Terrain D'entente

Rencontre projet co éducation, avec les acteurs du péri scolaire, 12 Novembre 2019


Rappel des objectifs:

Les écoles du Chambon sont classées en REP, on note chaque année 20% d’enfants en grande difficulté d’apprentissage.

Les enseignants souhaitent construire une relation de confiance et de reconnaissance avec les familles, sachant que la présence des  parents joue un rôle essentiel dans la lutte contre l’échec scolaire. Ils ont besoin de savoir comment les familles vivent l’école. Leur parole est indispensable pour pouvoir identifier les besoins et adapter au mieux les pratiques. 

Les écoles ont investi depuis quelques années cette question de la nécessité d’engager des moyens concrets pour construire une meilleure communication avec les familles.

La volonté est de poursuivre ce travail en insistant sur l’intérêt de construire une démarche de communauté éducative, où tous les acteurs du champ éducatif seraient invités à apporter leur contribution.

Il s’agit non seulement de trouver des moyens de communication face à une population en grande difficulté sociale, mais d’adapter des pratiques éducatives face à des enfants inquiets, malmenés, préoccupés par un quotidien instable et incertain.  Ces enfants  vivent dans un climat familial empreint de préoccupations quotidiennes multiples et parfois insolubles. 

Cette nécessité d’une approche globale de l’enfant dans son environnement familial et social ne peut pas être de la seule responsabilité de l’école, tous les acteurs du champ éducatif doivent s’engager dans ce travail si on veut espérer de réels changements.

Les leviers pour que le poids de l’origine sociale pèse moins

 –   Réduire la méconnaissance mutuelle

 –  Croisement des savoirs: prise en compte des approches et des compétences de chacun

 –  Travail de repérage et de dépassement des représentations. Mise à plat de ce que chaque pôle concerné estime apporter et pense que les autres apportent 

 –  Construire des alliances éducatives avec les parents, les collectivités locales, les associations. Ouvrir l’école aux partenaires qui ont une connaissance du territoire   

Proposition d’échange:

 –   nos postures qui permettent ou pas d’exercer de manière collective notre responsabilité dans l’éducation et la protection des enfants

 –   définition de la co éducation, de la communauté éducative et ses objectifs

Echanges suite à cette introduction:

On constate  un décalage  entre les rencontres à thème proposées sur la commune en direction des familles, à partir de besoins identifiés  et les attentes des parents. Ces différents rendez vous ne répondent pas forcement à leurs difficultés. A l’exemple de la prévention sur les danger des écrans et la nécessité des familles de pouvoir proposer des formes d’animation de la journée à leurs enfants. Les écrans sont parfois une solution « mode de garde » qui permet aux adultes de souffler. Comment sommes nous à l’écoute de cette réalité?

Sentiment d’être dépassé, impuissant face à l’ampleur des enjeux de cette société. Et l’impuissance nous met en danger de renoncer ou de reporter les problèmes sur un autre et notamment en ce qui concerne les questions d’éducation: les parents.

La difficulté des réponses aux appels à projets qui assurent le financement des actions qui ont une grande limite dans le temps. Elles peuvent se renouveler au maximum, 2 ,3 ans puis il faut mener à bien d’autres actions. Le temps administratif a de réelles limites: tout est fermé après 17h durant le week end….Hors nous savons que c’est dans le temps long qu’on peut véritablement contribuer à transformer les choses et à agir de manière adaptée à la réalité.

Une autre difficulté est ne pas  pouvoir agir dans la globalité mais sur des actions ponctuelles et morcelées. Chacun prend un « bout » en fonction de son champ d’actions et ces différentes mesures n’ont pas toujours de lien les unes avec les autres. Alors que toutes ces actions mises bout à bout permettent de rendre compte d’un travail qui assure des évolutions. 

Notre façon de prendre en compte l’individu et ses difficultés propres peuvent être source de problèmes pour toutes ces personnes qu’on ne convoque et auxquelles on accorde de l’intérêt que sur la base de leurs problèmes.

Présentation de chacune à partir de la question: comment permettre à l’enfant d’apprendre au mieux, d’être sécuriser au mieux?

Coordinatrice parentalité

Avec une entrée collective. Des actions à partir de ce qui émerge comme besoins des familles

Gestion de la ludothèque où « on vient pour jouer » Les enfants peuvent être accueillis seuls à partir de 6 ans.

Le mode de fonctionnement est souvent questionné. L’objectif de cet accueil est de favoriser des temps partagés entre les parents et les enfants sur la base des jeux, hors les parents manifestent souvent l’envie de se retrouver entre adultes et souhaitent pouvoir confier leurs enfants au ludothécaire. Comment respecter ce besoin de répit?

La ludothèque est présente un jour par semaine, sur deux quartiers à la périphérie de la commune. 80% des enfants présents ne sont pas accompagnés de leurs parents. La réponse serait-elle de leur fermer la porte en raison de la responsabilité légale?

Organisation chaque année du festival du jeu qui a un très bon écho sur les habitants de la commune, des soirées jeux tout au long de l’année où 300 personnes participent à chaque séance.

Dispositif CLAS avec la volonté d’une approche croisée des pratiques est très bon support pour valoriser l’enfant

Coordinatrice politique de la ville, du développement local sur une petite commune de 12000 habitants. Ce qui facilite la connaissance du territoire et de ses acteurs.

Mise en place de projets sur les quartiers prioritaires et non prioritaires. Responsable du diagnostique pour définir les priorités conditionnées par  les directives nationales et développer des actions tout au long de l’année. 

Il n’est pas seulement question de l’enfant mais c’est important de pouvoir faire le pari du devenir de la commune à partir de la prise en compte de la jeunesse et de son épanouissement.

Dans ces actions il y a beaucoup d’attendus quant à la mobilisation des parents. Mais ils ne sont pas toujours présents, ils ne rentrent pas dans le moule qu’on projette sur eux. Cette réalité nécessite de faire un pas de côté.  Une formation sur l’inter culturalité a permis de prendre conscience des représentations, ce qui nous semble légitime et qui correspond finalement à une norme établie comme une vérité. Hors il y a d’autres modèles éducatifs, d’autres priorités. C’est souvent à partir du filtre de nos représentations que des actions sont proposées et qui peuvent devenir des rendez vous manqués avec les familles que nous cherchons à rejoindre. 

Ces interrogations, ces pas de côté, permettent de faire bouger des lignes. On peut s’adresser aux enfants sans convoquer toujours les parents. les enfants sont très en demande d’activités mais on cherche toujours à tenir l’objectif de les amener sur des temps structurés type centre de loisir et qui ne correspondent pas toujours à leur possibilité et envie….Tout ce qu’on peut apporter aux enfants ça va les nourrit, ce sont pour eux des opportunités d’ouverture.

Coordinatrice action éducative

Renouvellement Contrat Enfance Jeunesse géré par la ville et la CAF (accueil loisirs, crèche)

L’objectif est de mener des projets à partir de l’expertise des structures.

Projet éducatif local qui dépend de la politique de la ville qui concerne les enfants et les jeunes de 0 à 25 ans. Une politique qui n’est pas définie de façon explicite et qui est pourtant le socle sur lequel se base toutes les actions.

Coordinatrice PRE, dispositif en place depuis 12 ans sur la commune . Parcours individuel de l’enfant en lien avec les parents. Ateliers proposés à partir de leurs problématiques identifiées avec les parents qui sont demandeurs d’aide.

Ce dispositif rassemble une vingtaine d’intervenants: des jeunes étudiants, des enseignants à la retraite, et en activité, des AVS. Une cellule de veille en appui avec des psychologues, des AS, prend les décisions,  assure le suivi et l’arrêt de la mesure quand les objectifs sont atteints. Des liens sont construits dans la durée avec de nombreux partenaires dans une grande diversité de fonction 

Equipe parentalité: Référente soutien à la parentalité

En lien avec le PRE pour l’accompagnement et l’orientation des familles.

On note ensemble que ce nouveau concept « parentalité » induit une relation où on ne s’intéresse aux adultes qu’en regard de leur fonction de parents. Des adultes avec des préoccupations et des centres d’intérêt très divers, ne sont perçus qu’à travers ce prisme là.  Certains adultes qui ne sont ni en emploi ni en activité associative n’intéressent la société qu’à partir de cette fonction au risque de nier tous les autres champs de leur personnalité. 

Dans cette société très individualisée où les pertes de solidarité familiales et de voisinage sont considérables, les différents acteurs de la commune prennent le risque de se refermer sur cette cellule familiale très restreinte, qui est devenu un noyau très fragile. Les familles ne sont pas moins compétentes mais beaucoup plus isolées. Avec toutes les problématiques de peurs et de représentations qui renforcent encore plus cet enfermement. Comment cette question de l’isolement de certaines familles peut devenir l’affaire de tous les membres de la communauté éducative?

Centre social associatif

L’objectif est de favoriser les relations inter et intra familiales. Arriver à ce que les parents prennent du temps avec leurs enfants. Proposition tout au long de l’année de rencontres parents/enfants et parents.

Si l’accueil est centré sur le difficultés, comment trouver de l’intérêt à venir? Difficile pour chacun de parler au groupe à partir de ses difficultés. Un sujet peut être important à évoquer mais le groupe peut être une limite à l’expression.

On instaure quelque chose qui ne répond pas forcement aux besoins. Constat du besoin de répit manifesté par les adultes qui fréquentent la structure, et des questions de pratiques familiales où on ne joue pas forcement avec ses enfants. C’est pas facile d’y répondre. L’objectif actuel est de pouvoir proposer du temps pour les adultes, des espaces pour se retrouver.  

Un grand mouvement du personnel ces dernières années met en difficulté l’instauration d’un lien de confiance avec les familles.

Cette difficulté a été aussi noté du côté de la commune. Depuis deux ans, elle a pris le parti d’embaucher de façon pérenne des responsables référents du secteur périscolaire pour chaque groupe scolaire. Chacun de ces référents assure le lien avec les enseignants, les parents, la commune sur les questions de cantine, de centre de loisir, de péri scolaire.

Pour la rencontre du 16 Novembre nous nous retrouvons avec des parents, des enseignants,  des agents de la commune

En introduction: un état des lieux suite aux différentes rencontres

Des questionnements à discuter entre petits groupes

–   La journée d’un enfant, les différents acteurs du champ éducatif qu’il côtoie: les besoins concrets pour que chaque jour offre un climat suffisant de sécurité et de bien être aux enfants et à leur famille: cantine, accueil périscolaire , présence d’adultes auprès des familles …..

–   La place de chaque acteur pour contribuer à de meilleures conditions d’apprentissage

Partage des échanges, des pistes d’ouverture

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Pour construire une démarche de communauté éducative

 

La réussite à l’école signifie que les élèves ont tous acquis le socle commun de connaissances et de culture, et qu’ils choisissent leur orientation. Si l’école reconnaît que tous les enfants partagent les mêmes capacités d’apprendre et de progresser, qu’elle est un service public pour tous les publics, elle reste cependant très inégalitaire.

Dans les groupes scolaires  classés en REP, on note chaque année 20% d’enfants en grande difficulté d’apprentissage. C’est à dire, un enfant sur cinq qui arrive au collège avec de lourdes carences. L’école n’arrive pas à atténuer les inégalités dues à l’origine sociale et culturelle, elle a même tendance à les amplifier. Chaque année, depuis 15 ans, plus de 100 000 jeunes sortent du système scolaire sans aucun diplôme. Et ceux qui échouent à l’école sont les exclus de demain. Des milliers de jeunes se retrouvent sans emploi, sans formation, sans accompagnement.

L’école ne fait plus référence pour ces enfants qui vivent ce qui s’y passe comme sans rapport avec leur réalité, leur identité, leur culture, leur famille, leur condition de vie, leur avenir. Ces enfants se retrouvent souvent dans une posture de conflit de loyauté qui bloque les apprentissages.

Les enfants qui n’ont pas été préparés à cette connaissance des codes et des attentes du système scolaire arrivent à l’école avec leur différence. Le projet scolaire les sélectionne sur des compétences formelles et abstraites et organise un enseignement qui valorise l’écrit et le fait de pouvoir se projeter dans l’école et la société telles qu’elles sont. Ce projet  privilégie certains domaines au détriment des autres.

 Ce n’est pas la capacité de l’enfant à comprendre qui est en jeu mais la nécessité de connaître les normes spécifiques. Il peut réussir à l’école s’il sait faire des liens entre ce qu’il apprend dans les différentes sphères de sa vie, tant dans les principes éducatifs que dans les savoirs eux mêmes. 

Il est peut être possible aujourd’hui de s’interroger sur le fait que cette école n’offre pas, à certains enfants, matière à y trouver du sens. L’enjeu est de réussir à former un citoyen qui soit capable de vivre en société en intégrant la culture scolaire tout en étant loyal vis à vis de l’héritage de sa culture familiale. Il est donc nécessaire de considérer  l’enfant dans toutes ses dimensions. Or, nous vivons dans une société cloisonnée. Beaucoup d’enseignants ne connaissent pas le tissu social dans lequel vivent leurs élèves et les différentes institutions sont trop souvent sans lien les unes avec les autres. 

Bon nombre d’enseignants souhaitent sortir du simple constat que l’école publique est inégalitaire et s’engager dans la lutte contre l’échec scolaire. 

Pour identifier les besoins et adapter au mieux les pratiques, la parole des parents est indispensable. Il s’agit donc de construire une relation de confiance et de reconnaissance réciproque entre l’école et les familles.

Les écoles du Chambon Feugerolles ont investi depuis quelques années cette question de la nécessité d’engager des moyens concrets pour construire une meilleure communication avec les familles. Plusieurs actions ont été initiées et se poursuivent

En Septembre 2019, pour prolonger ce travail, il a été identifié la nécessité de construire une démarche de communauté éducative. Tous les acteurs du champ éducatif doivent être invités à apporter leur contribution.

Terrain d’Entente a été sollicité pour engager ce travail avec les écoles, les familles, les structures responsables du champ éducatif sur la commune.

Dans le collectif  de Terrain d’Entente beaucoup d’inquiétudes émergeaient des discussions concernant l’école et les difficultés d’apprentissage. En Avril 2016, avec le centre social du Babet Terrain d’Entente s’est saisi de l’action « 1001 territoires pour la réussite de tous les enfants à l’école ». Cette initiative est le fruit d’une réflexion engagée par le mouvement ATD Quart Monde, autour du constat que les enfants des milieux populaires sont majoritairement en difficultés d’apprentissage à l’école, ils subissent des orientations précoces qui les excluent de possibilités de réaliser des études en fonction de leurs aspirations

Le travail engagé durant deux ans, avec une quinzaine de parents d’élèves volontaires, la responsable du REP et du DRE a été très encourageant. Ces adultes savaient évoquer les freins, les difficultés de communication, les incompréhensions face au cadre de l’école, et apportaient des propositions concrètes pour enrayer ces différents problèmes.  

Ce travail s’est prolongé depuis deux ans avec des enseignants militants de l’ICEM Freinet de différents groupes scolaires de St Etienne, de Lyon, des parents, des associations, en présence de Catherine Hurtig Delattre. Elle relate dans son livre « la co éducation à l’école, c’est possible » une expérience de 30 années d’ouverture de l’école aux familles et aux associations.

Déroulement de l’action sur le dernier trimestre 2019 avec les groupes scolaires du Chambon Feugerolles

Suite à différents échanges avec des directeurs d’écoles, le centre social Cré’actif, nous avons pu identifier des besoins pour assurer les conditions d’une meilleure communication entre tous les acteurs:

Faire un travail de repérage et de dépassement des représentations qui constituent un filtre et un frein préjudiciable à l’instauration de relations basées sur le respect et le reconnaissance réciproque.  

Que chaque pôle concerné (parents, enseignants, périscolaire) exprime ce qu’il estime apporter et pense que les autres apportent pour encourager chaque enfant dans ses apprentissages.

Nous avons établi différents temps de rencontre entre pairs, tout au long de ce  premier trimestre, pour permettre au final, une rencontre avec des membres de cette communauté éducative et envisager ensemble des actions concrètes. 

Suite aux différentes rencontres nous avons pu identifier des ressources et des besoins :

Pour les parents:  

Ce qui assure un climat de confiance et de sérénité: ce sont les relations quotidiennes avec les enseignants. La présence d’enseignants depuis plusieurs années dans l’école aide à la construction de relations de confiance.

Pouvoir connaître et comprendre le déroulement d’une journée à l’école.

En règle générale les parents aiment être invités à l’école et apporter leur contribution.

Des situations particulières, source d’inquiétude: des enfants porteurs de handicap, des familles nouvellement arrivées en France et/ou isolées, des différences de conceptions éducatives assez tranchées…. Ces inquiétudes sont aggravées par un manque de compréhensions de la façon dont on apprend à l’école. 

Dans ces situations, les parents ne se sentent pas légitimes pour donner leur avis. Ils ressentent que l’école étant un lieu de savoir, et c’est l’enseignant qui sait. Ils ne s’autorisent pas toujours à poser des questions sur ce qu’ils ne comprennent pas du fonctionnement de l’école.

Pour les enseignants:

 Les familles avec lesquelles la communication est plus difficile sont des gens isolés. Les incompréhensions difficiles à dépasser relèvent des différences de valeurs, de conceptions éducatives. Le problème de la légitimité du rôle de chacun est chaque fois présent. Les inquiétudes, les réticences des parents peuvent freiner des projets d’ouverture, des expériences nouvelles pour leurs enfants. Comment on reste intègre par rapport à ses missions d’enseignant, tout en étant à l’écoute des inquiétudes voire même des refus de certaines familles ? 

Les difficultés de communication sont essentiellement dues à une mauvaise compréhension et difficulté d’identification des contraintes des uns et des autres. (logistique de l’école / difficultés intra familiales) qui provoquent un sentiment de décalage.

Pour décider  des objectifs du partenariat, il est nécessaire de définir la co éducation avec les parents.

Pour les responsables « périscolaire » des services de la commune

Décalage entre les rencontres à thème proposées sur la commune en direction des familles, et les attentes réelles des parents. A l’exemple de la prévention sur les dangers des écrans, qui sont parfois une solution pour les parents de pouvoir souffler. 

Le « temps des familles / le « temps des administrations. Les appels à projets assurent le financement des actions avec une grande limite dans le temps, un an, deux ans. Ces contraintes obligent à agir non pas dans la globalité mais sur des actions ponctuelles et morcelées qui n’ont pas toujours de lien les unes avec les autres. 

Le temps administratif où tout est fermé après 17h, durant le week-end… qui limite les possibilités de rencontres. Or, c’est dans le temps long, parfois informel, qu’on peut contribuer à transformer les choses et à agir de manière adaptée à la réalité.

Le décalage peut s’expliquer également par la tendance à accorder de l’intérêt aux personnes sur la base de leurs problèmes et peu sur les ressources, ce qu’elles peuvent apporter.                   

 Le concept « parentalité » induit une relation où on ne s’intéresse aux adultes qu’en regard de leur rôle de parents. 

Intervention de Catherine Hurtig Delattre.

Formatrice, coordonnatrice REP, enseignante et chercheuse à l’IFE. Elle est membre du mouvement de la pédagogie Freinet. 

Un constat : on relie souvent l’incompréhension qui naît dans une relation, aux personnes, alors qu’elle est plus souvent liée à une divergence d’objectifs ou de projets. Les désaccords doivent rester des débats d’idées, et non de personnes.

Un principe associé : l’éducabilité des enfants (tous les enfants, n’importe quel enfant, dans n’importe quelle situation de vie). Les autres éducateurs, les parents, doivent être considérés comme différents, et compétents.

Une posture importante : aider l’enfant à vivre dans des modèles éducatifs différents (être conscients de l’asymétrie qui existe dans la relation école/famille)  Nous ne gagnons jamais à essayer de convaincre que notre posture est la bonne. Par contre, nous gagnons toujours à expliciter ce qu’on fait

 Selon Catherine, en s’inspirant des principes de la pédagogie Freinet, comme l’expression, les prises d’initiatives, l’explicitation….  on peut trouver un chemin pour aller à la rencontre des familles.

Historiquement l’école s’est construite contre l’éducation de la famille « obscurantiste ». Ce modèle est abandonné officiellement avec l’instauration de l’intérêt centré sur l’enfant et ses conditions d’apprentissage. Le dispositif actuel dans le modèle de co éducation met en évidence la responsabilité éducative partagée. Sachant que les parents ne vont pas choisir le projet pédagogique, et qu’ils sont libres de l’éducation qu’ils donnent à leurs enfants. 

La coéducation est une relation de mutualisation sans hiérarchie, entre les parents et  les éducateurs pro ou non (famille élargie, voisinage, associations…)   La communauté éducative ce sont des adultes estimés compétents et différents les uns des autres. Il s’agit de construire une relation de réciprocité et non persister sur un modèle de supériorité.

 L’enfant vit un conflit de loyauté s’il entend des choses trop différentes et s’il constate que les adultes ne se parlent pas, voire sont en conflit. La co éducation aide l’enfant à construire du lien.    

Cette valeur de la co éducation où les familles et l’école sont  complémentaires, n’est pas partagée par tous les enseignants. Malgré tout, ils peuvent trouver de l’intérêt à s’engager dans un dialogue serein et constructif avec les familles et estimer ce dialogue possible.                            

 La première étape est de pouvoir faire le lien entre cette conviction partagée de l’éducabilité de tous les enfants, et la reconnaissance de la capacité des parents à pouvoir dialoguer avec les enseignants.

La deuxième étape: pour s’entraîner à cette estime de l’autre il faut faire le deuil de l’acquiescement systématique. Le but ce n’est pas que les parents soient toujours contents mais qu’ils puissent dire quand ils ne sont  pas d’accord.

 Nous sommes parfois confrontés à des chocs culturels. Face aux comportement adultes qu’on estime inacceptable, il est indispensable savoir juger les actes et non juger les personnes. On sait le faire avec les enfants. Cette attitude du parent qui me choque, je peux  chercher à là comprendre, et éviter le piège d’essayer de  convaincre que ma façon de voir est la bonne.  Cette posture  est le gage d’une relation qui se construit sur une parité d’estime et la confiance. Que le professionnel et le parent puissent se sentir enrichis par cette relation.                              

 L’enseignant doit accepter que les parents se mettent à distance de l’école. Leurs obligations essentielles par rapport à l’école est de  s’intéresser à la journée d’école, signer le cahier de liaison. On ne peut pas décider qu’elle serait la bonne place pour les parents. Le parent idéal est différent d’un enseignant à l’autre. 

Nous savons que pour les enfants, une relation qui se construit entre l’enseignant et ses parents, est favorable à leurs apprentissages. C’est la condition de la sécurité psychique dont ils ont besoin.  Les conditions de son émancipation repose d’abord sur le fait  que son éducation familiale est estimée, que les savoirs de sa famille sont reconnus par l’école. 

Il existe des décalages préjudiciables entre les savoir-faire que l’enfant est amené à développer dans la sphère familiale et ceux qui sont demandés par l’école. Par exemple, l’autonomie scolaire (se débrouiller seul pour faire ses exercices, se documenter…) n’est pas la même chose que l’autonomie à la maison. L’autonomie que développe l’enfant lorsqu’il contribue concrètement au maintien de l’équilibre de la vie familiale, sa capacité à faire preuve de compassion envers les membres de sa famille, sa contribution concrète à l’entraide au quotidien….n’est pas valorisée à l’école. Les enseignants n’en n’ont pas toujours conscience et d’un autre côté les parents n’imaginent pas ce que l’école demande car pour eux être un bon élève c’est se taire et obéir. Le dialogue entre l’école et la famille pourrait permettre de reconnaître et valoriser tous ces savoir-faire et ses savoirs être que l’enfant est amené à développer, et les rendre complémentaires.

Nos propositions

Les familles ne sont pas moins compétentes qu’auparavant mais beaucoup plus isolées. Comment cette question de l’isolement de certaines familles peut devenir l’affaire de tous les membres de la communauté éducative?

 Pour construire cette communauté éducative et exercer de manière effective notre responsabilité collective dans l’éducation des enfants, un travail préalable est nécessaire entre tous ses membres, avec comme principes: 

– 1 Construire un climat favorable à la communication lorsqu’on est d’horizons très différents. avec une reconnaissance et un respect des préoccupations des uns et des autres

– 2  Se défaire de nos certitudes sur la bonne manière d’éduquer les enfants. C’est une ouverture qui transforme nos manières de voir le monde. 

– 3  Construire une cohérence entre les différents temps éducatifs (école, maison, périscolaire…) qui favorise de meilleures conditions d’apprentissage

Pour mobiliser davantage tous les membres de la communauté éducative et définir le rôle de chacun: il nous faut répondre ensemble à différentes questions

– Connaître la réalité de la journée d’un enfant et réfléchir à son aménagement concret, pour favoriser ses apprentissages. Que chaque jour offre un climat suffisant de sécurité et de bien être aux enfants et à leur famille: cantine, accueil périscolaire, présence d’adultes auprès des familles …..                   

– La place de chaque acteur. Lien entre école/famille/commune.  Pour favoriser de bonnes conditions d’apprentissage, quel est le rôle de chacun auprès des enfants pour qu’ils apprennent? Avec quels outils et sur quels  modes de communication?

– Importance de récolter la parole des enfants. Comment tenir compte des différents besoins manifestés par les enfants dans le cadre scolaire et périscolaire?   

Voici ce qui semble  nécessaire à interroger  pour mettre en place des actions adaptées 

–   La journée de l’enfant.  En plus des périodes d’apprentissage en classe, des « activités d’éveil » sont proposées chaque jour  à l’enfant qui  se retrouve en permanence stimulé, sur des temps fractionnés qui n’ont pas de liens les uns avec les autres.  Pour tenir compte de la fatigue engendrée par la vie en collectivité, comment on peut répondre au besoin de rêverie, de solitude, de tranquillité, dans un espace sécurisé? 

Les trajets école-maison sont parfois démultipliés et souvent irréalisables:(revenir à l’école après la sieste, instauré dans de nombreuses écoles maternelles).

A quel âge un enfant peut aller à l’école seul, ou accompagner sa petite sœur ? A quel âge on peut aller dans les structures de façon autonome?                                                                          

 –   La place de chaque acteur.

 La réforme des rythmes scolaires, de nouveaux temps de périscolaire, vécus parfois comme des intrusions, dans les locaux scolaires.

Quelle est la formation des éducateurs? Que leur demande-t-on en terme de qualité: activités non-stop ou dispositifs permettant un choix de l’enfant ? 

Des éléments de réponses :

Aménager des espaces au sein des écoles, les bibliothèques sur les périodes de récréation, d’accueil en début de journée

 Nécessité  d’espaces d’accueil libre et inconditionnel, de créer des occasions de se rencontrer : réunions de parents avec garderie, faire entrer les parents dans la cour à la fin des heures de classe….

 Nécessité d’une coordination entre tous les acteurs. Faire du lien entre les équipes pour favoriser les apprentissages. Temps pour se concerter et réfléchir à ce partage de lieux, de temps éducatifs… du sens aux apprentissages : un projet, qui permet de travailler des compétences dans de nombreux domaines pour  une  meilleure compréhension de chaque situation familiale

Importance d’une même ligne de conduite ? D’un même discours ? Oui, dans les grands principes (valeurs de la République), et pour les situations de crise, mais les enfants peuvent entendre que les règles varient, si les adultes qui les portent sont en communication les uns avec les autres. Les avis peuvent diverger, être complémentaires.

 Une technique pour comprendre l’environnement éducatif d’un enfant. Un dessin où sont  notés tous les partenaires et les liens, ceux qui fonctionnent et ceux qui pêchent. (voir ce qui existe déjà, ce qu’on peut améliorer ou ajouter).

–   La parole des enfants. Le conseil des enfants, les débats philo peuvent être l’occasion d’inviter les enfants à donner leur avis sur le déroulement de leur journée. En proposant des questions ciblées: Qui m’aide à apprendre?  Où j’apprends? Que faire quand les adultes autour de moi ne sont pas d’accord? « Il faut tout un quartier pour élever un enfant » Comment les enfants  comprennent cette formule?

Conclusion

On peut se demander pourquoi aujourd’hui, on parle autant de co éducation, de l’ouverture de l’école aux familles. Pourquoi on estime que, pour être dans de bonnes conditions d’apprentissage, l’enfant a besoin qu’il se construise autour de lui une communauté éducative, avec la participation des parents? 

Alors qu’historiquement l’école a été conçue pour sortir l’enfant du cadre familial, et lui assurer le droit à l’apprentissage, au savoir, dans une visée émancipatrice, en opposition à l’influence de la famille. 

Nous sommes  traversés par une crise des modèles éducatifs qu’ils soient familiaux, sociaux ou scolaires. Une crise aggravée par le recul des solidarités familiales et de proximité, par la baisse des moyens dont disposent les acteurs de l’éducation.

L’école ne se suffit plus à elle même, il lui faut prendre en considération tous les acteurs qui tentent d’oeuvrer tant pour la socialisation que pour l’égalisation des chances. Un recours aux familles semble nécessaire aujourd’hui, devant l’inadaptation croissante de l’école au monde d’aujourd’hui

La question de la communauté éducative, de la place des parents reste très complexe à  construire. Face à ce qui met en cause le fonctionnement institutionnel, face au sentiment d’impuissance que les enseignants peuvent ressentir par rapport aux enjeux de « la réussite de tous les enfants »,  le risque de reporter la responsabilité à l’extérieur est permanent. Quand l’école répond à cette injonction de l’ouverture de l’école aux parents, de quoi est-il question? Depuis de nombreuses années, des dispositifs fleurissent dans chaque commune, portés par différentes institutions,  pour organiser le « soutien à la parentalité »,  avec comme objectif essentiel de « responsabiliser » les parents face à leur fonction éducative, selon des modèles et des postures normés imposés.

La violence de cette injonction: « Responsabiliser les parents », met en évidence le postulat de leur irresponsabilité. Ce climat de suspicion quant à la mauvaise tenue de la famille par les adultes, peut très facilement faire glisser sur ces parents  la responsabilité de l’échec d’une « école de la réussite pour tous ».  Ces parents qui ne répondent pas aux convocations, ces parents qui laissent les enfants sans surveillance, dans la rue, après l’école, ces parents qui utilisent sans discernement les écrans comme mode de garde pour leurs enfants, ces parents qui…..

Mais cette invitation de l’ouverture de l’école aux parents peut nous permettre d’envisager une école différente,  plus humaine, et plus respectueuse de nos différences. Une école capable de se laisser interpeller par ce qui se vit autour d’elle, par ce que manifestent les enfants lorsqu’ils arrivent en classe. Une école qui sait écouter les difficultés réelles des familles et qui les prend en compte dans la façon de construire la journée à l’école, qui sait se saisir des ressources et en faire un appui dans les apprentissages.

C’est ce qui nous est proposé dans le travail de Catherine Hurtig Delattre qui évoque la relation école/famille en terme de parité d’estime.

Il s’agit non seulement de trouver des moyens de communication face à une population dont certaines familles sont grande difficulté sociale, mais d’adapter des pratiques éducatives face à des enfants inquiets, malmenés, préoccupés par un quotidien instable et incertain. Ces enfants vivent dans un climat familial empreint de préoccupations quotidiennes multiples et parfois insolubles. Cette nécessité d’une approche globale de l’enfant dans son environnement familial et social ne peut pas être de la seule responsabilité de l’école, tous les acteurs du champ éducatif doivent s’engager dans ce travail si on veut espérer de réels changements. Il faut tout un quartier pour élever un enfant!


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THEATRE FORUM: « Gens d’ici et d’en face » Compagnie Les Fées Rosses

Une centaine de spectateurs

A Terrain d’Entente, depuis plus de 8 ans, avec les familles de Tarentaize, nous ne nous contentons pas de dénoncer ce qui est inacceptable. Nous cherchons collectivement  des réponses à toutes ces situations d’injustice et d’inégalité pour qu’elles ne nous écrasent plus, pour ne plus les subir. 

Pour tenter de sortir de ces impasses, nous devons faire face ensemble aux problèmes qui nous accablent et  nous efforcer de mieux comprendre ce qui est en jeu. Nous  savons qu’il ne faut pas renoncer, il faut chercher encore et encore. C’est un long chemin, douloureux, incertain. Parfois il devient possible de régler un problème. 

Il est indispensable de rendre visible ce qui est caché.

Il y a toujours un grand sentiment de honte à vivre des difficultés face auxquelles ont se sent impuissant. Le danger est de garder en soi ce qui nous fait souffrir et de s’isoler pour ne pas prendre le risque d’être mis à nu dans cette détresse là. L’impuissance nous condamne au silence et nous enferme. Ce sentiment d’être impuissant, d’être condamné à subir, nous amène à projeter les problèmes qui nous envahissent,  ailleurs, sur d’autres qu’on imagine responsables, sans discernement. L’impuissance brouille notre vision, notre compréhension. Ce sentiment d’être impuissant nourrit les amertumes, les rancoeurs, et parfois nous fait ressentir de la haine. L’impuissance est un danger qui menace nos relations, nos liens. 

La meilleure façon de tenter de sortir de ces impasses, c’est de donner la parole à ceux qui ne l’ont jamais, et d’inventer des formes de manifestations qui rassemblent. A Terrain d’Entente, nous cherchons aujourd’hui à rejoindre d’autres collectifs qui trouvent d’autres formes de constructions collectives et d’expression.

Et nous avons fait tout récemment une belle rencontre avec une troupe de théâtre les « Fées Rosses ». Des femmes et des enfants, des comédiennes et des amateurs qui proposent des animations avec la technique du « Théâtre Forum ».

La troupe « les Fées Rosses »


Le théâtre forum est un moyen puissant pour exprimer, extérioriser, donner à voir et à comprendre, partager ce qui nous accable et ce qui nous fait espérer. Il propose un spectacle inter actif qui invite le public à participer. Il met en scène des situations vécues comme injustes, discriminantes, des petites tranches de vie qui font écho en nous, qu’on se reconnaisse dans ce qui manifesté ou bien qu’on s’en  indigne. Ce qui est mis en scène mobilise très fortement les affects et permet ainsi de comprendre de quoi il est vraiment question pour celui qui se sent victime. L’objectif est de réfléchir à la meilleure façon de transformer ces situations injustes. Les spectateurs peuvent donc se porter volontaires pour devenir acteurs, monter sur scène et contribuer à un changement dans les rapports humains tels qu’ils étaient instaurés. En jouant un rôle dans la saynète, chacun s’essaye  à trouver des issues à cette injustice. 

des spectateurs interviennent
un spectateur intervient

Le théâtre forum est une invitation pour chacun d’entre nous justement de ne plus rester un spectateur impuissant face à ce qui nous accable, de se sentir victime, mais de prendre conscience qu’il peut être possible de ne plus subir. En créant un cadre, un espace de réflexion, un petit laboratoire d’expérimentation, nous pouvons nous essayer à participer, rechercher le rôle que nous avons à jouer, et réaliser qu’il nous reste une partie de responsabilité donc une possibilité d’agir pour résoudre les problèmes.

Ce mode d’expression qui interpelle et qui invite à devenir acteur, nous vient du Théâtre des Opprimés de Paolo Freire. L’objectif essentiel est de résoudre les problèmes qui se posent à certains et mettre en évidence qu’ils nous impactent tous, que l’on en soi victime ou pas. Ils impactent notre devenir d’humains, nos aspirations à vivre selon les principes fondamentaux d’égale dignité de chacun. Des principes de relations humaines respectueuses de chacun, qui nous protègent tous.

Troupe et intervenants, tous sur scène pour saluer!

Ce Dimanche 20 Octobre, nous avons vibré au rythme des expériences évoquées par la troupe les Fées Rosses qui ont fait le chemin depuis Grenoble pour nous rejoindre. Une poignée de femmes, accompagnées de deux enfants nous ont offert le spectacle « Gens d’Ici et d’en Face ». Voici la démarche essentielle de cette troupe:

« Pour tenter de prendre le temps de se regarder autrement, de déconstruire les préjugés qui nous enferment et de créer ensemble afin de nous comprendre, pour que chacun-e puisse interroger sa relation à son identité et à sa communauté, à son espace de vie, à ce monde complexe en perpétuel mouvement… »

« Gens d’ici et d’en face » nous a tous, petits et grands, parlé au coeur. Ce spectacle était joué par des comédiens rayonnants. Rayonnants parce que debout à prendre à bras le corps leurs problèmes pour ne plus rester victimes.

Ils ont su nous livrer des épisodes de leur vie dans lesquels beaucoup se sont reconnus, beaucoup se sont indignés. Parce que ce sont chaque fois des expériences d’humiliation qui laissent des traces et qui risquent une mise à mal durable de notre devenir collectif.

Un spectacle qui manifeste d’une émancipation aboutie où l’on refuse d’être enfermé dans une identité.

Nous avons fait ce jour là, un grand voyage dans les méandres de ce qui nous déshumanise. Il a été question de discrimination face à l’emploi, de la fermeture brutale, violente, destructrice  des frontières de l’Europe, du contrôle au faciès, du voile à l’école, du voile dans nos espaces publics, du voile qui alimente jusqu’à la nausée tous nos phantasmes d’invasion. 

Il a été question de  tout ce qui verrouille, enferme et isole. Il a été question de tout ce qui  interdit la différence, la rencontre de l’altérité, et l’infinie richesse qu’elle nous promet de découvrir et de partager. 

Nous étions une centaine à partager les questions évoquées. Des familles du quartier de Tarentaize avec tous leurs enfants, des amis militants qui s’inquiètent de toutes ces questions de société qui se manifestent de plus en plus durement autour de nous. Des questions représentées systématiquement comme des menaces alors que l’on sait que ce sont pour nous tous des ressources pour apprendre à mieux vivre tous ensemble, à ouvrir nos horizons et à mieux comprendre le monde qui nous entoure.

Nous nous sommes donc retrouvés dans un côte à côte, et nous avons tenté, petits et grands, de prendre notre place pour tenter d’agir et transformer ce que nous n’acceptons pas.

Le Théâtre Forum est un outil qui redonne de l’espoir parce qu’il permet à chacun de prendre sa place et d’être encouragé à mobiliser ses ressources: sa réflexion, son inventivité, son courage, au service de notre intérêt commun, pour tenter de régler des problèmes qui nous concernent tous.  


Il nous faut donc chercher tous les moyens possibles pour que, face aux injustices, nous  choisissions l’engagement, face aux différences,  nous choisissions la rencontre, face au combat du quotidien, nous puisions notre  énergie dans nos identités plurielles. 

Josiane GUNTHER Octobre 2019

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Gens d’ici et d’en face, Les fées Rosses

A Terrain d’Entente, depuis plus de 8 ans, avec les familles de Tarentaize, nous ne nous contentons pas de dénoncer ce qui est inacceptable. Nous cherchons collectivement  des réponses à toutes ces situations d’injustice et d’inégalité pour qu’elles ne nous écrasent plus, pour ne plus les subir.

Pour tenter de sortir de ces impasses, nous devons faire face ensemble aux problèmes qui nous accablent et  nous efforcer de mieux comprendre ce qui est en jeu. Nous  savons qu’il ne faut pas renoncer, il faut chercher encore et encore. C’est un long chemin, douloureux, incertain. Parfois il devient possible de régler un problème.

Il est indispensable de rendre visible ce qui est caché.

Il y a toujours un grand sentiment de honte à vivre des difficultés face auxquelles ont se sent impuissant. Le danger est de garder en soi ce qui nous fait souffrir et de s’isoler pour ne pas prendre le risque d’être mis à nu dans cette détresse là. L’impuissance nous condamne au silence et nous enferme. Ce sentiment d’être impuissant, d’être condamné à subir, nous amène à projeter les problèmes qui nous envahissent,  ailleurs, sur d’autres qu’on imagine responsables, sans discernement. L’impuissance brouille notre vision, notre compréhension. Ce sentiment d’être impuissant nourrit les amertumes, les rancoeurs, et parfois nous fait ressentir de la haine. L’impuissance est un danger qui menace nos relations, nos liens.

La meilleure façon de tenter de sortir de ces impasses, c’est de donner la parole à ceux qui ne l’ont jamais, et d’inventer des formes de manifestations qui rassemblent. A terrain d’Entente, nous cherchons aujourd’hui à rejoindre d’autres collectifs qui trouvent d’autres formes de constructions collectives et d’expression.

Et nous avons fait tout récemment une belle rencontre avec une troupe de théâtre les « Fées Rosses ». Des femmes et des enfants, des comédiennes et des amateurs qui proposent des animations avec la technique du « Théâtre Forum »

Le théâtre forum est un moyen puissant pour exprimer, extérioriser, donner à voir et à comprendre, partager ce qui nous accable et ce qui nous fait espérer. Il propose un spectacle inter actif qui invite le public à participer. Il met en scène des situations vécues comme injustes, discriminantes, des petites tranches de vie qui font écho en nous, qu’on s’y reconnaisse ou bien qu’on s’en  indigne. Ce qui est mis en scène mobilise très fortement les affects et permet ainsi de comprendre de quoi il est vraiment question pour celui qui se sent victime. L’objectif est de réfléchir à la meilleure façon de transformer ces situations injustes. Les spectateurs peuvent donc se porter volontaires pour devenir acteurs, monter sur scène et contribuer à un changement dans les rapports humains tels qu’ils étaient instaurés. En jouant un rôle dans la saynète, chacun s’essaye  à trouver des issues à cette injustice.

Le théâtre forum est une invitation pour chacun d’entre nous justement de ne plus rester un spectateur impuissant face à ce qui nous accable, de se sentir victime, mais de prendre conscience qu’il peut être possible de ne plus subir. En créant un cadre, un espace de réflexion, un petit laboratoire d’expérimentation, nous pouvons nous essayer à participer, rechercher le rôle que nous avons à jouer, et réaliser qu’il nous reste une partie de responsabilité donc une possibilité d’agir pour résoudre les problèmes.

Ce mode d’expression qui interpelle et qui invite à devenir acteur, nous vient du Théâtre des Opprimés de Paolo Freire. L’objectif essentiel est de résoudre les problèmes qui se posent à certains et mettre en évidence qu’ils nous impactent tous, que l’on en soi victime ou pas. Ils impactent notre devenir d’humains, nos aspirations à vivre selon les principes fondamentaux d’égale dignité de chacun. Des principes de relations humaines respectueuses de chacun, qui nous protègent tous.

Ce Dimanche 20 Octobre, nous avons vibré au rythme des expériences évoquées par la troupe les Fées Rosses qui ont fait le chemin depuis Grenoble pour nous rejoindre. Une poignée de femmes, accompagnées de deux enfants nous ont offert le spectacle « Gens d’Ici et d’en Face ». Voici la démarche essentielle de cette troupe:

« Pour tenter de prendre le temps de se regarder autrement, de déconstruire les préjugés qui nous enferment et de créer ensemble afin de nous comprendre, pour que chacun-e puisse interroger sa relation à son identité et à sa communauté, à son espace de vie, à ce monde complexe en perpétuel mouvement… »

« Gens d’ici et d’en face » nous a tous, petits et grands, parlé au coeur. Ce spectacle était joué par des comédiens rayonnants. Rayonnants parce que debout à prendre à bras le corps leurs problèmes pour ne plus rester victimes.

Ils ont su nous livrer des épisodes de leur vie dans lesquels beaucoup se sont reconnus, beaucoup se sont indignés. Parce que ce sont chaque fois des expériences d’humiliation qui laissent des traces et qui risquent une mise à mal durable de notre devenir collectif.

Un spectacle qui manifeste d’une émancipation aboutie où l’on refuse d’être enfermé dans une identité.

Nous avons fait ce jour là, un grand voyage dans les méandres de ce qui nous déshumanise. Il a été question de discrimination face à l’emploi, de la fermeture brutale, violente, destructrice  des frontières de l’Europe, du contrôle au faciès, du voile à l’école, du voile dans nos espaces publics, du voile qui alimente jusqu’à la nausée tous nos phantasmes d’invasion.

Il a été question de  tout ce qui verrouille, enferme et isole. Il a été question de tout ce qui  interdit la différence, la rencontre de l’altérité, et l’infinie richesse qu’elle nous promet de découvrir et de partager.

Nous étions une centaine à partager les questions évoquées. Des familles du quartier de Tarentaize avec tous leurs enfants, des amis militants qui s’inquiètent de toutes ces questions de société qui se manifestent de plus en plus durement autour de nous. Des questions représentées systématiquement comme des menaces alors que l’on sait que ce sont pour nous tous des ressources pour apprendre à mieux vivre tous ensemble, à ouvrir nos horizons et à mieux comprendre le monde qui nous entoure.

Nous nous sommes donc retrouvés dans un côte à côte, et nous avons tenté, petits et grands, de prendre notre place pour tenter d’agir et transformer ce que nous n’acceptons pas.

Le Théâtre Forum est un outil qui redonne de l’espoir parce qu’il permet à chacun de prendre sa place et d’être encouragé à mobiliser ses ressources: sa réflexion, son inventivité, son courage, au service de notre intérêt commun, pour tenter de régler des problèmes qui nous concernent tous.  

Il nous faut donc chercher tous les moyens possibles pour que, face aux injustices, nous  choisissions l’engagement, face aux différences,  nous choisissions la rencontre, face au combat du quotidien, nous puisions notre  énergies dans nos identités plurielles.

Josiane GUNTHER Octobre 2019

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Lorsqu’on a moins de droit que les autres, comment accepter d’avoir les mêmes devoirs?

« Ha ça, c’est sûr, ça serait bien que le goûter devienne un temps de partage! »

C’est un jeune de 14 ans qui parle ainsi. Il a des pépites dans les yeux quand il évoque cette perspective.

C’était au début de nos rencontres aux pieds des immeubles, à l’occasion de nos premiers ateliers de rue les samedis après midis. Notre premier goûter avait été catastrophique, les chocos avaient volés, certains même piétinés dans la précipitation des jeunes  à réclamer leur part!

A l’époque, nous nous adressions essentiellement à des garçons adolescents qui nous ont rapidement encouragés à revenir pour construire ensemble ces temps de « partage ».

Au début de nos rencontres, les coups et les insultes pleuvaient. Mais chaque fois que nous savions nous interposer dans ces rudes bagarres, en y accordant le temps nécessaire, les maux savaient s’exprimer, on apprenait ensemble à trouver les mots justes pour donner du sens à ces colères explosives. Ils nous ont rapidement sollicités pour intervenir dans ces conflits. Ils ont fini par nous demander de venir plus souvent et de rester plus longtemps.

De ces jeunes dont on parle trop souvent avec un discours empreint de crainte, de mépris, d’une multitude de présupposés qui ne sont jamais vérifiés mais toujours affirmés avec conviction. On leur reproche d’être à l’origine de tous ces désordres sociaux, ces incivilités qui nous les font rapidement considérés comme délinquants.

Moins on a de relation, d’expériences partagées, moins on a de connaissance, et de compréhension. S’ouvre à nous alors un champ très libre pour les phantasmes générateurs de peurs et de rejets. Cette tendance facile à penser de façon simplifiée et schématique.

Il faudrait donc les éduquer! Instaurer fermement  des règles pour apprendre « le cadre » à ces jeunes qui ne respectent rien ni personne »! Un « cadre »  posé de façon autoritaire et strict pour leur apprendre les rudiments des règles du vivre ensemble. On voit qu’ils crachent par terre, qu’ils profèrent des insultes, qu’ils narguent les adultes.  

Mais qui fait l’effort de connaître un peu la réalité de leur quotidien? Qui s’interroge des conséquences de cette vie de galères?

Un jeune que je rencontrais régulièrement en prison me posait un jour cette question. « Comment on fait quand on est une famille très pauvre, qu’on a été nul à l’école, ,qu’on vit dans un quartier où il y a de la violence, de la délinquance? »….

Qui est capable de répondre?

Comment on fait quand les collèges excluent des collégiens pendant plusieurs mois et qu’ils précisent qu’ils n’ont plus rien à faire dans un établissement scolaire? Comment on fait quand on a raté plusieurs semaines d’école suite à une situation familiale explosive et qu’il n’est pas possible d’envisager le redoublement parce qu’il y a trop d’élèves par classe?! Comment on fait quand on a 11 ans, et qu’il est indispensable de contribuer à l’organisation familiale dès la première heure du jour et qu’on reçoit des sanctions et des menaces d’éviction scolaire parce qu’on arrive en retard à l’école? Comment on fait quand les structures du quartier organisent un départ en vacances pour 7 alors qu’on est 40 à l’espérer? Comment on fait quand on démultiplie les démarches de recherche d’emploi et que c’est toujours « non »?

Qui peut répondre?!

Ils sont pourtant nombreux, les chercheurs, les intellectuels à nous proposer des pistes pour comprendre et tenter de trouver des  manières adaptées de répondre. Parce que la responsabilité de toute la communauté éducative est de chercher d’abord et sans relâche, à comprendre ce que manifestent ces jeunes!

Fernand Deligny (1) a été l’un des pionniers pour rechercher sans relâche ce qui dans son propre comportement empêchait que la rencontre se produise, que le lien se construise. C’est d’abord ça le travail éducatif, considérer ses propres limites et défaillances pour mieux cheminer avec l’autre, pour se laisser transformer par ses attitudes qui peuvent nous déconcerter, provoquer un sentiment d’insécurité. Pour rejoindre sa souffrance et tenter de là traverser avec lui.

Christophe Dejours (2) nous invite à nous laisser coloniser par le doute. Parce que « le réel se fait connaître par l’échec« , parce que « la souffrance guide l’intelligence« .

Dans un entretien sur la question de la violence des banlieues, Christophe Dejour répond « la violence du non travail »!

L’accomplissement de soi dans le champs social, passe par le travail. Inscrire notre existence dans la société passe par le travail et la reconnaissance de notre contribution à l’intérêt commun. Pour ces jeunes, il n’y a plus d’espoir d’apporter cette contribution à la société, ce qui pourrait les inscrire dans la communauté des hommes. Ils sont privés de la possibilité d’espérer le travail.

Pour supporter cette situation, résister à cette souffrance de se sentir exclus, certains s’efforcent d’organiser des stratégies de défense. Il s’agit pour eux de renverser le rapport au travail. Ils inversent cette humiliation d’être récusé du rapport au travail dans l’affirmation que rien n’est plus humiliant que d’accepter de travailler.

Cette attitude de défiance se construit dès l’école. Les difficultés d’apprentissage, les efforts très contraignants sont possibles à condition que se profile la promesse d’une émancipation grâce au travail. Pour eux, le travail scolaire devient donc le symbole de ce qu’il faut rejeter. Ne pas se soumettre à la discipline, s’opposer au travail scolaire, à l’enseignant, à tout ce qui représente ce qu’il est interdit d’espérer pour eux même.

Ce rapport d’humiliation du fait de l’exclusion produit des comportements par lesquels ils s’endurcissent pour supporter tout ça: il faut devenir insensible à toute forme de message qui rappel le rejet. Est un homme celui qui est capable d’assumer la souffrance et de l’infliger à autrui. Tout ce qui représente cet ordre qui ne leur laisse aucune place est la cible de leur haine. L’ennemi est tout ce dont on est définitivement privé. C’est une idéologie défensive, une exaltation de la violence comme valeur. Ils ne sont pas victimes du système, ce sont eux désormais qui vont faire peur et qui vont humilier. Etant exclus de toute participation aux règles de la collectivité, ils rentrent dans « un rapport de force » et non plus un rapport de droit. Le « rapport de droit » est d’avance perdu pour eux tout le temps et partout.

Christophe Dejours estime que nos réponses sont inadaptées, inopérantes. Du côté de l’action sociale, l’objectif des éducateurs est d’attaquer ces défenses pour les déconstruire, ce qui amplifie d’autant la radicalisation de ces défenses.  La réponse sécuritaire et répressive ne fait également qu’aggraver les choses. La terrible dérive de ces réponses est de n’avoir bientôt que l’armée comme solution pour aller cogner sur ces gosses afin de les mater.

Il faut retrouver les voies qui permettraient à chacun d’apporter sa contribution à la vie sociale par le travail. »La centralité du travail est vitale pour chacun. »

Ceux qui échouent à l’école sont les exclus de demain. 1,9 millions de jeunes sont ni en emploi, ni en formation, ni en recherche, ni en accompagnement. Comment  peuvent-ils s’insérer? Notre pacte républicain est en danger si on ne réduit pas ces écarts: lorsqu’on a on moins de droits que les autres, comment peut on accepter d’avoir les mêmes devoirs?

« La coopération, l’explication, la compréhension sont une plus grande source de réussite que la compétition, le langage des initiés. Il faut une école inclusive avec un système d’évaluation qui encourage. Promesse d’une élévation du niveau pour tous, ce qui n’est jamais du nivellement par le bas.

Pour le vivre ensemble en société, il faut scolariser ensemble toute la jeunesse. L’école, c’est le temps du commun. » (Jean Paul Delahaye) (3)

Terrain d’Entente est engagé sur cette question de l’école. Les enfants des milieux populaires souffrent à l’école parce qu’il n’y a pas suffisamment de prise en compte et d’effort de compréhension de leur réalité. Le corps enseignant a la responsabilité de l’ouverture de l’école sur le quartier, de l’organisation de la rencontre avec les familles. Mais cette institution ne peut pas réaliser ce travail seule et de manière isolée.  
Nous souhaitons engager  un chantier, dans la durée, pour rechercher comment offrir les meilleurs conditions pour construire une communauté éducative qui assure de manière effective notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants et des jeunes, avec les différents acteurs du champ éducatif, les parents. C’est une condition incontournable pour permettre à chaque enfant de faire des liens entre les différents espaces dans lesquels il évolue et de trouver ainsi du sens et de la cohérence dans les apprentissages organisés de manière différente à l’école, en famille, dans le milieu associatif.

Les enfants dont la structure familiale ou  sociale a été brisée peuvent devenir créateurs si on leur donne un lieu de parole, autant qu’ils peuvent devenir délinquants quand leur énergie ne trouve aucun lieu d’expression. Terrain d’Entente cherche à offrir une structure affective et sociale autour de ces jeunes. Nous prenons le risque de nous laisser déstabiliser, jusqu’à nous sentir parfois avec eux, à la limite du danger et nous puisons ensemble d’impressionnantes ressources. Il faut pour cela endurer les nombreuses expériences d’échec, et s’obstiner à ne pas lâcher. Il est nécessaire de développer une attitude de bienveillance et de compréhension. Nous mobilisons toute notre énergie pour créer un climat apaisant pour accueillir ces tempéraments tendus, blessés, hyper réactifs. On sanctionne le moins possible, on accueille, on  écoute, on s’efforce de comprendre.

Ainsi, ces mêmes jeunes ont su se saisir de l’opportunité que leur offrait un nouveau dispositif, le Fond de Participation des Habitants, qui aide au financement de différentes actions. Ils ont rédigé un projet de départ en vacances, et préparé ensemble la rencontre à la commission d’admission pour expliquer leurs motivations. Ils souhaitaient partager quelques jours entre copains. Ils se sont saisi de la seule opportunité que nous pouvions leur offrir: une semaine à la Ferme des Fromentaux, en Haute Loire.

Pour ces jeunes, ce séjour a été « une première fois » sur de nombreux aspects. La vie dans une ferme, le travail du quotidien, la « rencontre » avec la nature….

Malgré cet aspect déstabilisant, ils ont eu, durant tout le séjour, une attitude coopérative et positive.

Ils se sont intéressés aux activités, (conduite du tracteur, traite des chèvres….). Ils ont participé à toutes les tâches ménagères (repas, vaisselle, rangement) qu’ils avaient eux mêmes organisé en se répartissant le travail à partir d’un tableau qui établissait des tours de rôle.  Ils ont respectés les horaires qu’on avaient décidé avant le séjour. Ils ont eu un très bas niveau d’exigence concernant les activités, s’inquiétant du coût et des possibilités de l’association. Les soirées ont été l’occasion d’échanges authentiques autour de leurs préoccupations.

Aujourd’hui, ces jeunes ont souhaité organiser un « café des ados », un lieu pour se retrouver avec une présence adulte pour les accueillir .

Aujourd’hui les structures sont nombreuses à investir beaucoup d’énergie pour dénoncer le danger des écrans et faire des campagnes de prévention, de sensibilisation pour apprendre les  bonnes pratiques. Sachant que les écrans sont pour beaucoup la seule source de plaisir qui est vécue dans la solitude, sans aucun garde fou, les structures du quartier que nous avons sollicitées pour organiser ensemble cet accueil, nous ont toutes répondus:  « on ne peut pas tout faire! »

Nous avons donc ouvert ce café et une trentaine de jeunes nous rejoignent chaque jeudi. Nous réfléchissons ensemble à différents espaces pour discuter, se divertir. Des projets se pensent. Tout semble possible, mais un problème se profile: nous ne sommes que deux pour les accueillir! Nous risquons rapidement de toucher nos limites pour tenir cet accueil dans la durée.

Notre détresse à nous, c’est d’être trop peu nombreux, et de disposer de moyens insuffisants  pour construire une action à la hauteur des aspirations de ces jeunes qui réclament juste un peu d’espace et d’attention.

                                                                                    Josiane GUNTHER Mai 2019

(1) Fernand Deligny, né en 1913, une des références majeure de l’éducation spécialisée

(2) Christophe Dejours, psychiatre, psychanalyste et professeur de psychologie français, spécialiste en psychodynamique du travail et en psychosomatique

(3) Jean Paul Delahaye, Inspecteur général de l’éducation nationale honoraire. Ancien directeur général de l’enseignement scolaire.

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Pour retrouver notre légitimité et sortir ensemble de l’impasse.

          

Notre cheminement à Terrain d’Entente nous a permis, au fil des années, de faire des rencontres improbables. Nous pouvons envisager aujourd’hui d’initier des évènements, pour tenter de construire des espaces différents avec d’autres collectifs et répondre à  des questions de société qui dépassent les préoccupations quotidiennes de notre territoire et qui font tomber certaines frontières.                                                                                                                                Nous sommes sollicités sur des questions diverses, avec comme postulat de tenter de construire collectivement une démarche qui soit transformatrice, qui apporte un changement, qui recherche des alternatives.                                                                                                 Pour citer celles qui nous portent particulièrement aujourd’hui.

Le super marché coopératif, la « Fourmilière » vient d’ouvrir ses portes à St Etienne.  Un nouvel espace pour promouvoir l’agriculture paysanne, respectueuse de l’environnement, qui privilégie les circuits courts. Les coopérateurs construisent un mode d’organisation où chacun prend part aux décisions et se sent responsable des principes déclarés.  Les fondateurs de cette démarche sont venus solliciter les adhérentes de Terrain d’Entente et nous ont invité à prendre part à leur réflexion. Ils souhaitent poursuivre l’organisation de ce travail en comptant sur notre contribution, afin que ce magasin corresponde à la grande diversité des habitants de notre ville en y intégrant, en tant que coopérateurs, des habitant-e-s de Beaubrun – Tarentaize.

Nous participons au bal populaire du 14 Juillet que le collectif « les cris du quartier » propose depuis quelques années. Une journée de fête ouverte à tous, où chacun apporte sa contribution. Nous avons été sensibles à cette invitation qui rassemble plusieurs associations qui interviennent dans différents quartiers. Toutes développent des démarches d’éducation populaire et réalisent des actions culturelles, sportives, citoyennes qui s’adressent à tous.

Nous avons initié un chantier avec les acteurs de la pédagogie Freinet sur la co éducation depuis 2 ans.

Trop de jeunes sont ni en emploi, ni en formation, ni en recherche, ni en accompagnement. Notre pacte républicain est en danger si on ne réduit pas ces écarts: lorsqu’on a on moins de droits que les autres, comment peut on accepter d’avoir les mêmes devoirs?

La première démarche pour assurer les conditions du bien être à l’école est de l’ouvrir aux parents, de favoriser la co éducation, pour une meilleure connaissance réciproque.

Construire une communauté éducative qui assure de manière effective notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants, et leur permettre ainsi de trouver du sens et de la cohérence dans les apprentissages organisés de manière différente à l’école, en famille, dans le milieu associatif….

Une toute dernière rencontre a eu lieu avec des militants de la LDH. Ils ont réalisé un travail de recherche sur la lutte contre les discriminations et l’accès aux droits pour tous. Ces militants souhaitent aller à la rencontre de ceux qui vivent des difficultés importantes pour faire valoir des droits et faire reconnaître les situations de discrimination.

Les amis de la LDH qui nous rejoignent se réjouissent de pouvoir travailler avec les membres de Terrain d’Entente sachant qu’on s’efforce collectivement de redresser ce qui ne va pas dans notre société. Ils souhaitent « entreprendre un  travail pour faire valoir les droits avec ceux qui savent prendre en main leur réalité« . (sic)

Quand on imagine la réalité quotidienne de toutes ces familles qui subissent un empilement de contraintes pour espérer assurer seulement des moyens de subsistance jour après jour, on peut se demander comment il devient possible de s’inscrire ensemble dans des démarches militantes. Comment il est possible de s’extirper de cette inquiétude permanente, de cette peur du lendemain? Comment on arrête de subir et de se méfier de ceux qui nous entoure?

Nous avons évoqué à plusieurs reprises, ce qui est préliminaire à la construction d’une relation de confiance, pour arriver à être moins centrés sur les problèmes à régler et s’engager peu à peu, avec d’autres, pour construire des projets qui répondent à des envies.                                    Mais là, nous avons franchi une autre étape. Nous ressentons aujourd’hui un peu de légitimité pour nous inscrire avec d’autres collectifs dans des actions qui espèrent avoir une portée transformatrice pour la société toute entière. Un engagement qui reste un pari, celui de pouvoir mobiliser l’énergie nécessaire qui est souvent absorbée par les « galères » du quotidien.

Pour ce qui concerne Terrain d’Entente, tout a commencé par la préoccupation du non départ en vacances et de la reconnaissance de ses lourdes conséquences pour les enfants et les familles. De plus en plus de familles ne partent pas en vacances. Il était temps de reconsidérer le droit aux vacances comme un enjeu social.

Nous avons beaucoup investi, avec nos moyens dérisoires, pour rendre possible des départs. Nous avons sollicité l’an passé différents réseaux pour créer un collectif sur l’accès aux vacances pour tous. Nous nous sommes engagés dans une réflexion pour penser ce problème dans sa dimension politique: comment on organise une réappropriation des vacances par les gens eux mêmes, qui ne soit pas du tourisme, en les construisant collectivement, de manière à reconstruire le tissus social, les liens d’entraide?                                                                                 La question du départ en vacances permet d’aborder les questions de l’environnement, de l’alimentation,  du respect de la terre et des populations. L’environnement et les inégalités sociales sont liées.

Partir s’est s’ouvrir à d’autres réalités,  aller à la rencontre de ceux qu’on ne connaît pas, sortir de nos cloisonnements et peu à peu, refaire société tous ensemble. Nous avons rechercher des hébergements amis, sensibles à nos questions, volontaires pour construire des collectifs qui se mobilisent sur des questions politiques pour sortir des cases où on nous a assigné. Pour identifier le temps des vacances comme lieu de fabrication de la société.

Ca à l’air de rien, les départs en vacances. Nous partons depuis quelques années rejoindre des amis paysans boulangers, éleveurs de chèvres en Haute Loire. Ces familles du quartier de Tarentaize, qui connaissent la peur du lendemain, la honte de leur condition, ont pris ce risque d’aller dans l’inconnu.                                                                                                                                         Notre point d’appui pour faire ensemble ce pas, a été les expériences positives que nous avons réalisées ensemble, à partir de nos discussions au café des femmes, de ce que nous avons pu mettre en commun, de cette communauté de vie qui est devenue peu à peu réalité pour certaines.                                                                                                                                                  C’est parce qu’on côtoie les gens dans le quotidien, qu’on côtoie l’intime de leur existence, qu’on peut construire des choses ensemble. Il s’agit toujours pour nous, de tenter de modifier les conditions politiques de l’existence, en partant du quotidien. Nous nous efforçons d’observer les micro évènements qui se manifestent et nous tentons de  les intégrer à nos analyses, à nos efforts de compréhension. Nous sommes très soucieux également, d’identifier la charge mentale de la vie quotidienne vécue par les familles, et nous avons le soucis de là partager en prenant en charge certains temps de la semaine avec les enfants, en réalisant ensemble les démarches incontournables.     

Les différentes actions que nous avons menées à bien, en affrontant ce qui est difficile, ont permis d’ introduire de la solidarité entre nous et avec les autres.

Et nos séjours à Retournac nous ont aidé à sortir de la peur et de la honte:                                                              « Ici on n’a pas besoin d’avoir peur, on ne ferme même pas la porte à clé, on se sent respecté tel qu’on est…. ».  

L’accueil chaleureux et inconditionnel de nos hôtes nous ont rendu le sens de notre respectabilité.                                                                                                                                Quand nous partons collectivement en vacances, nous construisons du dépaysement, nous ré enchantons la banalité du quotidien. Produire quelque chose ensemble reste fondamental pour avoir le sentiment de vacances, de dépaysement. Durant ces journées nous nous intéressons à toutes les opportunités de partage, parce que nous savons qu’elles sont créatrices de construction de liens. Quand nous essuyons tous ensemble la vaisselle, nous partageons un moment de convivialité singulière qui prend une part dans la dynamique globale du séjour. Les repas peuvent devenir des moments de fête, de construction de savoirs faire communs, et des moments de conscientisation. Des occasions de faire apparaître des valeurs en partageant une pratique, en l’éprouvant.

A Retournac, nous avons pu faire ainsi l’expérience de ce qui nous lie, nos préoccupations communes, nos budgets très précaires (beaucoup de ces amis habitants de la ferme survivent aussi avec le RSA!) et de l’enrichissement de partager nos différentes façons de construire le quotidien, nos manières d’appréhender le réel à partir de nos valeurs, de nos croyances, de ce qui nous a construit. Nous avons réalisé ainsi un creuset, à la manière de ce récipient qui permet le mélange et qui  transforme les métaux en quelque chose de plus complet, de plus abouti, de plus précieux.

En passant par un lieu qui nous appartient ensemble, ailleurs que chez nous, il devient possible de se rencontrer et de faire du mélange. Il forme un point de rencontre, d’influence des cultures différentes. On déconstruit alors des peurs, et on construit des compétences sociales. Nous fabriquons ainsi des communautés qui peuvent s’étendre.

Ces séjours ont permis pour les membres de notre collectif, de vivre des expériences positives autour de l’organisation concrètes du quotidien où chacun arrive à contribuer à son bon déroulement. Ces réussites collectives sont devenues un appui considérable pour retrouver confiance et assurance. Aujourd’hui nous arrivons à nous saisir d’opportunités d’auto financement pour nous donner les moyens de poursuivre ces projets de départ en vacances. Le mode d’organisation pour faire des gâteaux, servir dans un salon de thé, vendre des crêpes devant la médiathèque…. devient  plus efficace et respectueux des forces et des possibilités des unes et des autres. La relation s’intensifie entre certaines et certains, les personnalités s’affirment d’avantage. Ce cercle vertueux favorise des partages de réflexions plus élaborés et ouverts aux enjeux de notre société.

Ces expériences de projection, de construction et de départs concrets en vacances ont été  renouvelées régulièrement, également dans d’autres espaces, avec d’autres collectifs. Elles nous permettent aujourd’hui de nous sentir plus légitimes pour renforcer les rangs de tous ces amis qui cherchent à construire autrement. Nous  espérons ainsi contribuer à bâtir un horizon d’égalité et d’intérêt commun, de façon à améliorer les conditions de vie de tous et à retrouver notre dignité.                                                                                                                               Tout reste extrêmement fragile, dans tout ce que nous entreprenons, et risque de basculer à tout instant.  Cet un exercice périlleux qui demande attention, constance, vigilance, mais c’est la seule manière de rester debout et de se sentir vivant. Nous nous donnons les moyens de pouvoir encore espérer.

                                                                                        Josiane GUNTHER Avril 2019

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Cacher la poussière sous le tapis.

                                    

C’est une expression qui décrit ce que nous ne souhaitons pas montrer, ce qui doit rester caché. Une façon d’imager ce qui fait honte, ce qui est estimé indigne, inavouable.

Dans notre collectif, au fil des semaines, des mois, des années nous découvrons peu à peu de quoi est fait le quotidien de nombreuses familles qui subissent et supportent la précarité. Parmi ce qui alourdit fortement  la marche de tous ceux là,  il y a pour l’essentiel une grande difficulté à accorder sa confiance, à prendre le risque de rencontrer les autres, ceux qu’on ne connaît pas, d’oser une parole. Il n’est donc pas question d’oser dire et partager ce qui est vécu douloureusement jour après jour.

Il nous faut donner du temps au temps pour qu’une porte s’entrouvre. Avec certaines personnes,  plusieurs années ont été nécessaires pour qu’une relation devienne possible

La peur domine le quotidien qui est décrit par beaucoup par un sentiment d’enfermement, d’isolement, de « prison », de « fond du puit ». On entend également l’expression « on coule ».

Dans ces témoignages il est par contre, peu question de colère, face à tous ces empêchements à construire le quotidien de façon à ce qu’il devienne plus vivable, plus souhaitable. C’est plutôt la honte qui se manifeste, la honte de ne pas y arriver, de ne pas pouvoir offrir ce qui est essentiel à sa famille, de sentir ses enfants malheureux, frustrés,  et d’entendre les jeunes dire parfois  « la vie est trop dure ». La honte de se trouver face à son impuissance.  

Alors on préfère se taire et « cacher la poussière sous le tapis ».

A terrain d’entente nous ressentons pour de nombreuses familles un sentiment de découragement, de fatigue, d’usure. Pour certains même, des manifestations de dépression. Alors que lorsque nous nous retrouvons pour organiser des évènements, il est question la plupart du temps de dynamisme, d’enthousiasme et même de joie à participer, à s’inscrire dans les sorties avec de plus en plus de monde.

Petit à petit un espace de rencontres s’est construit, parce que nous sommes restés fidèles à nos rendez vous tout au long de l’année, parce que nous avons élaboré, tenté, bricolé sans relâche  et collectivement des solutions chaque fois que nous avons identifiés ensemble des problèmes, des besoins, chaque fois que nous avons osé exprimer des envies. C’est un  travail en commun qui se réalise, une mise en commun d’idées, d’initiatives, d’inventions. Nous élaborons toujours toutes ces tentatives à partir d’une conception qui nous est essentielles: l’intérêt général, l’intérêt de tous.

Ce travail, ces démarches qui parfois aboutissent,  construisent peu à peu un sentiment que quelque chose peut devenir  possible.   Le pas devient moins lourd, les têtes se redressent, l’espoir se profil, timide, mal assuré; mais il est bien là.

Ces expériences renouvelées au fil du temps redonnent un sentiment de confiance, en soi d’abord, puis avec certains. Nous retrouvons cette sensation indispensable, vitale, d’exister pour les autres, de contribuer au bien commun. Nous retrouvons le sens de l’existence, celui de participer, d’apporter sa pierre par son travail, par ses efforts, par notre capacité à savoir se bousculer, la fierté de savoir donner « le coup de collier » qui va rendre possible une action.  

Une adhérente de Terrain d’Entente me remercie souvent lorsque je lui demande de l’aide. A l’improviste, dans l’urgence, elle est toujours disponible pour donner le coup de main indispensable  pour faire des gâteaux,  qui vont  compléter le goûter de la prochaine fête,  des crêpes qu’on va vendre avec les enfants devant la médiathèque, de prêter tous les ustensiles de cuisine nécessaires pour faire les galettes sur le terrain, de s’occuper des bacs de jardinage qu’on laisse régulièrement à l’abandon….

Elle m’expliquait récemment que ce qui lui était devenu insupportable c’était d’être considérée par tout le secteur social comme « une bénéficiaire de l’AAH », quelqu’un « d’assisté », qui ne sert à rien, qui est inutile. C’est la plus grande souffrance de son existence.

Vivre dans un appartement inadapté, ne pas pouvoir faire face chaque mois aux charges incompressibles, ses problèmes de santé récurrents, elle peut supporter tout ça, mais sa vie devient  un enfer si elle se sent inutile. 

A partir de cette dignité retrouvée, il lui est devenu possible de parler de ce qui ne va pas, sans cette crainte de se sentir jugée, déconsidérée. Il lui a été possible de partager ces multiples expériences où tout semble perdu, condamné, destructeur.

Il est indispensable de savoir ensemble soulever ce tapis, et de voire ce qui est caché. Il faut  s’y cogner dessus et savoir s’indigner profondément face à  ces mauvais traitements infligés à tous ceux qu’on a placé à la marge, de tous ceux qui subissent les inégalités les plus flagrantes.

Mais ce qu’on découvre aussi dans ce quotidien toujours difficile, ce sont tous ces  rayons de lumières, toute la ressource infinie de chacun pour tenir,  résister encore, tenter l’impossible et finalement ne jamais couler complètement, ne pas s’effondrer totalement.

L’une d’entre nous  s’est retrouvée durant deux mois seule,  enfermée chez elle, sans pouvoir avoir le moindre contact avec son fils lourdement handicapé, parce qu’elle a été opérée d’une très grave fracture au pied. Sa CMU ne lui a ouvert aucun droit à une assistance à son domicile. Certains jours, elle a bénéficié de la solidarité du voisinage et de sa famille mais la plupart du temps elle a appris à se débrouiller seule pour faire ses repas, entretenir son logement, prendre soin d’elle.

Au cours d’une de mes visites elle m’a fait la démonstration de sa façon de s’organiser pour assurer tous les actes du quotidien. Elle commentait régulièrement ses différentes illustrations de ce qu’elle avait su mettre en place par: « tu me trouves courageuse! » …. Elle rayonnait…. Face à cette belle danse qu’elle m’offrait dans son fauteuil roulant, je me suis projetée quelques secondes dans cette réalité et j’ai su que je n’aurai pas pu trouver les ressources suffisantes pour percevoir un peu de satisfaction dans cet abandon.

C’est une aptitude qui se cultive justement dans ce désert là, lorsqu’on est confronté à soi même, face au mur, au silence à la souffrance et à la solitude. C’est une aptitude qui se développe quand on a le sentiment de n’avoir aucun autre choix que de tenir le coup dans cette totale adversité, quand il n’y a plus rien à perdre.

Cette aptitude correspond à une aspiration très profonde de vivre, d’exister, d’espérer. Notre humanité se nourrit de cette aspiration à quelque chose de meilleur. Une aspiration qui ne s’éteint jamais. Quand elle est éprouvée, vécue pleinement, cette aptitude  permet toutes les résistances, on sait alors avec certitude qu’on peut tout supporter, qu’on tiendra toujours le coup, envers et contre tout.

« Je sais que Dieu  ne me donnera pas des épreuves plus dures que ce que je peux supporter.« (sic)

Il se développe une confiance intérieure dans la vie elle même. Cette force là reste la seule parfois,  sur laquelle nous pouvons nous appuyer, à l’échelle d’un collectif, pour tenter ensemble de construire autrement, pour tenter de construire en restant fidèles à nos rêves à ce que nous souhaitons comme commune humanité, pour les uns, pour les autres, pour nous tous.

Cette rage de vivre devient le seul chemin possible pour pouvoir tenter ensemble autrement, pour trouver l’énergie nécessaire et la force de ne jamais renoncer. C’est le seul moyen d’ouvrir des espaces où quelque chose d’autre devient possible.

                                                                                                   Josiane GUNTHER Mars 2019

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« Une école de la réussite pour tous » Avril 2019

Terrain d’Entente a été invité a cette rencontre animée par Marie Aleth GRARD, vice présidente d’ATD Quart Monde.

Depuis plusieurs années nous sommes préoccupés des difficultés grandissantes que les enfants manifestent à l’école. Nous nous sommes engagés dans l’action « 1001 territoires » sur le quartier de Tarentaize. Plusieurs parents avaient contribués à ces temps de réflexion. Depuis deux ans, nous cheminons avec des enseignants membres de l’ICEM pédagogie Freinet,  pour engager un travail sur les possibilités d’ouvrir les écoles aux parents pour favoriser un accueil respectueux  du milieu de vie des enfants scolarisés.

Marie Aleth GRARD est membre du conseil supérieur des Programmes, elle siège au CESE à la section de l’éducation, de la culture et de la communication. Elle a travaillé en lien avec JP Delahaye, directeur général de l’enseignement. Elle nous a présenté la réflexion du CESE sur la réduction des inégalités à l’école dues aux origines sociales.

Le rapport du CESE de septembre 2011  sur les « inégalités à l’école » dénonçait déjà le fait que l’école n’arrive pas à atténuer les inégalités dues à l’origine social et culturelle. La loi de Refondation de l’école du 8 Juillet 2013 insiste sur le caractère inclusif de l’école, et qu’il est essentiel de se préoccuper de la réussite de tous. Les conditions d’une école inclusive: garantir une place en maternelle dès deux ans, éviter les fermetures d’école dans les petites communes, renforcer les RASED. Tous les parents doivent être accueillis à l’école à égale dignité. Tous les enseignants doivent être formés pour mieux comprendre le milieu d’origine des enfants scolarisés. Ils doivent être également formés à la pédagogie de la coopération qui permet d’avantage la réussite de tous. 

Permettre à tous les enfants et les jeunes de devenir citoyens dans une démocratie, pleinement insérés dans la société, tel est le défi que l’école doit relever.

La réussite à l’école signifie que les élèves doivent ont tous acquis le socle commun de connaissances et de culture, et qu’ils choisissent leur orientation.

Chaque année, depuis 15 ans, plus de 100 000 jeunes sortent du système scolaire sans aucun diplôme.

Pour aborder cette question des inégalités dues aux origines sociales et culturelles, il est nécessaire d’entendre la parole des parents socialement les plus exclus. C’est à partir des progrès des enfants des familles les plus défavorisées que nous pourrons mesurer la capacité de l’école à les faire réussir tous. Dans le cadre de cette recherche à l’initiative du CESE, un groupe « croisement » s’est réunit sur 7 journées: 5 chercheurs, 5 enseignants, 5 acteurs de quartier, 5 parents solidaires, 10 parents qui vivent dans la grande pauvreté

Ces journées d’échange ont permis de conclure que la réussite de tous est possible si:

 –   les enseignants travaillent en équipe, plus de maîtres que de classe. Favoriser les échanges pédagogiques entre zones prioritaires et les autres territoires 

 –   tous les parents sont accueillis à l’école

 –   une recherche permanente d’une pédagogie adaptée (respecter le découpage par cycle de 3 ans, développer la pédagogie de la coopération, développer l’apprentissage de la démocratie par la prise de parole donner à tous les élèves les moyens de faire leur travail personnel sur le temps éducatif)

 –   une gouvernance bienveillante et exigeante. (former les personnels d’encadrement à l’animation de l’équipe et au travail collectif, mettre en place une réflexion sur l’évaluation des enseignants, développer des programmes de recherche action en établissements)

Il est proposé d’expérimenter dans des écoles volontaires pendant 5 ans, ce cahier des charges

L’éducation prioritaire ne pas être la seule réponse, elle ne garantit pas une école ouverte et compréhensible pour tous.

L’école porte en elle ses propres forces. Les équipes pédagogiques cherchent, créent, innovent dans le but de ne laisser aucun élève au bord de la route. Elles ouvrent des voies qui devraient permettre de surmonter cet obstacle du déterminisme social auquel se heurte l’école. 

L’école n’est pas le seul lieu d’éducation, des projets en partenariat avec les quartiers peuvent naître avec tous ces collectifs qui construisent un tissu de relations où les parents ont une place privilégiée.  

Jean Zay, ministre de l’éducation à l’époque du Front populaire, estimait que l’école et les collectifs d’éducation populaire étaient les deux jambes de l’éducation et devaient oeuvrer ensemble.

9 Millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, dont certains vivent dans la grande pauvreté (cumul de précarités qui concernent le non accès à l’emploi, au logement, à la santé)

35% des personnes ne font pas la demande de RSA (12 pages à remplir)

Un enfant pauvre, quand il arrive à l’école maternelle a bénéficié de 1000 heures de moins d’histoires racontées.

Il se retrouve  souvent dans une posture de conflit de loyauté qui bloque les apprentissages de manière inconsciente. Il se retrouve dans une double solitude, à l’école il ne peut pas parler de son environnement social, en famille il ne peut pas partager ses expériences scolaires. Les parents ne peuvent pas s’intéresser à ce qui se vit à l’école parce qu’ils n’ont aucune connaissance de cette réalité. (On pose des questions sur l’école en fonction de ce qu’on en connaît: les codes, les langages)

L’accueil des parents à l’école facilite la découverte et la connaissance du milieu.  (accueillir tous les parents sur des temps formels et informels, multiplier les espaces parents avec un animateur, former les parents délégués en réfléchissant à un statut pour ces parents). Ouvrir l’école au partenariat qui a une connaissance du territoire sur lequel intervient l’école..

Les inégalités scolaires sont inhérentes aux dispositifs.

84% des enfants qui se retrouvent en SEGPA sont issus de milieux défavorisés (l’école estime qu’elle ne sait pas faire avec ces enfants là!). 1% obtiennent le brevet

37%  réalisent un CAP qu’ils n’ont pas choisi.

58% sortent du système scolaire sans aucun diplôme.

Pour réduire ces inégalités: meilleure inclusion des SEGPA dans les collèges, supprimer le volet social pour les affectations, redonner à ces affectations un caractère réversible, multiplier les dispositifs permettant aux enfants de grandir ensemble.

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Rencontre ICEM/Terrain d’Entente Mars 2019

Comment dépasser les frontières érigées entre les membres de l’éducation nationale et les différents membres de la communauté éducative, les associations d’éducation populaire, les parents….pour rendre légitime leur parole, leur volonté de devenir partie prenante et soutenir la lourde mission de l’école ? Dans les différents textes il est de plus en plus question de l’importance de la construction de ces liens et les verrous restent toujours aussi tenaces un peu partout.

Les parents peuvent trouver une place réelle dans l’école à partir d’un cadre scolaire, d’un projet éducatif bien défini par l’équipe enseignante qui en est responsable. C’est la seule façon d’apporter des repères sur les possibilités et les limites de la relation entre les membres de cette communauté éducative. C’est ce qui donne la possibilité à chacun d’avoir une grande liberté pour s’investir et devenir force de proposition en respectant cet espace particulier de l’école qui a un mode de fonctionnement propre et des contraintes qui sont importantes à bien identifier.

Les enseignants peuvent investir et apprécier ce travail de « collaboration » si le temps nécessaire est pris en compte dans leur charge de travail. on ne peut pas demander dans la durée à des enseignants de participer à ce type de projet qui nécessite beaucoup d’énergie uniquement sur leur temps personnel, de manière militante.

Les constats: Si les parents se sentent rejetés de l’école, les enfants ne sont pas dans de bonnes conditions d’apprentissage. On souhaite tous favoriser des conditions de bien être à l’école. L’école ne fait plus référence pour des enfants de plus en plus nombreux qui vivent ce qui s’y passe comme sans rapport avec leur réalité, leur identité, leur culture, leur famille, leur condition de vie, leur avenir. 

L’école ne peut assumer son rôle que si elle considère l’enfant dans toutes ses dimensions, elle se construit avec la participation des parents. Parents inquiets, qui cherchent à encourager les enfants dans leur parcours scolaire, mais impuissants à pouvoir être partie prenante d’un système qu’ils ne comprennent pas. 

Nombreux sont les parents prêts à s’impliquer si un espace leur est ouvert. Ils savent expliquer les freins à la relation avec les enseignants, et faire des propositions concrètes. Ils sont volontaires pour s’impliquer dans des rencontres pour favoriser la meilleure scolarité possible des enfants. Nous pouvons identifier, grâce à leur contribution, les besoins et les possibilités de transformation dans l’enceinte de l’école.

Les préalables à la réussite:

Une bonne compréhension mutuelle

Le postulat de la co éducation (parents, enseignants, structures) Nous sommes collectivement responsables de l’éducation des enfants.

Nécessité de créer des espaces de rencontre:                                                                                  Pour comprendre les préoccupations de chacun, mettre en question des dysfonctionnements, réfléchir à nos conceptions de l’éducation, créer une communauté éducative d’entre aide.

Comment rendre possible ces espaces?

Importance du lieu où se déroule les échanges: pas le hall d’entrée, sous le regard de tous

Il faut beaucoup de temps pour se reconnaître: des poses café (répétition de choses simples)

Des temps d’école ouverts aux familles (un accueil le matin sur un créneau horaire).

Des samedis matins pour parler des réussites, des projets, des réalisations.

Des ouvertures pour des ateliers à partir de compétences particulières, d’envies des enfants (parents, associations)

Certaines classes accueillent les parents sur des temps scolaire.

Des temps ponctuels pour des sujets d’actualité dans l’enceinte de l’école, les questions internes au fonctionnement de l’école. (que faire face à la déscolarisations; problème lié au temps péri scolaire; les devoirs à la maison: qui permet un lien quotidien entre l’école et la famille, quoi proposer d’autres pour maintenir ce lien régulier? ; problèmes liés à la restauration scolaire….)

Etre associé à ce qui peut être dit en classe face à des évènements particuliers qui traversent la société.

Prendre appui sur la communauté éducative: les différentes asso assurent la garde des enfants pendant des temps de rencontre parents/enseignants. Elles  peuvent être présentes à l’occasion de repas partagés ….

Cloisonnement entre les différentes structures (Marie, écoles, centres sociaux…) Que tous les acteurs se rencontrent qu’on n’entende plus « ça ne me concerne pas, c’est la Mairie… »

Un enfant qui relève de soins, représente un long processus d’acceptation. Les enseignants s’inquiètent parfois un peu vite, faire confiance au diagnostic des parents qui connaissent l’enfant dans un autre contexte, les autres structures. Les orientations interprétées comme un échec « qu’est ce qui va le mieux pour cet enfant là? » Le DRE peut jouer un rôle

Problème des délais d’attente pour les prises en charge spécifiques…  Le RASED doit retrouver les moyens nécessaires                                                                                              Créer un réseau d’entre aide avec des parents ayant traversés les mêmes difficultés « boite à outil des expériences de chacun ».

Trouver la bonne manière de se parler pour rétablir un niveau d’égalité dans les échanges

 » si vous êtes en retard, votre enfant peut être confié à la police » 

Les parents expriment beaucoup leur difficulté à prendre la parole. « Ca ne sert à rien de parler, on n’est pas entendu ».

Peur de l’institution, manque de compréhension de son fonctionnement, les horaires, incompréhension face au système scolaire, cigles, vocabulaire, lisibilité des intervenants. Les parents se sentent dévalorisés.

Les leviers: discussion devant l’école, mobilisation autour d’évènements, trombinoscope des intervenants, diffusion des comptes rendus qui ciblent les réponses aux préoccupations des parents.

Les parents dont la communication est plus facile, un poste de psycho, d’IDE, une personne extérieure à l’équipe enseignante peuvent assurer la médiation en cas de litige.

C’est possible de prendre des initiatives pour accueillir les parents dans l’école, à l’échelle d’une seule classe, même si toute l’équipe n’est pas enthousiaste face à cette perspective.

Des comportements peuvent se transformer. A l’exemple des enfants qui réclament à leur nouvel enseignant, les « quoi de neuf », les « conseils » suite à cette expérience positive de leur année scolaire précédente. 

C’est indispensable que l’école ne se retrouve pas seule sur son territoire, qu’elle puisse s’appuyer sur les autres structures pour construire une communauté éducative et chercher des solutions aux problèmes des familles.

C’est dans la simplicité et la diversité des propositions d’ouverture de l’école aux parents qu’on se donne le plus de chance de rendre accessible cet espace à toutes les familles.

Nous souhaitons ouvrir ces temps de réflexion aux écoles de la ville. Nous pouvons faire une proposition de démarche de co éducation que nous pouvons transmettre à toutes les structures concernées.

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Rencontre avec la LDH, ( Ligue des Droits de l’Homme) en Avril 2019

               Rencontre avec la LDH, ( Ligue des Droits de l’Homme).

La LDH a réalisé il y a deux ans, un travail de recherche sur la lutte contre les discriminations et l’accès aux droits pour tous. Ce travail s’intéresse particulièrement aux personnes qui  sont le plus victimes des discriminations, les militants souhaitent aller à la rencontre des gens qui vivent des difficultés importantes pour faire valoir des droits et faire reconnaître les situations de discrimination. 

Agir avec les institutions est toujours compliqué. Le but du projet est de transmettre des connaissances pour équiper et accompagner les individus, rendre accessible les outils pour que les personnes concernées puissent les utiliser pour se défendre. 

Les amis de la LDH qui nous rejoignent se réjouissent de pouvoir travailler avec les membres de Terrain d’Entente sachant qu’on s’efforce collectivement de redresser ce qui ne va pas dans notre société, ils souhaitent « entreprendre un  travail pour faire valoir les droits avec ceux qui savent prendre en main leur réalité » 

La LDH est une institution très ancienne qui a une réelle influence sur la défense des droits. Il s’agit bien de la défense des  droits de l’Homme, avec un grand H!. 51% de l’humanité étant constituée de femmes!

L’origine de ce mouvement s’est au départ centré sur le respect du  droit du travail. Actuellement ils sont sollicités sur de nombreuses questions de société , les conditions d’existence de ceux qui sont régulièrement expulsés des squats, qui sont en situation irrégulière sur le territoire, étant une grande préoccupation. 

Tout au long de l’après midi, nous avons pu échanger sur de nombreux sujets de préoccupation.

La libre circulation des personnes

Comment est-il possible de venir s’installer et travailler en France? Où est l’égalité de citoyenneté pour tous? Comment les autorités politiques assurent l’exercice des principes de la République? Comment est-il possible rassembler les conditions pour obtenir une autorisation à travailler?

L’image de la France pour les pays extérieurs reste toujours « le pays des droits de l’Homme ». Nous traversons une période où on accepte de moins en moins les étrangers.

En Albanie, l’état n’était pas suffisamment protecteur par rapport aux personnes discriminées. En France, quand on vient de l’étranger, quand on se retrouve « sans papier », on a peur de l’état et de la police.

Les textes de loi, les recours, être conseiller sur le plan juridique, rencontrer des avocats spécialisés, c’est long. Il faut de plus en plus être vigilent sur le délais que les nouvelles lois ont limité. Pour toute décision administrative, on peut en demander la modification, mais en respectant les délais. A condition de bien connaître les lois, les dispositifs, les accords. L’administration applique la loi qui est en vigueur.

La carte de séjour périmée

Une carte qui n’est pas renouvelée dans les délais, et le contrat de travail est remis en question, les prestations de la CAF sont supprimées…. Le traitement du renouvellement de cette carte est informatisé, ce qui augmente les difficultés dans les démarches pour tous ceux pour lesquels l’informatique est inaccessible.

Il existe également des traitement d’exceptions qui sont défavorables. A l’exemple des accords d’Evian de 62, de la France avec l’Algérie.

Nous sommes ignorants de certains de ces accords, des textes qui sont modifiés. Ce qui complexifie notre capacité à faire valoir des droits.

Comment faire évoluer la loi? Elle doit s’adapter à l’actualité qui se transforme. Que faire par rapport aux lois qu’on estime injustes?

La question du travail et du voile.

Pour les fonctionnaires, les signes religieux sont interdits, pas dans le secteur privé. Hormis ce qui peut être spécifié dans le règlement intérieur d’une entreprise, l’interdiction du port du voile dans le secteur privé, dans le cadre d’une formation, relève de l’intimidation, ce qui est interdit.  les règles sur l’interdiction du port du voile à l’école ne concernent les élèves seulement  jusqu’à la terminale. Au delà, il n’y a pas de règle; 

La loi est parfois appliquée de façon arbitraire. Chaque département peut décider d’un règlement intérieur différent. les principes de certains relèvent d’ irrégularités. Ce qui peut faire jurisprudence.

Un exemple de licenciement abusif, suite à un congé parental

Au retour du congé, le poste était occupé par quelqu’un d’autre,  une autre proposition très désavantageuse a été faite avec des horaires fractionnés sur toute la journée, un secteur de travail très éloigné du domicile. Ce qui était incompatible pour une vie de famille avec des enfants très jeunes. Pour faire appel au prud’homme, il a nécessité des mois de rendez vous avec différentes structures qui orientaient chaque fois les démarches vers d’autres structures. Une énorme perte de temps, beaucoup de stress, des problèmes de santé dont de l’hyper tension, des difficultés familiales dues à cette importante tension dans la durée.

La difficulté à trouver un logement de son choix. Parfois besoin de déménager pour trouver un logement plus accessible financièrement. L’une d’entre nous a refusé un appartement qui n’avait aucune ouverture dans la cuisine. On lui a répondu qu’il n’y aurait plus de recherche de logement puisqu’elle refusait ce qu’on lui proposait. Alors que c’est au bout de 3 refus qu’il n’y a plus de recherche. La LDH intervient parfois auprès d’un bailleur.

Des impasses dans la prise en charge de jeunes adultes handicapés. Les établissements d’accueil sont de moins en moins en capacité d’offrir un cadre d’accueil stable (réduction des coûts, des effectifs….). l’une d’entre nous a son fils qui doit changé régulièrement d’établissement durant les week end et les périodes de vacances, les frais de déplacements sont assurés par  la famille de ce jeune qui subit cette contrainte. Elle déplore d’ailleurs ces changements imposés pour ce jeune qui est extrêmement perturbé. 

Les associations de handicapés peuvent se saisir de ce problème. L’Etat reste responsable de la prise en charge des majeurs handicapés.  

Proposition d’une synthèse de toutes les ressources juridiques, avec les spécificités de chacun, les conditions d’accès.

Nous énumérons les lieux qui peuvent recevoir nos demandes:

 – le CIDFF (Maison de l’emploi, 04/77/01/33/55, sauf le mardi)

 – la Maison du Droit (mais beaucoup d’attente pour obtenir un premier rendez vous)

 – la Maison des Avocats qui proposent des permanences spécialisées; On prend rendez vous le Lundi (04/77/33/16/22, 36 rue de la Résistance)

 – Laure Marie THILLON, permanences au Babet le Jeudi matin

 – l’ASSFAM 04/77/31/25/19

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