Mois : mai 2017

Tournoi de foot pour la Palestine

Samedi 27 Aout 2016, Terrain d’Entente a organisé un tournoi de foot à l’Etivallière, en soutien au peuple palestinien, en partenariat avec le collectif BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions)

Durant l’après midi, 200 personnes sont venues soutenir cette action, nombre ont participé au tournoi dont une équipe de mères de Terrain d’Entente.

12 équipes de foot ont répondu présent à l’invitation de Terrain d’entente. 6 équipes d’adultes et 6 équipes d’enfants se sont affrontées durant l’après midi sous l’œil bienveillant des spectateurs venus déguster quelques gâteaux réalisés par les bons soins des femmes de Terrain d’Entente.
A la fin de la journée, les gagnants du tournoi de foot se sont vus remettre des drapeaux, des écharpes et autres accessoires aux couleurs de la Palestine.
Entre les rires, les discussions, et la solidarité, on peut donc dire que cette journée fut une réussite.

Au fil des années, à force de réaliser des projets qui aboutissent, nous prenons conscience que le collectif est une force et qu’il rend possible des actes qui peuvent être source de transformation.

C’est pour cette raison que nous avons senti possible d’être à l’initiative de cette journée : un tournoi de foot, qui rassemble largement, en soutien au combat pour l’égalité et la justice du peuple palestinien, contre l’apartheid.

Nous nous sentons particulièrement affectés, touché dans notre dignité, par ce que subit ce peuple depuis si longtemps. Il est victime de la barbarie raciste la plus brutale et la plus destructrice grâce au silence et à l’inaction complice de la communauté internationale officielle. Il faut que ça cesse.

Nous soutenons donc l’action de boycott lancée depuis plus de 10 ans et qui rayonne au niveau international, parce que nous estimons que c’est un moyen de lutte à la portée de chacun et qui a fait les preuves de son efficacité. Nous croyons possible grâce à cette immense mobilisation citoyenne que le peuple palestinien retrouve sa liberté et sa dignité. Nous avons conçu ce tournoi comme une contribution à ce mouvement porté par BDS.

Le bénéfice des gâteaux et jus de fruits vendus est donné à BDS, soit 155 euros. Gâteaux réalisés par les femmes de Terrain d’entente.

Il faut remercier d’abord les enfants de Terrain d’Entente, qui ont eu envie de réaliser ce tournoi sur « un vrai terrain de foot », ils ont participé concrètement et très sérieusement à son organisation, motivés par cette cause.

Il faut remercier toutes les mères qui ont participé activement à l’organisation de cette rencontre.

Et nous remercions tout particulièrement la présence de Monira et du collectif DBS, Boycott, Désinvestissement, Sanctions qui s’emploie à isoler Israël pour que cesse les politiques d’apartheid et de meurtre.

Josiane GUNTHER, Hedi ZENNAF

 

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Clip de RLM-Hiver Arabe

Pour la première fois cette année, notre collectif était invité à participer au tournage d’un clip de rap.

C’est donc avec grand plaisir que nous avons répondu à l’appel du rappeur RLM, un artiste stéphanois aux textes engagés. Cet après midi la, une trentaine de membres de Terrain d’Entente était présent au chateau de Roche-La-Molière.

Sur place, une centaine de personnes étaient réunies pour l’occasion. Un atelier créatif était proposé à tous, afin de pouvoir écrire un mot ou faire un dessin pour proner la paix dans le monde.

Adultes et enfants souhaitaient exprimer leur indignation et leur volonté de se mobiliser lorsqu’une situation nous paraît inacceptable.

Après un peu plus de trois heures de tournage, le clip était tourné et nous avons partagé un gouter tous ensemble en profitant d’un spectacle de danse proposé par une troupe locale.

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Terrain d’entente, c’est ça…

Le témoignage de Fyala sur le « café des femmes »…
lundi 20 février 2017, par Lucile Paysant

 Ce témoignage a été recueilli par Lucile Paysant, comédienne, et mis en voix lors du colloque « pédagogie sociale » sur Stanislaw Tomkiewicz en novembre à Paris. 

-  Alors, je sais pas, est-ce que tu veux te présenter ?

D’accord je me présente, je m’appelle Fyala, je suis maman de cinq petits enfants dont une c’est une petite mais en premier quand j’ai connu « Terrain d’entente » j’avais seulement quatre enfants. Je venais de venir d’Algérie en 2014. Je connaissais personne et mes enfants avaient des difficultés à faire des amitiés, des connaissances avec des jeunes garçons tout ça. Et en allant sur le terrain (j’allais au parc seulement pour que mes gosses s’amusent) là y’avait « Terrain d’entente » que je connaissais pas du tout. Et je voyais des personnes avec des grandes caisses rouges et des enfants tout autour en train de jouer. Et moi je me demandais : « Mais qui est-ce ces gens-là… ? » . Et je n’arrivais pas, ni à comprendre, ni à expliquer qui était vraiment « Terrain d’entente ». Et c’est là qu’un jour j’ai remarqué une fille qui était avec « Terrain d’entente », des fois elle était sur le terrain, des fois à la bibliothèque, elle racontait des histoires, elle s’occupait des petits et c’est là que je me suis approchée d’elle et je lui ai dit : « Mais qui vous êtes ? … Je vous vois mais je comprends pas … vous êtes qui ? Une association ou quelque chose comme ça ? »
Là elle m’a raconté en deux trois mots, qui était « Terrain d’entente » et elle m’a invité à les rejoindre sur le terrain les samedis et les mercredis après-midi. Et puis il y avait aussi un « Café des femmes ». Alors j’étais très contente pour mes gosses avant d’être contente pour moi ; et puis le mercredi après-midi j’ai emmené toute la famille sur le terrain et j’ai fait connaissance, Josiane qui s’est approchée, m’a fait la bise, m’a parlé de Terrain d’entente, après aussi Claire, et ça m’a fait très plaisir parce que moi aussi j’étais seule sur Saint-Etienne, j’avais ni parents, ni famille, ni rien. Et c’était pour moi une rencontre d’une nouvelle famille. Pour moi et pour mes enfants. C’est comme ça que j’ai fait la connaissance de Terrain d’entente.

Cliquer sur la photo pour l’agrandir
Les 26, 27 et 28 janvier, des enfants de Terrain d’entente, des enfants du quartier de Tardy, des adultes amateurs et des membres du collectif X se sont rassemblés pour raconter ensemble, d’une même voix, l’histoire des péripéties d’Ulysse et ses marins dans une Odyssée revisitée par (la plume d’) Agnès D’Halluin. Deux heures et demi d’aventures, de chants, d’impro, de jeu pour traverser ce récit avec les spectateurs. Ci-dessus « le chant des sirènes » chanté par tous les marins, dont ceux de Beaubrun-Tarentaize, pour faire face aux envoûtements des Sirènes… Photo : Anne Pellois.

-  D’accord, et du coup tu allais au Café des femmes ensuite ?

Ensuite la semaine qui est suivante elle-même je suis partie au Café des Femmes, et là j’ai fait la rencontre des « mamans ». C’était des dames comme moi, qui portaient le foulard, qui venaient aussi du pays, qui avait aussi le mal du pays. Et là ça m’a plu. J’ai fait des connaissances de beaucoup de femmes, on a parlé ensemble et on est devenues des amies. Maintenant on se voit dehors, on se connait tu vois on est une même famille maintenant c’est sûr. Saint-Etienne on a notre propre petite famille. Nous sommes des gens sans famille, on a quitté le pays avec les familles, avec les parents, avec les sœurs et frères et on s’est retrouvés dans un pays tous seuls.

-   Et comment tu présenterais le principe de ce café à des gens qui connaissent pas ?

En tous cas ce café là pour moi il forme une puissance quand on est tous ensemble. On partage beaucoup de choses ensemble. On partage surtout nos joies ensemble, nos peines, si on veut on se confie, entre nous, mais des fois par exemple si y’a quelqu’un qui est malade, je sais pas moi, on lui trouve des remèdes… Tu vois c’est vraiment une belle chose le café des femmes, moi en tous cas ça me fait beaucoup de bien. Ça permet de boucher un trou vide qui était en moi. J’avais vraiment en moi. J’avais un grand vide. Pas de famille… ça m’a rempli ce vide-là. Ça me l’a rempli. C’est pour ça que maintenant c’est un manque pour moi d’être éloignée comme ça. Je me rappelle que Claire elle pleurait quand je lui ai dit que je déménageais, parce qu’elle disait : « C’est fini, tu pourras plus venir, c’est trop loin, c’est trop loin, t’auras un bébé » tout ça. Mais moi je comprenais pas, je disais : « Mais non, je serai là ! Je serai là ! » Et maintenant je suis un petit peu éloignée, ça fait du mal mais j’essaie de revenir et de respirer « hhhhhhhumm… » comme si un poisson qu’on remettait dans l’eau. Mais je suis sûre que ça va continuer le « Café des femmes » en tous cas pour moi. J’espère que ça va continuer, parce qu’on évolue, toutes ensemble, on va voir que y’a une idée, quelqu’un pense à quelque chose , et on est tous de notre force pour réaliser cette chose-là.
Et c’est bien pour nous. Pour des dames. Des dames. Parce qu’on est toujours en silence nous. On essaye …. Même si on pense des choses, on pense au fond de nous. On essaye pas vraiment de l’ « éclorer ». Le « Café des femmes » lui il nous permet de « éclorer » nos pensées, nos idées. Par exemple, on va vouloir faire quelque chose, eh ben on arrive à le faire, tous ensemble, main dans la main et ça, ça fait beaucoup de bien. On réalise des choses ensemble. Ça c’est bien ça. Ça fait du bien. Ça, ça me fait beaucoup de bien.

-  Oui ça se voit ! Et c’est quoi les projets que tu retiens, qui ont été construits tous ensemble dans le « Café des femmes » depuis que tu y es ?

Deux choses vraiment qui m’ont touchée dans le « Café des femmes » qu’on a réalisé ensemble : c’ était « la soupe de l’amitié » . C’était à cause de l’attentat de « Charlie hebdo » et on se sentait mal, nous, les dames qui sortent en foulard. On se sentait mal parce que c’est comme si on portait notre religion comme ça là (mime d’un plateau) alors que nous on y est pour rien… Y’a même une dame qui voulait plus sortir. Elle voyait les gens la regarder mal et tout ça. Et y’a eu Josiane qui m’en a parlé à moi la première, elle m’a dit regarde les dames… – « Est-ce que c’est pour les religions qu’on fait ça ? » elle a dit : « Non c’est pas pour les religions, c’est pour dire à tout le monde que même si on a certains notre religion, on peut vivre ensemble. » A cause de ces attentats du centre-ville, on va faire une grande soupe d’amitié, l’offrir à tout le monde et on va parler de ce qu’on pense, de tout ça. Et la soupe elle a vraiment réussi. Y’a eu beaucoup de gens. C’est passé dans le journal. Ce jour-là m’a touché à moi. J’ai senti qu’on avait réalisé quelque chose. On avait parlé de quelque chose.
Et la deuxième chose aussi qu’on a réalisé c’était pour la Palestine. De cotiser pour la Palestine. De parler de leur souffrance, qu’il fallait faire quelque chose, main dans la main. Et on a tenu un « p’tit truc » ensemble : on a préparé des gâteaux, tout ça, on les a vendu à des prix symboliques, mais on a pu ramasser une petite somme d’argent pour l’offrir à l’association BDS*. Et on s’amuse aussi d’un autre côté, on a fait deux coups ?… « D’une pierre deux coups » ! D’un côté on s’est bien amusé, nous les dames on a fait du foot. Des dames de plus de 40 ans en train de courir derrière une balle (rires) ! ! Et les gens qui nous regardent, et on a tout laissé derrière nous, on se voyait même pas comme on était ! Et aussi on a cotisé. On a donné de nous. Pour cette cause-là. Main dans la main. On s’est bien amusé et on a cotisé de l’autre. Ça c’est ce qui m’a plu.

Y’a aussi un autre côté dans le « Café des femmes », il réalise des hammams aux dames, des sorties, et d’autres choses. Moi, pour moi avec ma famille sur le dos, mes enfants tous petits, ça m’intéresse pas vraiment. Tu vois pour moi hein. Les autres ça leur intéresse parce qu’ils sont coincés ici, ce sont des familles qui n’ont pas de papiers, ils peuvent pas retourner maintenant voir leur père leur famille tout ça, et faire des vacances, offrir des vacances à leurs enfants tout ça, et grâce à ces sorties-là eux ils se sentent bien. Ils font des sorties, ils vont au bord de l’eau, ils font des pique-niques. C’est aussi un manque qui est en eux. Et ce côté-là … moi maintenant avec mon petit et tout ça, je peux me priver de ça. Ce côté-là. Mais ce que je peux pas me priver, c’est : le « Café des femmes » ! Mon petit café devant moi ! Ou alors…de faire des choses pour l’humanité.
Et ce qui touche beaucoup. Tu vois, moi je suis suivie au Conseil général, et ils me demandent toujours « Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? » Alors moi je dis : « Moi je suis une mère au foyer, mais je suis dans une association, on fait des trucs ensemble. » Alors il me regarde il me dit : « Une association euh… musulmane madame.. ? » Je dis : « Pas du tout ! ! Une association où il y a toutes les religions, où se sont même des français qui la tiennent. » Le gars il en revenait pas. Il croyait peut-être qu’une femme comme moi elle ne pourrait pas faire autre chose avec des autres gens. Peut-être lui il peut pas imaginer qu’on peut faire malgré tout, et c’est ça qu’est-ce qu’il nous offre le « Café des femmes » et « Terrain d’entente ». C’est que malgré notre couleur, notre religion, notre âge et tout, on peut faire beaucoup d’choses ensemble. Et on se sent bien. On se sent ni rejeté ni…
Tu vois aussi par exemple : tellement que la vie est dure et tout, les gens ils aiment bien quand c’est tout gratuit. Ça donne envie aux gens de venir là parce que c’est gratuit, parce que les gens maintenant ils souffrent avec la crise du travail.
On a tous de l’argent, de quoi manger. Mais on peut pas tout se permettre. « Terrain d’entente » il permet des sorties, du hammam. Y’a beaucoup de dames parce qu’ils ont pas vraiment les moyens. Et du coup il y en a de plus en plus et ça aussi c’est bien. C’est surtout bien pour les gens qui n’ont pas vraiment les moyens. Ça aussi ça me plait dans le « Café des femmes » faut rien payer, c’est gratuit. Quand notre soupe était gratuit les gens n’en revenaient pas. Après ils disaient : « Alors, alors, combien je mets ? » – « Gratuit ! ! Gratuit ! ! » Et après ils disaient : « Non, non, je veux mettre quelque chose ». Par exemple, ils demandaient si y’avait une caisse. Y’avait pas de caisse, c’est gratuit. C’est ça, ça touche aussi tu sais ça. Cette gratuité là, ça me touche moi. Moi j’aime aussi les choses peuvent être gratuites. Pourquoi toujours avec l’argent là comme ça ? Ça aussi ça me plait. Dans cette association. Ca me plait. Moi dans les autres associations qui ont connues mes idées tout ça, ils me demandent de rentrer dans leur association mais moi je dis : « Non, c’est celle-là et j’y reste. » Ils disent : « Si si » Je dis : « Non non ! »

 

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Article de BastaMag sur Terrain d’Entente

« Dans un quartier populaire de Saint-Etienne, des « ateliers de rue » sont proposés régulièrement aux enfants. Leur principe : un accueil libre, inconditionnel et gratuit. Sur cet espace en milieu ouvert, les enfants, parfois accompagnés par leurs parents, sont invités à prendre des initiatives et à coopérer. Ces ateliers s’inspirent d’une pédagogie sociale visant à expérimenter de nouvelles façons de vivre et d’éduquer collectivement, avec tous les âges et à partir de toutes les cultures. Cinq ans après leur mise en place, ces pratiques d’émancipation, qui recréent aussi du lien entre adultes, gagnent du terrain, mais sont peu soutenues par les politiques. Un « café des femmes » a également ouvert. Reportage.

Difficile de trouver l’espace de jeux du quartier de Tarentaize, bordé par un boulevard urbain d’un côté, abrité par une grande médiathèque de l’autre. A mesure que l’on s’approche, les cris des gamins disputant une partie de foot recouvrent le bruit des voitures ralliant Saint-Étienne. Aux abords du terrain, des enfants affluent pour aider à déplier les tapis de jeux fournis par l’association Terrain d’entente. Des sourires gagnent les visages à la vue des diabolos, jeux de société, slackline (sortes de cordes pour funambules), instruments de jongle et autres coloriages… Depuis cinq ans, l’association propose des ateliers de rue, les mercredi et samedi après midi, tout au long de l’année. Avec un principe clé : l’accueil est libre, inconditionnel et gratuit.

« Les enfants partent et viennent librement, les différents jeux sont à leur disposition », relate Josiane Reymond, fondatrice de l’association. « C’est parti d’une demande des enfants, qui nous disaient qu’il n’y avait rien pour eux. » Tarentaize, à l’ouest de Saint-Etienne, est considéré comme l’un des quartiers les plus en difficulté de la ville, avec un taux de pauvreté dépassant les 43% [1]. « Beaucoup d’habitants voudraient partir, nous sentons que les enfants souffrent, la vie est dure. Au lieu de regretter que les gens ne se mobilisent plus, nous avons décidé d’aller à leur rencontre. Nous sommes venus avec des tapis et des jeux, au pied des immeubles, en nous demandant : quelle légitimité peut-on avoir en n’étant pas du quartier ? » La réponse, l’association l’a trouvée dans la présence grandissante d’enfants lors de ces ateliers installés dans l’espace public.

Pour les enfants, ces ateliers de rue ne sont pas seulement un moment de jeu, mais aussi un temps pour évoquer leurs préoccupations et leurs envies. « Ils sollicitent notre présence pour certains conflits », observe Josiane. « Nous nous référons aux outils de la pédagogie sociale pour aider les enfants à construire des relations positives, traverser les conflits de façon à ce que chacun trouve sa place au sein du collectif. » Derrière le concept de « pédagogie sociale », on retrouve des figures comme le pédagogue Célestin Freinet [2]. Aller à la rencontre de quartiers délaissés, offrir une présence régulière, favoriser l’émancipation individuelle et collective, c’est l’engagement tenu dans la durée par les pédagogues sociaux. « Nous ne sommes plus dans la distance mais dans la proximité, nous ne sommes plus dans la défiance mais nous construisons au fil du temps des relations de confiance et d’estime réciproques », explique Josiane, qui s’appuie fortement sur les travaux de Laurent Ott, chercheur en travail social.

« Chacun possède un petit bout de l’histoire d’un enfant »

L’association Terrain d’entente propose de partir des idées des enfants, et de compter sur tout le monde pour les réaliser. Ce jour-là, Youssef, un jeune adolescent, reparle de son envie d’organiser une chasse au trésor. Saad, stagiaire chez Terrain d’entente, propose de l’aider avec d’autres enfants. « Des projets deviennent possible avec la participation de tous, notre petite équipe, les enfants, les adultes, souligne Josiane. A force de tâtonnements, on trouve peu à peu la meilleure façon de se retrouver collectivement. Nous organisons des « conseils » avec les enfants, pour discuter de la manière dont les choses se passent. » Un « bâton de parole » y circule entre enfants, seul celui qui tient le bâton est autorisé à parler.

A la différence des centres de loisir, le travail mené par l’association Terrain d’entente se mène dehors, sur l’espace public, sans aucune barrière de protection traçant une frontière entre intérieur et extérieur. « Souvent, quand on ne sait plus quoi faire avec un gamin, on le met dehors, observe Josiane. La sanction, nous la dégainons tous, mais ça ne règle rien : les gamins se sentent exclus, abandonnés. Être dans l’espace public nous rend d’une certaine manière plus intelligent. Nous finissons toujours par trouver une solution. » L’équipe organise au moins deux réunions par semaine pour faire le point. « Chacun possède un petit bout de l’histoire d’un enfant. Nous cherchons ensemble l’attitude la plus adaptée face à des gamins parfois très tendus. »

« Nous nous sommes efforcés d’entendre, de comprendre »

Josiane évoque l’exemple de Sonia*, une jeune fille de 12 ans, la plupart du temps agressive avec les autres enfants mais aussi avec les adultes. « Notre première intention a été le rappel au cadre, l’exclusion de certains jeux, ce qui a redoublé sa rage. Puis, nous nous sommes efforcés d’entendre, de comprendre. » Sonia s’est peu à peu confiée sur les problèmes de sa famille, sa détresse. « Nous avons partagé sa peine, son sentiment d’injustice, de ne pas se sentir aimée. Et comme la plupart des enfants lorsqu’ils se sentent entendus, pris en compte, elle s’est reconnectée à ses envies. » Sonia voulait construire un atelier coiffure et beauté. « Lors de cette première journée réalisée à son initiative, elle s’est montrée très attentive aux autres, s’efforçant d’intégrer tous ceux qui souhaitaient profiter de ce nouvel espace. Elle a pu manifester une autre et très belle, très touchante part d’elle-même. »

Face à des familles en difficulté, de plus en plus isolées, Josiane estime que l’éducation des enfants « concerne tout le quartier ». « Les parents ne peuvent pas consacrer toute leur énergie à s’occuper des enfants, ils ont plein de choses à tenir pour assurer le quotidien : de nombreuses démarches, des préoccupations, ils sont parfois épuisés. Notre présence auprès des enfants, deux après midis par semaine, constitue un petit relais auprès des parents qui le souhaitent. On se sent concernés et on agit ensemble sur les différents évènements qui traversent ces temps de rencontre. » Ce collectif permet de faire sortir les gens de chez eux, de créer des liens de confiance et de compter sur d’autres. « Certains nous disent que nous rendons les parents démissionnaires. C’est fou ! Personne ne s’inquiète des parents qui confient leurs enfants au centre de loisir. »

Originaire d’Algérie, Samia vient régulièrement avec ses enfants. « Je n’ai pas ma famille ici, et la solitude me pèse. Je restais souvent à la maison. Maintenant, nous nous connaissons avec les autres femmes du quartier, nous partageons nos joies et nos peines. » Une garde des bébés a également été mise en place le mardi après-midi dans le centre social du quartier, avec la possibilité pour les parents d’être présents. L’équipe assure également une présence régulière à la médiathèque de Tarentaize, apportant notamment une aide aux devoirs. Des sorties nature, théâtre ou cinéma sont aussi organisées.

« Il y a beaucoup de cafés pour les hommes, mais rien pour nous »

Depuis 2013, l’association a ouvert un café des femmes, à leur demande, qui se tient le vendredi après-midi dans le centre social. « Il y a beaucoup de cafés pour les hommes dans le quartier, mais il n’y a rien pour nous », témoigne Fiala, son bébé dans les bras. « Ici, nous parlons librement, nous n’avons peur de rien », poursuit son amie qui a déménagé dans un autre quartier, mais qui n’hésite pas à faire trente minutes de trajet en transports en commun pour participer à ce temps d’échange. Ce vendredi, elles sont une dizaine de femmes réunies autour d’un thermos de thé à la menthe et de gâteaux faits maison. Elles reviennent sur leur journée de travail, évoquent des galères administratives, rient à la vue des photos du tournoi de foot en soutien à la Palestine auquel elles ont participé. « On peut tout faire avec le voile, vous voyez ! », plaisantent-elles.

C’est la première fois que Djilalia participe au café des femmes. La voix fébrile, elle explique que son enfant de 13 ans vient d’être mis à pied huit jours par le collège suite à une bagarre. Elle est venue avec les courriers de l’école qu’elle n’a plus la force d’ouvrir, et ne sait pas à qui s’adresser pour l’aider. « Je n’arrive plus à dormir, souffle t-elle, il va passer en conseil de discipline. » Tour à tour, ces femmes qui ne la connaissaient pas une heure avant, lui apportent leurs conseils et tentent de la rassurer. « Toutes seules, on est trop fragiles », constate Josiane. Et parfois, l’espoir de pouvoir offrir un avenir meilleur à leurs enfants est bien ténu. Toutes s’accordent sur la nécessité d’organiser des rencontres avec des enseignants pour évoquer la scolarité, mieux comprendre les difficultés et leur trouver des solutions. Dans ce lieu, l’entraide et la solidarité ne sont pas que des mots, elles se vivent.

Peu de moyens, beaucoup d’« inventivité »

Si les idées et les envies ne manquent pas, l’association dispose en revanche de très faibles moyens financiers. A défaut de local, l’équipe investit ponctuellement le centre social ou la médiathèque en cas de pluie, et stocke le matériel dans un garage insalubre. « Le café des femmes est remis en question lors de chaque vacances scolaires car le centre social a besoin de ses locaux. Cela renvoie aux habitants de ces quartiers qu’il n’y a pas grand chose pour eux, seulement les miettes », soupire Josiane. Ne pouvant embaucher de manière pérenne, le turn-over dans l’équipe est fort [3]. Les autres énergies sont bénévoles. Josiane redoute de ne pas arriver à maintenir cette démarche dans la durée. Elle s’accroche cependant : « Avoir peu permet de développer l’ingéniosité, la créativité. C’est possible, si l’on appartient à un collectif. »

Cet usage collectif de l’espace public, tissé de solidarités, n’est pas propre à Saint-Étienne. Des initiatives similaires existent à Paris-Longjumeau avec l’association Intermèdes-Robinson, et dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble, avec l’association Mme Ruetabaga (voir la vidéo de présentation ci-dessous). « Il est temps de multiplier ces initiatives, de construire des espaces de rencontre où l’on fait les choses ensemble », reprend Josiane. « C’est par le faire-ensemble qu’on retrouve le commun qui permet de se parler, de rétablir la confiance. »

Sophie Chapelle  »

 

Lien vers l’article

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« Des ateliers de rue gratuits et à ciel ouvert à Saint-Étienne » Activ’Radio

« Zoom sur une initiative de quartier à Saint-Etienne : des ateliers de rue gratuits et en plein air. C’est ce que propose l’association Terrain d’Entente dans le quartier de Tarentaize.

Chaque mercredi et samedi après-midi, les bénévoles organisent de nombreuses activités dédiées aux jeunes de 2 à 17 ans. Théâtre, lecture, c’est l’occasion de donner à ces enfants souvent défavorisés le moyen de s’épanouir socialement. »

`Article d’ActivRadio sur Terrain d’Entente

 

 

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AG TERRAIN D’ENTENTE 4 Juin 2016

AG TERRAIN D’ENTENTE 4 Juin 2016

Depuis 5 ans, nous sommes présents sur le terrain de jeux, le Mercredi et le Samedi après midi, le vendredi des vacances scolaires, un dimanche par mois. Ce temps de présence augmente en fonction de la demande des enfants.

8 bénévoles sont régulièrement présents, des jeunes volontaires du service civique, des élèves éducateurs en formation, des mères sont également très présentes avec les enfants quand c’est possible pour elles.

En règle générale, les adultes qui nous rejoignent sont beaucoup plus participants à nos temps de rencontre. C’est ce que nous souhaitons développer le plus possible, être ensemble à construire les choses, créer une communauté éducative.

Des personnes qui partent, d’autres qui restent, un collectif qui s’enrichit de toute cette diversité.

Ce sont des temps très importants qui se sont construits au fil des mois, tant avec les enfants qu’avec les adultes. Les enfants réclament cette présence régulière d’adultes, qui permet d’assurer le bien être et la sécurité de tous.

Les enfants partent et viennent librement, les différents jeux sont à leur disposition. On joue ensemble, on découvre de nouveaux jeux, des ateliers créatifs une fois par mois, on s’entraine à différentes acrobaties (diabolo slake line, pit chake….). Depuis ces 5 années, on repère une plus grande capacité des enfants à gérer seuls les problèmes, notamment sur le terrain de foot. Les tensions vont et viennent avec certains enfants, nous sentons des changements qui sont encourageants, nous nous efforçons de développer des relations individualisées avec ceux qui en ont le plus besoin. Et surtout nous constatons la plus grande capacité du groupe, enfants et adultes, à réguler ces moments difficiles.

Il nous semble que nous avons fait ensemble, au fil des mois, l’expérience du plaisir que procure un jeu collectif qui est abouti. Les enfants apprennent ainsi à dépasser leurs contrariétés et à privilégier le temps du jeu collectif. On comprend ainsi ensemble que l’intérêt de chacun est conditionné à l’intérêt commun.

Nous sommes très centrés sur la prise d’initiative. Le conseil, proposé chaque semaine aux enfants, permet d’envisager ensemble des projets: animation d’un jeu collectif, organisation d’un spectacle pour animer les anniversaires une fois par mois. Nous avons fait, grâce à l’initiative des enfants, des chasses au trésor, des olympiades, des tournois de foot, des piques niques….

Notre démarche c’est d’affirmer notre responsabilité collective de l’éducation des enfants. L’éducation des enfants concerne tout un quartier. Les parents ne peuvent pas consacrer toute leur énergie à s’occuper des enfants, ils ont plein de choses à tenir pour assurer le quotidien, beaucoup sont dans des logiques de survie, et arpentent la ville à la recherche des produits les moins chers. Ils sont épuisés souvent.

Notre présence auprès des enfants, deux après midis par semaine représente un petit relais auprès de certains parents.

Nous connaissons aujourd’hui un bon nombre de familles du quartier, plus de 200 personnes. Certaines ont pu faire connaissance avec d’autres en venant nous rejoindre sur les tapis. Nous partageons ensemble les préoccupations, nous tissons des liens d’entraide, nous sommes présents parfois pour assurer des démarches administratives.

Nous-nous organisons ensemble pour réaliser des projets, à l’occasion du café des femmes qui est ouvert le Vendredi après midi. Nous recherchons toutes les occasions pour vivre ensemble des temps enrichissants, des temps de partage et de fête. Notre façon de construire ainsi un climat de confiance, où chacun trouve sa place.

Nous partons ensemble des besoins, des envies. Des projets deviennent possibles avec la participation de tous, notre petite équipe, les enfants, les adultes.

Et ça fonctionne de plus en plus. A force de tâtonnement, on trouve peu à peu la meilleure façon de nous organiser collectivement. C’est toujours à construire et à améliorer. Nous faisons des bilans des différentes rencontres organisées.

Ce que nous avons construit depuis tous ces mois :

Nous avons donc ces rendez vous réguliers du mercredi et du samedi, qui s’enrichissent au fil du temps.

Nous avons partagé notre premier pique nique du printemps, dans le parc Courriot, à la demande des enfants dont certains ont participé à son organisation. Nous faisons la cuisine sur le terrain une fois par mois. Notre Carriole nous permet de réaliser le gouter du jour, à partir des idées des enfants. Nous recherchons un four à gaz qui va nous permettre de nous diversifier

Le conseil des enfants

C’est l’occasion proposée, une fois par semaine, à tous les enfants qui le souhaitent, de prendre la parole. Chacun peut dire ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas dans nos temps de rencontre du Mercredi et du Samedi, chacun peut faire des propositions. Nous essayons ensemble de trouver des solutions pour résoudre des situations non satisfaisantes, ou des situations conflictuelles. Nous partons des envies manifestées et nous essayons de construire les choses avec les enfants volontaires, pour développer le plus possible leur capacité à prendre des initiatives, leur autonomie.


C’est un apprentissage de la vie démocratique où la parole des enfants est prise en compte et permet concrètement que nos rencontres s’adaptent aux besoins et envies manifestés, où les règles de la parole sont tenues par les enfants eux-mêmes, certains proposent de prendre des notes. Les demandes des enfants sont ensuite prises en compte par l’équipe, par exemple venir sur le terrain le Dimanche après-midi

Le café des femmes, le vendredi après midi. Dans une salle mise à disposition par le Babet. Ce temps est ouvert à toutes les femmes du quartier. Ces temps de rencontre sont différents chaque semaine. On aborde des questions philosophiques sur nos valeurs, nos conceptions, sur la façon de vivre ailleurs, dans d’autres régions du monde, nos vie de famille, l’éducation, des échanges d’informations pour assurer les démarches administratives, les bonnes adresses. On évoque des questions de l’actualité, on partage nos inquiétudes, on cherche à mieux comprendre (le massacre à Paris en Novembre, la loi travail….) On aborde les questions sur la façon dont on s’organise ensemble pour réaliser nos projets. Cette année nous avons réalisé 3 « salons de coiffure », grâce au savoir faire de Saïda et plusieurs adultes expertes. Nous sommes de plus en plus nombreuses, entre 15 et 25 adultes.

Salon de coiffure. Plusieurs adultes ont un diplôme en coiffure mais ne peuvent pas exercer en France. Cette année, nous avons organisé 3 ateliers coiffure, avec couleur, coupe, brushing, maquillage, thé, gâteaux, garde d’enfants. Un salon de coiffure de luxe !!!!

Nous nous entraidons : nous faisons ensemble des démarches qui seul, deviennent difficiles : le trésor public, le service social, la recherche de logement, la recherche de travail, la recherche de mobilier, les coups de téléphone dans les administrations…..

Garde mutuelle de bébés : plusieurs femmes ont fait part de leur difficulté à faire garder leur bébé quelques heures pour faire des démarches, etc. Nous constatons un manque de places disponibles en halte-garderie. Le Babet mettant à notre disposition des salles adaptées, nous avons assuré l’accueil des enfants le vendredi après midi. Puis le mardi après midi, qui devient peu à peu un café des femmes bis !!!

Médiathèque : Les relations s’améliorent, du fait de notre présence régulière où nous découvrons avec les enfants, les ressources de cet espace.

Nous nous regroupons à la médiathèque en cas de pluie et pour faire des activités. Nous essayons de profiter des projections de films proposés par la cinémathèque, des ateliers conte.

Nous organisons des temps de présence à la médiathèque le mardi, Jeudi, et vendredi de16h30 à 18h30, c’est l’occasion de lire avec les enfants ou de les aider pour les devoirs.

1001 territoires, pour la réussite de tous les enfants : invitation des parents à des rencontres pour évoquer la relation de l’école avec les familles. Cette action existe de puis 4 ans, sur différents territoires, deux colères : l’échec programmé des enfants issus des milieux populaires, la manière dont les enseignants traitent les parents. Deux convictions : les enfants de deux ans ont tous les mêmes capacités à réussir, la clé de la réussite est l’existence d’une communauté éducative où chacun reconnait l’autre comme co éducateur des enfants.

Chantal est art thérapeute, elle propose un atelier d’expression artistique, centré sur la couleur, les formes, la créativité. Elle propose des matériaux qui permettent des résultats très esthétiques, elle nous fait découvrir de beaux albums de peinture ou de photos qui sont source d’inspiration. Karim et Marine ont proposés des ateliers centrés sur réalisation d’objets à partir de la récupération.

Ces temps créatifs sont proposés à raison d’un Samedi par mois, à un petit groupe d’enfants et d’adultes intéressés. Le Babet met une salle à disposition.

Exposition au salon «  l’heure des thés » : nous allons exposer le travail des enfants, le mettre en valeur lors de cette exposition en Octobre, un vernissage aura lieu.

Rencontres sur les pays d’origine, tous les deux mois.

C’est pour nous tous un grand enrichissement de pouvoir partager une autre façon de vivre, découvrir d’autres réalités, pour mieux se connaitre, mieux se comprendre.

Nous avons découvert cette année, une région du Maroc, Oran, Alger la Blanche Tébessa. Nous avons partagé un couscous préparé par plusieurs mères à leur domicile. Toujours à partir d’un diaporama commenté par les mères qui l’ont préparé. Les enfants nous rejoignent pour partager les gâteaux apportés par les mères.

Nous avons un classeur à disposition de tous, avec de belles photos, un petit commentaire écrit sur chaque rencontre. C’est un bon médiateur pour parler de ce qu’il est possible de construire ensemble.

Les Moyens du Bord, des amis qui s’intéressent à notre démarche et qui nous soutiennent depuis le début. Nous avons été invités deux fois cet été dans leur jardin à Bel Air pour des échanges autour du conte. Nous avons démarré un projet jardinage tout au long de l’année avec des enfants et des adultes volontaires. Cet été, nous allons partager ensemble des repas réalisés à partir des différentes récoltes.

Nous avons réalisé ensemble des décorations de Noël, nous avons été invités à fêter Noël avec la lecture d’un conte que les enfants avaient écrit l’an passé.

Gratiféria : nous proposons des espaces de gratuité où chacun apporte ce qui ne lui est plus utile et peut repartir avec différents objets qui l’intéresse. A cette occasion, nous avons organisé une fête du printemps.

Fête de l’été : nous avons organisé une fête de la musique ou de jeunes amis artistes se sont produits, en proposant des textes engagés auxquels les familles ont été très sensibles. Nous avons inauguré les bacs de jardinage que la Mairie a mis à notre disposition.

Les sorties nature avec le Centre Social du Babet, des sorties au bord de l‘eau durant l’été, que nous allons reconduire cette année. Des étaient programmées en Juillet et Aout, chaque mercredi, trois ont été annulées à cause de la pluie. il y avait des adhérents des deux associations, cela a permis de sortir du quartier, de rencontrer d’autres familles, de se dépayser à 45 minutes de la maison et d’être dans la nature.

Une semaine à Retournac, à la ferme des fromentaux: les familles désiraient découvrir la campagne, un lieu agréable pour passer un petit séjour. Ce séjour s’est déroulé entre femmes et enfants, une semaine de vacances !!! (20 personnes).

Atelier bien être : en direction des jeunes filles pour partager des temps où on prend soin de soi, soin des autres. En partenariat avec le Babet.

Les tournois de foot : Réalisation d’un tournoi de foot avec des règles écrites par les enfants pour les enfants, distribution de coupes à la fin. Les enfants ont été très impliqués.

Une rencontre de foot a été organisée en partenariat avec le Babet et l’ACARS

Intervention des sports : intervention les vendredis pendant les vacances scolaires au gymnase Beaubrun, encadrées par des éducateurs sportifs de la ville. Les enfants sont initiés au basket, la balle géante, le badmington.

Les places de foot : La mairie nous a offert 15 places pour aller voir le match ASSE- Lille car les enfants ont émis le souhait de faire une activité «  entre garçons » au conseil des enfants.

Spectacle à la comédie de St Etienne : c’est la deuxième année que nous allons au spectacle avec des mères et des enfants. Nous avons partagé 3 sorties avec chaque fois un groupe de 15 personnes (La jeune fille et le moulin, Hikikomori et Blanche neige) et une avec 4 personnes (le retour au désert).

Accompagnement pour l’aide à l’emploi : nous sommes préoccupés par la situation de certains jeunes qui « galèrent » nous sommes actuellement en recherche pour accompagner ceux qui en font la demande, mais c’est très difficile. Nous conseillons surtout les permanences du Babet du Lundi et du Jeudi

Participation au diagnostic du quartier : Les principaux acteurs sociaux du quartier se sont réunis pour débattre des problèmes du quartier, à l’occasion du nouveau projet d’établissement du Babet qui estime que nous sommes devenus, sur le quartier, des partenaires incontournables

Participation aux réunions de la politique de la ville

Mise à jour de notre blog : Pour communiquer sur nos différents projets et partager des éléments de pédagogie sociale. Le lien : http://terraindentente42.blogspot.fr

Formation sur la pédagogie sociale : à partir du mémoire de Gaïa qui a réalisé son service civique avec Terrain d’Entente, salle Descours où 50 personnes ont participé à cette réflexion. Deux interventions dont une à l’IREIS, une à l’institut de formation de la PJJ.

Demande de local : Nous sommes éparpillés tout au long de la semaine dans plusieurs endroits, pour nos réunions d’équipe, pour le café des femmes ; pour le rangement de notre matériel, différents documents sont rangés chez différentes personnes de l’équipe. Notre travail est rendu très difficile dans ce contexte. Depuis Novembre 2014, nous avons fait différentes demandes à la Mairie, nous avons eu le soutien d’un député. Nous attendons toujours une réponse concrète.

Ce que nous souhaitons poursuivre et développer cette année : Pays d’origine: Faire intervenir des musiciens, pour embellir ces rencontres. Il est possible de proposer l’échange autour du diaporama aux enfants qui souhaitent participer.

Les sorties natures: Régulièrement se manifeste l’envie d’en faire plus tout au long de l’année. Les familles proposent une participation financière, pour assurer le cout du transport. Nous avons réalisé notre tontine. Chacun dépose quand il le peut, l’argent dont il dispose. Une petite cagnotte est à disposition au café des femmes. Les sorties au bord de l’eau sont à nouveau proposées au mois de Juillet et Aout, le Babet finance le car. Nous sommes allées à Marles, et à Retournac sur une journée pour découvrir l’activité de deux fermes

Les accompagnements (démarche administrative, coup de téléphone, sorties spectacles, coiffure, carnaval, à la médiathèque, les projets personnalisés : emploi, formation etc) 

La présence à la médiathèque, les sorties spectacle, sortie hammam…. Projet d’un atelier écriture pour préparer le printemps des poètes

Les tournois de foot, les interventions sport

Organiser un espace de gratuité de façon régulière (échange de vêtements, jeux, petit mobilier….)

Vacances à Retournac : Une semaine est prévue fin Juillet

Approfondir nos échanges concernant les questions de société, quand nous comprenons mieux les enjeux, nous pouvons agir de façon plus juste. Prendre également conscience que le collectif permet de sortir de l’impuissance

Développer notre capacité à agir ensemble avec l’acquisition d’un jardin potager

Développer l’action 1001 Territoires pour construire concrètement une communauté éducative à l’échelle du quartier.

Embauche d’une jeune comédienne en Septembre 2016 pour développer les capacités artistiques des enfants et leur offrir des espaces de découvertes culturelles et artistiques les plus larges possibles

Développer une pédagogie participative. Construire des projets à partir de la demande et de l’initiative des enfants pour qu’ils deviennent véritablement auteurs, partie prenante de notre collectif, et développent le plus de savoirs et savoirs faire possibles. Projet d’un tournoi de foot sur un vrai terrain avec les vraies règles. Emission de radio.

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Faire milieu, qu’est ce qui est difficile ?

FAIRE MILIEU, QU’EST-CE QUI EST DIFFICILE ?

Le milieu étant pour nous, de construire, avec toutes les personnes volontaires, des liens de confiance et d’entraide, l’association Terrain d’Entente est engagée dans un travail de rue, avec des habitants du quartier Beaubrun/Tarentaise à St Etienne depuis près de 4 ans.

Lorsque nous avons fait connaissance avec les premiers adultes qui nous ont rejoint sur le terrain de jeux, on entendait souvent, « il faut de méfier de tout le monde et faire confiance à personne ».

Ce qui est difficile, face à des personnes blessées, découragées, malmenées par cette société extrêmement inégalitaire, discriminante et stigmatisante, c’est de construire un lien de confiance, c’est faire ensemble société.

L’équipe de base, les militants de cette association, ne vivent pas dans ce quartier, ils ne sont pas dans la précarité matérielle, ils ne sont pas de confession musulmane. Les habitants de ce quartier sont essentiellement des familles issues de l’immigration ancienne ou récente, ils sont de façon générale très pauvres, et pour la plus part de confession musulmane.

Et les liens qu’on tisse semaine après semaine, sont des liens qui se construisent, à la manière d’une famille, c’est-à-dire, dans un rapport d’égalité, d’investissement et d’implication personnelle. Ces liens sont forts de toutes ces différences. Avec toute notre diversité, on construit notre histoire ensemble. Les valeurs affichées de ce pays deviennent des expériences partagées.

J’entends parfois des commentaires sur cette présence particulière dans le quartier : « l’idéal, ce serait qu’on n’ait plus besoin de vous…. ». Donc l’idéal, c’est la séparation, l’absence de partage ?!!!!

Annah Arendt avait fait l’analyse de la société américaine dans les années 60. Elle s’inquiétait de ce phénomène de séparation: les tous petits dans les crèches, les vieux dans les maisons de retraite, les différentes classes sociales qui n’ont jamais aucun lien….. Elle estimait que c’était un vecteur de violence sociale.

Etre aux pieds des immeubles, offrir un temps de présence les mêmes jours, au même lieu, à la même heure, ça produit tout le contraire.

Nous rencontrons tout le monde, des petits, des grands, entre 2 et 15 ans, des adultes, des bébés. Des familles qui viennent de différentes régions de la planète. Faire milieu dans ce quartier, c’est se sentir citoyens du monde.

La confiance, c’est un petit être fragile et farouche, elle se nourrit jour après jour. Ce qui lui permet de se développer, c’est surtout quand chacun se sent exister parmi les autres. Ce sont tous ces moments où on se réjouit de se retrouver, où on prend des nouvelles au téléphone, où on frappe à la porte pour proposer une sortie. Ces moments gratuits, sans intention particulière, qui manifestent juste de l’attention, de l’intérêt qu’on se porte les uns vis-à-vis des autres.

La confiance, ce sont tous ces moments où on construit ensemble des projets, qui aboutissent concrètement. Ces réalisations collectives sont des moments fondateurs de liens solides et profonds. Chacun donne à sa mesure, selon sa force, la présence des uns et des autres est ainsi vécue comme indispensable. Ce sont des temps de connaissance et de reconnaissance mutuelle.

Ce qui est difficile également, et qui est lié, c’est de croire ensemble qu’on peut construire un collectif qui devienne une force, susceptible de transformer la réalité.

Ceci se construit essentiellement par un engagement net et clair auprès des personnes que nous rencontrons. Nous prenons position de façon affirmée sur ce qui est en jeu aujourd’hui pour une part croissante de la population : l’appauvrissement, la marginalisation, l’exclusion qui sont de véritables scandales dans cette société riche et opulente. Ce système marchand généralisé oppresse les plus pauvres de façon de plus en plus violente. Nous témoignons de ce que nous voyons et comprenons sur ce que les uns et les autres ont à tenir dans leur quotidien.

Pour devenir une force capable de transformer la réalité, il faut échapper au sentiment d’impuissance. Il est donc nécessaire de prévoir ensemble des objectifs atteignables, des mobilisations autour de questions très concrètes. Nous cheminons par exemple, vers l’organisation d’une garde d’enfants par les unes et les autres, en réponse à la saturation des haltes garderies. Les enfants se sont réunis dernièrement pour écrire une lettre au Maire, l’informant de l’état du terrain de foot qui se dégrade et proposant des réparations possibles. Nous réglons des problèmes concrets.

Nous nous confrontons ensemble au réel, c’est de la politique grandeur nature.

C’est un engagement, une prise de position concrète une volonté de construire une société plus humaine, de dénoncer les injustices et de lutter pour les réduire, et devenir ensemble acteur, auteur.

Quand j’ai entrepris cette aventure, j’étais dans un état d’esprit très pessimiste. Je ressentais que toute cette violence institutionnelle avec son lot de précarité et d’exclusions nous menait dans une grave impasse de délitement de la société.

Construire cette qualité de relation avec ces familles qui souffrent d’être empêchées de se réaliser, de pouvoir envisager pleinement l’avenir, m’a redonner l’espoir. Au fond de soi, et pour chacun, il y a cette aspiration profonde à créer des relations positives, de respect mutuel. On peut se saisir de ce désir qui nous est commun et avec lequel on peut construire une communauté d’entraide et d’ouverture les uns par les autres. Le collectif devenant ainsi une réelle force de transformation.

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