Terrain D'entente

Pour une alimentation digne pour tous.

Terrain d’Entente a contribué à l’émergence de VRAC (Vers un Réseau d’Achat en Commun) sur le quartier de Tarentaize/Beaubrun.

Ce projet est issu d’une réflexion entre différents acteurs de terrain, notamment :

– « De la Ferme au Quartier » qui développe depuis 10 ans la dynamique des AMAP dans les quartiers. Son projet social initial était de rendre accessible cette distribution de paniers aux personnes à faibles revenus.

– « La Fourmilière », supermarché coopératif, qui souhaite que cet espace permette l’implication de tous, sans discrimination. Le coût des aliments, les parts pour devenir coopérateur, sont estimés de façon à limiter au maximum les freins à la participation.

– « Terrain d’Entente » dont un de ses objectifs est de réfléchir aux conséquences sociales de la pauvreté et à la manière de les faire reculer.

Une rencontre entre des membres de la Fourmilière et des adhérentes de Terrain d’Entente a mis en évidence une préoccupation et une volonté partagées de favoriser une alimentation de qualité pour tous, qui contribue à une meilleure santé et à la préservation de l’environnement. Malgré tout, depuis l’ouverture du magasin, et différentes tentatives pour organiser la découverte de cet espace, aucun.e habitant.e n’est devenu.e coopérateur.rice.

La situation très précaire de ces familles est l’explication essentielle de leur absence de participation concrète. Les dynamiques engagées par Terrain d’Entente sur le quartier permettent d’affirmer qu’il est indispensable d’aller à la rencontre des gens, d’être présents sur les territoires pour rendre possible des actions transformatrices.

La précarité est un vécu si contraignant que la tendance pour une personne qui la subit est de renoncer à des besoins fondamentaux comme l’alimentation de qualité, l’accès à la santé, à la culture…

D’autres structures ont rejoint VRAC pour s’y investir concrètement: L’Amicale Beaubrun, le centre social le Babet, l’AMAP de Beaubrun,

Nous sommes d’accord sur ces constats: Le coût de la nourriture reste une préoccupation permanente des familles des milieux populaires. Il est très fréquent que les foyers renoncent à une alimentation de qualité par manque de moyens financiers.

Or les prix « coûtants » affichés sur le catalogue VRAC restent pour beaucoup de familles inaccessibles. Les familles les plus pauvres ont été gravement impactées par les conséquences des confinements successifs, elles se retrouvent pour beaucoup surendettées. De plus en plus de personnes sont contraintes de faire appel à l’aide alimentaire.  La volonté de Terrain d’Entente est de rendre accessible à tous ce qui est indispensable à une existence digne. La possibilité de pouvoir subvenir aux besoins élémentaires, et également de choisir une alimentation de son choix nous semble être des objectifs à ne jamais perdre de vue.

Nous recherchons sans relâche, des solutions pour assurer à tous cette possibilité.

Terrain d’Entente a donc initié une rencontre pour engager différents acteurs avec VRAC 42, pour se questionner ensemble sur cette réalité très prégnante à St Etienne de situations de grandes précarité qui ne cessent d’augmenter. Les Brigades de solidarité, La Fourmilière, le réseau des AMAPS, la Fabrique de la Transition, De la Ferme au Quartier se sont rencontrés  fin décembre 2020.

Tous ces collectifs sont investis sur la question de l’alimentation et s’engagent dans des actions qui se déclinent de manière très différente.

Les Brigades de Solidarité ont pris le parti de s’adresser à tous ceux qui ne sont pas pris en compte dans les différents dispositifs d’aide alimentaire. Ils se sont organisés depuis le premier confinement pour repérer les personnes en demande d’aide, récolter des dons et les distribuer régulièrement.

La Fourmilière assure, auprès des coopérateurs, une collecte de denrées qui sont destinées à plusieurs lieux de solidarité dont  les Brigades.

Depuis sa fondation, ce marché coopératif à la volonté de rendre son accès possible pour tous. Son mode de fonctionnement particulier avec ses contraintes sont un élément d’explication de l’absence de coopérateurs issus des quartiers populaires.

Terrain d’Entente depuis plusieurs années s’interroge sur les meilleurs conditions possibles pour rendre une alimentation de qualité accessible à tous. Des liens se sont construits avec la Fourmilière, nous avons contribué à l’émergence de VRAC. Nous poursuivons nos recherches.

Les AMAPS, depuis plusieurs années s’interrogent sur les questions d’accessibilité alimentaire. Différentes tentatives pour constituer des paniers solidaires ont été réalisées, en lien avec d’autres structures comme le Secours Populaire, les producteurs (concernant les invendus).

De la Ferme au Quartier recherche un mode d’organisation financière pour rendre accessible ses produits. Un lien se construit avec les Brigades pour tenter un fonctionnement en réseaux avec les producteurs.

VRAC 42  se trouve à la croisée de tous ces chemins, de ces différents constats de l’immense difficulté à pouvoir rejoindre ceux qui sont aujourd’hui condamnés à consommer des produits que nous pouvons estimer dangereux, pour la santé, pour l’environnement, et dont le mode de  production met en péril l’agriculture paysanne.

La Fabrique de la Transition s’est constituée pour générer de la coopération sur les projets. Elle a contribué à la constitution de VRAC 42

Ce qui  est commun à tous ces collectifs, c’est essentiellement la question de la justice sociale, de l’accès à l’alimentation pour tous. Notre volonté est de s’adresser à ceux pour lesquels rien n’est accessible, qui ne sont pas partie prenante de tous ces réseaux. Nous sommes confrontés  à l’urgence sociale pour tous ceux qui n’ont pas de quoi se nourrir au quotidien, à l’urgence sanitaire pour tous ceux qui sont contraints à une alimentation polluée et à l’urgence environnementale, avec l’enjeu de la production alimentaire (comment sortir de la logique de l’agro-industrie et de tout son cortège d’aides, avec la  banque alimentaire comme variable d’ajustement, comment soutenir une agriculture paysanne viable pour les producteurs?)

L’urgence sociale est une question immédiate avec une organisation en réseau qui est déjà effective et qu’il faut amplifier : donner accès à de la nourriture pour tous ceux qui n’en n’ont pas les moyens d’une manière digne (l’accès aux colis alimentaires impose aux « bénéficiaires » des justifications humiliantes).

Le problème essentiel des différents « dispositifs d’aide alimentaire » est qu’ils maintiennent ceux qui y ont accès dans un statut de demandeurs de manière souvent définitive et construit un système de dépendance, de sélection et d’exclusion.

Le recours aux aides d’urgence devrait être un moment exceptionnel dans  l’existence, pour qu’ensuite chacun puisse avoir accès à des ressources suffisantes pour subvenir à ses besoins vitaux.

Tout en poursuivant les actions de solidarité et d’entraide, nous sommes confrontés à la question de notre contribution à ce que chacun puisse se nourrir  correctement et de manière digne, puisse choisir sa nourriture en fonction de ses goûts et habitudes pour une démocratie alimentaire.

Il y a nécessité de construire une réflexion et des démarches transformatrices qui prennent en compte les besoins vitaux en tant que droits universels et apportent des réponses pour pallier  aux catastrophes environnementales.  Un travail est en cours et que nous pouvons rejoindre sur la construction d’une sécurité sociale de l’alimentation, les engagements des communes sur le maraîchage…..

L’objectif est de prendre en considération les besoins sur toute la commune de St Etienne, l’organisation de l’alimentation sur tout le territoire, et de permettre une connexion entre les différents énergies pour tenter de  coordonner les dynamiques.

Nous aimerions construire une réflexion avec les  producteurs, les distributeurs pour rechercher un mode d’organisation qui nous permette de définir collectivement ce que nous voulons manger, comment on le produit, de façon à ce que ceux qui nous nourrissent puissent vivre dignement et comment en assurer l’accès à tous. Dans un premier temps, nous envisageons de tenter de construire une caisse de solidarité qui permette à chaque stéphanois de consommer le plus possible de la qualité.

Le lien avec la Fourmilière et la Ferme au Quartier vont nous permettre de mettre en synergie producteurs, distributeurs, transformateurs, clients, et faire des propositions de solidarité (prix arrondis, points de la carte de fidélité à destination des collectifs, systèmes de « prix cassés »)

Nous souhaitons engager d’autres collectifs à nous rejoindre.

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Appel à constituer un Fond de Solidarité pour une alimentation de qualité pour tous.

Terrain d’Entente, VRAC 42 (vers un réseau d’achat en commun), Les Brigades de solidarité, La Fourmilière, le réseau des AMAPS, la Fabrique de la Transition, De la Ferme au Quartier ont décidé d’interpeller tous les acteurs potentiellement concernés par l’alimentation et sa qualité.

Au vu de l’impact de l’alimentation et de sa production sur notre santé et sur la nature, de l’ impossibilité majeure à y avoir accès pour un nombre toujours croissant de nos concitoyens, il est nécessaire de développer un cadre qui rende accessible une alimentation issue d’une production écologique et équitable pour tous , avec la possibilité pour ceux qui nous nourrissent de pouvoir vivre dignement de leur travail.

Notre système alimentaire est principalement basé sur la loi du marché. Ses impacts sur l’environnement, la cohésion sociale et la santé de tous sont considérables. Ce système souffre d’un sérieux déficit démocratique.

L’alimentation de qualité, la préservation de l’environnement, la reconnaissance des travailleurs de la terre, la relocalisation de la production alimentaire, doivent être considérées comme une question de santé publique.

A St Etienne, de nombreux collectifs sont investis sur la question de l’alimentation et s’engagent dans des actions qui se déclinent de manière très différente.

Nous sommes confrontés  à l’urgence sociale pour tous ceux qui n’ont pas de quoi se nourrir au quotidien, à l’urgence sanitaire pour tous ceux qui sont soumis à l’aide alimentaire ou aux produits issus de la grande distribution, et à l’urgence environnementale, avec l’enjeu de la production alimentaire (comment sortir de la logique de l’agro-industrie et de tout son cortège d’aides, avec la  banque alimentaire comme variable d’ajustement, comment soutenir une agriculture paysanne viable pour les producteurs?)

Il s’agit également de s’adresser à ceux pour lesquels rien n’est accessible, et qui ne sont pas partie prenante de tous ces réseaux, pour justement les inclure.

Tout en poursuivant les actions de solidarité et d’entraide, nous sommes confrontés à la question de notre contribution à ce que chacun puisse se nourrir  correctement et de manière digne, qu’il puisse choisir sa nourriture en fonction de ses goûts et habitudes,  pour une démocratie alimentaire.

Il y a nécessité de construire une réflexion et des démarches transformatrices qui prennent en compte les besoins vitaux en tant que droits universels et apportent des réponses pour pallier  aux catastrophes environnementales.

L’enjeu est de pouvoir définir collectivement ce que nous voulons manger, comment le produire et comment en assurer l’accès à tous.

Pour envisager un changement résolu du modèle agricole qui ferait la part belle à l’agriculture paysanne, durable sur les plans sociaux et environnementaux, pour rendre possible la souveraineté alimentaire, et casser les dépendances avec les secteurs transnationaux agro-alimentaires, des étapes sont incontournables.

Un travail de réflexion est en cours sur la construction d’une sécurité sociale de l’alimentation. Des communes s’engagent pour augmenter les possibilités  de maraîchage à destination des collectivités. Le réseau des AMAPS, des coopératives envisagent le développement de systèmes solidaires qui concernent de manière équitable les producteurs, les distributeurs, les consommateurs.

A ce jour, il semble possible de nous engager ensemble pour constituer un fond de solidarité pour que tous les stéphanois puissent avoir accès au mode d’alimentation de leur choix.

Vous êtes différents interlocuteurs concernés: les différents espaces de distribution, les producteurs… C’est ensemble que nous pourrons faire pression sur les pouvoirs publics de façon à prendre en considération les besoins de tous pour assurer l’organisation des circuits alimentaires respectueux de chacun, sur tout le territoire.

« Le droit fondamental à la nourriture suffisante est d’une importance cruciale pour la jouissance de tous les droits »   (Hilva Elver, rapporteuse spéciale du droit à l’alimentation)

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Travaille et rentre chez toi !

 En réponse à l’urgence sanitaire, à l’épidémie qui se développe, le gouvernement a imposé une nouvelle organisation à toute la société, de manière toujours plus autoritaire et répressive. A partir de l’école primaire, les enfants et les jeunes, et avec eux, tous ceux qui sont employables, tous ont été sommés de sortir de leur domicile pour la seule raison considérée comme nécessaire et indispensable: le travail ! Le reste nous a été interdit ou limité à sa plus simple expression: faire les courses, promener son chien …. 

La vie culturelle, sociale, religieuse, affective… tout est terminé. La seule vie qu’on veut sauver est la vie biologique, celle du corps. Or, la vie ne se résume pas à un corps, il y a aussi les raisons de vivre. 

Cette épidémie nous renvoie à la menace de mort. La maladie et la mort sont des réalités de l’existence que nous redoutons tous. Nous espérons échapper à des maladies graves, invalidantes, et nous avons peur de la mort! Nous cherchons même à faire reculer son échéance. Nous saluons à juste titre comme un progrès, une victoire, l’augmentation de l’espérance de vie (seulement dans certaines régions du monde, dans beaucoup d’autres, la mort frappe au quotidien avec une ampleur dramatique). 

L’espérance de vie, il est bien question de cela aujourd’hui. Qu’espérons-nous vivre en fait? Que souhaitons-nous chaque jour pour nous, pour nos proches, pour notre vie en commun? Quel élan nous fait nous lever le matin, qu’est ce qui nous pousse à sortir de chez nous? Quelles envies nous mobilisent pour construire des projets, réaliser des actions? 

Est ce que nos ambitions, nos aspirations se résument chaque jour au fait d’avoir à aller travailler, de retrouver le chemin de l’école? Et pour beaucoup d’entre nous comment considérons-nous notre travail, ou plutôt notre emploi? 

Une promesse de dépassement de soi et d’accroissement personnel? L’opportunité de contribuer à l’évolution de notre vie sur terre, la possibilité pour chacun d’entre nous de pouvoir contribuer au bien commun? Ou bien seulement l’unique moyen de subsistance possible , un simple »gagne pain »? Beaucoup, beaucoup trop, pour qualifier leur emploi précisent « c’est juste alimentaire! » 

Pour une majorité d’enfants et de jeunes, que représente l’école? 

Une promesse de développement et de perfectionnement pour soi-même et avec les autres? La possibilité de savoir pour agir et d’agir pour s’émanciper et s’épanouir? La possibilité de mieux comprendre le monde, l’opportunité de découvrir l’altérité et de là considérer comme une richesse, un partage et non une menace et une réduction de soi même? Ou bien, malheureusement, une expérience douloureuse et humiliante d’échecs, de perte de considération et de confiance en soi? 

Une majorité d’entre nous se retrouve contraint de se rendre à l’école chaque jour et d’exercer un travail sans adhérer véritablement à cet acte obligatoire. Chacun se plie à cette exigence mais à quel prix? 

Le prix de dépressions, le prix du découragement, le prix du désespoir pour tous les « premiers de corvée » et les « derniers de la classe »! 

Une masse impressionnante de nos concitoyens. 

L’épidémie est une réalité que personne ne conteste. Mais son traitement actuel met en péril tout ce qui peut nous donner des raisons d’espérer, de sentir autour de soi du réconfort, de retrouver l’énergie et l’envie. Une atmosphère de mal être s’installe parmi nous. Une atmosphère qui nous épuise, qui nous oblige à puiser au fond de nous même des ressources pour tenter de tenir le coup et ne pas nous effondrer. Mais ces ressources demandent justement du soin pour se renouveler, elles nécessitent le lien aux autres, pour nous sentir bien vivants. Ces ressources se renouvellent lorsque la joie nous habite, lorsque le désir semble pouvoir devenir réalité, lorsque des possibles apparaissent dans un horizon atteignable. 

Aujourd’hui, à l’occasion de ce deuxième confinement il nous est interdit ce qui est justement indispensable à nos vies: le lien, la rencontre, des moments « gratuits » où on se donne mutuellement de l’attention, le bonheur de construire avec d’autres, d’inventer, d’imaginer des possibles parce qu’on devient plus audacieux lorsqu’on se retrouve ensemble. 

Aujourd’hui, on observe ce qui se passe pour beaucoup d’entre nous lorsque ces ressources s’épuisent : pour les familles que nous connaissons bien à Terrain d’Entente, la dépression s’installe, les maladies invalidantes se développent, les démarches pour construire au mieux le quotidien deviennent trop pesantes, beaucoup renoncent, tout en mesurant les conséquences irréparables de cet essoufflement. 

Il aura suffi d’un organisme de quelques nanomètres pour engendrer une crise économique et sociale d’une ampleur inconnue jusqu’alors en temps de paix. Depuis Mars une part grossissante de la population se trouve confrontée à une baisse dramatique de ses revenus, à une dégradation de son quotidien. La violence sociale s’ajoute à la violence de la situation sanitaire de manière fulgurante. Des violences se surajoutent à d’autres violences et la culpabilisation individuelle est prégnante dans tous les discours des autorités gouvernementales. Le soupçon est également jeté sur une catégorie de la population, les plus pauvres! 

Dans le budget de l’ARS, une partie est désormais consacrée à l’éducation aux gestes barrière pour les habitants des quartiers prioritaires de la politiques de la ville! Il est question pour eux d’un apprentissage au lavage des mains et au port du masque. 

Le manque de financement de tous les services publics qu’on nous impose, les restrictions budgétaires, la politique délétère de l’hôpital-entreprise, ces responsabilités là qui incombent aux décideurs politiques, il n’en n’est presque pas question . 

L’attention et le soin portés aux êtres humains comme aux territoires ne sont plus les priorités. 

« Travaille et rentre chez toi! » 

En ce qui nous concerne, à Terrain d’Entente, nous nous efforçons de continuer à prendre soin de ces familles qui vont de plus en plus mal. Nous avons pu préserver le soutient scolaire durant tout ce mois de Novembre, et nous avons augmenter nos périodes de présence. Les enfants étaient nombreux à venir nous rejoindre, et nous n’avons refusé personne. Nous avons su préserver ce qui nous est toujours apparu comme essentiel, l’accueil libre et inconditionnel. Les enfants ont accepté les nouvelles contraintes: le gel hydro alcoolique, le masque, l’évitement de la mobilité dans la salle, le retour au domicile après les leçons. 

La présence soutenue d’adultes durant ces différents temps d’accueil a permis de prendre soin et attention à chacun de ces enfants. Ce qui nous a tous mobilisé: que chaque enfant, chaque jeune s’investisse avec enthousiasme et plaisir dans les apprentissages. Et nous constatons pour beaucoup d’entre eux des progrès réels. Pour certains de ces enfants qui auparavant, n’osaient pas prendre le risque de démarrer un exercice scolaire pour ne pas avoir à affronter un nouvel échec, ces enfants là rentrent enfin dans un processus d’apprentissage. Ils manifestent du plaisir à mieux comprendre et de la curiosité à connaitre et à savoir d’avantage. Nous avons réussi ensemble à construire un climat propice à la concentration, à la réflexion, à l’appropriation du savoir. Nous constatons une fois de plus que c’est la relation, l’attachement, l’encouragement qui créent la motivation, l’envie. 

Du côté de la jeunesse, les ados ont continué à nous solliciter pour réfléchir à leur orientation, les possibilités d’être accueillis en stage s’amenuisent avec à nouveau le risque de vivre l’échec avec tout son cortège de tensions intra familiales. D’autres trouvent encore le courage de nous confier leur détresse et nous sommes extrêmement préoccupés pour certains, de l’évolution de leur parcours. 

Cette démarche d’aller au coeur de la réalité, de la difficulté, de la détresse des enfants, des jeunes, des adultes est l’unique possibilité de retenir la main de celui qui souffre et d’avancer à ses côtés pour éviter qu’il ne s’effondre, pour rester debout et vivants ensemble!. 

Le premier geste humain envers un autre est le soin. Un geste qui ne doit rien à la morale mais à la nécessité, car l’état de nature, l’état premier des humains c’est la vulnérabilité. Sans le soin primordial au nouveau né, il n’y aurait pas eu d’humanité, pas d’aventure humaine, parce que la vulnérabilité est la condition du vivant. 

Dans ce climat autoritaire et répressif, dans ce climat qui développe la peur, le découragement et la dépression, il est urgent d’inventer, et démultiplier des espaces de bien être ouverts à tous. C’est surtout ça notre urgence sanitaire actuelle. 

Josiane GUNTHER le 3 Décembre 2020 

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Communauté éducative

L’évolution de notre démarche

Depuis quelques années, Terrain d’Entente participe à un travail entrepris sur la question des difficultés d’apprentissage scolaire des enfants des milieux populaires. Dans un premier temps, notre association s’est engagée pendant deux ans avec les acteurs du quartier Beaubrun Tarentaize, les groupes scolaires, des parents, sur l’action « 1001 territoires, pour la réussite de tous les enfants à l’école ». A la suite d’une rencontre avec Catherine Hurtig Delattre autrice du livre « La co éducation à l’école, c’est possible », nous avons rejoint une équipe composée d’enseignants qui se réfèrent à la pédagogie Freinet, des parents, et le réseau 1001 territoires de Lyon où Catherine était investie. Cette réflexion a permis à Terrain d’Entente de contribuer à la réflexion engagée sur la co éducation avec les groupes scolaires du Chambon Feugerolles. La rencontre de ces différents réseaux durant ce travail au Chambon a rendu possible des rendez vous téléphoniques durant la période du confinement. 

 Ces différents échanges ont pu mettre en évidence que le projet affiché de la « continuité pédagogique » dans cette période de confinement avait mis à mal de nombreuses familles et enseignants. Il aurait dû être question de « continuité éducative » et engager alors de nombreuses institutions. L’école s’est retrouvée isolée, à devoir construire quelque chose d’impossible.
Nous avons fait le constat que l’absence de coordination entre les différents secteurs de l’éducation, leur cloisonnement, leur isolement avait paralysé les initiatives. Les tentatives pour briser cet isolement, sont malheureusement restées marginales. Il était indispensable d’inventer des modes de « présence » auprès de ceux pour lesquels la situation est devenue vite anxiogène. Des actions de solidarité se sont organisées sur le terrain, notamment concernant la survie matérielle de personnes  précaires (ex distribution de nourriture ou de bons d’achat, lien avec les familles sans hébergement ou sans papiers, visites aux personnes âgées ) mais elles sont restées cloisonnées au sein d’une école, d’une association, d’un réseau.

Les injonctions institutionnelles ont semblé ne concerner que l’école, laissant une fois de plus à penser qu’on n’apprend que dans ce lieu…
Certaines mères de familles consacraient plus de 6 heures par jour aux devoirs de l’école. De nombreux enseignants avaient le sentiment de faire intrusion dans les familles et d’imposer une manière de faire irrespectueuse, du cadre de vie familial. Des familles ne pouvaient matériellement pas faire travailler les enfants, ont  fini par renoncer. Les enseignants ont fait preuve d’inventivité pour mutualiser, pour maintenir le lien avec chacun, mais avaient le sentiment d’abandonner certains de leurs élèves. Les incompréhensions se sont multipliées.
La connaissance et le lien avec les familles par les différents acteurs de chaque territoire, aurait pu donner des indicateurs pour apporter un soutien adapté à tous ceux que cet enfermement dans le temps long oppressait.

De nombreux acteurs ( centres sociaux, Amicales, agents  des Mairies…) ont cessé toute activité auprès des enfants et des jeunes, imaginant que des permanences téléphoniques, l’ouverture de pages face book allaient prendre suffisamment le relais pour combler l’absence de lien et de présence.
 Nos échanges téléphoniques entre personnes engagées dans cette volonté de continuité, depuis différentes places – enseignants ICEM, professionnels de collectivité, et militante de pédagogie sociale-  nous ont permis de comprendre certains besoins. Nous avons entrepris des petites actions d’ouverture pour les familles sur nos territoires respectifs (des appels aux familles, des échanges de SMS, des liens  entre les écoles et les centres sociaux, des distributions de jeux, livres, coloriages sur la période des « vacances », des propositions de lectures de livres au téléphone, des distribution d’œufs de pâques dans les boites aux lettres, des anniversaires fêtés, les journaux de classe poursuivis….)

Cette expérience micro locale confirme le caractère indispensable de la mise en place d’espaces communs pour assurer la continuité éducative, notamment en direction des familles les plus marquées par la précarité. Et nous engager pour  faire alliance et trouver nos complémentarités dans une même conception de l’apprentissage.
L’école enseigne des savoirs construits dans  la logique des disciplines scolaires. Sont-ils suffisamment appuyés sur le monde réel et pensés pour contribuer aux évolutions de ce monde et à ses transformations indispensables?

Le manque de sens donné aux apprentissages est apparu particulièrement marqué dans ces moments « d’école à la maison », où il manquait la vie du groupe classe, la médiation des enseignants, et les projets qui soutiennent d’habitude les activités proposées.

Connecter  les savoirs avec la vie sociale c’est transformer les savoirs en objets vivants. Les enfants ne sont plus alors des collecteurs de connaissances dévitalisées mais ils deviennent auteurs de leurs apprentissages parce qu’ils font sens pour eux. Et l’école n’est pas l’unique possibilité offerte aux enfants pour accéder à ces apprentissages.
Tous les espaces de vie de l’enfant peuvent contribuer à construire des espaces d’apprentissage, de coopération, de mutualisation et  d’entraide. Des espaces qui dynamisent chacun, enrichissent le collectif et construisent des savoirs susceptibles de nous permettre à tous de percevoir, qu’en dépit de nos différences, nous sommes tous appelés à participer à la construction du commun.
« Il ne faut pas donner plus à ceux qui ont moins, mais donner mieux. Un environnement culturel de qualité, des situations plus riches et stimulantes » (cf: Philippe Meirieu, dans le café pédagogique 22/04/2020)

« Qu’advient-il si on dit que la vie sociale est ce pour quoi  on a besoin d’être éduqué? »

 C’est à partir de leur curiosité, leur enthousiasme que les enfants apprennent, parce qu’ils ont envie de comprendre le monde qui les entoure.  Pour préserver cet élan de vie, il  nous faut construire, dans tous les espaces où ils évoluent, ceux de l’école et ceux du temps libre, un climat de bien être et de sécurité. Nous devons développer une compréhension et une reconnaissance de ce qui les habite dans leur quotidien. 

« Pratiquer une pédagogie hors les murs permet de s’arrimer à la vie et d’y demeurer coûte que coûte ». « La joie du dehors » Guillaume Sabin)

Cette démarche spécifique « du dehors » est le moyen le plus sûr de comprendre et prendre en compte la réalité de ce que vivent les familles. Les pédagogues sociaux deviennent des partenaires incontournables pour contribuer à ce besoin d’être éduquer. 

Cette « pratique » du « dehors » permet également d’interroger les idées reçues et de proposer des postulats:  » il n’y a pas d’axe normatif autour duquel s’organisent  les apprentissages ». 

Permettre à l’enfant de découvrir par l’expérience une variété de pratiques sociales, de façon à ce que quelque chose de neuf surgisse chez les enfants. Les enfants accèdent à des savoirs nouveaux en apprenant à se repérer dans ce monde complexe. Multiplier les expériences, les liaisons entre les choses entraîne une disposition à accueillir la nouveauté, à susciter la curiosité.

Tous les partenaires éducatifs peuvent trouver leur place en complémentarité. Il devient urgent de « susciter la curiosité », l’intérêt et l’envie d’apprendre. A force de trier et de sélectionner les enfants à partir des attendus institutionnels, trop d’enfants sont amenés à décrocher. Ce « décrochage » n’est pas un choix, les enfants  ne peuvent tout simplement pas trouver leur place dans ce système.

Le travail de l’école est censé permettre cette « articulation entre le concret et l’abstrait qui passe par une culture disciplinaire approfondie des enseignants médiateurs » Il faut donc défendre le coeur de ce métier. 
« J’espère que dans l’école d’après nous n’accepterons plus la réduction technocratique de la classe, des exercices programmés, des aides individuelles prescrites à travers des protocoles standardisés ». (Philippe Meirieu)

Les préconisations sur les « gestes barrières » pour assurer la continuité pédagogiques dans les classes rendaient l’accueil des enfants très problématique. Hors, il est possible dès maintenant de prendre en compte  toutes ces familles avec lesquelles l’école n’a pas réussi à préserver le lien nécessaire, où les enfants ont très vite été débordés par les contraintes inaccessibles du travail scolaire à la maison et de leur donner la priorité.

Nous avons accès aux jardins publics, aux voies vertes, des jardins potagers sont en friche… On pourrait réquisitionner les cours d’écoles…. L’extérieur reste une source infinie de richesses à explorer, d’expériences à découvrir. Il nous est donner l’opportunité d’estimer sur chaque territoire d’autres manières de procéder. Donnons nous les moyens pour que ce contexte sanitaire devienne une réelle opportunité de pratiques transformatrices.

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Notre posture sur le déconfinement

                  Les conditions de la reprise de notre présence sur l’espace Jean Ferrat

Les enfants ont souffert de cet enfermement très prolongé. Qu’est ce qui devient le plus dangereux? Les empêcher de sortir? Les laisser  livrés à eux mêmes? Ils ont besoins de se retrouver à l’extérieur, avec les autres, et d’être accompagner dans cette étape de dé confinement.

Dans ce contexte d’urgence sanitaire, il nous faut réinventer d’autres façon de faire et de se retrouver collectivement. Nous souhaitons maintenir ce qui fait sens pour nous dans l’acte d’éduquer: la co construction collective de notre environnement, de la vie du groupe. Et créer ensemble un espace sécurisant où les interactions sont possibles, où il est possible de vivre du collectif. 

Tout ceci ne peut se réaliser que dans la relation, le dialogue, et les ajustements permanents.  Nous devons être des personnes ressources et organiser un espace où les enfants puissent s’échapper, rire, et être en sécurité. 

Nous ne voulons pas oublier les besoins et les droits des enfants. Le droit de jouer, de parler entre eux, d’exprimer leurs émotions, de manipuler des objets. Leur bien être psychique est aujourd’hui, notre principale préoccupation. Notre responsabilité d’adultes est de rendre la situation la moins anxiogène possible. 

Les protocoles sanitaires sont drastiques, ils nous semblent incompatibles avec le bien être des enfants. Nous ne pouvons  pas en être garants. Mais refuser d’être présents serait envisager le pire. Il nous faut prendre ce risque d’être présents avec eux, sur le terrain. Le comportement des enfants est lié à la dynamique de groupe, nous nous devons d’accompagner cette dynamique dans le sens de la protection de tous. 

Notre présence fait aussi sortir les enfants de chez eux. Nous souhaitons donc leur donner les moyens d’apprendre des réflexes de protection et de bienveillance sanitaire vis à vis de soi même et des autres, qu’ils puissent s’approprier en dehors de notre présence.

Il nous semble impossible d’imposer des « gestes barrières », tels qu’ils sont préconisés. Mais il est nécessaire de leur transmettre des attitudes de précaution respectueuses des personnes les plus vulnérables. Les enfants ne semblent pas être eux même en situation de danger, face à la contamination, mais ils doivent comprendre leur responsabilité dans la possibilité de transmission du virus. Plutôt que d’inspirer de la peur et de la culpabilité, nous souhaitons nous engager ensemble dans l’apprentissage  de « prendre soin les uns des autres ». Nous allons réfléchir en terme de « gestes de protection ». 

Les enfants doivent pouvoir reprendre prise sur un réel qu’on ne leur a pas suffisamment expliqué, et mettre des mots sur cette période de confinement qu’ils ont subi. On ne sait pas à ce jour ce qu’ils ont compris du virus et de cette obligation au confinement prolongé. Il est indispensable de parler , d’écouter et de partager notre position: notre prise en compte de leur besoin de jouer avec les autres, d’être dehors, notre envie de construire avec eux des temps de rencontre et s’interroger sur ce qu’il est possible de faire et de ne pas faire. 

Sur l’espace Jean Ferrat, qui est un espace public, ouvert à tous, nous avons organisé un conseil des enfants Mercredi 20 Mai, pour nous poser ensemble certaines questions déterminantes. Faire les choses que eux mêmes auront construit.

 Comment être responsables tous ensemble, s’il y a beaucoup de monde en même temps? Comment on peut se dire bonjour? Rechercher des activités où on ne se touche pas. Comment s’organiser pour éviter de se retrouver à plus de 8, 10 sur le même périmètre? Comment éviter que tout le quartier soit malade? (Proposition: rituel du gel en début et à la fin pour éviter les risque de propagation, désinfection systématique du matériel utilisé). Nous avons également pris l’avis des familles..

Nous veillerons à ce  que chaque adulte possède un masque, un flacon de gel hydro alcoolique dans sa poche et puisse proposer aux enfants de se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon. 

La cour de récréation de l’école de Tarentaize nous permettrait d’organiser les espaces de jeux et de répartir au mieux les groupes d’enfants sur le terrain. Une fontaine sur le terrain devient indispensable pour assurer le lavage fréquent des mains.

D’autres besoins sont à prendre en compte: Le café des femmes, les sorties familles

Certaines familles ont été particulièrement éprouvées par cette période de confinement. Le retour sur l’extérieur les inquiète. Nous avons proposé des masques à celles qui manifestent le plus de difficulté. Il nous parait important d’organiser des rencontres collectives pour parler de ces deux mois et envisager plus sereinement le retour à une vie plus « normale ». Nous allons reprendre notre rituel du café des femmes sur l’espace Jean Ferrat. Nous allons proposer des randonnées en familles en utilisant les « voies vertes ». 

                                 Le soutien scolaire

De manière générale, les enfants, les jeunes et leur famille se sont investis dans le travail scolaire tout au long de cette période. Nous avons tenté de leur apporter une aide par téléphone, mais ce travail s’est très vite soldé par un échec. Il était impossible pour ceux qui avaient des problèmes de compréhension de pouvoir expliquer leur difficultés à distance. 

Certains parents ne pouvaient pas aider les enfants qui étaient le plus en difficulté scolaires. Certains enfants n’accordaient pas de légitimité à leurs parents dans ce rôle de « tuteur ». Ils refusaient parfois de réaliser leur travail scolaire sans la présence de leur maîtresse. Le manque d’écran dans la plupart des familles est devenu au fil du temps une contrainte insurmontable. D’autres ont rencontré des difficultés pour imprimer les documents. Certains enfants et jeunes n’ont pas tenu cet engagement durant toute la durée du confinement et le vivent mal. 

Ces différents échecs ont provoqué une grande inquiétude dans beaucoup de familles, concernant le parcours scolaire de leurs enfants. Les conditions de reprise de l’école inquiètent un grand nombre de familles. 

Il nous semble nécessaire aujourd’hui, de nous engager auprès d’elles pour assurer du soutien scolaire. Certains adultes et jeunes du quartier sont prêts à s’impliquer dans cet effort collectif.

Il est donc indispensable de pouvoir avoir accès à des locaux municipaux pour assurer un accueil le plus sécurisé possible. Il nous semble également indispensable que les différentes structures du quartier puissent définir les règles nécessaires à ces rencontres et réaliser ce travail toutes ensemble. 

Face au constat de manque d’équipement numérique, nous avons sollicité la Fondation Abbé Pierre ce qui nous a permis d’équiper  21 familles en ordinateurs avec tour. Nous avons privilégié les familles nombreuses avec des enfants scolarisés au collège et au lycée. Nous avons repéré également des besoins qui concernent également les adultes pour des questions notamment de formation. Nous n’avons pas la possibilité de satisfaire tous ces besoins. Où peuvent-elles s’adresser pour acquérir ce matériel indispensable? Le numérique aujourd’hui est devenu un produit de première nécessité.

                                       La présence auprès des adolescents.

Certains jeunes ont particulièrement mal vécu cette période et surtout mal compris les règles de confinement. Ils ont cumulés des amendes et risquent donc de plus lourdes peines. Ces expériences les laissent plein d’amertume. Ils ont également besoin de présence adultes pour exprimer leurs difficultés, réfléchir à la situation sanitaire actuelle pour mieux comprendre le sens de toutes les contraintes imposées.

Nous souhaitons pouvoir engager  ce travail auprès d’eux avec les différents acteurs du champ éducatif du territoire. 

                                      Des personnes vulnérables et seules

Durant les deux mois de confinement, nous avons pu organiser de l’aide pour assurer les courses de 3 familles qui étaient repérées en difficulté par des adhérents de Terrain d’Entente. Quelques jeunes du quartier se sont engagés avec nous dans ce travail. Ces personnes sont toujours demandeuses à ce jour. Elles n’ont pas ou très peu de soutien familial. Nous n’allons pas pouvoir poursuivre ce soutien dans la durée. A quoi peuvent-elles avoir recours?

Josiane GUNTHER le 18 Mai 2020

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Proposition pour un « Labo de co éducation »

La coéducation, c’est le partage des rôles entre différentes personnes qui oeuvrent ensemble à l’édu-cation d’un enfant, d’un jeune, ou d’un groupe. Cela concerne les parents – premiers éducateurs de leurs enfants – , les professionnels de l’école, des loisirs, du social, de la santé ainsi que les enfants et les jeunes eux-mêmes.

Cette notion de partage est aujourd’hui reconnue comme nécessaire et préconisée par les institutions. Elle représente un tremplin vers une autre conception de l’éducation, plus globale, plus ouverte, donnant une place à chacun. Mais elle s’avère difficile à mettre en oeuvre et semée d’obstacles : cela nécessite du temps, des bonnes conditions de dialogue, du respect et de la confiance mutuels, de l’espace pour des approches différentes qui peuvent devenir complémentaires.

A Saint-Etienne et au Chambon-Feugerolles une réflexion approfondie s’est amorcée sur ce sujet depuis deux ans, avec plusieurs temps de rencontres concernant des parents, des enseignants, des bénévoles et des professionnels d’associations et de collectivités territoriales.

Un petit groupe de professionnels (1) a poursuivi le dialogue sous forme de rendez-vous téléphoniques, pendant la période éprouvante du confinement puis du déconfinement, entre mars et juillet 2020. Ce groupe a pu mesurer combien le projet affiché de la « continuité pédagogique » a mis à mal familles, enseignants et acteurs éducatifs. Il aurait dû être plutôt question de « continuité éducative » et y engager alors de nombreuses institutions et associations. L’absence de coordination entre les différents secteurs de l’éducation globale a rendu compliquées les initiatives, pourtant nombreuses, des professionnels. Cette expérience confirme le caractère indispensable de la mise en place de ces espaces communs pour assurer une continuité, notamment en direction des familles les plus marquées par la précarité et/ou par l’isolement, le repli sur soi, l’inquiétude, le découragement.

Ce même groupe propose de créer, à partir de septembre 2020, un « labo de coéducation » afin de poursuivre la réflexion et de construire des propositions en confrontant les points de vue des divers «coéducateurs ».

La proposition concerne les parents et l’ensemble des professionnels qui travaillent auprès des enfants et des jeunes : dans les écoles, collèges et lycées, dans les centres sociaux et culturels, dans les associations, les services médico-sociaux, les équipements culturels et dans les espaces publics. Dans chaque établissement ou structure, tous les professionnels peuvent être concernés (par exemple dans une école : pas seulement les enseignants mais aussi les ATSEM, les AESH, les animateurs etc..) On veillera aussi, d’emblée, aux façons d’inclure progressivement des enfants et des jeunes. Il s’agit d’un engagement bénévole et non institutionnel, même si les différents professionnels s’attacheront à faire connaître et reconnaître ce travail à leurs institutions respectives.

Le groupe devra définir une ou plusieurs thématiques engageant tous les participants, en reconnaissant chaque acteur du champ éducatif dans son rôle, et sa légitimité, en impliquant les enfants et les jeunes.

Les directions précises de réflexion et les méthodes de travail seront construites et validées par le groupe lors des premières séances, à partir des propositions ci-dessous.

Propositions de questionnements :

De quoi a besoin un enfant durant sa vie éveillée pour entrer dans les apprentissages (scolaires et non sco-laires), pour y éprouver de l’intérêt et du plaisir ?

Que peut apporter aux uns et aux autres une mise en commun pour assurer l’éducation ? Quelles modalités, quels objectifs, quels contenus, quels destinataires pour ce partage?

Comment offrir à chaque enfant « une éducation au monde« , et se saisir de tout ce qu’il y a alentour de disponible pour produire de l’éducation ?

Comment donner du sens à des apprentissages scolaires construits dans la logique des disciplines, en les appuyant sur le monde réel, en les mettant en lien avec tous les apprentissages réalisés en dehors de l’école ? Comment permettre à ces apprentissages disciplinaires de contribuer aux évolutions de ce monde et à ses transformations indispensables ? Comment permettre aux enfants et aux jeunes de devenir acteurs/ auteurs de leurs apprentissages, de façon à ce qu’ils trouvent leur place et leur rôle dans cette société à laquelle ils se doivent d’apporter leur contribution ?

Proposition de méthodologie

A partir de la méthode d’élaboration de projets, dans un premier temps nous pourrons identifier tous ensemble des thèmes et des questions à partager.

Dans un deuxième temps, des « groupes de pairs » (2) (y compris des groupes d’enfants et des groupes de jeunes) seront mis en place pour échanger sur les mêmes thèmes et questions en fonction des expériences respectives des membres de chaque groupe.

Enfin, une mise en commun se fera régulièrement pour mettre en évidence les points de convergence/de divergence entre les groupes de pairs ainsi que les éventuelles perspectives à envisager (initiative à mettre en place, démarche à mener, nouveau thème et nouvelle question à explorer, etc.).

Les rencontres communes à l’ensemble des groupes de pairs se dérouleront dans des lieux publics, si possible en dehors des locaux scolaires afin de permettre une parole plus libre de chacun : parents, professionnels, enfants…

Les jours et horaires des réunions des groupes de pairs et des réunions communes seront choisis afin de convenir au maximum de personnes intéressées, compte tenu des importantes variables de contraintes selon les catégories de personnes (parents, enseignants, animateurs..).

Ce labo de co-éducation sera coordonné par Josiane Gunther, engagée dans l’association de pédagogie sociale « Terrain d’entente ». Il pourra s’appuyer sur la contribution de deux personnes-ressources bénévoles :

– Frédéric Jésu, ancien pédopsychiatre de service public et impliqué en tant que consultant dans le champ des politiques sociales, familiales et éducatives locales, auteur de plusieurs livres entre autre: « Co édu-quer: pour un développement social durable » ;

– Catherine Hurtig-Delattre, enseignante et formatrice, autrice du livre: « La coéducation à l’école, c’est possible » qui rapporte une expérience de 30 années d’ouverture de l’école aux familles et aux associations.

Une réunion destinée à présenter cette initiative, à échanger sur ses objectifs, ses contenus et ses modalités, et à programmer les étapes de son déroulement se tiendra le mercredi 30 septembre de 17h à 19h (lieu à préciser)

(1) groupe composé de plusieurs enseignants engagés en pédagogie Freinet, de responsables du secteur éducatif 1 dans une commune, d’une bénévole dans une association de pédagogie sociale

(2) Il s’agit de réunir les personnes ayant le même statut : un groupe de parents, un groupe d’enseignants, un groupe d’animateurs, un groupe de jeunes etc… 

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Assemblée Générale, le 12 septembre 2020

Avec les masques et du gel hydro alcoolique!

Nous sommes en accord avec les principes de précaution qu’imposent la crise sanitaire que nous traversons mais nous tenons à préserver nos temps de rencontre et notre présence sur l’espace public. C’est pourquoi nous avons fait le choix d’organiser cette Assemblée Générale sur l’espace Jean Ferrat pour pouvoir accueillir tous ceux qui souhaitaient nous rejoindre. Nous nous félicitons de cette décision, beaucoup de nouvelles familles étaient présentes ainsi que  différents collectifs avec lesquels nous cheminons tout au long de l’année.

Après leurs présentations, le rapport d’activité et le rapport financier ont été approuvés à l’unanimité.

Nous avons pu ensuite nous retrouver dans différents ateliers

Un pour parler du déroulement de la semaine avec Fyala et Bertrand, nous sommes présents du Lundi au samedi 

Un atelier pour parler du café des femmes, et du CA avec Amel et Albana, deux lieux essentiels pour nous rencontrer, décider, nous organiser

Un atelier pour parler de l’importance de sortir du quartier, avec Fathia et Karima: pour se ressourcer et rencontrer les autres: les club sportifs, les marches dans les parcs, les sorties vélo, les associations qui nous accueillent, les séjours, les sorties à la journée

Un atelier financement avec Claire et Georges: nous pouvons encore cette année embaucher 2 salariés, Ramzi et Bertrand qui réalisent un énorme travail  

Dans les différents ateliers proposés, des partages sur le bilan de l’été et les perspectives de l’année ont permis à chacun de s’exprimer librement. L’été a été pour beaucoup un temps de respiration salutaire:  » Pendant les 3 mois de confinement, on était mort. Seul le cœur battait. Nous avons pu vivre des premières sorties après toutes ces choses. On a oublié le Covid pour la première fois. La sortie permet de prendre beaucoup d’énergie dans la nature, sa force. Bien respirer l’air pur, l’oxygène des arbres, et on a la force de continuer pour la rentrée, on est prêt. » (sic)

Et nous avons pu également tirer des enseignements des déceptions pour prévoir un mode d’organisation très collectif et plus participatif. Plusieurs adultes souhaitent désormais s’associer aux chantiers réguliers de Champoly pour que cet espace devienne plus adapté à l’accueil des familles. Des weekends sont envisagés pour le printemps prochain.

 Nous avons pu également répertorier les aspirations et les préoccupations. La question de l’école, du soutien scolaire est prégnante pour de nombreuses familles. Les préconisations sanitaires limitent toutes les structures du quartier à réduire le nombre d’enfants accueillis. Si bien que les besoins s’accroissent. Nous espérons pouvoir répondre aux besoins en assurant une présence le mardi après l’école, le samedi matin et tout au long de la semaine, de façon individuelle, en fonction des demandes. Nous allons poursuivre nos découvertes de livre à la

Librairie Les Croquelinottes, et la médiathèque, pour apprendre le plaisir de la lecture 

Une grande aspiration au sport s’est manifestée par tous. Une dizaine d’enfants vont pouvoir intégrer l’école de Rugby animée par Bertrand les Mercredis, le foot à 7 pour les jeunes va s’organiser pour la deuxième année, les sorties vélos pour les adultes vont pouvoir s’organiser avec « vélo en quartier », des marches entre adultes sur les voies vertes vont être prise en charge par les habitantes, une initiation au rugby pour les femmes  est en cours de réalisation, des tournois (foot, volley , basket…) sont prévus tout au long de l’année pour toutes les générations.

Dans les perspectives, le projet VRAC, avec la possibilité d’un groupement d’achat pour des produits de qualité est une attente pour un grand nombre de familles mais avec un grand doute sur l’accessibilité des prix. En effet la longue période du confinement a mis à mal de nombreux budgets déjà très fragiles. Ce projet a l’intérêt également de renforcer notre partenariat avec les structures du quartier pour que nous soyons tous bien en adéquation avec la réalité du quotidien des familles. 

La biennalle de TRACES: va nous permettre pour la seconde fois de nous associer à cette réflexion autour de l’accueil des migrants. Nous allons contribuer à ces rencontre en proposant une animation à partir de lectures de notre livre « La voix-e des femmes » 

Nous sommes une association de lutte contre l’exclusion, l’injustice, l’inégalité. 

Notre société est cloisonnée, alors nous cherchons à faire le plus de rencontres possibles et sortir de l’enfermement qui distille  la peur, et les préjugés. 

Ce qui peut caractériser au mieux Terrain d’Entente c’est notre volonté de ne pas renoncer face à une situation difficile, et de chercher sans relâche des solutions. 

Ce qui peut aussi nous caractériser c’est la chance de pouvoir nous appuyer sur les ressources immenses que nous découvrons années après années sur ce quartier, ses grandes solidarités face au deuil et aux galères du quotidien.

A force de tâtonnements, on trouve parfois des issues. Elles restent aujourd’hui extrêmement fragiles et incertaines. (cf. notre rapport d’activité 2019/2020)

Ce bel après midi de partage s’est terminé par un somptueux goûter, grâce à la contribution de toutes les familles présentes.

Un bilan et des perspectives très encourageantes. 


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Message de Vanessa Brossard de la Fondation Abbé Pierre

Le 12 septembre 2020

Bonjour,

Je n’ai pas la possibilité de me retrouver parmi vous aujourd’hui, je vous prie de m’en excuser.

J’ai proposé à Josiane d’écrire ce petit mot pour expliquer comment s’est déroulé le partenariat entre Terrain d’entente et la Fondation Abbé Pierre cette année,  marquée par la pandémie du Coronavirus.

La date du 15 mars annonçant le confinement a chamboulé nos quotidiens à tous. Très rapidement, la FAP a constaté que cette assignation à résidence venait aggraver les difficultés de celles et ceux qui sont confrontés au mal-logement : c’est évidemment impossible de se confiner lorsqu’on n’est sans logement, c’est aussi très difficile (et pas sans conséquences) lorsqu’on habite un logement insalubre ou lorsqu’on subit le surpeuplement. Et puis, le confinement nous a confronté à une grande solitude puisqu’il s’est accompagné de fermetures de nombreux services, à commencer par les écoles mais aussi tous ces lieux dont on se sert au quotidien : les organismes sportifs et culturels, les administrations, les services sociaux etc. 

La FAP a très rapidement pris la mesure de ce qu’il était en train de se produire et dans les 15  jours qui ont suivi, un appel à dons a été lancé. Cette collecte a permis de capter 6 millions d’euros. 

Nous nous sommes organisés au sein de la FAP pour redistribuer ces fonds en nous appuyant sur les structures qui avaient maintenu leur activité.

Terrain d’entente fait partie de ces acteurs qui n’ont pas baissé les bras et qui ont décidé coûte que coûte de d’être là, aux côtés des habitants du quartier Beaubrun-Tarentaise. 

Très vite, on a pu acheminer des chèques-services pour les habitants les plus en difficultés et puis délivrer un fonds d’urgence pour organiser les distributions de jeux pour aider les enfants et leurs parents à supporter l’enfermement lié au confinement, des ordinateurs pour améliorer l’équipement pour l’école à distance, la fabrication de masques en tissu et puis apporter des aides de subsistance aux familles sans ressources. 

Nous avons pu enfin grâce à ces fonds, aider l’association à préparer l’été en donnant la possibilité de financer des séjours de vacances en familles ou avec des groupes de jeunes. Le principe des vacances c’est de ne pas (trop) compter et de prendre plaisir dans l’insouciance. J’espère que ces fonds y ont contribué.

Pour la Fondation Abbé Pierre, Terrain d’entente est une association qui sait ce que le mot « agir » signifie. Agir c’est d’abord prendre le temps d’écouter, d’établir un vrai dialogue avec les gens qui ont l’expérience de la difficulté et du mal-logement. Et puis c’est trouver l’énergie pour montrer que la vie doit se recomposer en toutes circonstances et que les épreuves peuvent être dépassées plus facilement si on s’y met tous ensemble.

C’est un parti pris du refus de la résignation, une association proche du slogan de l’abbé Pierre « on ne lâche rien ». 

Terrain d’entente a montré une fois encore sa capacité d’agir, au plus près des besoins et de faire collectif dans cette période si spéciale de pandémie.

Bravo à l’association et aux habitants qui s’y impliquent. Et puis à très bientôt pour de nouvelles aventures !

Vanessa Brossard, Fondation Abbé Pierre

Vanessa Brossard

Chargée de mission // Agence Auvergne-Rhône-Alpes – Fondation Abbé Pierre

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Rapport d’activité 2019/2020

                             Rapport d’activité Terrain d’Entente 12 Septembre 2020

Une année impactée par la COVID19! 

Le confinement, l’école à la maison, le prix des produits de première nécessité qui  explose, des pères et des mères qui doivent poursuivre leur travail: remplir les rayons des super marchés, assurer le ménage et la désinfection des locaux, se rendre auprès de nos aînés pour en prendre soin, la peur de la contagion, les sorties sous contrainte, la police qui distribue des amendes à certains, des deuils qui ne peuvent pas se vivre pleinement, la reprise de notre vie sociale sous condition avec des services administratifs toujours plus inaccessibles, des trajectoires de vie bloquée par des documents qui semblent impossibles à obtenir . 

Une fois de plus, une fois de trop pour beaucoup, de dramatiques conséquences pour ceux qui sont placés  au plus bas de nos préoccupations sociales. Et nous sommes en incapacité d’en mesurer toutes les conséquences sur le long terme.

« Chaque jour les devoirs tombent comme de la grêle » (sic)

Durant cette longue période de confinement,  nous avons été témoins de la souffrance de nombreux enfants et jeunes, et de leurs parents face à l’impossibilité de répondre à la commande de l’école. La souffrance et l’angoisse d’avoir une fois de plus à renoncer, à s’avouer vaincu et à redouter les conséquences de ce nouvel échec pour leur devenir. 

Alors nous avons continué à faire ce qui nous mobilise depuis toujours: rester « présent », accorder beaucoup d’attention à ce qui se manifeste, pour tenter d’y apporter des réponses.  

Nous nous sommes battus ensemble, la Fondation Abbé Pierre nous a soutenu, nous avons trouvé les ordinateurs qui manquaient, nous avons proposé des rendez vous aux enfants, à plusieurs reprises, pour assurer des échanges de jeux, de livres…. Nous n’étions pas seuls. Plusieurs agents de la médiathèque ont recherché des livres, album, BD et nous les ont donné, certains ont proposé aussi des rendez vous téléphoniques aux enfants pour leur raconter des histoires, des brigades de solidarité se sont organisées pour récolter des dons et nous ont rejoint pour faciliter nos distributions de jeux….Nous avons pu bénéficier de dons de masques réalisés par des couturiers, nous avons pu en fabriquer avec le Babet.

Avec plusieurs membres de notre collectif, nous avons repéré ceux pour lesquels la situation devenait dramatique pour apporter un petit soutien financier. De nombreux membres de la communauté musulmane se sont organisés tout au long de cette période pour offrir des repas chauds, des produits de premières nécessité à tous ceux qui en manifestaient le besoin

Nous avons également assurer les courses de ceux qui avaient le plus de difficulté à se déplacer avec l’aide de quelques jeunes du quartier!

A ce jour encore, tout semble conditionné par la présence de ce virus, la vie ne semble pas pouvoir reprendre son cours habituel. Dans ce contexte d’urgence sanitaire, il nous faut réinventer d’autres façon de faire et de se retrouver collectivement. Nous souhaitons maintenir ce qui fait sens pour nous: la co construction collective de notre environnement, de la vie du groupe. Et créer ensemble un espace sécurisant où les interactions restent possibles, où il est possible de vivre du collectif. 

Tout ceci ne peut se réaliser que dans la relation, le dialogue, et les ajustements permanents.  Nous ne voulons pas oublier les besoins et les droits des enfants. Le droit de jouer, de parler entre eux, d’exprimer leurs émotions, de manipuler des objets. Leur bien être psychique est aujourd’hui, notre principale préoccupation.  Nous nous efforçons de leur transmettre des attitudes de précaution respectueuses des personnes les plus vulnérables. Ils doivent comprendre leur responsabilité dans la possibilité de transmission du virus. Plutôt que d’inspirer de la peur et de la culpabilité, nous souhaitons nous engager ensemble dans l’apprentissage  de « prendre soin les uns des autres ». Nous réfléchissons en terme de « gestes de protection ». 

Quels enseignements pouvons nous retirer de cette nouvelle réalité qui s’impose? En quoi notre démarche et notre pratique apporte-t-elle des ouvertures?

Les pratiques de la pédagogie sociale interrogent les formes conventionnelles de l’intervention sociale, elles remettent en question les manières de faire et de penser « qui vont de soi ». 

 Les pédagogues tels que Yanusz Korcazk, Célestin Freinet et Paulo Freire ont développé une pédagogie de la proximité, de la réciprocité, de l’amitié. 

La proximité qui rend possible des relations intimes, pour mieux saisir ce qui se joue dans telle ou telle situation. Cette connaissance des réalités quotidiennes permet de proposer des actions qui ne reposent pas sur des représentations ou des préjugés. Plus on est proche, plus on est dans l’action parce qu’on se sent concerné par ce qui se manifeste. 

La proximité est une nécessité pour attraper la réalité. La mise à distance est une sorte de cercle vicieux qui, partant de l’ignorance, génère de la méfiance, renforce les préjugés, consolide l’éloignement et à nouveau les mal entendus, les incompréhensions.  

 Les relations qui se tissent ainsi permettent de se laisser toucher par les évènements du quotidien, et de laisser la place  à la réciprocité. On évite ainsi que se développe une mésestime de soi pour ceux qui n’ont jamais l’occasion de donner en échange. 

L’objectif est toujours d’agrandir les espaces vécus, multiplier les expériences, les liaisons, de développer une disposition à accueillir la nouveauté

 Il nous faut plonger dans la réalité de l’autre et accepter d’être « étranger » à cette réalité. Il est nécessaire de sortir d’une certaine zone de confort où on ne sait pas, où on ne comprend pas tout. On saisi alors un peu ce qui est   ressenti par tous ceux qui  passent les portes des institutions, confrontés à ce sentiment d’étrangeté, d’incompréhension des codes, du langage, des procédures.

En pédagogie sociale, ce schéma se trouve bouleversé puisque ce sont les familles qui accueillent

Notre société est segmentée, alors nous voulons développer des opportunités de rencontre avec tous, de façon à sortir de l’enfermement qui distille de la peur, des préjugés. Sortir de l’idéologie de séparation qui provoque toujours plus de discrimination. Face à la montée de l’individu, la réponse est dans le collectif qui est la seule manière de remettre en question  culturellement ces conceptions.

Nous voulons retrouver une dynamique d’éducation populaire où nous prenons, ensemble, en main des réalités qui nous concernent tous, et envisager les questions en terme d’ouverture, d’échanges, de manière à reconstruire le tissu social, des liens d’entraide. 

Nous voulons surtout mettre en évidence le profond délitement de notre organisation sociale qui ne sait plus prendre en compte les aspirations de tous ceux qui sont le plus impactés par ce système toujours plus inégalitaire, injuste, violent. Un système qui abandonne tous ceux qui souhaitent par dessus tout faire partie intégrante de la société et y apporter leur contribution. 

N’oublions pas cet élan d’enthousiasme aux premiers jours du confinement. Très paradoxalement, malgré la conscience d’avoir à traverser une « catastrophe », à Terrain d’Entente, nous avions le sentiment, en acceptant de bonne grâce cette lourde réduction de nos libertés, de participer à cet effort collectif commun. Nous trouvions enfin notre place dans cette épreuve qui nous concernait tous. Nous étions « comme tout le monde » (sic). 

Nous devenions un peu égaux!

Chaque année, nous développons des activités qui font sens pour notre collectif, qui partent des aspirations, des envies. Chaque année de nouvelles activités s’additionnent aux précédentes qui sont devenues pérennes.

 C’est à la fois enthousiasmant de comprendre que les possibilités de réaliser des choses ensemble sont illimitées et même permettent de s’accroître et de s’amplifier dans une logique de cercle vertueux. Plus on réalise des choses qui aboutissent et plus on développe de capacités pour en développer d’autres avec toujours plus de finesse dans notre perception du réel, donc plus en adéquation avec lui. 

Mais on peut également céder à la panique face à l’ampleur de la tâche, l’ampleur des difficultés.

Notre  société s’est développée de façon tellement  inégalitaire que certains que d’entre nous en sont impactés jusque dans leur identité. Beaucoup de ceux qui se retrouvent avec des ressources trop limitées, sans emploi, sans formation, sans accompagnement développent un sentiment de honte. La honte de ne pas pouvoir subvenir à ses propres besoins, le sentiment d’indignité d’avoir à demander de l’aide.

Comment sortir d’une situation de victimes de la violence sociale pour construire les solidarités concrètes, reprendre en main nos conditions de vie pour une vie plus digne, où chacun se sent partie prenante ?

La précarité est un vécu si contraignant que la tendance pour une personne qui la subit est de renoncer à des besoins fondamentaux comme l’alimentation de qualité, l’accès à la santé, à la culture…

Cette situation, où les familles renoncent, abandonnent leur propre devenir, nous en rencontrons toujours plus. Une forme d’usure à devoir toujours se battre, se justifier, à ne pas se sentir compris et pris en compte dans les difficultés. Une forme d’usure à devoir toujours demander et attendre une réponse qui ne vient jamais. Une forme d’usure devant la complexité des démarches administratives où le numérique tend à remplacer dans toutes les administrations la possibilité de rencontrer et de s’expliquer devant une personne. L’usure d’avoir toujours à supporter et subir l’indifférence.

Cette forme d’abandon, nous en sommes témoins pour des situations très diverses mais qui chaque fois sont très préjudiciables pour le devenir des familles. Pour ce qui concerne les orientations scolaires, où le fonctionnement des établissements  est complètement étranger à la compréhension de certaines familles ; pour ce qui concerne des retards de prestations de différents services administratifs où les agents sont injoignables ; pour ce qui concerne des conditions de travail dégradantes, qui mettent à mal les corps et remettent en question les perspectives de travail, ou des recherches de travail qui n’aboutissent pas…..

Ce qui peut caractériser au mieux Terrain d’Entente c’est cette volonté de ne pas renoncer face à une situation difficile, et de chercher sans relâche des solutions. Il nous faut accepter de ne pas savoir, de n’avoir aucune perspective, de bricoler, de se tromper et de continuer à chercher. Ce que nous proscrivons par dessus tout c’est l’exclusion de quoi que ce soit et de qui que ce soit. Exclure quelqu’un c’est lui assurer sa mort sociale. Le danger qui nous menace tous c’est le déni de ce qui se manifeste. dans la société  A Terrain d’Entente, nous nous efforçons d’accepter de tout voir et de tout entendre et de le prendre en compte. Chaque fois que possible, nous rendons visible ce qui est caché pour que la situation telle qu’elle est vécue par les familles soit prise en compte.                                                                                                   Ce qui peut aussi nous caractériser c’est la chance de pouvoir nous appuyer sur les ressources immenses que nous découvrons années après années. Cette façon de se saisir des petites ouvertures pour ré enchanter le quotidien. « Les jeux que vous avez distribués pendant le confinement nous ont permis de partager des soirées tous ensemble. C’est la première fois que mes enfants jouaient avec leur père! Si ça continue, on n’aura plus besoin d’allumer la télévision! »…. »Avec les beaux livres, ma fille a fait régulièrement la lecture à ses petits frères, elle a beaucoup progressé. Il faudra que je pense à acheter une bibliothèque!!! » Cette capacité à ressentir l’impact de nos expériences et à y prendre appui.  » Avec le démarrage de la rentrée, on sent qu’on est prêt. La sortie à la ferme nous a permis de prendre beaucoup d’énergie dans la nature, sa force. Le chien qui court, qui court après les moutons… c’est un animal mais il fait son métier. C’est ça la force, chacun a sa place ». Cette capacité à s’investir concrètement dans les actions et finalement devenir pédagogue social. » J’ai participé aux deux séjours à Montmiral en tant que membre de l’équipe. Les craintes, les à prioris que j’avais vis à vis de certains enfants, ce sont tous révélés faut. Ce sont ceux qui ont été le plus attentifs. De sortir de Tarentaize, ça les apaise. Ils n’ont pas à jouer un rôle, à tenir une image, à vouloir paraître plus grands.  Ils peuvent réaliser tranquillement leur âge réel, et jouer comme des enfants qu’ils sont. On est plus dans des rapports où on s’autorise à être soi même ». Et surtout, surtout cette impressionnante solidarité où tout un quartier se mobilise pour soutenir une voisine qui vient de perdre sa mère et qui ne pourra pas lui rendre hommage pour son dernier voyage. L’état d’urgence sanitaire interdisant toute sortie du territoire. Et ces copains qui rendent visite chaque jour à ce garçon immobilisé par un plâtre. Des enfants accueillis par sa famille comme s’ils étaient chez eux! Etc, etc…..  

Les dynamiques que nous avons engagé sur le quartier permettent d’affirmer qu’il est indispensable d’aller à la rencontre des gens, d’être présents sur les territoires pour rendre possible des actions transformatrices

Nous travaillons pour faire en sorte que les familles des milieux  populaires soient reconnues dans leur dignité. La dignité de ce qu’elles sont, de ce qu’elles produisent dans la société. Au milieu de difficultés de plus en plus importantes, les familles populaires produisent un énorme travail quotidien pour tenir, pour faire vivre ou survivre la famille, élever les enfants, pour assurer des solidarités malgré les tensions dans la vie sociale du quartier. Sans ce travail le tissus social serait bien plus dégradé

Les actions collectives permettent  de régler des problèmes concrets, rendent possible certaines choses. Elles sont l’occasion de développer pleins de savoirs et surtout mettent en évidence des savoirs qui ne sont  pris en compte nulle part. Ensemble on sort de l’impuissance. Nous retrouvons le sens, l’envie et l’énergie de réaliser certaines choses. 

Beaucoup d’enfants ont très peu accès aux loisirs, au sport, très peu partent en vacances chaque année. Et nous voulons justement, que tous les enfants puissent bénéficier de tous ces espaces qui sont source d’épanouissement, pour permettre à chacun d’entre eux de se réaliser au mieux de leur potentiel. Nous nous efforçons de construire une communauté éducative, avec tous les acteurs du champ éducatif du territoire, les parents, de façon à ce que chacun se sente impliqué, engagé, à égalité, pour assurer de manière effective, notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants.

A force de tâtonnements, on trouve parfois des issues. Elles restent aujourd’hui extrêmement fragiles et incertaines. Voici les plus emblématiques

Avec les ados: Nous recherchons à diversifier les sources d’épanouissement et des expériences qui font sens pour ces jeunes en « galère »

Depuis Avril 2019, à leur demande, nous avons ouvert un café des ados le jeudi de 17h30 à 19h30. Garçons et filles, de 15 à 17 ans se retrouvent.  Ces rencontres permettent d’élaborer ensemble des projets, d’identifier ensemble des difficultés, d’ouvrir d’autres espaces en se saisissant du tissu associatif local: la médiathèque, vélo en quartier, des club  sportifs, la Bricoleuse 

Des week-end à Champoly sont organisés tout au long de l’année, sous forme de chantiers participatifs pour restaurer ce lieu « la Maison du Peuple » qui appartient à plusieurs collectifs. Un lieu qui souhaite rassembler le plus largement possible les collectifs d’individus qui s’efforcent de créer entre tous des rapports d’égalité et de solidarité. Des occasions de partager des temps où se croisent des personnes qui ne vivent pas les mêmes réalités 

Le foot à 7 proposé par la FSGT2 : très peu de ceux qui fréquentent notre association sont licenciés ou pratiquent le foot en club Nous constatons pour un nombre significatif de ces jeunes une réelle évolution tout au long de ces années sur le respect des règles et des autres, sur la capacité à accepter dans les équipes des jeunes de moins bonne condition physique, et nous voulons l’encourager.

Dès le mois de juin 2019, nous avons recensé une quinzaine de jeunes motivés à participer à ce projet. Deux pédagogues ont accompagné ce groupe (démarches administratives, règlement des licences, rapport avec la FSGT, achat des équipements,  temps de régulation)

La rencontre avec Rimbaud: Nous venons de construire un partenariat avec l’association Rimbaud, centre spécialisé dans l’addictologie  et nous allons construire des temps de rencontre en direction des parents et des jeunes

Beaucoup de jeunes dès 13 ans fument régulièrement du cannabis, contribuent à sa diffusion. Ils sont en échec scolaire, et ne trouvent pas de sens à poursuivre des études, leur orientation reste très compliquée.

Ils expriment un vécu quotidien de « galère », des temps qui sont vides de sens. Ils sont confrontés parfois à un environnement violent, témoins ou victimes d’actes délinquants. L’absence de perspectives expose ces adolescents fragiles à la tentation de participer eux mêmes à des actes délictueux. Certains ont déjà connu des interpellations policières et ont un casier judiciaire, des évictions scolaires de longue durée. leurs parents sont complètement démunis. Le manque d’activité et leurs difficultés à s’intégrer collectivement à l’extérieur du quartier est souvent manifesté. Certains n’ont aucune opportunité de rencontre, de découverte et d’échanges sur d’autres façons de vivre et de comprendre la réalité  Et ceci contribue à cet enfermement et cet isolement. 

Un projet se construit pour la rentrée de Septembre pour soutenir ces ados et rechercher avec eux d’autres issues à leur mal être, leur offrir un espace d’accueil ui soit le plus ouvert et le plus libre. (Possibilité de participer à des chantiers rémunérés, encadrés par des éducateurs de Rimbaud. Présence de ces adultes au café des ados en fonction des demandes).

Les enfants qui continuent à manifester leur souffrance d’écoliers. Le sport: reste un puissant vecteur de prise de confiance en soi, en l’autre et une source de compréhension du sens des règles de vivre ensemble. (Travail en partenariat avec Sport Autrement l’Ecole de Rugby du RCSE). Après le confinement nous avons pu consolider nos liens avec « Vélo en quartier » et OCIVELO.  Des vélos ont pu être fournis, réparés, des sorties se sont mises en place avec la contribution de pères de famille. La Librairie Croquelinotte nous accueille les mercredis après midis pour des temps de lecture, des enseignants s’engagent à nos côtés; une convention vient d’être signée avec la médiathèque, pour développer ce projet autour du livre. Le soutien scolaire avec une équipe de bénévoles le samedi matin.

Ouverture d’un labo de co éducation proposé pour cette nouvelle rentrée, avec la contribution de Frédérique Jésu, ancien pédopsychiatre de service public impliqué dans le champ des politiques sociales, familiales et éducatives, auteur de plusieurs  livres entre autre: « Co éduquer: pour un développement social durable« et de Catherine Hurtig Delattre, autrice du livre: « la coéducation à l’école, c’est possible » qui rapporte une expérience de 30 années d’ouverture de l’école aux familles et aux associations. Le projet affiché de la « continuité pédagogique », durant la période de confinement a mis à mal des  familles et des enseignants. Il aurait dû être question de « continuité éducative » et engager alors de nombreuses institutions. L’absence totale de coordination entre les différents secteurs de l’éducation, leur cloisonnement, leur isolement ont paralysé les initiatives. 
Cette expérience confirme le caractère indispensable de la mise en place d’espaces communs pour assurer la continuité éducative, notamment en direction des familles les plus marquées par la précarité.
Le manque de sens donné aux apprentissages est apparu tout particulièrement dans ces moments « d’école à la maison ». L’école enseigne des savoirs construits dans  la logique des disciplines scolaires. Sont-ils suffisamment appuyés sur le monde réel et pensés pour contribuer aux évolutions de ce monde et à ses transformations indispensables?

De quoi a besoin un enfant durant sa vie éveillée pour rentrer dans les apprentissages?  Quel intérêt pour les uns et les autres cette mise en commun, pour assurer l’éducation et les meilleures conditions d’apprentissages des enfants?  Comment offrir à chaque enfant « une éducation au monde« , et se saisir de tout ce qu’il y a alentour de disponible pour produire de l’éducation? Offrir les conditions les plus favorables à la découverte. 

A partir de la méthode d’élaboration de projets, avec des personnes impliquées dans les vie de l’enfant. Après avoir identifié tous ensemble des questions, des groupes de paires seront mis en place pour échanger sur les mêmes questions en fonction des expériences. Une mise en commun se fera régulièrement pour mettre en évidence les points de convergence/de divergence

Les femmes: le café des femmes, les ateliers beauté, bien être, se poursuivent avec la présence régulière de Latifa

Des évènements marquants: la fête de fin d’année

Pour le 31 Décembre 2019, 3 membres du CA ont souhaité organiser une fête de quartier qui concernerait notamment les personnes les plus isolées. Ce projet ayant été validé par une réunion du CA, ces trois personnes ont présenté ce projet aux membres responsables du Fond de Participation des Habitants (FPH)  en justifiant un devis qui mettait en évidence les différents postes de dépenses (un financement dédié aux habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville). Elles ont obtenu le budget nécessaire pour assurer l’ensemble des frais occasionnés pour cette fête. Elles se sont ensuite réparties les différentes démarches ( achats, réservation de la cuisine du centre social, de la salle des fêtes, organisation du repas et de l’animation). Elles ont fait une proposition aux personnes présentes au café des femmes après avoir sollicité l’ensemble des familles que nous connaissons. Cette rencontre a permis de solliciter le nombre de personnes nécessaires pour assurer toute l’organisation de cette journée. (Nettoyage et décoration de la salle, préparation du repas, service des plats durant la journée, nettoyage de la salle le lendemain…..). Elles ont également solliciter les membres de l’équipe pour assurer l’animation des enfants durant l’après midi. 

 La journée internationale des droits des femmes.    

Une première sur le quartier Beaubrun/Tarentaize ! Les femmes ont occupé l’espace public. Plusieurs adhérentes de Terrain d’Entente ont souhaité répondre à l’invitation du centre social  du Babet, à nous manifester ensemble dehors. Elles se sont donc investies durant plusieurs semaines, à la préparation de cette journée qui rassemblait une vingtaine d’associations du quartier. Ces femmes qui participent depuis plusieurs années à notre collectif ont souhaité que notre manifestation publique soit caractéristique de ce que nous savons développer toutes ensemble : l’attention que nous accordons collectivement aux enfants et les rendez vous hebdomadaires qui rassemblent les femmes du quartier. Le « café des femmes » qui a lieu tous les vendredis après midis au Babet a été ouvert à tous, sur l’espace public. Nous avons également proposé des ateliers (Kapla et activité manuelle pour les enfants, Tatouages au henné et tresses pour tous, à prix libre !, Notre livre « la voix-e des femmes » était en vente) 

                                               

Le projet VRAC

L’objectif est de réduire les inégalités face à l’alimentation, un acte vital et quotidien, tout en répondant aux enjeux environnementaux actuels. Le coût de la nourriture reste une préoccupation permanente des familles; Il est très fréquent que les foyers renoncent à une alimentation de qualité par manque de moyens financiers.

En passant par le groupement d’achat, l’association VRAC souhaite donner du choix aux habitants en leur offrant la possibilité de se réunir pour commander des produits de qualité, à prix coûtants. Il s’agit de s’appuyer sur les dynamiques de collectifs déjà engagés dans la distribution des produits issus de l’agriculture paysanne locale et sur les structures de proximité de façon à mutualiser les ressources et faire converger les enjeux. 

Cette démarche ne deviendra réellement soutenable que si nous posons d’emblée la question financière pour les ménages et la rétribution juste des agriculteurs.

Dans différents espaces de réflexion, et de réalisations concrètes de solutions alternatives, on envisage cette question sous l’angle de la sécurité sociale alimentaire, pour l’accès de tous à une alimentation saine et locale en tournant le dos aux différentes formes d’aides alimentaires humiliantes.

La biennale de TRACES:

Nous renouvelons notre participation à ces différents évènements Régionaux qui rappellent notre responsabilité collective dans l’accueil de tous ceux qui demandent accueil et protection. Nous allons assurer une animation à partir de lectures de notre livre « la voix-e des femmes » Il rapporte des témoignages de femmes. Elles ont analysé avec authenticité ce que notre collectif représentait dans leur existence, en quoi il était source d’émancipation et de transformation dans leur environnement. 

Le théâtre forum 

C’est une invitation pour chacun d’entre nous à ne plus rester impuissant face à ce qui nous accable, et prendre conscience qu’il peut être possible de ne plus subir. Il propose de mettre en scène des situations vécues comme injustes, discriminantes, des petites tranches de vie qui font écho en nous, qu’on s’y reconnaisse ou bien qu’on s’en  indigne. L’objectif est de réfléchir à la meilleure façon de transformer ces situations injustes. En créant un cadre, un espace de réflexion, un petit laboratoire d’expérimentation, nous pouvons rechercher le rôle que nous avons à jouer, et réaliser qu’il nous reste une partie de responsabilité donc une possibilité d’agir pour résoudre les problèmes.

A Terrain d’Entente, nous cherchons collectivement  des réponses à toutes ces situations d’injustice et d’inégalité pour qu’elles ne nous écrasent plus, pour ne plus les subir. 

La meilleure façon de tenter de sortir de ces impasses, c’est de donner la parole à ceux qui ne l’ont jamais, et d’inventer des formes de manifestations qui rassemblent

Nous avons fait une belle rencontre en Octobre 2019, avec une petite troupe de théâtre les « Fées Rosses ». Des femmes et des enfants, des comédiennes et des amateurs qui proposent des animations avec la technique du « Théâtre Forum ». Et début Juillet, nous avons bénéficié d’un petit temps de formation durant trois jours. L’Amicale de Tardy nous a, une fois de plus, ouvert chaleureusement sa porte et son théâtre! Ces femmes restent en permanence envahies de préoccupations multiples pour tenter de préserver un cadre de vie qui réponde aux besoins de tous les membres de la famille. Plusieurs d’entre elles ont du renoncer à s’investir sur les trois journées complètes. Certaines n’ont pas pu y participer. Celles qui nous ont rejoint en cour ont su investir ce temps et l’enrichir de leur expérience.

 « Personnellement j’ai approuvé ce travail j’ai dis même que je me sentais mieux dans ma peau de savoir que ça n’arrive pas qu’à nous et surtout de pas baisser les bras et de se battre pour ce que nous trouvons juste et que vraiment l’union fait la force ».

Les vacances.

Cet été 2020 a été particulièrement prolifique en sorties, et le nombre des personnes qui ont participé a triplé. Nous le devons au soutien très conséquent de la Fondation Abbé Pierre, qui a reconnu avec nous la nécessité de rendre possible des espaces de ressourcement à toutes ces familles qui ont été les premières impactées par la longue période de confinement, à la participation du CDAFAL avec les chèques vacances. Il était indispensable que chacun puisse se restaurer. 

Nous le devons au dynamisme et à la créativité  de chaque membre de l’équipe, qui s’est enrichie de nouveaux membres. 

Nous le devons à la participation très efficace d’un nombre d’adhérents qui augmente d’années en années. Notre « commission vacances » s’est poursuivie pendant le confinement sous forme de réunion téléphonique, avec la présence constante de membres du CA. Cette commission  a permis d’établir un budget à partir des projets qui partaient des aspirations manifestées et de ce contexte particulier où il ne serait pas possible de sortir du territoire. Les inscriptions aux différentes sorties se sont déroulées chaque fois en présence de membres du CA. L’une d’entre elle a permis à plusieurs familles, particulièrement démunies de rejoindre et d’intégrer notre collectif. « Il faut vivre des choses ensemble si on veut apprendre à se connaître » (sic)

Une autre a pris la fonction d’animatrice durant certains séjours, elle fait aujourd’hui partie intégrante de l’équipe. (cf. »le journal de l’été 2020) 

En plus de nos temps de présence sur le terrain tout au long de ces deux mois d’été, avec l’organisation de moments exceptionnels: des jeux Olympiques (organisés par des adolescents avec le soutien de l’équipe)un grand pic nique en familles, différents barbecues avec les jeunes, nous avons pu partager:

3 Séjours familles à Retournac

Qui ont concernés10 familles, soit 12 adultes, 4 Ado, 20 enfants

1 séjour familles à Champoly

Qui a concerné 5 familles, soit 5 adultes, 2 ado, 14 enfants

2 séjours enfants/collégiens à Montmiral

Qui ont concerné 28 enfants et collégiens

5 séjours jeunes à Champoly 

Qui ont concernés18 jeunes 

5 sorties natures jeunes

Qui ont concerné 30 jeunes

5 sorties natures familles

Qui ont concerné 50 familles

Des sorties vélo à partir du mois de Mai

Qui ont concerné 30 enfants

Une initiation de 3 jours au théâtre forum

Qui a concerné 13 femmes et une petite fille

Pour que ces différents engagements puissent aboutir nous avons du employer 6 personnes pour compléter notre équipe.

Le travail de toutes ces années se traduit, aujourd’hui, dans  l’organisation de notre collectif, par l’implication et la prise de responsabilité des femmes, des enfants et des jeunes  du quartier qui prennent les initiatives que nous tenons tous ensemble.

Publié par Terrain D'entente dans 2020, AG, 0 commentaire