour tenter d’y apporter des réponses.  

Nous nous sommes battus ensemble, la Fondation Abbé Pierre nous a soutenu, nous avons trouvé les ordinateurs qui manquaient, nous avons proposé des rendez vous aux enfants, à plusieurs reprises, pour assurer des échanges de jeux, de livres…. Nous n’étions pas seuls. Plusieurs agents de la médiathèque ont recherché des livres, album, BD et nous les ont donné, certains ont proposé aussi des rendez vous téléphoniques aux enfants pour leur raconter des histoires, des brigades de solidarité se sont organisées pour récolter des dons et nous ont rejoint pour faciliter nos distributions de jeux….Nous avons pu bénéficier de dons de masques réalisés par des couturiers, nous avons pu en fabriquer avec le Babet.

Avec plusieurs membres de notre collectif, nous avons repéré ceux pour lesquels la situation devenait dramatique pour apporter un petit soutien financier. De nombreux membres de la communauté musulmane se sont organisés tout au long de cette période pour offrir des repas chauds, des produits de premières nécessité à tous ceux qui en manifestaient le besoin

Nous avons également assurer les courses de ceux qui avaient le plus de difficulté à se déplacer avec l’aide de quelques jeunes du quartier!

A ce jour encore, tout semble conditionné par la présence de ce virus, la vie ne semble pas pouvoir reprendre son cours habituel. Dans ce contexte d’urgence sanitaire, il nous faut réinventer d’autres façon de faire et de se retrouver collectivement. Nous souhaitons maintenir ce qui fait sens pour nous: la co construction collective de notre environnement, de la vie du groupe. Et créer ensemble un espace sécurisant où les interactions restent possibles, où il est possible de vivre du collectif. 

Tout ceci ne peut se réaliser que dans la relation, le dialogue, et les ajustements permanents.  Nous ne voulons pas oublier les besoins et les droits des enfants. Le droit de jouer, de parler entre eux, d’exprimer leurs émotions, de manipuler des objets. Leur bien être psychique est aujourd’hui, notre principale préoccupation.  Nous nous efforçons de leur transmettre des attitudes de précaution respectueuses des personnes les plus vulnérables. Ils doivent comprendre leur responsabilité dans la possibilité de transmission du virus. Plutôt que d’inspirer de la peur et de la culpabilité, nous souhaitons nous engager ensemble dans l’apprentissage  de « prendre soin les uns des autres ». Nous réfléchissons en terme de « gestes de protection ». 

Quels enseignements pouvons nous retirer de cette nouvelle réalité qui s’impose? En quoi notre démarche et notre pratique apporte-t-elle des ouvertures?

Les pratiques de la pédagogie sociale interrogent les formes conventionnelles de l’intervention sociale, elles remettent en question les manières de faire et de penser « qui vont de soi ». 

 Les pédagogues tels que Yanusz Korcazk, Célestin Freinet et Paulo Freire ont développé une pédagogie de la proximité, de la réciprocité, de l’amitié. 

La proximité qui rend possible des relations intimes, pour mieux saisir ce qui se joue dans telle ou telle situation. Cette connaissance des réalités quotidiennes permet de proposer des actions qui ne reposent pas sur des représentations ou des préjugés. Plus on est proche, plus on est dans l’action parce qu’on se sent concerné par ce qui se manifeste. 

La proximité est une nécessité pour attraper la réalité. La mise à distance est une sorte de cercle vicieux qui, partant de l’ignorance, génère de la méfiance, renforce les préjugés, consolide l’éloignement et à nouveau les mal entendus, les incompréhensions.  

 Les relations qui se tissent ainsi permettent de se laisser toucher par les évènements du quotidien, et de laisser la place  à la réciprocité. On évite ainsi que se développe une mésestime de soi pour ceux qui n’ont jamais l’occasion de donner en échange. 

L’objectif est toujours d’agrandir les espaces vécus, multiplier les expériences, les liaisons, de développer une disposition à accueillir la nouveauté

 Il nous faut plonger dans la réalité de l’autre et accepter d’être « étranger » à cette réalité. Il est nécessaire de sortir d’une certaine zone de confort où on ne sait pas, où on ne comprend pas tout. On saisi alors un peu ce qui est   ressenti par tous ceux qui  passent les portes des institutions, confrontés à ce sentiment d’étrangeté, d’incompréhension des codes, du langage, des procédures.

En pédagogie sociale, ce schéma se trouve bouleversé puisque ce sont les familles qui accueillent

Notre société est segmentée, alors nous voulons développer des opportunités de rencontre avec tous, de façon à sortir de l’enfermement qui distille de la peur, des préjugés. Sortir de l’idéologie de séparation qui provoque toujours plus de discrimination. Face à la montée de l’individu, la réponse est dans le collectif qui est la seule manière de remettre en question  culturellement ces conceptions.

Nous voulons retrouver une dynamique d’éducation populaire où nous prenons, ensemble, en main des réalités qui nous concernent tous, et envisager les questions en terme d’ouverture, d’échanges, de manière à reconstruire le tissu social, des liens d’entraide. 

Nous voulons surtout mettre en évidence le profond délitement de notre organisation sociale qui ne sait plus prendre en compte les aspirations de tous ceux qui sont le plus impactés par ce système toujours plus inégalitaire, injuste, violent. Un système qui abandonne tous ceux qui souhaitent par dessus tout faire partie intégrante de la société et y apporter leur contribution. 

N’oublions pas cet élan d’enthousiasme aux premiers jours du confinement. Très paradoxalement, malgré la conscience d’avoir à traverser une « catastrophe », à Terrain d’Entente, nous avions le sentiment, en acceptant de bonne grâce cette lourde réduction de nos libertés, de participer à cet effort collectif commun. Nous trouvions enfin notre place dans cette épreuve qui nous concernait tous. Nous étions « comme tout le monde » (sic). 

Nous devenions un peu égaux!

Chaque année, nous développons des activités qui font sens pour notre collectif, qui partent des aspirations, des envies. Chaque année de nouvelles activités s’additionnent aux précédentes qui sont devenues pérennes.

 C’est à la fois enthousiasmant de comprendre que les possibilités de réaliser des choses ensemble sont illimitées et même permettent de s’accroître et de s’amplifier dans une logique de cercle vertueux. Plus on réalise des choses qui aboutissent et plus on développe de capacités pour en développer d’autres avec toujours plus de finesse dans notre perception du réel, donc plus en adéquation avec lui. 

Mais on peut également céder à la panique face à l’ampleur de la tâche, l’ampleur des difficultés.

Notre  société s’est développée de façon tellement  inégalitaire que certains que d’entre nous en sont impactés jusque dans leur identité. Beaucoup de ceux qui se retrouvent avec des ressources trop limitées, sans emploi, sans formation, sans accompagnement développent un sentiment de honte. La honte de ne pas pouvoir subvenir à ses propres besoins, le sentiment d’indignité d’avoir à demander de l’aide.

Comment sortir d’une situation de victimes de la violence sociale pour construire les solidarités concrètes, reprendre en main nos conditions de vie pour une vie plus digne, où chacun se sent partie prenante ?

La précarité est un vécu si contraignant que la tendance pour une personne qui la subit est de renoncer à des besoins fondamentaux comme l’alimentation de qualité, l’accès à la santé, à la culture…

Cette situation, où les familles renoncent, abandonnent leur propre devenir, nous en rencontrons toujours plus. Une forme d’usure à devoir toujours se battre, se justifier, à ne pas se sentir compris et pris en compte dans les difficultés. Une forme d’usure à devoir toujours demander et attendre une réponse qui ne vient jamais. Une forme d’usure devant la complexité des démarches administratives où le numérique tend à remplacer dans toutes les administrations la possibilité de rencontrer et de s’expliquer devant une personne. L’usure d’avoir toujours à supporter et subir l’indifférence.

Cette forme d’abandon, nous en sommes témoins pour des situations très diverses mais qui chaque fois sont très préjudiciables pour le devenir des familles. Pour ce qui concerne les orientations scolaires, où le fonctionnement des établissements  est complètement étranger à la compréhension de certaines familles ; pour ce qui concerne des retards de prestations de différents services administratifs où les agents sont injoignables ; pour ce qui concerne des conditions de travail dégradantes, qui mettent à mal les corps et remettent en question les perspectives de travail, ou des recherches de travail qui n’aboutissent pas…..

Ce qui peut caractériser au mieux Terrain d’Entente c’est cette volonté de ne pas renoncer face à une situation difficile, et de chercher sans relâche des solutions. Il nous faut accepter de ne pas savoir, de n’avoir aucune perspective, de bricoler, de se tromper et de continuer à chercher. Ce que nous proscrivons par dessus tout c’est l’exclusion de quoi que ce soit et de qui que ce soit. Exclure quelqu’un c’est lui assurer sa mort sociale. Le danger qui nous menace tous c’est le déni de ce qui se manifeste. dans la société  A Terrain d’Entente, nous nous efforçons d’accepter de tout voir et de tout entendre et de le prendre en compte. Chaque fois que possible, nous rendons visible ce qui est caché pour que la situation telle qu’elle est vécue par les familles soit prise en compte.                                                                                                   Ce qui peut aussi nous caractériser c’est la chance de pouvoir nous appuyer sur les ressources immenses que nous découvrons années après années. Cette façon de se saisir des petites ouvertures pour ré enchanter le quotidien. « Les jeux que vous avez distribués pendant le confinement nous ont permis de partager des soirées tous ensemble. C’est la première fois que mes enfants jouaient avec leur père! Si ça continue, on n’aura plus besoin d’allumer la télévision! »…. »Avec les beaux livres, ma fille a fait régulièrement la lecture à ses petits frères, elle a beaucoup progressé. Il faudra que je pense à acheter une bibliothèque!!! » Cette capacité à ressentir l’impact de nos expériences et à y prendre appui.  » Avec le démarrage de la rentrée, on sent qu’on est prêt. La sortie à la ferme nous a permis de prendre beaucoup d’énergie dans la nature, sa force. Le chien qui court, qui court après les moutons… c’est un animal mais il fait son métier. C’est ça la force, chacun a sa place ». Cette capacité à s’investir concrètement dans les actions et finalement devenir pédagogue social. » J’ai participé aux deux séjours à Montmiral en tant que membre de l’équipe. Les craintes, les à prioris que j’avais vis à vis de certains enfants, ce sont tous révélés faut. Ce sont ceux qui ont été le plus attentifs. De sortir de Tarentaize, ça les apaise. Ils n’ont pas à jouer un rôle, à tenir une image, à vouloir paraître plus grands.  Ils peuvent réaliser tranquillement leur âge réel, et jouer comme des enfants qu’ils sont. On est plus dans des rapports où on s’autorise à être soi même ». Et surtout, surtout cette impressionnante solidarité où tout un quartier se mobilise pour soutenir une voisine qui vient de perdre sa mère et qui ne pourra pas lui rendre hommage pour son dernier voyage. L’état d’urgence sanitaire interdisant toute sortie du territoire. Et ces copains qui rendent visite chaque jour à ce garçon immobilisé par un plâtre. Des enfants accueillis par sa famille comme s’ils étaient chez eux! Etc, etc…..  

Les dynamiques que nous avons engagé sur le quartier permettent d’affirmer qu’il est indispensable d’aller à la rencontre des gens, d’être présents sur les territoires pour rendre possible des actions transformatrices

Nous travaillons pour faire en sorte que les familles des milieux  populaires soient reconnues dans leur dignité. La dignité de ce qu’elles sont, de ce qu’elles produisent dans la société. Au milieu de difficultés de plus en plus importantes, les familles populaires produisent un énorme travail quotidien pour tenir, pour faire vivre ou survivre la famille, élever les enfants, pour assurer des solidarités malgré les tensions dans la vie sociale du quartier. Sans ce travail le tissus social serait bien plus dégradé

Les actions collectives permettent  de régler des problèmes concrets, rendent possible certaines choses. Elles sont l’occasion de développer pleins de savoirs et surtout mettent en évidence des savoirs qui ne sont  pris en compte nulle part. Ensemble on sort de l’impuissance. Nous retrouvons le sens, l’envie et l’énergie de réaliser certaines choses. 

Beaucoup d’enfants ont très peu accès aux loisirs, au sport, très peu partent en vacances chaque année. Et nous voulons justement, que tous les enfants puissent bénéficier de tous ces espaces qui sont source d’épanouissement, pour permettre à chacun d’entre eux de se réaliser au mieux de leur potentiel. Nous nous efforçons de construire une communauté éducative, avec tous les acteurs du champ éducatif du territoire, les parents, de façon à ce que chacun se sente impliqué, engagé, à égalité, pour assurer de manière effective, notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants.

A force de tâtonnements, on trouve parfois des issues. Elles restent aujourd’hui extrêmement fragiles et incertaines. Voici les plus emblématiques

Avec les ados: Nous recherchons à diversifier les sources d’épanouissement et des expériences qui font sens pour ces jeunes en « galère »

Depuis Avril 2019, à leur demande, nous avons ouvert un café des ados le jeudi de 17h30 à 19h30. Garçons et filles, de 15 à 17 ans se retrouvent.  Ces rencontres permettent d’élaborer ensemble des projets, d’identifier ensemble des difficultés, d’ouvrir d’autres espaces en se saisissant du tissu associatif local: la médiathèque, vélo en quartier, des club  sportifs, la Bricoleuse 

Des week-end à Champoly sont organisés tout au long de l’année, sous forme de chantiers participatifs pour restaurer ce lieu « la Maison du Peuple » qui appartient à plusieurs collectifs. Un lieu qui souhaite rassembler le plus largement possible les collectifs d’individus qui s’efforcent de créer entre tous des rapports d’égalité et de solidarité. Des occasions de partager des temps où se croisent des personnes qui ne vivent pas les mêmes réalités 

Le foot à 7 proposé par la FSGT2 : très peu de ceux qui fréquentent notre association sont licenciés ou pratiquent le foot en club Nous constatons pour un nombre significatif de ces jeunes une réelle évolution tout au long de ces années sur le respect des règles et des autres, sur la capacité à accepter dans les équipes des jeunes de moins bonne condition physique, et nous voulons l’encourager.

Dès le mois de juin 2019, nous avons recensé une quinzaine de jeunes motivés à participer à ce projet. Deux pédagogues ont accompagné ce groupe (démarches administratives, règlement des licences, rapport avec la FSGT, achat des équipements,  temps de régulation)

La rencontre avec Rimbaud: Nous venons de construire un partenariat avec l’association Rimbaud, centre spécialisé dans l’addictologie  et nous allons construire des temps de rencontre en direction des parents et des jeunes

Beaucoup de jeunes dès 13 ans fument régulièrement du cannabis, contribuent à sa diffusion. Ils sont en échec scolaire, et ne trouvent pas de sens à poursuivre des études, leur orientation reste très compliquée.

Ils expriment un vécu quotidien de « galère », des temps qui sont vides de sens. Ils sont confrontés parfois à un environnement violent, témoins ou victimes d’actes délinquants. L’absence de perspectives expose ces adolescents fragiles à la tentation de participer eux mêmes à des actes délictueux. Certains ont déjà connu des interpellations policières et ont un casier judiciaire, des évictions scolaires de longue durée. leurs parents sont complètement démunis. Le manque d’activité et leurs difficultés à s’intégrer collectivement à l’extérieur du quartier est souvent manifesté. Certains n’ont aucune opportunité de rencontre, de découverte et d’échanges sur d’autres façons de vivre et de comprendre la réalité  Et ceci contribue à cet enfermement et cet isolement. 

Un projet se construit pour la rentrée de Septembre pour soutenir ces ados et rechercher avec eux d’autres issues à leur mal être, leur offrir un espace d’accueil ui soit le plus ouvert et le plus libre. (Possibilité de participer à des chantiers rémunérés, encadrés par des éducateurs de Rimbaud. Présence de ces adultes au café des ados en fonction des demandes).

Les enfants qui continuent à manifester leur souffrance d’écoliers. Le sport: reste un puissant vecteur de prise de confiance en soi, en l’autre et une source de compréhension du sens des règles de vivre ensemble. (Travail en partenariat avec Sport Autrement l’Ecole de Rugby du RCSE). Après le confinement nous avons pu consolider nos liens avec « Vélo en quartier » et OCIVELO.  Des vélos ont pu être fournis, réparés, des sorties se sont mises en place avec la contribution de pères de famille. La Librairie Croquelinotte nous accueille les mercredis après midis pour des temps de lecture, des enseignants s’engagent à nos côtés; une convention vient d’être signée avec la médiathèque, pour développer ce projet autour du livre. Le soutien scolaire avec une équipe de bénévoles le samedi matin.

Ouverture d’un labo de co éducation proposé pour cette nouvelle rentrée, avec la contribution de Frédérique Jésu, ancien pédopsychiatre de service public impliqué dans le champ des politiques sociales, familiales et éducatives, auteur de plusieurs  livres entre autre: « Co éduquer: pour un développement social durable« et de Catherine Hurtig Delattre, autrice du livre: « la coéducation à l’école, c’est possible » qui rapporte une expérience de 30 années d’ouverture de l’école aux familles et aux associations. Le projet affiché de la « continuité pédagogique », durant la période de confinement a mis à mal des  familles et des enseignants. Il aurait dû être question de « continuité éducative » et engager alors de nombreuses institutions. L’absence totale de coordination entre les différents secteurs de l’éducation, leur cloisonnement, leur isolement ont paralysé les initiatives. 
Cette expérience confirme le caractère indispensable de la mise en place d’espaces communs pour assurer la continuité éducative, notamment en direction des familles les plus marquées par la précarité.
Le manque de sens donné aux apprentissages est apparu tout particulièrement dans ces moments « d’école à la maison ». L’école enseigne des savoirs construits dans  la logique des disciplines scolaires. Sont-ils suffisamment appuyés sur le monde réel et pensés pour contribuer aux évolutions de ce monde et à ses transformations indispensables?

De quoi a besoin un enfant durant sa vie éveillée pour rentrer dans les apprentissages?  Quel intérêt pour les uns et les autres cette mise en commun, pour assurer l’éducation et les meilleures conditions d’apprentissages des enfants?  Comment offrir à chaque enfant « une éducation au monde« , et se saisir de tout ce qu’il y a alentour de disponible pour produire de l’éducation? Offrir les conditions les plus favorables à la découverte. 

A partir de la méthode d’élaboration de projets, avec des personnes impliquées dans les vie de l’enfant. Après avoir identifié tous ensemble des questions, des groupes de paires seront mis en place pour échanger sur les mêmes questions en fonction des expériences. Une mise en commun se fera régulièrement pour mettre en évidence les points de convergence/de divergence

Les femmes: le café des femmes, les ateliers beauté, bien être, se poursuivent avec la présence régulière de Latifa

Des évènements marquants: la fête de fin d’année

Pour le 31 Décembre 2019, 3 membres du CA ont souhaité organiser une fête de quartier qui concernerait notamment les personnes les plus isolées. Ce projet ayant été validé par une réunion du CA, ces trois personnes ont présenté ce projet aux membres responsables du Fond de Participation des Habitants (FPH)  en justifiant un devis qui mettait en évidence les différents postes de dépenses (un financement dédié aux habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville). Elles ont obtenu le budget nécessaire pour assurer l’ensemble des frais occasionnés pour cette fête. Elles se sont ensuite réparties les différentes démarches ( achats, réservation de la cuisine du centre social, de la salle des fêtes, organisation du repas et de l’animation). Elles ont fait une proposition aux personnes présentes au café des femmes après avoir sollicité l’ensemble des familles que nous connaissons. Cette rencontre a permis de solliciter le nombre de personnes nécessaires pour assurer toute l’organisation de cette journée. (Nettoyage et décoration de la salle, préparation du repas, service des plats durant la journée, nettoyage de la salle le lendemain…..). Elles ont également solliciter les membres de l’équipe pour assurer l’animation des enfants durant l’après midi. 

 La journée internationale des droits des femmes.    

Une première sur le quartier Beaubrun/Tarentaize ! Les femmes ont occupé l’espace public. Plusieurs adhérentes de Terrain d’Entente ont souhaité répondre à l’invitation du centre social  du Babet, à nous manifester ensemble dehors. Elles se sont donc investies durant plusieurs semaines, à la préparation de cette journée qui rassemblait une vingtaine d’associations du quartier. Ces femmes qui participent depuis plusieurs années à notre collectif ont souhaité que notre manifestation publique soit caractéristique de ce que nous savons développer toutes ensemble : l’attention que nous accordons collectivement aux enfants et les rendez vous hebdomadaires qui rassemblent les femmes du quartier. Le « café des femmes » qui a lieu tous les vendredis après midis au Babet a été ouvert à tous, sur l’espace public. Nous avons également proposé des ateliers (Kapla et activité manuelle pour les enfants, Tatouages au henné et tresses pour tous, à prix libre !, Notre livre « la voix-e des femmes » était en vente) 

                                               

Le projet VRAC

L’objectif est de réduire les inégalités face à l’alimentation, un acte vital et quotidien, tout en répondant aux enjeux environnementaux actuels. Le coût de la nourriture reste une préoccupation permanente des familles; Il est très fréquent que les foyers renoncent à une alimentation de qualité par manque de moyens financiers.

En passant par le groupement d’achat, l’association VRAC souhaite donner du choix aux habitants en leur offrant la possibilité de se réunir pour commander des produits de qualité, à prix coûtants. Il s’agit de s’appuyer sur les dynamiques de collectifs déjà engagés dans la distribution des produits issus de l’agriculture paysanne locale et sur les structures de proximité de façon à mutualiser les ressources et faire converger les enjeux. 

Cette démarche ne deviendra réellement soutenable que si nous posons d’emblée la question financière pour les ménages et la rétribution juste des agriculteurs.

Dans différents espaces de réflexion, et de réalisations concrètes de solutions alternatives, on envisage cette question sous l’angle de la sécurité sociale alimentaire, pour l’accès de tous à une alimentation saine et locale en tournant le dos aux différentes formes d’aides alimentaires humiliantes.

La biennale de TRACES:

Nous renouvelons notre participation à ces différents évènements Régionaux qui rappellent notre responsabilité collective dans l’accueil de tous ceux qui demandent accueil et protection. Nous allons assurer une animation à partir de lectures de notre livre « la voix-e des femmes » Il rapporte des témoignages de femmes. Elles ont analysé avec authenticité ce que notre collectif représentait dans leur existence, en quoi il était source d’émancipation et de transformation dans leur environnement. 

Le théâtre forum 

C’est une invitation pour chacun d’entre nous à ne plus rester impuissant face à ce qui nous accable, et prendre conscience qu’il peut être possible de ne plus subir. Il propose de mettre en scène des situations vécues comme injustes, discriminantes, des petites tranches de vie qui font écho en nous, qu’on s’y reconnaisse ou bien qu’on s’en  indigne. L’objectif est de réfléchir à la meilleure façon de transformer ces situations injustes. En créant un cadre, un espace de réflexion, un petit laboratoire d’expérimentation, nous pouvons rechercher le rôle que nous avons à jouer, et réaliser qu’il nous reste une partie de responsabilité donc une possibilité d’agir pour résoudre les problèmes.

A Terrain d’Entente, nous cherchons collectivement  des réponses à toutes ces situations d’injustice et d’inégalité pour qu’elles ne nous écrasent plus, pour ne plus les subir. 

La meilleure façon de tenter de sortir de ces impasses, c’est de donner la parole à ceux qui ne l’ont jamais, et d’inventer des formes de manifestations qui rassemblent

Nous avons fait une belle rencontre en Octobre 2019, avec une petite troupe de théâtre les « Fées Rosses ». Des femmes et des enfants, des comédiennes et des amateurs qui proposent des animations avec la technique du « Théâtre Forum ». Et début Juillet, nous avons bénéficié d’un petit temps de formation durant trois jours. L’Amicale de Tardy nous a, une fois de plus, ouvert chaleureusement sa porte et son théâtre! Ces femmes restent en permanence envahies de préoccupations multiples pour tenter de préserver un cadre de vie qui réponde aux besoins de tous les membres de la famille. Plusieurs d’entre elles ont du renoncer à s’investir sur les trois journées complètes. Certaines n’ont pas pu y participer. Celles qui nous ont rejoint en cour ont su investir ce temps et l’enrichir de leur expérience.

 « Personnellement j’ai approuvé ce travail j’ai dis même que je me sentais mieux dans ma peau de savoir que ça n’arrive pas qu’à nous et surtout de pas baisser les bras et de se battre pour ce que nous trouvons juste et que vraiment l’union fait la force ».

Les vacances.

Cet été 2020 a été particulièrement prolifique en sorties, et le nombre des personnes qui ont participé a triplé. Nous le devons au soutien très conséquent de la Fondation Abbé Pierre, qui a reconnu avec nous la nécessité de rendre possible des espaces de ressourcement à toutes ces familles qui ont été les premières impactées par la longue période de confinement, à la participation du CDAFAL avec les chèques vacances. Il était indispensable que chacun puisse se restaurer. 

Nous le devons au dynamisme et à la créativité  de chaque membre de l’équipe, qui s’est enrichie de nouveaux membres. 

Nous le devons à la participation très efficace d’un nombre d’adhérents qui augmente d’années en années. Notre « commission vacances » s’est poursuivie pendant le confinement sous forme de réunion téléphonique, avec la présence constante de membres du CA. Cette commission  a permis d’établir un budget à partir des projets qui partaient des aspirations manifestées et de ce contexte particulier où il ne serait pas possible de sortir du territoire. Les inscriptions aux différentes sorties se sont déroulées chaque fois en présence de membres du CA. L’une d’entre elle a permis à plusieurs familles, particulièrement démunies de rejoindre et d’intégrer notre collectif. « Il faut vivre des choses ensemble si on veut apprendre à se connaître » (sic)

Une autre a pris la fonction d’animatrice durant certains séjours, elle fait aujourd’hui partie intégrante de l’équipe. (cf. »le journal de l’été 2020) 

En plus de nos temps de présence sur le terrain tout au long de ces deux mois d’été, avec l’organisation de moments exceptionnels: des jeux Olympiques (organisés par des adolescents avec le soutien de l’équipe)un grand pic nique en familles, différents barbecues avec les jeunes, nous avons pu partager:

3 Séjours familles à Retournac

Qui ont concernés10 familles, soit 12 adultes, 4 Ado, 20 enfants

1 séjour familles à Champoly

Qui a concerné 5 familles, soit 5 adultes, 2 ado, 14 enfants

2 séjours enfants/collégiens à Montmiral

Qui ont concerné 28 enfants et collégiens

5 séjours jeunes à Champoly 

Qui ont concernés18 jeunes 

5 sorties natures jeunes

Qui ont concerné 30 jeunes

5 sorties natures familles

Qui ont concerné 50 familles

Des sorties vélo à partir du mois de Mai

Qui ont concerné 30 enfants

Une initiation de 3 jours au théâtre forum

Qui a concerné 13 femmes et une petite fille

Pour que ces différents engagements puissent aboutir nous avons du employer 6 personnes pour compléter notre équipe.

Le travail de toutes ces années se traduit, aujourd’hui, dans  l’organisation de notre collectif, par l’implication et la prise de responsabilité des femmes, des enfants et des jeunes  du quartier qui prennent les initiatives que nous tenons tous ensemble.

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