Echanges suite à la restitution de la parole des parents d’élèves
Les dispositifs d’ouverture de l’école qui ont été cités sont pour tous et la satisfaction a été exprimée en premier. Les témoignages de difficulté sont individuels et n’annulent pas les bénéfices des démarches ni un climat positif général.
Des parents sont conscients de la tâche des enseignants, certains souhaitent participer aux efforts à tenir.
Les difficultés de communication sont essentiellement dues à une mauvaise compréhension et difficulté d’identification des contraintes des uns et des autres. (logistique de l’école/ difficultés intra familiales) qui provoquent un sentiment de décalage.
Nous déplorons l’évolution du cadre scolaire avec de plus en plus de contraintes, des moyens qui se réduisent sans cesse.
Il nous faut donc réinventer d’autres chemins sans modifier les objectifs d’une école publique pour tous les publics.
Le métier d’enseignant reste sacralisé, avec le sentiment que l’enseignant a le pouvoir. « L’école est un lieu de savoir et c’est l’enseignant qui sait » Les parents en difficulté ne se sentent pas autorisés à aller lui parler.
Problème de la projection personnelle du vécu scolaire des parents, qui provoque crainte inquiétude pour l’enfant et des tensions envers l’enseignant. Les manifestations de cette souffrance peuvent être ressenties comme une agression. Un cap difficile à passer qui demande de la patience et de l’attention de la part des enseignants. Le décalage peut être important entre ce qui est demandé par l’école et ce qui se vit dans les familles. Certaines familles sont trop éloignées du cadre de vie scolaire.
Comment mobiliser davantage les autres membres de la communauté éducative qui peuvent intervenir comme tiers, prendre le relais?
Rappel des objectifs de la co éducation:
– trouver des moyens de communication adaptés face à une population en grande difficulté sociale. La précarité, est un vécu de peurs. La peur que demain soit pire, le sentiment d’un avenir indépassable, des préoccupation quotidiennes multiples et parfois insolubles.
L’enfant ne réussira à l’école que s’il sait faire des liens entre ses différents espaces de vie, entre sa culture familiale et le milieu scolaire. L’école est responsable de l’apprentissage de ces liens. Nécessité d’une approche globale de l’enfant dans son environnement familial et social
– Apprendre à communiquer lorsqu’on est d’horizons très différents. Se défaire de nos certitudes sur la bonne manière d’éduquer les enfants. C’est une ouverture qui transforme nos manières de voir le monde.
– Cohérence entre les différents temps éducatifs (école, maison, périscolaire…) qui favorise de meilleures conditions d’apprentissage
– faire face à l’évolution des objectifs de l’école: Passage d’un modèle très cloisonné à des modèles plus perméables pour permettre à chaque enfant de devenir un citoyen éclairé pour trouver sa place dans la société et contribuer à son amélioration
Définition de la co éducation: nos mots
Richesse des différences
Eduquer ensemble, Objectifs communs
Partage, confiance, Ecoute, Dialogue, Rencontre, Echange,
Equilibre entre les différentes compétences
S’entendre sur les grands principes de l’éducation
La co éducation: Une relation de mutualisation entre les éducateurs dits premiers que sont les parents et les éducateurs qui agissent en parallèle et successivement.
Considérer les parents comme de véritables interlocuteurs éducatifs.
3 Principes: parité d’estime
principe de coopération (faire oeuvre commune)
explicitation du cadre de l’école
Définition des modèles de relation école/famille/commune
L’école publique navigue entre le modèle cloisonné et la co éducation. Pour certains enfants on s’adapte aux difficultés manifestées et on se rapproche de la co éducation par un effort de compréhension de leur cadre de vie.
Modèle cloisonné: L’école ne cherche pas à collaborer avec les familles. Elle les informe du cadre mis en place, et les familles doivent se plier à ce cadre. Seul « l’élève » va concerner l’école, sur ses apprentissages, son comportement scolaire dans le temps de l’école
Modèle « co éducatif« : Notion d’intérêt de l’enfant indique des modalités de collaboration où les deux parties vont faire effort pour se connaître, se comprendre, gérer leur différence de point de vue. L’école va se préoccuper du conflit de loyauté . Volonté de prendre en compte tous les aspects de la vie de l’enfant et de différentier les réponses. Son rythme de vie est pris en compte à travers les liens entre le monde scolaire et péri scolaire.
Modèle co-gestionnaire: Parents et enseignants co construisent un projet pédagogique et éducatif scolaire. Parents partie prenante du fonctionnement de l’école
Modèle fusionnel: Parents et enseignants recherchent une hyper cohérence des principes éducatifs. Il existe aussi des associations de parents qui déscolarisent leurs enfants
Objectif essentiel: construire une meilleure compréhension commune. Besoin de tous les membres de la communauté éducative en appui de cet effort.
Est ce que c’est énergivore? C’est plutôt un gain dans tous les exemples évoqués
Les constats:
– Le fossé entre le primaire et le secondaire est immense. Le cloisonnement entre les établissements est tel que le collège ne mesure pas les efforts importants des écoles pour tenter de soutenir les élèves les plus fragiles qui arrivent malgré tout au collège avec des carences importantes. Au collège les parents ne se sentent pas pris en compte par l’équipe enseignante. Pour construire un climat de co éducation la présence du collège est nécessaire.
– On déplore le manque de moyens sur les prises ne charge spécifiques: les délais d’accueil au CMPP sont toujours plus long, idem chez l’orthophoniste. Le RASED est voué à disparaître Les difficultés s’aggravent pour ces enfants qui ne bénéficient pas des soins adaptés. L’éducation nationale a de moins en moins de solutions à disposition des enseignants. – Avec cette injonction d’école inclusive, les classes se doivent d’accueillir des enfants qui relèvent d’établissement spécialisés.
Des pistes de solution:
– Adultes relais un travail rémunéré, avec une formation pour des habitantes du quartier qui accompagnent les démarches des familles, assurent la traduction, font le relais entre l’école, les familles, et les autres institutions. Il est peut être possible de relancer la Mairie pour renouveler ces postes. Certains parents délégués sont réellement des personnes ressources pour l’école, elles donnent énormément de façon bénévole et finissent pas s’épuiser.
– Renforcer le travail avec les asso, les clubs sportifs de quartier, et prévoir des temps réguliers de rencontres. Le PRE assure le lien avec le milieu associatif, il peut être un partenaire ressource pour organiser ces rencontres.
– L’organisation du temps périscolaire a mis la priorité sur le pôle culturel et sportif. Les devoirs ne sont plus assurés à l’école. On pourrait imaginer le temps périscolaire avec la présence de parents, et organiser des ateliers de façon à leur permettre de mieux être outillés sur la façon d’aider les enfants à la maison pour favoriser les apprentissages.
– Décalage considérable pour les familles quand les enfants arrivent au collège qui donne chaque jour des devoirs à faire à la maison.
On pourrait s’appuyer sur ce qui existe comme passerelle sur le pôle petite enfance, entre la crèche et l’école maternelle, pour imaginer également des passerelles entre le primaire et le secondaire.
– Cloisonnements à l’intérieur même de chaque école. Les équipes du périscolaires n’ont pas de lien de travail avec les enseignants. Il faudrait les intégrer aux réunions de pré rentrée. La présence des Atsem, des AVS serait également bénéfique.
– Les projets de groupe de travail mis en place cette année concernent tout le cycle des apprentissages, de la maternelle au collège. Ils vont permettre de casser ces cloisonnements.
– Le coordonnateur REP est censé assurer tous ces liens. Ce poste est actuellement très réduit en temps et dans ses missions. Il faudrait ré envisager cette fonction indispensable.
Les ressources:
Les écoles du Chambon sont toutes en REP ce qui attribue à chaque école des moyens supplémentaires, notamment le dédoublement des classes CP/CE1. Ce dispositif marche. Le travail quotidien est considérablement amélioré, il permet une individualisation des apprentissages, d’être plus serein dans sa classe, de diminuer les crispation avec les élèves « difficiles ». Les parents sont satisfaits, rassurés, la relation avec eux s’améliore nettement.
Il y a nécessité à se remettre en question dans notre façon d’aborder les familles. On peut parfois porter un regard méprisant sur certaines familles sans connaitre leur histoire.
Réclamer les heures API pour trouver le temps d’organiser le travail en équipe sur des projets pour réfléchir à la question de la co éducation, de la difficulté de communication avec les parents, les autres partenaires.
Comment nous oeuvrons tous ensemble pour le bien être des enfants?
Des pratiques qui fonctionnent (malgré les contraintes institutionnelles)
– Repas partagé pendant le temps de midi, journée multiculturelle. Les parents animent un atelier en fonction du pays d’origine, en présence de Cré actif et des agents de la Mairie responsables du lien entre les institutions. Certains parents posent une journée de congé pour participer.
– Initiative de parents: pic nique partagé au parc où Cré actif est également invité
– Journée « marché des connaissances » mélange des classes, des grandes sections au CM2
Un thème, pour favoriser l’échange de savoirs: « jeux du monde ». Les AVS sont très impliquées dans ces journées; L’intérêt est de mixer les classes, les CM2 jouent le rôle d’accompagnateurs des plus petits. Plus de problèmes de frontières ce jour là entre les générations et les fonctions (enseignants/parents/AVS…)
Le marché de connaissances peut commencer « tout petit », entre deux classes…
On peut imaginer une boite à idée où les parents, les enfants pourraient faire de suggestions pour enrichir ces journées.
– Espace de dons: installation d’un chalet au centre de la cour en co gestion parents/enseignants, avec une charte de bonne conduite. Les parents peuvent déposer leurs dons: jeux, livres, habits). Suite au constat que les vêtements poussent chaque année sur les portes manteaux des écoles, une façon de les remettre en circuit
– La semaine des parents qui peuvent être présents une heure dans la classe. Temps très stimulant pour tous. Nécessité pour l’enseignant de faire un effort d’explication et de bienveillance qui se poursuit au fil des semaines. Certains parents savent se rendre utiles, les enfants sont plus tranquilles et attentifs.
– Pot d’accueil, le jour de la rentrée. Des tables où chaque enseignants accueille les enfants de la classe et leurs parents pour partager un petit goûter. Un temps qui crée une ambiance détendue et qui dédramatise cette journée appréhendée par certains. On ne se retrouve pas d’emblée dans le face à face.
– Accueil des parents autour de « jeux de société« entre 8h20 et 9h, un jour par semaine prévu pour chaque classe. L’enseignant invite les parents à gérer ce temps de jeux, il explique les règles si nécessaire. Projet à l’occasion de NOël, que chaque enfant reparte avec un plateau de jeu qu’il aura fabriqué pendant ce temps d’école. (voir pour financement Mairie)
Possibilité de prévoir un travail avec la ludothèque qui peut intervenir dans les classes.
– Après midi contes dans la langue d’origine (5, 6 langues représentées)et lus par l’enseignant en français. Valoriser la langue maternelle. On peut également s’appuyer sur les parents « musiciens ». Objectif de valoriser le savoir des familles, d’assurer leur légitimité en tant que personne
Courrier individuel fin Aout pour signifier à chaque enfant qu’il est attendu à la rentrée
Prévoir un bilan de ces différents rencontres proposées tout au long de l’année avec les parents
Des propositions de Catherine Hurtig Delattre (qui complètent celles déjà pratiquées)
La réunion collective de présentation de l’école:
Inciter le plus grand nombre de parents à y participer. Organiser une garderie pour les enfants
– Expliciter les différents professionnels qui interviennent dans l’école, le règlement intérieur: (fonctionnement de la cantine, des garderies, des temps périscolaires, les règles de sécurité).
– Forum des métiers. Chaque partenaire tient un stand: les professionnels chargé de l’aide aux enfants en difficulté, l’équipe périscolaire, les associations actives dans l’école, les associations de quartier.
Les expositions des travaux des élèves, les diaporamas tout au long de l’année
Les rendez vous individuels systématiques chaque trismestre
Avoir un autre regard sur les enfants et aborder plus facilement la gestion de leurs éventuelles difficultés de comportement. Pour les parents, s’approprier les questions éducatives et l’exercice de l’autorité parentale, partager des outils d’apprentissages
Coopérer avec les associations, permettant ainsi de passer du face à face à une éducation partagée et d’aller ainsi à la rencontre des parents les plus éloignés de l’école.
Proposer la participation par des passerelles entre culture scolaire et cultures familiales
Pour approfondir notre connaissance mutuelle, s’atteler aux objets de savoir. Cette démarche, au coeur de la mission de l’école pourrait donner une place active aux élèves, et aux parents, mis en position d’acteurs aptes à faire des propositions.
Comment faire entrer les cultures scolaires dans les familles et comment faire entrer les cultures familiales dans l’école?. Comment donner à voir, à comprendre ce qu’on apprend à l’école et comment on y apprend.
– Les portes ouvertes: Ouvrir la classe aux parents assister à des séances d’apprentissage.
– L’accompagnement des sorties
– Les cahiers individuels
– Les albums collectifs et les journaux de classe
Les temps de parole:
Mettre en place de manière ritualisée, des temps de parole permettant aux élèves de parler de leur univers familial en classe et d’utiliser la parole comme objet d’apprentissage
Les objets apportés:
Proposer aux enfants d’apporter des objets de la maison de manière libre ou avec des consignes et en faire des supports des apprentissages
Les ateliers parents-enfants
Les enfants soleil
Consacrer à chaque élève une demi-journée privilégiée pour son anniversaire. Ses parents sont invités et peuvent proposer une activité de leur choix.
Permettre aux parents de faire profiter la classe de leurs compétences propres, l’univers familial est considéré comme porteur de savoir.
Les activités plurilingues:
Proposer des activités prenant en compte la diversité linguistique présente dans la classe
Contes en plusieurs langues, fleurs des langues
Comment l’enfant, quand il vient à l’école est disponible?
Les incontournables principes éducatifs ne sont pas forcement les mêmes pour tous. Risque de se référer à une norme. Il existe d’autres façons plus collectives de prendre soin des enfants. Face aux enfants dont on ne prend pas suffisamment soin à la maison, comment exercer notre responsabilité collective dans leur éducation et leur protection?
Bilan de cette rencontre
Echanges bénéfiques, certaines écoles ont réalisé ce que d’autres avaient imaginé. Elles mettent ainsi en évidence qu’il y a des choses possibles à construire et que c’est réaliste, accessible. Il reste des choses sur lesquelles on peut agir (le sentiment d’impuissance nous condamne à reporter sur l’extérieur les problèmes face auxquels on n’a aucune réponse, bien souvent les parents!)
En REP c’est impossible de travailler seul. Et C’est un enrichissement de travailler à plusieurs
La différence, on ne peut pas là mettre de côté, elle est là.
Inquiétude suite à la première rencontre face à la masse de choses à bouger, mais aujourd’hui rassuré sur le fait qu’on peut faire des choses.
Besoin de provoquer des temps de rencontre: un pic nique avec tous les enseignants des écoles, le jour de la pré rentrée?
Pour la rencontre du Samedi 16 Novembre de 9h à 12h
Nous aurons au préalable rencontré les autres acteurs de la communauté éducative (périscolaire, Atsem, AVS, agents de la Mairie, coordonnateur REP, éducateurs de prévention). Cette rencontre va donc rassembler tous ses membres.
On pourrait s’intéresser plus particulièrement aux familles isolées, en plus grande difficulté et se questionner sur notre responsabilité collective:
– Comment pallier à la solitude des enfants en leur offrant une solution alternative aux difficultés familiales?
– Comment soutenir les parents perturbés par un ensemble complexe de trop lourdes difficultés et qui se retrouvent isolés?.