Rapport moral 2020/2021
Quels enseignements tirons nous de nos 10 années de présence sur le quartier de Tarentaize?
Depuis toute cette période, nous nous adressons en priorité, à ceux qui sont très peu représentés dans les structures du quartier, ni dans les réseaux qui s’efforcent de construire des démarches alternatives pour répondre aux enjeux environnementaux et sociaux. Toutes ces familles dont les difficultés, et les aspirations ne sont pas suffisamment prises en compte.
Notre démarche volontaire d’aller à la rencontre des habitants, de faire toujours le premier pas, nous a permis de construire une relation solide et fiable.
Notre effort permanent pour tenter de comprendre comment le quotidien est vécu par les familles permet de libérer la parole. Pour tenter de comprendre au mieux, nous devons accepter d’être déstabilisé, de sortir de nos cadres de référence, de l’environnement qui nous a construit. C’est de cela qu’il est question quand on décide d’aller à la rencontre des gens.
Chercher et accepter de nous tromper, tirer des enseignements de nos erreurs et chaque fois comprendre de manière plus ajustée ce qui est en jeu, ce que développent les injustices et tous les rapports inégalitaires dans le quotidien des familles.
C’est le sens que nous donnons à la notion « d’éducation populaire ». Nous ne pouvons comprendre que ce sur quoi nous agissons ensemble, avec ceux qui ont une réelle connaissance des rapports inégalitaires parce qu’ils les subissent.
Nous tentons de rendre visible ce qui est caché et de créer une dynamique collective pour régler des problèmes concrets.
La précarité ce n’est pas seulement l’absence de ressource. C’est l’enfermement sur un territoire. La plupart des familles vivent dans des logements surpeuplés: on vit à 4 dans un T2, à 8 dans un T5…
La précarité, c’est souvent le délitement du lien social. Parler de ses problèmes c’est la honte et la peur d’être jugé. On se sent indigne, on s’isole, on se décourage puis on renonce. On renonce à des choses essentielles, comme des démarches pour faire valoir des droits.
La précarité, c’est l’absence de perspective d’avenir et la peur que demain soit pire encore.
Mais nous sommes aussi témoins de tous ceux qui développent une « âme de guerrier » et qui se battent envers et contre tout. Ils construisent des relations d’entraide, ils développent leur talent. Ils s’investissent dans des collectifs.
« Nous les galères c’est tous les jours, on sait faire avec ».
Il est nécessaire de développer des ressources inouïes pour ne pas renoncer, pour tout affronter, assumer tous les coups. Certaines femmes expliquent qu’elles ont pris le parti de rire de leurs galères « pour ne pas devenir folle ».
La dynamique du collectif redonne l’énergie et l’envie à beaucoup.
La dynamique collective se crée à partir du moment où on sait aller à la rencontre des gens, où on assure des temps de présence réguliers et fiables, où on est attentif à ce qui se manifeste, où on fait l’effort de comprendre ce qui se vit au quotidien pour ces familles.
Dans ces conditions là, les gens sortent de chez eux, s’organisent, réalisent des projets.
A force de mieux comprendre ce qui est en jeu, toutes ces questions deviennent nos affaires. A partir de cette implication on arrive à construire des actions qui transforment les relations, et les personnes. Un premier pas vers l’émancipation.
Le travail de toutes ces années se traduit, aujourd’hui, dans l’organisation de notre collectif, par l’implication et la prise de responsabilité des femmes, des enfants et des jeunes du quartier qui prennent les initiatives que nous tenons tous ensemble.
Une expérience micro locale pleine de richesses, émancipatrice, mais qui ne peut pas devenir transformatrice.
Plusieurs vivent des situations de plus en plus difficiles: avec des surendettement conséquents, la manifestation de maladies chroniques, des dépressions, et des jeunes qui partent à la dérive.
Il est indispensable de mettre en évidence que les difficultés que subissent ces familles sont le résultat des orientations de nos politiques depuis de nombreuses décennies. Avec le chômage de masse, la casse des services publics, le non accès aux droits fondamentaux, un échec scolaire important, le cloisonnement des espaces sociaux où on ne se rencontre plus nulle part dans notre diversité.
Les personnes qui traversent des difficultés multiples n’ont pas suffisamment de disponibilité mentale pour participer aux différents projets menés sur ces questions qui sont les leurs, et ne se sentent souvent pas légitimes pour s’investir dans des espaces qu’elles ne fréquentent jamais. Il est indispensable de sortir de nos tendances à l’entre soi parce que c’est la seule façon de mieux appréhender la réalité dans ses aspect les plus divers et d’agir de manière adaptée. Les questions d’environnement, d’alimentation, de santé sont nos affaires à tous. Il est indispensable de prendre en compte le point de vue de ceux qui subissent toutes les précarités. Et qu’ils puissent contribuer à la mise en route d’alternatives. Nous avons besoin de leur expertise.
Il faut sortir de l’isolement, s’engager avec d’autres collectifs pour croiser des centres d’intérêt et des préoccupations. Ces questions de précarité doivent être posées à l’ensemble de la société, en terme d’inégalités des droits, d’injustice.
Notre société est segmentée, alors nous voulons développer des opportunités de rencontre avec tous, de façon à sortir de l’enfermement qui distille de la peur, des préjugés. Sortir de l’idéologie de séparation qui provoque toujours plus de discrimination. Face à la montée de l’individu, la réponse est dans le collectif qui est la seule manière de remettre en question culturellement ces conceptions.
Nous retrouvons cette dynamique d’éducation populaire où nous prenons, ensemble, en main des réalités qui nous concernent tous, pour envisager les questions en terme d’ouverture, d’échanges, de manière à reconstruire le tissu social, des liens d’entraide.
Nous voulons surtout mettre en évidence le profond délitement de notre organisation sociale qui ne sait plus prendre en compte les aspirations de tous ceux qui sont le plus impactés par ce système toujours plus inégalitaire, injuste, violent. Un système qui abandonne tous ceux qui souhaitent par dessus tout faire partie intégrante de la société et y apporter leur contribution.
Rapport d’activité 202/2021
I – L’engagement au sein de collectifs. Terrain d’Entente est à l’initiative de la création de collectifs sur des problèmes de société qui nous semblent essentiels.
1 – L’accès aux vacances pour tous.
Depuis toutes ces années, nous nous confrontons à une difficulté majeure pour les familles, celle de ne pas pouvoir offrir de vacances à leurs enfants.
Ne pas pouvoir partir en vacances constitue une réel préjudice pour les enfants, comme pour les adultes. Cet enfermement sur le quartier provoque des tensions entre les habitants, un ennui considérable pour les enfants. Ils évoquent leur stratégie pour que la journée passe plus vite, ils s’endorment très tard pour se réveiller le plus tard possible dans l’après midi, de façon à ce que la journée passe plus vite. Sur le terrain nos temps de partage deviennent plus difficiles, les enfants perdent peu à peu le ressort de l’envie, à force de vivre cet ennui sur de longues périodes de l’été. Avec certains, nous n’arrivons plus à les entraîner dans nos jeux, la relation devient plus problématique.
Certaines familles n’ont aucun lieu de ressourcement, aucune opportunité de rencontre, de découverte et d’échanges sur d’autres façons de vivre et de comprendre la réalité …
Ce qui contribue d’autant à cet enfermement et cet isolement où on n’ose plus sortir de chez soi.
Nous souhaitons retrouver tous ensemble le sens des départs en vacances: la découverte d’autres espaces qui ressourcent, la rencontre de l’autre, différent de soi. Dans cette société qui se segmente, le temps des vacances peut être l’occasion de construire d’autres relations humaines. Cette aspiration concerne de plus en plus de monde, au delà des familles des milieux populaires.
Nous souhaitons envisager des vacances en terme d’ouverture, d’échanges, de manière à reconstruire le tissu social, des liens d’entraide.
Organisation de l’été 2021.
Malgré un financement pas suffisamment conséquent, la commission vacances (constituée de salariés, de bénévoles et d’adhérents) a décidé de poursuivre la dynamique engagée l’été dernier, considérant l’impact positif pour les familles et pour les relations interpersonnelles.
Les séjours familles: Nous avons partagé deux séjours avec des amis scouts qui ont initié les enfants aux plaisirs de vivre au plus près de la nature et d’y apprécier ses ressources. Ils ont concerné 10 familles dont 26 enfants.
Le premier séjour a été vécu comme une évidence que ces partages de culture, cette rencontre avec l’altérité étaient un vrai bénéfice pour nous tous « c’est le pays que j’ai envie d’habiter! » (sic une amie scout).
Les difficultés traversées pendant le second séjour nous ont permis de réfléchir à nos limites et à la meilleure façon de les dépasser. Ce qui nous vaut la chance d’accueillir dans notre collectif, deux nouveaux membres issus de ces séjours. Les interrogations que nous avons partagées leur ont permis de se sentir investis de cette volonté de rejoindre ces familles très blessées par l’indifférence et les incompréhensions des institutions en place. Des familles qui perdent l’espoir que leur situation puisse trouver un jour une issue favorable. Qui perdent l’espoir et qui perdent pied.
Séjours jeunes. Le domaine de Champoly nous a permis d’assurer 4 séjours. 25 jeunes ont pu sortir du quartier. Certains d’entre eux avaient contribué au nettoyage du lieu durant le
printemps. Une expérience qui a été limitée par les différentes périodes de confinement. Mais malgré ces limites, nous avons constaté cet été, un meilleur respect du lieu. Certains habitants deviennent familiers, ce qui contribue à découvrir d’autres modes de relation, d’autres façons de vivre le quotidien.
Sorties au bord de l’eau. 5 sorties ont été réalisées avec des bus de 60 personnes, soit plus de 100 personnes dont certaines ont pu bénéficier de deux sorties (celles qui ne participaient pas aux séjours familles).
Ces sorties sont particulièrement appréciées par les familles. Nous découvrons chaque fois un nouvel espace de nature. Nous organisons une prise en charge collective des enfants, ce qui permet d’accueillir et d’intégrer les nouvelles familles à notre collectif.
Chaque année, nous observons l’impact positif de ces journées partagées pour la vie du quartier. Certaines familles construisent des liens d’amitié, les adultes qui ont pu vivre des temps de plaisir partagés avec les enfants développent une relation plus positive avec eux, ils sont plus reconnus dans leur posture éducative dans le quotidien, et les enfants ne sont pas uniquement perçus dans leur comportement parfois insolent.
Séjours enfants. Nous avons poursuivi notre partenariat séjours sur le site de la Ronde lierre, à Montmiral. La sortie du quartier vers un site sobre et naturel a des impacts très positifs auprès des enfants. On observe chaque fois plus d’entraide et de bienveillance, une limitation des conflits au sein du groupe. Pour les enfants, sortir de Tarentaize, leur permet de reprendre corps avec leur âge réel. Ils n’ont pas à jouer un rôle, à tenir une image, à vouloir paraître plus grands. Ils s’autorisent à être un peu plus eux mêmes. Dans ce contexte différent, ils deviennent plus respectueux des règles. Les répercussions sur le quartier sont très positives.
Nous avons donc reproduit un schéma assez identique avec deux séjours à Montmiral qui a concerné 35 enfants et collégiens.
2 – La co éducation. Initiation d’un « Labo de co éducation » avec les différents acteurs du champ éducatifs, les parents, les enfants, les jeunes. L’éducation mobilise beaucoup de monde et nous manquons d’espaces de concertation pour assurer notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants.
La proposition de ce « Labo de co éducation » est de rechercher les possibilités de faire ensemble. Mais » faire ensemble de l’éducation », ça ne va pas de soi, d’où la nécessité d’une recherche, pour faire des expériences, pour essayer de trouver des consensus pour pouvoir agir ensemble. Faire une réflexion et une recherche avec les habitants, et tous les partenaires volontaires. Faire l’expérience d’être différent par les responsabilités et les rôles et de tenter de parler ensemble de la même chose. Construire de bonnes conditions de dialogue pour construire des relations qui donnent une place à chacun, et partager des approches différentes qui peuvent devenir complémentaires. L’objectif de cette co éducation est de mettre en commun nos rôles pour accompagner au mieux chaque enfant et lui permettre de trouver sa place parmi les autres.
Une première rencontre du « Labo » a pu se faire à l’occasion des 10 ans de Terrain d’Entente. en Juin. Une cinquantaine de femmes étaient présentes, et ont pu confronter leur réflexion avec la présence de plusieurs collectifs qui nous avaient rejoint à cette occasion. Nous recherchons les structures partenaires qui pourraient s’investir dans l’avancée de ce projet pour cette rentrée.
Le Labo a démarré sur la commune du Chambon malgré les différentes périodes de confinement. Les élus se sont engagés pour favoriser cette initiative. Plusieurs groupes de paires ont pu réfléchir pour définir les notions d’éducations, de co éducation et envisager des possibilités concrètes pour créer des espaces de concertations avec les différents acteurs concernés.
3 – La Solidarité alimentaire.
La pauvreté s’aggrave, notamment depuis le premier confinement. Pour survivre, beaucoup ont recours aux aides, aux colis alimentaires.
Nous déplorons différentes difficultés concernant ce système d’aide.
Tout d’abord, la situation d’indignité dans laquelle sont plongés les demandeurs:
– Pour faire face aux demandes qui sont croissantes, les associations caritatives ont pris le parti de réduire la période de distribution pour chacun. Certains vont « bénéficier » des colis sur quelques mois, voire une fois par mois!
– Ces colis dépendent de la Banque Alimentaire qui est issue d’excédents de l’agro industrie, et de la grande distribution. 95% de la nourriture distribuée dans le cadre de l’aide alimentaire est industrielle.
Ce Système permet de distribuer aux pauvres des denrées destinées à être jetées.
Se pose aussi le problème de l’impact de cette alimentation polluée sur la santé: avec la question inquiétante des perturbateurs endocriniens. Le diabète, l’hyper tension, l’obésité provoqués par l’alimentation industrielle. Ces questions de co morbidité qui rendent l’impact des virus mortels pour toutes ces personnes aux organismes très affaiblis.
Notre volonté est l’accessibilité à une alimentation de qualité pour nous tous. La première qualité d’un produit étant son accessibilité ! Avec la question de la transformation nécessaire de nos rapports sociaux: sortir de la posture aidant/aidé, distinguer aide alimentaire intégrée au système, et mise en place d’une solidarité renforçant nos liens et la relation paysans/habitants des quartiers.
VRAC St Etienne. Nous avons assuré une première distribution en Septembre. Il a été possible à plusieurs familles de venir découvrir cet espace éphémère où nous avions soigné l’esthétique et l’accueil. Mais le prix coûtant reste encore trop cher pour beaucoup de personnes.
Le collectif de solidarité alimentaire pour tenter d’autres réponses. Il concerne une vingtaine de structures: des associations d’éducation populaire, des producteurs, des distributeurs, des restaurateurs.
Le projet : travailler ensemble, coordonner et mutualiser nos dynamiques.
– accès à des paniers solidaires avec la mise en lien des collectifs: les AMAPS, les Jardins d’Oasis, VRAC, Terrain d’Entente, Les brigades de solidarité….,
– collecte de fonds (prix arrondis, don des points de la carte de fidélité, invendus) dans les lieux de distribution qui développent cette pratique depuis un certain temps.
– Le parrainage à la Fourmilière, pour permettre son accès à d’autres coopérateurs avec un accueil à la manière de ce que développe ATD
– La dynamique de la Cantine Solidaire (portée par la Cantine Participative et les Brigades) avec une dynamique collective horizontale: certains bénéficiaires de repas participent également à leur confection.
– Initier des rencontres paysans/ quartier pour envisager des actions de solidarité.
Tous les acteurs investis dans le groupe solidarité alimentaire tentent depuis plusieurs années des approches en direction d’une alimentation de qualité accessible à tous. Cette visée reste à ce jour très limitée. Il est nécessaire de construire des approches et des actions croisées. Il est indispensable de développer ces mutualisations pour appréhender la réalité dans toute sa complexité.
Se nourrir, c’est un besoin mais aussi un droit. Le nombre de personnes en insécurité alimentaire est bien trop élevé pour faire reposer la réponse politique sur le secteur associatif. C’est d’une vraie politique de protection sociale qui inclut le droit à l’alimentation dont nous avons besoin. La sécurité sociale de l’alimentation.
II – Les réponses du quotidien.
Nous poursuivons nos temps de présence réguliers sur l’espace public, tout au long de l’année, de manière libre, inconditionnelle et gratuite. A partir de ces temps de rencontre, nous développons des actions. A force de tâtonnements, on trouve parfois des issues. Elles restent aujourd’hui extrêmement fragiles et incertaines. Voici les plus emblématiques
Avec les ados: Nous recherchons à diversifier les sources d’épanouissement et des expériences qui font sens pour ces jeunes en « galère »
Malgré les différents confinements et couvre feu, nous avons poursuivi nos temps de présence auprès des jeunes avec « le café des ados ». Environ dix jeunes nous rejoignent chaque semaine. Tout au long de l’année une quarantaine de jeunes sont venus au moins une foix.
Ces rencontres permettent d’élaborer ensemble des projets, d’identifier des difficultés, d’ouvrir d’autres espaces en se saisissant du tissu associatif local, d’assurer des accompagnements individualisés.
Nous avons pu réaliser cette année des démarches qui ont pu aboutir pour répondre à la demande d’une dizaine de jeunes dans leur parcours individuel. Des besoins très divers ont pu être pris en compte: recherche de stage, de formation, réorientation, Mission locale pour l’accès à la Garantie Jeune, lien avec la PJJ….
Des week-end et des vacances à Champoly se sont poursuivis avec les chantiers participatifs pour restaurer ce lieu « la Maison du Peuple » qui appartient à plusieurs collectifs. Des occasions de partager des temps où se croisent des personnes qui ne vivent pas les mêmes réalités. Ils ont concernés une trentaine de jeunes.
Le foot à 7 proposé par la FSGT2 va reprendre cette année 2021/2022. Soit 15 jeunes qui ont réalisé des démarches pour obtenir une licence.
La rencontre avec Rimbaud (Centre d’addictologie): Notre partenariat va pouvoir devenir effectif dès le mois d’Octobre avec les chantiers rémunérés, encadrés par des éducateurs de Rimbaud. 4 jeunes vont être concernés sur la première période. Ces chantiers pourront déboucher sur des suivis individualisés avec les personnes ressources du Centre. La présence d’un éducateur, au café des ados, est prévue d’ici Novembre.
Les enfants qui continuent à manifester leur souffrance d’écoliers. Le sport: reste un puissant vecteur de prise de confiance en soi, en l’autre et une source de compréhension du sens des règles de vivre ensemble.
Travail en partenariat avec Sport Autrement: 4 enfants poursuivent les entraînements; l’Ecole de Rugby du RCSE: 10 enfants ont été inscrits; « Vélo en quartier » avec l’apprentissage du déplacement en ville et les sorties en groupe: 24 enfants ont bénéficié de l’apprentissage, et ont réalisé au moins une sortie en dehors du quartier; Ecole de Hand: après une sensibilisation les Mardis après l’école sur le terrain de jeux, 6 petites filles sont inscrites dans le club depuis la rentrée scolaire.
Le développement des talents créatifs est également une ressource. Nous avons signé une convention avec la Comète qui va permettre aux familles à faible revenu de pouvoir inscrire ses enfants à des ateliers artistiques (musique, chant, danse). Nous comptons à ce jour 6 inscriptions. Un partenariat se développe avec le Centre Explora qui vient d’ouvrir ses portes pour proposer des activités d’éveil aux sciences et à l’expérimentation. Il est prévu des ateliers mensuels gratuits où des groupes de 4 à 6 enfants qui seront accompagnés par des mères de familles adhérentes.
Le soutien scolaire
Depuis le dernier confinement du mois de Novembre 2020, nous avons développer 3 temps pour accueillir les enfants d’âge primaire et les collégiens (une soixantaine d’enfants nous rejoignent tout au long de la semaine, avec un nombre d’adultes conséquent et compétents pour assurer cette présence). Nous n’imposons pas de contrainte d’inscription et d’horaire, un créneau de 2 heures est à disposition des enfants qui restent le temps nécessaire pour terminer et comprendre leur travail.
La répartition des adultes se fait en fonction des difficultés, si nécessaire un adulte pour un enfant. Chaque adulte s’efforce de s’adapter au mieux aux besoins, des temps de régulation d’équipe sont prévus à chaque période de vacances.
En l’espace d’un mois, nous avons noté des évolutions réelles pour plusieurs enfants qui ont repris confiance dans leurs capacités et qui retrouvent du plaisir à apprendre. Ils fréquentent de manière assidue ces différents temps. Leur participation est active, ils développent de l’autonomie dans la gestion du travail scolaire et respectent les règles établies. De nombreux parents et certains enseignants ont fait des retours positifs sur l’évolution de leur comportement.
La demande s’est intensifiée au fil des semaines, de plus en plus d’enfants réclament ces temps d’accueil et nous n’avons pas les moyens matériels et humains pour faire face à toutes ces demandes. Plusieurs mères de familles ont décidé de renforcer l’équipe cette année.
L’accès au numérique. Trop d’enfants scolarisés ne disposent toujours pas du matériel informatique indispensable. Nous sommes en lien avec le collectif Zoomacom pour rechercher à équiper toutes les familles demandeuse de matériel adapté.
Présence après l’école
Certains enfants ont besoin d’activités plus dynamiques quand ils ont terminé leur journée scolaire.
Temps de présence sur l’espace Jean Ferrat le Mardi après l’école, pour assurer un temps d’initiation aux pratiques sportives auxquelles les enfants n’ont pas accès.
Atelier RAP: en partenariat avec la Médiathèque a proposé 10 séances qui ont concernés une douzaine de filles et garçons d’ages différents.
Atelier argile sur les périodes de vacances scolaires avec Les Moyens du Bord, que nous avons pu reproduire 5 fois. 6 familles ont partagé ces séances: soit 6 adultes et 15 enfants.
Les femmes. Le café des femmes se poursuit avec la présence régulière de Latifa, pour l’atelier bien être. Un atelier art thérapie s’est mis en place et va se poursuivre à raison d’une fois par mois. Régulièrement, entre 10 et 25 femmes se rencontrent, soit 60 femmes nous ont rejoint au moins une fois dans l’année.
En préservant tout le plaisir que constitue le fait de se retrouver, et c’est premier dans toutes nos rencontres, des échanges se construisent, des projets s’élaborent, avec des manifestations publiques où nous avons de plus en plus d’opportunités de nous croiser, de nous parler avec d’autres, des femmes et des hommes dans nos diversités.
5 travailleurs sociaux du Conseil Départemental nous ont rendu visite pour entendre les difficultés des familles et expliquer leur rôle, les possibilités d’aide, les lieux spécifiques pour certains recours….16 femmes étaient présentes ce jour là. Nous espérons avec ce nouveau partenariat, pouvoir permettre aux familles d’oser franchir la porte de ces services qui leur sont dédiés, sans crainte de se sentir juger, sans honte d’évoquer les problèmes rencontrés. En se sentant légitimes de faire valoir des droits;
Depuis deux ans, ces femmes aspirent à vivre plus pleinement leur vie d’adultes. Alors qu’auparavant toutes nos conversations étaient centrées sur les enfants et l’intendance du quotidien!
Avec les sorties vélos organisées avec Vélo en quartier où 8 femmes participent régulièrement, des marches sur les voies vertes se sont organisées et vont se poursuivre. Elles concernent parfois des adultes, parfois des familles.
Nous étions 6 femmes à aller visiter le magasin coopératif « La Fourmilière », début Septembre, avec la perspective que des adhérentes puissent s’investir comme coopératrices.
III – Des actions exceptionnelles.
Participation à la journée internationale des droits de femmes.
Malgré les contraintes imposées par le protocole sanitaire, nous avons pris le parti de ne pas renoncer à nous manifester sur l’espace public. En lien avec d’autres collectifs de femmes, et le CREFAD, nous avons assuré deux manifestations: la lecture d’un conte sous forme de marche déambulatoire, dans un quartier voisin avec l’association « les voisines »; la lecture d’extrait de notre livre « La voix-e des femmes », sur l’espace Jean ferrat. Sur ces deux temps, 6 femmes de l’association ont contribué à l’animation, 20 étaient présentes.
Ces évènements ont débouché sur la création du « collectif du 8 Mars » avec la volonté de réaliser des évènements tout au long de l’année pour assurer une plus grande visibilité à la présence des femmes sur l’espace public. Une immense majorité d’associations se développent grâce à la présence massive des femmes. Il est temps qu’elles puissent bénéficier d’une plus grande considération.
Lettre pétition pour l’aménagement de l’espace public.
Nous avons réalisé une lettre pétition avec des pères de familles pour demander la restauration de l’espace Jean Ferrat: le terrain de foot qui est très endommagé, l’installation d’une fontaine, et la sécurisation d’une rue que les enfants traversent tout au long de la journée pour se rendre au parc et à l’école. Nous avons appris récemment que nos demandes allaient être prises en compte.
10 ans terrain d’Entente Nous avons été enthousiasmés ce 9 Juin 2021, de pouvoir accueillir autant de diversités. Beaucoup de représentants associatifs étaient présents (Vélo en Quartier, L’Amicale de Beaubrun, Sport Autrement, Les Moyens du Bord, La Fourmilière, VRAC, l’Amicale de Tardy, le Centre Explora, la Bricoleuse, Grandir en Oralité, la Fabrique de la Transition, des enseignants de la Pédagogie Freinet, le CDAFAL, La Fondation Abbé Pierre) une cinquantaine de familles du quartier ont partagé l’après midi, soit une centaine d’adultes se sont rencontrés tout au long de l’après midi. On a fait ce jour là société tous ensemble. Une dizaine de femmes s’étaient mobilisées pour assurer l’organisation de cette journée.
Un remerciement particulier à Amel qui a apporté une contribution très précieuse dans la réalisation du diaporama, du film où des enfants et des femmes témoignent de ce que représente aujourd’hui, Terrain d’Entente dans leur vie. Elle a filmé tout au long de la journée les différentes interventions. Nous allons tout mettre en oeuvre pour que notre site trouve la capacité à diffuser tous ces précieux documents.
Une partie de l’après midi a été consacrée à l’ouverture du Labo de co éducation. Frédéric Jésu, ancien pédopsychiatre de service public et impliqué en tant que consultant dans le champ des politiques sociales, familiales et éducatives locales, auteur de plusieurs livres entre autre: « Co édu-quer: pour un développement social durable » ; et Catherine Hurtig-Delattre, enseignante et formatrice, autrice du livre: « La coéducation à l’école, c’est possible » qui rapporte une expérience de 30 années d’ouverture de l’école aux familles et aux associations ont apporté leur contribution.
Nous avons fait l’expérience d’un échange en plusieurs groupes pour tenter d’identifier les différents acteurs de l’éducation. Les habitantes du quartier, et tous ceux issus des différents collectifs ont contribué ensemble à ce temps de réflexion. La famille et l’école ne suffisent pas pour prendre en compte les différents besoins des enfants tout au long de la journée, de l’année, il est temps d’imaginer la meilleure façon de construire des liens pour que tous ces acteurs travaillent ensemble.
Des amis nous ont rejoint sur le terrain pour proposer un riche après midi aux enfants. Notre ami Aldérick avec les rollers, l’association Sport Autrement pour un atelier boxe. Simon de la Médiathèque avec les réalisation d’instruments de musique à partir de la récupération de déchets
Une atmosphère joyeuse et festive avec un engagement volontaire de toutes les personnes présentes qui ont expérimenté le lancement de ce Labo de co éducation. Un résultat vraiment encourageant.
Une action est en cours avec un Bailleur public. Des problèmes récurrents de propreté sont à déplorer depuis plusieurs années sur les espaces collectifs: les allées, les escaliers, les étages. Hors les locataires payent des charges importantes, en constante augmentation. Nous sommes en période de crise sanitaire, la désinfection quotidienne des espaces collectifs est indispensable pour assurer la protection des locataires. Cette situation devient intenable pour les locataires. Certains renoncent à inviter des proches parce qu’ils craignent de s’affronter à des jugements en mettant à nue leur condition de vie indigne. Beaucoup cherchent à déménager.
Il y a quelques mois le Toit Forézien a été mis en demeure par le service sanitaire de la ville. Il était dans l’obligation de mettre en place un isolant adapté pour protéger les appartements qui étaient contigus au local à poubelles. Aucun travaux n’ont été réalisés jusqu’à ce jour.
Un dossier se constitue avec la signature d’une lettre pétition de tous les locataires concernés, des prises de photos, l’appui de l’ADILE.
IV- Les perspectives.
Condition de travail des femmes de ménage. Ce travail indispensable à toutes les entreprises, institutions, structures, est de plus en plus externalisé. Les conditions pour l’exercer deviennent d’autant plus précaires. Les préjudices humains, que ce soit sur le plan physique, psychique et social sont considérables.
Un travail en lien avec la LDH depuis quelques années va pouvoir aboutir à différents évènement en Décembre 2021, de manière à dénoncer ces pratiques indignes.
Projection du film « les Quais de Ouistreham » de Florence Aubenas, rencontre débat autour du livre « Deux millions de travailleurs et des poussières » en présence des deux auteurs, une rencontre avec les donneurs d’ordre pour revendiquer des conditions de travail plus dignes.
Atelier cuisine avec Les Moyens du Bord. Nos liens avec cette association se développent au fil des années. Des femmes volontaires vont initier à l’art de la cuisine des adhérents des MDB, à raison d’un Mardi par mois. De façon à ce que la cuisine devienne un plaisir partagé. Le repas réalisé collectivement sera partagé entre tous avec la présence des enfants.
Soutien à l’action du LAPE (lieu d’accueil parents / enfants) ouvert par l’Amicale de Beaubrun. Nous espérons pourvoir renouveler des temps d’accueil à destination des tout petits (2 / 3 ans) afin de pallier les difficultés d’accès au langage de certains enfants.
Comité de pilotage. Nous avons partagé notre première rencontre le 1er octobre. Il a rassemblé les salariés, des bénévoles « permanents » et 6 habitantes du quartier. Il a été l’occasion d’établir ensemble notre feuille de route.
Temps de formation prévus entre l’équipe salariée et les bénévoles, les habitants pour mutualiser nos pratiques et construire une culture commune sur la démarche de la pédagogie sociale; à chaque période de vacances scolaires.
Partenariat avec la Fondation Abbé Pierre, des subventions sous forme de micro projets vont être envisagées. L’objectif est de renforcer la capacitation de tous, les adultes, les jeunes et d’engager notre collectif dans une dynamique de réalisation de projets concrets, à partir de l’initiative des habitants.
La Fabrique de la Transition où nous contribuons, avec plusieurs structures collectives du bassin stéphanois, de façon à mutualiser nos moyens, à mieux diffuser la culture de la coopération, à amplifier nos liens pour mener de nouveaux projets et faciliter l’émergence de nouveaux acteurs. Nous sommes ainsi associés à ces structures porteuses de vitalité, d’ouverture et d’actions transformatrices.
D’autres partenariats se développent au fil des années:
– Nous apportons notre contribution au le Forum de la Précarité organisé par « Changer de Cap »,
– Nous allons participer avec 5 femmes, à la Nouvelle Université Populaire initiée par le collectif « Parlons en » à Grenoble,
– Nous allons participer à un écrit collectif avec le GPAS et d’autres structures sur la question de « l’aller vers ».
Nous espérons une réponse positive à notre demande de financement au Conseil départemental.
Un entretien préalable avec ce service, nous a permis de prendre contact avec la chargée de Mission du Plan Pauvreté, Précarité qui estime que notre démarche est conforme aux attendus de ce plan. Une rencontre est prévue ces prochains jours pour envisager une prise en compte de notre travail.
Nous remercions les membres du CDAFAL qui mettent à disposition leurs locaux, ce qui rend possible la poursuite de tout ce que nous développons. Ils assurent depuis 3 ans une aide substantielle à nos départs en vacances grâce aux chèques vacances.
Nous remercions la Fondation Abbé Pierre dont l’appui précieux nous permet de poursuivre la route.