Rencontres

Une belle fête prise en charge par des élèves de la MFR

C’est la deuxième année que nous organisons un partenariat avec la MFR de St Etienne. Nous avons été sensibles à la démarche de cette école qui est très proche de la nôtre. Nous avons la même volonté de construire un climat de respect mutuel avec les enfants et les jeunes, en laissant le plus possible l’espace pour la libre initiative des uns et des autres. L’école encourage donc chaque année les élèves de terminale à prendre part à l’activité d’une association qu’ils choisissent librement, et à y apporter leur contribution pour enrichir un temps particulier. 

Cette année, une jeune que nous connaissons bien, accompagnée de plusieurs camarades de l’école,  a proposé à Terrain d’entente d’organiser une fête ouverte à tous. Cette initiative nous a paru tout à fait adaptée à notre volonté de rassembler les familles autour d’évènements festifs. Nous saisissons toutes les opportunités possibles pour nous rencontrer et partager des moments de joie.

C’est dire si cette jeune fille, qui a été présente plusieurs années dans notre collectif, a bien compris  et repéré ce qui nous était cher. Elle a su s’approprier ces valeurs comme une préoccupation importante.

Ces 5 jeunes de 17 ans ont su s’organiser dans la durée pour mettre en place ce projet avec la présence d’un membre de notre équipe. Elles sont venues présenter leur proposition un vendredi au café des femmes. Les adultes présents ont accueillis favorablement cette perspective. Nous avons contribué de notre mieux pour que cette fête puisse aboutir: réservation de la salle, du matériel vidéo, confection de gâteaux.

Ce samedi 23 Février, nous avons tous profité d’une très belle fête jamais encore réalisée à Terrain d’Entente. Plus de 80 personnes étaient présentes tout au long de la soirée. Elles ont été nombreuses, de toutes les générations, à danser en se laissant guider par la musique et le rythme proposé par ces demoiselles. Plusieurs ont participé au karaoké où des chansons très diverses avaient été sélectionnées à partir de la demande des participants. Le service a été assuré par différentes adhérentes tout au long de la soirée.

Nous faisons toujours ce constat positif. Tout ce qui est mis en place dans notre collectif se réalise grâce à la participation active de nombreux membres. Très peu de choses seraient possible autrement.

Nous avons eu la joie d’une visite impromptue de notre groupe d’adolescents qui  n’a pas osé prendre le risque de perturber cette fête familiale. Ces garçons se sont installés discrètement à proximité de la salle et ont su être très gratifiants face au goûter que nous leur avons offert. Un autre sujet de satisfaction pour notre collectif: la qualité de la relation qui s’est construite au fil des années et qui permet à chacun d’entre nous de savoir respecter un temps qui ne lui est pas forcement dédié, sachant que chaque envie est prise en compte de façon à lui apporter satisfaction chaque fois que possible.

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Un nouvel après midi « galettes sur le terrain »

Une initiative de plusieurs adultes entièrement gérée et assumée par ceux qui ont souhaité là mettre en place. 

Les journées de Février sont tellement douces, les familles nous rejoignent toujours plus nombreuses sur le terrain durant nos après midi de jeux avec les enfants. Ce bel air de printemps nourrit les envies, donne des idées.

Depuis quelques années nous organisons des après midi « galettes » qui sont toujours des moments partagés très positifs. Les adultes sont nombreux ces jours là à sortir de chez eux pour nous rejoindre. Les enfants et les jeunes sont très sensibles à la présence des parents du quartier. Le climat est plus apaisé,  cette présence et ce dynamisme collectif crée un climat de sécurité très bénéfique pour nous tous. 

Ce que nous notons de très encourageant depuis de nombreux mois, c’est que nous n’avons plus à jouer un rôle particulier dans l’organisation de ces manifestations.

Les adultes qui sont à l’initiative de ce temps de rencontre le prennent en charge d’un bout à l’autre.

Tout ce qui est nécessaire pour réaliser les galettes, les ingrédients, les ustensiles de cuisine sont apportés des différents foyers. Un feu de bois est réalisé avec les enfants, entretenu par les adultes tout au long de l’après midi.

L’ambiance est toujours très joyeuse, plusieurs adultes  contribuent à ce travail, discutent ensemble, rigolent. Un climat détendu et dynamique qui contamine tous ceux qui sont présents sur le terrain. Une fois les galettes réalisées, elles sont offertes généreusement à tous ceux qui le souhaitent. 

C’est notre marque de fabrique à laquelle nous sommes tous très attachés. Tout ce qui se réalise à Terrain d’Entente s’adresse à tout le monde, petits et grands, sans aucune distinction, sans aucune contrainte. On vient quand on veut! Quand c’est possible, quand c’est estimé intéressant pour chacun. Et chacun est le bienvenu. 

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La biennale de TRACES le 24 Novembre 2018 salle Descours

TRACES est un réseau régional d’ associations, d’artistes, de chercheurs, d’institutions patrimoniales  qui s’est constitué dans les années 1990-2000. Il crée régulièrement des évènements qui  mettent en évidence que les mouvements migratoires  font partie de l’histoire de la région comme de son devenir. Les différents acteurs s’investissent dans des actions sociales, scientifiques, politiques et culturelles qui prennent en compte ces faits migratoires. Le premier objectif du réseau est de travailler à changer les représentations pour espérer un effet concret sur les rapports sociaux. 

Tous les deux ans, ils organisent des manifestations sur toute la région, ouvertes à toutes les initiatives, pour mettre en valeur l’histoire, la mémoire et l’actualité des migrations.

De nombreuses familles, adhérentes de Terrain d’Entente, ont vécu des parcours d’immigration et ont éprouvé cette expérience difficile, insécurisante d’avoir à s’intégrer sur un territoire  inconnu, de tenter de construire son avenir en terre étrangère. Nous nous reconnaissons donc dans les démarches entreprises par ce réseau. Aussi, lorsque l’association Les moyens du Bord nous a sollicité pour organiser un évènement avec le collectif Agir Abcd de Montreynaud, nous avons immédiatement ressenti l’importance de nous y impliquer. 

Depuis plusieurs années, nous avons construit des liens d’amitié avec cette association. Nos temps de partage autour d’ateliers d’expression artistique, de jardinage, de journées festives ont crée une relation durable et bénéfique pour tous les membres de ces deux collectifs. Au fil des années, nous nous enrichissons de notre diversité. Nous trouvons parfois des espaces communs qui amplifient nos actions respectives.

La biennal de TRACES, a représenté pour nous une opportunité de nous manifester ensemble sur l’espace publique, avec l’intérêt également de découvrir l’association de Montreynaud. 

Cette proposition nous a été faite suite à l’annonce d’un livre que nous  réalisons sur l’histoire de Terrain d’Entente. C’est un livre à plusieurs voix qui  est l’occasion de récolter des témoignages de parcours d’immigration de femmes. Ces textes évoquent la solitude, l’absence, l’isolement, puis la rencontre avec Terrain d’Entente. Voici ce qui se manifeste en substance:

« J’ai trouvé avec ces femmes qui ont toutes grandies ailleurs, une identité…. 

Terrain d’Entente, c’est comme une famille qui redonne de l’espoir qu’on peut faire plein de choses, que c’est jamais trop tard. 

Il suffit de trouver un lieu, des gens qui font des choses ensemble, c’est tout. « 

Dans cet ouvrage, des femmes prennent la parole. Elles rapportent des histoires de vie portées par la volonté de rester forte et vivante face à la dureté de la vie. Nous découvrons des portraits qui mettent en évidence cette extraordinaire capacité à s’arracher de sa conditions, des déterminismes, de son destin social. Les ultimes efforts qui sont réalisés envers et contre tout.

Pour cette journée du 24 Novembre, 4 d’entre nous ont pris la parole, elles ont écrit et lu leur témoignage de leur parcours de vie, devant tous ceux qui ont répondu à l’invitation. Ces différentes paroles ont été mises en valeur par des temps de musiques et de chants qui offraient une respiration, la possibilité de faire tomber un peu le niveau d’émotion qui s’est manifesté tout au long de l’après midi.

L’assistance a pu mesurer la dureté de ces parcours de toutes ces femmes déterminées à tenter sans relâche d’offrir un avenir meilleur à leurs familles.  

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Rencontre avec Saïd Bouamama

Nous avons eu le plaisir d’accueillir Saïd Bouamama le 4 Juillet 2017.

Il est docteur en socio économie, il est également chargé de recherche et formateur pour des travailleurs sociaux.

Terrain d’Entente et le Centre Social du Babet étaient à l’initiative de cette rencontre. Nous travaillons ensemble depuis quelques années et nous nous efforçons de nous engager avec les familles du quartier pour chercher les réponses les plus adaptées aux besoins et aux envies manifestées.

Nous avons souhaité rencontrer Saïd BOUAMAMA parce que son analyse sur la situation des quartiers populaires rentre en résonance avec notre perception et notre compréhension de la réalité.

Son intervention nous a aidé à mieux cerner l’évolution des quartiers populaires, ce qui se vit aujourd’hui, les difficultés et les ressources. Nous avons pu également aborder la question du  besoin de présence militante, d’implication avec les habitants.

Nous sommes également très préoccupés par la situation des jeunes. Certains d’entre eux n’ont plus aucun contact avec les adultes du quartier, il y a un sentiment d’impuissance qui se développe, où on n’arrive plus  à s’interroger collectivement sur cette très préoccupante situation.

L’association Terrain d’Entente poursuit son action sur le quartier depuis Avril 2011. Nous sommes engagés dans une démarche d’éducation populaire qui se réfère à la pédagogie sociale. C’est une pédagogie de l’action.

Notre travail est de comprendre et d’apprendre la réalité de ce que vivent les familles en construisant une relation au rythme de chacun, en donnant du temps au temps. Nous offrons juste un temps de présence. Chacun peut participer à nos rencontres, quand c’est possible et utile pour lui, en fonction de ses centres d’intérêts et pas selon ses possibilités financières. Ce qui contribue pour bonne part, à la possibilité pour chacun de s’engager et d’être partie prenante dans tous les projets menés.

 

Cette posture permet de percevoir peu à peu la façon dont les familles vivent les évènements qui traversent leur vie et de s’indigner ensemble face à ces situations d’abandon, de relégation, et d’en faire notre affaire.

 

 

Nous sommes essentiellement centrés sur des actions collectives qui rendent possible certaines choses et mettent en évidence que le collectif est une force et une richesse. Nous construisons avec les familles des projets qui répondent à des besoins, des envies, qui règlent des problèmes concrets. Ces actions collectives sont l’occasion de développer pleins de savoirs et surtout mettent en évidence des savoirs qui ne sont pris en compte nulle part. Ensemble on sort de l’impuissance.

On peut dire alors, vous connaissez les familles de Tarentaize?

Ah oui, ces parents qui s’impliquent dans la démarche « 1001 Territoires, pour la réussite de tous les enfants à l’école », ces parents qui organisent des diaporamas pour les rencontres pays d’origine, ces parents qui organisent des soupes qu’ils offrent sur l’espace public pour manifester leur position face à certains évènements qui traversent la société, ces parents qui participent à l’animation d’une rue en ouvrant un salon de thé, dans le cadre de la Biennale….

 

Nous cherchons les moyens d’exercer de façon effective notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants. Et nous nous efforçons de nous engager, avec les acteurs volontaires de l’action éducative, pour construire, avec les parents, une communauté éducative, à l’échelle du quartier. Où chacun se sent responsable, impliqué, à égalité

Nous encourageons les enfants à partir des conseils qui ont lieu chaque semaine, de devenir partie prenante de nos temps de rencontre, en les accompagnants dans leurs projets pour qu’ils puissent aboutir.

Les enfants s’investissent et s’engagent pour des projets qui font sens pour eux.

Nous nous centrons sur des modes d’expression artistique (Atelier Théâtre, Atelier écriture, Atelier peinture, Atelier paperolle….)

 

Nous recherchons des modes de manifestation pour mettre en valeur toutes ces productions. On peut dire aujourd’hui: vous connaissez les enfants de Tarentaize? Ah oui, ceux qui ont réalisé l’exposition de peinture à l’amicale de Chapelon, ceux qui ont décoré la librairie croque’linotte avec des origamis, ceux qui ont animé des ateliers paperolles dans le cadre de la fête du livre, ceux qui ont réalisé une émission de radio….

 

Depuis 3 ans, nous avons développé un partenariat avec le centre social du Babet et la médiathèque du quartier, des actions qui concernent nos différentes structures se sont développées. Et nous avons ensemble l’occasion de proposer des débats.

 

 

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« LA SOUPE DE L’AMITIE »: « Tous humains, tous différents… Allons à la rencontre de l’autre … Partageons la même soupe ».

Environ 150 personnes nous ont rejoint durant ce temps de partage..

Nous avons décidé d’organiser cette soupe suite à l’attentat contre Charlie Hebdo pour faire la démonstration qu’il est possible et heureux de construire des choses tous ensemble et de pouvoir faire société commune. Nous sommes contre les amalgames et la stigmatisation des musulmans engendrés par les médias.

Cette décision collective a été le fruit de nombreux débats entre les membres de l’association, à l’occasion du café des femmes. De nombreuses familles avaient du mal à se positionner par rapport à cet évènement. Elles voulaient affirmer qu’elles s’indignaient face à la violence de cet attentat mais qu’elles étaient également contre les caricatures dessinées par le journal de Charlie Hebdo, vécues comme un blasphème envers le prophète.

Des associations amies se sont joint à ce projet : Vivre à Beaubrun, Les Moyens du Bord, Globe 42, le centre social du Babet.

Nous avons tracté devant les écoles du quartier, pour annoncer cet évènement. Beaucoup de familles ont été touchées par la démarche qui a permis de parler d’un sujet tabou sur le quartier. Tous les petits commerces contactés ont réagit également de façon positive à cette invitation.

Des amis musiciens étaient venus manifester leur solidarité. Ils ont apportés ainsi un petit air de fête à ce rassemblement, car il y a de quoi se réjouir aujourd’hui de tout ce que nous savons construire ensemble, dans nos diversités, dans ce contexte sociale très fragile et éprouvant pour beaucoup.

Avant le partage de la soupe, nous avons expliqué les raisons de ce rassemblement:

Il nous a fallu tout ce temps non pas pour réagir au drame de Charlie hebdo. Sans hésitation, notre solidarité est allée à tous les journalistes, salariés, policiers, victimes de cette tragédie. Mais aujourd’hui, nous voulons dire que nous refusons qu’au nom de cette tragédie, se développent des propos et des politiques de stigmatisation vis-à-vis de toute une partie des familles des quartiers populaires

Ce qui nous a également profondément affectés, scandalisés, et beaucoup inquiétés, dans l’affaire de Charlie, c’est la réponse de l’état qui a été essentiellement sécuritaire. On croise aujourd’hui des militaires dans les gares, dans les grandes surfaces, dans certains quartiers. Des enfants ont été convoqués au commissariat parce qu’ils disaient qu’ils n’étaient pas Charlie, plusieurs adultes ont été emprisonnés pour les mêmes raisons.

De nombreux indicateurs manifestent un peu partout un profond mal être sociale qui s’aggrave. Il faut des réponses à la hauteur de la gravité de la situation.

Et nous savons tous aujourd’hui ce qui fait le lit de la violence. Une violence qui répond à une autre violence : la pauvreté d’un nombre toujours plus important de

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Terrain d’entente, c’est ça…

Le témoignage de Fyala sur le « café des femmes »…
lundi 20 février 2017, par Lucile Paysant

 Ce témoignage a été recueilli par Lucile Paysant, comédienne, et mis en voix lors du colloque « pédagogie sociale » sur Stanislaw Tomkiewicz en novembre à Paris. 

-  Alors, je sais pas, est-ce que tu veux te présenter ?

D’accord je me présente, je m’appelle Fyala, je suis maman de cinq petits enfants dont une c’est une petite mais en premier quand j’ai connu « Terrain d’entente » j’avais seulement quatre enfants. Je venais de venir d’Algérie en 2014. Je connaissais personne et mes enfants avaient des difficultés à faire des amitiés, des connaissances avec des jeunes garçons tout ça. Et en allant sur le terrain (j’allais au parc seulement pour que mes gosses s’amusent) là y’avait « Terrain d’entente » que je connaissais pas du tout. Et je voyais des personnes avec des grandes caisses rouges et des enfants tout autour en train de jouer. Et moi je me demandais : « Mais qui est-ce ces gens-là… ? » . Et je n’arrivais pas, ni à comprendre, ni à expliquer qui était vraiment « Terrain d’entente ». Et c’est là qu’un jour j’ai remarqué une fille qui était avec « Terrain d’entente », des fois elle était sur le terrain, des fois à la bibliothèque, elle racontait des histoires, elle s’occupait des petits et c’est là que je me suis approchée d’elle et je lui ai dit : « Mais qui vous êtes ? … Je vous vois mais je comprends pas … vous êtes qui ? Une association ou quelque chose comme ça ? »
Là elle m’a raconté en deux trois mots, qui était « Terrain d’entente » et elle m’a invité à les rejoindre sur le terrain les samedis et les mercredis après-midi. Et puis il y avait aussi un « Café des femmes ». Alors j’étais très contente pour mes gosses avant d’être contente pour moi ; et puis le mercredi après-midi j’ai emmené toute la famille sur le terrain et j’ai fait connaissance, Josiane qui s’est approchée, m’a fait la bise, m’a parlé de Terrain d’entente, après aussi Claire, et ça m’a fait très plaisir parce que moi aussi j’étais seule sur Saint-Etienne, j’avais ni parents, ni famille, ni rien. Et c’était pour moi une rencontre d’une nouvelle famille. Pour moi et pour mes enfants. C’est comme ça que j’ai fait la connaissance de Terrain d’entente.

Cliquer sur la photo pour l’agrandir
Les 26, 27 et 28 janvier, des enfants de Terrain d’entente, des enfants du quartier de Tardy, des adultes amateurs et des membres du collectif X se sont rassemblés pour raconter ensemble, d’une même voix, l’histoire des péripéties d’Ulysse et ses marins dans une Odyssée revisitée par (la plume d’) Agnès D’Halluin. Deux heures et demi d’aventures, de chants, d’impro, de jeu pour traverser ce récit avec les spectateurs. Ci-dessus « le chant des sirènes » chanté par tous les marins, dont ceux de Beaubrun-Tarentaize, pour faire face aux envoûtements des Sirènes… Photo : Anne Pellois.

-  D’accord, et du coup tu allais au Café des femmes ensuite ?

Ensuite la semaine qui est suivante elle-même je suis partie au Café des Femmes, et là j’ai fait la rencontre des « mamans ». C’était des dames comme moi, qui portaient le foulard, qui venaient aussi du pays, qui avait aussi le mal du pays. Et là ça m’a plu. J’ai fait des connaissances de beaucoup de femmes, on a parlé ensemble et on est devenues des amies. Maintenant on se voit dehors, on se connait tu vois on est une même famille maintenant c’est sûr. Saint-Etienne on a notre propre petite famille. Nous sommes des gens sans famille, on a quitté le pays avec les familles, avec les parents, avec les sœurs et frères et on s’est retrouvés dans un pays tous seuls.

-   Et comment tu présenterais le principe de ce café à des gens qui connaissent pas ?

En tous cas ce café là pour moi il forme une puissance quand on est tous ensemble. On partage beaucoup de choses ensemble. On partage surtout nos joies ensemble, nos peines, si on veut on se confie, entre nous, mais des fois par exemple si y’a quelqu’un qui est malade, je sais pas moi, on lui trouve des remèdes… Tu vois c’est vraiment une belle chose le café des femmes, moi en tous cas ça me fait beaucoup de bien. Ça permet de boucher un trou vide qui était en moi. J’avais vraiment en moi. J’avais un grand vide. Pas de famille… ça m’a rempli ce vide-là. Ça me l’a rempli. C’est pour ça que maintenant c’est un manque pour moi d’être éloignée comme ça. Je me rappelle que Claire elle pleurait quand je lui ai dit que je déménageais, parce qu’elle disait : « C’est fini, tu pourras plus venir, c’est trop loin, c’est trop loin, t’auras un bébé » tout ça. Mais moi je comprenais pas, je disais : « Mais non, je serai là ! Je serai là ! » Et maintenant je suis un petit peu éloignée, ça fait du mal mais j’essaie de revenir et de respirer « hhhhhhhumm… » comme si un poisson qu’on remettait dans l’eau. Mais je suis sûre que ça va continuer le « Café des femmes » en tous cas pour moi. J’espère que ça va continuer, parce qu’on évolue, toutes ensemble, on va voir que y’a une idée, quelqu’un pense à quelque chose , et on est tous de notre force pour réaliser cette chose-là.
Et c’est bien pour nous. Pour des dames. Des dames. Parce qu’on est toujours en silence nous. On essaye …. Même si on pense des choses, on pense au fond de nous. On essaye pas vraiment de l’ « éclorer ». Le « Café des femmes » lui il nous permet de « éclorer » nos pensées, nos idées. Par exemple, on va vouloir faire quelque chose, eh ben on arrive à le faire, tous ensemble, main dans la main et ça, ça fait beaucoup de bien. On réalise des choses ensemble. Ça c’est bien ça. Ça fait du bien. Ça, ça me fait beaucoup de bien.

-  Oui ça se voit ! Et c’est quoi les projets que tu retiens, qui ont été construits tous ensemble dans le « Café des femmes » depuis que tu y es ?

Deux choses vraiment qui m’ont touchée dans le « Café des femmes » qu’on a réalisé ensemble : c’ était « la soupe de l’amitié » . C’était à cause de l’attentat de « Charlie hebdo » et on se sentait mal, nous, les dames qui sortent en foulard. On se sentait mal parce que c’est comme si on portait notre religion comme ça là (mime d’un plateau) alors que nous on y est pour rien… Y’a même une dame qui voulait plus sortir. Elle voyait les gens la regarder mal et tout ça. Et y’a eu Josiane qui m’en a parlé à moi la première, elle m’a dit regarde les dames… – « Est-ce que c’est pour les religions qu’on fait ça ? » elle a dit : « Non c’est pas pour les religions, c’est pour dire à tout le monde que même si on a certains notre religion, on peut vivre ensemble. » A cause de ces attentats du centre-ville, on va faire une grande soupe d’amitié, l’offrir à tout le monde et on va parler de ce qu’on pense, de tout ça. Et la soupe elle a vraiment réussi. Y’a eu beaucoup de gens. C’est passé dans le journal. Ce jour-là m’a touché à moi. J’ai senti qu’on avait réalisé quelque chose. On avait parlé de quelque chose.
Et la deuxième chose aussi qu’on a réalisé c’était pour la Palestine. De cotiser pour la Palestine. De parler de leur souffrance, qu’il fallait faire quelque chose, main dans la main. Et on a tenu un « p’tit truc » ensemble : on a préparé des gâteaux, tout ça, on les a vendu à des prix symboliques, mais on a pu ramasser une petite somme d’argent pour l’offrir à l’association BDS*. Et on s’amuse aussi d’un autre côté, on a fait deux coups ?… « D’une pierre deux coups » ! D’un côté on s’est bien amusé, nous les dames on a fait du foot. Des dames de plus de 40 ans en train de courir derrière une balle (rires) ! ! Et les gens qui nous regardent, et on a tout laissé derrière nous, on se voyait même pas comme on était ! Et aussi on a cotisé. On a donné de nous. Pour cette cause-là. Main dans la main. On s’est bien amusé et on a cotisé de l’autre. Ça c’est ce qui m’a plu.

Y’a aussi un autre côté dans le « Café des femmes », il réalise des hammams aux dames, des sorties, et d’autres choses. Moi, pour moi avec ma famille sur le dos, mes enfants tous petits, ça m’intéresse pas vraiment. Tu vois pour moi hein. Les autres ça leur intéresse parce qu’ils sont coincés ici, ce sont des familles qui n’ont pas de papiers, ils peuvent pas retourner maintenant voir leur père leur famille tout ça, et faire des vacances, offrir des vacances à leurs enfants tout ça, et grâce à ces sorties-là eux ils se sentent bien. Ils font des sorties, ils vont au bord de l’eau, ils font des pique-niques. C’est aussi un manque qui est en eux. Et ce côté-là … moi maintenant avec mon petit et tout ça, je peux me priver de ça. Ce côté-là. Mais ce que je peux pas me priver, c’est : le « Café des femmes » ! Mon petit café devant moi ! Ou alors…de faire des choses pour l’humanité.
Et ce qui touche beaucoup. Tu vois, moi je suis suivie au Conseil général, et ils me demandent toujours « Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? » Alors moi je dis : « Moi je suis une mère au foyer, mais je suis dans une association, on fait des trucs ensemble. » Alors il me regarde il me dit : « Une association euh… musulmane madame.. ? » Je dis : « Pas du tout ! ! Une association où il y a toutes les religions, où se sont même des français qui la tiennent. » Le gars il en revenait pas. Il croyait peut-être qu’une femme comme moi elle ne pourrait pas faire autre chose avec des autres gens. Peut-être lui il peut pas imaginer qu’on peut faire malgré tout, et c’est ça qu’est-ce qu’il nous offre le « Café des femmes » et « Terrain d’entente ». C’est que malgré notre couleur, notre religion, notre âge et tout, on peut faire beaucoup d’choses ensemble. Et on se sent bien. On se sent ni rejeté ni…
Tu vois aussi par exemple : tellement que la vie est dure et tout, les gens ils aiment bien quand c’est tout gratuit. Ça donne envie aux gens de venir là parce que c’est gratuit, parce que les gens maintenant ils souffrent avec la crise du travail.
On a tous de l’argent, de quoi manger. Mais on peut pas tout se permettre. « Terrain d’entente » il permet des sorties, du hammam. Y’a beaucoup de dames parce qu’ils ont pas vraiment les moyens. Et du coup il y en a de plus en plus et ça aussi c’est bien. C’est surtout bien pour les gens qui n’ont pas vraiment les moyens. Ça aussi ça me plait dans le « Café des femmes » faut rien payer, c’est gratuit. Quand notre soupe était gratuit les gens n’en revenaient pas. Après ils disaient : « Alors, alors, combien je mets ? » – « Gratuit ! ! Gratuit ! ! » Et après ils disaient : « Non, non, je veux mettre quelque chose ». Par exemple, ils demandaient si y’avait une caisse. Y’avait pas de caisse, c’est gratuit. C’est ça, ça touche aussi tu sais ça. Cette gratuité là, ça me touche moi. Moi j’aime aussi les choses peuvent être gratuites. Pourquoi toujours avec l’argent là comme ça ? Ça aussi ça me plait. Dans cette association. Ca me plait. Moi dans les autres associations qui ont connues mes idées tout ça, ils me demandent de rentrer dans leur association mais moi je dis : « Non, c’est celle-là et j’y reste. » Ils disent : « Si si » Je dis : « Non non ! »

 

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