Terrain D'entente

Atelier Théâtre

Durant la deuxième semaine des vacances de Février nous avons eu l’opportunité de participer à un atelier théâtre animé par Lucile à l’Amicale Laïque de Tardy. Deux groupes de quatre et six enfants participaient à l’atelier, l’un le matin et l’autre l’après-midi.

L’objectif de cette semaine n’était pas de monter un spectacle (le temps aurait été trop cour) mais plutôt de les faire travailler sur les deux compétences primordiales d’un comédien : l’écoute et le rapport aux autres. A l’aide de petits jeux les enfants ont ainsi pu se rencontrer, prendre conscience de leur propre image et de l’importance du respect de l’autre. Ayant un but ludique de prime abord, cet atelier leur a aussi permis de parler d’eux même, de leurs vies et de leurs doutes. Au fur et à mesure que les jours passaient les jeux devenaient plus fluides car les enfants gagnaient en assurance et en complicité. Tous devinrent force de proposition, faisant vivre l’atelier, et laissant présager le mieux pour la répétition publique du dernier jour.

Celui-ci se déroula dans la grande salle de l’amicale de Tardy. Etaient présents en même temps les deux groupes qui avaient participé à l’atelier ainsi que des mamans et femmes du quartier, qui pouvaient observer non pas une représentation mais une reproduction fidèle des ateliers proposés durant une semaine. Après que l’ambiance fut bien assurée par les comédiens en herbe il fut proposé aux mamans de participer elles même au dernier atelier, ce que la majorité fit avec la plus grande joie. Surprise, dépassement de soi et crises de fou rire furent au rendez-vous de cet après midi pas comme les autres.

Dans l’ensemble cette semaine fut enrichissante pour tout le monde, permettant de tisser des amitiés présentes et de futures passions.

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Atelier RAP

Depuis les débuts du mois de juillet un atelier rap fut proposé aux adolescents du collectif une fois par semaine. Celui-ci consistait à écrire son propre texte puis apprendre à l’interpréter et à le poser en rythme.

Le rap est actuellement le style de musique le plus écouté au monde et en France. S’adaptant à toute base musicale, le rap est à l’origine un moyen de communication servant au poète à faire passer un message, à décrire à l’auditeur sa vie, ses doutes et ses ambitions. Pour un jeune de 13 ans c’est la chance de pouvoir verbaliser son quotidien, de développer son écriture, son vocabulaire et sa prestance à l’oral. Au sein d’un quartier, c’est la chance de pouvoir s’affirmer dans un rôle positif et d’échapper à la réalité par la musique.

De nombreux enfants différents sont passés par cet atelier rap, beaucoup d’entre eux ne participant pas à plus d’une ou deux séances. Cependant un groupe de trois enfants déterminés continuèrent le projet, élaborant deux musiques et en enregistrant une lors du mois de Mars. Les progrès accomplis lors de ces dix mois d’ateliers furent impressionnants, les jeunes adolescents gagnant en qualité d’écriture, d’interprétation et en sens du rythme.

Si une certaine tolérance fut appliquée quant aux mots employés par les jeunes dans leur texte, le mot d’ordre et seule obligation fut pour eux de raconter la vérité. De la tourner dans le sens qu’il voulait, certe, de l’embellir au besoin, mais pas de la transformer pour correspondre à la norme de ce qui peut se faire dans le rap. En d’autre terme : ne joue pas le gangster si tu n’en es pas un. Cette règle obligea les jeunes à pousser plus loin leur description de la réalité, d’analyser plus finement les difficultés sociales et les oppressions qu’ils pouvaient déceler autour d’eux. Parfois, quand les jeunes avaient trop de questions, les ateliers se transformaient en débat de plusieurs heures. Loin de s’éloigner du sujet, cela leur permettait au contraire de s’inspirer et d’enrichir leurs textes par leurs réflexions.

Ces dix mois d’ateliers furent donc une belle réussite, et ce grâce à la volonté sans faille et à la rigueur de ses participants. En espérant que leur pratique du rap pourra continuer sans l’aide d’un adulte, car ces jeunes ont des choses à dire !

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Atelier Fille

Le samedi 3 février, nous nous retrouvons en salle Descours, avec un petit groupe de jeunes filles, pour partager un moment, exclusivement pour elles.

En effet, suite à leur demande, nous avons organisé un « atelier fille ». C’est l’occasion, pour elles, de passer un moment convivial entre copines et de prendre soin d’elles. Au programme,coiffure,manucure,et maquillage.C’est aussi un moment privilégié pour ces jeunes filles, qui ont participé à l’organisation de cet après-midi en nous accompagnant pour l’achat du nécessaire de coiffure.

Durant cette après-midi, Sarah a mené une séance de coiffure,où chacune a pu lui demander la coiffure qu’elle souhaitait ; lissage, boucle, ou encore chignons ont été à l’honneur. S’ensuit une séance de manucure,menée par Éloïse, avec un large choix de couleurs de vernis ainsi que de motifs afin que chacune puisse trouver ce qu’il lui correspond le mieux.

Puis, les jeunes filles en autonomie, ont pris l’initiative de se maquiller.

Enfin, des adolescentes du quartier ont proposé un atelier henné, qui a beaucoup plu.

L’après-midi, s’est achevé autour de pancakes, et petits gâteaux au chocolat, chacune était ravie de cet après-midi, qui s’est déroulé dans la bonne humeur, sans aucun incident. Elles sont toutes reparties avec l’envie de renouveler l’atelier.

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Pour retrouver le sens, le dynamisme, l’éthique dans le travail social

Nous sommes très interpellés depuis quelques années, en constatant le rétrécissement des possibilités d’agir des institutions et des structures du travail social. Dans ces espaces, il y a de moins en moins d’accueil physique aux usagers, dans l’urgence, les démarches sur la question de l’accès à des droits fondamentaux n’aboutissent pas ou de manière parcellaire, ou les réponses sont inadaptées, les rendez vous sont de plus en plus espacés, l’accueil est parfois tendu.

En regard de ces institutions du service public, se développent des petites associations qui sont condamnées, et ce, sur le long terme, à des logiques de survie, à une précarité permanente, à l’incertitude d’être en capacité de poursuivre leurs actions. Et ces petites associations règlent des problèmes concrets, développent des actions et répondent à des besoins cruciaux, en associant chaque fois les personnes concernées qui se mobilisent. On peut citer, par exemple, tous ces espaces de solidarité qui se développent dans la durée auprès des personnes migrantes. Aujourd’hui, les assistantes sociales s’adressent à ces collectifs pour trouver des solutions d’hébergements.

Un autre exemple, l’association Terrain d’Entente qui propose des ateliers de rue à Tarentaize depuis près de 7 ans. Elle a obtenu en 2017, les Lauriers de la Fondation de France là reconnaissant ainsi comme l’association la plus innovante du département de la Loire.

Terrain d’Entente, c’est une poignée de militants, et une équipe très instable, avec des jeunes en formation d’éducateurs, présents entre 6 et 9 mois, des jeunes volontaires du service civique avec un contrat de 10 mois, un employé en contrat aidé pour une année. Nous sommes éparpillés tout au long de la semaine dans différents lieux pour nos réunions d’équipe, pour le café des femmes, la garde des bébés. Ces différents espaces mis à notre disposition par le centre social du quartier sont remis en question à chaque période de vacances scolaires. Nous louons un garage (avec des souris!) pour entreposer notre matériel pédagogique.

Comment expliquer ce grand écart entre des institutions établies qui ne font plus face aux situations de détresse et des associations qui disposent de moyens toujours insuffisants et qui trouvent des issues pour répondre à une grande diversité de problèmes?

Depuis plusieurs années, les agents des institutions d’Etat subissent des injonctions à tenir des objectifs décidés par les pouvoirs publics qui sont très à distance des réalités du quotidien, sans pouvoir eux mêmes intervenir dans ces décisions. On parle aujourd’hui à ces agents « d’intéressement à l’efficacité », de « performances » à développer…. L’idéologie libérale domine désormais tous ces espaces.

Cette logique libérale met en avant la question des déficits publics. Les projets sont envisagés avec comme objectif essentiel, de réduire les coûts. La question de la finalité de l’action sociale n’est jamais posée. Or toute l’action sociale est centrée sur l’intérêt général, sa vocation est de garantir à tous l’effectivité de ses droits (l’éducation, la santé, le logement, les transports….). La mission de tous ces agents de la fonction publique est de prendre en compte l’intérêt général dans sa diversité et sa complexité. De rechercher des solutions adaptées à chaque problématique, analysée en regard de l’expertise des usagers.

C’est le coeur de tous ces métiers. Un travailleur social sait entendre et prendre en compte la parole de la personne en demande d’aide, dans une écoute bienveillante et empathique. Il sait confronter son analyse par un regard croisé avec d’autres professionnels, d’autres partenaires, il sait travailler et s’investir dans des projets collectifs. Tous ces temps de concertation favorisant l’accès aux droits pour chacun sur le plan politique, sociale, économique.

Le statut de fonctionnaire est conçu pour permettre à tous les agents de contribuer à l’avancée, l’adaptabilité des décisions politiques en regard de l’évolution de la société.

Les questions sociales se transforment sans cesse, évoluent, se dégradent, d’autres problématiques se manifestent, il est incontournable de pouvoir entendre la parole de tous ces acteurs de terrain pour que les lois, les dispositifs constituent des réponses adaptées.

Une assistante sociale me rapportait son expérience sur l’évolution de son travail ces dernières années. Il y a 5 ans, il était toujours possible d’accueillir une mère de famille en détresse un vendredi soir et de lui délivrer un secours d’urgence. Les travailleurs sociaux, de manière unanime se mobilisaient alors pour aller chercher ce secours qui était parfois disponible en dehors de leur zone géographique d’intervention, et personne ne déplorait les heures supplémentaires inhérentes à la mission réalisée, tant la tâche était reconnue légitime. « On avait toujours une solution de secours ».

Mais depuis plusieurs années cette enveloppe est toujours plus remise en question, et le même agent qui se mobilisait sans compter ses heures, conscient d’agir dans le cadre de ses missions, est capable de répondre aujourd’hui à cette même mère en détresse: « il n’y a rien de possible, et ce n’est pas la peine de revenir la semaine prochaine, je vous ferais la même réponse ».

Les agents aujourd’hui, dans de nombreuses situations de danger, n’ont plus aucune latitude pour envisager des solutions, pour chercher avec d’autres. Ils se retrouvent confinés dans leur secteur d’intervention, sans lien avec les autres structures, ce qui réduit d’autant les possibilités de répondre aux situations de détresse.

Les agents ne sont plus en capacité de jouer un rôle de vigilance et d’alerte face aux évolutions de la société et aux effets dévastateurs des orientations politiques.

La précarité et la dégradation des conditions d’emplois et des salaires pour les usagers et pour les travailleurs sociaux, la dégradation de l’offre des services publics, des protections sociales ont, dans tous les domaines, des conséquences dramatiques.

Laurent OTT avait intitulé un de ses derniers articles: « Le culte du consentement, tombeau des innovations sociales « .

Nous devenons les valets d’un système qui nous étouffe, qui nous contraint. Quand il n’est plus possible d’imaginer, d’inventer des solutions en s’organisant avec d’autres, quand il n’est plus possible de faire un pas de côté pour chercher à améliorer les situations, à quoi bon réfléchir?

Dans toute situation de travail, si nous n’avons aucune possibilité de réfléchir collectivement, de proposer, d’inventer, à partir d’une lecture de la réalité, nous perdons peu à peu tout intérêt, toute envie à s’investir pour contribuer à l’évolution de notre tâche. Nous perdons le sens de nos missions. Nous nous retrouvons dans la posture de l’esclave face au maître qui pense pour nous, et nous rejoignons alors facilement et assez rapidement son idéologie, ses principes, ses valeurs.

Ne plus penser, ne plus chercher à analyser le contexte auquel on se confronte sans cesse nous fait penser en fonction de l’idéologie dominante. Il devient alors tout à fait possible d’accepter de croire que le problème ce sont toutes ces personnes en situation de détresse. Elles s’expriment mal, elles n’honorent pas tous les rendez vous, ne se plient pas à toutes les contraintes imposées par les démarches administratives, elles achètent des habits de marque à leurs enfants!….

Dans ces espaces de travail social, nous avons oublié que l’action sociale publique est orientée vers le bien être des populations, la dignité, le développement des personnes. Dans ces espaces, les agents n’ont plus la capacité à s’indigner devant le fait que de plus en plus de familles n’ont aucune perspective d’avenir. Ceux de leurs membres qui sont encore employés, réalisent des travaux avilissants qui détruisent leur santé, vivent dans des logements dégradés, dans des quartiers relégués, ne peuvent offrir à leurs enfants aucun loisir, aucun projet de vacances….

Vous savez pourquoi les familles pauvres achètent des vêtements de marque à leurs enfants? C’est pour qu’ils ne soient pas marqués du stigmate « bénéficiaire du RSA », c’est un sursaut de dignité, pour que les enfants n’aient pas à avoir honte de leur origine.

A Terrain d’Entente, nous restons indignés, depuis 7 ans que nous sommes présents sur le quartier de Tarentaize. Cette colère est un puissant moteur. Avec les familles du quartier, nous prenons à bras les corps nos affaires sociales pour transformer ce qui est inacceptable dans un des pays les plus riches du monde.

Nous réinventons un modèle de développement social, producteur de richesse et d’égalité sociale. Et nous sommes témoins de ce qui se construit au quotidien, silencieusement.

Au milieu de difficultés de plus en plus importantes, les familles populaires produisent un énorme travail quotidien pour tenir, pour faire vivre ou survivre la famille, élever les enfants, pour éviter plus de dégradation de la vie sociale du quartier. Sans ce travail, le tissus social serait bien plus dégradé. Mais ce travail est nié et les familles sont ainsi dépossédées de leur moyens de vivre, avec un mépris social largement ressenti dans de nombreux domaines du quotidien.

Il s’agit pour nous, de transformer cet inacceptable violence sociale : la négation de ce que produisent les familles.

Le combat est celui d’une réappropriation. Il s’agit d’agir ensemble, de construire des solidarités et d’obtenir la reconnaissance de ce travail des familles.

Nous savons tous, que l’efficacité dans le travail se construit dans la mise en relation avec les autres acteurs, dans la coopération et le travail collectif. Travailler ensemble, produire ensemble, transformer ensemble, ce n’est pas seulement apprendre comment faire les choses, mais c’est aussi retrouver ensemble l’énergie et la raison de le faire.

Pour construire des liens d’égalité où chacun est reconnu dans sa dignité, il nous faut affirmer que chacun est producteur de richesses. Il nous faut reconnaître ainsi la place qu’il occupe réellement, le rôle qu’il joue dans la société, le fait qu’il est auteur d’une multitude d’initiatives qui dynamisent au quotidien la collectivité, et lui laisser l’espace pour penser, décider, réaliser à partir de son expertise.

Pour retrouver le sens, le dynamisme, l’éthique  dans nos activités humaines, dans tous les secteurs de notre existence, il est indispensable de reconnaître chacun comme producteur de richesses. Mettre en évidence ce qui est produit et qui enrichit le pays de toutes les manières possibles.

Josiane GUNTHER, le 20 Février 2018

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Vacances de Noël

Pendant ces vacances d’hiver de fin d’année 2017, la ville de Saint Etienne s’est animée. Une occasion pour les enfants du collectif de sortir du quartier et d’aller profiter des activités par petit groupe de dix accompagnés. Au programme : Patinoire, grande roue et cinéma !

Ainsi presque chaque jour des vacances fut marqué par une sortie. Ce furent des moments privilégiés et appréciés autant par les enfants que les adultes, qui nous permirent de partager des instants chaleureux, de mieux se découvrir, se rencontrer parfois, et d’ainsi finir l’année en beauté !

Mentions particulières :

-Merci aux enfants d’avoir aidé Safia la service civique à sortir de la patinoire en vie.

-Instant émotion et surconsommation de mouchoirs devant le film « Paddington 2 »

-Bravo au courageux groupe de fille qui n’a pas (trop) crié en haut de la grande roue.

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Nouvel an Kabyle sur le terrain

Ce Samedi 20 Janvier nous nous rejoignons aux abords du terrain de foot de Tarentaise pour une occasion très spéciale : En effet nous sommes quelques jours après le nouvel an kabyle, que nous avons décidé de fêter avec les habitants du quartier. Après les soirées de ramadan au mois de juillet, le repas de Noël en décembre, c’est l’occasion pour l’association de continuer à faire vivre l’idée de l’inter-culturalité, chaque membre du collectif enrichissant les autres par le partage de ses coutumes d’origine.

Nous nous retrouvons ainsi dans une ambiance cosmopolite et inter générationnelle. Ce jour-là nous a particulièrement marqué par l’entraide entre les différents acteurs du terrain : Les adolescents s’occupaient des plus petits sur les tapis de jeu, les mamans préparaient les galettes autour d’un feu de camps avec l’aide des enfants, le tout dans une atmosphère festive. Aucun incident ne fut à déplorer durant cette journée qui passa si vite.

En fin d’après-midi nous nous sommes tous régalé durant un instant convivial. Un concours de piment servi de clou du spectacle entre deux éducateurs de l’association. A ce jour le gagnant de ce concours reste toujours à déterminer et provoque encore des débats houleux.

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Pour que les familles des milieux populaires puissent reprendre en main leur destin, repolitiser l’action sociale.

Pour que les familles des milieux populaires
puissent reprendre en main leur destin,
repolitiser l’action sociale.

Nous sommes envahis toujours plus par un discours centré sur les manques, les difficultés, la dangerosité des banlieues, des quartiers. On parle alors de problème de « culture », de manque « d’intégration ». La question sociale a été totalement éludée, l’échec scolaire, le chômage de masse, l’absence de perspective d’avenir, la pauvreté qui s’aggrave…. Le projet libéral a intérêt à créer une frontière qui s’appuie sur des critères autres que sociaux, comme la culture, l’ethnie, la religion.
Nous ne pouvons que déplorer aujourd’hui, le manque de présence militante, d’implication avec les habitants. Une présence qui a permis pendant plusieurs décennies, de remettre en question les rapports de domination, de discrimination, d’injustice. Une présence qui a favorisé, sur ces territoires particuliers, le sentiment d’une appartenance à une classe sociale bien définie, qui nous unissait dans ce que nous avions de commun et pouvait ainsi poser les questions sociales comme une affaire qui nous concernait tous. Avec la volonté de construire tous ensemble, des rapports plus égalitaires et plus justes, une reconnaissance et une place à chacun.
Arrêtons nous un instant sur cette question de la dépolitisation des rapports sociaux.
Depuis plusieurs années, il ne semble plus politiquement correct de parler de conflictualité des rapports sociaux. On refuse d’évoquer les rapports de domination, les rapports de force, les conflits. On préfère parler en terme de « négociation », de « dialogue social ». La volonté est de masquer les clivages sociaux. Les manifestations syndicales sont condamnées, criminalisées, étant estimées trop revendicatives et violentes. A la violence du système libéral qui produit des inégalités et des injustices démesurées, s’ajoute la violence de sa détermination à réprimer toute forme de contestation.
Mais aujourd’hui, dans les banlieues, des mouvements de contestation s’efforcent de dénoncer, de façon radicale, les questions de la violence policière et de la justice répressive, punitive, les discriminations, l’exclusion. Ils revendiquent des rapports d’égalité, plus de justice, une reconnaissance et une place.
Ces manifestations sont en totale contradiction avec cette volonté de lissage de nos relations sociales. Leur expression n’a aucune place dans les débats. Alors de temps à autres, des voitures brûlent, des affichages publicitaires sont détruits…Parfois même des quartiers entiers s’embrasent pendant plusieurs semaines.
L’association Terrain d’Entente reste très préoccupée par la situation des jeunes à Tarentaize. Certains d’entre eux suivent un parcours très chaotique avec des périodes de travail très précaire et de chômage, des passages à l’acte délinquants, des séjours en prison. Ceux là n’ont plus aucun contact avec les adultes du quartier, un sentiment d’impuissance se développe, les adultes responsables du champ éducatif et de la protection n’arrivent plus à s’interroger collectivement sur cette très préoccupante situation.
Comment dans ce contexte, les familles des milieux populaires peuvent devenir auteurs de leur existence en participant de façon concrète à son amélioration?
Elles doivent pouvoir s’engager, avec tous, dans les luttes pour l’amélioration des conditions de vie de tous, pour construire une vie digne de ce nom. Il faut donc s’intéresser tous
ensemble au problème du logement, de la santé, de la scolarité et de la formation, du budget insuffisant pour assurer tous les besoins du quotidien, de tous ces emplois indignes, des travailleurs pauvres, du démantèlement des services publics….
Comment déconstruire cette vision faussée de l’insécurité dans les quartiers?
Ces populations sont maintenues dans les positions les plus défavorisées, les plus dévalorisées. Et on sait tous que l’insécurité, c’est surtout la précarité qui augmente de façon globale et dramatique.
Cette notion d’insécurité sociale s’est manifestée tout au long du XIXème. Elle était liée à la condition du travail. Celui qui n’avait que ses bras comme force de travail, avec le risque de tout perdre à l’occasion d’un accident, avec la maladie, la vieillesse…. L’ubérisation de notre société, n’est-elle pas en train de nous ramener à ce XIXème siècle?
Pendant plus de 100 ans, la lutte contre l’insécurité s’est traduite par la construction d’institutions collectives de protection. La classe ouvrière, les milieux populaires sont à l’origine de toutes ces conquêtes. Ils ont livrés, tout au long de ce siècle, d’âpres batailles pour que vivent de manière concrète et effective, les valeurs de solidarité, d’égalité, de fraternité. Les valeurs fondamentales pour échapper à la barbarie et construire entre tous les citoyens, des rapports qui soient humains.
« Si on abandonne la reconnaissance des principes républicains, on perd le sentiment politique de l’humanité(…. )Quand on voit quelqu’un qui n’est pas respecté dans ses droits on doit souffrir soi même de voir souffrir le droit de la personne du semblable. Quand le prochain est atteint dans ses droits, on atteint le droit qui nous protège tous. C’est l’ensemble de la société qui n’est plus protégée. Les espaces de réciprocité constituent le sentiment fraternel. C’est l’apathie politique qui empêche qu’il y ait de la fraternité.
Refonder ces principes suppose de se redonner notre puissance de citoyen et considérer que tout ce qui se passe doit supposer le droit d’être débattu ». (Sophie Wannich)
Mais nous connaissons la suite de l’histoire, les années 80 marquent un tournant, avec la notion d’austérité, la mise en place de mesures qui ont détruit années après années, les protections collectives.
L’insécurité s’oriente alors sur la question de la délinquance dans les quartiers.
On a été incapable d’enrayer la concentration de la misère, l’économie de survie. Et cette concentration de situations misérables, on va là régler de manière policière, par plus de répression et de violence. Politiquement, c’est très fonctionnel, ça permet de montrer les moyens mis en oeuvre. C’est plus facile que de transformer les situations économiques.
On fait monter la répression et on ne se donne pas les moyens de prendre les mesures pour favoriser le futur, l’intégration.
Pourtant, malgré tout ça, dans les banlieues, il y a la tentative de se projeter dans un autre avenir, de ne pas accepter le présent tel qu’il est, ne plus supporter les conditions d’inégalité mais construire un autre future.
Pour encourager cette reprise en main du destin par les milieux populaires, il faut reprendre notre place, s’engager concrètement, s’impliquer personnellement.
Terrain d’Entente, avec de très modestes moyens, est engagé dans cette construction. Depuis toutes ces années de présence, nous savons mettre en évidence les ressources, les capacités de mobilisation des adultes, les savoirs faire professionnels qui nous permettent de pouvoir contribuer au dynamisme local. Nous sommes de plus en plus centrés sur les envies et nous avons collectivement contribuer à régler certains problèmes.
Nous cherchons les moyens d’exercer de façon effective notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants. Et nous nous efforçons de nous engager, avec les
acteurs volontaires de l’action éducative, pour construire, avec les parents, une communauté éducative, à l’échelle du quartier où chacun se sent responsable, impliqué, à égalité.
Nous encourageons les enfants à partir des conseils qui ont lieu chaque semaine, de devenir partie prenante de nos temps de rencontre, en les accompagnant dans leurs projets pour qu’ils puissent aboutir. Les enfants s’investissent et s’engagent pour des projets qui font sens pour eux. Nous nous centrons sur des modes d’expression artistique (Atelier Théâtre, Atelier écriture, Atelier peinture, Atelier paperolle….). Nous recherchons des modes de manifestation pour mettre en valeur toutes ces productions. On peut dire aujourd’hui: vous connaissez les enfants de Tarentaize? Ah oui, ceux qui ont réalisé l’exposition de peinture à l’amicale de Chapelon, ceux qui ont décoré la librairie croque’linotte avec des origamis, ceux qui ont animé des ateliers paperolles place Jean Jaurès dans le cadre de la fête du livre, ceux qui ont réalisé une émission de radio….
Nous avons construit une communauté de destin avec les habitants du quartier et ça nous amène à répondre aux besoins sociaux qui y émergent. Ces liens de proximité sont la source de notre mobilisation et de notre détermination à vouloir transformer l’inacceptable. Parce que nous ne pouvons pas envisager de transformations sociales sans nous appuyer sur l’expertise et les ressources des familles des milieux populaires.
Ces espaces de pédagogie sociale restent extrêmement précaires et privés de soutien pour poursuivre leur évolution.
Hors il est temps d’encourager les initiatives qui ne s’inscrivent pas dans une gestion des quartiers de type colonial ou occupationnel, mais qui s’impliquent dans la durée en construisant des rapports de proximités pour engager des actions qui transforment les rapports de dominations en pouvoir émancipateurs.
Un petit rappel de l’histoire: l’action sociale repose sur la solidarité de la Nation fixée dès l’article 21 de la constitution du 24 juin 1793 qui déclare : « Les secours publics sont une dette sacrée, la société doit la subsistance aux citoyens malheureux… »
C’est une formulation de l’époque, mais elle affirme l’engagement de l’état, de la société toute entière à ne laisser personne au bord du chemin, comme un devoir « sacré ». Elle traduit la conviction qu’une société se construit et se développe avec tous, sinon, nous prenons le risque pour tous, de plonger dans la barbarie qui nous oppose et nous divise.
Qu’en est-il de ce principe aujourd’hui ? A quelles conditions les associations d’action sociale peuvent-elles retrouver leur capacité à porter sur l’espace public les constats et analyses qu’elles tirent de leur action, à alimenter une critique sociale ?
« Quand le prochain est atteint dans ses droits, on atteint le droit qui nous protège tous ».

Il est temps de re politiser l’action sociale.

 

Josiane GUNTHER
Le 20/11/17

Publié par Terrain D'entente dans 2017, Texte de reflexion, 0 commentaire

Sortie au Hammam

« Les femmes adorent le hammam. Se poser en eau chaude, se frotter le dos …. Là ça rigole et tout ça, elles sont contentes. et elles repartent chez elles avec une belle peau lisse, un grand sourire, elles sont toutes belles, toutes fraîches »

C’est le commentaire de Fyala qui s’enthousiasme de ces sorties.

Nous nous accordons ce plaisir environ 3 fois par an. Chacune a pris le parti de participer au coût, soucieuse de ne pas trop engager le maigre budget de l’association. Le hammam est sur le quartier, il nous est donc totalement accessible.

Les mères de terrain d’Entente n’ont que trop peu d’occasions de prendre soin d’elles. Ces après midis au Hammam sont l’occasion d’un grand ressourcement. Les intérêts pour cette sortie sont multiples.

Il y a le fait de s’accorder chacune ce temps là, en pouvant le vivre en toute quiétude, les enfants sont à l’école, les bébés sont confiés à notre collectif, chacune dispose donc de deux heures pour savourer ce temps de bien être.

Il y a aussi le fait de le vivre toutes ensemble. De partager cette intimité, de nous accorder de l’attention aux unes et aux autres permet l’enrichissement d’un lien profond qui se tisse depuis toutes ces années. Dans le hammam, nous sommes des femmes et rien d’autres, les différences sont gommées.

Nous étions 17 femmes pour notre dernière sortie! Nous retrouvons ensemble l’énergie pour retrouver nos forces vives. Ce sont des après midis de rires, de détentes, de confidences.

Il nous faudrait pouvoir le vivre plus souvent parce que pour nous, les temps sont dures et c’est un moyen concret pour construire nos forces.

Publié par Terrain D'entente dans 2018, Activités en extérieur, 0 commentaire

Des savoirs qui nous divisent, des savoirs qui nous émancipent Construire une compréhension populaire du monde pour le transformer

 

La question du savoir, de ce qui est reconnu et valorisé comme du savoir, détermine la place que chacun occupe dans la société. Une forme d’élitisme s’est développé à partir du savoir académique. Ce savoir là domine tous les espaces de la société et conditionne notre façon de comprendre la réalité.

Toute une hiérarchie définit la valeur de la connaissance à partir du nombre d’années d’études et des diplômes obtenus. Un docteur en économie a plus de légitimité à prendre la parole, il sera écouté avec attention par un public nombreux qui va se déplacer pour l’entendre. Il sera considéré comme un expert, et les concepts, les analyses, les visions du monde qu’il va décliner seront considérés comme vrais.

Une femme de ménage ne prend jamais la parole en public. D’elle même elle a intégré qu’elle n’avait rien à dire d’important. Elle ne se sent aucune légitimité pour apporter sa contribution à la réflexion collective. Elle va même apprendre à penser contre elle même en discréditant son expérience concrète du quotidien si elle n’est pas corroborée par les discours dominants. Lorsqu’on discute au café des femmes de tous ces métiers mal considérés, voire méprisés, on ne peut que reconnaître une profonde injustice. La cuisine, le ménage, l’aide aux personnes vulnérables…. sont des métiers indispensables, essentiels pour qu’une société puisse se développer dans les meilleurs conditions. Alors que les conditions de travail, dans tous ces métiers, restent indignes, partout. Ces travailleurs là font partie de la longue liste des invisibles dans notre société.

Cette conception très restreinte de la connaissance est aujourd’hui bousculée. Une autre vision s’affirme peu à peu. On parle des « savoirs froids » et des « savoirs chauds ». Les premiers sont les savoirs universitaires, les lectures, les connaissances intellectuelles… Les autres sont les enseignements que chacun retire de son expérience de vie, de ce qu’il a construit avec d’autres. Les « savoirs froids », on entend par là des savoirs désincarnés, qui n’ont pas d’accroche avec le vécu. Les « savoirs chauds » sont ceux qui produisent la chaleur de la relation, de la rencontre et la capacité à agir avec les autres.

 

Poalo Freire rappelait que le savoir n’est jamais issue d’une expérience intellectuelle solitaire. Le savoir c’est ce qu’on apprend en réalisant concrètement les choses avec d’autres, en s’impliquant dans des actions. Le savoir provient de tous ces échanges, ces dialogues à partir de ce qui se construit collectivement. Faire les choses et parler ensemble de ce qu’on a fait permet de construire des savoirs, une compréhension de la réalité, et chacun apporte alors sa contribution à cette lecture du monde. Ces actions, ces échanges, ces savoirs nouveaux sont en eux mêmes émancipateurs, parce qu’ils nous permettent d’agir.

N’est ce pas la finalité de l’éducation? Ne vise-t-elle pas à ce que chacun devienne auteur de son existence et exerce sa citoyenneté en s’organisant avec d’autres, en devenant partie prenante de toutes les affaires sociales qui le concernent?

Une des bases fondamentales pour construire une vie sociale riche, dynamique et vivante, productrice de progrès pour tous.

Ce qui est extraordinaire dans la démarche de la pédagogie sociale c’est de savoir construire les relations en partant du principe que nous sommes ignorants de beaucoup de choses. Les pédagogues sociaux s’immergent dans la réalité quotidienne des habitants des quartiers populaires, pour comprendre et apprendre comment chaque jour se construit. Et nous nous heurtons à une violence de plus en plus globale que les familles subissent dans tous les domaines de leur existence. Et nous nous enthousiasmons de toutes ces ressources infinies qui se manifestent lorsqu’on entreprend ensemble des actions qui font sens. Et nous nous engageons tous ensemble avec la volonté de transformer les choses en nous sentant responsable, impliqué, à égalité.

Cette année, une action que nous avons menée à bien m’a particulièrement marquée et m’a permis d’en tirer un précieux enseignement.

Lorsque nous avons entrepris de participer à l’animation d’une rue dans le cadre de la biennale du design en ouvrant un salon de thé. Une vingtaine de femmes étaient mobilisées pour mener à bien ce projet. Et nous avions toutes le pressentiment que nous n’avions pas droit à l’erreur, qu’il fallait que l’on fasse preuve d’excellence. La question de la dignité de chacune et du collectif était en jeu.

Les familles pauvres l’ont compris depuis toujours. Si elles veulent espérer trouver leur place parmi les autres membres de la société, elles se doivent de dépasser les à prioris qui pèsent lourd sur la façon dont elles sont considérées.

Ces adultes doivent faire plus et mieux que ce qui est attendu de façon générale, pour être reconnus.

La boutique était magnifiquement décorée par les oeuvres des enfants, le mobilier avait été prêté par les unes et les autres, les gâteaux abondants étaient présentés dans les plus beaux plats qui provenaient tous des vaisselles familiales.

Le premier jour de l’ouverture, chaque adulte avait invité ses amies. Le salon était bondé. Au moment de préparer le thé, le compteur d’électricité a disjoncté. Je me suis retrouvée totalement catastrophée et désemparée. Alors que plusieurs de ces femmes ont réagit pour trouver rapidement une solution. Aller demander aux autres commerçant de faire bouillir de l’eau, retourner chez soi pour préparer du café… En l’espace d’une heure, le problème était réglé, grâce à la contribution active de chacune.

On a bien rit après coup, de cette mésaventure. Et l’une d’entre elles m’a fait remarquer: « Tu sais Josiane, tu peux compter sur nous, on a l’habitude des galères, c’est notre quotidien, on sait faire avec! »

 

On sait faire avec…! Un savoir qui vient de l’expérience, de toutes ces galères avec lesquelles il faut bien composer pour espérer trouver des solutions. Un savoir qui développe des aptitudes à chercher, créer, inviter des solutions.

Majid Rahnema en parle longuement dans son livre « la puissance des pauvres ».

Alors qu’on défini habituellement la pauvreté par le manque, l’auteur rappelle que la pauvreté dans laquelle a toujours vécue l’essentiel de l’humanité est une pauvreté conviviale qui s’appuie sur les valeurs humaines de solidarité. Quand on est pauvre, on n’a pas d’autres choix que de rechercher en soi même et avec les autres la meilleure façon de régler les problèmes qui se posent tout au long de l’ existence. Tous ces trésors d’inventivité, ces ressources pour échapper à l’impuissance sont un immense potentiel de transformation de la réalité.

Nous avons cette chance formidable d’apprendre de ces familles à imaginer, créer des possibles. C’est un enrichissement que nous ne pouvons pas construire ailleurs et autrement. Il nous faut juste nous immerger, nous imprégner de cette façon de faire avec la réalité pour peu à peu, en construisant des collectifs, là transformer.

Nous apprenons de tous ces savoirs »bénéficiaires du RSA », celui de la précarité, de l’instabilité permanente dans l’accès aux droits; les savoirs « mère isolée », et la non prise en compte de cette responsabilité écrasante d’avoir à élever seule ses enfants; les savoirs « étranger nouvellement arrivé en France » et l’incertitude du lendemain, l’insécurité et la peur….ect….

Les savoirs universitaires sont des savoirs « hors sol », en dehors de la « vraie vie » et ne nous permettent pas de pouvoir faire face à tout ce qui peut advenir et qui n’était pas prévu.

Sur cette question de la valorisation des diplômes, une jeune femme m’exprimait un jour son amertume face à toutes ses années d’études où elle avait été une élève brillante. Elle avait réussit à l’école. Mais toutes ces années ne lui ont pas permis de construire son existence de façon autonome, ne lui ont pas donné l’assurance nécessaire pour prendre des décisions par elle même, pour choisir un métier dans lequel elle puisse pleinement se réaliser.

Il semble donc indispensable de poursuivre l’ouverture de ces espaces qui se sont développés au travers de différents collectifs, à l’exemple des universités populaires. Ces espaces permettent le croisement des savoirs pour qu’ils se nourrissent mutuellement. Les savoirs universitaires qui se nourrissent des savoirs incarnés dans le vécus, et réciproquement.

Mais il faut surtout poursuivre la création de collectifs qui permettent ensemble de produire, de construire, de sentir que des possibles s’ouvrent, pour redonner dignité et légitimité à tous ces savoirs populaires qui ne sont pris en compte nulle part.

A partir de là, il est possible de construire une compréhension de monde forte parce qu’incarnée dans la vie quotidienne, dans les expériences concrètes. Une compréhension du monde capable de porter et de légitimer les mouvements émancipateurs…… Et ne plus penser contre soi même!

 

 

 

 

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Des galettes au feu de bois

Les enfants sont une grande source d’inspiration et de prise d’initiatives pour notre collectif. Ces derniers mois, ils ont manifesté à plusieurs reprises l’envie de faire des feux de bois, et chaque fois nous interrompions leurs élans, expliquant les dangers, les mauvaises conditions… Mais nous répétions cette scène à chacune de nos rencontres, redoutant parfois à avoir à déplorer un incident.

Mais la brise fut venue!!!

Assurer notre présence tout au long de l’année, sans prendre en compte des conditions météo, envers et contre tout, demande un peu de créativité. Nous cherchons au fil des mois des occasions de varier les plaisirs, de créer des évènements, de vivre ensemble des moments de fêtes.

Le Conseil d’enfants est l’espace de prise de décision. Chacun est invité à faire des suggestions et le groupe s’en saisi pour que les projets puissent aboutir. Nous avons évoqué à cette occasion, l’idée de pouvoir concilier plusieurs envies: faire des feus de bois, se réchauffer durant cette période de l’année, réaliser tous ensemble le goûter.

Si nous manquons de moyens matériels, nous ne manquons pas d’amis! L’un d’entre eux avait réalisé un magnifique tonneau qui permet de faire du feu dans de réelles conditions de sécurité, il a mis cet instrument à notre disposition pour une durée indéterminée. Un petit groupe d’enfants est parti à la recherche de bois, plusieurs adultes et enfants étaient partants pour réaliser des galettes sur le terrain. « Elles sont bien meilleures quand on les cuisine dehors, au feu de bois! » Une adhérente s’était chargée des courses, plusieurs familles ont prêter le matériel nécessaire pour notre cuisine extérieure. L’union fait la force!

Par ce 11 Novembre plein de grisaille, notre foyer a été magnifique, nous n’avons eu à déplorer aucun blessé, les galettes ont été réussies, en coopération entre des enfants et des adultes. Nous avons l’habitude de nous appuyer sur les relations intergénérationnelles qui sont une ressource de notre collectif.

L’après midi s’est terminé par des grillades de poivrons…. Ce qui nous a donné d’autres idées pour poursuivre cette nouvelle aventure. Nous allons reproduire cette opération foyer/cuisine régulièrement durant cet hiver. ce sera l’occasion de faire d’autres expériences culinaires. Pour la prochaine fois, nous allons enrichir notre recette avec une sauce pour accompagner les galettes, nous aurons aussi le temps de faire le cacao, le thé à la menthe. On envisage aussi une grillade de chamalos!

Nous recherchons toutes les occasions pour répondre aux envies en nous appuyant sur les ressources de notre collectif. D’un point de vue éducatif nous mesurons la pertinence de rendre possible les choses plutôt que de les interdire. Nous donnons ainsi des occasions de faire des expériences où on apprend à créer et respecter des conditions de sécurité pour réaliser les choses. On renvoie ainsi aux enfants la confiance que nous leur accordons, ce qui permet la prise d’autonomie. L’autonomie pour nous, c’est surtout avoir la possibilité de s’autoriser à faire les choses, de devenir auteur de ce que nous réalisons.

 

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