Rapport d’activité Terrain d’entente 2018

Rapport d’activité, Rapport moral de L’AG de Terrain d’Entente samedi 5 Mai 2018

Notre démarche
Nous sommes présents sur le quartier Beaubrun/Tarentaize depuis Avril 2011. Nous sommes engagés dans une démarche d’éducation populaire qui se réfère à la pédagogie sociale. C’est une pédagogie engagée, une pédagogie de l’action.
Nous cherchons à transformer, avec ceux qui sont concernés, ce qui est inacceptable: l’exclusion de tous les secteurs sociaux, économiques, politiques et culturels des familles les plus pauvres. C’est un problème de société qui nous concerne tous, le fait que des familles soient oubliées des structures qui sont censées accueillir tout le monde et soient privées de toute participation citoyenne.

Nous traversons une période très difficile. Le travail est devenu très précaire, les rémunérations sont insuffisantes pour assurer les besoins essentiels, ceux qui ont un travail le vivent dans des conditions indignes. Nous connaissons beaucoup de femmes de ménages qui à 35 ans, deviennent peu à peu invalides. Toutes celles qui ont tentées de développer une activité autonomes, ouvrir une petite boutique, un salon de thé, ont été découragées, empêchées. Les services publics sont de moins en moins accessibles, les démarches administratives sont épuisantes, les gens renoncent à faire valoir des droits. Beaucoup d’enfants ont très peu accès aux loisirs, au sport, très peu partent en vacances chaque année. Et nous voulons justement, que tous les enfants puissent bénéficier de tous ces espaces qui sont source d’épanouissement, pour permettre à chacun d’entre eux de se réaliser au mieux de leur potentiel.

Nous proposons des ateliers de rue tout au long de l’année, et bien d’autres choses qui se sont développées à partir des besoins et des envies manifestés. Notre accueil libre, inconditionnel et gratuit.
Un accueil libre, où l’on vient quand on veut, et l’on part quand on veut. C’est le respect du temps des personnes qui nous rejoignent quand c’est utile et possible pour elles.
Un accueil inconditionnel, pour tout le monde. Notre collectif organise ces rencontres à partir du multi âge et du multiculturel.
Le statut très fragile de notre association, nécessite l’implication de chacun pour agir, penser, comprendre la réalité et que les projets puissent aboutir.
Une forte relation de confiance et de reconnaissance réciproque s’est construite entre nous. Les liens s’approfondissent avec beaucoup. On estime ensemble que nous avons dépassé le stade de la relation classique au sein d’une association, avec des « responsables » et des « adhérents ». Beaucoup disent, « nous sommes comme une famille ». Fathia disait dernièrement que nous avons dépassé le stade de l’association. Nous comptons les uns pour les autres, nous pouvons compter sur les ressources des uns et des autres pour développer ce qui nous parait utile et nécessaire.
Nous avons développé une histoire commune, des centres d’intérêt communs, notamment le bien être des enfants. Fyala dit qu’à Terrain d’Entente, les enfants sont rois!
Nous affirmons d’ailleurs que nous sommes collectivement responsables de l’éducation et la protection des enfants. Toutes ces années nous avons tenté de nous engager avec les structures du quartier pour construire une communauté éducative où chacun se sent impliqué, responsable à égalité. Dans ce contexte, aujourd’hui nous pouvons compter sur de nombreuses familles du quartier. Toutes les actions que nous menons à bien se construisent avec la participation active d’adultes et d’enfants de plus en plus nombreux.
L’Amicale de Tardy qui nous ouvre grand ses portes, les Moyens du Bord avec lesquels nous développons différents projets, La ferme des Fromentaux, Intercosmos pour les vacances, le club « sport autrement » qui reçoit plusieurs jeunes du quartier, « les cris du quartier » qui rassemble chaque année différents collectifs pour organiser une grande fête populaire pour le 14 Juillet, et tous ces amis sur lesquels on peut compter chaque fois que nécessaire.

Nous avons un bel héritage dans les acteurs de la pédagogie sociale: Yanus Korczak avec la république des enfants, qui a construit plusieurs orphelinats, dans le ghetto de Varsovie, Célestin Freinet qui recherché un mode d’organisation avec les enfants de façon à ce qu’ils apprennent à coopérer, à participer concrètement aux apprentissages, pour devenir des citoyens qui s’impliquent dans la société.
Les actions collectives permettent de régler des problèmes concrets, rendent possible certaines choses. Elles mettent en évidence que le collectif est une force et une richesse. Elles sont l’occasion de développer pleins de savoirs et surtout mettent en évidence des savoirs qui ne sont pris en compte nulle part. Ensemble on sort de l’impuissance. Nous retrouvons le sens, l’envie et l’énergie de réaliser certaines choses.

Nos actions pérennes
Depuis 7 ans, nous poursuivons les ateliers de rue, (tous les mercredis et samedis, et les mardis et vendredis pendant les vacances scolaires),.A partir de cet espace, nous organisons de plus en plus régulièrement, avec les enfants, différentes sorties, à leur initiative. (Piscine, randonnée, cinéma, théâtre, lecture à la librairie Croquelinottes, prochainement atelier bricolage avec le CREFAD)
La garde des bébés le Mardi après midi et le café des femmes le vendredi après midi dans les locaux mis à disposition par le Babet.

Les ateliers beauté et bien-être :
Avec les adultes, nous avons mis l’accent cette année, sur les ateliers beauté, bien être et les sorties au Hammam. « Le hammam, on le reporte tout le temps ». Ces femmes ont très peu d’occasion pour prendre soin d’elles. Il y a des choses plus vitales à tenir pour essayer de construire un quotidien acceptable. Le quotidien est envahi de toutes ces contraintes qui se répètent encore et toujours. Ces temps que l’on consacre à soi même et aux autres nous paraissent de plus en plus essentiels.
Aller au hammam, prendre ce temps là pour soi et avec les autres, pour prendre soin de soi et des autres, pour se rappeler qu’on a de la valeur et que chacun en a. Une petite exception dans le quotidien, un petit changement, un peu d’énergie retrouvée, et le regard qui change sur soi même, change sur ce qui nous entoure, change sur ce que nous ressentons comme possible. Nous retrouvons le sens, l’envie et l’énergie de construire avec d’autres.
Les ateliers beauté, coiffure, maquillage, épilation, coloration, sont entièrement pris en charge par les adhérentes. Chacune participe aux frais, apporte le matériel nécessaire, consciente de la fragilité financière de notre association et volontaire pour apporter sa contribution de façon à la rendre pérenne.
Latifa, masseuse, reflexologue et aromathérapeute, propose des séances de massage une fois par mois.

Ateliers cuisine sur le terrain :
En plus des ateliers cuisine que nous réalisons régulièrement avec les enfants sur le terrain, nous avons organisé 3 après midi « galettes » cuites au feu de bois, sur le terrain. A partir d’un foyer réalisé par les enfants. Les mères ont entièrement pris en charge la cuisine, l’achat des denrées, les ustensiles de cuisine.

Accès aux droits :
Nous insistons sur l’accès aux droits. Nous avons pu construire un partenariat avec Akima Zellag, qui est médiatrice santé sur le quartier et une AS de la sécurité sociale sur les problèmes de santé au travail. Les femmes qui travaillent sont, pour la plupart, femmes de ménages. Leur corps est véritablement malmené par des conditions de travail indigne, beaucoup développent des troubles musculo-squelettiques invalidants. D’autres rendez vous sont prévus, notamment un bilan de santé.

Avec les adolescents :
Les ados deviennent beaucoup plus partie prenante dans nos actions.
Plusieurs ont participé à l’organisation des tournois.
Nous avons pu organiser une grande fête d’halloween au parc Courriot avec plusieurs jeunes, qui ont fait preuve d’une grande créativité. Certains viennent nous prêter main forte pour l’aide aux devoirs.
8 se sont organisés pour être admissibles au Fond de Participation des Habitants, en rédigeant un dossier et en participant à une commission. Ils ont pu récolter une somme d’argent qui a contribué largement au coût d’un séjour à la Ferme des fromentaux à Retournac, pendant les vacances de printemps.
Plusieurs ont participé à un atelier RAP, durant plusieurs mois, trois d’entre eux réalisé un enregistrement.

Ateliers théâtre :
L’atelier Théâtre s’est poursuivi cette année sur des temps d’immersion d’une semaine sur chacune des trois périodes de vacances scolaires, animé par une comédienne, accompagnée par un membre de l’équipe. Le dernier jour, une représentation a été proposée aux familles concernées. Nous avons pu apprécier l’évolution de la qualité artistique et de la créativité de chacun. Nous sommes chaque fois accueillis très chaleureusement à l’Amicale de Tardy qui met à disposition ses locaux durant tous ces jours de travail théâtrale.

Lien avec « les cris du quartier »
Nous participons au bal populaire du 14 Juillet que ce collectif propose depuis quelques années. Nous avons été sensibles à cette invitation qui rassemble plusieurs associations qui interviennent dans différents quartiers. Toutes développent des démarches d’éducation populaire et réalisent des actions culturelles, sportives, citoyennes qui s’adressent à tous. Tout un réseau se développe pour mutualiser et enrichir les initiatives de chacun. Une journée de fête ouverte à tous, où chacun apporte sa contribution.

Ateliers paperolles:
Chloé qui est restée 9 mois parmi nous et qui avait de grands talents artistiques,nous a initié à l’art de rouler le papier. Nous nous efforçons de multiplier les activités artistiques et créatives. De nombreux enfants ont su manifester de véritables talents en réalisant des tableaux en relief d’une grande diversité.
Nous avons pu animer 3 ateliers place Jean Jaurès dans le cadre de la fête du livre, avec 4 enfants qui prenaient en charge l’atelier auprès d’enfants volontaires.
Action1001Territoires L’action « 1001 territoires pour la réussite de tous les enfants à l’école », s’est développée dans différentes régions, avec la volonté de jouer un rôle dans la réduction des inégalités à l’école. Divers études ont mis en évidence le rôle essentiel des parents dans la lutte contre l’échec scolaire. Un des enjeux majeurs est d’aider l’enfant à vivre la différence entre sa culture familiale et la culture scolaire, sur le mode de la complémentarité. Si l’enfant est tiraillé entre deux référents forts, ses parents et son enseignant, il est difficile pour lui de s’investir sereinement dans les apprentissages. Il y a également des problèmes qui dépassent les murs de l’école ( les questions de précarité, des condition de logement qui ont des incidences sur le bien être des enfants, leur disponibilité) les enseignants ne peuvent pas faire la classe sans se soucier de la réalité de ce que vivent les enfants.
1001 Territoires, sur le quartier Beaubrun/Tarentaize, existe depuis Avril 2016, avec le Babet, le DRE, la responsable du REP. Plusieurs mères de familles se sont mobilisées. Elles ont su nommer des difficultés de compréhension et de communication avec les enseignants, elles ont fait différentes propositions et elles ont manifesté une grande volonté à collaborer avec l’école.
Pour aller plus loin dans ce travail d’ouverture de l’école sur la réalité du quartier, pour rendre les parents plus acteurs de la scolarité de leurs enfants, Terrain d’Entente a invité Catherine Hurtig Delattre en Octobre 2017. Elle a réalisé un remarquable travail pour construire différentes occasions de rencontres et d’échanges avec les parents. Elle est l’auteur du livre « la co éducation à l’école c’est possible » A l’école, l’enjeu est le rapport au savoir. L’enfant n’apprend pas qu’à l’école. Il est important d’éviter de construire une barrière entre le savoir formel de l’école et le savoir informel de la famille. L’enfant ne réussira à l’école que s’il sait faire des liens entre ce qu’il apprend dans les différentes sphères de sa vie. En différentiant les espaces, les temps, les lieux de rencontre et de concertation avec les familles, l’opportunité est donnée d’améliorer l’accès de l’un à l’autre. La prise en compte des attentes et des difficultés des parents est un facteur important de leur implication.
Le droit aux vacances :
Le collectif « vacances pour tous » vient de se constituer, à l’initiative de Terrain d’Entente, avec: Inter Cosmos, Les moyens du Bord, La Ferme des Fromentaux,des membres de l’accueil paysan, de JPA, des sympathisants.
De plus en plus de familles ne partent pas en vacances. Il est temps que nous reconsidérions le droit aux vacances comme un enjeu social.
Les vacances sont une nécessité tant individuelle que collective. Partir permet de sortir de son milieu d’origine et favorise le vivre-ensemble. Les vacances améliorent la qualité de vie familiale, les relations parents-enfants ainsi que la santé ! Elles ont un impact positif sur le développement social et permettent de développer de nouveaux apprentissages. (extrait de la campagne « en vacances » de la JPA)
Nous avons sollicité le master alter ville, pour une étude universitaire sur la possibilité d’envisager des vacances qui s’émancipent de ces normes pesantes imposées. Un travail de recherche est envisageable dès l’année scolaire 2018/2019.
Nous avons maintenu l’été dernier: les sorties au bord de l’eau les mercredis, plusieurs rencontres au jardin de Bel Air, avec un mode d’organisation de plus en plus collectif. Les mères ont préparé un repas cuit au feu de bois, d’autres, avec des membres des Moyens du Bord et les enfants, ont pu profiter du magnifique parc des 6 Soleils. Une semaine de vacances en famille, à la Ferme des fromentaux à Retournac.

Pour l’été à venir, nous allons maintenir toutes ces sorties et organiser aussi les vacances avec les Moyens du Bord et Inter cosmos qui met un grand domaine à disposition des associations adhérentes. Un autre lieu se profil à côté de Chambles au lieu dit « le foin ». Nous espérons trouver un financement pour accompagner d’autres ados à la Ferme des Fromentaux au mois d’Aout.

Projet de fête des voisins en mai ou juin 2018 :
Plusieurs adhérentes se mobilisent pour faire une demande de Fond de Participation des Habitants pour organiser une belle fête des voisins, multi age et intergénérationnelle, afin de faire la connaissance de toutes ces nouvelles familles qui se sont installées sur le quartier tout au long de cette année.

Projet de livre :
Nous réalisons un livre pour parler des relations qui se développent au sein de notre collectif, et de ce que nous construisons pour apporter du changement dans notre quotidien, pour améliorer nos existences. « Un collectif émancipateur, source de transformations sociales ». Beaucoup d’adultes ont déjà témoigné de leur parcours de vie et de leur rencontre avec notre collectif. Nous cherchons à comprendre en quoi ces liens produisent pour eux des changements, en quoi chacun apporte sa contribution pour enrichir ce que nous développons. Nous sommes aidés dans ce travail par Jean Marie Bataille qui est responsable d’une maison d’édition à Paris.

Un local
Et enfin, il nous faut acquérir un local qui va nous permettre de développer toutes nos activités, en direction des adultes, des enfants, des adolescents. Nous pourrons également nous ouvrir plus à ce qui se passe dans la ville et y apporter notre contribution.
Suite à notre encourageante expérience d’ouverture d’un salon de thé éphémère durant la biennale du design en Avril 2017, quelques adhérentes souhaitent ouvrir un salon de thé, elles pourront ainsi tenter l’expérience sans risque financier. Nous souhaitons également proposer des plats à emporter, organiser régulièrement des rencontres festives, artistiques, des débats.

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