Terrain D'entente

Rester dans l’entre soi, ou s’émanciper tous ensemble.

« Tu fais quoi en ce moment?  » « Je galère avec ceux qui galèrent! »
C’est moi qui répond à la question d’un ami….
Pendant nos ateliers de rue, nos rencontres au café des femmes, on l’entend souvent cette formule « c’est la galère! »
Notre petit collectif, tout au long de ces années s’est enrichit de tout ce que nous avons su construire avec la participation active de toutes ces femmes et ces enfants qui « galèrent ». Depuis plus de 7 ans, nous réalisons et réussissons ensemble tellement de projets, qui correspondent tous à des besoins, des envies qui se manifestent. Un collectif plein de vie, plein d’initiatives, plein de rencontres qui permettent de construire des liens d’entraide et de solidarité.
Et pourtant, on continue à ressentir que « c’est la galère », autour de nous et pour nous même.
Elle veut dire quoi cette expression?
Dans la liste des synonymes on trouve des expressions de situations qui ont toutes un sens pour ceux qui se prénomment »les galériens »: « vivoter sans but… », « rencontrer de graves difficultés tout en manquant de solutions…. », « état dans lequel on mène une vie très éprouvante »…. C’est tout ça en effet, tout ce qui donne le sentiment qu’il n’y a pas de perspective possible, tout ce qui interdit d’espérer une amélioration dans le quotidien et pour l’avenir, tout ce qui rend amère, qui décourage, qui rend impossible un effort de mobilisation avec d’autres, dans la durée. Le sentiment que tous ces efforts fournis n’apportent aucun changement. Alors, à quoi bon?!
Ce petit collectif bien vivant se retrouve au milieu d’un océan d’individualismes, et il est régulièrement absorbé par cette vague qui donne peu de possibilités de croire en autre chose, de comprendre avec d’autres grilles de lectures, et d’estimer trop souvent que pour espérer s’en sortir, c’est chacun pour soi et tant pis pour les autres!.
Hors nous l’observons toujours, et partout, seule la dimension collective rend possible certaines choses, assure une place à chacun et permet de développer des savoirs nouveaux, donc plus de liberté et de pouvoir d’agir. Le collectif offre la possibilité de développer des actes émancipateurs pour chacun de ses membres, dans toutes leurs diversités. Depuis toujours, ce sont des collectifs qui ont su ouvrir des espaces qui amélioraient les conditions de vie des plus démunis. Ce sont les collectifs qui ont su dénoncer les inégalités et les injustices, et devenir une force pour construire autrement.
L’individualisme, l’épanouissement personnel, prônés aujourd’hui comme la vraie liberté sont en fait un terrible enfermement sur soi même, un isolement destructeur où l’autre est perçu comme une menace, un frein à sa propre expansion.
Ce qu’on observe également, dans tous ces lieux de vie où tout semble perdu, c’est que chacun est prêt à se remettre debout pour se mobiliser avec d’autres, si on crée les conditions de la rencontre avec les autres et qu’on offre des temps de présence dans la durée.
Alors pourquoi on galère autant? Pourquoi tous ces efforts, tout cet engagement de chacun au sein du collectif n’offrent pas plus de perspectives? Pourquoi nous avons toujours ce sentiment que la situation non seulement n’évolue pas mais continue de se dégrader?
Nous ne faisons plus ensemble société. Sur tout le territoire, on retrouve des individualités dont tous les efforts convergent pour préserver leur bulle de confort. Ce sont tous ceux dont le cadre de vie reste confortable en effet. Ils ont l’illusion d’être préservés du pire et de pouvoir ainsi poursuivre la route avec des promesses d’un avenir meilleur pour eux mêmes, sans jamais se soucier de tous ceux dont le contexte de vie n’offre aucune capacité, aucun espace pour se mobiliser, et tenter de construire autrement l’existence.

Ils vivent en dehors des zones difficiles, ils se déplacent en vélo, ils mangent bio, ils inscrivent leurs enfants dans les écoles « alternatives ». Ils construisent même avec ceux qui leur ressemblent le plus, des espaces de partage. Ils inventent ici et là des tiers lieux, des systèmes d’échanges locaux, une monnaie locale, ils organisent des salons sur les questions de l’environnement, de l’éducation.
Il y aurait de quoi se réjouir de voir ainsi se développer des tentatives qui manifestent pour certaines une plus grande conscience de la responsabilité de chacun dans le désastre écologique. Des tentatives pour limiter notre impact carbone, des dynamiques collectives pour mieux construire le vivre ensemble. Ce qui devient préoccupant par contre, c’est le caractère exclusif de ces démarches. Ces « alternatives » qui fleurissent concernent de plus en plus de questions de société, mais elles rassemblent les individus à partir d’un entre soi. Tous tentent ainsi de se préserver de tout ce qui se dégrade dans la société. Et ceux qui sont les plus victimes de la déconstruction de notre état de droit n’ont en fait, pas de réalité dans tous ces endroits où on rêve de démocratie participative, de communication non violente, en construisant des modes de travail coopératifs. Les victimes sont devenues invisibles. Elles sont entourées d’un silence assourdissant.
Ca ne signifie pas forcement que dans cet entre soi, chacun soit devenu insensible, mais on ne se sent tout simplement pas concerné. Les affaires sociales se limitent à des préoccupations très personnelles et chacun cherche à élaborer des solutions avec ceux dans lesquels il se reconnait le plus. Ca devient d’ailleurs de moins en moins compliqué de s’organiser de cette manière. Les populations les plus à la marge contribuent elles mêmes à leur enfermement. Les adultes, les enfants, ont très bien intégrés qu’ils n’avaient aucune place dans tous ces espaces, qu’ils n’étaient pas concernés par tous ces projets. Très peu se risquent à dépasser la frontière de leur territoire dans lequel ils sont assignés. « Je sors juste pour les courses, les papiers ». Des adolescents reconnaissaient dernièrement qu’ils identifiaient difficilement les différentes places qui se trouvaient à 5 minutes à pied de leur quartier.
Le fossé se creuse, l’incompréhension devient totale, la peur s’installe, l’évitement devient la seule solution pour ne pas prendre le risque de se confronter à des réalités face auxquelles nous n’envisageons aucune solution. Alors autant ne rien voir, ne rien entendre puisque nous ne savons pas quoi proposer. Autant se préserver en construisant des « alternatives » qui donnent juste l’illusion que tout n’est pas fini puisque nous continuons à agir.

Hors, on s’affranchit de la peur par la connaissance, qui est elle même la seule manière de sortir du sentiment d’impuissance. Et pour connaitre il faut créer les conditions de la rencontre.
Notre « galère » à Terrain d’Entente c’est de se retrouver trop seuls à assurer cette présence, cet engagement auprès de tous ceux qu’on ignore, qu’on oublie, qu’on méprise, dont on a peur. Ces « alternatives » prônées comme les sources du changement de société ne risquent-elles pas de créer d’autres formes de cloisonnement, et de contribuer elles mêmes à l’état de sécession avec une partie toujours plus importante de la société?
L’épanouissement, le développement personnel, c’est le règne de l’individu qui s’efforce de passer à travers les mailles d’un filet de plus en plus tendu. On espère juste pouvoir encore faire partie des privilégiés.
La mobilisation de tous les membres de la société est indispensable aujourd’hui, incontournable si on veut espérer trouver des solutions pérennes qui réponde aux immenses défis posés par notre époque. On ne peut plus l’ignorer aujourd’hui, la question de l’urgence environnementale est étroitement liée à celle de l’urgence sociale. Depuis des décennies, un certain rapport des hommes entre eux règle le rapport de l’humanité à la nature, c’est l’exploitation capitaliste qui pille les ressources naturelles de la même façon qu’elle pille les ressources humaines.
En exploitant l’homme, on exploite la nature. En transformant ce rapport d’exploitation de tous ceux qui sont condamnés à se plier aux exigences de plus en plus destructrices des « puissants », on peut transformer le rapport de toute l’humanité à toute la nature.
Il nous faut inventer des mesures inspirées par la préoccupation de la qualité de vie des hommes et du respect de la nature, et ainsi solidariser la question sociale et l’écologie.
Nous ne pouvons plus accepter cette époque scandaleuse, où jamais l’humanité n’a produit autant de richesses et voit se développer autant de misère, cet effroyable paradoxe d’une économie d’abondance qui co existe avec la misère.
Les pédagogues sociaux continuent de lutter pour contribuer à construire une société égalitaire, à laquelle tous aient un droit réel, qu’ils soient plus ou moins français ou immigrés, sans papiers ou sans travail…. Ils luttent contre toutes les formes d’entre soi, qu’il soit social ou idéologique. Une société du commun, où le travail collectif, l’échange, la coopération soient réhabilités contre la concurrence, l’individualisme ou la personnalisation des parcours.
Dans la pédagogie sociale, la perspective c’est l’égalité entre toutes et tous, garantie par la liberté de chacune et de chacun de s’exprimer sur l’organisation de la vie quotidienne, et par l’esprit de solidarité dans lequel tous écoutent la parole des uns et des autres, acceptent de voir les réalités sociales que le pouvoir dominant veut rendre invisibles, pour les comprendre et agir ensemble.
Josiane Günther
le 05/09/2018

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Spectacle à croquelinottes

Le samedi 6 octobre, il y avait un super spectacle à la librairie Croquelinottes. Nous sommes partis avec quelques enfants, pour profiter de ce petit moment très sympathique.
Le spectacle commençait à 14h30 et s’appelait “La merveilleuse et fantastique histoire de… Nos poubelles !”, une “Cirqu’onférence” de Thomas Finet et Sylvain Michel. Insolite ! Au début du spectacle on prévient les enfants que des déchets pourraient leur arriver dessus mais de ne pas les ramasser, de quoi les troubler un peu.
Le spectacle qui dure un peu plus d’une heure sensibilise habilement petits et grands à l’absurdité de notre façon de traiter les déchets et de la pollution. Jonglage, musique avec instruments fabriqués à partir de poubelles, de tuyaux, de planches, beat box, danse, diverses acrobaties, le tout en humour et en éduquant, avec un discours très pertinent.
Les petits ont adoré, et ont ensuite visité cette très jolie librairie dans tous ses recoins, ses petits cabanes.
Nous avons passé un super moment et ensuite sommes revenus sur le terrain pile pour l’heure du goûter.

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Sortie au lac des sapins

Dans le cadre des vacances pour tous, grâce à la fondation Abbé Pierre qui a entièrement financé cette journée, Terrain d’Entente a pu organiser et accompagner des familles du quartier de Tarentaize pour une superbe journée au Lac des Sapins, le samedi 7 juillet 2018.
C’est le matin à 9h que nous sommes partis, avec 53 personnes, enfants et adultes. Il y avait déjà une super ambiance dans le bus. Nous sommes arrivés vers 10h45 et nous avions un beau programme prévu, avec plein d’activités différentes.
Il y a eu un léger incident : effectivement, la piscine biologique était exceptionnellement fermée et nous n’en étions pas informés. Après renseignement à l’office de tourisme, nous avons décidé avec les familles d’emmener les petits se baigner directement dans le lac avec baignade surveillée.
A 12h30, nous sommes allés faire du pédalo. Le gérant était très sympathique et nous a laissé des pédalos pour plus de personnes que ce nous avions réservé, ce qui a permis de satisfaire tout le monde. Cela nous a permis de voir de magnifique paysages, et les reflets du soleil sur le grand lac rafraîchissant, ce qui était très agréable avec la température (plus de 30 degrés).
La balade en poney, a plu aux enfants (et aux adultes qui les accompagnaient !) et leur a permis de faire le tour du lac, de visiter le site sans se fatiguer et d’une manière originale et amusante.
En fin d’après-midi nous avons pu offrir une glace à toutes les personnes qui participaient à cette sortie avec nous.
Nous avons eu de très bon retours sur cette super journée. Les familles étaient ravies d’avoir pu profiter de cette sortie. L’ambiance était au top toute la journée, d’ailleurs ça chantait et dansait dans le bus au retour ! Baignade et détente, un excellent moyen de décompresser et de passer un bon moment tous ensemble.

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Collectif « pour la réussite de tous les enfants à l’école »(Travail avec le groupe ICEM pédagogie Freinet)

Nous sommes d’accord sur cette hypothèse que les enfants des milieux populaires souffrent à l’école parce qu’il n’y a pas suffisamment de prise en compte et d’effort de compréhension de leur réalité. Il manque pour eux une cohérence entre les différents milieux auxquels ils sont confrontés. Le corps enseignant a la responsabilité de l’ouverture de l’école sur le quartier, de l’organisation de la rencontre avec les familles. Mais cette institution ne peut pas réaliser ce travail seule et de manière isolée. Nous souhaitons engager tous ensemble un chantier, dans la durée, pour rechercher à offrir les meilleurs conditions pour construire une communauté éducative qui assure de manière effective notre responsabilité collective dans l’éducation des enfants, avec les différents acteurs du champ éducatif, les parents. Condition incontournable pour permettre à chaque enfant de faire des liens entre les différents espaces dans lesquels il évolue et de trouver ainsi du sens et de la cohérence dans les apprentissages organisés de manière différente à l’école, enfamille, dans le milieu associatif…. Nous souhaitons pouvoir porter ces questions à l’échelle de la ville où les décisions politique se prennent. Plusieurs pistes sont à construire : mettre en évidence que le savoir est partout, et qu’il est nécessaire que tous les espacesd’apprentissage (école, familles, associations, DRE….) se rencontrent , s’organisent ensemble pour que les enfants comprennent la cohérence entre tous ces espaces et en retire d’utiles enseignements de façon à devenir le plus possible« citoyens ». que l’école n’est pas juste un lieu d’apprentissage d’un métier qui permette aux enfants de pouvoir s’inscrire sur le marché du travail. Qu’il est indispensable que l’école crée les conditions d’un bien être pour que les enfants puissent prendre une part active dans leurs apprentissages. La première démarche pour assurer les conditions de ce bien être est d’ouvrir l’école aux parents. Catherine Hurtig Delattre auteur du livre: « la co éducation à l’école c’est possible », peut beaucoup nous apporter dans cette recherche.Nous envisageons une rencontre courent du mois d’Octobre pour démarrer ce travail et peut être l’ouvrir à d’autres. Par exemple ATD Quart Monde qui a réalisé un travail magistral concernant cette notion de croisement des savoirs où chacun est considéré comme expert, « sachant » et est invité à apporter sa contribution pour trouver les solutions les mieux adaptées aux besoins repérés ensemble.

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Bourg-Argental !

Nous sommes partis le 3 août au matin pour aller passer la journée à la piscine de Bourg-Argental, avec un groupe d’une cinquantaine de personnes, mamans et enfants.
Arrivés là-bas en milieu de matinée, nous nous sommes installés à une aire de jeux ombragée, près d’une petite rivière où certains sont allés tremper leurs pieds, et se promener le long de l’eau et dans les bois. Pendant ce temps, d’autres ont préféré aller visiter la fabrique de bonbons à deux pas, ou tout simplement s’amuser, jouer au tennis sur le terrain de l’aire.
L’heure de manger est vite arrivée, nous avons prit le pique-nique tous ensemble, en attendant avec impatience le moment d’aller nous baigner.
Arrivés à la piscine, les enfants se sont précipités joyeusement dans le bassin, ou vers les toboggans, rejoins rapidement par certaines mamans.
Comme nous le savons tous, la politique de la piscine interdit aux femmes voilées l’accès aux bassins. Plusieurs mamans et une membre de notre équipe se sont retrouvées isolées de notre collectif, sur un espace de pelouse, sans possibilité de participer avec nous, à ce joyeux après midi. Nous regrettons cet état de fait, et nous ne pouvons que témoigner des incidences et des impacts de ces règles qui privent les familles de partager leurs jeux, d’assurer la surveillance des enfants, ces mères étant contraintes de rester à distance. Nous l’avons vécu comme une exclusion pour ces femmes qui n’ont donc pas le droit d’aller se baigner, et pour ces mères, qui n’ont pas la possibilité d’accompagner seules leurs enfants à la piscine du fait de ces règles. Qu’en est-il de l’autonomie des familles à prendre soin de leurs enfants dans les différents espaces publics ?
Néanmoins l’après-midi s’est très bien passé, notre communauté éducative a pu suppléer à cette absence de présence adulte auprès de certains enfants. Les ados ont bien profité du grand bassin, joué entre eux, fait des sauts et des plongeons, certaines ont surmonté leurs peurs et ont courageusement sauté pour la première fois. Les plus jeunes étaient ravis de s’amuser sur les toboggans, et de grimper sur les accompagnateurs pour aller dans le grand bassin.
Nous sommes partis vers 17 heures, et notre collègue Sarah, dont c’était le dernier jour avec nous, nous a tous distribué pleins de bonbons avant de remonter dans le car.
C’était une belle journée, avec une super ambiance et pleine de bonne humeur.

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Journée au lac des sapins

Profitant de l’été au maximum, l’association terrain d’entente ainsi que les familles sont partis aux Lac des sapins, la nature permettant au groupe de changer d’air. Plusieurs activités étaient au programme.
Même si la piscine était fermée, le pédalo nous a permis de voir de magnifique paysages, et les reflets du soleil dans le grand lac, rafraîchissant, ce qui était très agréable avec la température (plus de 30 degrés).
La balade en poney, a plu aux enfants et leur a permis de faire le tour du lac, de visiter le site sans se fatiguer et d’une manière originale et amusante.
Baignade et détente, un excellent moyen de décompresser et de passer un bon moment tous ensemble.

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Atelier bricolage !

La Bricoleuse, atelier associatif localisé rue de la ville, nous a accueilli sur deux semaines pour en faire profiter quelques enfants du quartier de Tarentaize. C’est donc Flora qui nous a accompagné sur ces deux journées, permettant d’ouvrir l’esprit créatif de ces jeunes, mais aussi leurs faire découvrir les machines et les outils comme la perceuse à colonne ou la scie circulaire, bien qu’ils n’aient pas eu l’autorisation de les utiliser a cause de leurs jeune âge.
Premièrement nous avons dû imaginer : qu’avons nous envie de créer ? Nous avions voulu concevoir des objets utiles pour les enfants du quartier. C’est en partant de ce principe que nous avons crée un support de balançoire, ainsi que des dés en bois !
Deuxièmement, nous sommes passés à la conception, et c’est avec l’aide de Flora et de l’équipe de la Bricoleuse que nous avons scié et percé le bois.
Une fois la forme achevée, une légère couche de peinture nous a permis d’achever nos créations.
L’accueil et la patience de l’équipe de La bricoleuse, a permis un travail de cohésion entre les enfants, but rechercher par Terrain d’Entente, c’est pour cela que tenons à les remercier grandement pour cet accueil très chaleureux !
D’autres rendez vous sont prévus à partir de la rentrée, avec les enfants volontaires, et des adultes qui ont une âme de bricoleurs, des envies de restaurer des éléments de leur intérieur. Nous souhaitons en effet mettre à disposition à tous, ce type d’espace qui favorise des apprentissages, des échanges de savoirs, des rencontres où se croisent des personnes de tous les milieux.

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Séjour à Retournac !

Les vacances à Retournac avec les ados au printemps 2018

Forts de toutes nos expériences très positives où nous sommes accueillis en amis à la Ferme des Fromentaux, nous avons senti possible d’ouvrir cet espace à un groupe de jeunes, à l’occasion des vacances de printemps.

Plusieurs éléments positifs sont à mettre en évidence: l’implications des jeunes dans la conception du projet, leur attitude positive durant tout le séjour
Les jeunes qui ont participé au séjour ont écrit le projet, ils ont su se saisir de l’opportunité que leur offrait un nouveau dispositif, le Fond de Participation des Habitants, qui aide au financement de différentes actions dans la mesure où elles peuvent contribuer à l’enrichissement des relations au sein d’un quartier populaire. Ils ont préparé ensemble la rencontre à la commission d’admission, et ont su expliquer leurs motivations. L’un d’entre eux s’est même proposé pour être membre des prochaines commission du FPH!.
Nous nous sommes rencontrés à trois reprises pour préparer ce séjour pour expliquer ce lieu particulier où nous serions accueillis. Chacun de ces échanges a permis un ajustement entre les attentes et les possibilités réelles que le séjour à la ferme pouvait offrir.
7 jeunes ont donc bénéficié de cette semaine. L’un d’entre eux a du interrompre la semaine pour raison de santé, un autre à rejoint le groupe dans la semaine pour les mêmes raisons.
Ils ont été accompagnés par Heddy, employé de l’association qui terminait sa formation de moniteur éducateur, Yohan, un jeune bénévole qui a travaillé deux ans à Terrain d’Entente. Ils avaient tous deux une très bonne connaissance de ces adolescents.
Pour ces jeunes, ce séjour a été « une première fois » sur de nombreux aspects. La vie dans une ferme, le travail du quotidien, la « rencontre » avec la nature….Pour chacun il y a très peu d’occasions de sortir du quartier, durant la période des vacances.
Malgré cet aspect déstabilisant, ils ont eu, durant tout le séjour, une attitude coopérative et positive.
Ils se sont intéressés aux activités, (conduite du tracteur, traite des chèvres….). Ils ont participé à toutes les tâches ménagères (repas, vaisselle, rangement) qu’ils avaient eux mêmes organiser en se répartissant le travail à partir d’un tableau qui établissait des tours de rôle. Chacun a participé au rangement et nettoyage du gîte à la fin du séjour, pour certains, de façon spontanée. Ils ont respectés les horaires qu’on avaient décidé avant le séjour. Les soirées ont été l’occasion d’échanges authentiques autour de leurs préoccupations.
Ils ont eu un très bas niveau d’exigence concernant les activités, s’inquiétant du coût et des possibilités de l’association.
C’est le fruit d’une belle relation que Hedi et Yohan ont su construire avec les ados depuis deux ans.
Nous avons eu un accueil chaleureux de la part de tous les résidents de la Ferme des Fromentaux.

Voici les commentaires Teddy Lou, l’amie qui nous accueille dans chacun des séjours:
« Nous avons beaucoup apprécié le séjour du groupe terrain d’entente. Merci à Yohan et Hedi pour leur implication et leur motivation avec les jeunes. Merci aux animatrices pour leur énergie et connaissances partagés.

Il nous semble que le séjour s’est très bien passé. En effet, nous avons pu voir les jeunes évoluer de manière positive sur la ferme et motivés dans les différentes activités qu’ils ont pu faire. De plus au cours du séjour nous n’avons eu que des bons retours de leur part.
Les animatrices qui les ont accompagnés dans certaines activités sont également très satisfaites de ces temps passés ensemble.

Concernant notre participation bénévole qui avaient été envisagée autour des activités de la ferme nous avons senti que les jeunes étaient déjà bien occupés et qu’ils se sentaient bien dans des espaces de temps libre sur la ferme. De plus ils étaient crevés par leur journée d’activité qui leur demandait beaucoup d’énergie. Il nous semble qu’ils ont vécus beaucoup de « première fois » qui resterons gravés dans leur souvenirs. C’est ce que nous cherchons à faire à la ferme des Fromentaux!

Nous avons pu être présents à chaque moment où ils nous ont sollicité. Nous étions là pour répondre à leur demande : un tour de tracteur, des outils pour réparer les vélos, traite des chèvres, questions diverses sur le fonctionnement de la ferme… »

Il était prévu que ce séjour trouve une suite sur le quartier, pour assurer la prise en charge des bacs de jardinage sur le terrain de jeux. Le contrat de travail du salarié qui avait réalisé ce projet s’est terminé. Personne dans l’équipe n’a pu reprendre ce travail. Nous sommes bousculés tout au long de l’année, par de nombreux projets que nous nous efforçons de mener à bien en fonction des besoins et des envies manifestés. Les membres de l’équipe ne participent à nos activités que sur des temps très limités, de 10 mois à un an, nous sommes parfois contraints de renoncer à certains projets.
Par contre, à l’occasion de notre Assemblée Générale du 5 Mai, nous avons pu projeter un diaporama qui présentait le déroulement du séjour.
Nous ne pouvons que nous féliciter de ce temps partagé dans ce lieu avec ces 7 garçons. C’est une histoire qui a impacté très positivement notre collectif.

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Bilan de santé

Bilan de santé

L’OMS se donne pour objectif d’amener tous les peuples du monde au niveau de santé le plus élevé possible, la santé étant définie comme un « état de complet bien-être physique, mental et social et ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
La santé est ainsi conçue comme la mesure par laquelle un groupe ou un individu peut d’une part, réaliser ses ambitions et satisfaire ses besoins et, d’autre part, évoluer avec le milieu ou s’adapter à celui-ci. Et là de nombreuses études montrent l’importance des déterminants sociaux (inégalité dans l’instruction, la dévalorisation de soi, les carences affectives, la discrimination et l’exclusion, l’isolement, le faible degré d’autonomie au travail.)

Cette conception de la santé propose des directions claires pour nous donner collectivement les moyens de tendre vers « un état complet de bien être » pour chacun de nos concitoyens, donc pour nous tous.
Et pourtant, pour ce qui concerne notre si riche pays, la situation ne cesse de se dégrader pour de plus en plus de personnes, de plus en plus jeunes. Ainsi les adhérentes de Terrain d’Entente manifestent des troubles physiques invalidants, préoccupants pour leur devenir.
Suite à une succession de témoignages autour de problèmes de santé graves, nous avons, cette année, sollicité les compétences d’agents de la sécurité sociale. Différents temps de rencontres ont été organisés pour transmettre des informations sur les démarches possibles, pour faire valoir des droits. Des rendez vous individualisés ont été organisés pour envisager des reclassements professionnels. Un bilan de santé a été possible pour plusieurs d’entre elles.

Parlons des résultats révélés à Sirine.
Elle a 35 ans, elle souffre d’hypertension avec un taux est très préoccupant. Il a été également diagnostiqué une infection urinaire sévère ainsi qu’une vision très endommagée.
Sirine comprend aisément l’origine de la dégradation précoce de sa santé. Depuis qu’elle est arrivée en France il y a une dizaine d’années, sa vie est devenue un combat au quotidien. Le principal a été de rechercher un emploi qui conditionnait l’obtention de la carte de séjour et l’ouverture de différents droits. Pendant toutes ces années, elle a accepté tous les boulots que les agences intérim lui proposaient. Elle s’est rendue chaque fois disponible du jour pour le lendemain. Elle a su s’adapter à tous les postes de travail, souvent sur des durées très limitées. A maint reprises, elle a du changer de contexte de travail, faisant chaque fois l’effort de s’approprier les consignes spécifiques qui lui étaient confiés, malgré le fait qu’elle ne savait ni lire ni écrire.
Il est facile d’imaginer le niveau de tension et de stresse qui l’habitait au quotidien. Elle explique aussi ces longues marches dans la neige au petit matin, les retours très tardifs le soir. Il n’était pas question de dépenser le moindre sou pour se déplacer avec les transports en commun. Chaque euros gagnés permettaient d’assurer les dépenses incompressibles, d’espérer occuper un appartement plus décent.
Elle a assumé toutes ces contraintes, espérant que cette bataille du quotidien, pendant ces longues années, allait lui permettre de construire un cadre de vie plus sécurisant, plus stable et d’envisager de réaliser son rêve.
Sirine a des talents de pâtissière remarquables, et des qualités relationnelles qui lui permettaient d’envisager l’ouverture d’un salon de thé. Les salaires qu’elle percevait ne lui ont pas donné la possibilité d’accumuler un pécule suffisant. Aucune banque n’a accepté sa demande de prêt, elle a même été clairement découragée.
Pour remplir les différents dossiers, une totale maîtrise de la langue française notamment l’écriture, lui était nécessaire. Aucune aide concrète ne lui a été proposée pour envisager la faisabilité de ce projet, ne serait ce que dans la rédaction des dossiers.
Puis Sirine s’est mariée. Ses grossesses rapprochées ne lui ont pas permis de poursuivre ce travail toujours précaire, incompatible avec les rythmes de vie d’une famille avec des enfants en bas âge. Sa situation financière est devenue de plus en plus difficile.
Aujourd’hui Sirine a le sentiment qu’elle doit se battre en permanence, mais que ce combat n’apporte aucune amélioration, elle perçoit au contraire que les choses s’aggravent pour elle et sa famille.
Sirine sait que son état de santé qui se dégrade, l’hyper tension, l’infection urinaire sévère c’est le résultat de toutes ces luttes qui n’ont pas abouties à construire pour elle même, puis pour ses enfants, le quotidien plus sécurisant et plus stable, qu’elle espérait. Elle sait que c’est le résultat de tous ces découragements, le sentiment d’un non sens de cette existence qui n’offre aucun répit, et surtout la peur que demain devienne pire!

Certains esprits très cartésiens pourront s’étonner du fait qu’elle a, malgré ce contexte de précarité globale, pris le risque de mettre plusieurs enfants au monde, sachant qu’elle risquait de ne pas pouvoir assurer tous leurs besoins matériels! Certains dénonceront même ce manque de sens des responsabilités!
Mais pour Sirine et pour toutes les autres « sirine », chaque naissance est une promesse, un espoir que quelque chose peut changer et devenir meilleur. Chaque enfant dont on prend soin donne de nouvelles forces pour ne pas baisser les bras pour rester debout, pour savoir se relever de toutes ces déceptions, de retrouver le courage et la force pour continuer à chercher des issues pour sortir de l’impasse.
Toutes ces « sirines » se définissent comme des « femmes fortes » (sic). Malgré toutes ces déceptions, ces échecs, elles réussissent le miracle de rester debout, de ne pas s’effondrer pour espérer toujours pouvoir un jour offrir une vie meilleure à leurs enfants.
« J’ai donné à ma fille tout ce que j’ai pas pu faire. C’est les enfants qui nous aident à nous remettre debout. J’ai fais le choix d’avoir cette enfant, je ne peux pas me laisser aller, c’est elle l’avenir ».
Cette force, elles là puisent dans cet espoir là. Elles là puisent aussi dans le fait de pouvoir se reconnaître dans les unes et les autres, à l’occasion de nos rencontres régulières au café des femmes et dans tout ce que nous parvenons à réaliser ensemble. Cette force elle là puisent également dans le fait de pouvoir s’impliquer dans un collectif et d’en être partie prenante.

Voici ce qu’exprime les unes et les autres, à propos de ces rencontres régulières:
« J’ai envie de réaliser des choses. J’aime beaucoup donner tout ce que je peux faire. On ne peut pas le faire seule…. Terrain d’entente c’est comme une famille, je vais mieux avec ces femmes, ça me fait du bien. J’ai envie de participer, donner ce que j’ai pour cette association…. Je sais que j’ai beaucoup de capacités. Je me trouve intéressante quand je fais quelque chose. Ca me permet de réaliser tout ce que je sais faire. Je reprends confiance en moi. Quand on est seule on n’a pas confiance en soi…. Il suffit de trouver un lieu, des gens qui font des choses ensemble, c’est tout…. J’ai retrouvé mon identité avec Terrain d’Entente….
Cette présence m’a redonné l’espoir. L’espoir que c’est pas fini, que ma vie peut changer. L’espoir qu’on peut faire plein de choses, qu’on s’arrête pas, que c’est jamais trop tard. Parce que le bonheur c’est réaliser des choses qu’on aime. »

La santé, un état complet de bien être physique, mental et social…
Comment notre société s’organise-t-elle pour contribuer à ce que ces objectifs de notre organisation internationale, à laquelle nous sommes signataires, deviennent effectifs?
« Il suffit de trouver un lieu, des gens qui font des choses ensemble, c’est tout! ». C’est le premier pas indispensable. Nous avons à ouvrir des espaces, offrir un temps de présence régulière qui permette la rencontre. Un temps gratuit, sans condition, sans contrainte, où on vient quand on veut, quand on peut,
Seule la rencontre rend possible la compréhension de notre histoire, elle devient lisible à travers les histoires qui se racontent entre les uns et les autres. Toutes ces petites histoires de vie qui se croisent et s’entrecroisent et qui font partie de l’Histoire. Seule la rencontre permet de comprendre le monde, son évolution et la place qu’on y occupe. C’est en comprenant tout ça qu’il devient possible d’agir. C’est en comprenant tout ça qu’il devient possible de transformer.
La santé conçue comme la mesure par laquelle un groupe ou une personne peut réaliser ses ambitions et satisfaire ses besoins et évoluer avec le milieu ou s’adapter à celui-ci….
C’est possible!

Josiane GUNTHER LE 7/7/2018

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Nous sommes des « Ami-litants » !

Nous sommes des « ami-litants »!
C’est au cours de différentes interrogations avec des membres de l’équipe de Terrain
d’Entente que nous avons inventé cette formule de façon à décrire au mieux,ce que nous
recherchons à développer en terme de qualité de présence et ce que nous défendons comme
démarche. Affirmer être « ami-litants » c’est tenter de préciser la façon dont les pédagogues
sociaux s’efforcent de construire une relation avec les personnes qu’ils ont décidé de rejoindre,
pour que ce soit source de transformation sociale.
A Terrain d’Entente, nous accueillons régulièrement des jeunes en formation d’éducateurs.
Hors nous ne sommes pas perçus comme éducateurs par les familles qui rejoignent notre
collectif.
Qu’est ce que représente dans notre société, un éducateur qui a pour mission d’intervenir
auprès des familles?
C’est pour l’essentiel une personne formée, qui a obtenu un diplôme qui certifie qu’elle a des
aptitudes pour prendre soin des enfants et des jeunes, de façon adaptée à leurs besoins. Ce qui
signifie clairement, en creux, que si cette personne doit intervenir dans une famille, c’est parce
cette dernière a été repérée comme n’ayant pas toutes les aptitudes requises pour que ses
enfants puissent grandir dans les meilleures conditions.
A notre sens, c’est une dangereuse façon de focaliser le problème manifesté par certains
enfants, sur les incompétences, les manques, les carences…. L’éducateur serait le détenteur de
la bonne manière de faire, il connaîtrait lui, la bonne posture éducative qu’il va s’efforcer de
transmettre à ces parents défaillants de façon à ce qu’ils reprennent à leur compte ce bon
schéma.
On a suffisamment dénoncé les dangers de cette normalisation de la « bonne attitude
éducative » décidée par la classe sociale dominante, qui se sent légitime à définir ce qui est
éducatif et ce qui ne l’est pas. Elle est en incapacité d’envisager d’autres façons d’être avec les
enfants (plus collectives), d’autres conceptions éducatives.
On sait également cette façon de plus en plus systématique de ne pas interroger l’origine du
mal être repéré, curieusement majoritairement dans les familles issues des milieux populaires.
une société de se développer, de prospérer. Ils imposent leur vision du monde, ils pillent, ils
exploitent, ils mettent à mal l’intérêt général, au point que nous ne l’envisageons plus comme
une référence pour prendre collectivement les décisions, les orientations susceptibles d’ouvrir
l’avenir à tous.
Au fil des décennies, cette minorité a su imposer une vision du monde où chacun est
condamné à se battre contre tous les autres pour espérer trouver sa place parmi les « gagneurs ».
Le danger pour les éducateurs « labellisés », c’est de se retrouver au service de cette idéologie
de la responsabilité individuelle dans toutes les difficultés qui s’accumulent pour certains
d’entre nos concitoyens.
La pédagogie sociale est pour l’essentiel, un engagement, une implication sur des questions
de société qui nous concerne tous. A partir de la conviction que pour construire une société,
vivante, humaine, il faut prendre acte de la diversité, de la multiplicité, de la complexité, de
la vulnérabilité, de l’interdépendance. Personne ne se construit tout seul, personne ne réussit
seul quoi que ce soit. On se construit à partir du tissu social qui nous porte, nous nourrit, nous
encourage, nous reconnaît. Nous estimons même la reconnaissance de la vulnérabilité comme
une ressource pour établir des rapports humains dignes de ce nom. La vulnérabilité reconnue
comme constituante de notre nature humaine, permet pour chacun de pouvoir compter sur les
autres et de compter pour les autres. Elle nous permet de sortir de cette tension insupportable
d’avoir à prouver qu’on est le meilleur et de chercher à correspondre à ce qui est définit
comme l’excellence.
Un pédagogue social a des convictions sur ce qui est juste de construire comme mode de
relation qui nous tire tous vers le haut à partir d’une expérience, concrète, vécue, partagée,
dans la durée. Parce qu’il l’a vit avec tous ceux qui ne comptent pas, qui n’ont plus de place,
auxquels on n’offre jamais les mêmes possibles, il laboure le même sol, avec les mêmes
moyens, avec les mêmes difficultés, les mêmes manques, les mêmes incertitudes, les mêmes
peurs, les mêmes échecs. Les pédagogues sociaux sont donc des militants qui s’engagent pour
construire un espace social émancipateur, avec tous. Adjoindre à ce terme le qualificatif « ami »
permet de mesurer l’intensité et la puissance à laquelle cette démarche nous invite tous.
Un ami, c’est quelqu’un qui compte, qui a du prix à nos yeux, pour lequel on est prêt à risquer
de vivre des situations inconfortables pour soi même. Etre un ami, c’est ne pas compter le
temps que l’on donne, le temps nécessaire pour traverser une difficulté, pour que quelque
chose de meilleur advienne. C’est trouver le courage d’avoir une parole authentique qui met en
évidence les difficultés repérées chez l’autre, parce qu’on sait les reconnaître pour soi même.
C’est être tout proche dans les moments difficiles et être prêt à aller jusqu’au bout d’une
démarche pour espérer régler le problème qui met en cause l’équilibre toujours tellement
fragile pour rester debout. C’est être là toujours et encore, sans être sûr que quelque chose peut
changer, souffrir ensemble de ne pas arriver à trouver une issue, et continuer à espérer
ensemble. Et c’est aussi se réjouir du bien être retrouvé, des réussites. C’est ressentir que ce
combat, ces tâtonnements, ces pas dans le vide, enrichissent sa propre existence, apportent
une autre dimension à la réalité que nous pouvons percevoir, dans cette manière de vivre la
relation, plus haute, plus vaste. C’est se sentir égal en dignité et c’est trouver en l’autre des
ressources supplémentaires pour soi même, des aptitudes qui permettent l’évolution dans son
parcours propre. C’est faire un pas de plus pour sa propre émancipation.
Nous sommes des « ami-litants » parce que nous nous engageons avec ceux qui subissent de
plein fouet la violence des institutions, des décisions des politiques et des puissances
financières. Nous sommes des « ami-litants » parce que nous nous laissons habiter par les
peines et les joies qui nous donnent une réelle détermination à nous engager pour changer la
vie, en prenant tous les risques qui s’imposent à nous. On prend ces risques pour préserver ce
qui est vivant en nous. Et ce qui est vivant, c’est ce qui est libre de toutes les croyances, les a
prioris, les idéologies et qui rend possible un nouvel espace où il peut se créer autre chose qui
nous permet à tous un pas de plus et qui peut tout transformer.
C’est ce que nous tentons de transmettre à tous ces jeunes étudiants qui viennent s’initier à la
pédagogie sociale. Nous apprenons ensemble l’art de se rendre attentif et disponible à ce qui
se manifeste autour de nous, l’art de construire une relation authentique, l’art de reconnaître sa
propre vulnérabilité, l’art de s’engager avec intégrité.
Josiane Günther
22/06/2018

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