Mois : novembre 2020

Communauté éducative

L’évolution de notre démarche

Depuis quelques années, Terrain d’Entente participe à un travail entrepris sur la question des difficultés d’apprentissage scolaire des enfants des milieux populaires. Dans un premier temps, notre association s’est engagée pendant deux ans avec les acteurs du quartier Beaubrun Tarentaize, les groupes scolaires, des parents, sur l’action « 1001 territoires, pour la réussite de tous les enfants à l’école ». A la suite d’une rencontre avec Catherine Hurtig Delattre autrice du livre « La co éducation à l’école, c’est possible », nous avons rejoint une équipe composée d’enseignants qui se réfèrent à la pédagogie Freinet, des parents, et le réseau 1001 territoires de Lyon où Catherine était investie. Cette réflexion a permis à Terrain d’Entente de contribuer à la réflexion engagée sur la co éducation avec les groupes scolaires du Chambon Feugerolles. La rencontre de ces différents réseaux durant ce travail au Chambon a rendu possible des rendez vous téléphoniques durant la période du confinement. 

 Ces différents échanges ont pu mettre en évidence que le projet affiché de la « continuité pédagogique » dans cette période de confinement avait mis à mal de nombreuses familles et enseignants. Il aurait dû être question de « continuité éducative » et engager alors de nombreuses institutions. L’école s’est retrouvée isolée, à devoir construire quelque chose d’impossible.
Nous avons fait le constat que l’absence de coordination entre les différents secteurs de l’éducation, leur cloisonnement, leur isolement avait paralysé les initiatives. Les tentatives pour briser cet isolement, sont malheureusement restées marginales. Il était indispensable d’inventer des modes de « présence » auprès de ceux pour lesquels la situation est devenue vite anxiogène. Des actions de solidarité se sont organisées sur le terrain, notamment concernant la survie matérielle de personnes  précaires (ex distribution de nourriture ou de bons d’achat, lien avec les familles sans hébergement ou sans papiers, visites aux personnes âgées ) mais elles sont restées cloisonnées au sein d’une école, d’une association, d’un réseau.

Les injonctions institutionnelles ont semblé ne concerner que l’école, laissant une fois de plus à penser qu’on n’apprend que dans ce lieu…
Certaines mères de familles consacraient plus de 6 heures par jour aux devoirs de l’école. De nombreux enseignants avaient le sentiment de faire intrusion dans les familles et d’imposer une manière de faire irrespectueuse, du cadre de vie familial. Des familles ne pouvaient matériellement pas faire travailler les enfants, ont  fini par renoncer. Les enseignants ont fait preuve d’inventivité pour mutualiser, pour maintenir le lien avec chacun, mais avaient le sentiment d’abandonner certains de leurs élèves. Les incompréhensions se sont multipliées.
La connaissance et le lien avec les familles par les différents acteurs de chaque territoire, aurait pu donner des indicateurs pour apporter un soutien adapté à tous ceux que cet enfermement dans le temps long oppressait.

De nombreux acteurs ( centres sociaux, Amicales, agents  des Mairies…) ont cessé toute activité auprès des enfants et des jeunes, imaginant que des permanences téléphoniques, l’ouverture de pages face book allaient prendre suffisamment le relais pour combler l’absence de lien et de présence.
 Nos échanges téléphoniques entre personnes engagées dans cette volonté de continuité, depuis différentes places – enseignants ICEM, professionnels de collectivité, et militante de pédagogie sociale-  nous ont permis de comprendre certains besoins. Nous avons entrepris des petites actions d’ouverture pour les familles sur nos territoires respectifs (des appels aux familles, des échanges de SMS, des liens  entre les écoles et les centres sociaux, des distributions de jeux, livres, coloriages sur la période des « vacances », des propositions de lectures de livres au téléphone, des distribution d’œufs de pâques dans les boites aux lettres, des anniversaires fêtés, les journaux de classe poursuivis….)

Cette expérience micro locale confirme le caractère indispensable de la mise en place d’espaces communs pour assurer la continuité éducative, notamment en direction des familles les plus marquées par la précarité. Et nous engager pour  faire alliance et trouver nos complémentarités dans une même conception de l’apprentissage.
L’école enseigne des savoirs construits dans  la logique des disciplines scolaires. Sont-ils suffisamment appuyés sur le monde réel et pensés pour contribuer aux évolutions de ce monde et à ses transformations indispensables?

Le manque de sens donné aux apprentissages est apparu particulièrement marqué dans ces moments « d’école à la maison », où il manquait la vie du groupe classe, la médiation des enseignants, et les projets qui soutiennent d’habitude les activités proposées.

Connecter  les savoirs avec la vie sociale c’est transformer les savoirs en objets vivants. Les enfants ne sont plus alors des collecteurs de connaissances dévitalisées mais ils deviennent auteurs de leurs apprentissages parce qu’ils font sens pour eux. Et l’école n’est pas l’unique possibilité offerte aux enfants pour accéder à ces apprentissages.
Tous les espaces de vie de l’enfant peuvent contribuer à construire des espaces d’apprentissage, de coopération, de mutualisation et  d’entraide. Des espaces qui dynamisent chacun, enrichissent le collectif et construisent des savoirs susceptibles de nous permettre à tous de percevoir, qu’en dépit de nos différences, nous sommes tous appelés à participer à la construction du commun.
« Il ne faut pas donner plus à ceux qui ont moins, mais donner mieux. Un environnement culturel de qualité, des situations plus riches et stimulantes » (cf: Philippe Meirieu, dans le café pédagogique 22/04/2020)

« Qu’advient-il si on dit que la vie sociale est ce pour quoi  on a besoin d’être éduqué? »

 C’est à partir de leur curiosité, leur enthousiasme que les enfants apprennent, parce qu’ils ont envie de comprendre le monde qui les entoure.  Pour préserver cet élan de vie, il  nous faut construire, dans tous les espaces où ils évoluent, ceux de l’école et ceux du temps libre, un climat de bien être et de sécurité. Nous devons développer une compréhension et une reconnaissance de ce qui les habite dans leur quotidien. 

« Pratiquer une pédagogie hors les murs permet de s’arrimer à la vie et d’y demeurer coûte que coûte ». « La joie du dehors » Guillaume Sabin)

Cette démarche spécifique « du dehors » est le moyen le plus sûr de comprendre et prendre en compte la réalité de ce que vivent les familles. Les pédagogues sociaux deviennent des partenaires incontournables pour contribuer à ce besoin d’être éduquer. 

Cette « pratique » du « dehors » permet également d’interroger les idées reçues et de proposer des postulats:  » il n’y a pas d’axe normatif autour duquel s’organisent  les apprentissages ». 

Permettre à l’enfant de découvrir par l’expérience une variété de pratiques sociales, de façon à ce que quelque chose de neuf surgisse chez les enfants. Les enfants accèdent à des savoirs nouveaux en apprenant à se repérer dans ce monde complexe. Multiplier les expériences, les liaisons entre les choses entraîne une disposition à accueillir la nouveauté, à susciter la curiosité.

Tous les partenaires éducatifs peuvent trouver leur place en complémentarité. Il devient urgent de « susciter la curiosité », l’intérêt et l’envie d’apprendre. A force de trier et de sélectionner les enfants à partir des attendus institutionnels, trop d’enfants sont amenés à décrocher. Ce « décrochage » n’est pas un choix, les enfants  ne peuvent tout simplement pas trouver leur place dans ce système.

Le travail de l’école est censé permettre cette « articulation entre le concret et l’abstrait qui passe par une culture disciplinaire approfondie des enseignants médiateurs » Il faut donc défendre le coeur de ce métier. 
« J’espère que dans l’école d’après nous n’accepterons plus la réduction technocratique de la classe, des exercices programmés, des aides individuelles prescrites à travers des protocoles standardisés ». (Philippe Meirieu)

Les préconisations sur les « gestes barrières » pour assurer la continuité pédagogiques dans les classes rendaient l’accueil des enfants très problématique. Hors, il est possible dès maintenant de prendre en compte  toutes ces familles avec lesquelles l’école n’a pas réussi à préserver le lien nécessaire, où les enfants ont très vite été débordés par les contraintes inaccessibles du travail scolaire à la maison et de leur donner la priorité.

Nous avons accès aux jardins publics, aux voies vertes, des jardins potagers sont en friche… On pourrait réquisitionner les cours d’écoles…. L’extérieur reste une source infinie de richesses à explorer, d’expériences à découvrir. Il nous est donner l’opportunité d’estimer sur chaque territoire d’autres manières de procéder. Donnons nous les moyens pour que ce contexte sanitaire devienne une réelle opportunité de pratiques transformatrices.

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Notre posture sur le déconfinement

                  Les conditions de la reprise de notre présence sur l’espace Jean Ferrat

Les enfants ont souffert de cet enfermement très prolongé. Qu’est ce qui devient le plus dangereux? Les empêcher de sortir? Les laisser  livrés à eux mêmes? Ils ont besoins de se retrouver à l’extérieur, avec les autres, et d’être accompagner dans cette étape de dé confinement.

Dans ce contexte d’urgence sanitaire, il nous faut réinventer d’autres façon de faire et de se retrouver collectivement. Nous souhaitons maintenir ce qui fait sens pour nous dans l’acte d’éduquer: la co construction collective de notre environnement, de la vie du groupe. Et créer ensemble un espace sécurisant où les interactions sont possibles, où il est possible de vivre du collectif. 

Tout ceci ne peut se réaliser que dans la relation, le dialogue, et les ajustements permanents.  Nous devons être des personnes ressources et organiser un espace où les enfants puissent s’échapper, rire, et être en sécurité. 

Nous ne voulons pas oublier les besoins et les droits des enfants. Le droit de jouer, de parler entre eux, d’exprimer leurs émotions, de manipuler des objets. Leur bien être psychique est aujourd’hui, notre principale préoccupation. Notre responsabilité d’adultes est de rendre la situation la moins anxiogène possible. 

Les protocoles sanitaires sont drastiques, ils nous semblent incompatibles avec le bien être des enfants. Nous ne pouvons  pas en être garants. Mais refuser d’être présents serait envisager le pire. Il nous faut prendre ce risque d’être présents avec eux, sur le terrain. Le comportement des enfants est lié à la dynamique de groupe, nous nous devons d’accompagner cette dynamique dans le sens de la protection de tous. 

Notre présence fait aussi sortir les enfants de chez eux. Nous souhaitons donc leur donner les moyens d’apprendre des réflexes de protection et de bienveillance sanitaire vis à vis de soi même et des autres, qu’ils puissent s’approprier en dehors de notre présence.

Il nous semble impossible d’imposer des « gestes barrières », tels qu’ils sont préconisés. Mais il est nécessaire de leur transmettre des attitudes de précaution respectueuses des personnes les plus vulnérables. Les enfants ne semblent pas être eux même en situation de danger, face à la contamination, mais ils doivent comprendre leur responsabilité dans la possibilité de transmission du virus. Plutôt que d’inspirer de la peur et de la culpabilité, nous souhaitons nous engager ensemble dans l’apprentissage  de « prendre soin les uns des autres ». Nous allons réfléchir en terme de « gestes de protection ». 

Les enfants doivent pouvoir reprendre prise sur un réel qu’on ne leur a pas suffisamment expliqué, et mettre des mots sur cette période de confinement qu’ils ont subi. On ne sait pas à ce jour ce qu’ils ont compris du virus et de cette obligation au confinement prolongé. Il est indispensable de parler , d’écouter et de partager notre position: notre prise en compte de leur besoin de jouer avec les autres, d’être dehors, notre envie de construire avec eux des temps de rencontre et s’interroger sur ce qu’il est possible de faire et de ne pas faire. 

Sur l’espace Jean Ferrat, qui est un espace public, ouvert à tous, nous avons organisé un conseil des enfants Mercredi 20 Mai, pour nous poser ensemble certaines questions déterminantes. Faire les choses que eux mêmes auront construit.

 Comment être responsables tous ensemble, s’il y a beaucoup de monde en même temps? Comment on peut se dire bonjour? Rechercher des activités où on ne se touche pas. Comment s’organiser pour éviter de se retrouver à plus de 8, 10 sur le même périmètre? Comment éviter que tout le quartier soit malade? (Proposition: rituel du gel en début et à la fin pour éviter les risque de propagation, désinfection systématique du matériel utilisé). Nous avons également pris l’avis des familles..

Nous veillerons à ce  que chaque adulte possède un masque, un flacon de gel hydro alcoolique dans sa poche et puisse proposer aux enfants de se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon. 

La cour de récréation de l’école de Tarentaize nous permettrait d’organiser les espaces de jeux et de répartir au mieux les groupes d’enfants sur le terrain. Une fontaine sur le terrain devient indispensable pour assurer le lavage fréquent des mains.

D’autres besoins sont à prendre en compte: Le café des femmes, les sorties familles

Certaines familles ont été particulièrement éprouvées par cette période de confinement. Le retour sur l’extérieur les inquiète. Nous avons proposé des masques à celles qui manifestent le plus de difficulté. Il nous parait important d’organiser des rencontres collectives pour parler de ces deux mois et envisager plus sereinement le retour à une vie plus « normale ». Nous allons reprendre notre rituel du café des femmes sur l’espace Jean Ferrat. Nous allons proposer des randonnées en familles en utilisant les « voies vertes ». 

                                 Le soutien scolaire

De manière générale, les enfants, les jeunes et leur famille se sont investis dans le travail scolaire tout au long de cette période. Nous avons tenté de leur apporter une aide par téléphone, mais ce travail s’est très vite soldé par un échec. Il était impossible pour ceux qui avaient des problèmes de compréhension de pouvoir expliquer leur difficultés à distance. 

Certains parents ne pouvaient pas aider les enfants qui étaient le plus en difficulté scolaires. Certains enfants n’accordaient pas de légitimité à leurs parents dans ce rôle de « tuteur ». Ils refusaient parfois de réaliser leur travail scolaire sans la présence de leur maîtresse. Le manque d’écran dans la plupart des familles est devenu au fil du temps une contrainte insurmontable. D’autres ont rencontré des difficultés pour imprimer les documents. Certains enfants et jeunes n’ont pas tenu cet engagement durant toute la durée du confinement et le vivent mal. 

Ces différents échecs ont provoqué une grande inquiétude dans beaucoup de familles, concernant le parcours scolaire de leurs enfants. Les conditions de reprise de l’école inquiètent un grand nombre de familles. 

Il nous semble nécessaire aujourd’hui, de nous engager auprès d’elles pour assurer du soutien scolaire. Certains adultes et jeunes du quartier sont prêts à s’impliquer dans cet effort collectif.

Il est donc indispensable de pouvoir avoir accès à des locaux municipaux pour assurer un accueil le plus sécurisé possible. Il nous semble également indispensable que les différentes structures du quartier puissent définir les règles nécessaires à ces rencontres et réaliser ce travail toutes ensemble. 

Face au constat de manque d’équipement numérique, nous avons sollicité la Fondation Abbé Pierre ce qui nous a permis d’équiper  21 familles en ordinateurs avec tour. Nous avons privilégié les familles nombreuses avec des enfants scolarisés au collège et au lycée. Nous avons repéré également des besoins qui concernent également les adultes pour des questions notamment de formation. Nous n’avons pas la possibilité de satisfaire tous ces besoins. Où peuvent-elles s’adresser pour acquérir ce matériel indispensable? Le numérique aujourd’hui est devenu un produit de première nécessité.

                                       La présence auprès des adolescents.

Certains jeunes ont particulièrement mal vécu cette période et surtout mal compris les règles de confinement. Ils ont cumulés des amendes et risquent donc de plus lourdes peines. Ces expériences les laissent plein d’amertume. Ils ont également besoin de présence adultes pour exprimer leurs difficultés, réfléchir à la situation sanitaire actuelle pour mieux comprendre le sens de toutes les contraintes imposées.

Nous souhaitons pouvoir engager  ce travail auprès d’eux avec les différents acteurs du champ éducatif du territoire. 

                                      Des personnes vulnérables et seules

Durant les deux mois de confinement, nous avons pu organiser de l’aide pour assurer les courses de 3 familles qui étaient repérées en difficulté par des adhérents de Terrain d’Entente. Quelques jeunes du quartier se sont engagés avec nous dans ce travail. Ces personnes sont toujours demandeuses à ce jour. Elles n’ont pas ou très peu de soutien familial. Nous n’allons pas pouvoir poursuivre ce soutien dans la durée. A quoi peuvent-elles avoir recours?

Josiane GUNTHER le 18 Mai 2020

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Proposition pour un « Labo de co éducation »

La coéducation, c’est le partage des rôles entre différentes personnes qui oeuvrent ensemble à l’édu-cation d’un enfant, d’un jeune, ou d’un groupe. Cela concerne les parents – premiers éducateurs de leurs enfants – , les professionnels de l’école, des loisirs, du social, de la santé ainsi que les enfants et les jeunes eux-mêmes.

Cette notion de partage est aujourd’hui reconnue comme nécessaire et préconisée par les institutions. Elle représente un tremplin vers une autre conception de l’éducation, plus globale, plus ouverte, donnant une place à chacun. Mais elle s’avère difficile à mettre en oeuvre et semée d’obstacles : cela nécessite du temps, des bonnes conditions de dialogue, du respect et de la confiance mutuels, de l’espace pour des approches différentes qui peuvent devenir complémentaires.

A Saint-Etienne et au Chambon-Feugerolles une réflexion approfondie s’est amorcée sur ce sujet depuis deux ans, avec plusieurs temps de rencontres concernant des parents, des enseignants, des bénévoles et des professionnels d’associations et de collectivités territoriales.

Un petit groupe de professionnels (1) a poursuivi le dialogue sous forme de rendez-vous téléphoniques, pendant la période éprouvante du confinement puis du déconfinement, entre mars et juillet 2020. Ce groupe a pu mesurer combien le projet affiché de la « continuité pédagogique » a mis à mal familles, enseignants et acteurs éducatifs. Il aurait dû être plutôt question de « continuité éducative » et y engager alors de nombreuses institutions et associations. L’absence de coordination entre les différents secteurs de l’éducation globale a rendu compliquées les initiatives, pourtant nombreuses, des professionnels. Cette expérience confirme le caractère indispensable de la mise en place de ces espaces communs pour assurer une continuité, notamment en direction des familles les plus marquées par la précarité et/ou par l’isolement, le repli sur soi, l’inquiétude, le découragement.

Ce même groupe propose de créer, à partir de septembre 2020, un « labo de coéducation » afin de poursuivre la réflexion et de construire des propositions en confrontant les points de vue des divers «coéducateurs ».

La proposition concerne les parents et l’ensemble des professionnels qui travaillent auprès des enfants et des jeunes : dans les écoles, collèges et lycées, dans les centres sociaux et culturels, dans les associations, les services médico-sociaux, les équipements culturels et dans les espaces publics. Dans chaque établissement ou structure, tous les professionnels peuvent être concernés (par exemple dans une école : pas seulement les enseignants mais aussi les ATSEM, les AESH, les animateurs etc..) On veillera aussi, d’emblée, aux façons d’inclure progressivement des enfants et des jeunes. Il s’agit d’un engagement bénévole et non institutionnel, même si les différents professionnels s’attacheront à faire connaître et reconnaître ce travail à leurs institutions respectives.

Le groupe devra définir une ou plusieurs thématiques engageant tous les participants, en reconnaissant chaque acteur du champ éducatif dans son rôle, et sa légitimité, en impliquant les enfants et les jeunes.

Les directions précises de réflexion et les méthodes de travail seront construites et validées par le groupe lors des premières séances, à partir des propositions ci-dessous.

Propositions de questionnements :

De quoi a besoin un enfant durant sa vie éveillée pour entrer dans les apprentissages (scolaires et non sco-laires), pour y éprouver de l’intérêt et du plaisir ?

Que peut apporter aux uns et aux autres une mise en commun pour assurer l’éducation ? Quelles modalités, quels objectifs, quels contenus, quels destinataires pour ce partage?

Comment offrir à chaque enfant « une éducation au monde« , et se saisir de tout ce qu’il y a alentour de disponible pour produire de l’éducation ?

Comment donner du sens à des apprentissages scolaires construits dans la logique des disciplines, en les appuyant sur le monde réel, en les mettant en lien avec tous les apprentissages réalisés en dehors de l’école ? Comment permettre à ces apprentissages disciplinaires de contribuer aux évolutions de ce monde et à ses transformations indispensables ? Comment permettre aux enfants et aux jeunes de devenir acteurs/ auteurs de leurs apprentissages, de façon à ce qu’ils trouvent leur place et leur rôle dans cette société à laquelle ils se doivent d’apporter leur contribution ?

Proposition de méthodologie

A partir de la méthode d’élaboration de projets, dans un premier temps nous pourrons identifier tous ensemble des thèmes et des questions à partager.

Dans un deuxième temps, des « groupes de pairs » (2) (y compris des groupes d’enfants et des groupes de jeunes) seront mis en place pour échanger sur les mêmes thèmes et questions en fonction des expériences respectives des membres de chaque groupe.

Enfin, une mise en commun se fera régulièrement pour mettre en évidence les points de convergence/de divergence entre les groupes de pairs ainsi que les éventuelles perspectives à envisager (initiative à mettre en place, démarche à mener, nouveau thème et nouvelle question à explorer, etc.).

Les rencontres communes à l’ensemble des groupes de pairs se dérouleront dans des lieux publics, si possible en dehors des locaux scolaires afin de permettre une parole plus libre de chacun : parents, professionnels, enfants…

Les jours et horaires des réunions des groupes de pairs et des réunions communes seront choisis afin de convenir au maximum de personnes intéressées, compte tenu des importantes variables de contraintes selon les catégories de personnes (parents, enseignants, animateurs..).

Ce labo de co-éducation sera coordonné par Josiane Gunther, engagée dans l’association de pédagogie sociale « Terrain d’entente ». Il pourra s’appuyer sur la contribution de deux personnes-ressources bénévoles :

– Frédéric Jésu, ancien pédopsychiatre de service public et impliqué en tant que consultant dans le champ des politiques sociales, familiales et éducatives locales, auteur de plusieurs livres entre autre: « Co édu-quer: pour un développement social durable » ;

– Catherine Hurtig-Delattre, enseignante et formatrice, autrice du livre: « La coéducation à l’école, c’est possible » qui rapporte une expérience de 30 années d’ouverture de l’école aux familles et aux associations.

Une réunion destinée à présenter cette initiative, à échanger sur ses objectifs, ses contenus et ses modalités, et à programmer les étapes de son déroulement se tiendra le mercredi 30 septembre de 17h à 19h (lieu à préciser)

(1) groupe composé de plusieurs enseignants engagés en pédagogie Freinet, de responsables du secteur éducatif 1 dans une commune, d’une bénévole dans une association de pédagogie sociale

(2) Il s’agit de réunir les personnes ayant le même statut : un groupe de parents, un groupe d’enseignants, un groupe d’animateurs, un groupe de jeunes etc… 

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