Mois : juin 2017

Fête des escaliers du Cret de Roch

Ce week-end, nous étions invités à la Fête des Escaliers du Crêt de Roch. Cet événement organisé par l’association « Les Cris du Quartier » rassemblait cette année plus d’une centaine de personnes. Cette fête de quartier est un événement populaire, l’occasion pour tous les stéphanois de se réunir autour d’une crêpe ou d’une partie de chamboule tout.

Cette année nous avons pu découvrir une quinzaine d’ateliers lors de notre ascension des marches du Crêt de Roch. Au programme : Jeux en bois, Toboggan en carton, atelier boxe, cirque ou encore maquillage, et deux concerts prévus en fin d’après-midi pour clore cette journée de fête.

Notre collectif étant invité à participé aux festivités, nous étions un groupe d’une quinzaine de personnes à quitté le terrain ce Samedi pour nous rendre aux escaliers du Crêt de Roch. Après une marche éreintante sous un soleil de plomb, nous sommes arrivés au pied des marches, déshydratés mais contents. Les enfants ont pu profiter du toboggan, d’un jeu de chamboule tout et d’un atelier d’accro-gym au cours duquel ils ont pu apprendre quelques portés.

Nous avons ensuite continué notre ascension jusqu’aux ateliers boxe et cirque qui se trouvaient en haut des marches. Les enfants ont pu profiter pleinement de ces deux activités pendant que les plus jeunes participaient à un atelier maquillage. C’est après ces quelques ateliers que nous avons décidé de reprendre notre route en direction de Tarentaize dans une ambiance chaleureuse après cet après-midi de fête.

 

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Pour un travail social alternatif.

Depuis plusieurs années, dans tout le champs de l’action sociale, on voit apparaître de nouveaux mots. Dans le cadre de la réorganisation des services, on parle aujourd’hui en terme de « management ». Le bilan d’activité est devenu le « rapport annuel des performances ». On parle en terme de « flux » et de « stocks » à propos des personnes non contractualisées au RSA.

Cette façon de nommer notre contexte de travail, détermine une façon de penser et de comprendre la réalité, conditionne et justifie de nouvelles pratiques.

L’objectif est que le travail devienne mesurable, comparable d’un service à l’autre, à l’aide des chiffres. On se doit d’optimiser chaque poste de travail pour réduire les coûts. Nous évoluons désormais, dans ces différents services, avec la même logique du management d’entreprise.

La voie hiérarchique dans chaque institution devient de plus en plus contraignante, chaque agent est sommé de respecter les directives, de se soumettre aux différents protocoles pour appliquer les dispositifs, penser et établis sans aucune concertation. Toute prise d’initiative pour chercher des réponses aux difficultés qui se manifestent de façon croissante, est devenue désormais impossible. Ce qui conduit à un sentiment d’impuissance, de dépossession, qui produit peu à peu des formes de démissions, de désengagement dans le travail. Mais le plus grave, la colère légitime des agents, se retourne bien souvent contre les personnes en demande d’aide qui sont de plus en plus perçues comme incompétentes et responsables de leur situation. Leurs demandes mettent les agents qui les accueillent en difficulté. Dans de nombreuses situations il n’y a plus d’aide concrète possible.

Les institutions socio-éducatives ne trouvent plus de solutions aux problèmes sociaux actuels. Pire, elles les aggravent en acceptant une individualisation toujours plus croissante des réponses qui tend à isoler les personnes dans des situations sociales difficiles.

L’exclusion d’une partie de la population mène au repli et à l’isolement de celle-ci, a une méfiance des uns envers les autres.

Cette idéologie, concernant la notion de la responsabilité individuelle dans les situations de détresse, gagne du terrain. Il n’y a plus de lecture politique et critique de la société. Pendant ces trente dernières années, le travail social a été malmené à tel point qu’il a perdu pour une bonne partie l’essence de sa création.

Le sens du travail social est de favoriser l’émergence de nouvelles lois de protection contre les situations de vulnérabilité. Chaque agent est un observateur privilégié des évolutions de la société, il doit remplir une fonction de vigilance et d’alerte. Il lui appartient, de faire remonter auprès des pouvoirs publics les besoins repérés, et de proposer des évolutions.

 

Le néolibéralisme s’attaque avec continuité et méthode à l’état social. Tout devient un coût, renvoie à un budget. Et le travailleur social doit se mettre au service de ce projet libéral.

 

Ces différents constats sont suffisamment alarmants et inacceptables pour nous donner l’énergie pour chercher et tenter de construire une alternative.

Il existe dans différents points de notre territoire, des actions qui se situent hors les murs. Des actions pour aller à la rencontre des gens, pour occuper l’espace publique, pour être présents dans ces espaces oubliés, délaissés. Ces actions sont portées par ceux qui se nomment les « pédagogues sociaux ». Ils ont créés, au fil des années, des espaces de rencontre notamment à Longjumeau avec « Intermèdes Robinson », à Grenoble, avec « Mme Rutabaga », à St Etienne avec « Terrain d’Entente ».

Le terme de pédagogie sociale évoque toute une histoire socio éducative. C’est une pédagogie engagée, une pédagogie de l’action.

Il est inspiré des pédagogies, de Yanus Korczak avec la république des enfants, de Célestin Freinet et les classes coopératives, Paolo Freire et la pédagogie des opprimés.

Chacun a su s’indigner face à une réalité sociale inacceptable, et s’est efforcé de construire des collectifs qui soient émancipateurs, source de transformations sociales, pour améliorer les conditions de vie des populations les plus à la marge des sociétés et leur assurer une vie digne, une conscience, une reconnaissance, une place.

Cette approche porte sur la critique de la réalité sociale, la nécessaire transformation de la société.

Nous sommes au fondement du travail social.

Laurent OTT a initié en France ce mouvement de pédagogie sociale depuis 20 ans. Avec la volonté de rejoindre et de s’engager avec les personnes les plus en difficulté pour construire plus de justice, retrouver des liens d’entraide et de solidarité, construire ensemble du commun. Faire société.

Laurent OTT nous rappelle que c’est un problème de société qui nous concerne tous, le fait que des familles soient exclues, marginalisées, oubliées des structures qui sont censées accueillir tout le monde.

 

Il nous faut donc exercer de façon effective notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants, sur chaque territoire. Il nous faut rejoindre les personnes exclues là où elles vivent.

Il s’agit d’offrir un temps de présence de façon régulière, même jour, même lieu même heure et de s’engager auprès des personnes que nous rencontrons dans la durée.

Il nous faut chercher à transformer avec les personnes concernées ce qui est inacceptable: l’exclusion de tous les secteurs sociaux, économiques, politiques et culturels des familles les plus pauvres, et toutes ses conséquences qui peuvent être dévastatrices.

 

Comment cette démarche particulière se manifeste?

La tâche de la pédagogie sociale, n’est pas de transmettre des contenus culturels, mais de s’occuper de la manière de dépasser les problèmes émergents des personnes en vue de leur développement et de leur intégration.

Le pédagogue social travaille sur le terrain public, dans la rue ou dans un parc en observant l’environnement qui l’entoure, tel un arpenteur. Il est là, en posture de récepteur : il voit, il entend, il reçoit des impressions. Ces impressions lui permettent de mieux appréhender ce milieu pour une transformation de celui-ci par ses occupants.

Il est un « visiteur », il a conscience qu’il n’ est pas chez lui, qu’il est ignorant de beaucoup de choses. Son travail est de comprendre et d’apprendre la réalité de ce que vivent les familles en construisant une relation au rythme de chacun, en donnant du temps au temps.

Cette posture permet la rencontre. Peu à peu, au fil des semaines, la parole se libère. A partir des besoins, des envies manifestés, des projets d’actions se mettent en place.

Ces actions collectives permettent parfois de régler des problèmes concrets. Elles sont l’occasion de développer pleins de savoirs et surtout mettent en évidence des savoirs qui ne sont pris en compte nulle part. Ensemble on sort de l’impuissance. Ensemble, nous avons fait un pas de plus dans la construction de rapports plus égalitaires et plus justes.

A partir de ces échanges, de ces actions, on comprend mieux la réalité. Ils permettent une remise en cause de nos à prioris, de nos préjugés, on construit ensemble des savoirs nouveaux. De là leur pouvoir émancipateur.

« Les habitants se forment dans les actes qu’ils posent au sein du collectif, les pédagogues se forment au contact des habitants. Chaque action est l’occasion de confronter ses représentations et ses acquis à une réalité complexe, et permettre des réajustements. Les temps mise en place en Pédagogie Sociale, sont l’occasion d’expérimentation de savoir être, savoir-faire, qui se formalisent par la répétition, l’échec, et la réussite. En cela, les espaces où se pratiquent la PS sont des espaces de formation continue et globale. » (Laurent OTT)

 

Nous sommes essentiellement centrés sur des actions collectives qui rendent possible certaines choses et mettent en évidence que le collectif est une force et une richesse. Nous construisons avec les familles des projets qui répondent à des besoins, des envies, qui règlent des problèmes concrets. Nous encourageons les enfants à partir des conseils qui ont lieu chaque semaine, de devenir partie prenante de nos temps de rencontre, en les accompagnants dans leurs projets pour qu’ils puissent aboutir.

Nous faisons ensemble société, nous sommes de plus en plus centrés sur nos intérêts et préoccupations communes.

Nous n’avons pas d’intention particulière concernant la façon dont ce collectif devrait évoluer, par contre nous accordons beaucoup d’attention à chacun pour comprendre au mieux les besoins, les envies et pour y trouver ensemble les réponses les plus adaptées.

Nous offrons juste un temps de présence. Même jour même lieu même heure, on peut compter sur nous, tout au long de l’année. Ce temps de présence est proposé de manière libre, inconditionnelle et gratuite.

Un accueil libre, où l’on vient quand on veut, et l’on part quand on veut. C’est le respect du temps des personnes qui nous rejoignent quand c’est utile et possible pour elles.

Un accueil inconditionnel, pour tout le monde. Notre collectif organise ses rencontres à partir du multi âge et du multiculturel. A l’image de notre belle France.

Un accueil gratuit, ce qui nous met dans un lien d’égalité. Chacun peut participer à nos rencontres en fonction de ses centres d’intérêts et pas selon ses possibilités financières. Ce qui contribue pour bonne part, à la possibilité pour chacun de s’engager et d’être partie prenante dans tous les projets menés.

 

Cette posture permet de percevoir peu à peu la façon dont les familles vivent les évènements qui traversent leur vie et de s’indigner ensemble face à ces situations d’abandon, de relégation, et d’en faire notre affaire.

Nous sommes au coeur de ce que la société produit de violent.

La violence se traduit essentiellement par la pauvreté qui s’aggrave et qui s’amplifie. Par la précarité, qui est pire que la pauvreté. La précarité c’est la peur du lendemain qui peut être pire, c’est l’absence de perspective d’un avenir meilleur, c’est le renoncement à des envies, des projets qui ont du sens, à des rêves, c’est le replis sur soi: « aujourd’hui, il faut faire confiance à personne et se méfier de tout le monde…. »

La violence c’est le désengagement des institutions qui empêchent que les démarches parfois incontournables à la survie de ces familles, puissent aboutir. A la CAF, à St Etienne, les rendez vous ne peuvent plus être pris dans l’urgence. Dans d’autres administrations, les RDV avec les AS ne sont pas possible avant 1 mois, voire 2. Et les problèmes administratifs et financiers qui continuent de s’aggraver.

La violence c’est les petits boulots indignes, en dehors de toute légalité. Pour ne citer que la réalité des conditions de travail des femmes de ménage qui acceptent des conditions insupportables (être prévenu à 6h du matin pour être opérationnel sur le chantier à 7h le jour même, ne pas être payé pendant le temps de déplacement qui peut aller jusqu’à une heure, ne pas avoir de pose de toute une matinée, la dureté du travail en lui même, les produits ménagés extrêmement polluants….) Ces femmes s’accrochent à ce travail. Le perdre serait tomber encore plus bas, ce serait prendre le risque de perdre des droits.

Et nous pouvons aussi nous émerveiller de toutes ces ressources qui se manifestent, de toutes ces solidarités qui se développent de manière totalement invisible. De cette capacité à surmonter la fatigue, le découragement pour organiser une soupe pour 150 personnes, se mobiliser avec d’autres pour réaliser des projets.

De savoir renoncer au programme de sa journée pour accompagner une mère encore plus en difficulté pour essayer de régler un problème.

 

Une forte relation de confiance se construit au fil du temps. Nous le devons à cette connaissance et cette reconnaissance. C’est également notre présence dans la durée, notre présence intense sur le quartier: du Mardi au samedi, tout au long de l’année, nous sommes là aussi les jours fériés, quand tout est fermé. Nous téléphonons très régulièrement: pour annoncer des sorties, pour prendre des nouvelles, pour évoquer des attentes plus particulières que les unes et les autres ont pu manifester.

Cette relation de confiance c’est peut être également construit sur la base de notre situation de précarité. A St Etienne, nous sommes présents au sein d’un quartier depuis 6 ans, et nous n’avons toujours pas de local. Nous dépensons une grande énergie, chaque année, pour obtenir des financements insuffisants qui ne sont pas pérennes. Nous subissons nous aussi cette absence de reconnaissance, cette incertitude du lendemain, cette instabilité de notre équipe qui change très souvent.

 

Ce statu très fragile, nous place dans un rapport d’égalité où l’implication de chacun est précieuse pour agir, penser, comprendre la réalité et que les projets puissent aboutir.

Cette force ainsi construite permet de dire que cette démarche particulière apporte une réelle ouverture pour un renouveau de l’action sociale.

 

« L’association, c’est du possible dans un monde où tout serait déjà dit et décidé par d’autres, où nous n’aurions plus de prise sur aucune direction, aucune orientation dans nos vies…

Cette rapidité, cette mobilité, cette souplesse des modes d’intervention nous aide à nous intégrer dans les territoires, à nous adapter aux situations, à accueillir l’imprévu et à donner une place à tous. Ce sont en quelque sorte les techniques d’une guérilla sociale contre toutes les formes de solitude et d’oppression. » (Laurent OTT)

 

Josiane GUNTHER Le 20 Mai 2017

 

 

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Rupture du Jeun avec les familles

La période du Ramadan est un temps très privilégié de l’année pour les familles de confession musulmane. Nombreux sont les adhérents de Terrain d’Entente à vivre sur ce rythme. Chaque année, nous souhaitons manifester notre marque d’attention et de respect sur ce temps fort et important.  Nous nous réjouissons de  toutes ces occasions où nous faisons ensemble l’expérience de pouvoir partager de façon  de plus en plus détendue et ouverte la façon propre à chacun de manifester des pratiques qui s’ancrent dans la réalité et qui nous ramènent à nos valeurs communes, nos centres d’intérêt. Plus nous nous ouvrons à la réalité des autres et plus nous sentons possibles de construire tous ensemble des espaces où chacun se sent une reconnaissance, une place.

Cette année, pendant ce mois de Ramadan, nous avons décidé ensemble de fêter chaque vendredi soir la rupture du jeûne.  Nous nous sommes donc installés sur notre terrain préféré, qui est à la fois éclairé le soir, et plutôt loin des habitations.  C’est là que nous avons monté nos tables et installés nos tapis.

Nous avions déjà fait l’expérience d’une rupture du jeûne sur notre terrain l’an passé. Une centaine de personnes étaient présentes et chacun de nous garde le souvenir d’un moment joyeux et convivial.
C’est pourquoi cette année, nous avons décidé de rendre ces rendez-vous plus réguliers, et de nous retrouver tous les vendredis soirs. Le vendredi est un soir idéal pour les enfants car il n’y a pas école le lendemain, ils peuvent ainsi veiller tard le soir et profiter avec les adultes de ces moments de fête. Aussi, tout au long de l’année, notre collectif (adultes et enfants) a su démontrer une incroyable capacité d’organisation (fête de noël, expérience du salon de thé, AG de l’association etc.).

Dès notre arrivée, plusieurs enfants étaient déjà présents prêts à faire la fête ! Puis des familles sont arrivées, certains amenant des gâteaux, d’autres des boissons. Nous avons même eu le droit à un couscous ! Petit à petit la soirée prenait forme : des groupes d’enfants jouaient un peu partout dans le parc, des matchs de foots avaient commencés sur le terrain pendant que les adultes dansaient autour d’un verre de thé au rythme de la derbouka de Saïda.

Sur place, un groupe de jeunes habitants du quartier nous on rejoint. Ils étaient une vingtaine et amenaient du taboulé et de la salade de fruit pour tout le monde. Ils ont pu nous expliquer qu’ils avaient récupéré tous ces aliments sur le marché, qu’ils faisaient ça régulièrement, et qu’ils se retrouvaient souvent avec de telles quantités sans trouver où les partager. Nous avons donc continuer à faire la fête tous ensemble, dans l’abondance de nourriture et de thé à la menthe !

Aux alentours de minuit, nous avons constitué des petits groupes de 5 personnes (3 enfants et deux adultes) pour préparer le lancer de lanternes. Une fois tous prêts, chaque groupe alluma sa lanterne, et presque toutes s’envolèrent !

Nous avons pu lancer une dizaine de lanternes, et profiter du spectacle.
Après ce moment magique, il était temps pour tout le monde de rentrer, le temps de ranger tous ensemble autour d’un dernier verre de thé.

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Terrain d’entente comme espace d’expression de l’engagement

« Une des questions centrales à laquelle nous devons nous confronter est celle de la transformation des postures rebelles en postures révolutionnaires qui nous engagent dans un processus radical de transformation du monde . La rébellion est un point de départ indispensable, une explosion de la juste colère, mais elle n’est pas suffisante. » (La pédagogie de l’autonomie, Paolo FREIRE)

 

Paolo Freire s’inscrit dans une optique de lutte pour la libération des populations opprimées.

Une période particulière, dans un contexte différent du nôtre aujourd’hui. Pour moi cependant, son interpellation met en exergue ce qui est enjeu quand on parle d’engagement, et reste très actuelle.

 

L’engagement pour moi, est né d’un inacceptable, de situations sociales concrètes qui m’ont affectées, en regard de convictions profondes sur ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. La « juste colère » m’a amenée à prendre position, à m’impliquer. Cette démarche m’a conduit à adopter une « posture rebelle », et a ouvert à la nécessité de chercher à mieux comprendre les réalités.

Cette prise de conscience appelle l’engagement, la défense de notre bien commun. Elle se traduit par la compréhension des rapports de force inégalitaires et injustes que notre système produit de façon de plus en plus violente.

L’engagement c’est vouloir changer les choses plutôt que les subir.

A l’époque de la révolution de 1789, on parlait de « citoyens vertueux » et de « citoyens corrompus ». Les « citoyens vertueux » étaient tous ceux qui estimaient que l’intérêt général était supérieur à l’intérêt privé. Ils s’efforçaient dans leurs actions de servir l’intérêt général.

A la source de l’engagement, il y a la conscience de l’intérêt général.

S’engager, c’est résister collectivement

J’ai travaillé pendant 20ans, comme puéricultrice de PMI, au Conseil Départemental de la Loire. J’avais d’emblée postulé sur des secteurs dits « sensibles », avec cette volonté d’être aux côtés des populations les plus en difficulté. Ce choix s’est construit sur la conviction que le travail social est conçu pour contribuer à améliorer les conditions de vie, réduire les inégalités, défendre les droits.

Durant toutes ces années de travail, j’ai aimé ce courage des familles à affronter, pour certaines, tellement de difficultés, j’ai recherché à leur côté des solutions pour répondre à des besoins, des envies qui se manifestaient, régler des problèmes concrets. Avec d’autres partenaires nous avons parfois trouver des issues favorables.

Le travail au sein de collectifs est une démarche essentielle. Depuis toujours, ce sont des collectifs qui ont su dénoncer les inégalités et les injustices, et devenir une force pour tenter de construire autrement nos relations sociales.

 

Au fil des années, les prises d’initiatives se sont réduites au sein de mon institution. Aujourd’hui chaque agent doit compter: les visites à domicile, les entretiens, les coups de téléphone, etc…., et justifier ainsi de sa charge de travail. L’objectif de l’institution est désormais d’optimiser chaque poste de travail, de réduire les coûts.

J’ai pu mesurer rapidement en quoi ces nouvelles pratiques étaient préjudiciables pour les personnes en demande d’aide. Nous nous confrontons plus en plus à des situations de détresse où nous n’avons plus aucune réponse.

Je ne me suis plus reconnue dans ces nouvelles procédures, fort de cela, j’ai choisi d’ interpeller d’autres travailleurs sociaux.

 

Pendant plusieurs années un collectif « le travail social dans la crise » a initié différents temps de rencontres. Ce collectif rassemblait des travailleurs sociaux inquiets de l’évolution de leur travail ainsi que des acteurs de terrain, appartenant à des structures très différentes et qui vivaient des réalités semblables. Nous avions faits différents constats :

Depuis plusieurs années, dans tout le champs de l’action sociale, on voit apparaître de nouveaux mots. Dans le cadre de la réorganisation des services, on parle aujourd’hui en terme de « management ». Le bilan d’activité est devenu le « rapport annuel des performances ». On parle en terme de « flux » et de « stocks » à propos des personnes non contractualisées au RSA.

Cette façon de nommer notre contexte de travail, détermine une façon de penser et de comprendre la réalité, conditionne et justifie de nouvelles pratiques.

L’objectif est que le travail devienne mesurable, comparable d’un service à l’autre, à l’aide des chiffres. On se doit d’optimiser chaque poste de travail pour réduire les coûts. Nous évoluons désormais, dans ces différents services, avec la même logique que celle du management d’entreprise.

La voie hiérarchique dans chaque institution devient de plus en plus contraignante, chaque agent est sommé de respecter les directives, de se soumettre aux différents protocoles pour appliquer les dispositifs, penser et établis sans aucune concertation. Toute prise d’initiative pour chercher des réponses aux difficultés qui se manifestent de façon croissante, est devenue désormais impossible. Ce qui conduit à un sentiment d’impuissance, de dépossession, qui produit peu à peu des formes de démissions, de désengagement dans le travail. Mais le plus grave, la colère légitime des agents, se retourne bien souvent contre les personnes en demande d’aide qui sont de plus en plus perçues comme incompétentes et responsables de leur situation.

Ces demandes nous mettent en difficulté parce que nous n’avons plus d’aide concrète à proposer. Année après année, le néolibéralisme s’attaque avec méthode et continuité à l’état social né du Conseil National de la Résistance. Dans ce contexte, les institutions socio éducatives ne trouvent plus de solution aux problèmes sociaux actuels. Pire, elles les aggravent en acceptant une individualisation toujours plus croissante qui tend à isoler les personnes. Elles sont de plus en plus contraintes dans des démarches qui ne peuvent aboutir.

 

Dans son livre, « travailler avec les familles », Laurent OTT met en évidence que nous sommes collectivement responsables de l’éducation et de la protection des enfants. Une question qui est donc posée à toutes ces structures du champ éducatif: à l’échelle de chaque territoire. Comment exerçons nous collectivement cette responsabilité ?

Laurent OTT rappelle que ce qui aide le plus les enfants à se développer de façon harmonieuse, au maximum de leur potentiel, c’est de pouvoir  évoluer dans un climat de sécurité. Ce n’est pas forcement d’avoir des parents « compétents » en matière éducative (une compétence d’ailleurs toujours normalisée), mais surtout d’avoir des modèles d’adultes en capacité de se mobiliser avec d’autres pour régler des problèmes concrets, pour être partie prenante dans les affaires qui les concernent, et nous concernent tous.

Laurent OTT se réfère à la pédagogie sociale, fruit de l’engagement de personnalités comme Célestin Freinet, Paulo Freire, Héléna Radlinska. Chacun a pensé un mode d’organisation collective qui rende possible l’émancipation des populations dominées, qui rende possible des transformations sociales à partir de ces populations.

La pédagogie sociale est née du contact avec les plus fragilisés. C’est un engagement clair et net envers les populations discriminées, pour construire avec elles, plus de justice et d’égalité, pour retrouver des liens d’entraide et de solidarité.

Ces différentes élaborations de réflexions collectives amènent à transformer  » des postures rebelles en postures révolutionnaires qui nous engagent dans un processus radical de transformation… »

Ce Processus peut s’incarner par des formes innovatrices d’actions et de projets, dans l’organisation de l’espace public, avec les familles qui sont souvent privées de pouvoir d’agir.

Mais une posture s’impose. Celle qui invite chacun à aller à la rencontre de ceux avec lesquels plus rien n’est pensé, construit, et à s’immerger dans cette réalité dont nous ignorons tout, pour identifier ce qui est primordial pour eux. Il s’agit de comprendre et d’apprendre la réalité de ce que vivent les personnes, en construisant une relation au rythme de chacun, en donnant du temps au temps.

L’observation est à la base de ce  travail, c’est à partir de celle-ci que l’on peut décider des actions et que l’on peut théoriser. Chacun  se forme ainsi de manière globale et continue. C’est le sens même de l’éducation populaire. Un de ses objectifs principaux est de promouvoir la participation des sujets à la construction d’un projet politique de société  par des solutions construites collectivement pour dépasser les inégalités sociales. Construire des collectifs qui soient émancipateurs, source de transformations sociales, pour améliorer les conditions de vie des populations les plus à la marge des sociétés et leur assurer une vie digne, une conscience, une reconnaissance, une place.

 

Miguel Benasayag (1) parle « d’action restreinte », qui en elle même produit un changement qui devient transformateur d’une façon globale.

 

« Terrain d’Entente » a repris les principes fondamentaux de la pédagogie sociale dans sa façon d’être présent sur le quartier de Tarentaize à St Etienne, depuis Avril 2011.

Nous proposons des ateliers de rue tout au long de l’année et bien d’autres actions qui se sont développées à partir des besoins des envies manifestés. Nous occupons l’espace public et nous sommes présents pour tous ceux qui souhaitent nous rejoindre de façon libre, inconditionnelle et gratuite.

Nous n’avons pas d’intention particulière concernant la façon dont ce collectif devrait évoluer, par contre nous accordons beaucoup d’attention à chacun pour comprendre au mieux les besoins, les envies et pour y trouver ensemble les réponses les plus adaptées. Nous offrons juste un temps de présence: même jour même lieu même heure, on peut compter sur nous, tout au long de l’année.

Cette posture permet de percevoir peu à peu la façon dont les familles vivent les évènements qui traversent leur vie et de s’indigner ensemble face à ces situations d’abandon, de relégation, et d’en faire notre affaire.

Cette posture permet aussi de s’émerveiller de toutes ces ressources qui se manifestent, de toutes ces solidarités qui se développent de manière totalement invisible.

 

De nombreux enfants souffrent de leur situation de relégation pour certains, du sentiment d’exclusion pour d’autres. Ils sont pour la plupart en difficulté à l’école et ne bénéficient que rarement d’activités périscolaires. Mais ils savent se saisir de toutes les opportunités qu’on leur propose. En effet, ils s’investissent, ils s’engagent dans des projets qui font sens pour eux, manifestant ainsi leur grand besoin d’expression et de reconnaissance. Nous les encourageons alors, à partir des conseils[i] qui ont lieu chaque semaine, à devenir partie prenante de nos temps de rencontre, notamment en les accompagnant dans leurs projets pour qu’ils puissent aboutir.

Nous affirmons que nous sommes collectivement responsables de l’éducation et de la protection des enfants. Nous nous efforçons pour cela, d’engager les acteurs de l’action éducative présents sur le quartier, pour construire avec les parents, une communauté éducative au sens où la définit Gerard Pithon[ii], où chacun se sent engagé, responsable, impliqué, à égalité. Nous construisons avec les familles des projets qui répondent à des besoins, des envies, qui « règlent » des problèmes concrets. Seules les actions collectives rendent possible la concrétisation de cet engagement et mettent en évidence la force et la richesse du « collectif ». Nombreuses sont les familles du quartier qui ont vécu dans d’autres régions du monde. Les différences pour ce qu’il s’agit de notre façon d’appréhender le monde, de le comprendre, sont vécues comme des sources d’enrichissement. Afin de mailler les arts de vivre propres à chacun, nous favorisons les échanges et rencontres de manière régulières et ce,   à partir des pays d’origine. Aussi et plutôt que de parler du « vivre ensemble », expression devenue vide de sens aujourd’hui, nous avons opté pour la conjugaison des arts de vivre et de métisser les savoirs être et les savoirs-vivre.

 

Ce que nous croyons séparément importe moins que ce que nous faisons ensemble, nos actions, nos revendications, nos luttes et nos solidarités.

La bataille à laquelle nous participons, à travers ce collectif, avec de très modestes moyens, c’est une bataille pour l’égalité, la justice, la reconnaissance de toute la diversité des citoyens, source d’une immense richesse.

Malgré un quotidien éprouvant pour de très nombreuses familles du quartier, nombreuses sont celles qui arrivent à trouver l’énergie pour construire avec d’autres des solidarités indispensables, et réaliser des projets. Elles ont la force et le courage de croire en un avenir possible avec tous. S’unir, agir ensemble plutôt que se laisser diviser, c’est entre nos mains et c’est à vivre concrètement jour après jour.

S’engager face à l’inacceptable, avec la volonté de participer aux transformations indispensables, c’est rester vivant et debout. C’est ne jamais oublier que l’intérêt général est toujours supérieur à l’intérêt privé.

« Il n’y a que les poissons morts qui vont dans le courant, être vivant, c’est nager à contre courant » (Miguel Benasayag)

Josiane GUNTHER le 12/06/17

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Salon de Thé « Thé le bienvenue »

Nous avons ouvert un salon de thé éphémère dans le cadre de la Biennal du Design à St Etienne durant le mois de Mars 2017.

La « Biennal » est un évènement très médiatisé qui a lieu tous les deux ans et qui mobilise grand nombre d’acteurs institutionnel.

Terrain d’Entente n’a pas d’ affinité avec cette opération, mais nous avons saisi une opportunité. En voici la genèse:

Depuis quelques mois, nous avions sympathisé avec l’association « Ici Bientôt ». Ses membres s’efforcent, depuis février 2016, de dynamiser les rues dans le quartier Beaubrun , et luttent contre la multiplication des rez de chaussée vacants, en imaginant comment les boutiques vides peuvent retrouver une nouvelle vie.

« Ici Bientôt », depuis de nombreux mois explore, avec les propriétaires de magasins fermés, les élus… des possibilités de projets pour que des boutiques puissent s’ouvrir, que des espaces de rencontre soient ainsi recréer . Cette association nous a donc proposé, dans le cadre de la Biennal, une mise à disposition d’un local pour nous donner l’occasion de vivre cette expérience de prise en charge collective d’un salon de thé, dans la rue de la Ville qui est à 10 minutes à pied du quartier de Tarentaize.

La rue de la Ville, rue piétonne est l’incarnation de ce désert qui s’installe dans nos villes. Un magasin sur deux est fermé, et ce depuis plusieurs années. Cette rue est devenue peu à peu une rue « morte », où l’on ne fait que passer.

Nous ne sommes pas en mesure aujourd’hui, de considérer ce que cette situation produit: mais nous pressentons un véritable malaise silencieux dans la population. La ville se vide de ses espaces de rencontre, la ville se vide de sa vitalité. Nous sommes condamnés à nous déplacer d’un point à un autre pour régler des problèmes, faire des démarches, des achats. Après ce bref passage dans l’espace public, chacun rentre chez soi, faute d’espace de rencontre.

De notre côté, suite aux fêtes de fin d’année, nous avions pu faire le constat, avec les familles adhérentes, que nos capacités à nous organiser collectivement avaient énormément progressé cette année. Nous avions pu en effet accueillir 150 personnes pour partager un repas et différents temps de fête dans de très agréables conditions, grâce à la participation active des uns et des autres.

Il est à noter que le fait de proposer un repas pour 150 personnes ne revient pas à la même chose que de savoir assumer au quotidien la cuisine familiale. C’est une organisation qui relève de véritables compétences professionnelles. Les connaissances de ces familles dans tous ces domaines sont infinies, mais elles restent souvent cachées, elles ont si peu l’occasion de se manifester sur l’espace public.

A l’occasion de ce bilan de fin d’année, une adhérente nous avait annoncé qu’elle avait un agrément qui lui donnait la possibilité d’ ouvrir un salon de thé.

Elle avait réalisé une formation quelques années auparavant, mais n’avait pas obtenu de prêt à la banque du fait de son trop faible budget et avait du renoncer à ce rêve. Elle s’était ensuite résolu à faire des ménages de manière à assurer au mieux, un moyen de subsistance à sa famille.

Ces histoires particulières que nous évoquent au fil du temps les familles avec lesquelles nous cheminons, ont toujours un point commun: l’absence d’un budget décent qui oblige à renoncer à différentes aspirations. L’expérience des quartiers pauvres, c’est l’expérience du renoncement. Le renoncement à des rêves, le renoncement à trouver un travail qui intéresse, qui a du sens, le renoncement à construire une vie meilleure pour les siens….. Tout ce qui peut contribuer de manière générale pour chacun d’entre nous, à s’installer dans une dynamique, est impossible pour tous ceux qui vivent dans la précarité.

A Terrain d’Entente, depuis 6 ans, nous réalisons avec les familles des projets qui aboutissent. Nous vivons le collectif comme une force et une richesse qui permet à chacun de sortir de son sentiment d’impuissance. Nous sommes forts de toutes ces expériences réussies, et nous avons gagné en confiance pour chacun d’entre nous et avec le groupe. Nous retrouvons ensemble cette dynamique qui rend possible toujours plus d’ initiatives.

C’est ce qui explique que Sandra avait saisit l’opportunité de nous lancer un défit avec cette possibilité d’ouvrir ensemble un salon de thé, facilité par son agrément.

L’impact de cette initiative a été stupéfiant. En premier lieu pour notre collectif. Une semaine avant le démarrage de cet évènement, nous nous sommes retrouvées 20 femmes du quartier pour envisager un mode d’organisation. Tout a été élaboré à partir de ces rencontres. Nous avons identifié les besoins matériels et reparti les tâches, plusieurs ont prêté, voire même donné ce qui pouvait nous manquer, nous avons réalisé un règlement intérieur, un calendrier de présence pour la tenu du salon de thé, pour la réalisation des gâteaux…..

Bien évidemment, les tensions ont été à la hauteur de ce pari: assurer l’accueil de publics dans un espace inconnu, de façon professionnelle, sans aucune expérience au préalable de ce type d’ organisation collective. Certaines personnes n’ont pas pu tenir tous leurs différents engagements. Mais globalement, nous avons su nous organiser collectivement et notre présence à cet évènement a été appréciée et remarquée.

Les réactions ont été fortes de la part de nos « clients ». Nous avons été remercié, félicité, encouragé à continuer. Beaucoup sont venus consommer dans ce petit salon de thé, avec surtout la volonté de soutenir cette action.

Beaucoup de ces « clients » connaissaient de près ou de loin la réalité de ce que vivent les familles des « quartiers ». Tarentaize est reconnu comme étant le plus pauvre de la ville. Des familles qui subissent les violences économiques, sociales et politiques.

Ces familles là ont fait la démonstration de leur capacité à se mobiliser pour que tout soit beau, bon et chaleureux, pour que les tarifs proposés soient accessibles à toutes les bourses. Certains même ont été accueillis alors qu’ils ne consommaient rien.

Et il s’agit bien des familles dans leur globalité. Notre salon a été entièrement décoré par les oeuvres des enfants, réalisées tout au long de l’année, certains ados sont venus spontanément pour nous proposer de distribuer l’information sur les heures d’ouverture de notre salon « thé le bienvenu ». Ils ont souhaité parler de cette initiative, au cours d’une émission de radio.

C’est en quelque sorte notre marque de fabrique, le fait de donner à tous, petits et grand,s la possibilité de s’impliquer dans une action. Nous en faisons chaque fois l’expérience, l’intergénérationnel, le multi age, le multiculturel est une force, un souffle qui nous porte tous et qui entraîne chacun.

Nous avons pu ainsi mesurer grâce à toutes ces réactions enthousiastes, à quel point les occasions manquaient au plus grand nombre d’entre nous, de pouvoir s’inscrire dans un mode d’organisation collective pour réaliser quelque chose de concret, que nous décidons en toute liberté, parce que nous y donnons du sens. Cette occasion qui a été pour notre collectif très bénéfique a provoqué d’autres envies, à d’autres, à l’occasion de tous nos échanges dans ce salon de thé.

Nous avons senti que la manifestation de ce dynamisme des familles mettaient en route d’autres envies, que des rencontres étaient souhaitées entre différents collectifs pour mutualiser les possibles des uns et des autres.

Bien sûr cette oeuvre collective a été réalisée au prix de contraintes importantes mais un pas de plus a été franchi, au sein même de notre collectif et sur l’espace public, avec tout le monde, avec toute notre diversité.

Nous sommes désormais considérés comme des acteurs nécessaires pour reconstruire des relations humaines qui produisent du changement. Terrain d’Entente a assuré au même niveau que les autres, en participant à l’ouverture d’une boutique, une remise en route d’une dynamique qui a permis la rencontre, et la circulation de la parole entre de nombreuses personnes qui auparavant ignoraient tout des unes et des autres.

 » Il s’agit de trouver de nouvelles voies et de nouveaux outils pour favoriser l’expression des personnes et des groupes; développer le pouvoir d’agir et de produire de ces groupes, dans les domaines économiques, social et culturel. Cela veut dire développer notre pouvoir de vie, à tous. C’est le rôle et la fonction de la pédagogie sociale « . (Laurent OTT)

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L’atelier cuisine

Depuis plusieurs années, envions une fois par mois, avec chaque fois beaucoup d’enthousiasme, les enfants réalisent le goûter du jour, sur le terrain de jeu.

Pour bien parler de ces ateliers, il est nécessaire d’évoquer toute une histoire de notre collectif.

Lors d’un hiver particulièrement rude, nos rendez vous hebdomadaires sur le terrain, devenaient difficiles à tenir. Pour pouvoir vivre ces rencontres de façon plus confortable, nous avions inventé, avec la coopération active des familles, un système de foyer à partir d’un bidon de peinture. Les enfants alimentaient le feu qui apportait une bonne source de chaleur. cette douceur ainsi crée donnait envie de prolonger ce temps où nous nous retrouvions tous en cercle. Une occasion de plus d’alimenter également nos palabres tous ensemble, au coeur de cet espace réconfortant. Nous avions donc pu entendre tous ces bons souvenirs du « bled » où on fait tous ensemble la cuisine dehors. Les galettes cuites ainsi au feu de bois ont un goût sans pareille!….

Nous avons relevé le défit, il fallait se rendre compte de la saveur tellement vantée de ces galettes. Nous avons donc gardé le principe du foyer à l’intérieur du bidon de peinture et chaque adulte, chaque enfant volontaire a apporté de chez lui, le nécessaire pour préparer et cuire cette fameuse galette. C’était au mois de Novembre, il avait beaucoup neigé quelques jours auparavant. Mais les familles se sont déplacées en nombre pour vivre cet évènement. C’était la première fois pour notre collectif, que les adultes et les enfants réalisaient quelque chose ensemble et ce dans un climat harmonieux de respect mutuel. Un délicieux moment, dans tous les sens du terme!

Cette expérience réussit a suscité plein d’autre envies. Nous avons réalisé d’autres galettes, nous avons tenté également de faire des crêpes. Mais notre petit foyer a atteint les limites de ses capactiés. Un ami de l’association s’est alors proposé pour nous construire une carriole. Il a consacré une semaine à ce travail et le résultat est jusqu’à ce jour très probant. Nous avons à notre disposition, deux plateaux de bois qui nous servent de table de travail, un coffre qui permet d’entreposer les ustensiles de cuisine, une gazinière….Nous déambulons avec tout ce matériel dans les rues de tarentaize, environ une fois par mois, en fonction de la météo.

C’est l’occasion pour les enfants de tous les âges de réaliser le goûter de l’après midi, après avoir décidé au conseil des enfants de ce que nous souhaitions préparer, des denrées nécessaires, des volontaires pour les courses.

Ce que nous remarquons au cours de ces ateliers, c’est la capacité de nombreux enfants à réaliser ce travail avec sérieux, à s’entraider, à prendre soin des plus petits, à respecter les règles d’hygiène et de sécurité. Très souvent nous avons été surpris de l’attitude des plus turbulents qui faisaient la démonstration de leur sens de la coopération et du respect des autres. Une occasion de plus pour eux de pouvoir explorer d’autres parts d’eux mêmes et d’être gratifiés par le groupe pour leur attitude exemplaire.

Nous sommes toujours dans une coopération multi age, certaines mères apportent leur soutien pendant le temps de préparation, participent au service du goûter. Ces après midis là, le nombre d’enfants présents est parfois le double de ce que nous accueillons habituellement. La préparation du goûter est un évènement important pour chacun. Un moment de fête pour nous tous.

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