Co-éducation et communauté éducative

  Le projet Cité Educative, les besoins recensés à Tarentaise par Terrain d’Entente

  Nous sommes très inquiets de l’évolution de la situation des habitants du quartier depuis le premier confinement. La précarité s’aggrave pour de nombreuses familles qui cumulent des difficultés parfois insolubles. Les enfants et les jeunes en sont les premières victimes.

Dans le cadre du projet « cité éducative » il est prévu un accès à une grande diversité d’activités artistiques et culturelles sur ce territoire. Et nous nous questionnons sur l’accessibilité de ces différentes activités à tous les habitants du territoire.

Nous savons que de plus en plus de familles n’ont plus la possibilité d’inscrire leurs enfants ne serait-ce qu’au centre de loisir faute de moyens financiers (de plus en plus sont contraintes de monter des dossiers de surendettement pour assurer les besoins élémentaires, beaucoup font également la demande de colis alimentaires). Terrain d’Entente s’adresse en priorité à toutes ces familles qui ne sont plus inscrites, ou très peu,  dans les structures existantes.

Un exemple parmi bien d’autres: une dizaine de familles souhaitent inscrire leurs enfants à l’atelier chant/percussion qui était prévu pour les vacances de Février à la Comète. Le minimum de 20 euros demandé pour pouvoir y prétendre  représente pour toutes une sommes insoutenable.

 

Nous n’avons aucune connaissance du projet « cité éducative » dans sa globalité. Nous souhaitons attirer votre attention sur ce que nous comprenons des besoins et de ce qu’il nous parait urgent à mettre en oeuvre pour répondre aux enjeux éducatifs.

Bien sûr ces réflexions et constats, nous les faisons à partir de notre propre expérience. Nous pensons qu’il serait vraiment souhaitable de pouvoir approfondir le partage de nos expériences  avec les autres structures agissantes sur le quartier et avec les élus concernés.

 

Le soutien scolaire: depuis le dernier confinement du mois de Novembre, nous avons pu développer 3 temps pour accueillir les enfants d’âge primaire et les collégiens avec un nombre d’adultes conséquent et compétents pour assurer cette présence.  Le bilan actuel va bien au-delà de nos projections :

– Le nombre d’enfants présents est extraordinaire, il pourrait être encore plus important si nous communiquions davantage.

– En l’espace d’un mois nous avons noté des évolutions réelles pour plusieurs enfants qui ont repris confiance dans leur capacité et qui retrouvent du plaisir à apprendre. Ils fréquentent de manière assidue ces différents temps. Leur participation est active, ils développent de l’autonomie dans la gestion du travail scolaire et respectent les règles établies. De nombreux parents et certains enseignants ont fait des retours positifs sur l’évolution de leur comportement.

– La demande s’est intensifiée au fil des semaines, beaucoup trop d’enfants réclament ces temps d’accueil et nous n’avons pas les moyens matériels et humains pour faire face à toutes ces demandes. Nous ne sommes pas sûr de pouvoir maintenir ce rythme tout au long des semaines, ce que nous déplorons compte tenu de la demande et de ce que cette présence favorise.

– Il faudrait développer ces temps chaque jours de la semaine dans les différentes structures du quartier et prévoir des adultes qualifiés pour assurer cet accueil pour tous les enfants qui en ont besoin.

 

Présence après l’école: certains enfants ont besoin d’activités plus dynamiques quand ils ont terminé leur journée scolaire. Nous avons entrepris le Mardi soir après l’école un temps de présence sur l’espace Jean Ferrat pour assurer un temps d’initiation aux pratiques sportives (foot, vélo, rollers). Beaucoup d’enfants ne bénéficient  pas de pratique sportive régulière tout au long de l’année.

Nous sommes très volontaires pour nous saisir de ce qui est financé dans le cadre de cité éducative et participer aux différentes initiatives (Vélo en Quartier, Centre Explora, la Comète..) mais nous manquons de force pour assurer tous les liens et les accompagnements nécessaires.

Il faudrait assurer ce temps de présence après l’école chaque jours de la semaine et prévoir d’autres  initiations sportives et culturelles, sur d’autres espaces, avec d’autres équipes d’animateurs.

 

La difficultés récurrente des jeunes. Certains adolescents partent à la dérive. Ce constat est partagé avec le centre social,  l’amicale laïque et l’ACARS.

Beaucoup sont en difficulté scolaire et ne trouvent pas de sens à poursuivre des études, les orientation scolaires se font souvent par défaut. Ils expriment un vécu quotidien de « galère », des temps qui sont vides de sens. Ils sont confrontés parfois à un environnement violent, témoins ou victimes d’actes délinquants. L’absence de perspectives expose ces adolescents fragiles à la tentation de participer eux mêmes à des actes délictueux. Certains ont déjà connu des interpellations policières et ont un casier judiciaire, des évictions scolaires de longue durée. A 13 ans, beaucoup d’entre eux fument régulièrement du canabis et contribuent à sa diffusion.

Le manque d’activité et leurs difficultés à s’intégrer collectivement à l’extérieur du quartier est souvent manifesté. Certains n’ont aucune opportunité de rencontre, de découverte et d’échanges sur d’autres façons de vivre et de comprendre la réalité … Et ceci contribue à cet enfermement et cet isolement.

 

Les liens de confiance que nous avons construits avec eux tout au long de ces années, nous ont permis de nous ajuster à certains de leurs besoins.

Chaque Jeudi de 17h à 19h, nous ouvrons le café des ados. Ce temps de présence est l’occasion de prendre en compte les difficultés manifestées par ces jeunes et d’assurer des accompagnements indispensables pour régler avec eux des problèmes concrets. Cet accueil a lieu salle Descours, qui est une salle polyvalente à disposition de nombreuses associations.

Il est important qu’un espace dédié aux jeunes soit ouvert tout au long de la semaine et qu’un travail puisse être coordonné entre les différents acteurs du champ éducatif du territoire.

Nous avions entrepris des rencontres dans le cadre du foot à 7 qui permettaient à une dizaine de jeunes de se confronter avec d’autres équipes sur le département. Ces rencontres hebdomadaires sont l’occasion de renforcer le cadre éducatif de ces jeunes, de leur permettre de se confronter à d’autres réalités. L’éducateur du Babet réalisait un travail semblable.  Le nombre de jeunes en demande nécessite d’augmenter ces propositions de façon très conséquente.

Nous organisons également à partir du printemps des week end dans un espace partagé entre plusieurs collectifs pour réhabiliter un lieu destiné aux vacances d’été. Nous faisons chaque fois un bilan positif de ces expériences, avec les jeunes impliqués. Mais elles restent trop exceptionnelles pour apporter un réel bénéfice à ces jeunes « en galère ».  Il est également nécessaire de démultiplier ces opportunités de sortie du quartier, tout au long de l’année.

Nous faisons les mêmes constats positifs de nos séjours vacances et nous ne sommes pas en mesure de combler les besoins de tous les jeunes. Ce qui est proposé sur le territoire reste très insuffisant. Ces constats sont confirmés par plusieurs adultes habitants du territoire qui sont très inquiets de l’évolution des adolescents et des actes délictueux qu’ils commettent de plus en plus jeunes.

 

Beaucoup sont très en demande pour trouver de quoi se faire un petit pécule pour réaliser des projets. Les chantiers de l’ACARS existent et accueillent les jeunes qui en font la demande mais ils restent également très insuffisants pour répondre à tous. Le deal devient une solution pour beaucoup. Le Centre Rimbaud développe également ces propositions de chantier et déplore le manque de moyens pour faire face aux besoins.

Plusieurs aimeraient également faire des formations. Le BAFA intéressent certains mais le coût reste inaccessible pour tous ceux que nous connaissons. Il faudrait qu’ils puissent être encouragés financièrement dans leur démarche de formation.

 

Le soutien à la parentalité.

Nous nous adressons à des adultes dont les difficultés s’aggravent. Plusieurs développent des maladies chroniques, des dépressions. Nous nous efforçons, dans le cadre du café des femmes de développer des ateliers « bien être » de façon à favoriser des temps de ressourcement.  Nous sommes en lien avec la médiatrice santé qui souhaite soutenir cette démarche.  Nous sommes convaincus de contribuer ainsi à l’amélioration  du climat familial qui peut devenir tendu. Il est indispensable de construire des espaces de rencontre et de convivialité tout au long de la semaine, en direction des adultes.

Septembre 2021

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Communauté éducative

L’évolution de notre démarche

Depuis quelques années, Terrain d’Entente participe à un travail entrepris sur la question des difficultés d’apprentissage scolaire des enfants des milieux populaires. Dans un premier temps, notre association s’est engagée pendant deux ans avec les acteurs du quartier Beaubrun Tarentaize, les groupes scolaires, des parents, sur l’action « 1001 territoires, pour la réussite de tous les enfants à l’école ». A la suite d’une rencontre avec Catherine Hurtig Delattre autrice du livre « La co éducation à l’école, c’est possible », nous avons rejoint une équipe composée d’enseignants qui se réfèrent à la pédagogie Freinet, des parents, et le réseau 1001 territoires de Lyon où Catherine était investie. Cette réflexion a permis à Terrain d’Entente de contribuer à la réflexion engagée sur la co éducation avec les groupes scolaires du Chambon Feugerolles. La rencontre de ces différents réseaux durant ce travail au Chambon a rendu possible des rendez vous téléphoniques durant la période du confinement. 

 Ces différents échanges ont pu mettre en évidence que le projet affiché de la « continuité pédagogique » dans cette période de confinement avait mis à mal de nombreuses familles et enseignants. Il aurait dû être question de « continuité éducative » et engager alors de nombreuses institutions. L’école s’est retrouvée isolée, à devoir construire quelque chose d’impossible.
Nous avons fait le constat que l’absence de coordination entre les différents secteurs de l’éducation, leur cloisonnement, leur isolement avait paralysé les initiatives. Les tentatives pour briser cet isolement, sont malheureusement restées marginales. Il était indispensable d’inventer des modes de « présence » auprès de ceux pour lesquels la situation est devenue vite anxiogène. Des actions de solidarité se sont organisées sur le terrain, notamment concernant la survie matérielle de personnes  précaires (ex distribution de nourriture ou de bons d’achat, lien avec les familles sans hébergement ou sans papiers, visites aux personnes âgées ) mais elles sont restées cloisonnées au sein d’une école, d’une association, d’un réseau.

Les injonctions institutionnelles ont semblé ne concerner que l’école, laissant une fois de plus à penser qu’on n’apprend que dans ce lieu…
Certaines mères de familles consacraient plus de 6 heures par jour aux devoirs de l’école. De nombreux enseignants avaient le sentiment de faire intrusion dans les familles et d’imposer une manière de faire irrespectueuse, du cadre de vie familial. Des familles ne pouvaient matériellement pas faire travailler les enfants, ont  fini par renoncer. Les enseignants ont fait preuve d’inventivité pour mutualiser, pour maintenir le lien avec chacun, mais avaient le sentiment d’abandonner certains de leurs élèves. Les incompréhensions se sont multipliées.
La connaissance et le lien avec les familles par les différents acteurs de chaque territoire, aurait pu donner des indicateurs pour apporter un soutien adapté à tous ceux que cet enfermement dans le temps long oppressait.

De nombreux acteurs ( centres sociaux, Amicales, agents  des Mairies…) ont cessé toute activité auprès des enfants et des jeunes, imaginant que des permanences téléphoniques, l’ouverture de pages face book allaient prendre suffisamment le relais pour combler l’absence de lien et de présence.
 Nos échanges téléphoniques entre personnes engagées dans cette volonté de continuité, depuis différentes places – enseignants ICEM, professionnels de collectivité, et militante de pédagogie sociale-  nous ont permis de comprendre certains besoins. Nous avons entrepris des petites actions d’ouverture pour les familles sur nos territoires respectifs (des appels aux familles, des échanges de SMS, des liens  entre les écoles et les centres sociaux, des distributions de jeux, livres, coloriages sur la période des « vacances », des propositions de lectures de livres au téléphone, des distribution d’œufs de pâques dans les boites aux lettres, des anniversaires fêtés, les journaux de classe poursuivis….)

Cette expérience micro locale confirme le caractère indispensable de la mise en place d’espaces communs pour assurer la continuité éducative, notamment en direction des familles les plus marquées par la précarité. Et nous engager pour  faire alliance et trouver nos complémentarités dans une même conception de l’apprentissage.
L’école enseigne des savoirs construits dans  la logique des disciplines scolaires. Sont-ils suffisamment appuyés sur le monde réel et pensés pour contribuer aux évolutions de ce monde et à ses transformations indispensables?

Le manque de sens donné aux apprentissages est apparu particulièrement marqué dans ces moments « d’école à la maison », où il manquait la vie du groupe classe, la médiation des enseignants, et les projets qui soutiennent d’habitude les activités proposées.

Connecter  les savoirs avec la vie sociale c’est transformer les savoirs en objets vivants. Les enfants ne sont plus alors des collecteurs de connaissances dévitalisées mais ils deviennent auteurs de leurs apprentissages parce qu’ils font sens pour eux. Et l’école n’est pas l’unique possibilité offerte aux enfants pour accéder à ces apprentissages.
Tous les espaces de vie de l’enfant peuvent contribuer à construire des espaces d’apprentissage, de coopération, de mutualisation et  d’entraide. Des espaces qui dynamisent chacun, enrichissent le collectif et construisent des savoirs susceptibles de nous permettre à tous de percevoir, qu’en dépit de nos différences, nous sommes tous appelés à participer à la construction du commun.
« Il ne faut pas donner plus à ceux qui ont moins, mais donner mieux. Un environnement culturel de qualité, des situations plus riches et stimulantes » (cf: Philippe Meirieu, dans le café pédagogique 22/04/2020)

« Qu’advient-il si on dit que la vie sociale est ce pour quoi  on a besoin d’être éduqué? »

 C’est à partir de leur curiosité, leur enthousiasme que les enfants apprennent, parce qu’ils ont envie de comprendre le monde qui les entoure.  Pour préserver cet élan de vie, il  nous faut construire, dans tous les espaces où ils évoluent, ceux de l’école et ceux du temps libre, un climat de bien être et de sécurité. Nous devons développer une compréhension et une reconnaissance de ce qui les habite dans leur quotidien. 

« Pratiquer une pédagogie hors les murs permet de s’arrimer à la vie et d’y demeurer coûte que coûte ». « La joie du dehors » Guillaume Sabin)

Cette démarche spécifique « du dehors » est le moyen le plus sûr de comprendre et prendre en compte la réalité de ce que vivent les familles. Les pédagogues sociaux deviennent des partenaires incontournables pour contribuer à ce besoin d’être éduquer. 

Cette « pratique » du « dehors » permet également d’interroger les idées reçues et de proposer des postulats:  » il n’y a pas d’axe normatif autour duquel s’organisent  les apprentissages ». 

Permettre à l’enfant de découvrir par l’expérience une variété de pratiques sociales, de façon à ce que quelque chose de neuf surgisse chez les enfants. Les enfants accèdent à des savoirs nouveaux en apprenant à se repérer dans ce monde complexe. Multiplier les expériences, les liaisons entre les choses entraîne une disposition à accueillir la nouveauté, à susciter la curiosité.

Tous les partenaires éducatifs peuvent trouver leur place en complémentarité. Il devient urgent de « susciter la curiosité », l’intérêt et l’envie d’apprendre. A force de trier et de sélectionner les enfants à partir des attendus institutionnels, trop d’enfants sont amenés à décrocher. Ce « décrochage » n’est pas un choix, les enfants  ne peuvent tout simplement pas trouver leur place dans ce système.

Le travail de l’école est censé permettre cette « articulation entre le concret et l’abstrait qui passe par une culture disciplinaire approfondie des enseignants médiateurs » Il faut donc défendre le coeur de ce métier. 
« J’espère que dans l’école d’après nous n’accepterons plus la réduction technocratique de la classe, des exercices programmés, des aides individuelles prescrites à travers des protocoles standardisés ». (Philippe Meirieu)

Les préconisations sur les « gestes barrières » pour assurer la continuité pédagogiques dans les classes rendaient l’accueil des enfants très problématique. Hors, il est possible dès maintenant de prendre en compte  toutes ces familles avec lesquelles l’école n’a pas réussi à préserver le lien nécessaire, où les enfants ont très vite été débordés par les contraintes inaccessibles du travail scolaire à la maison et de leur donner la priorité.

Nous avons accès aux jardins publics, aux voies vertes, des jardins potagers sont en friche… On pourrait réquisitionner les cours d’écoles…. L’extérieur reste une source infinie de richesses à explorer, d’expériences à découvrir. Il nous est donner l’opportunité d’estimer sur chaque territoire d’autres manières de procéder. Donnons nous les moyens pour que ce contexte sanitaire devienne une réelle opportunité de pratiques transformatrices.

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Notre posture sur le déconfinement

                  Les conditions de la reprise de notre présence sur l’espace Jean Ferrat

Les enfants ont souffert de cet enfermement très prolongé. Qu’est ce qui devient le plus dangereux? Les empêcher de sortir? Les laisser  livrés à eux mêmes? Ils ont besoins de se retrouver à l’extérieur, avec les autres, et d’être accompagner dans cette étape de dé confinement.

Dans ce contexte d’urgence sanitaire, il nous faut réinventer d’autres façon de faire et de se retrouver collectivement. Nous souhaitons maintenir ce qui fait sens pour nous dans l’acte d’éduquer: la co construction collective de notre environnement, de la vie du groupe. Et créer ensemble un espace sécurisant où les interactions sont possibles, où il est possible de vivre du collectif. 

Tout ceci ne peut se réaliser que dans la relation, le dialogue, et les ajustements permanents.  Nous devons être des personnes ressources et organiser un espace où les enfants puissent s’échapper, rire, et être en sécurité. 

Nous ne voulons pas oublier les besoins et les droits des enfants. Le droit de jouer, de parler entre eux, d’exprimer leurs émotions, de manipuler des objets. Leur bien être psychique est aujourd’hui, notre principale préoccupation. Notre responsabilité d’adultes est de rendre la situation la moins anxiogène possible. 

Les protocoles sanitaires sont drastiques, ils nous semblent incompatibles avec le bien être des enfants. Nous ne pouvons  pas en être garants. Mais refuser d’être présents serait envisager le pire. Il nous faut prendre ce risque d’être présents avec eux, sur le terrain. Le comportement des enfants est lié à la dynamique de groupe, nous nous devons d’accompagner cette dynamique dans le sens de la protection de tous. 

Notre présence fait aussi sortir les enfants de chez eux. Nous souhaitons donc leur donner les moyens d’apprendre des réflexes de protection et de bienveillance sanitaire vis à vis de soi même et des autres, qu’ils puissent s’approprier en dehors de notre présence.

Il nous semble impossible d’imposer des « gestes barrières », tels qu’ils sont préconisés. Mais il est nécessaire de leur transmettre des attitudes de précaution respectueuses des personnes les plus vulnérables. Les enfants ne semblent pas être eux même en situation de danger, face à la contamination, mais ils doivent comprendre leur responsabilité dans la possibilité de transmission du virus. Plutôt que d’inspirer de la peur et de la culpabilité, nous souhaitons nous engager ensemble dans l’apprentissage  de « prendre soin les uns des autres ». Nous allons réfléchir en terme de « gestes de protection ». 

Les enfants doivent pouvoir reprendre prise sur un réel qu’on ne leur a pas suffisamment expliqué, et mettre des mots sur cette période de confinement qu’ils ont subi. On ne sait pas à ce jour ce qu’ils ont compris du virus et de cette obligation au confinement prolongé. Il est indispensable de parler , d’écouter et de partager notre position: notre prise en compte de leur besoin de jouer avec les autres, d’être dehors, notre envie de construire avec eux des temps de rencontre et s’interroger sur ce qu’il est possible de faire et de ne pas faire. 

Sur l’espace Jean Ferrat, qui est un espace public, ouvert à tous, nous avons organisé un conseil des enfants Mercredi 20 Mai, pour nous poser ensemble certaines questions déterminantes. Faire les choses que eux mêmes auront construit.

 Comment être responsables tous ensemble, s’il y a beaucoup de monde en même temps? Comment on peut se dire bonjour? Rechercher des activités où on ne se touche pas. Comment s’organiser pour éviter de se retrouver à plus de 8, 10 sur le même périmètre? Comment éviter que tout le quartier soit malade? (Proposition: rituel du gel en début et à la fin pour éviter les risque de propagation, désinfection systématique du matériel utilisé). Nous avons également pris l’avis des familles..

Nous veillerons à ce  que chaque adulte possède un masque, un flacon de gel hydro alcoolique dans sa poche et puisse proposer aux enfants de se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon. 

La cour de récréation de l’école de Tarentaize nous permettrait d’organiser les espaces de jeux et de répartir au mieux les groupes d’enfants sur le terrain. Une fontaine sur le terrain devient indispensable pour assurer le lavage fréquent des mains.

D’autres besoins sont à prendre en compte: Le café des femmes, les sorties familles

Certaines familles ont été particulièrement éprouvées par cette période de confinement. Le retour sur l’extérieur les inquiète. Nous avons proposé des masques à celles qui manifestent le plus de difficulté. Il nous parait important d’organiser des rencontres collectives pour parler de ces deux mois et envisager plus sereinement le retour à une vie plus « normale ». Nous allons reprendre notre rituel du café des femmes sur l’espace Jean Ferrat. Nous allons proposer des randonnées en familles en utilisant les « voies vertes ». 

                                 Le soutien scolaire

De manière générale, les enfants, les jeunes et leur famille se sont investis dans le travail scolaire tout au long de cette période. Nous avons tenté de leur apporter une aide par téléphone, mais ce travail s’est très vite soldé par un échec. Il était impossible pour ceux qui avaient des problèmes de compréhension de pouvoir expliquer leur difficultés à distance. 

Certains parents ne pouvaient pas aider les enfants qui étaient le plus en difficulté scolaires. Certains enfants n’accordaient pas de légitimité à leurs parents dans ce rôle de « tuteur ». Ils refusaient parfois de réaliser leur travail scolaire sans la présence de leur maîtresse. Le manque d’écran dans la plupart des familles est devenu au fil du temps une contrainte insurmontable. D’autres ont rencontré des difficultés pour imprimer les documents. Certains enfants et jeunes n’ont pas tenu cet engagement durant toute la durée du confinement et le vivent mal. 

Ces différents échecs ont provoqué une grande inquiétude dans beaucoup de familles, concernant le parcours scolaire de leurs enfants. Les conditions de reprise de l’école inquiètent un grand nombre de familles. 

Il nous semble nécessaire aujourd’hui, de nous engager auprès d’elles pour assurer du soutien scolaire. Certains adultes et jeunes du quartier sont prêts à s’impliquer dans cet effort collectif.

Il est donc indispensable de pouvoir avoir accès à des locaux municipaux pour assurer un accueil le plus sécurisé possible. Il nous semble également indispensable que les différentes structures du quartier puissent définir les règles nécessaires à ces rencontres et réaliser ce travail toutes ensemble. 

Face au constat de manque d’équipement numérique, nous avons sollicité la Fondation Abbé Pierre ce qui nous a permis d’équiper  21 familles en ordinateurs avec tour. Nous avons privilégié les familles nombreuses avec des enfants scolarisés au collège et au lycée. Nous avons repéré également des besoins qui concernent également les adultes pour des questions notamment de formation. Nous n’avons pas la possibilité de satisfaire tous ces besoins. Où peuvent-elles s’adresser pour acquérir ce matériel indispensable? Le numérique aujourd’hui est devenu un produit de première nécessité.

                                       La présence auprès des adolescents.

Certains jeunes ont particulièrement mal vécu cette période et surtout mal compris les règles de confinement. Ils ont cumulés des amendes et risquent donc de plus lourdes peines. Ces expériences les laissent plein d’amertume. Ils ont également besoin de présence adultes pour exprimer leurs difficultés, réfléchir à la situation sanitaire actuelle pour mieux comprendre le sens de toutes les contraintes imposées.

Nous souhaitons pouvoir engager  ce travail auprès d’eux avec les différents acteurs du champ éducatif du territoire. 

                                      Des personnes vulnérables et seules

Durant les deux mois de confinement, nous avons pu organiser de l’aide pour assurer les courses de 3 familles qui étaient repérées en difficulté par des adhérents de Terrain d’Entente. Quelques jeunes du quartier se sont engagés avec nous dans ce travail. Ces personnes sont toujours demandeuses à ce jour. Elles n’ont pas ou très peu de soutien familial. Nous n’allons pas pouvoir poursuivre ce soutien dans la durée. A quoi peuvent-elles avoir recours?

Josiane GUNTHER le 18 Mai 2020

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Proposition pour un « Labo de co éducation »

La coéducation, c’est le partage des rôles entre différentes personnes qui oeuvrent ensemble à l’édu-cation d’un enfant, d’un jeune, ou d’un groupe. Cela concerne les parents – premiers éducateurs de leurs enfants – , les professionnels de l’école, des loisirs, du social, de la santé ainsi que les enfants et les jeunes eux-mêmes.

Cette notion de partage est aujourd’hui reconnue comme nécessaire et préconisée par les institutions. Elle représente un tremplin vers une autre conception de l’éducation, plus globale, plus ouverte, donnant une place à chacun. Mais elle s’avère difficile à mettre en oeuvre et semée d’obstacles : cela nécessite du temps, des bonnes conditions de dialogue, du respect et de la confiance mutuels, de l’espace pour des approches différentes qui peuvent devenir complémentaires.

A Saint-Etienne et au Chambon-Feugerolles une réflexion approfondie s’est amorcée sur ce sujet depuis deux ans, avec plusieurs temps de rencontres concernant des parents, des enseignants, des bénévoles et des professionnels d’associations et de collectivités territoriales.

Un petit groupe de professionnels (1) a poursuivi le dialogue sous forme de rendez-vous téléphoniques, pendant la période éprouvante du confinement puis du déconfinement, entre mars et juillet 2020. Ce groupe a pu mesurer combien le projet affiché de la « continuité pédagogique » a mis à mal familles, enseignants et acteurs éducatifs. Il aurait dû être plutôt question de « continuité éducative » et y engager alors de nombreuses institutions et associations. L’absence de coordination entre les différents secteurs de l’éducation globale a rendu compliquées les initiatives, pourtant nombreuses, des professionnels. Cette expérience confirme le caractère indispensable de la mise en place de ces espaces communs pour assurer une continuité, notamment en direction des familles les plus marquées par la précarité et/ou par l’isolement, le repli sur soi, l’inquiétude, le découragement.

Ce même groupe propose de créer, à partir de septembre 2020, un « labo de coéducation » afin de poursuivre la réflexion et de construire des propositions en confrontant les points de vue des divers «coéducateurs ».

La proposition concerne les parents et l’ensemble des professionnels qui travaillent auprès des enfants et des jeunes : dans les écoles, collèges et lycées, dans les centres sociaux et culturels, dans les associations, les services médico-sociaux, les équipements culturels et dans les espaces publics. Dans chaque établissement ou structure, tous les professionnels peuvent être concernés (par exemple dans une école : pas seulement les enseignants mais aussi les ATSEM, les AESH, les animateurs etc..) On veillera aussi, d’emblée, aux façons d’inclure progressivement des enfants et des jeunes. Il s’agit d’un engagement bénévole et non institutionnel, même si les différents professionnels s’attacheront à faire connaître et reconnaître ce travail à leurs institutions respectives.

Le groupe devra définir une ou plusieurs thématiques engageant tous les participants, en reconnaissant chaque acteur du champ éducatif dans son rôle, et sa légitimité, en impliquant les enfants et les jeunes.

Les directions précises de réflexion et les méthodes de travail seront construites et validées par le groupe lors des premières séances, à partir des propositions ci-dessous.

Propositions de questionnements :

De quoi a besoin un enfant durant sa vie éveillée pour entrer dans les apprentissages (scolaires et non sco-laires), pour y éprouver de l’intérêt et du plaisir ?

Que peut apporter aux uns et aux autres une mise en commun pour assurer l’éducation ? Quelles modalités, quels objectifs, quels contenus, quels destinataires pour ce partage?

Comment offrir à chaque enfant « une éducation au monde« , et se saisir de tout ce qu’il y a alentour de disponible pour produire de l’éducation ?

Comment donner du sens à des apprentissages scolaires construits dans la logique des disciplines, en les appuyant sur le monde réel, en les mettant en lien avec tous les apprentissages réalisés en dehors de l’école ? Comment permettre à ces apprentissages disciplinaires de contribuer aux évolutions de ce monde et à ses transformations indispensables ? Comment permettre aux enfants et aux jeunes de devenir acteurs/ auteurs de leurs apprentissages, de façon à ce qu’ils trouvent leur place et leur rôle dans cette société à laquelle ils se doivent d’apporter leur contribution ?

Proposition de méthodologie

A partir de la méthode d’élaboration de projets, dans un premier temps nous pourrons identifier tous ensemble des thèmes et des questions à partager.

Dans un deuxième temps, des « groupes de pairs » (2) (y compris des groupes d’enfants et des groupes de jeunes) seront mis en place pour échanger sur les mêmes thèmes et questions en fonction des expériences respectives des membres de chaque groupe.

Enfin, une mise en commun se fera régulièrement pour mettre en évidence les points de convergence/de divergence entre les groupes de pairs ainsi que les éventuelles perspectives à envisager (initiative à mettre en place, démarche à mener, nouveau thème et nouvelle question à explorer, etc.).

Les rencontres communes à l’ensemble des groupes de pairs se dérouleront dans des lieux publics, si possible en dehors des locaux scolaires afin de permettre une parole plus libre de chacun : parents, professionnels, enfants…

Les jours et horaires des réunions des groupes de pairs et des réunions communes seront choisis afin de convenir au maximum de personnes intéressées, compte tenu des importantes variables de contraintes selon les catégories de personnes (parents, enseignants, animateurs..).

Ce labo de co-éducation sera coordonné par Josiane Gunther, engagée dans l’association de pédagogie sociale « Terrain d’entente ». Il pourra s’appuyer sur la contribution de deux personnes-ressources bénévoles :

– Frédéric Jésu, ancien pédopsychiatre de service public et impliqué en tant que consultant dans le champ des politiques sociales, familiales et éducatives locales, auteur de plusieurs livres entre autre: « Co édu-quer: pour un développement social durable » ;

– Catherine Hurtig-Delattre, enseignante et formatrice, autrice du livre: « La coéducation à l’école, c’est possible » qui rapporte une expérience de 30 années d’ouverture de l’école aux familles et aux associations.

Une réunion destinée à présenter cette initiative, à échanger sur ses objectifs, ses contenus et ses modalités, et à programmer les étapes de son déroulement se tiendra le mercredi 30 septembre de 17h à 19h (lieu à préciser)

(1) groupe composé de plusieurs enseignants engagés en pédagogie Freinet, de responsables du secteur éducatif 1 dans une commune, d’une bénévole dans une association de pédagogie sociale

(2) Il s’agit de réunir les personnes ayant le même statut : un groupe de parents, un groupe d’enseignants, un groupe d’animateurs, un groupe de jeunes etc… 

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Le journal de l’été 2020

 Josiane : Les vacances ont été considérées un droit pour tous au moment du Front Populaire, avec les premiers congés payés, entre autres conquêtes sociales de cette période de soulèvement des classes populaires et ses extraordinaires mobilisations collectives. Dans cette ambiance de libération sociale, l’accès pour tous aux loisirs et à la culture sont considérés d’intérêt général. Pour rendre cette pratique possible pour tous, une participation financière conséquente de la collectivité est d’emblée organisée. Il ne peut en effet y avoir de départ en vacances possible pour tous, sans une prise en charge collective des coût. Mais ce droit pour tous a été remis en question durant les dernières décennies, si bien que la moitié de nos concitoyens n’y ont à ce jour plus accès, essentiellement pour des raisons financières. La question du départ en vacances reste donc un enjeu pour notre société. Depuis plusieurs années Terrain d’Entente considère cette question comme essentielle et mobilise beaucoup d’énergie pour assurer cette possibilité pour le plus grand nombre.

Nous voulons défendre des vacances qui ont du sens. Partir, c’est l’occasion de rencontrer d’autres personnes, de découvrir d’autres façons de vivre et de mieux comprendre la réalité. Dans cette société qui se segmente, le temps des vacances peut être l’occasion de construire d’autres relations humaines. Cette aspiration concerne de plus en plus de monde, au delà des familles des milieux populaires. Nous voulons retrouver une dynamique d’éducation populaire où nous prenons, ensemble, en main des réalités qui nous concernent tous, et envisager les vacances en termes d’ouverture, d’échanges, de manière à reconstruire le tissu social, des liens d’entraide. Nous voulons construire du dépaysement, ré-enchanter la banalité du quotidien, rendre possible des « premières fois ». 

Nous organisons des départs pour nous retrouver « ailleurs », dans un autre espace de vie, un lieu qui nous appartient ensemble et qui nous aide à déconstruire des peurs, pour construire ensemble des compétences sociales. Ce qui s’est passé durant un séjour influe sur toute la vie du quartier dans le temps long.

N’oublions pas cet élan d’enthousiasme aux premiers jours du confinement. Très paradoxalement, malgré la conscience d’avoir à traverser une « catastrophe », à Terrain d’Entente, nous avions le sentiment, en acceptant de bonne grâce cette lourde réduction de nos libertés, de participer à cet effort collectif commun. Nous trouvions enfin notre place dans cette épreuve qui nous concernait tous. Nous étions « comme tout le monde » (sic). Nous devenions un peu égaux !

Cet été 2020 a été particulièrement prolifique en sorties, et le nombre des personnes qui ont participé a triplé. Nous le devons au soutien très conséquent de la Fondation Abbé Pierre qui a reconnu avec nous la nécessité de rendre possible des espaces de ressourcement à toutes ces familles qui ont été les premières impactées par la longue période de confinement. Il était indispensable que chacun puisse se restaurer. Nous le devons grâce à la participation du CDAFAL qui soutient efficacement ces départs en vacances depuis plusieurs années. Nous le devons au dynamisme et à la créativité de chaque membre de l’équipe. Nous le devons à la participation très efficace d’un nombre d’adhérents qui augmente d’années en années. Notre « commission vacances » s’est poursuivit pendant le confinement sous forme de réunion téléphonique, avec la présence constante de membres du CA. Cette commission a permis d’établir un budget à partir des projets qui partaient des aspirations manifestées et de ce contexte particulier où il ne serait pas possible de sortir du territoire. Les inscriptions aux différentes sorties se sont déroulées chaque fois en présence de membres du CA. L’une d’entre elle a permis à plusieurs familles, particulièrement démunies de rejoindre et d’intégrer notre collectif. « Il faut vivre des choses ensemble si on veut apprendre à se connaître » (sic). Une autre a pris la fonction d’animatrice durant certains séjours, elle fait aujourd’hui partie intégrante de l’équipe.

En plus de nos temps de présence sur le terrain tout au long de ces deux mois d’été, avec l’organisation de moments exceptionnels : des jeux Olympiques (organisés par des adolescents avec le soutien de l’équipe), un grand pic nique en familles, différents barbecues avec les jeunes, nous avons pu partager :

3 Séjours familles à Retournac qui ont concernés10 familles, soit 12 adultes, 4 Ado, 20 enfants

1 séjour familles à Champoly Qui a concerné 5 familles, soit 5 adultes, 2 ados, 14 enfants

2 séjours enfants/collégiens à Montmiral Qui ont concerné 28 enfants et collégiens

5 séjours jeunes à Champoly Qui ont concernés18 jeunes

5 sorties natures jeunes Qui ont concerné 30 jeunes

5 sorties natures familles Qui ont concerné 50 familles

Des sorties vélo à partir du mois de Mai Qui ont concerné 30 enfants

Une initiation de 3 jours au théâtre forum Qui a concerné 13 femmes et une petite fille

Pour que ces différents engagements puissent aboutir nous avons du employer 6 personnes pour compléter notre équipe.

Tout ne va pas pouvoir être retranscrit dans ce journal, nous souhaitons juste témoigner de l’impact profond de l’organisation des vacances pour chacun d’ente nous et à l’échelle d’un quartier.

Fathia On a tenu tout ce qu’on avait décidé à la commission vacances. Les projets ont tous aboutis. Cette commission avait commencé en février et elle s’est poursuivit pendant le confinement sous forme de conférences téléphoniques. Nous avions décidé de reprendre ce qui avait bien fonctionné l’été dernier et de répondre aux nombreuses demandes pour les séjours enfants/ados de Montmiral. Suite à l’annonce de la reprise de l’école obligatoire pour tous, nous avons pu nous organiser en fonction de cette nouvelle contrainte, en modifiant le séjour sans le remettre en question. Nous avons également tenu compte du manque de sorties à la journée l’été dernier. Tout ceci grâce au budget disponible pour l’été avec le financement de la FAP. Ces différentes décisions ont été validées au café des femmes.

La commission a permis d’anticiper un mode d’organisation. Nous voulions surtout éviter des désistements de dernière minute qui pénalisaient d’autres familles en demande de séjours et de sorties.

Nous avons transmis un texto à toute la liste des adhérents pour proposer des jours d’inscriptions et demander une participation financière qui confirmait l’inscription. Nous avons adapté ces contraintes en fonction de la connaissance que nous avons de certaines personnes. Nous n’avons pas hésité à inscrire certaines familles, enfants ou jeunes, qui nous en faisaient la demande, sachant qu’ils ne pourraient pas venir à ce rendez vous. Nous prenons toujours en compte la réalité. Nous avons eu le plaisir de rencontrer de nouvelles familles pour certains séjours et sorties à la journée. En espérant qu’on puisse les intégrer à notre association. La question que je me pose : est-ce que c’est à nous de les relancer, de leur donner envie ? Ou bien devons -nous laisser à chacun la possibilité de nous rejoindre quand il le souhaite ?

La recherche d’un mode d’organisation a nécessité un grand nombre d’heures de travail. Ce qui n’a pas permis d’éviter tous les imprévus. Nous souhaitions intégrer quelques adolescentes qui n’avaient aucun projet de vacances, au 2ème séjour de Montmiral. Elles se sont désengagées au dernier moment, alors que pendant plusieurs jours nous « leur avons couru après ». De même pour certaines sorties à la journée, des évènements douloureux ont empêché certaines familles de participer. La difficulté pour d’autres est de ne pas avoir su s’engager de manière claire et avec chaque fois le risque de priver d’autres personnes intéressées. La satisfaction de cet été c’est que tous ceux qui en ont fait la demande ont pu au moins faire une sortie ou un séjour. Personne n’a été mis de côté.

Pour les sorties à la journée nous n’avons pas hésité à proposer des activités exceptionnelles autant pour les familles que pour les ados. « du grand luxe ! » des « premières fois ». Globalement je ne reçois que des bons retours. C’est super important de faire des activités exceptionnelles, de sortir de ses habitudes, de son environnement habituel. C a apporte de la détente, du bien être.

J’ai participé aux deux séjours à Montmiral en tant que membre de l’équipe. Montmiral, c’est mon truc ! Je ne dors pas dans les cabanes, là j’avoue que je ne vais pas jusqu’au bout de ma responsabilité. Durant ces deux séjours, j’ai pu retrouver mon âme d’enfant. C’est moi qui réclamais certains jeux ! J’ai appris aussi un peu à nager ! Durant le séjour, je suis devenue le « totem », j’étais au centre pour partager, jouer avec eux, les consoler, j’étais la tata de tout le monde. J’ai tendance à avoir peur des chiens mais auprès des enfants j’étais obligée de surmonter ma peur. On se dépasse un peu. J’ai appris à connaitre les enfants, je les ai découvert autrement, leur vulnérabilité…On a pu établir une relation différente. Certains confient leur peine. Ça ne peut pas se produire sur le quartier. Les craintes, les a priori vis à vis de certains que j’avais en partant, ce sont tous révélés faux. Ce sont ceux qui ont été le plus attentifs, certains ont même pris soin de moi. De sortir de Tarentaize, ça les apaise. Ils n’ont pas à jouer un rôle, à tenir une image, à vouloir paraître plus grand.  Ils peuvent réaliser tranquillement leur âge réel, et jouer comme des enfants qu’ils sont. On est plus dans des rapports où on s’autorise à être soi même.

Dans ce contexte différent, ils deviennent plus respectueux des règles. Durant le séjour, il suffisait de rappeler régulièrement les consignes et elles étaient respectées. Ils étaient à l’écoute. Nous nous retrouvons tous au même niveau. J’ai trouvé facilement ma place au sein d’une belle équipe. Nous avons su nous soutenir, nous répartir le travail de façon égalitaire. Les enfants ont également beaucoup participé, à la cuisine, à la vaisselle, filles et garçons confondus. Beaucoup de mères au départ souhaitaient éviter le mélange. Mais ça n’a pas été nécessaire, les relations étaient plutôt fraternelles entre eux. J’ai réussi à partir sans mon fils. Ça ne m’était jamais arrivé de le laisser 4 jours de suite. Ça lui a permis d’avoir un peu plus d’autonomie. Il était avec moi pour le deuxième séjour. Je lui avais expliqué que j’allais m’occuper de tous les enfants. Je n’ai pas eu besoin de m’en occuper plus que les autres. Des séjours qu’il faut poursuivre.

Josiane : Le Théâtre Forum L’été a démarré par une formation au théâtre Forum avec les fées Rosses.

Le théâtre forum est une invitation pour chacun d’entre nous à ne plus rester impuissant face à ce qui nous accable, et prendre conscience qu’il peut être possible de ne plus subir. Il propose de mettre en scène des situations vécues comme injustes, discriminantes, des petites tranches de vie qui font écho en nous, qu’on s’y reconnaisse ou bien qu’on s’en indigne. L’objectif est de réfléchir à la meilleure façon de transformer ces situations injustes. En créant un cadre, un espace de réflexion, un petit laboratoire d’expérimentation, nous pouvons rechercher le rôle que nous avons à jouer, et réaliser qu’il nous reste une partie de responsabilité donc une possibilité d’agir pour résoudre les problèmes.

A Terrain d’Entente, nous cherchons collectivement des réponses à toutes ces situations d’injustice et d’inégalité pour qu’elles ne nous écrasent plus, pour ne plus les subir. La meilleure façon de tenter de sortir de ces impasses, c’est dedonner la parole à ceux qui ne l’ont jamais, et d’inventer des formes de manifestations qui rassemblent. Notre rencontre avec les « FéesRosses » nous a permis début Juillet de bénéficier d’un petit temps de formation durant trois jours, et l’Amicale de Tardy nous a, une fois de plus, ouvert chaleureusement sa porte et son théâtre! Aïda était présente à ces rendez vous pour assurer la prise en charge des enfants, de façon à donner à ces femmes un peu de temps libéré. Ce qui est chaque fois une gageure… !

Ces femmes restent en permanence envahies de préoccupations multiples pour tenter de préserver un cadre de vie qui réponde aux besoins de tous les membres de la famille. Plusieurs d’entre elles ont dû renoncer à s’investir sur les trois journées complètes. Certaines n’ont pas pu y participer. Par contre, celles qui nous ont rejoint en cour ont su investir ce temps et l’enrichir de leur expérience.

Fyala : J’ai connu le théâtre forum en octobre 2019 grâce à Terrain d’Entente. Nous avions invité « Les Fées Rosses », ce groupe de femmes venues de Grenoble, pour jouer quelques pièces de théâtre de la vie du quotidien. Moi personnellement après avoir vu ces Dames jouer, et la façon dont elles avaient passé le message à travers la pièce m’avait beaucoup émue moi qui d’habitude ne comprenait pas bien le théâtre. Et surtout ce qui m’avait impressionné c’est que la pièce ne se termine pas à la fin du dernier mot joué mais qu’après avoir discuté de ce qu’on avait compris et ressenti, pour trouver ensemble des solutions à tous ces problèmes du quotidien, sur le racisme et la discrimination.

Nous avons ensuite décidé d’organiser une sorte de petite formation sur le théâtre du forum et j’étais parmi les Dames partantes pour y participer.

Le jour venu j’étais un petit peu stressé, mais tout se passait bien. D’abord il fallait trouver le sujet de la pièce que nous allions jouer, ensuite trouver les comédiens et le comment faire. Tout se déroule très bien, étapes par étapes puis on change de rôle le méchant devient le gentil et ainsi de suite.

Tout en écoutant les sujets proposés pour jouer la pièce sur le racisme ou la discrimination d’une personne fragile ou surtout les problèmes que rencontrent les adolescents au collège puis raconter une histoire qui nous est arrivé sur l’un de ces thèmes je remarque que les Dames présentes prennent goût à raconter leur petit malheur et de dégager ce poids qui est sur leur cœur.

Je n’en revenais pas et je parlais à moi-même en me disant : à elle aussi ça lui est arrivé et à elle et elle !!! Alors il n’y a pas que moi et que la méchanceté gratuite est permise à beaucoup de gens.

Grâce à quelques histoires, nous jouons ensemble différentes pièces en deux parties, la première celle où la personne se fait écraser ensuite, une deuxième partie pour trouver des solutions de remède et rejouer la pièce mais cette fois en tenant tête à la personne par soi-même ou être aider par une autre personne qui refuse toute discrimination.

Le dernier jour de la petite formation et toute a la fin nous nous sommes installés sur les chaises en forme de cercle pour donner notre avis sur ce qu’on a fait et réalisé et ce que nous apporté cette formation.

Personnellement j’ai approuvé ce travail j’ai dit même que je me sentais mieux dans ma peau de savoir que ça n’arrive pas qu’à nous et surtout de pas baisser les bras et de se battre pour ce que nous trouvons juste et que vraiment l’union fait la force.

Merci au théâtre forum !

Amel : J’aime découvrir des choses nouvelles, et pour moi le Théâtre Forum c’était une belle expérience. J’avais jamais pensé que je pouvais faire du théâtre ! J’aime voir le théâtre, comme spectatrice. J’ai assisté dans toute ma vie à deux séances de théâtre.

C’était fort par rapport à ce qu’on a partagé, plein de choses, pleins d’émotions. J’ai compris ce que c’est le théâtre, des messages qu’il faut faire passer aux gens. Et il y a eu pleins de messages entre nous. La rencontre aussi avec les personnes de Grenoble qui nous ont emmenées loin. J’étais dans un autre monde. Par rapport à mon histoire, je suis repartie en 2013, dans la ville où j’habitais alors. Pour chacune qui partageait un peu de son histoire, c’était comme dans un film dans lequel on rentre, on rentrait dans l’histoire de chacune. Je ne jouais pas un rôle, c’était avec ma personne, on était dans le rôle, dans l’univers de la personne. Je me sentais comme une artiste sur scène, qui aurait fait du théâtre toute sa vie. Je ne me sentais pas être une maman qui a plein de soucis. C’était un moment différent de ma vie quotidienne.   J’ai compris que le théâtre ce n’est pas qu’un métier, c’est beaucoup plus profond. C’est un message à faire passer, même simplement avec des gestes, des mimiques. C’est fort. J’ai senti aussi que les spectateurs, que tout le monde a réagi, tout le monde a vécu quelque chose de ces scènes. On vit tous un peu les mêmes expériences, mais tout le monde se tait. Avec le théâtre, les gens parlent et on comprend qu’on est tous pareils.

Il y avait une force sur cette estrade, avec les lumières, les rideaux. Une force qui donne envie de continuer, de faire mieux, plus. La scène de théâtre donne une force qui sort de partout pour que je bouge mieux malgré ma fatigue et le poids du quotidien, que j’ai réussi à oublier ! Dans la vie déjà on cherche des solutions, on cherche celle qui va être la bonne. C’est pareil dans le théâtre, on cherche des solutions. Chacune a donné son avis, chacune a des solutions dans la tête.

Pour l’exemple de l’expérience de Latifa, je suis comme Latifa, dans la même situation, je me tais. Une autre personne ne va pas réagir comme ça : une autre va partir, une autre va mal parler, d’autres vont réclamer à parler au responsable…Il y a plusieurs solutions. Le théâtre montre que chacun a son avis, sa solution, qui est différente des autres. Comme Latifa, lorsque l’administratrice de la sécu jette mes papiers de CMU, je préfère me taire plutôt que d’appeler le responsable, faire la bagarre. C’est une solution qui permet aussi de régler le problème. Le risque de s’énerver c’est de ne pas régler le problème. Le message, c’est qu’il y a d’autres manières de faire.

J’aimerai que beaucoup de femmes de terrain d’Entente puissent vivre cette expérience. Quand j’ai commencé, j’avais peur, après j’ai senti que j’étais en direct avec beaucoup de force. Pour moi, j’étais une actrice. le rêve de l’enfance: être une actrice à la télévision! J’ai vécu ça! J’avais jamais oser parler de mon problème devant tout le monde. Mais le moment était fort, c’était possible, là.

Josiane : Les sorties à la journée, les séjours familles :

Depuis plusieurs étés nous sommes accueillis en amis à la Ferme des Fromentaux. Ce lieu est habité par des travailleurs qui depuis toujours prennent soin du vivant, de la terre, des animaux, des hommes. Ils sont très sensibles à la question du droit aux vacances pour tous. Les enfants ont une place très privilégiée dans cet espace. Ils peuvent faire différents apprentissages en toute sérénité, les encouragements accueillent chaque fois leurs efforts pour s’exercer à la traite des chèvres, les accompagner dans les bois. Un adulte se rendra toujours disponible pour accompagner un groupe à la piscine, en rechercher un autre à la plage quand l’orage menace….

Amel : J’avais réservé la sortie au Lac des Sapins. Mais j’ai dû annuler suite au décès de ma tante. je suis restée plus de dix jours à la maison sans sortir. J’ai finalement croisé Bertrand et je lui ai demandé de faire une autre sortie, juste pour mes enfants qui étaient à nouveau confinés. J’ai pu participer à la sortie du lac de Devesset. Pour moi c’était juste pour prendre un peu l’air, mais c’était surtout pour mes enfants. Pour eux c’était génial. Dans le bus ils ont pu regarder la nature, c’était mieux que les écrans! Mes enfants ne sont pas sortis de l’eau! Ils ont joué toute la journée. Ma rencontre avec les femmes de Terrain d’Entente m’a aidée à sortir de ma tristesse, de sentir que la vie continue, a produit un changement. Je suis toujours en deuil, je pleure ma tante chaque jour. C’est la première fois que je vais au bord d’un lac. Merci de me faire découvrir de beaux endroits. L’après midi, j’ai fait du pédalo avec mes enfants. C’est aussi la première fois de ma vie! Mes enfants sautaient du pédalo, nageaient.

A la fin de la journée, on a été surpris par un orage. C’était rigolo de voir tout le monde qui tentait de se protéger avec une serviette éponge sur la tête. Une fois dans le bus, je n’avais plus d’inquiétude et j’ai pu rassurer tout le monde. On est rentrés chez nous, mes enfants avaient beaucoup pris le soleil. C’était magnifique. Une journée pour oublier ce qui était difficile, le deuil, le confinement.

La journée à la ferme, c’était le top ! Une nouvelle découverte. Marcher pieds nus ! Mes enfants ont tout raconté à leur père. J’ai vu la joie dans leurs yeux. Ils lui ont proposé de vivre cette expérience tous ensemble. Ce qui m’a marqué le plus c’est l’histoire des chiens de berger. J’ai jamais imaginé comment ça se passe entre le berger et son chien. Le jour même j’ai envoyé des photos de la nature sur face book. C’est comme des tableaux. C’était top du top. Je remercie Terrain d’Entente de vivre ces moments joyeux, heureux.

Avec le démarrage de la rentrée, on sent qu’on est prêt. La sortie permet de prendre beaucoup d’énergie dans la nature, sa force. Le chien qui court qui court après les moutons… c’est un animal mais il fait son métier. C’est ça la force, chacun a sa place. Le chemin pieds nus, on était au milieu des arbres, on a respiré l’oxygène pur. C’était difficile, mais cette difficulté nous a donné la chance de vider nos poumons. On avait peur, il fallait monter, descendre, c’était une vraie oxygénation du corps tout entier. La marche pieds nus c’est une thérapie pour tous les organes. Bien respirer l’air pur, l’oxygène des arbres, et on a la force de continuer pour la rentrée, on est prêt.

Je n’ose pas aller au lac, à la ferme, au théâtre sans Terrain d’Entente !

Karima J’ai vécu deux sorties au bord d’un lac et un séjour à Retournac. C’était magnifique. Pour la première sortie au lac des sapins, c’est moi qui avais inscrit les familles. J’étais inquiète d’avoir inscrit des personnes qu’on ne connaissait pas. C’était des familles qui ne pouvaient pas s’inscrire au Babet, pour elles, c’était trop cher. Je trouvais injuste qu’elles ne puissent pas profiter d’une belle journée parce qu’elles ne pouvaient pas payer. Eh puis, si on n’a jamais l’occasion de partager un moment on ne peut pas apprendre à se connaître. Parmi celles qui sont partis, une n’avait pas vu sa famille depuis 5 ans. Elle nous a remercié « Pour la première fois mes enfants se sont sentis pris en compte comme tout le monde ». Ce départ a été gratuit pour ceux qui ne pouvaient pas payer. Ces familles ont partagé tout ce qu’elles avaient apporté avec tous. Le moment du pic nique a été partagé avec tout le monde. Tout a été déposé sur la nappe, personne ne savait qui avait apporté telle ou telle chose. On ramène toujours plus. Nous sommes pour des rapports d’égalité, il n’y a pas quelqu’un de mieux que l’autre. Et comme ça, on peut dire « merci » à tout le monde. Ce partage-là, on ne le retrouve pas dans les palaces ! On pouvait dire aux enfants « tu n’as pas besoin de demander à ta mère, il n’y a autour de toi que des « tatas » qui sont prêtes à t’écouter » Pendant que certains s’occupaient d’organiser le pic nique, les autres étaient avec les enfants. On aurait dit un village. On se retrouve comme au bled ! Un moment de paradis ! Il y avait du bonheur, si bien qu’on a oublier ce qui se passait autour de nous. C’est comme ça que les enfants apprennent à partager.

La bonne organisation sur le déroulement de la journée rendait chaque moment confortable. Pas besoin de s’inquiéter de risquer d’être oublié, les activités étaient prévues pour tous. Avec Terrain d’Entente c’est plus léger. Je suis responsable de rien et ça me soulage ; Et je peux prendre du plaisir pour moi même.

Pendant les 3 mois de confinement, on était mort. Seul le cœur battait. Nous avons pu vivre des premières sorties après toutes ces choses. On a oublié le Covid pour la première fois. Malgré le temps frais pour la première sortie, c’est nous qui avons allumé le feu !

A Retournac, j’ai l’impression d’être partie chez mes parents ! J’ai pas senti que quelque chose me manquait. J’étais avec ma mère, mes sœurs, mes cousines. J’avais des appréhensions de partir avec des personnes que je ne connaissais pas. Je suis très sensible et j’avais peur de me sentir blessée et que ça se répercute sur mes enfants. J’ai peur des histoires. C’est pas facile de rentrer dans un groupe. On ne se sent pas accueilli dès le premier pas. Certaines s’étaient découragées de nous rejoindre. Mon mari m’a encouragé à partir pour le bien des enfants.

Pendant ce séjour, on a pu parler de nos difficultés, on a pu se confier sur nos problèmes familiaux comme à de sœurs. On a pu parler de tout, les 3 mois de confinement, on a pu se donner des conseils…. Au début B. était très fermée, elle a peur des gens, elle ne connaissait personne ; elle s’est détendue au fil des jours, elle a pris confiance en elle. Aujourd’hui sa mère qui est au bled ne s’inquiète plus pour elle. Tout ce que je dis, c’est pas seulement mes paroles, c’est le retour de toutes les familles. N. est sortie des histoires familiales tristes, des disputes. René Jo elle est toujours accueillante, elle ne change pas. Retournac, ça ressemble à la nature du Bled, on retrouve des souvenirs. Pas de stress

On n’a pas eu besoin de regarder l’heure, on se lève quand on veut. Avec l’équipe, c’était bien organisé. Un temps que pour moi. J’ai jamais entendu « maman ». J’ai pu être moi aussi un peu enfant, pour rigoler, pour penser seulement à moi. Même s’il restait seulement deux enfants qui ne partaient pas avec vous, l’une d’entre vous restait pour s’en occuper. On trouve un temps de relais pour nos enfants comme au bled avec nos parents. Même si je réserve dans un palace je trouve pas ça ! Une grande attention. Une organisation pour soulager les mères, c’est parfait. On est parti juste à côté, pas besoin de chercher le bonheur loin. Pas de tension, donc pas de fatigue.

Au retour j’en ai parlé pendant deux semaines. Il y a toujours quelque chose à raconter ; Plein de détails qui apportent du bien être. Etre assis à l’ombre d’un arbre pour partager le repas. Se retrouver au bord de la Loire, le chemin pour s’y rendre où on s’arrête à chaque instant pour prendre des photos. Danser ensemble en faisant le repas. Regarder les enfants jouer dans la piscine… On a partagé toutes nos photos. Nous les avons envoyées chaque jour à Tarentaize et les pères des enfants se réjouissaient ensemble, parce qu’ils ne peuvent pas offrir ce genre de sortie à leurs enfants. J’ai même donné envie à mon mari d’y aller. Nous n’avions à nous inquiéter de rien, même le wagon de train était réservé pour Terrain d’Entente. On n’a rien eu à payer ! La porte est ouverte à tout le monde. J’avais prévu des repas de fête, et toutes les femmes ont travaillé pour apporter des plats à partager pour toutes la durée du séjour. Je me suis excusée de les avoir trop fait travailler ! On n’est pas des professionnelles, on fait des apprentissages en participant à l’organisation. Je n’ai pas l’habitude de faire les courses !

A notre retour, on a donné envie à tout le monde de partir à Retournac ! Après le confinement de 3 mois, et l’impossibilité de partir retrouver nos familles, comment on allait être prêt à assumer une autre année qui allait démarrer ? Ces séjours nous ont permis de passer à autre chose sans avoir rien à payer. Nous avions besoin de tout lâcher. Trois jours que pour moi, c’est dur de tout traduire. Il y a eu tellement d’émotions, de pleures…

Aujourd’hui je me demande : c’est où chez moi ? C’est pas le bled où j’ai vécu pendant 20 ans, ce sont les gens avec lesquels je vis mon quotidien. Alors que ça fait seulement 4 ans que je vis à Tarentaize, je peux dire que c’est ici chez moi. Quand je pars d’ici, j’ai toujours un appel, j’ai besoin d’avoir des nouvelles du quartier. J’appelle pas aussi souvent ma tante qui habite à Lyon !

Josiane : Champoly baptisé  » la Maison du peuple »! Un lieu qui souhaite rassembler le plus largement possible les collectifs d’individus qui s’efforcent de créer entre tous des rapports d’égalité et de solidarité. Un magnifique espace de vie construit pour accueillir jusqu’à 50 personne. Le lieu central est construit dans un cercle qui rassemble, qui permet la circulation de la parole….

Marion :  Ce séjour a permis de faire partir à la campagne 5 familles dont les mamans étaient des sœurs ou belle-sœur. Ainsi tous les enfants étaient des cousins-cousines et cela m’a permis de découvrir à la fois les mères de ces enfants que je vois très régulièrement au terrain et de comprendre leurs histoires, leurs situations, leurs liens du sang si particuliers. Enchaînant galères sur galères : lieu pas suffisamment nettoyé, problème d’eau chaude, de bactérie dans le lac, de batterie à changer sur une voiture, la route et le stress que cela a engendré … Nous avons tout de même passé des moments incroyables, barbecue géant, baignades, repas, rires, histoires, nuits tous ensemble etc… Au final les enfants (les plus grands) seraient bien restés plus longtemps.

Sortie à vélo, de mai à Aout 2020 :  Bertrand : Ce projet est issu de la demande d’enfants, coordonnée par le soutien des associations de réparation participatif de vélo du territoire (vélo en quartier et Occivélo), et des aménagements de la ville, (avec la mise en place de 30 km de pistes cyclables sécurisées et une indemnisation de 50 € de l’état pour l’achat ou la réparation de vélo).

Notre opportunisme légendaire a ensuite fait le reste. Le vélo paraissait adapté aux gestes de protection en cette période de limitation drastique des activités accessibles à tous, pour raison sanitaire.

Dès les premières semaines de déconfinement, nous avons essayé d’équiper le plus d’enfants et d’adultes possible. Nous avons alors été confrontés à des problèmes récurrents de place de stockage dans les appartements, de durée de vie d’un vélo sur le quartier, puis de rupture de stock de ces 2 associations. Le processus de remboursement étant très efficace.

Cependant, nous avons réussi durant ces trois mois à distribuer près de 15 vélos en bon état de fonctionnement aux habitants du quartier. Nous avons d’ailleurs encore une liste similaire d’enfants souhaitant s’équiper et nous nous inquiétons désormais de nos capacités à accompagner à l’entretien de ces vélos.

Nous avons pu lancer des sorties à vélo au départ de la médiathèque de Tarentaize. À partir de fin Mai. Pour la première sortie, 6 enfants étaient présents et équipés : vélos, casques et autorisations nous permettant de s’assurer que les familles étaient bien informées et d’accord.

Nous sommes sortis du quartier par une rue à faible circulation avant d’accéder à « la voie verte ». La première partie était difficile avec beaucoup de montée, mais le respect des consignes et l’envie des enfants n’ont pas faibli face à l’effort et nous avons ensuite pu bénéficier d’un décor champêtre dépaysant, alors que nous étions à moins d’un kilomètre de Tarentaize.

Lors des quelques inévitables chutes, l’ensemble des participants ont fait preuve de solidarité et de bienveillance à l’égard des accidentés. La promenade dura près de 2 heures, à la suite de laquelle nous avons fait un petit bilan entre néo cyclistes : l’ensemble des enfants souhaitaient repartir et ce dès la semaine suivante !

La motivation s’est largement propagée à notre retour sur le terrain et nous étions bien plus nombreux pour la deuxième sortie. Pas de chance, cette journée correspondait à l’enlèvement surprise des barrières de sécurisation installées par la mairie trois semaines plus tôt… Ce qui a rendu notre parcours bien plus périlleux !

A chacune des sorties, nous étions toujours plus nombreux, jusqu’à 17 enfants âgés de 6 à 14 ans. Le bouche à oreille faisant son effet, certainement aussi l’abandon des activités extrascolaire en ce mois de juin si particulier.

Puis, un groupe de femmes s’est organisé autour de bénévoles et services civiques de l’association pour se retrouver chaque mardi AM au parc Jean Marc afin de s’initier au vélo ; plus d’une dizaine de femmes du quartier était présente sur certains de ces après-midis !

Cette « activité » s’est peu à peu organisée : les mardis, en fonction de la météo, à 14h au parc de Villars avec un groupe de femmes, puis à 19h devant la médiathèque, pour les enfants. Des pères nous ont rejoint pour accompagner ces sorties, ce qui nous a permis de nous retrouver à 7 adultes pour sécuriser les parcours.

La réussite de ces sorties nous a rendu plus ambitieux, depuis quelque temps nous évoquions l’envie de nous rendre à St Victor en vélo… Avec une bonne organisation de la présence de bénévoles en lien avec « vélo en quartier », pour assurer le retour des vélos, nous avons validé la date du jeudi 30 Juillet pour effectuer ce projet un peu fou.

15 enfants âgés de 7 à 13 ans ont participé à cette expédition, encadrés par 6 accompagnateurs et deux mères qui nous suivaient en voiture, de façon à faire face aux imprévus. Rendez-vous à 15h30, avec un long temps de briefing, vérification des vélos et d’hydratation des enfants et adultes…

Et c’est parti !

3h30 plus tard l’ensemble des enfants sont parvenu à destination et ont ainsi pu profiter d’une bonne heure de baignade largement méritée avant de rentrer à Tarentaize en voiture. Les vélos sont rentrés en camion par le biais de Vélo en quartier.

Il est évident que les souvenirs de ces journées sont encore très présents chez les 32 participants et l’attitude des enfants vis-à-vis des dangers de ce type d’activité n’a cessé d’évoluer durant l’été. L’envie de renouveler de manière régulière ces sorties est fortement manifestée, mais les réalités financières prendront une nouvelle fois le dessus et ne nous permettront peut-être pas de reconduire ces belles découvertes à l’avenir.

Un grand merci aux associations d’OCCIVELO et de Vélo en quartier qui ont rendu cela possible par leur investissement bien souvent au-delà de leur mandat de fonctionnement, juste parce qu’ils en éprouvent le sens.

Un grand merci également aux 7 bénévoles qui sont régulièrement venus nous accompagner et sans qui nous aurions dû largement diminuer le nombre d’enfants présents.

Les sorties jeunes : Ramzi : Tout a commencé pendant le confinement lorsque des jeunes m’ont fait part de leur envie de sortir de chez eux, de quitter le quartier pour un temps. Le mot d’ordre est « on galère »

Au fil de nos rencontres, des discussions émergeaient sur des projets autour des vacances. Cette construction de projets a commencé pendant la période du confinement : lors des trajets « courses alimentaires » avec les adolescents, pour les personnes vulnérables, ou via les réseaux sociaux. Sur toute cette période nous sommes restés actifs et à l’écoute des jeunes, filles comme garçons. Certains ados comme Salima me répétait « Heichek (stp) est ce qu’on peu faire une sortie avec les filles cet été. ». Ou Ichem qui me disait « kho ( frere) on fait le projet que tu veux tant que moi je suis avec mon équipe ». Puis Malek précisait « ouais les frères tant qu’il y’a un peu d’eau pour nager, on va n’importe ou ». C’est là que Younes leurs a répondu « Y a Saint Victor (lac)» Mais Fares lui rétorqua « Frère c’est interdit là-bas ».

Toutefois, malgré ces obstacles, , j’ai pu remarquer que ces jeunes n’étaient pas du tout résignés mais bien au contraire, ils avaient une force de proposition assez étonnante. Ces jeunes ne se contentaient pas de demander et d’attendre que cela arrive. A titre d’exemple via son smartphone, Banfa nous as montré qu’il y avait de super points d’eau comme la cascade à Saint pierre de bœuf. J’ai alors proposé au groupe l’activité Rafting mais Yakoub était perplexe : « c’est pas pour nous ça » mais Wissem a expliqué qu’il avait déjà essayer avec des potes (Français) et c’était top. Youcef, via l’application Waze a fait une simulation de trajet afin qu’on s’organise sur les horaires. . Enfin Adem a pris le soin de regarder la météo afin qu’on puisse avoir une date optimale. En parallèle avec l’association et les jeunes nous avons réfléchit à un mode de financement afin de rendre ces micro projets possibles. D’ailleurs concernant le financement le leitmotiv côté jeunes était toujours le suivant « s’il faut cotiser, on cotise y’a pas de soucis »

Ainsi à travers ces activités aquatiques comme le rafting nous avons permis à plus de 40 adolescents de vivre des expériences d’aventure au combien enrichissantes pour leur vie d’adulte. J’ai en effet pu observer des valeurs en parfaite adéquation avec celle de l’association comme, la solidarité, le travail d’équipe car oui si l’équipe n’est pas coordonnée le rafting se renverse, ou sans aide il est difficile de pouvoir remonter sur le pédalo ou le bateau !

Marion : J’ai pu participer à deux sorties avec les jeunes : rafting et piscine. Au rafting il n’y avait que des garçons, au début je me suis sentie toute petite, sans trop savoir dans quoi je m’étais embarqué. Puis, j’ai créé des liens et rien que dans la voiture lorsqu’un camion a osé me faire une queue de poisson j’ai senti toute la rage des ados « Qu’est-ce tu fais là, t’es crus chez ta mère ? » « Klaxonne Marion il n’a pas à te faire ça » « On lui fait tous des doigts quand elle double » ! Egalement dans la voiture la découverte des play-liste musicale qui défilaient à plein régime m’ont permis d’instaurer un dialogue, parfois moquée car je ne connaissais pas tel ou tel rappeur ! Au-delà de l’activité que nous avons tous aimés, les discussions du midi ont été bien plus importantes pour moi, parce que parler de la religion, des vies de chacun, des similitudes malgré nos grandes différences dans nos modes de vie est pour moi une façon de s’ouvrir au monde, autant moi comme adulte, qu’eux en tant qu’adolescents !

Ramzi : D’autres envies ont émergé durant l’été notamment pour un groupe de 8 jeunes âgés de de 15 à 19 ans qui nous expriment trop souvent leurs désirs de conduire. Là aussi et après discussion nous avons pu aboutir à un projet karting.

Le point important à mon sens est que ces jeunes comprennent qu’on ne peut pas conduire sur la route comme sur un circuit car cela engendre des risques qui sont malheureusement et trop souvent dramatiques.

D’ailleurs ce jour-là la piste était glissante et la plupart des jeunes ont pu expérimenter le fait de perdre le contrôle de leurs véhicules (karting) si on n’anticipe pas la vitesse. Quelques minutes auparavant deux jeunes, Mekine et Djalil me disaient « on est des pilotes, nous on ne glisse pas »

Dans ce cadre très sécurisé cela ne pose pas de problème mais après discussion avec eux cela a en effet poussé la réflexion sur ce qui se passe avec un vrai véhicule sur la route avec toutes les conséquences qui en découlent : humaines, matériels etc.

Ainsi et malgré le coût financier, à mon sens cette démarche fut constructive pour ces jeunes notamment sur le fait de faire attention aux autres (en cas d’accrochage les pilotes étaient pénalisés) L’enjeu était d’anticiper (pour ne pas glisser certes), mais surtout apprendre à anticiper en général pour ne pas subir leur avenir sur la route comme dans leurs vies professionnelles.

En plus de ces sorties à la journée, d’autres projets plus conséquents ont pu voir le jour durant cet été. En effet la demande la plus récurrente était « c’est quant je pars à Champoly avec mon équipe ? ». A partir de cette revendication, nous avons pu construire ensemble plusieurs séjours pour pratiquement 30 jeunes. Nous étions accueillit dans une grande maison de campagne appelée « maison du peuple » car elle favorise à la fois une certaine liberté avec énormément d’espace mais aussi plein de rencontres notamment autour du cercle de barbecue.

Encore une fois la construction de ces séjours n’allait pas de soi, et les jeunes étaient mobilisés pour concrétiser le projet. Par exemple dès la programmation Ilyesse a créé un groupe sur Snapchat qu’il a nommé « séjours Champoly ». De plus, il a pris le soin d’ajouter chaque personne pour que toutes les informations concernant les séjours soient partagées par l’ensemble du groupe. Kais me dit « pour les courses je suis op (opérationnel), avec ma mère je les fais tout le temps ». Ce même jeune nous as montré une application pour scanner chaque produit alimentaire et ainsi respecter le budget qu’on avait établit en équipe en amont.

Par la contribution de chacun à la construction du séjour, les jeunes devenaient de plus en plus autonomes. Cette construction de l’autonomie de chacun se faisait dans un premier temps collectivement. En effet une fois sur place chacun pouvait choisir la tâche qu’il souhaitait réaliser. Sofiane me disait « moi je suis trop fort au barbeuc donc je le fais ». Il a même accepté de prendre avec lui une personne un peu moins expérimentée afin que chacun puisse partager sa compétence. Cette démarche était appliquée sur l’ensemble de la vie de groupe que ce soit pour les tâches ménagères, les repas et la planification des activités de loisirs.

Enfin ces séjours étaient aussi l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes en dehors du quartier notamment à la campagne. Au lac de Villerest st Slimane me disais « pourquoi ici les gens sont gentils ? ». D’où la grande richesse des ces sorties hors du quartier. Chose que l’association Terrain D’entente et ses partenaires ont permis malgré une situation de grande crise sanitaire.

Marion : Les terrains du mois d’Août ont été plus légers que d’habitude. Par les fortes chaleurs qui se sont succédé nous avons adaptés nos terrains en venant plus tardivement (16h-18h). Les enfants « habitués » ne venaient pas plus que ça, et préféraient rester entre amis, ou en famille. Cela à permis à d’autres enfants et adolescents ne venant pas souvent, se sentant parfois « exclus » « n’ayant pas le droit d’être là » de s’investir et de comprendre que pour nous, en tant que Terrain d’entente ils ont toute la place qu’ils veulent occuper. Ce qui a pu se confirmer auprès des uns et des autres lors du retour des « habitués » ! Nous avons également pu répondre à des attentes bien particulières. Par exemple Rania qui avait un besoin immense d’escalader, de grimper a pu expérimenter en sécurité, avec un baudrier de corde et deux adultes pour elle, ce qu’était l’escalade ! Apprendre le vocabulaire, comprendre la manière de trouver des prises etc. Un projet qui pourrait voir le jour dans le cours de l’année.

Les dernières semaines ont été plus « sombres », la « déprime » se faisait un peu ressentir ; et pour cause : fin de l’été, fin des vacances, retour de l’école, appréhension scolaire, partie de l’équipe qui ne reviendra pas aussi régulièrement à partir de septembre. Ce qui ne nous a pas empêchés de continuer de jouer, de rire et de discuter.

Vincent : Parmi toutes les activités, les sorties, les séjours et les terrains cet été, on a eu l’occasion de faire pas mal de barbecues. 

Un vendredi soir pour clôturer une belle semaine d’olympiades, avec un gros tournoi de foot arbitré par Ramzi, ou l’on a pu voir énormément de nouvelles têtes, qui m’étaient inconnues pour ma part, et beaucoup de familles, des habitués et quelques personnes sûrement attirées par cette ambiance très chaleureuse. Une très belle soirée ou l’on a pu voir de l’entraide, du partage et beaucoup de sourires. Deux ou trois adolescents nous ont rejoint à cette occasion, ils étaient demandeurs de ce genre de soirée. Quelque temps après, avec quelques uns d’entre eux, nous nous sommes reparti les tâches de préparations.  J’étais en accompagnement du groupe parti faire les courses et étonnamment surpris par l organisation, l’efficacité ainsi que le pragmatisme de ces jeunes. Encore une bonne soirée, certains jouent aux cartes, d’autre discutent, certains s’occupent de Rex le chien de Fares qui nous a accompagnés tout l’été. Les plus aguerris s’occupent du barbecue avec un professionnalisme incroyable.  On a pu aborder pleins de sujets dans une ambiance très apaisée, jouer à des jeux dont ils étaient les investigateurs et les animateurs.  Ces ados ont découvert et adopté le camembert cuit sur le feu, et les légumes aussi ! 

Une soirée que l’ont a pu revivre deux fois pendant les séjours à Champoly avec d’autres groupes. Toujours aussi agréables et efficaces dans la gestion et le partage des tâches. 

J’en déduis que le barbecue est la recette d’un été réussie, ou peut-être est ce l’inverse ?

Josiane : Cet été nous a permis d’apprécier une très notable évolution de nos relations inter personnelles. Tous les séjours ont été rendus possibles grâce à notre capacité de plus en plus développée à nous organiser, entre voisins et avec les membres de l’équipe, tant sur les questions logistiques que sur le contenu des journées. La responsabilité de la qualité des journées a été partagée entre tous. Chacun à sa mesure a su réaliser l’effort nécessaire pour prendre soin les uns des autres, pour comprendre les difficultés qui ont pu se manifester et chercher la possibilité de les traverser.

Si globalement nous récoltons surtout des retours positifs, nous avons évidemment vécu des déceptions. L’évolution des relations qui se construisent au sein de notre collectif, à l’occasion de ces sorties, nous permet de tirer ensemble des enseignements de toutes ces expériences partagées, de nous projeter dans l’avenir pour envisager une meilleure façon de réaliser nos projets. La question n’est pas de vivre des expériences pour qu’elles soient toujours gratifiantes, mais de permettre à chacun de trouver sa place et d’apporter une contribution.

Ces différents témoignages nous permettent d’affirmer que le temps des vacances est bien une opportunité d’émancipation individuelle et collective.

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Ce temps long du confinement : Le journal de Terrain d’Entente

« L’annonce du confinement a été un choc, on ne s’y attendait pas. On a traversé des catastrophes mais pas sur notre période actuelle ». (Fathia)

Le temps a été suspendu. Une expérience inédite s’est imposée à nous tous. Face à une menace mortelle, nous avons du renoncer à tout ce qui construit notre quotidien qui nous a alors échappé. Nous avons du arrêter des activités qui assurent le maintient de notre existence, lui donnent du sens. Si cette remise en question radicale a concerné toute l’humanité, elle n’a pas été vécue de la même façon en fonction de la situation sociale de chacun.

Terrain d’Entente s’est efforcé de rester intègre par rapport à ses principes. Aujourd’hui, il nous semble indispensable de donner la parole à ses différents acteurs pour évoquer cette période. Il s’agit des différents membres de l’équipe et d’habitantes du quartier de Tarentaize-Beaubrun.Nous espérons que ce partage nous donne la possibilité de tirer des enseignements de ce que nous avons subi pour envisager autrement notre avenir.

Fathia: Le décès de la maman de Nabila, c’était horrible. C’est ce qui m’a marqué le plus. Elle s’est retrouvée seule pour faire son deuil. C’était inhumain de là voir pleurer de son balcon et de ne pas pouvoir là tenir dans nos bras. Sinon je sens que ça a rapproché les familles. Ca a crée des liens plus forts entre les parents et les enfants. Tu te découvres. J’ai retrouvé également des souvenirs en triant mes affaires. J’avais le temps. J’ai senti un élan de solidarité. Pour une fois, on était tous dans la même situation, tous pareils. Avec l’humain qui avait vraiment sa place d’humain. Des relations où ce n’est pas l’hypocrisie qui domine. De ne pas pouvoir être en lien avec les personnes ça permet de comprendre à quel point on y tient. Les gens te manquent, tu mesures plus ce qui a de la valeur dans la vie. La famille, l’amitié. Des relations qui sont précieuses. J’ai senti beaucoup d’émotions autour de moi la première fois qu’on s’est retrouvées. On a été mis face à la réalité. La vie, et la mort…. On le sait mais ça a permis une plus grande prise de conscience. Dans le quartier, un petit collectif s’est organisé pour que personne ne soit oublié. Le mari de Nabila y a participé. Une somme d’argent a été récoltée entre les habitants, durant toute la période du confinement, pour proposer des colis alimentaires à ceux qui n’avaient plus rien. Cette solidarité s’est prolongée durant toute la période du ramadhan. Des familles préparaient chaque jour des repas que des bénévoles de la mosquée distribuaient. Le regard des gens a changé. On est tous pareils avec les masques. Le port du voile qui était choquant auparavant a trouvé sa place comme une mesure de protection nécessaire aujourd’hui. Ca fait du bien la fin de ce racisme! Ce que je retiens surtout du Covid c’est le développement des solidarités ».

Une annonce que nous n’avons pas su anticiper: le coronavirus s’est propagé partout dans le monde! De l’épidémie annoncée en Chine, nous découvrons que la pandémie va immobiliser toute l’activité humaine! La veille du discours présidentiel qui annonçait l’injonction à l’auto enfermement, nous étions sur le terrain avec les familles, c’était un Samedi. Nous avions prévu des petites mesures d’hygiène: de l’eau, du savon pour encourager les enfants à se laver les mains. Les verres et le goûter étaient restés au garage. Le lundi tout le monde devait rester confiné chez soi!

Zahia: « Je vais vous exposer mon ressenti sur la situation actuelle qui est inédite et déroutante à la fois. CONFINEMENT. Un mot que beaucoup de gens ne connaissaient pas , mais qui allait mettre tout le monde, oui le monde entier dans une situation de retrait social , physique et économique pour cause de crise sanitaire mondiale. Ce virus a fait des millions de morts dans le monde sans distinction de lieu,de race, de couleur, de richesse ou de pauvreté. Tous les continents ont été touché, toutes les populations ont vécu cette situation inédite et particulière. Confinement, un mot que je ne connaissais pas . On a tous été obligés de nous confiner, tout s’est arrêté! On aurait cru être dans un film américain d’apocalypse! On a pu remarquer que même les grandes puissances mondiales, les pays dotés des dernières et meilleures technologies n’ ont pas pu échapper à la contamination de ce nouveau virus . Un virus venu de Chine et qui a provoqué une pandémie mondiale, une contamination à laquelle personne ne s’attendait et n’était préparé. J’ai été choquée d’entendre tous les soirs vers 20h00 , le Professeur SALOMON qui venait nous annoncer , nous énumérer le nombre de morts par jour. L’ image de l’alignement des cercueils dans une longue fosse aux Etats -Unis à été impressionnante. Tout le monde : riche comme pauvre, adulte comme enfant, patron comme chômeur, toutes les nationalités , toutes les cultures et toutes les religions du monde ont été touchés. L’Humanité sans aucune distinction et cela doit nous amener à réfléchir sur notre façon de penser, sur notre rapport à l’ autre , sur nos dirigeants etsur notre avenir surtout. Rien n’ est acquis , l’ Homme restera toujours vulnérable sa connaissance, son intelligence, malgré le progrès . Il faut réfléchir sur le sens même de la vie et sur notre rapport aux autres. Une chose positive , c’ est que cette expérience nous a permis de réfléchir et de nous recentrer sur l’essentiel, et non sur des choses éphémères. BON COURAGE A TOUS ».

Devant la bonne volonté manifestée par le plus grand nombre, d’utiliser ce « temps libre » imposé pour apprécier les petits plaisirs de la vie familiale, nous avons vécu la première semaine comme une opportunité. Pour notre vie d’équipe, comme pour l’ensemble de notre collectif, nous avions enfin du temps! Ce temps qui nous manque toujours pour enrichir notre site de témoignages; pour finaliser des projets tous ensemble, en réfléchissant aux enjeux, en prenant en compte l’avis de chacun; pour s’astreindre à rédiger les bilans exigés par chaque financeur; pour organiser des vacances dignes de ce nom…. Nous avons mis en place des temps de réunion plus fréquents pour tenter de répondre à la complexité de ce nouveau contexte. Car pour construire des actions qui répondent aux besoins réels, et qui deviennent transformatrices, les temps consacrés à la discussion sont essentiels, déterminants. Nous avons besoin de la capacité de chacun à comprendre, analyser, proposer. Nous avons pris également le temps de téléphoner à chacun et à chacune. Nous avons partagé ainsi des moments d’intense intimité, à parler de nos conceptions de l’existence, de ce qui avait du prix à nos yeux, et de ce qui était ressenti comme une difficulté… Des échanges en vérité qui renforcent les relations. Très paradoxalement, malgré la conscience d’avoir à traverser un moment difficile, inédit et plein d’incertitudes, les premiers jours ont été vécus comme un souffle un peu nouveau. Nous avions le sentiment, en acceptant de bonne grâce cette lourde réduction de nos libertés, cette limitation volontaire de nos déplacements et de nos relations, de participer à cet effort collectif pour vaincre cette maladie inconnue. Nous trouvions notre place dans cette épreuve qui nous concernait tous. Nous étions comme tous les autres. La question des lieux de prières fermés à tous concernaient les citoyens de toutes les confessions. Il n’y avait plus ce discours sur les musulmans qui, par leur pratique, semblaient pour certains, contrevenir aux valeurs de la République. Nous devenions un peu égaux.

Bertrand: « Guerre », « confinement », « Gestes barrières » et « mesures de distanciation sociale »… Autant, à titre personnel, le confinement m’a permis de vivre un temps unique de repli familial tourné vers des choses plus essentielles, avec un rythme de vie beaucoup moins épuisant. Autant en ce qui concerne mon engagement à Terrain d’Entente, au fil des jours, je m’épuisais à ne rien faire et trouvais de plus en plus difficile le fait de ne plus faire vivre les projets de l’association, les actions qui faisaient mon engagement. Les termes utilisés par notre système gouvernant pour justifier la gestion de la crise, étaient aux antipodes de ce que peut / veut proposer l’association : • « Confinement » alors que nous faisons le choix d’être dehors de manière inconditionnelle. • « gestes barrières » et « Mesures de distanciation sociale » alors que l’association lutte depuis 9 ans pour casser ces barrières et processus de distanciation déjà existant et enclavant socialement les habitant-e-s des quartiers. • « Guerre » alors que nous appliquons des principes de non-violence et sommes convaincus que la guerre ou l’affrontement visant la destruction ne sont en rien précurseurs de paix ou retour au calme. Ceci, cumulé aux nouvelles lois en vigueur interdisant ou limitant drastiquement nos déplacements sur l’espace public, la mise en place de nos actions devenait impossible. Cependant, les difficultés sociales que vivent des personnes fréquentant l’association étaient toujours d’actualité et le manque de services proposés sur le quartier devenait inquiétant. Ainsi, les premières semaines, nous avons essayé de concevoir nos missions à distance par le biais d’appels et conférences téléphoniques. C’était loin d’être suffisant, on captait les difficultés rencontrées par chacun mais restions impuissants à pouvoir y apporter des réponses collectives. Seules les projections sur des périodes futures soulageaient mon implication au sein de l’association : organisation de l’été et de l’année prochaine. On pouvait alors imaginer des jours plus libres. Finalement, juillet et août seront bien plus compliqués à projeter puisque à priori les voyages à l’étranger seront annulés. Il faudra revoir nos prévisions de fréquentation à la hausse, sans être sûr d’avoir des moyens supplémentaires…

Claire: Les trois premières semaines du confinement, la commission vacances a continué de se réunir. Nous avons eu trois réunions téléphoniques, grâce à Ramzi qui organisait ce temps : Bertrand, Ramzi, Fatiha, Stéphanie et Claire. Nous avons bien travaillé durant ces réunions, prévisions des séjours, du nombre de personnes, établissement des budgets : locations, transports, loisirs, nourriture… bref, tout comme l’an dernier, sauf que nous n’étions pas dans la même pièce mais chacun chez soi !ça nous faisait du bien de se retrouver au téléphone, et aussi de mettre en forme des projets pour l’été 2020, même si nous n’étions pas du tout certains que tous seraient possible avec ce satané virus. Une grande occupation a été aussi de chercher des idées de sites où l’on trouvait des activités pour les enfants qui puissent être réalisées avec ce que l’on a à la maison, des sites d’activités sportives à la maison pour les adultes, les enfants.

Au cours de nos longs entretiens téléphoniques, nous avons entendu aussi d’autres témoignages. Plusieurs de ces pères et de ces mères allaient devoir poursuivre leur travail: vider nos poubelles, remplir les rayons des super marchés, assurer le ménage et la désinfection des locaux, se rendre auprès de nos aînés pour en prendre soin. Les « premiers de corvée » n’ont pas eu de répit, bien au contraire. Les annonces en boucle des morts qui augmentaient, des hôpitaux saturés, des malades qui ne pouvaient pas tous être accueillis en réanimation, ont eu raison de notre premier élan de bonne volonté.

Amel: « Les deux premiers jours de confinement ont été très difficiles. J’étais malade, j’avais besoin de me reposer. Les enfants n’avaient pas l’habitude de rester enfermés à la maison. Quand ils voulaient sortir je leur disais « si vous sortez, vous allez m’apporter la mort! ». J’ai eu mal de les retenir, surtout les adolescents pour lesquels c’était le plus difficile. Les deux plus grands avaient envie de faire des jeux sur la play en même temps, ils étaient beaucoup en conflit. Peu à peu, on a trouvé un mode d’organisation. Dans notre appartement, nous n’avons pas de balcon. Il y a une petite cour pour tous les habitants de l’immeuble, mais nos enfants n’y allaient pas. Ils ont passé un mois, sans voir le soleil! Puis leur père les a sortis un par un, pour qu’ils prennent un peu l’air. Le sport à la maison, c’était difficile, on avait peur de déranger les voisins. Durant deux mois, je n’ai pas vu mes voisins. J’ai fini par leur envoyer un mail pour prendre de leur nouvelle. Les réseaux sociaux m’ont aidée. Il y a plein de choses à partager. J’ai apprécié tous les liens que j’ai eu avec les autres grâce à face book, « whatsapp » , le partage de vidéo avec les femmes de terrain d’entente. On se passait le « bonjour » avec l’association « vélo en quartier ». J’ai beaucoup écouté les informations pour savoir ce qu’il se passait dans le monde. Entendre que peu à peu, il y avait moins de morts, ça m’a rassurée. Je ne me suis pas sentie en difficulté pour aider mes enfants dans leurs devoirs, mais il y en avait trop, avec des limites de temps imposées pour réaliser certains exercices. On me demandait de chronométrer ma fille qui est en CE1!. On n’arrivait pas à tenir les temps. J’étais inquiète. Ca remplissait toute la journée, j’étais pas préparé à faire tout ça. Et j’avais autre chose à faire: le ménage, la préparation des repas pour 6 personnes. Je me suis organisée. J’imprimais tout le travail scolaire le matin. Mais nous nous sommes retrouvés en panne de cartouche. Mon mari a parcouru toute la ville, dans plusieurs grandes surfaces, il est allé jusqu’à Andrézieux et finalement il a trouvé la dernière cartouche, mais elle était en couleur, ce qui nous a coûté plus de 40 euros!. Il l’a achetée, on n’avait pas le choix. Le matin je faisais le travail de la maison pour toute la famille, et l’après midi , le travail de l’école qui nous prenait 6 heures par jours. C’était très dur de devoir sortir avec un virus qui circule. Les rares fois que je suis sortie, c’était très calme. Il y avait très peu de personnes dehors. L’air était lourd. Je sentais que beaucoup de morts circulaient. J’arrivais pas à marcher. Je suis sortie avec un masque, des gants, j’avais peur de toucher quoi que ce soit. Je ne savais pas vraiment comment ce virus se transmettait. J’avais trop de questions sans réponse. J’avais peur d’ouvrir les fenêtres avec le virus qui circulait, c’était étouffant. Mon mari sortait une fois par jour. L’enfermement était très dur pour lui. Au début il s’est occupé de faire des réparations dans l’appartement. Il aime beaucoup bricoler, mais on n’a pas de place pour ça. Tous les examens que je devais passer pour mes problèmes de santé ont été annulés. J’ai été rappelée au bout de plusieurs semaines. Mais certains examens n’ont pas pu être encore réalisés, il faut attendre encore, après le déconfinement. Je n’ai toujours pas eu de rendez vous. Ce qui m’aurait aidé, c’est d’avoir une maison avec un jardin pour que les enfants puissent profiter de l’extérieur. Le confinement nous a donné le temps de réfléchir. A tout ce à quoi on tenait, de ce qu’on avait « avant ». Notre liberté de sortir. On n’en tenait pas compte avant: le plaisir de partager le trajet de l’école avec les enfants, de voir les gens….Tout ça nous a manqué. Le confinement m’a donné le temps de réfléchir sur ce qu’il y a de mieux à faire. Nos réunions au café des femmes, c’étaient des moments ensemble. Des moments de partage, d’échanges pour savoir ce qu’il se passe. Il faut changer notre vie après le confinement. Je voudrais faire beaucoup de sport pour prendre soin de ma santé. Je voudrais avoir la liberté de sortir pour faire des choses pour moi même et pour les autres. Pour aider. Donner de mon mieux. Laisser de bonnes traces. Est-ce que j’ai fait du mal? Est-ce que j’ai demandé pardon? Est-ce que j’ai fait du bien? Quel est le sens de ma vie? On réfléchit pour mieux donner. Le virus est venu comme ça, il attrape des innocents qui n’ont rien fait. On réfléchit chaque jour à la mort, on se dit qu’on va mourir dans son lit. Mais mourir comme ça c’est trop difficile. Chaque jour je priais pour ne pas mourir dans le corona. J’ai vu comment ils traitaient les morts avec du désinfectant. Ils les mettaient ensuite dans un sac en plastique. Pas de famille pour entourer le défunt. Pas d’amis. C’était l’armée qui s’occupait d’emporter les corps et qui circulait la nuit. Personne ne savait qui était dans les camions. Si c’était mon père, je ne sais pas dans quel camion il est! C’est comme s’ils jetaient les morts. Les morts, ils ne méritent pas ça! Dans ma religion, il faut les traiter au mieux, les honorer. Aujourd’hui, c’est le déconfinement et je ne me sens pas libre. L’état nous dit « vous allez sortir 3 semaines en test » Qu’est ce que ça veut dire « en test »? C’est pas normal de faire prendre des risques aux gens! Le virus il est toujours là! C’est pas logique de « tester » les gens! Allez, sortez! Tout le monde va dehors! Et le virus, il est où? Est ce qu’il y a des médicaments? Est ce que c’est sûr que toute la France est désinfectée? Tester les gens? Ils attrapent le virus et ils meurent. Certains n’ont plus de symptômes. Qui peut savoir que telle personne est porteuse du virus? On ne doit plus s’embrasser, plus se serrer la main. On sait que les chinois ne se serrent pas la main. Mais le virus il vient de là! Au début, ils disaient que les enfants sont porteurs du virus. C’est pour ça qu’ils ont arrêté l’école. Mais aujourd’hui ils ouvrent les écoles. Moi, je suis une personne malade. C’est sur qu’ils vont se toucher les enfants! Un porteur de virus touche une table, et c’est bon! Le virus vit 3 heures sur un meuble. Le masque est une protection. Le lendemain ils disent que non! C’est juste les personnes malades qui doivent se protéger d’un masque. Je ne comprends pas: le masque, c’est une protection pour moi ou pour les autres? Est ce que le masque suffit? Ils disent: « il faut porter des gants ». Quand je suis allée à l’hôpital pour faire soigner mon fils qui s’était blessé, les soignants m’ont interpellée en m’expliquant que les gants c’étaient des conducteurs du virus! Il fallait prendre du gel. mais il y avait des ruptures de stock! J’ai donc touché des portes, sans pouvoir me nettoyer avec du gel, et je suis rentrée chez moi le virus à la main! J’ai finalement pu acheter du gel en pharmacie qui coûtait 4 fois plus cher! Les gens de la STAS, les soignants, ils ont une protection transparente sur le visage. Pourquoi eux et pas nous? Pourquoi l’Etat n’a rien fait? Les masques qui sont distribués dans la rue ne sont pas protégés d’une enveloppe en plastique, et les gens mettent ces masques exposés à l’air libre, directement, sur leur visage! Est ce que c’est vraiment une protection? J’ai peur.

Nous avons été également témoin d’un drame. Une grand mère que nous connaissions tous et qui nous a quittés, suite à un arrêt cardiaque. Les règles du confinement ont interdit toute manifestation d’empathie pour sa famille, aucune visite, aucune présence n’ont été possible. Un enterrement provisoire a été assuré, sans savoir à quel moment cette dame pourra retrouver sa place parmi les siens en Algérie. Un deuil qui n’a pas pu se faire. L’une de ses filles en a subit un très lourd préjudice. Le souffle s’est transformé en sentiment d’oppression, la peur s’est installée dans de nombreux foyers. Sortir de chez soi devenait un vrai supplice. Alors nous avons continué à faire ce qui nous mobilise depuis toujours: rester « présent », accorder beaucoup d’attention à ce qui se manifeste, pour tenter d’y apporter des réponses.

Aïda : Durant cette période de confinement j’ai été en contact avec les pré-ados via les réseaux sociaux, nous avons créer un groupe afin de pouvoir partager des informations aux jeunes ou bien parler tous ensemble des difficultés qu’ils pouvaient rencontrer pendant le confinement. Il y a eu pour eux deux gros problèmes : le premier est le fait de ne pas pouvoir sortir. Eux qui étaient très souvent dehors ont mal vécu le fait d’être « enfermé » (Cilia : « chui comme une folle chez moi en plus il fait beau sa mère dehors »). Le deuxième problème: l’école à la maison, suivre les cours à distance, les multiples devoirs donnés par les professeurs à rendre rapidement même pendant les vacances! et les difficultés qu’ils ont rencontrées pour les faire (Asma : « J’en ai marre, je te jure je suis fatiguée, j’ai fait beaucoup de travail en plus taleur j’ai eu cours, en plus j’ai fait des exercices, j’ai trop fait pour aujourd’hui! ») (Mehdi : « c’est trop les devoirs même pendant les vacances ils nous en donnent plein ») . Grâce à ce contact que nous avons gardé via les réseaux, certains jeunes ont demandé de l’aide pour pouvoir faire leurs devoirs que nous avons tenté à distance, nous avons pu tous ensemble faire des jeux pour se divertir et pendant un moment oublier la situation dans laquelle nous étions.

Marion : Au fur et à mesure que les semaines passaient je tenais à proposer aux familles des activités pour les jeunes enfants. Ayant une connaissance plus particulière des tout-petits je me suis lancée dans une chasse aux activités. J’ai alors recueilli un grand nombre d’activités, que je mettais « en forme » pour qu’elles soient simples à réaliser. L’équipe transmettait ensuite ces activités aux familles. J’ai eu quelques retours « Il en faudrait pour les plus grands » «C’est génial je peux faire des activités avec mon enfant je n’en fais jamais, il est petit ». Ces remarques intelligentes m’ont poussé à élargir mon éventail de propositions ! Plus tard, avec les écoles qui donnaient toujours plus de devoirs, les activités que j’envoyais n’avaient plus trop de sens, à part surcharger les familles encore plus dans leur culpabilité de ne pas trouver le temps pour faire des activités. Du coup mes recherches ont été réalisées pour pouvoir porter des activités simples pendant les « terrains » !

Fyala: « Le 16 mars la France est confinée, les enfants doivent rester à la maison mais restent en contact avec l’école grâce à Internet pour suivre le contenu des leçons et devoirs. Chaque jour, les devoirs tombent comme de la grêle! Chaque enseignant exige des élèves ( mes enfants : PS-CM1-6eme- seconde, terminale) un travail fait et rendu pour chaque matière. Les deux grands travaillent seuls dans leur chambre. Ce n’est qu’après quelques jours que je me rends compte que je ne vois presque plus ma fille, qui est en terminale, sortir de sa chambre. Je lui pose la question, elle me répond quelle est débordée, le travail demandé est plus lourd que d’habitude, et qu’elle doit toujours être à jour dans son travail et présente quand il y a classe virtuelle. Pour les deux plus jeunes je m’ appuye sur mon mari . Il est chargé de télécharger leur travail scolaire. L’imprimante n’arrête pas: elle imprime les leçons et les exercices chaque jour et pour tous les enfants! Au bout de quelques jours l’imprimante n’a plus d’encre. Nous ne trouvons plus de cartouche sur le marché, il faudra attendre une semaine pour en trouver à nouveau. A la maison les enfants se bagarrent entre eux pour avoir le PC ou l’ordinateur pour le travail de l’école mais aussi pour tuer le temps en regardant des séries , des films ou jouer. L’ordinateur ne supporte pas, il surchauffe et s’arrête. Les jours passent, ils se ressemblent , enfermés entre quatre murs les enfants se lèvent tard ils dorment jusqu’à midi mangent et font leurs travail en traînant les pied , le soir tombé je remarque qu’ils ne dorment plus au heures habituelles. Ils veillent jusqu’à l’aube. Je n’arrive pas à coucher la plus petite avant minuit. Le matin je trouve la cuisine en désordre se sont les enfants qui se mettent à cuisiner à trois heures du matin quand ils ont un petit creux ou pour se faire plaisir . De mon côté j’essaye du mieux que je peux de suivre la scolarité de mes enfants qui sont en CM1 et 6eme. Je trouve que c’est dur, ça me stresse et me fatigue. La maîtresse de mon fils a mis peu à peu en place une classe virtuelle une fois par semaine. Je compte sur ma fille pour mettre le code de la réunion sur l’ordinateur tandis que moi je me transforme en policier pour faire régner l’ordre lors de la conversation : interdit de déranger, de parler et surtout ne pas se bagarrer! C’était vraiment un moment de tension chez nous pendant une heure . Pour le travail de ma fille qui est en petite section de maternelle, j’ai baissé les bras. Bien sûr je travaillais avec elle mais à ma façon. Son maître m’a téléphoné pour m’encourager à suivre le travail numérique. Alors j’ai fais de mon mieux je l’ai inscrit a « educartable » et depuis nous travaillons ensemble. Aujourd’hui le confinement est terminé les enfants vont reprendre le chemin de l’école. J’espère que tout ira pour le mieux pour eux, pour moi et pour le monde entier. AMEN. »

Ramzi : Il était évident que le télétravail pour lutter contre l’exclusion et la misère des uns et des autres allait être un coup « d’épée dans l’eau ». C’est pourquoi en discutant en équipe et avec les familles, nous avons pu identifier diverses besoins pour lesquels les jeunes pouvaient contribuer en donnant un coup de main en ces temps difficiles. Ainsi après sondage auprès des jeunes via les réseaux sociaux, je leur ai proposé d’aider des personnes vulnérables et plus particulièrement sur la tache des courses alimentaires pour éviter aux plus fragiles de se mettre en danger. De manière très spontanée la stricte majorité m’ont répondu : «Ramzi on est chaud ( partant) ». Adem ajouta « mais on va pas faire ça gratuit ». D’autres étaient un peu plus direct Mehdi :« je gagne quoi moi je suis pas un pigeon» Certains étaient sur d’autres réflexion du type « c’est sûr ces gens font zerhma (exprès) d’être dans la merde, ils ont pas besoin nous ». Ou plus simplement Fares « je veux bien aider si tu me fais un tour de vago (voiture )». Après discussion j’ai donc invité les uns et les autres à tenter l’expérience dans la mesure où ils avaient plus de temps que d’habitude en cette absence d’Ecole. Face à cette sollicitation la stricte unanimité des jeunes que j’avais contactés étaient près à être solidaires. Dès lors il nous fallait juste trouver les modalités d’organisation collective afin de créer une sorte de communauté d’entraide. Le leitmotiv était « frère y a rien à faire faut bien servir à quelque chose ». Malek D’autant plus que dès la première semaine et l’entrée en vigueur rapide de l’interdiction de tout déplacement non justifié, plusieurs jeunes du quartier avaient déjà subit des amendes de 135€ pour non respect du confinement car ils étaient dehors seulement au quartier. A ce moment-là avec les jeunes, nous étions d’abord beaucoup en contact via les réseaux sociaux. Je leur envoyais régulièrement des petites vidéos de sport à faire chez soi, des clips de musique véhiculant des messages éducatifs ou simplement marrants. Certains se plaignaient en effet des amendes. Malek me dit « les keufs s’ils auraient notre âge c’est sûr ils auraient pris des amendes comme nous » Adem lui répondait : « frère de toute façon on les paiera jamais ». Un autre jeune a profité du confinement pour construire avec des potes un projet musique. Il s’est donc mis à faire lui-même du rap. Younes m’envoyait ces petit extraits en me disant « regarde ma musique est mieux que tout le monde mais je suis pas connu». Une phrase de résilience! Cela me faisait penser à cette urgence de valoriser ces jeunes et en même temps de les encourager à persévérer dans leurs efforts. Nous avons donc demandé à ces jeunes de nous aider à aider les autres afin qu’on puisse nous mêmes les aider en retour durant les vacances d’été. Bon nombre d’entre eux ne vont en effet pas pouvoir sortir du quartier. Cette entre aide a donc commencé dès la deuxième semaine du confinement et perdure encore à l’heure actuelle. Concrètement et dans le respect des normes sanitaires ( masque, gel hydro alcoolique, distanciation sociale, attestation de déplacement), deux fois par semaine, je prenais avec moi un à deux jeunes pour faire les courses à des personnes très vulnérables que nous avions identifiées en amont ( assez âgées ou malades voir sans moyen de locomotions) sur le quartier de Tarentaize. Avec les familles je préparais une liste de course et je la partageais entre jeunes qui étaient en autonomie, même s’ils pouvaient compter sur moi en cas de difficulté. Grâce à ces petites expériences j’ai pu voir à quels points ces jeunes étaient compétents et qu’ils pouvaient réellement aider. Youcef savait où était placés la plus part des produits en grande surface, chose que seul j’aurais mit 4 fois plus de temps à trouver. Il me disait même : « t’inquiète quand il faut être op je suis op ( opérationnels) ». Ichem qui était réticent au départ à l’idée d’aider « gratuitement » m’a fait cette remarque dès sa première intervention « Ramzi c’est pas normal dans cette vie on laisse des grands mères porter des bouteilles de gaz toutes seules ». Dans ce cadre au service de l’intérêt général, les familles étaient ravies de laisser sortir leurs adolescents qui en avaient cruellement besoin. C’est ainsi à travers ces petites solidarités que plusieurs adolescents ont pu trouver une place certes ponctuelle, mais qui avait du sens pour eux. En retour les personnes vulnérables ont pu ouvrir leurs portes à ces jeunes avec une confiance qui augmentait au fil du temps. J’ai encore cette image de cette dame qui donne de l’argent liquide à un jeune qu’elle ne connaît pas. Cela est à mon sens porteur pour l’avenir.

Notre volonté tout au long de ces semaines, a été « d’ouvrir des fenêtres », tenter de sortir du malaise de plus en plus envahissant. Les « vacances de printemps » approchaient, on venait d’apprendre que le confinement se prolongeait jusqu’au 11 Mai! Une perspective très inquiétante pour les enfants, beaucoup ne sortaient plus de leur appartement. Comment allaient-ils supporter cet enfermement dans la durée? Nous avons alors décidé de proposer des distributions de jeux, livres, coloriages pour apporter un peu de nouveau dans ce quotidien où les repères dans le temps devenaient plus diffus. Notre premier rendez vous au coeur du quartier a nécessité une semaine d’organisation! Dans cette fameuse »Attestation de Déplacement Dérogatoire », personne n’avait envisagé que les enfants pourraient avoir d’autres besoins que de manger, dormir et faire leurs devoirs. Nos échanges téléphoniques avec des agents de la Mairie, du Commissariat, et de la Préfecture, ont permis de faire reconnaître cette initiative comme nécessaire.

Bertrand: Las de ne pouvoir rien faire, nous avons adapté notre position à cette période, en passant du « faire avec » au « faire pour ». En effet, après avoir identifié des besoins prioritaires, nous avons imaginé quelques actions qui pourraient y répondre et nous permettre d’être présents sur le quartier : • accompagner certaines personnes dans l’incapacité d’effectuer leurs achats de premières nécessité • organiser des temps de distribution et d’échange quasi hebdomadaire de jeux de société, livres, puzzles, coloriages, attestation de sortie et matériel scolaire,… • transmis 22 ordinateurs sur le quartier à des familles dont les enfants n’arrivaient plus à suivre le travail demandé par leurs établissements scolaires. Je fus agréablement surpris par l’implication de nombreuses personnes et organisations qui ont accompagné de manière sincère et désintéressée nos différentes actions : • les brigades de solidarité de Saint-Etienne pour les récoltes de dons et la mise à disposition de militants qui nous accompagnaient à préparer et mener les distributions; • la fondation Abbé Pierre pour les fonds exceptionnels attribués à l’achat d’ordinateurs, de jeux de société et aide vitale; •une partie du personnel de la médiathèque pour avoir transmis des livres de très bonne qualité, en quantité; •la présidente de l’amicale Laïque de Beaubrun qui a effectué près de 3 000 copies; •ENVIE pour leur réactivité sur cette période de vie pourtant au ralenti, qui nous ont mis à disposition les ordinateurs.

Claire: La recherche de masques a mis à contribution des gens qui ne se connaissaient pas, certains ne connaissaient pas Terrain d’Entente et cela nous a donné l’occasion de nous présenter ! La solidarité a joué à fond, ceux qui ne pouvaient pas en faire car n’avaient plus de tissu, ou d’élastiques, nous donnaient un autre contact. Avant le 11 mai, nous avions 170 masques, donnés par : Philippe Léonard (110) le collectif Masquesaintetienne (50), et des couturières voisines qui ont trouvé tout naturel de donner de leur temps et de leur talent pour en confectionner aussi : UN GRAND MERCI à tous !!

Marion : La distribution commence avant tout par une réflexion, une installation, une organisation. J’ai pu aider à installer plus précisément trier encore et encore, les jeux, les livres dans une cohérence d’équipe jamais au complet pendant ces temps-là. Pour la dernière distribution toute l’équipe était présente et nous avons pu apporter du sourire sur des visages, des rires d’enfants, des discussions, des retrouvailles ! Je suis contente d’avoir participé à ce renouveau du quartier Tarentaise ! Malgré le fait que mon visage ne soit pas très connu, les gens me parlaient, me demandaient des conseils, me souriaient ! Je voyais comme une libération dans les visages, une libération de pouvoir sortir chercher des jeux, croiser les voisins !

Martin: Je n’ai participé qu’à la dernière distribution donc je ne peux pas m’exprimer sur celles d’avant. J’ai quand même ressenti une grande joie qui cachait une grande peur, il y avait la joie de se retrouver, de revoir ses amies, de pouvoir échanger des nouvelles mais il n’y avait qu’un seul sujet de discussion “Le confinement” et toutes les douleurs qui en ont découlé. Certaines des familles ont été “démolies” mais ces distributions ont peut être été le début d’une longue rémission qui soignera les cicatrices de cette crise.

Sur les trois temps de distributions réalisés, nous avons senti une belle évolution. Les rares enfants qui nous ont rejoins la première fois sont arrivés avec des manteaux d’hiver! Ils n’avaient pas remarqué qu’on avait changé de saison! Ils ne manifestaient que peu d’enthousiasme face à nos propositions. Cet appétit de vivre, tous ces élans qui les caractérisent s’étaient peut être un peu émoussés? Par contre les pères étaient beaucoup plus présents que durant nos rendez vous habituels. Ils sortaient pour laisser leur famille à l’abri! La deuxième semaine, nous avons retrouvé des mères, et des enfants plus demandeurs! Plusieurs avaient rapporté des jeux à échanger avec d’autres. Ils savaient que ce partage permettrait de vivre des journées plus lumineuses. Des dons ont ainsi circulé entre nous. Notre dernière rencontre nous situait déjà dans « l’après confinement ». Nous étions tous plus détendus. Plusieurs familles se sont un peu attardées pour discuter entre elles, et pour rire aussi!. Certaines ne s’étaient jamais croisées dans le quartier depuis toutes ces semaines.

Bertrand: Bien que ces actions aient été très bien vécues par tout le monde, j’étais mal à l’aise dans ce rapport de faire pour et ce manque de concertation avec la communauté que forme habituellement l’association. J’ai hâte de retrouver nos relations antérieures et ces rapports collectifs et démocratiques entrepris depuis toutes ces années.

Ramzi : Concernant les ordinateurs cela s’est fait à travers les nombreux appels téléphoniques. Mon coup fil se résumait à un simple « comment ça va en ce moment? ». Le plus frappant chez ces familles c’est qu’elles ne demandaient rien à personne et, malgré leurs précarités, elles étaient toujours prêtes à donner un coup de main. Zahia une maman de 5 enfants aidait une femme âgée et très malade depuis plus de 2 ans. Je lui ai donc proposé de l’épauler en ajoutant : « prends soin de toi » et là elle ma répondu « oui mais dieu compte le khir ( bien ) qu’on fait au autres pas à nous mêmes ». Pour d’autres comme Karima qui m’expliquait « smehli ( désolée) j’étais pas joignable car mes enfants font leurs devoir sur mon téléphone ». Safia:« ma formation pôle emploi d’habitude je la fais sur l’ordinateur là-bas maintenant je peux pas parce que ça marche pas sur le téléphone ». Ou encore Yakoub un lycéen en filière scientifique qui me dit « c’est chaud de faire mes devoirs vu que tout le monde chez moi utilise l’ordi ». Cela était valable pour l’ensemble des familles nombreuses qu’on connaissait. Collectivement, nous avons pu trouver des solutions. Yakoub me demanda s’il était possible d’imprimer des feuilles pour pouvoir réaliser son travail. Et des partenaires sur le quartier nous ont permis cela. Yakoub a pu récupérer l’ensemble de ses impressions et celles de ses potes. « Ahchum (c’est rien), c’est normal » Dans cette dynamique solidaire un autre jeune qui m’avait accompagné pour les courses a appris que la fondation Abbé Pierre allait nous permettre de financer des ordinateurs. « non, saha ( merci) Ramzi, propose aux autres, ils ont plus besoin pour moi c’est fini pour moi l’école de toute façon. ». Face à cette difficulté qu’a présenté le confinement pour l’ensemble de la population, ces quelques jeunes ont pu faire preuve de résilience au service de tous.

Bertrand: Durant mes interventions sur le quartier, j’ai perçu une évolution des visages d’enfants qui sur la fin du premier mois m’apparaissaient vidés et inertes, alors qu’au fil du deuxième mois et surtout après le début du ramadan ceux-ci me semblaient reprendre vie. Cela correspondait avec une pratique du confinement moins tendue, perceptible par le nombre de personnes dans l’espace public de plus en plus conséquent. Ce qui rassure sur les aptitudes à sortir d’une telle expérience, mais nourrit mon inquiétude profonde concernant les impacts de ces méthodes inadaptées à nos besoins sociaux pour celles et ceux qui ne sortent pas encore ou très peu. Quels seront demain les réactions des enfants d’aujourd’hui suite à cette expérience ? N’est-ce pas plus dangereux que les risques de contracter le COVID-19 ? De plus, le dé confinement est loin d’être ce que j’imaginais et notre retour « à la normale » est loin d’être clair pour notre association. L’évidence est que Terrain d’Entente doit continuer d’être présent malgré les mesures sanitaires, mais comment allons-nous pouvoir effectuer des gestes de protection? Comment être « collectivement responsable » à 1 mètre de distance ? Avec un masque et à moins de dix regroupés au même endroit ? Nous devons revoir notre organisation afin d’adapter nos problématiques sociales à la protection sanitaire des personnes les plus vulnérables. Et pour le coup, il ne faudra pas faire pour, mais bien refaire avec.

Les prix des produits de première nécessité ont doublé tout au long de cette période. Les familles ont du s’affronter à une nouvelle difficulté. Le manque d’argent pour subvenir aux besoins élémentaires. Dans ce territoire, comme dans bien d’autres, le quotidien est devenu difficilement supportable. Les discours des représentants de l’état se sont contredits à plusieurs reprises. Toutes les contraintes subies ont mis à mal l’équilibre de vie familial. Un sacrifice qui a coûté trop cher. Les discours présidentiels et de ses représentants ont perdu toute crédibilité. Dans ce contexte d’urgence sanitaire, il nous faut réinventer d’autres façon de faire et de se retrouver collectivement. Nous souhaitons maintenir ce qui fait sens pour nous dans l’acte d’éduquer: la co construction collective de notre environnement, de la vie du groupe. Et créer ensemble un espace sécurisant où les interactions sont possibles, où il est possible de vivre du collectif. Tout ceci ne peut se réaliser que dans la relation, le dialogue, et les ajustements permanents. Nous devons être des personnes ressources et organiser un espace où les enfants puissent s’échapper, rire, et être en sécurité. Nous ne voulons pas oublier les besoins et les droits des enfants. Le droit de jouer, de parler entre eux, d’exprimer leurs émotions, de manipuler des objets. Leur bien être psychique est aujourd’hui, notre principale préoccupation. Notre responsabilité d’adultes est de rendre la situation la moins anxiogène possible. Les protocoles sanitaires sont drastiques, ils nous semblent incompatibles avec le bien- être des enfants. Il nous faut prendre ce risque d’être présents avec eux, sur le terrain. Etre vigilants avec eux. Nous nous devons d’accompagner la dynamique de groupe dans le sens de la protection de tous. Nous souhaitons donc donner aux enfants les moyens d’apprendre des réflexes de protection et de bienveillance sanitaire vis à vis de soi même et des autres, qu’ils puissent s’approprier en dehors de notre présence. Plutôt que d’imposer des « gestes barrières », nous souhaitons leur transmettre des attitudes de précautions respectueuses des personnes les plus vulnérables. Les enfants doivent comprendre leur responsabilité dans la possibilité de transmission du virus. Plutôt que d’inspirer de la peur et de la culpabilité, nous souhaitons nous engager ensemble dans l’apprentissage de « prendre soin les uns des autres ». Les enfants doivent pouvoir reprendre prise sur un réel qu’on ne leur a pas suffisamment expliqué, et mettre des mots sur cette période de confinement qu’ils ont subi. On ne sait pas à ce jour ce qu’ils ont compris du virus et de cette obligation au confinement prolongé. Il est indispensable de parler, d’écouter et de partager notre position: notre prise en compte de leur besoin de jouer avec les autres, d’être dehors, notre envie de construire avec eux des temps de rencontre et s’interroger sur ce qu’il est possible de faire et de ne pas faire. Sur l’espace Jean Ferrat, qui est un espace public, ouvert à tous, nous avons organisé un conseil des enfants pour se poser ensemble certaines questions déterminantes: Comment on peut se dire bonjour? Rechercher des activités où on ne se touche pas. Comment s’organiser pour éviter de se retrouver à plus de 8, 10, sur le même périmètre? Comment éviter que tout le quartier soit malade? Nous en avons également discuté avec l’ensemble des familles. Ce temps a été également l’occasion de partager nos analyses avec ceux avec lesquels nous avions engagés des chantiers et d’envisager « l’après ».

La communauté éducative:

Des militants de la pédagogie Freinet, des acteurs de l’éducation populaire, ont organisé différents échanges sous forme de conférence téléphonique. Nous avons pu mettre en évidence que le projet affiché de la « continuité pédagogique » dans cette période de confinement mettait en difficulté trop de familles et d’enseignants. L’école s’est retrouvée isolée, à devoir construire quelque chose d’impossible. Alors que la « continuité éducative » aurait permis d’engager de nombreuses institutions. L’absence de coordination entre les différents secteurs de l’éducation, leur cloisonnement ont paralysé les initiatives. Les tentatives pour briser cet isolement sont restées marginales, alors qu’il était indispensable d’inventer des modes de « présence » auprès de ceux pour lesquels la situation est devenue rapidement anxiogène. Les injonctions institutionnelles ont concerné seulement l’école, laissant une fois de plus à penser qu’on n’apprend que dans ce lieu… Certaines mères de familles consacraient plus de 6 heures par jour aux devoirs. D’autres ne pouvaient matériellement pas faire travailler les enfants. Les enseignants avaient le sentiment de faire intrusion dans les familles et d’imposer une manière de faire, irrespectueuse du cadre de vie familial. Les incompréhensions se sont multipliées. La connaissance et le lien avec les familles par les différents acteurs de chaque territoire, aurait pu donner des indicateurs pour apporter un soutien adapté à tous ceux que cet enfermement dans le temps long oppressait.

Nos différentes places – enseignants ICEM, professionnels de collectivité, et militants de la pédagogie sociale- nous ont permis de comprendre certains besoins. Des actions de solidarité se sont organisées sur le terrain, en réponse aux problèmes matériels. Mais elles sont restées très marginales au sein d’une école, d’une association.

Tous ces constats confirment le caractère indispensable de la mise en place de centres de communauté éducative pour assurer la continuité éducative, notamment en direction des familles les plus impactées par la précarité. Nous engager pour faire alliance et trouver nos complémentarités dans une même conception de l’apprentissage. Tous les espaces de vie de l’enfant peuvent contribuer à construire des espaces d’apprentissage, de coopération, de mutualisation et d’entraide. Des espaces qui dynamisent chacun, enrichissent le collectif et construisent des savoirs susceptibles de nous permettre à tous de percevoir, qu’en dépit de nos différences, nous sommes tous appelés à participer à la construction du commun. Il nous faut donner à tous un environnement culturel de qualité, des situations plus riches et stimulantes. Nous souhaitons prévoir pour la rentrée de septembre l’ouverture d’un chantier pour construire les modalités d’un travail collectif avec les différents acteurs du champs éducatif.

Projet d’une alimentation de qualité accessible à tous.

Une rencontre entre des membres de la Fourmilière et des adhérentes de Terrain d’Entente avait mis en évidence une préoccupation et une volonté partagées pour favoriser une alimentation de qualité pour tous, qui contribue à la préservation de l’environnement. Malgré tout, depuis l’ouverture de ce magasin coopératif, et différentes tentatives pour organiser la découverte de cet espace, aucune habitante n’est devenue coopératrice. La situation très précaire de ces familles est l’explication essentielle de leur absence de participation concrète. La dynamique que Terrain d’Entente a initié depuis 9 ans permet d’affirmer qu’il est indispensable d’aller à la rencontre des gens, d’être présents sur les territoires pour rendre possible des actions transformatrices. La précarité est un vécu si contraignant que la tendance pour toute personne qui là subit est de renoncer à des besoins fondamentaux comme l’alimentation de qualité, l’accès à la santé, à la culture… Le projet VRAC (Vers un Réseau d’Achat en Commun) est présent dans différentes régions du territoire, il favorise le développement de groupements d’achats de produits de qualité dans les quartiers prioritaires de la Politique de la Ville. Il permet l’implication des adhérent.e.s dans le fonctionnement. L’objectif est de créer des rencontres qui produisent du plaisir partagé et non de l’anxiété autour des questions d’alimentation, de santé et d’environnement. Plusieurs acteurs impliqués dans d’autres collectifs sont partie prenante pour rendre possible ce projet qui pourrait se développer dans différents quartiers de la ville. Cette démarche ne deviendra réellement soutenable que si nous posons d’emblée la question financière pour les ménages et la rétribution juste des agriculteurs. L’alimentation de qualité, la préservation de l’environnement, la reconnaissance des travailleurs de la terre, la relocalisation de la production alimentaire, doivent être considérées comme une question de santé publique.

Ce temps long du confinement a contribué à aggraver beaucoup de situations familiales, pour toutes celles qui subissent depuis des décennies toutes les violences sociales. Cette période a mis en évidence l’inégalité d’accès face aux apprentissages de manière si catastrophique que certains pédagogues ont lancé des cris d’alarme en évoquant des situation d’enfants « morts scolairement »! La satisfaction des besoins alimentaires du quotidien est devenue une question centrale dans trop de foyers.

Terrain d’Entente s’indigne de ce maintien d’une vie à minima, pour tous les « bénéficiaires des minima sociaux » et poursuit son engagement auprès des familles, avec différents collectifs, pour refuser que ces inégalités continuent de se renforcer. Un engagement parmi beaucoup d’autres pour contribuer à construire notre avenir commun sur une planète habitable pour tous.

Josiane GUNTHER Le 10 Juin 2020

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Projet co éducation avec le centre social Cré Actif et les groupes scolaires du Chambon Feugerolles (dernier trimestre 2019)


De plus en plus, l’école cherche à construire des liens avec les familles. Il est unanimement constaté qu’ils favorisent la cohérence éducative, le bien-être et la réussite de l’enfant. Cette question est plus prégnante encore pour les familles populaires qui sont plus souvent éloignées de la culture scolaire et des exigences de l’école.

Un des enjeux majeurs de la  réussite à l’école est d’aider l’enfant à vivre la complémentarité entre sa culture familiale et la culture scolaire. Il doit être accompagné pour dépasser le « conflit de loyauté » entre deux référents forts – ses parents et ses enseignants- afin de s’investir sereinement dans les apprentissages.

L’école ne peut assumer son rôle que si elle considère l’enfant dans toutes ses dimensions. Hors, nous vivons dans une société cloisonnée. Beaucoup d’enseignants ne connaissent pas le tissu social dans lequel vivent leurs élèves.

 Pour aider l’enfant à trouver du sens et de la cohérence dans les apprentissages organisés de manière différente à l’école, en famille, dans le milieu associatif, il est nécessaire de tenter de construire une communauté éducative, où les différents acteurs du champ éducatif apporteraient leur contribution. Avec la volonté de créer des espaces de rencontres adaptés au cadre de l’école pour travailler sur les questions de co éducation, de la place des parents, et du rôle qu’ils peuvent jouer dans les apprentissages.

Les écoles du Chambon Feugerolles ont investi depuis quelques années cette question de la nécessité d’engager des moyens concrets pour construire une meilleure communication avec les familles. Plusieurs actions ont été initiées, notamment:

 –    un travail avec le centre social Créactif qui a organisé au sein des écoles des rencontres à thème en direction des parents. 

Et pour certains groupes scolaires:

 –   « Troc talent » mis en place dans le cadre du dispositif  « source de l’innovation », 

 –    Un espace de dons, à partir de la thématique du recyclage des déchets, 

 –    Différents évènements qui ont ponctué l’année scolaire et sollicité la présence des parents

Terrain d’Entente a été sollicité pour poursuivre ce travail avec les écoles, les familles, les structures responsables du champ éducatif sur la commune.

Cette association d’éducation populaire propose depuis 2011, des ateliers de rue, aux pieds des immeubles, dans le quartier de Tarentaize à St Etienne. Nous partons du postulat que nous sommes collectivement responsables de l’éducation des enfants et nous nous efforçons de construire une communauté éducative avec tous les acteurs du champ éducatif, les parents, où chacun se sent impliqué à égalité. Depuis 4 ans Terrain d’Entente est investi dans un travail de recherche sur les questions de co éducation avec plusieurs écoles de St Etienne, des parents, des associations.

Suite à différents échanges avec des directeurs d’écoles, l’association Créactif, nous avons pu identifier des besoins pour assurer les meilleurs conditions d’une bonne communication entre tous les acteurs. Il semble important de faire un travail de repérage et de dépassement des représentations, de construire les conditions de la mise à plat de ce que chaque pôle concerné estime apporter et pense que les autres apportent, dans un climat de reconnaissance et de respect des préoccupations des uns et des autres . Les techniques de croisement des savoirs permettent de prendre en compte les approches et les compétences de chacun et de communiquer de manière plus efficace. 

Nous avons établi différents temps de rencontre tout au long du premier trimestre de cette nouvelle année scolaire. Ils permettront des échanges entre paires (enseignants, parents, acteurs du périscolaires) pour favoriser, dans un second temps, des rencontres avec toute la communauté éducative.

Pour ce qui concerne les enseignants deux rencontres sont prévues: 

 Mercredi 25 Septembre et 16 Octobre de 8h30 à 11h30 à l’école Victor Hugo

Mercredi 25 Septembre:  

              Proposition d’une réflexion sur le sens de la coéducation à partir de différents travaux:

 – Frédéric Jésu, auteur du livre « Co éduquer: pour un développement social durable« 

Cet ouvrage est issu de l’expérience d’un pédopsychiatre de service public impliqué dans le champ des politiques sociales, familiales et éducatives. Il est destiné à étayer et à guider les initiatives des décideurs, politiques et administratifs, et des acteurs, professionnels et associatifs, impliqués de près ou de loin dans l’éducation des enfants et des jeunes. II s’adresse en particulier à ceux qui ont acquis la conviction que l’éducation ne peut et ne doit plus rester cantonnée dans des approches sectorielles et cloisonnées.

 – Catherine Hurtig Delattre, auteure du livre: « la coéducation à l’école, c’est possible » Réduire les tensions éducatives et relationnelles à l’école, au bénéfice de tous et notamment des enfants, de leurs apprentissages et de leur bien-être, est l’un des principaux objectifs visés par Catherine au fil de son ouvrage, qui s’avère constituer le premier véritable guide pratique de la coéducation à l’usage des enseignants et des parents.

 Jean-Paul Delahaye, Inspecteur général de l’Éducation nationale, auteur du rapport: « Grande pauvreté et réussite scolaire : le choix de la solidarité pour la réussite de tous »

L’école face aux situations de grande pauvreté des élèves ; quatre leviers pour une politique globale au service d’un objectif unique : la réussite des élèves.

Temps d’échange en plusieurs groupes, pour évoquer différentes questions

Un projet de l’école fidèle aux valeurs de l’école publique?

De quoi on a besoin au quotidien pour que ce projet aboutisse?

Les difficultés, avec les familles (les représentations), les élèves, l’institution

Ce qui aide à les dépasser (les dispositifs, les initiatives, leur impact, …)

Les craintes concernant la place des parents dans l’école, la place des autres acteurs, partenaires

Ce qui manque, ce qu’on peut envisager à court, moyen et long terme

Mercredi 16 Octobre:

 A partir de différentes projections ou témoignages, qui évoquent des initiatives concrètes au sein de l’école pour les analyser et envisager des perspectives pour l’année en court et pour le plus long terme

Témoignages sur ce qui est en court au Chambon depuis ces dernières années

Catherine Hurtig Delattre propose différentes séquences qu’elle met en place tout au long de l’année dans sa classe, notamment une intitulée « les enfants soleil » qu’on peut découvrir à partir d’une vidéo

Rencontre avec tous les membres de  la communauté éducative

Samedi 9 Novembre de 9h à 12h 

Restitution des échanges

Les difficultés, les perspectives

Travail en présence de Catherine Hurtig Delattre

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Rencontre co éducation avec les écoles Mercredi 25 Septembre

          

Pourquoi aujourd’hui, on parle autant de co éducation? De l’ouverture de l’école aux familles? Pourquoi on estime que, pour être dans de bonnes conditions d’apprentissage, l’enfant a besoin qu’il se construise autour de lui une communauté éducative, avec la participation de ses parents? Alors qu’historiquement l’école a été conçue pour sortir l’enfant du cadre familial, et lui assurer le droit à l’apprentissage, au savoir, dans une visée émancipatrice, en opposition à l’influence de la famille.

De considérables problèmes d’éducation se manifestent aujourd’hui. Les bases culturelles et politiques sont ébranlées, et sont traversées par une crise des modèles éducatifs qu’ils soient familiaux sociaux ou scolaires.

Une crise aggravée par le recul des solidarités familiales et de proximité

Une crise aggravée par la baisse des moyens dont disposent les acteurs de l’éducation

La logique libérale modifie le projet éducatif républicain. Elle introduit des savoirs scolaires pour adapter l’ensemble des formations aux intérêts du marché. Elle instaure la compétition entre les enfants, les institutions, les éducateurs.

Face à l’idéologie libérale individualiste nous avons des principes:

La Convention des droits de l’enfant:  reconnaît à tout enfant des droits politiques:  avoir une opinion sur toutes les questions qui le concernent, disposer des moyens de se là forger, de l’exprimer et de là voir prise en considération.

Nous manquons d’expérience et de référence pour reconnaître aux enfants des droits politiques et pour les aider à se les approprier

Des tensions se manifestent autour d’objectifs en apparence contradictoires: protéger et autonomiser, autoriser et interdire, émanciper et intégrer.

La responsabilité en matière d’éducation revient à la famille et l’école. S’il existe des divergences importantes, les enfants risquent de le vivre comme source de douloureux conflits de loyauté et motifs de confusion quant à la hiérarchie des valeurs à respecter et des comportements à adopter

Il est nécessaire de reconnaître les parents dans leurs rôles de coordinateurs, sur la durée de toutes les interventions éducatives. D’autres acteurs sont à prendre en considération: qui conditionnent tant la socialisation que l’égalisation des chances.

La loi d’orientation sur l’éducation insiste sur la question de  la communauté éducative 

La loi de Refondation de l’école insiste sur le caractère inclusif de l’école, il est essentiel de se préoccuper de la réussite de tous. L’école est un service public  pour tous les publics. Elle a le devoir de connaissance et de meilleure prise en compte de la précarité de vie des familles. 

La pauvreté est l’un des plus grands empêchements à apprendre et à réussir à l’école, qui n’arrive pas à atténuer les inégalités dues à l’origine social et culturelle, elle a même tendance a les amplifierChaque année, depuis 15 ans, plus de 100 000 jeunes sortent du système scolaire sans aucun diplôme. Ceux qui échouent à l’école sont les exclus de demain. Notre pacte républicain est en danger si on ne réduit pas les écarts: lorsqu’on a on moins de droits que les autres, comment peut on accepter d’avoir les mêmes devoirs? 

L’école ne fait plus référence pour des enfants qui vivent ce qui s’y passe comme sans rapport avec leur réalité, leur culture, leur famille, leur condition de vie, leur avenir.

Dès la maternelle ce projet les situe en difficulté, ils ne parlent pas bien, ils ne savent pas écouter et respecter les consignes…Ce projet les sélectionne sur des compétences abstraites et organise un enseignement qui valorise l’écrit et le fait de pouvoir se projeter dans l’école et la société telles qu’elles sont. Il y a un problème d’identification.

L’élève se retrouve  dans une posture de conflit de loyauté qui bloque les apprentissages, et une double solitude. A l’école il ne peut pas parler de son environnement social, en famille il ne peut pas partager ses expériences scolaires. Les parents ne peuvent pas s’intéresser à ce qui se vit à l’école parce qu’ils n’ont aucune connaissance de cette réalité. 

Dans la relation parents/enseignants les représentations envahissent et déterminent les relations. Elle relève du non dit ou de l’impossibilité à dire.

Comment des parents saisis à partir de leurs seules défaillances et des professionnels hissés au statut d’experts pourraient- ils coopérer?

Un des enjeux majeurs de la réussite à l’école, est d’aider l’enfant à vivre la différence entre sa culture familiale et la culture scolaire sur le mode de la complémentarité. Les enseignants ne peuvent pas faire la classe sans se soucier de la façon dont les élèves vivent la relation entre la culture qu’ils dispensent à l’école et celle de leur milieu familial. L’école doit tenir compte de l’environnement social  

Hors, nous vivons dans une société cloisonnée. Beaucoup d’enseignants ne connaissent le tissu social dans lequel vivent leurs élèves.  

Les leviers pour que le poids de l’origine sociale pèse le moins:

Réduire la méconnaissance mutuelle 

Travail d’explicitation du cadre scolaire

Construire  des alliances éducatives avec les parents, les collectivités locales, les associations. Ouvrir l’école aux partenaires qui ont une connaissance du territoire. 

Croisements des avoirs pour faire face à ce défi de dialogue : prise en compte des approches et des compétences de chacun; apprendre à communiquer lorsqu’on est d’horizon très différents, réfléchir ensemble aux objectifs de l’école

Travail de repérage et de dépassement des représentations construire les conditions de la mise à plat de ce que chaque pôle concerné estime apporter et pense que les autres apportent.     

Des principes:

 –    L’épanouissement familial et sociale des enfants, leur réussite scolaire forme un tout. 

 –    Les raisons pour lesquels les parents désertent les lieux de rencontre. Sont-ils ajustés aux attentes et aux contraintes? Quel objectif on poursuit lorsqu’on cherche à impliquer les parents 

–     Dans un contexte de reconnaissance les parents sauront s’investir dans des projets où leur compétence pourront être mise au service d’autres enfants.    

 –   La coéducation est toujours en tension, faire le deuil d’une pseudo entente cordiale. 

 –  Enseigner est un métier de rencontre. Rencontrer ce n’est pas s’enfermer dans des certitudes, c’est se laisser interroger, devenir inter dépendant.    

–   Il n’est pas demandé à l’enseignant d’amener les parents à adhérer à tel modèle éducatif.  –   –   Construire une relation de coéducation demande à l’enseignant de se défaire de ses certitudes sur la bonne manière d’éduquer un enfant

 –   La relation est asymétrique: le professionnel n’est pas dans une situation de vie personnelle. Le dialogue avec les familles est un acte professionnel obligatoire 

 –   La notion d’accueil des parents est première Mettre en place des cadres permet de faciliter cette mission, de dégager des temps de disponibilité prioritaire. 

La question de l’éducation est devenue très complexe. Les enseignants ne peuvent pas agir seuls pour construire un cadre adapté aux réalités actuelles et aux enjeux: Créer une organisation pédagogique pour un système éducatif pour tous qui ne soit pas centré sur le tri et la sélection des meilleurs. Permettre à tous les enfants et les jeunes de devenir citoyens dans une démocratie, pleinement insérés dans la société.

Les enfants sont d’autant moins délaissés que leurs parents sont moins isolés et qu’ils ont la possibilité de participer à la création de liens utiles et valorisants. 

Echange en groupes autour de différentes questions: 

 –   Pour qu’un projet d’école soit fidèle aux valeurs de l’école publique? De quoi a-t-on besoin au quotidien pour que ce projet aboutisse? 

 –   Les raisons pour lesquelles les parents désertent les lieux de rencontre? Quel objectif on poursuit lorsqu’on cherche à impliquer les parents d’élèves? 

 –   Pour assurer les bonnes conditions d’apprentissage:

 le rôle des enseignants,  le rôle des parents, le rôle du périscolaire

 –   Les difficultés avec les familles, ce qui aide à les dépasser

Pourquoi les parents désertent les lieux de rencontre? Différentes hypothèses:

 –  L’ Institution est jugeante. 

 –  Difficulté de reconnaissance des différents milieux  culturels, et de respect mutuel

Problème avec certains positionnements de parents en réaction avec les signes religieux, leur manifestation dans l’enceinte scolaire, également la revendication autour de la religion Ne pas être mélangé (homme/femme) Différences de culture (en conflit) mentalité par rapport aux valeurs de l’école.

 –  Problème de légitimité de l’école en regard de certaines valeurs, des familles par rapport à leur capacité éducative Remise en cause de l’éducation des parents par l’école, ce n’est pas une aide, ne pas les faire culpabiliser

 –  Prise en compte  des familles avec leurs enfants en bas âge au cours des rencontres proposées à l’école

 –  Un investissement différent des parents, plus d’individualisme

 –   Passif du parent avec l’école. Mauvais vécu de l’école. Peur de se mettre en difficulté (langue, code…)

 –  Accessibilité du discours (langue, contenu)

 –  Manque d’envie, fatigue, horaires, problème de voisinage, peur du jugement

 –  Postula: lieu insécurisant pour certains parents 

 –  Héritage d’une époque où ils n’étaient pas les bienvenus, avec des enseignants réticent à la présence d’autres adultes dans l’Ecole ou la classe : aide éducateur, AVS, maitre +, co-enseignant ?, parents

Les positionnements évoluent … , mais d’avoir sciemment tenu les partenaires à l’écart du fonctionnement de nos établissements complique les rapports avec les familles.

 –  le discours enseignants, qui estiment pour certains que ça ne sert à rien ; d’où l’intérêt de ce type de formation qui permet de montrer à l’ensemble de la communauté enseignante que tous les sites scolaires s’interrogent, s’essayent et que cette problématique n’est pas uniquement à traiter au niveau de la direction

Impliquer les parents pourquoi?

Mieux se connaitre

Aider les enfants à comprendre les codes de l’école

Importance que les enfants se sentent soutenus par leurs parents et que leurs parents soient reconnus à l’école

Donner du sens aux apprentissages Intérêt, sens de l’école, du collectif (trop ou pas assez confiance?)

La qualité d’investissement des parents peut induire l’augmentation ou la diminution des actions, projet d’école

Objectif du partenariat: Réussite de l’enfant, Créer un lien de confiance, lisibilité de l’école

la responsabilité de l’enseignant: meilleure connaissance des milieux sociaux, expliciter l’école

Conflit de loyauté réduit, plus facile pour l’enfant de rentrer dans les apprentissages

Responsabilité de l’école: faire des liens et donner du sens aux apprentissages

Les difficultés avec les familles, ce qui aide à les dépasser

Conflit: métier qui est  choisi/avenir déjà construit, prédéterminé 

Entrée par le jeu assister aux débats philo avec les élèves

L’écoute, l’entretien individuel

Les rassurer à s’investir avec leurs enfants à la maison (faire le lien avec l’école)

Revoir les représentations: homme/femme. Non élitisme

Penser dans la globalité (pas familles riches ou pauvres)

Expliciter les codes, les attentes de l’école.

Restitution: Partage à partir de la question: Où sont les parents?

Au conseil d’école, une instance obligatoire, avec du jargon,

Les équipes éducatives qui sont difficiles à vivre pour les parents.

Les accompagnements scolaires,

Association de parents: la place des enseignants, quelles attentes? (pour le financement de la kermesse?)

Où on aimerait qu’ils soient? 

En classe, pour participer en tant qu’intervenant  pour des jeux, les arts plastiques (quid de la loi: faut-il un agrément?)

                 pour observer comment on apprend pour qu’ils puissent s’en ressaisir avec les enfants

Dans l’école pour améliorer les relations,  mieux se connaitre entre familles

Ecole comme lieu associatif, lieu de vie, avec d’autres partenaires, qui pourrait favoriser  du « troc des savoirs faire »

Est ce que c’est bien une envie des parents d’avoir plus de place dans l’école. Nous avons besoin de nous mettre d’accord pour définir la co éducation,  pour décider  des objectifs du partenariat

Pour nous l’objectif reste la réussite des enfants, la volonté de créer un climat de confiance (mais on attend que les parents soient OK sur notre démarche pédagogique et  qu’ils détiennent les codes) L’enseignant est perçu comme celui qui sait comment faire 

Les parents ont-ils envie de rentrer dans l’école? On ne sait pas….

S’ils sont absents, ce n’est pas de la démission, mais surtout un problème de confiance

Volonté de faire venir à l’école, créer une relation, mais comment aider à dépasser  la peur de l’école?. 

Redéfinir mon rôle, qui est d’enseigner, alors qu’il faut que je fasse autre chose et on ne m’a pas appris à le faire

Etre professionnel/les affects: des situations familiales qui me touchent. il est nécessaire de redéfinir les termes pour savoir adapter notre posture au mieux

Les problèmes des clichés par rapport à la laïcité

Je ne suis jamais sortie de l’école, des représentations, je ne connais pas suffisamment d’autre milieux culturels. Un autre parcours professionnel avant de se retrouver enseignant apporte autre chose et enrichit la vie de l’équipe

Paradoxe, injonction à s’investir dans la co éducation/ les freins de l’institution

L’image de la femme: les petites filles qu’on n’encourage pas dans la poursuite des études/ les populations de confession musulmane insistent sur l’importance de l’instruction des filles. Il nous faut être vigilants par rapports aux stéréotypes qui sont véhiculés Risque de généralisation à partir d’un cas particulier

L’institution scolaire peut être malveillante envers certains enfants

Formation des enseignants, que manque-t-il pour avoir des éléments de réponses?: 

Question des rôles de chacun qu’il nous faut interroger. Question du vécu personnel des parents. Qu’attendent les parents de l’école? Rôle des uns et des autres

Comment on apprend dans l’école pour répondre aux questions des parents?

RDV manqués, pas les mêmes préoccupations? D’autres raisons?

Intervention de parents à l’école: comment? Quel cadre?

Importance des échanges de pratiques et d’en faire une analyse.

Des propositions

Ex de réunion de rentrée: 8 créneaux où les parents s’inscrivent (temps pris sur les APC) Ils viennent par petits groupes d’affinité qui les rassurent, certains traduisent à d’autres

Position d’équipe dédramatiser les propos autour de la religion

Accueil des familles, pot de rentrée, café des classes….

Réunion de parents: Forma de la réunion (collective, petits groupes, inscription préalable?)

Eviter les réunions collectives avec les familles les plus éloignées, différer: prendre RDV individuel. 

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Rencontre parents d’élèves des cinq groupes scolaires du Chambon-Feugerolles


Rappel des objectifs : 

Les écoles du Chambon souhaitent construire une relation de confiance avec les familles.

La présence des  parents jouent un rôle essentiel dans la lutte contre l’échec scolaire. Elle favorise le bien être et la réussite de l’enfant. Un des enjeux majeurs de la réussite à l’école, est d’aider l’enfant à vivre la différence entre sa culture familiale et la culture scolaire sur le mode de la complémentarité. Les enseignants ne peuvent pas faire la classe sans se soucier de la façon dont les élèves vivent la relation entre la culture qu’ils dispensent à l’école et celle de leur milieu familial. 

Les enseignants ont besoin de savoir comment les familles vivent l’école. Leur parole est indispensable pour pouvoir s’adapter au mieux aux besoins et chercher de bons moyens pour communiquer.

Plusieurs mères de familles ont pu s’exprimer dans chaque groupe scolaire, où un espace était dédié pour ces rencontres. Nous avons pu aborder différentes questions concernant la relation de l’école avec les familles.

Ce qui donne un sentiment de confiance:connaître le déroulement d’une journée à l’école

La confiance est possible à condition d’avoir des infos précises sur le contenu des journées, leur organisation.  Les conditions d’apprentissages à l’école sont une inquiétude permanente

« Je me dis que la scolarité de mes enfants se déroule bien tant que la maîtresse ne se manifeste pas. Si j’ai des doutes, je demande un rendez vous« . 

–  La réunion de rentrée est importante, elle permet de  connaître le programme, les sorties, ce que font les enfants en classe. « On parle de votre enfant, on se sent tout de suite concerné« .  

 –  Réunions prévues à la fin de chaque trimestre de façon individuelle. 3 plages horaires sont proposées 

 –  Le carnet de liaison permet de signaler les problèmes et de solliciter un temps de rencontre quand c’est nécessaire, les parents doivent le signer donc le consulter régulièrement

 –  Les journées « porte ouverte » de la première semaine, où deux ou trois parents sont présents dans la classe pendant une heure. C’est une bonne manière de bien comprendre une journée à l’école, les conditions d’apprentissage des enfants. Il est possible de rester en classe le premier jour pour les élèves en CP.

 –   Réunions personnalisées proposées à deux ou trois familles en fonction de leur disponibilité.  –   Possibilité de parler à l’enseignant chaque matin entre 8h20 et 8h30 et à chaque heure de sortie. « On n’est pas obligé d’attendre le jour du RDV« . 

 –  A la maternelle, les relations quotidiennes des parents avec les enseignants facilitent la cohérence éducative. La présence d’enseignants depuis plusieurs années dans l’école aide à la construction de relations de confiance.

Mais ces bonnes expériences sont dépendantes et tributaires de la bonne volonté de l’enseignant. Certains sont patients et s’adaptent aux possibilités de l’enfant, d’autres ont tendance à imposer un rythme et une manière de considérer les choses.

Plusieurs parents évoquent une appréhension chaque rentrée scolaire sur la personnalité, le caractère de la maîtresse qu’on va devoir subir, avec laquelle on va devoir s’adapter, se résigner. « On n’a pas la choix, on est obligé de faire avec. Il faut tenir le coup toute l’année. C’est à nous de céder. Se soumettre« 

Les parents ne se sentent pas légitimes pour donner leur avis « L’école est un lieu de savoir et c’est l’enseignant qui sait ».

Il arrive que des difficultés se manifestent entre différents adultes dans le cadre de l’école: l’enseignant et l’AVS. Pour être dans de bonnes conditions d’apprentissage, l’enfant ne doit pas subir les tensions d’adultes en conflit. Le rôle de chacun doit être clairement définit.  

Un autre problème pour la question des AVS: leur contrat est en CDD, il peut se terminer en cours d’année. Ce sont les parents qui doivent faire la demande auprès de la MDPH, l’école remplit le GEVASCO, les parents sont présents à cette réunion avec les enseignants (ESS) pour constituer le dossier. Il y a souvent 8 mois d’attente avant qu’une intervention se réalise.

Qu’est ce qui nous fait dire que c’est un-e bon-ne maître-sse?

 –   Il/elle est à l’écoute, les enfants se sentent en confiance. Il/elle sait prendre en compte la famille. Comment elle arrive à traverser les problèmes Il s’intéresse à la façon dont on vit le quotidien. Il/elle manifeste qu’il s’en préoccupe. 

Pour traverser ces difficultés, on a besoin de se sentir soutenu, de rencontrer d’autres parents qui traversent la même situation.

 –   Il/elle sait s’organiser pour faire évoluer chaque enfant à son rythme: ex du décloisonnement en CP avec 3 maîtresses qui encadrent 3 groupes d’enfants qui circulent dans 3 ateliers, en fonction de leur niveau. 

 –   Il/elle est soucieux de transmettre des valeurs, les limites. Parfois il y a un décalage entre la façon de procéder à l’école et en famille. A l’exemple des points verts, jaunes et rouges qui sont distribués pendant la semaine. Pour décrisper la situation, c’est nécessaire de savoir accepter les règles de la maîtresse. Un rendez vous est peut être utile pour bien comprendre le mode de fonctionnement. 

Pour que les enfants soient dans de bonnes conditions d’apprentissage: le rôle des parents:

Ils doivent être à jour tout au long de la semaine. « Si je suis perdue, mon enfant sera perdu« . 

Difficile de s’impliquer, comme parent d’élève, les temps de réunion sont difficiles pour beaucoup.

Leur rôle: « Ils servent surtout à organiser  la kermesse« .  Participer aux Conseil d’école avec la présence de tous les enseignants, la maire, où on demande l’avis des parents sur le projet d’école 

Pourquoi il y a aussi peu de parents présents? « Ça prend trop de temps. Les réunions sont  à 20h après la journée. Demande d’être très disponible. Ca fait trop pour une vie de famille« . Peur de s’engager et de ne pas tenir dans la durée. Le Manque de confiance peur de ne pas s’exprimer suffisamment bien. Prendre la parole pour les autres, il faut savoir bien dire les choses. La barrière de la langue. 

Ils doivent  porter la parole de l’ensemble. Etre à la sortie de l’école pour parler. 

« On a besoin de construire un réseau de parents pour s’entraider. Pour rencontrer les parents il faut faire la démarche d’aller là où ils sont, le marché le vendredi matin! »

Il est possible de solliciter la présence d’un parent d’élève pour faire médiation si le problème semble difficile à aborder. Mais les parents ne connaissent pas cette procédure et y ont très peu recours.

Un ex. d’initiative des parents élus. Une année où plusieurs actes de violence entre parents s’étaient manifestés devant la sortie en présence des enfants, une formation sur la communication NV a été proposée aux parents, aux enseignants. Ca qui a permis un travail qui s’est prolongé sur toute la commune, avec le personnel périscolaire. Un regret, les réunions étaient proposées à 18h et beaucoup de parents n’ont pas pu participer.  

Beaucoup de parents n’ont pas la culture de la réunion le rôle de délégué n’est pas accessible à tous par contre beaucoup sont prêts à rendre des services concrets. L’école ça fait peur.

« Quand c’est détendu on parle plus facilement, quand c’est trop sérieux je ne me sens pas à ma place« . Quand c’est du concret, c’est possible. Une présence ponctuelle est plus accessible, à l’occasion d’une journée organisée, pour rendre service

Qu’est qu’on attend de l’école?

« L’école est indispensable, elle fournit à l’enfant des outils pour grandir, pour devenir indépendant, pour gérer ses besoins quotidiens de manière autonome« . 

 –   Que nos enfants réussissent. Qu’ils puissent choisir leur orientation. Qu’ils se développent au maximum de leur possibilité. Qu’ils aillent le plus loin possible. Jusqu’au bout de ce qu’ils peuvent faire. 

Il n’y a pas que l’école pour assurer cette fonction: sur le Chambon, il existe plusieurs structures: la ludothèque, le centre de loisir, l’espace jeunesse, la médiathèque, le centre social Cré actif. Ce n’est pas le même cadre que l’école les apprentissages sont différents et complémentaires, ce sont des lieux plus libres. « Que l’enfant se confronte à différentes méthodes lui permet de se rendre compte qu’il n’y a pas qu’une seule manière d’apprendre« . 

Les devoirs à la maison: «  c’est la révision de ce qui a été fait à l’école. Le temps de classe n’est pas toujours suffisant pour intégrer une notion , c’est un entraînement supplémentaire à la maison. Ca ne doit pas durer plus d’1/4 d’heure, 20mn. Reprendre ce qu’on a fait à l’école, c’est important. Ce qui aide l’enfant c’est la cohérence éducative entre ce qu’il vit à l’école et à la maison. Etre couché à l’heure, levé à l’heure, arriver à l’heure à l’école« . 

Est ce que cette demande est accessible à toutes les familles? Parfois les enfants refusent de faire leurs devoirs à la maison. L’enfant n’est pas forcément disponible, les parents non plus.

Peut être prendre le relais avec d’autres adultes?

Les aides aux devoirs faisait partie de la journée d’école. Aujourd’hui le péri scolaire est payant et on ne propose plus d’aide aux devoirs

Pas suffisamment de repère sur la façon dont on apprend à l’école. « Les devoirs à la maison m’aident à comprendre son niveau ».

Des exemples de difficulté

 –  J’ai appris dans un autre pays, d’une autre façon comment je dois m’y prendre? Je ne sais pas comment ça se passe une journée à l’école. La réunion de rentrée m’a permis de comprendre certaines choses. 

 –   Peur que mon enfant soit en retard, ne soit pas comme les autres. Tout en sachant que chacun apprend à son rythme. Les enfants en classe, n’ont pas tous les mêmes envies au même moment. Différence entre être inquiet et être tendu par envie d’apprendre et de réussir qui est un bon moteur pour grandir. 

 –  Mon enfant ne voulait pas travailler, « j’ai laissé tomber »

 –  ma fille depuis le début de sa scolarité c’est difficile, je ne sais pas ce qu’elle a. Qu’est ce que j’ai fait? A qui je peux en parler? Je suis dans le vide, j’ai besoin de mettre des mots sur ce qu’elle a

 –  La cantine: il faut s’inscrire la semaine d’avant. S’il y a un imprévu, je ne peux pas l’inscrire. Si je ne respecte pas les délais je paye une pénalité de 2 euros par repas.

 –  Peur d’une orientation qui réduise le champ des possibles »on se fixe sur la moyenne alors que la motivation peut tout changer ». Il y a plein de métiers qu’on ne connait pas, on ne sait pas les bonnes filières pour y avoir accès. 

–   Un enfant diabétique. Les règles administratives imposées à l’école pour sa prise en charge spécifique exigent des démarches très contraignantes pour la famille qui est soumise à des délais très courts en début d’année, pour des remises de documents. Chaque rentrée scolaire,  cette pression de l’école est ressentie par les parents, ce qui tend les relations avec l’enseignant. Le médecin référent de l’école ne semble pas suffisamment sollicité pour rassurer les enseignants, donner des info précises sur les règles de conduites des adultes envers cet enfant….

 –   Si un enfant se blesse ou est malade pendant la journée d’école,  les parents doivent être disponibles immédiatement pour venir le récupérer. Les parents  s’étonnent de l’absence d’infirmière pour assurer une présence adaptée auprès des enfants

 –   Une petite fille qui a fait sa première rentrée scolaire toussait en arrivant à l’école. la maîtresse a demandé à la mère de là ramener chez elle. Cette mère n’a pas pu donner des arguments sur l’état de santé de sa fille, elle s’est sentie disqualifiée par cette maîtresse qui semblait mieux savoir de quoi cette petite fille avait besoin ce jour là. Depuis, les relations sont tendues. Ce que cette mère souhaitait c’était la possibilité d’un dialogue où elle aurait pu expliquer son point de vue « je suis la maman, je ne suis pas une gamine », entendre celui de la maîtresse et prendre ainsi une décision éclairée. Cette mère s’est sentie remise en question dans sa personne

 –   Une petite fille s’est sentie injustement traitée par sa maîtresse durant toute une année scolaire. Elle pris le parti de n’en parler à sa maman qu’en fin d’année pour éviter de créer un conflit entre sa mère et sa maîtresse. » Il y a des enfants intelligents à l’école et des enfants intelligents de la vie ».

 –   Une mère demandait à ce que sa fille de 4 ans puisse faire la sieste. la maîtresse lui a répondu qu’à 4 ans un enfant n’a plus besoin de faire la sieste. « Moi je lui parlais de ma fille, elle me répondait sur une théorie des besoins des enfants en fonction de l’âge ».  Ca voulait dire pour moi: vous ne connaissez pas les besoins des enfants, mais moi je sais. Le pouvoir est du côté de l’enseignant ». 

 –   Pour la réunion de rentrée en maternelle, il a été précisé aux parents de venir sans les enfants. Beaucoup n’ont donc pas assisté à cette réunion

 –   Un de mes enfants a été hospitalisé sur une longue période. Un jour, j’ai laissé son petit frère dans sa classe sans prendre le temps de lui dire au revoir. Il m’a suivi dans la rue, il a échappé à la surveillance de la maîtresse. J’étais pressée, et choquée de le voir dans le rue, je lui ai donné une fessée et l’ai ramené à l’école. Ni la maîtresse ni la directrice ne m’ont parlé de cette fessée. J’ai reçu un courrier quelques semaines après cet incident, qui m’annonçait une enquête sociale. Des AS sont venues régulièrement à mon domicile et m’ont beaucoup remise en question sur mon rôle de mère. 

Depuis cet évènement, une ATSEM est devant l’entrée de l’école pour surveiller les sorties des enfants. Mais ni la maîtresse ni la directrice n’ont été remises en question par le service social sur le fait que mon fils s’était retrouvé dans la rue.

 –  Problème de nombre de couchettes insuffisant et de personnes pour accompagner ce temps. Les maîtresses demandent donc aux parents que la sieste se passe à la maison et qu’ils ramènent les enfants à 15h Ce qui demande aux parents  de faire des trajets supplémentaires entre le domicile et l’école. Donc beaucoup de familles gardent les enfants à la maison et ils sont privés d’un temps de socialisation l’après midi. Il est estimé qu’une mère qui ne travaille pas a tout le temps pour s’occuper des enfants en dehors de l’école. 

On ne sais pas combien de temps dure la sieste à l’école. Les parents ne s’autorisent pas toujours à poser des questions sur ce qu’ils ne comprennent pas.

Le risque c’est de rajouter une difficulté à une autre difficulté en s’inquiétant sans trouver d’interlocuteur, un lieu pour être rassurée. Les informations manquent sur les  recours, (réseau de ressources pour répondre aux problèmes (apprentissage, comportement…), les suivis réguliers….)

Besoin de se sentir pris au sérieux dans les observations Ca aide l’école que les parents puissent faire des commentaires sur le comportements des enfants à la maison.

les enfants à l’école savent se conformer à certaines attentes, en respectant les codes de l’école. Ils se retrouvent face à des adultes qui ne sont pas dans le registre émotionnel, qui s’efforcent d’être objectif. A la maison, c’est plus difficile, ce sont les affects qui sont déterminants dans le relation parents/enfants.

Ce qui permet de briser la glace:

Les parents aiment être invités à l’école et pouvoir apporter leur contribution.

Ex. de l’impact de la présence des parents dans la classe. Ca crée beaucoup d’émulation chez les enfants qui veulent montrer ce qu’ils savent faire, ça crée une ambiance de travail forte, les parents sont gratifiés. l’enfant voit sa mère parler à la maîtresse, il se sent bien. Cette présence le rassure C’est un temps positif où chacun donne le meilleur

Une proposition : présence de parents volontaires pendant les premières semaines d’accueil en petite section pour seconder la maîtresse qui est débordée.

Accueil tout au long de l’année avec une pause café où les parents sont invités à rester un moment dans la classe.

Une journée « repas partagé » dans la cour de l’école où Cré actif est présent et qui laisse de forts souvenirs. Il faudrait là renouveler dans l’année plusieurs fois.

Pour que tous les parents se sentent concernés, il est important d’être très précis sur l’info. (ça se passe en primaire mais c’est aussi pour les maternelles…)

La présence des enseignants chaque jour à la sortie

« Si on pense que la réunion de rentrée est importante, que la présence des parents est nécessaire, il est indispensable de transmettre un compte rendu aux parents absents« 

Un espace « parents » à l’intérieur de chaque  l’école. 

La rencontre avec l’ensemble de la communauté éducative, prévue un samedi matin risque de poser problème à de nombreuses familles. Il faudrait aussi penser à un accueil pour les enfants

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Rencontre co éducation avec les enseignants Mercredi 16 Octobre

Echanges suite à la restitution de la parole des parents d’élèves

Les dispositifs d’ouverture de l’école qui ont été cités sont pour tous et la satisfaction a été exprimée en premier. Les témoignages de difficulté sont individuels et n’annulent pas les bénéfices des démarches ni un climat positif général.

Des parents sont conscients de la tâche des enseignants, certains souhaitent participer aux efforts à tenir.

Les difficultés de communication sont essentiellement dues à une mauvaise compréhension et difficulté d’identification des contraintes des uns et des autres. (logistique de l’école/ difficultés intra familiales) qui provoquent un sentiment de décalage.

Nous déplorons l’évolution du cadre scolaire avec de plus en plus de contraintes, des moyens qui se réduisent sans cesse.

Il nous faut donc réinventer d’autres chemins sans modifier les objectifs d’une école publique pour tous les publics.

Le métier d’enseignant reste sacralisé, avec le sentiment que l’enseignant a le pouvoir. « L’école est un lieu de savoir et c’est l’enseignant qui sait » Les parents en difficulté ne se sentent  pas autorisés à aller lui parler. 

Problème de la projection personnelle du vécu scolaire des parents, qui provoque crainte inquiétude pour l’enfant et des tensions envers l’enseignant. Les manifestations de cette souffrance  peuvent être ressenties comme une agression. Un cap difficile à passer qui demande de la patience et de l’attention de la part des enseignants. Le décalage peut être important entre ce qui est demandé par l’école et ce qui se vit dans les familles. Certaines familles sont trop éloignées du cadre de vie scolaire.

Comment mobiliser davantage les autres membres de la communauté éducative qui peuvent intervenir comme tiers, prendre le relais?

Rappel des objectifs de la co éducation

 –    trouver des moyens de communication adaptés face à une population en grande difficulté sociale. La précarité, est un vécu de peurs. La peur que demain soit pire, le sentiment d’un avenir indépassable, des préoccupation quotidiennes multiples et parfois insolubles.

L’enfant ne réussira à l’école que s’il sait faire des liens entre ses différents espaces de vie, entre sa culture familiale et le milieu scolaire. L’école est responsable de l’apprentissage de ces liens. Nécessité d’une approche globale de l’enfant dans son environnement familial et social

 –   Apprendre à communiquer lorsqu’on est d’horizons très différents.  Se défaire de nos certitudes sur la bonne manière d’éduquer les enfants. C’est une ouverture qui transforme nos manières de voir le monde. 

 –   Cohérence entre les différents temps éducatifs (école, maison, périscolaire…) qui  favorise de meilleures conditions d’apprentissage

 –   faire face à l’évolution des objectifs de l’école: Passage d’un modèle très cloisonné à des modèles plus perméables pour permettre à chaque enfant de devenir un citoyen éclairé pour trouver sa place dans la société et contribuer à son amélioration 

Définition de la co éducation: nos mots

Richesse des différences

Eduquer ensemble, Objectifs communs

Partage, confiance, Ecoute, Dialogue, Rencontre, Echange,

Equilibre entre les différentes compétences

S’entendre sur les grands principes de l’éducation

La co éducation: Une relation de mutualisation entre les éducateurs dits premiers que sont les parents et les éducateurs qui agissent en parallèle et successivement. 

Considérer les parents comme de véritables interlocuteurs éducatifs.  

3 Principes: parité d’estime

                    principe de coopération (faire oeuvre commune)

                    explicitation du cadre de l’école

Définition des modèles de relation école/famille/commune

L’école publique navigue entre le modèle cloisonné et la co éducation. Pour certains enfants on s’adapte aux difficultés manifestées et on se rapproche de la co éducation par un effort de compréhension de leur cadre de vie.

Modèle cloisonné: L’école ne cherche pas à collaborer avec les familles. Elle les informe du cadre mis en place, et les familles doivent se plier à ce cadre. Seul « l’élève » va concerner l’école, sur ses apprentissages, son comportement scolaire dans le temps de l’école

Modèle « co éducatif« : Notion d’intérêt de l’enfant indique des modalités de collaboration où les deux parties vont faire effort pour se connaître, se comprendre, gérer leur différence de point de vue. L’école va se préoccuper du conflit de loyauté . Volonté de prendre en compte tous les aspects de la vie de l’enfant  et de différentier les réponses. Son rythme de vie est pris en compte à travers les liens  entre le monde scolaire et péri scolaire. 

Modèle co-gestionnaire: Parents et enseignants co construisent un projet pédagogique et éducatif scolaire. Parents partie prenante du fonctionnement de l’école

Modèle fusionnel: Parents et enseignants recherchent une hyper cohérence des principes éducatifs. Il existe aussi des associations de parents qui déscolarisent leurs enfants 

Objectif essentiel: construire une meilleure compréhension commune. Besoin de tous les membres de la communauté éducative  en appui de cet effort. 

Est ce que c’est énergivore? C’est plutôt un gain dans tous les exemples évoqués

Les constats

 –   Le fossé entre le primaire et le secondaire est immense. Le cloisonnement entre les établissements est tel que le collège ne mesure pas les efforts importants des écoles pour tenter de soutenir les élèves les plus fragiles qui arrivent malgré tout au collège avec des carences importantes. Au collège les parents ne se sentent pas pris en compte par l’équipe enseignante. Pour construire un climat de co éducation la présence du collège est nécessaire.  

 –   On déplore le manque de moyens sur les prises ne charge spécifiques: les délais d’accueil au CMPP sont toujours plus long, idem chez l’orthophoniste. Le RASED  est voué à disparaître  Les difficultés s’aggravent pour ces enfants qui ne bénéficient pas des soins adaptés. L’éducation nationale a de moins en moins de solutions à disposition des enseignants.   –    Avec cette injonction d’école inclusive, les classes se doivent d’accueillir des enfants qui relèvent d’établissement spécialisés.   

Des pistes de solution: 

 –   Adultes relais un travail rémunéré, avec une formation pour des habitantes du quartier qui accompagnent les démarches des familles, assurent la traduction, font le relais entre l’école, les familles, et les autres institutions. Il est peut être possible de relancer la Mairie pour renouveler  ces postes. Certains parents délégués sont réellement des personnes ressources pour l’école, elles donnent énormément de façon bénévole et finissent pas s’épuiser. 

 –   Renforcer le travail avec les asso, les clubs sportifs de quartier, et prévoir des temps réguliers de rencontres. Le PRE assure le lien avec le milieu associatif, il peut être un partenaire ressource pour organiser ces rencontres. 

 –    L’organisation du temps périscolaire a mis la priorité sur le pôle culturel et sportif. Les devoirs ne sont plus assurés à l’école. On pourrait imaginer le temps périscolaire  avec la présence de parents, et organiser des  ateliers de façon à leur permettre  de mieux être outillés sur la façon d’aider les enfants à la maison pour favoriser les apprentissages. 

 –   Décalage considérable pour les familles quand les enfants arrivent au collège qui donne chaque jour des devoirs à faire à la maison. 

On pourrait s’appuyer sur ce qui existe comme passerelle sur le pôle petite enfance, entre la crèche et l’école maternelle, pour imaginer également des passerelles entre le primaire et le secondaire.

 –   Cloisonnements à l’intérieur même de chaque école. Les équipes du périscolaires n’ont pas de lien de travail avec les enseignants. Il faudrait les intégrer aux réunions de pré rentrée. La présence des Atsem, des AVS serait également bénéfique. 

 –    Les projets de groupe de travail mis en place cette année concernent tout le cycle des apprentissages, de la maternelle au collège. Ils vont permettre de casser ces cloisonnements. 

 –    Le coordonnateur REP est censé assurer tous ces liens. Ce poste est actuellement très réduit en temps et dans ses missions. Il faudrait ré envisager cette fonction indispensable. 

Les ressources:

Les écoles du Chambon sont toutes en REP ce qui attribue à chaque école des moyens supplémentaires, notamment le dédoublement des classes CP/CE1. Ce dispositif marche. Le travail quotidien est considérablement amélioré, il permet une individualisation des apprentissages, d’être plus serein dans sa classe, de diminuer les crispation avec les élèves « difficiles ». Les parents sont satisfaits, rassurés, la relation avec eux s’améliore nettement.

Il y a nécessité à se remettre en question dans notre façon d’aborder les familles. On peut parfois porter un regard méprisant sur certaines familles sans connaitre leur histoire.

Réclamer les heures API pour trouver le temps d’organiser le travail en équipe sur des projets pour réfléchir à la question de la co éducation, de la difficulté de communication avec les parents, les autres partenaires.

Comment nous oeuvrons tous ensemble pour le bien être des enfants?  

Des pratiques qui fonctionnent (malgré les contraintes institutionnelles)

 –   Repas partagé pendant le temps de midi, journée multiculturelle. Les parents animent un atelier en fonction du pays d’origine, en présence de Cré actif et des agents de la Mairie responsables du lien entre les institutions. Certains parents posent une journée de congé pour participer. 

 –   Initiative de parents: pic nique partagé au parc où Cré actif est également invité

 –   Journée « marché des connaissances » mélange des classes, des grandes sections au CM2

Un thème, pour favoriser l’échange de savoirs: « jeux du monde ». Les AVS sont très impliquées dans ces journées; L’intérêt est de mixer les classes, les CM2 jouent le rôle d’accompagnateurs des plus petits. Plus de problèmes de frontières ce jour là entre les générations et les fonctions (enseignants/parents/AVS…)

Le marché de connaissances peut commencer « tout petit », entre deux classes…

On peut imaginer une boite à idée où les parents, les enfants pourraient faire de suggestions pour enrichir ces journées.

 –   Espace de dons: installation d’un chalet au centre de la cour en co gestion parents/enseignants, avec une charte de bonne conduite. Les parents peuvent déposer leurs dons: jeux, livres, habits). Suite au constat que les vêtements poussent chaque année sur les portes manteaux des écoles, une façon de les remettre en circuit 

 –   La semaine des parents qui peuvent être présents une heure dans la classe. Temps très stimulant pour tous. Nécessité pour l’enseignant de faire un effort d’explication et de bienveillance qui se poursuit au fil des semaines. Certains parents savent se rendre utiles, les enfants sont plus tranquilles et attentifs. 

 –    Pot d’accueil, le jour de la rentrée. Des tables où chaque enseignants accueille les enfants de la classe et leurs parents pour partager un petit goûter. Un temps qui crée une ambiance détendue et qui dédramatise cette journée appréhendée par certains. On ne se retrouve pas d’emblée dans le face à face. 

 –    Accueil des parents autour de « jeux de société« entre 8h20 et 9h, un jour par semaine prévu pour chaque classe. L’enseignant invite les parents à gérer ce temps de jeux, il explique les règles si nécessaire. Projet à l’occasion de NOël, que chaque enfant reparte avec un plateau  de jeu qu’il aura fabriqué pendant ce temps d’école. (voir pour financement Mairie)

Possibilité de prévoir un travail avec la ludothèque qui peut intervenir dans les classes.

 –    Après midi contes dans la langue d’origine (5, 6 langues représentées)et lus par l’enseignant en français. Valoriser la langue maternelle. On peut également s’appuyer sur les parents « musiciens ». Objectif de valoriser le savoir des familles, d’assurer leur légitimité en tant que personne

Courrier individuel fin Aout pour signifier à chaque enfant qu’il est attendu à la rentrée

Prévoir un bilan de ces différents rencontres proposées tout au long de l’année avec les parents

Des propositions de Catherine Hurtig Delattre (qui complètent celles déjà pratiquées)

La réunion collective de présentation de l’école:

Inciter le plus grand nombre de parents à y participer. Organiser une garderie pour les enfants

 –    Expliciter les différents professionnels qui interviennent dans l’école, le règlement intérieur:  (fonctionnement de la cantine, des garderies, des temps périscolaires, les règles de sécurité). 

 –    Forum des métiers. Chaque partenaire tient un stand: les professionnels chargé de l’aide aux enfants en difficulté, l’équipe périscolaire, les associations actives dans l’école, les associations de quartier. 

Les expositions des travaux des élèves, les diaporamas tout au long de l’année

Les rendez vous individuels systématiques chaque trismestre

Avoir un autre regard sur les enfants et aborder plus facilement la gestion de leurs éventuelles difficultés de comportement. Pour les parents, s’approprier les questions éducatives et l’exercice de l’autorité parentale, partager des outils d’apprentissages

Coopérer avec les associations, permettant ainsi de passer du face à face à une éducation partagée et d’aller ainsi à la rencontre des parents les plus éloignés de l’école. 

Proposer la participation par des passerelles entre culture scolaire et cultures familiales

Pour approfondir notre connaissance mutuelle, s’atteler aux objets de savoir. Cette démarche, au coeur de la mission de l’école pourrait donner une place active aux élèves, et aux parents, mis en position d’acteurs aptes à faire des propositions.

Comment faire entrer les cultures scolaires dans les familles et comment faire entrer les cultures familiales dans l’école?. Comment donner à voir, à comprendre ce qu’on apprend à l’école et comment on y apprend.

 –    Les portes ouvertes: Ouvrir la classe aux parents assister à des séances d’apprentissage. 

 –    L’accompagnement des sorties 

 –    Les cahiers individuels 

 –    Les albums collectifs et les journaux de classe 

Les temps de parole:

Mettre en place de manière ritualisée, des temps de parole permettant aux élèves de parler de leur univers familial en classe et d’utiliser la parole comme objet d’apprentissage

Les objets apportés:

Proposer aux enfants d’apporter des objets de la maison de manière libre ou avec des consignes et en faire des supports des apprentissages

Les ateliers parents-enfants 

Les enfants soleil 

Consacrer à chaque élève une demi-journée privilégiée pour son anniversaire. Ses parents sont invités et peuvent proposer une activité de leur choix.

Permettre aux parents de faire profiter la classe de leurs compétences propres, l’univers familial est considéré comme porteur de savoir.

Les activités plurilingues:

Proposer des activités prenant en compte la diversité linguistique présente dans la classe

Contes en plusieurs  langues, fleurs des langues 

Comment l’enfant, quand il vient à l’école est disponible?

Les incontournables principes éducatifs ne sont pas forcement les mêmes pour tous. Risque de se référer à une norme. Il existe d’autres façons plus collectives de prendre soin des enfants. Face aux enfants dont on ne prend pas suffisamment soin à la maison, comment exercer notre responsabilité collective dans leur éducation et leur protection?

Bilan de cette rencontre

Echanges bénéfiques, certaines écoles ont réalisé ce que d’autres avaient imaginé. Elles mettent ainsi en évidence qu’il y a des choses possibles à construire et que c’est réaliste, accessible. Il reste des choses sur lesquelles on peut agir (le sentiment d’impuissance nous condamne à reporter sur l’extérieur les problèmes face auxquels on n’a aucune réponse, bien souvent les parents!)

En REP c’est impossible de travailler seul. Et C’est un enrichissement de travailler à plusieurs

La différence, on ne peut pas là mettre de côté, elle est là.

Inquiétude suite à la première rencontre face à la masse de choses à bouger, mais aujourd’hui rassuré sur le fait qu’on peut faire des choses.

Besoin de provoquer des temps de rencontre: un pic nique avec tous les enseignants des écoles, le jour de la pré rentrée?

Pour la rencontre du  Samedi 16 Novembre de 9h à 12h

Nous aurons au préalable rencontré les autres acteurs de la communauté éducative (périscolaire, Atsem, AVS, agents de la Mairie, coordonnateur REP, éducateurs de prévention). Cette rencontre va donc rassembler tous ses membres.

On pourrait s’intéresser plus particulièrement aux familles isolées, en plus grande difficulté et se questionner sur notre responsabilité collective:

 –    Comment pallier à la solitude des enfants en leur offrant une solution alternative aux difficultés familiales? 

 –    Comment soutenir les parents perturbés par un ensemble complexe de trop lourdes difficultés et qui se retrouvent isolés?.

Publié par Terrain D'entente dans Co-éducation et communauté éducative, 0 commentaire