AG 20 mai 2017, rapport d’activité

AG de TERRAIN D’ENTENTE     Samedi 20 Mai 2017

L’association Terrain d’Entente est présente sur le quartier Beaubrun/Tarentaize depuis Avril 2011. Nous sommes engagés dans une démarche d’éducation populaire qui se réfère à la pédagogie sociale. Le terme de pédagogie sociale évoque toute une histoire socio éducative. C’est une pédagogie engagée, une pédagogie de l’action.

Ce terme est inspiré des pédagogies, de Yanus Korczak avec la république des enfants, de Célestin Freinet et les classes coopératives, Paolo Freire et la pédagogie des opprimés.

Chacun a su s’indigner face à une réalité sociale inacceptable, et s’est efforcé de construire des collectifs qui soient émancipateurs, source de transformations sociales, pour améliorer les conditions de vie des populations les plus à la marge des sociétés et leur assurer une vie digne, une conscience, une reconnaissance, une place.

Cette approche porte sur la critique de la réalité sociale, la nécessaire transformation de la société.

Nous sommes au fondement du travail social. C’est un problème de société qui nous concerne tous, le fait que des familles soient exclues, marginalisées, oubliées des structures qui sont censées accueillir tout le monde.

Il nous faut donc exercer de façon effective notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants. Il nous faut rejoindre les personnes exclues là où elles vivent.

Il s’agit d’offrir un temps de présence de façon régulière, même jour, même lieu même heure et de s’engager auprès des personnes que nous rencontrons dans la durée.

Il nous faut chercher à transformer avec les personnes concernées ce qui est inacceptable: l’exclusion de tous les secteurs sociaux, économiques, politiques et culturels des  familles les plus pauvres, et toutes ses conséquences qui peuvent être dévastatrices.

Nous sommes présents sur le parc Jean Ferrat, nous proposons des ateliers de rue,  et nous prenons surtout le temps d’observer ce qui se passe autour de nous.

Nous avons  conscience quel nous ne sommes pas chez nous, que nous sommes  ignorants de beaucoup de choses. Notre travail est de comprendre et d’apprendre la réalité de ce que vivent les familles en construisant une relation au rythme de chacun, en donnant du temps au temps.

Cette posture permet la rencontre. Peu à peu, au fil des semaines, la parole se libère. A partir des besoins, des envies manifestés, des projets d’actions se mettent en place.

Ces actions collectives permettent  parfois de régler des problèmes concrets. Elles sont l’occasion de développer pleins de savoirs et surtout mettent en évidence des savoirs qui ne sont  pris en compte nulle part. Ensemble on sort de l’impuissance. Ensemble, nous avons fait un pas de plus dans la construction de rapports plus égalitaires et plus justes.

A partir de ces échanges, de ces actions, on comprend mieux la réalité. Ils permettent une remise en cause de nos a priori, de nos préjugés,  on construit ensemble des savoirs nouveaux.  De là leur pouvoir émancipateur.

La tâche de la pédagogie sociale, n’est pas de transmettre des contenus culturels, mais de s’occuper de la manière de dépasser les problèmes émergents des personnes en vue de leur développement et de leur intégration.

Nous sommes essentiellement centrés sur des actions collectives qui rendent possible certaines choses et mettent en évidence que le collectif est une force et une richesse.  Nous construisons avec les familles des projets qui répondent à des besoins, des envies, qui règlent des problèmes concrets. Nous encourageons les enfants à partir des conseils qui ont lieu chaque semaine, de devenir partie prenante de nos temps de rencontre, en les accompagnants dans leurs projets pour qu’ils puissent aboutir.

Nous faisons ensemble société, nous sommes de plus en plus centrés sur nos intérêts et préoccupations communes.

Nous n’avons pas d’intention particulière concernant la façon dont ce collectif devrait évoluer, par contre nous accordons beaucoup d’attention à chacun pour comprendre au mieux les besoins, les envies et pour y trouver ensemble les réponses les plus adaptées.

Nous offrons juste un temps de présence. Même jour même lieu même heure, on peut compter sur nous, tout au long de l’année. Ce temps de présence est proposé de manière libre, inconditionnelle et gratuite.

Un accueil libre, où l’on vient quand on veut, et l’on part quand on veut. C’est le respect du temps des personnes qui nous rejoignent quand c’est utile et possible pour elles.

Un accueil inconditionnel, pour tout le monde. Notre collectif organise ses rencontres à partir  du multi âge et du multiculturel. A l’image de notre belle France.

Un accueil gratuit, ce qui nous met dans un lien d’égalité. Chacun peut participer à nos rencontres en fonction de ses centres d’intérêts et pas selon ses possibilités financières. Ce qui contribue pour bonne part, à la possibilité pour chacun de s’engager et d’être partie prenante dans tous les projets menés.

 

Cette posture permet de percevoir peu à peu la façon dont les familles vivent les évènements qui traversent leur vie et de s’indigner ensemble face à ces situations d’abandon, de relégation, et d’en faire notre affaire.

Nous sommes au coeur de ce que la société produit de violent.

La violence se traduit essentiellement par la pauvreté qui s’aggrave et qui s’amplifie, par la précarité, qui est pire que la pauvreté. La précarité c’est la peur du lendemain qui peut être pire, c’est l’absence de perspective d’un avenir meilleur, c’est le renoncement à des envies, des projets qui ont du sens, à des rêves, c’est le replis sur soi: « aujourd’hui, il faut faire confiance à personne et se méfier de tout le monde…. »

La violence c’est le désengagement des institutions qui empêchent que les démarches parfois incontournables à la survie de ces familles, puissent aboutir. A la CAF, à St Etienne, on a supprimé les sièges dans la salle d’attente, les rendez vous ne peuvent plus être pris dans l’urgence. Dans d’autres administrations, les RDV avec les AS ne sont pas possible avant 1 mois, voire 2.  Et les problèmes administratifs et financiers qui continuent de s’aggraver.

La violence c’est Les petits boulots indignes, en dehors de toute légalité. Pour ne citer que la réalité des conditions de travail des femmes de ménage qui acceptent des conditions insupportables Ces femmes s’accrochent à ce travail. Le perdre serait de tomber encore plus bas, ce serait prendre le risque de perdre des droits.

Et nous pouvons aussi nous  émerveiller  de toutes ces ressources qui se manifestent, de toutes ces solidarités qui se développent de manière totalement invisible. De cette capacité à surmonter la fatigue, le découragement pour organiser une soupe pour 150 personnes, se mobiliser avec d’autres pour réaliser des projets.

De savoir renoncer au programme de sa journée pour accompagner une mère encore plus en difficulté pour essayer de régler un problème.

 

Une forte relation de confiance se construit au fil du temps. Nous le devons à cette connaissance et cette reconnaissance. C’est également notre présence  dans la durée, notre présence intense sur le quartier: du Mardi au samedi, tout au long de l’année, nous sommes là aussi les jours fériés, quand tout est fermé. Nous téléphonons très régulièrement: pour annoncer des sorties, pour prendre des nouvelles, pour évoquer des attentes plus particulières que les unes et les autres ont pu manifester.

Cette relation de confiance c’est peut être également construit sur la base de notre situation de précarité.  Nous existons depuis 6 ans, et nous n’avons toujours pas de local.  Nous dépensons une grande énergie, chaque année, pour obtenir  des financements insuffisants qui ne sont pas pérennes.  Nous subissons nous aussi cette absence de reconnaissance, cette incertitude du lendemain, cette instabilité de notre équipe qui change très souvent.

 

Ce statut très fragile, nous place dans un rapport d’égalité où l’implication de chacun est précieuse pour agir, penser, comprendre la réalité et que les projets puissent aboutir.

 

Depuis 3 ans, nous avons développé un partenariat avec le centre social du Babet et la médiathèque du quartier, et avec d’autres associations de quartier, de façon plus ponctuel. Des actions qui concernent nos différentes structures se sont développées.

Terrain d’Entente s’adresse à des familles très marginalisées, très précaires, qui ne trouvent pas toujours la force de s’adresser par elles mêmes aux structures du quartier, où qui ne trouvent tout simplement pas le temps. Terrain d’Entente s’efforce de décrire ce qu’il comprend du quotidien pour ces familles.

 

 Qu’avons nous construit tout au long de cette année?

Les ateliers de rue, se poursuivent le mercredi, le samedi, le vendredi pendant les vacances scolaires, de même que la garde des bébés le mardi après midi, le café des femmes le vendredi après midi, notre présence à la médiathèque les mardi, jeudi, vendredi de 16h30 à 18h30, les rencontres sur les pays d’origine (nous avons vécu une belle fête pour découvrir une partie de la Tunisie, pour fêter le printemps à la manière de la Kabylie) les sorties au bord de l’eau, les vacances à Retournac.

Avec nos amis « les moyens du bord », nous poursuivons nos rencontres, notamment pendant l’été. Il est prévu cette année de se retrouver régulièrement dans leur jardin pour vivre des temps de repas partagés en famille.

Les accompagnements individuels ont été plus centrés cette années sur les démarches dans le cadre de la scolarité des enfants (rendez vous avec les équipes enseignantes au collège, pour des conseils de disciplines, des changements d’orientation….)

 

Nous affirmons que nous sommes collectivement responsables de l’éducation et de la protection des enfants. Et nous nous efforçons de nous engager, avec  les acteurs volontaires de l’action éducative, pour construire, avec les parents, une communauté éducative, à l’échelle du quartier. Où chacun se sent engagé, responsable, impliqué, à égalité.

A l’exemple de l’action « 1001 Territoires pour la réussite de tous les enfants à l’école » Cette action part de la volonté de construire un  collectif, avec les parents et tous les partenaires concernés par l’éducation. Les parents, les structures de quartier, sont complémentaires de l’école.

La proposition au cours des différents échanges qui rassemblent les partenaires de l’éducation (parents, associations, DRE, REP), a été de faire des constats sur la façon dont chacun vit l’école. Ce qui fonctionne bien, ce qui est difficile, ce qu’on voudrait voir changer, les propositions éventuelles.

Depuis Avril 2016, des rendez vous réguliers se déroulent au centre social du Babet en présence des parents, des enseignants, de Terrain d’Entente, du DRE et du REP. Depuis le début de ces rencontres, la parole a pu circuler de manière positive. Elle est due pour bonne partie à la qualité de présence des parents. Ils ne sont pas venus pour dénoncer, mettre en cause les capacités pédagogiques des enseignants. Ils ont su exprimer leur difficulté à bien comprendre le fonctionnement de l’école,  il ont mis en évidence les contraintes qui les empêchaient de participer aux rencontres proposées dans l’école (la garde de leurs enfants en bas âge, leur honte pour certains, face à leur manque de compréhension de la langue française, de la lecture et de l’écriture….) On peut repérer une évolution rapide de ces temps de rencontres, les échanges se vivent de manière horizontale, chaque adulte présent exprime sa façon de comprendre la situation, fait des suggestions, prend position.

Nous avons, à partir de ces échanges, mis en place des actions qui deviennent pérennes. Notamment la présence des parents dans chaque école, une matinée par semaine, prévue sur le temps de décharge des directrices de façon à créer des rencontres régulières, pour permettre des échanges entre le représentant de l’école, d’un partenaire responsable de l’éducation et des parents: « les espaces info parents ».

Nous avons pu mesurer la volonté de nombreuses mères de famille à se mobiliser pour prêter main forte à des adultes plus en difficulté pour s’adresser à la bonne personne, au service concerné pour réaliser les démarches nécessaires à la scolarité de leurs enfants. Cette capacité à renoncer au programme de la matinée pour certaines et d’accompagner une mère qui n’arrive pas à s’orienter vers le service administratif adapté.

Nous commençons à envisager des temps d’animation au sein des écoles pour répondre à des préoccupations de parents. Des temps de jeux, entre adultes, pendant le temps scolaire sont déjà engagés à l’école de Tarentaize. Ces rencontres tentent de répondre aux préoccupations des parents de pouvoir aider leurs enfants dans les apprentissages.

Tout le monde connait des jeux, beaucoup en pratiquent. L’objectif est que ces temps s’organisent le plus possible sous forme d’échange de savoir. Il est question d’imaginer des temps de réalisation de jeux pendant « les espaces info parents ».

Des rendez vous sont également proposés pour évoquer plus particulièrement la question du collège.

 

De nombreux enfants sont en difficulté à l’école, ils ont rarement des activités périscolaires (sport, centre de loisir….). Par contre, ils savent se saisir de toutes les opportunités qu’on leur propose. Ils s’investissent et ils s’engagent pour des projets qui font sens pour eux. Ils ont un grand besoin d’expression et de reconnaissance.

Nous nous centrons sur des modes d’expression artistique

Atelier Théâtre:

En Septembre 2016, nous avons pu embaucher une comédienne pendant 6 mois. Elle a proposé à un groupe d’enfants des rencontres « théâtre » dans le cadre d’un partenariat avec l’Amicale de Tardy. Pendant 4 mois les enfants se sont initiés au théâtre, ces différentes séances ont abouties à un spectacle en Janvier : « Seul le chien ».

Nous avons emmené enfants et parents à cinq spectacles de la Comédie de Saint-Etienne, dont un à l’opéra (Carnaval jazz des animaux). Chaque fois ce sont 10 enfants et 5 adultes qui ont pu penser, rire, s’émouvoir, devant des pièces de théâtre de qualité.

 

Atelier écriture:

Dans le cadre d’un partenariat avec la médiathèque qui a pu financer l’intervention d’une professionnelle. Un groupe d’enfants a été initié à différentes techniques d’écriture. Leur travail a abouti à l’expression de la réalisation de différents textes dans le cadre du « Babel des poèmes » pendant le printemps des poètes, en Avril 2017.

L’atelier peinture:

Il est devenu pérenne depuis plusieurs années. En présence de Chantal qui est arthérapeute et qui propose différents modes d’expression picturales aux enfants.

 

L’atelier paperolle: l’art de rouler le papier.

Une jeune étudiante en formation d’éducatrice a proposé cette technique qui permet de réaliser des tableaux en relief.

Depuis le mois de février, les enfants s’initient à cet art (datant de la renaissance).

L’avantage de cet art est qu’il est a la porté de tous, que ce soit au niveau du matériel requit (bandelettes de papiers,ciseaux, colle) ou du niveau artistique de chacun.

De belles créations ont pu être exposées au « mercredi du livre » pour servir d’exemple, place Jean Jaurès à Saint Etienne (Nous avions été contactés par la Mairie, pour animer un atelier,  suite à la qualité repérée des origamis réalisés par les enfants dans la vitrine de la librairie Croque’linottes.)

Trois jeunes filles ont tenues l’atelier et ont su à leur tour, transmettre aux passants leur savoir faire. Une occasion pour les jeunes de montrer leurs potentiels et leur envie de partager leur travail. Une occasion pour l’Association de sortir du quartier et faire connaitre nos actions et nos valeurs. Chaque personne quelque soit son âge et ses origines à quelque chose à apporter et transmettre aux autres. Cet atelier fut un bon exemple de cette possibilité de transmission.

 

Nous recherchons des modes de manifestation pour mettre en valeur toutes ces productions. On peut dire aujourd’hui: vous connaissez les enfants de Tarentaize? Ah oui, ceux qui ont réalisé l’exposition de peinture à l’amicale de Chapelon, ceux qui ont décoré la librairie croque’linotte avec des origamis, ceux qui ont animé des ateliers paperolles dans le cadre de la fête du livre, ceux qui sont sur le clip de RLM « hiver arabe », ceux qui ont réalisé une émission de radio….

 

Le tournoi de foot en soutien au peuple palestinien                                                                    Samedi 27 Aout, Terrain d’Entente a organisé un tournoi de foot à l’Estivallière, en soutien au peuple palestinien, en partenariat avec le collectif BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions)

Durant l’après midi, 200 personnes sont venues soutenir cette action, un grand nombre ont participé au tournoi dont une équipe de mères de Terrain d’Entente.

Nous nous sentons particulièrement affectés, touchés dans notre dignité, par ce que subit ce peuple depuis si longtemps. Il est victime de la barbarie raciste la plus brutale et la plus destructrice. Il faut que ça cesse. Nous soutenons donc l’action de boycott lancée depuis plus de 10 ans et qui rayonne au niveau international, parce que nous estimons que c’est un moyen de lutte à la portée de chacun et qui a fait les preuves de son efficacité. Nous croyons possible grâce à cette immense mobilisation citoyenne que le peuple palestinien retrouve sa liberté et sa dignité. Nous avons conçu ce tournoi comme une contribution à ce mouvement porté par BDS.

Participation au Clip RLM « hiver Arabe« .

Suite à cette journée à l’Etivallière, des liens d’amitié se sont tissés avec les membres de BDS. Nous avons été invités le Dimanche 5 Mars à manifester notre solidarité envers le peuple de Syrie, 30 personnes de Terrain d’Entente ont répondu à l’appel (des adultes et des enfants)

Atelier boxe avec « sport autrement »

Des amis de cette association ont proposé un après midi d’initiation à un groupe d’adolescents. Il est possible pour ceux qui aiment ce sport, de pouvoir aller s’entraîner gratuitement dans les locaux de ce club

 

Atelier massages, coiffure

Dans le cadre du café des femmes, nous développons des ateliers bien être, beauté. Ces adultes sont très meurtries par les difficultés du quotidien. Elles manifestent beaucoup de fatigue, de douleur. Elles n’ont que très peu d’occasion de prendre soin d’elles. Une masseuse nous rencontre une fois par mois pour nous proposer des séances d’échanges de  savoir à partir d’auto massage.

Nous poursuivons nos sorties au hammam, des ateliers coiffures.

 

Rencontre autour des conditions de travail des femmes de ménages:

La plus part des femmes qui travaillent sur la quartier sont femmes de ménages. Nous avons vécu plusieurs rencontres avec un syndicat pour mettre en évidence les difficultés et rechercher les meilleurs moyens de faire valoir les droits du travail.

Nous avons pu réaliser les difficultés concrètes: être prévenu à 6h du matin pour être opérationnel sur le chantier à 7h le jour même, ne pas être payé pendant le temps de déplacement qui peut aller jusqu’à une heure, ne pas avoir de pose de toute une matinée, la dureté du travail en lui même, les produits ménagés extrêmement polluants….

 

Ouverture d’un salon de thé éphémère: « Thé le bienvenu »                     

Nous avons ouvert un salon de thé éphémère dans le cadre de la Biennal du Design à St Etienne durant le mois de Mars 2017.

L’association « Ici Bientôt »  nous a proposé,  une mise à disposition d’un local pour nous donner l’occasion de vivre cette expérience de prise en charge collective d’un salon de thé, dans la rue de la Ville, qui  est à 10 minutes à pied du quartier de Tarentaize.

Nous avons répondu à cette invitation qui faisait sens pour nous. En effet, suite aux fêtes de fin d’année, nous avions pu faire le constat, avec les familles adhérentes, que nos capacités à nous organiser collectivement avaient énormément progressé cette année. Nous avions pu en effet accueillir 150 personnes pour partager un repas et différents temps de fête dans de très agréables conditions, grâce à la participation active des uns et des autres.

Il est à noter que le fait de proposer un repas pour 150 personnes ne revient pas à la même chose que de savoir assumer au quotidien la cuisine familiale. C’est une organisation qui relève de véritables compétences professionnelles. C’est un travail qui demande de nombreuses aptitudes, comme celles de savoir anticiper le temps nécessaire aux différentes préparations, de prévoir les bonnes proportions des différents aliments nécessaires à la réalisation des différents plats, la gestion du travail collectif, la répartition des tâches….

Les connaissances de ces familles dans tous ces domaines sont infinies.

A l’occasion de ce bilan de fin d’année, une adhérente nous avait annoncé  qu’elle avait  un agrément qui lui donnait la possibilité d’ouvrir un salon de thé.

Elle avait réalisé une formation quelques années auparavant, mais n’avait pas obtenu de prêt à la banque du fait de son trop faible budget et avait du renoncer à ce rêve. Elle s’était ensuite résolu à faire des ménages de manière à assurer au mieux, un moyen de subsistance à sa famille.

L’impact de cette initiative a été stupéfiant. En premier lieu pour notre collectif. Une semaine avant le démarrage de cet évènement, nous nous sommes retrouvées 20 femmes du quartier pour envisager un mode d’organisation. Tout a été élaboré à partir de ces rencontres. Nous avons identifié les besoins matériels et reparti les tâches, plusieurs ont prêté, voire même donné ce qui pouvait nous manquer, nous avons réalisé un règlement intérieur, un calendrier de présence pour la tenu du salon de thé, pour la réalisation des gâteaux…..

Globalement, nous avons su nous organiser collectivement et notre présence à cet évènement a été appréciée et remarquée.

Nous avons fait la démonstration de notre capacité à nous mobiliser pour que tout soit beau, bon et chaleureux, pour que les tarifs proposés soient accessibles à toutes les bourses. Certains même ont été accueillis alors qu’ils ne consommaient rien.

Et il s’agit bien des familles dans leur globalité. Notre salon a été entièrement décoré par les oeuvres des enfants, réalisées tout au long de l’année. Certains ados sont venus spontanément pour nous proposer de distribuer l’information sur les heures d’ouverture de notre  salon « thé le bienvenu ». Ils ont souhaité parler de cette initiative, au cours d’une émission de radio.

On peut dire aujourd’hui, vous connaissez les familles de Tarentaize?

Ah oui, ces parents qui s’impliquent dans la démarche « 1001 Territoires, pour la réussite de tous les enfants à l’école », ces parents qui organisent des diaporamas pour les rencontres pays d’origine, ces parents qui organisent des soupes qu’ils offrent sur l’espace public pour manifester leur position face à certains évènements qui traversent la société, ces parents qui participent à l’animation d’une rue en ouvrant un salon de thé, dans le cadre de la Biennale….

 

Nous projetons une émission de radio qui s’inscrirait dans le temps et qui serait l’occasion pour certains enfants volontaires de pouvoir parler de leur réalité, de ce qui les préoccupent et les intéressent. De mettre en valeur leur capacité à dire et à se faire comprendre. De se projeter dans le temps, de travailler à la préparation d’une émission, de s’organiser avec d’autres, de s’ouvrir à d’autres réalités que celles du quartier. Notre première émission le 8 Mars, en présence de 3 adolescents a été très encourageante.

Pour terrain d’entente, une émission de radio, c’est la possibilité de mettre en évidence cette démarche alternative dans le travail social. De faire comprendre le sens de la pédagogie sociale qui est essentiellement un engagement auprès des populations les plus discriminées et la volonté de faire nôtres les problématiques  que traversent ces familles dont le quotidien reste extrêmement précaire. Nous nous engageons pour transformer ce que nous estimons inacceptable et que nous reconnaissons comme nos affaires, nos préoccupations. Dans cette société qui divise et qui oppose, nous nous organisons pour faire tous ensemble société,  à partir de nos préoccupations et de nos centres d’intérêts communs.

 

Nous envisageons d’ouvrir un salon de thé de façon pérenne, encouragé dans nos recherches par l’association Ici Bientôt. Nous avons réalisé cette année nos capacités à nous engager ensemble dans des actions et ce de façon très professionnelle Ce lieu nous permettrait également de mener à bien des ateliers bien être, beauté pour ces adultes qui ont si peu d’occasion de prendre soins d’eux.

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