Terrain D'entente

Un local pour Terrain d’Entente !

La ville de Saint Etienne refuse de nous accorder un financement pour assurer la location d’un local sous prétexte que : « ….le maillage associatif préexistant à votre projet a été jugé suffisant… ». (Réponse du 6 septembre 2017 à notre demande de financement).

Terrain d’entente est présente sur  le quartier de Beaubrun/Tarentaize depuis plus de 6 ans.  Nous  proposons un accueil libre, gratuit et inconditionnel, tout au long de l’année,  et ce dans une démarche de pédagogie social et d’éducation populaire.Nous affirmons que nous sommes collectivement responsables de l’éducation et de la protection des enfants. Et nous nous efforçons de nous engager, avec  les acteurs volontaires de l’action éducative, pour construire, avec les parents, une communauté éducative où chacun se sent engagé, responsable, impliqué, à égalité,

Nous construisons avec les familles des projets qui répondent à des besoins, des envies, qui règlent des problèmes concrets.  Nous proposons d’une manière permanente des ateliers de rue, garde de bébés, temps de présence à la médiathèque, le café des femmes.  des sorties au bord de l’eau, sorties piscine, tournoi de foot en soutien à la Palestine et au mouvement BDS, accompagnement individuel (suivi de scolarité des enfants), ouverture d’un salon de thé éphémère… D’autres sont à développer : Un atelier beauté, bien être, Couture, salon de thé, plats à emporter.

Différents lieux nous accueillent pour nos réunions d’équipe, pour le café des femmes et pour la garde des bébés. Ce qui représente beaucoup d’éparpillement. Nous entreposons notre matériel pédagogique dans un garage.

Il existe chez ces femmes, des capacités professionnelles qui doivent être mises en évidences et qui ont un réel intérêt pour la ville. Ces compétences permettent de construire un dynamisme au sein du collectif qui a des incidences bénéfiques pour chacune d’entre elles.

Nous avons besoin d’un local pour que les activités de Terrain d’entente se développent, il serait aussi la reconnaissance de tout ce travail qui se construit grâce à la participation active de tous.

 

Lien vers la Pétition

https://www.change.org/p/mairie-de-saint-etienne-un-local-pour-terrain-d-entente

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Deuxième tournois de foot en soutien aux peuples qui subissent d’intenables Injustices

Deuxième tournois de foot en soutien aux peuples qui subissent d’intenables Injustices

Notre premier tournois de foot en soutien au peuple palestinien a permis une forte implication de nombreux membres de Terrain d’Entente, les enfants étant à l’origine de cette initiative.

Fort de cette expérience nous avons renouveler cette année une rencontre du même type.

 

Samedi 26 Aout , sur le terrain de foot de l’Etivallière, en partenariat avec BDS.

 

 

Le rappeur stéphanois RLM était présent pour l’occasion et nous a offert un véritable concert en plein air !

 

 

A Terrain d’Entente, les projets sont construits avec les adultes, les enfants et les jeunes, à partir des envies et des besoins manifestés.

Les enfants et les jeunes ont souhaité, pour la deuxième année, organiser un tournois de foot sur un vrai terrain de foot et inviter de façon très large.

Les adultes, nous sommes très inquiets de ce qui continue de se vivre loin de chez nous.

Hélas, nous avons à déplorer de multiples drames qui ont ravagés notamment la Syrie et d’autres régions de monde.

Depuis des années, en Syrie, une guerre extermine le peuple. Il faut une solution en Syrie qui soit basée sur la volonté du peuple qui doit pouvoir reprendre la parole pour qu’il détermine la façon dont il envisage l’avenir.

En Palestine, la situation continue de se dégrader, les colonies israéliennes gagnent toujours plus de terrains privant ainsi le peuple palestinien de ses terres. Le peuple palestinien est étouffé, exsangue, condamné.

Nous ne voulons pas restés impuissants. Les campagnes menées par BDS, à l’initiative de militants palestiniens représentent un véritable espoir de changement. Ce collectif agit pour exercer une pression sur le gouvernement israélien pour dénoncer ces pratiques d’apartheid, et rester au côté du peuple palestinien pour construire un état de droit, de justice et d’égalité.

 

Ce tournois de foot est donc consacré à toutes ces situations de guerre et d’in justice dont nous ne voulons plus.

Des boissons et des gâteaux réalisés par les femmes de Terrain d’Entente ont été vendus pour soutenir le travail de BDS.

 

Une mobilisation importante de différents collectifs a permis que ce tournois soit à la hauteur de cet enjeu.

 

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Atelier Théatre avec le Collectif X

Pendant quatre mois les enfants de Terrain d’Entente ont eu la possibilité de se mettre au théâtre à travers un atelier hebdomadaire proposé par le COLLECTIF X à l’amicale laïque de Tardy.

Raconter ensemble l’Odyssée, traverser les péripéties d’Ulysse qui cherche à rentrer chez lui à Ithaque, a été la base de nos exercices d’improvisations.

Naufrages, combats, chants de marins, personnages fantaisistes ……. deux scotchs disposés au sol et on a un bateau, quinze enfants motivés et énergiques et on a un équipage de matelots.
Chaque mercredi chaque atelier nous faisait traverser une étape du voyage d’Ulysse.
Tous les rôles étaient chaque fois tirés au sort, dans le but de pas s’approprier une partition mais de la prendre en charge collectivement :
quand c’est l’autre qui travaille un rôle c’est moi aussi qui travaille en l’observant.
Prendre en charge une histoire collectivement c’est aller au delà de ses frustrations personnelles de ne pas jouer le rôle qu’on voulait absolument faire, c’est être à l’écoute, s’exprimer,  oser faire des propositions, apprendre à suivre celles des autres.
C’est jouer ensemble même quand on ne se connait pas et pouvoir se redécouvrir quand on se connait trop.

Ces ateliers mélangeaient des enfants du quartier de Beaubrun-Tarentaize, des enfants du quartier de Tardy, ainsi que d’autres. Chacun pouvait venir sans obligation, à son rythme et selon ses possibilités (des fois une fois par mois, des fois chaque mercredi) seulement avec l’envie d’être là. Les séances se déroulaient en commençant par le partage d’informations sur l’histoire de l’Odyssée, un échauffement physique, des exercices ludiques qui font traverser différentes émotions ( joie, tristesse, peur… ) ou situations de jeu ( une grande fête, une tuerie, une fuite…), puis par la mise en scéne de l’épisode du jour et enfin par un gôuter tous ensemble.

 

Les enfants ont pu apprendre la difficulté de la répétition : travail incessant du comédien de refaire encore et encore pour affiner, maîtriser, muscler. Ils ont pu s’approprier des exercices d’échauffements et en faire à leur tour.

Enfin ils ont pu monter sur scéne et jouer sous les feux de la rampe avec des comédiens adultes amateurs et professionnels devant un public de famille , d’amis et d’inconnus.

Suite à cette expérience, des idées de personnages, des envies de proposer d’autres histoires, d’explorer d’autres types de théâtre s’est faite ressentir parmi les enfants  et ils ont pu prendre en charge des petites saynètes, faire des propositions et continuer à travailler le jeu et l’imaginaire.

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Un après-midi d’atelier Henné,

Animé par Anaïs  et moi-même ,Farida, auprès des enfants du quartier, cet atelier a été l’occasion de passer un moment agréable tous ensemble. Les enfants étaient satisfaits de leurs tatouages Henné réalisés par Anaïs, et j’ai aussi eu la chance de participer et d’avoir un magnifique tatouage sur la main.

Pendant ce temps-là d’autres enfants se trouvaient à la cinémathèque avec Johan, Estelle, Nabil et Hedi afin de découvrir le film « A cause de Mouad », réalisé sur Tarrentaize et dont les acteurs principaux sont des enfants et adolescents du quartier.

Les quelques enfants qui n’ont pas pu ou voulu participer à l’activité Henné avec les filles restaient calmes, observant le travail d’Anaïs. Les mamans elles aussi étaient très intéressées par l’évènement.

La journée a été agréable pour tout le monde, cet échange culturel et artistique ayant fait ressortir la créativité des enfants. Même ceux habituellement plus réservés ont pu s’ouvrir aux autres et participer à la bonne humeur générale.

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Les familles renoncent à leur devenir

Les familles renoncent à leur devenir

nous traversons une période de dépression sociale.

 

« Tu avais raison Josiane, je lui ai téléphoné deux fois dans la même journée, j’ai laissé chaque fois un message pour lui dire de me rappeler d’urgence et l’assistante sociale vient chez moi mercredi! »

Hamina ne prend pas le temps de saluer les différentes personnes présentes au café des femmes ce jour là, c’est trop important pour elle de nous faire partager cette victoire. Elle a su se faire entendre auprès de l’association qui s’était engagée à prendre en compte sa demande, il y a plus de 3 semaines. Elle a obtenu que quelqu’un du service se déplace à son domicile pour chercher avec elle des solutions. Ca a l’air de rien, Hamina a téléphoné à l’assistante sociale qui a fixé un rendez vous pour là rencontrer.

Mais ce n’est pas une mince affaire l’histoire d’Hamina. Elle vit seule, elle est porteuse d’un lourd handicap physique et elle est mère d’un jeune de 21 ans qui souffre d’un autisme profond. Il est placé en établissement depuis son plus jeune age, mais depuis ses 18 ans, il est difficile de trouver pour lui une solution d’accueil pérenne. Ce secteur de soin est saturé de demandes. Hamina doit prendre le relais et l’accueillir chez elle tous les week end, et sur des périodes de vacances de plus en plus longues, ce qui est physiquement impossible à assumer pour elle. Malgré ses incessantes interpellations auprès de différents services depuis deux ans,  elle n’avait obtenu aucune proposition d’aide. Au fil de nos conversations, j’ai finalement réalisé  qu’elle avait renoncé à espérer être entendue et prise en compte dans sa demande. Elle s’était résolue à accueillir son fils, comblant ainsi les carences des établissements sensés le prendre en charge, sachant que, dans la durée, elle ne pourrait pas faire face à cette trop lourde responsabilité. « C’est comme ça Josiane, il n’y a pas de solutions…. »

Et aujourd’hui, avec notre présence et notre soutien indéfectible Hamina a remporté une victoire! Elle n’a pas lâché, elle a su dire ce qui était important pour elle et sa demande a été prise en compte. Une triste bataille qui a duré deux ans et où bien souvent elle a risqué de capituler.

 

Cette situation, où les familles renoncent, abandonnent leur propre devenir, nous en rencontrons toujours plus. Une forme d’usure à devoir toujours se battre, se justifier, à ne pas se sentir compris et pris en compte dans les difficultés. Une forme d’usure à devoir toujours demander et attendre une réponse qui ne vient jamais. Une forme d’usure devant la complexité des démarches administratives où le numérique tend à remplacer dans toutes les administrations la possibilité de rencontrer et de s’expliquer devant une personne. L’usure d’avoir toujours à supporter et subir l’indifférence.

Cette forme d’abandon, nous en sommes témoins pour des situations très diverses mais qui chaque fois sont très préjudiciables pour le devenir des familles. Pour ce qui concerne les orientations scolaires, où le fonctionnement des établissements  est complètement étranger à la compréhension de certaines familles ; pour ce qui concerne des retards de prestations de différents services administratifs où les agents sont injoignables ; pour ce qui concerne des conditions de travail dégradantes ou des recherches de travail qui n’aboutissent pas….. Parfois nous entendons certains enfants qui se plaignent de n’avoir pas pu consulter le médecin alors qu’ils étaient malades, de ne pas avoir de rendez vous chez le dentiste, alors qu’une dent cariée les font souffrir depuis plusieurs jours… « on n’a plus de CMU« .

 

C’est en fait un abandon, un renoncement systémique. Les agents des services sociaux eux mêmes, face à leur impuissance à apporter des solutions aux difficultés manifestées, renoncent à assumer leurs responsabilités et oublient de rappeler au téléphone alors qu’ils s’y étaient engagés, perdent parfois les dossiers, reportent les rendez vous…. alors qu’ils se doivent  de garantir l’accès aux personnes les plus fragiles au meilleur service. Le travail social est conçu pour contribuer à améliorer les conditions de vie, réduire les inégalités, défendre les droits.

Comment peut on imaginer qu’il soit possible à tous ces agents des différentes institutions de devenir aussi négligents et de faire preuve de tout ce manque de rigueur dans leur travail?

Parce que ces adultes brisés ne vont jamais se permettre de les harceler jusqu’à obtenir gain de cause. Non, ces adultes brisés renoncent, ils ne se plaignent pas, ils ne manifestent aucune réaction intempestive, ils s’éteignent silencieusement. Ils perdent peu à peu toute volonté d’améliorer leur vie, ils s’éteignent dans leurs propre estime d’eux mêmes.

Les situations de vulnérabilité se caractérisent toujours  par des moments où les individus ne trouvent pas dans l’organisation sociale, une prise en compte de leur difficulté.

Nous assistons ainsi à des renoncements en chaîne qui produisent une profonde dépression sociale. Ce sentiment d’impuissance est perçu aussi bien par les familles que par les agents des services sociaux. Il semble  impossible de pouvoir changer les choses.

 

Les pédagogues sociaux prennent aujourd’hui le relais de ces institutions qui se fracturent. Nous sommes très vigilants  pour repérer ces signes d’abandon de toutes ces familles qui perdent confiance dans notre organisation sociale et qui ne comptent même plus sur leur propre ressource.

Nous sommes de plus en plus présents pour interpeller les différents services et les inciter à finaliser les démarches. Ce travail devient essentiel.  Nous sommes présents, chaque fois qu’on nous en fait la demande. Et nous percevons chaque fois ce sentiment d’humiliation pour toutes ces personnes qui n’ont pas la maîtrise des us et coutumes de ces administrations,  qui n’ont que des bribes de compréhension du fonctionnement général de ces services et qui se retrouvent face à leur impuissance à ce que leurs démarches aboutissent. Mais ensemble nous retrouvons notre capacité à nous mobiliser, nous retrouvons notre combativité.

 

Mais ce n’est pas le seul combat dans lequel la pédagogie sociale a décidé de s’engager pour faire face à la conséquente dégradation des institutions. Pour l’essentiel les acteurs de la pédagogie sociale s’impliquent avec tous ceux pour lesquels aucun avenir ne semble plus envisageable dans ce système libéral qui s’attaque avec méthode et continuité à l’état social. C’est un engagement dans la durée pour ouvrir des perspectives à chacun et construire l’avenir avec tous. C’est un combat, et nous remportons de plus en plus de victoires.

Nous avons obtenu par exemple que la Mairie installe une barrière de sécurité pour protéger les enfants d’un boulevard très dangereux et ce après un an et demi de lettre pétitions, d’articles dans le journal, de la construction collective d’une barrière artisanale. Après avoir obtenu ainsi satisfaction, nous nous sentons aujourd’hui légitimes à interpeller les élus de la commune pour leur faire part de notre expertise à identifier les besoins du quartier.

Ce  que nous avons appris à faire surtout, durant toutes ces années à construire ensemble des liens de connaissance et de reconnaissance mutuelle, c’est justement d’ identifier, de comprendre tous ensemble,  les envies, les besoins des uns et des autres, et de nous mobiliser collectivement pour construire des projets pour y répondre. Ce sont chaque fois des occasions de reconnaître les capacités, les compétences, les ressources de toutes ces familles en capacité à se mobiliser et à donner le meilleur d’elles mêmes lorsqu’un espace qui fait sens pour elles est ouvert à tous. Nous pouvons ainsi mettre en valeur cet esprit de combativité qui renaît dans ce contexte, et qui permet de construire et de créer parce que nous sommes ensemble pour le vivre.

C’est possible de reconstruire notre capacité à nous organiser collectivement de façon à ce que chacun devienne partie prenante des projets en cours, à partir de ses ressources propres. Nous en sommes une manifestation vivante, c’est possible, mais avec des conditions. Il est nécessaire d’abord de comprendre et apprendre la réalité de ce que vivent les familles en construisant une relation au rythme de chacun, en donnant du temps au temps Il est nécessaire de respecter le temps des personnes, qui nous rejoignent quand c’est possible et utile pour elles. Il est nécessaire de s’inscrire ensemble dans la durée.

Nous ouvrons ainsi des espaces de possibles. Nous sortons ensemble de cette dépression sociale. Et nous retrouvons tous notre dignité et notre fierté à savoir inventer, innover, créer.

 

Josiane GUNTHER le 29/06/17

 

 

 

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Rencontre avec Saïd Bouamama

Nous avons eu le plaisir d’accueillir Saïd Bouamama le 4 Juillet 2017.

Il est docteur en socio économie, il est également chargé de recherche et formateur pour des travailleurs sociaux.

Terrain d’Entente et le Centre Social du Babet étaient à l’initiative de cette rencontre. Nous travaillons ensemble depuis quelques années et nous nous efforçons de nous engager avec les familles du quartier pour chercher les réponses les plus adaptées aux besoins et aux envies manifestées.

Nous avons souhaité rencontrer Saïd BOUAMAMA parce que son analyse sur la situation des quartiers populaires rentre en résonance avec notre perception et notre compréhension de la réalité.

Son intervention nous a aidé à mieux cerner l’évolution des quartiers populaires, ce qui se vit aujourd’hui, les difficultés et les ressources. Nous avons pu également aborder la question du  besoin de présence militante, d’implication avec les habitants.

Nous sommes également très préoccupés par la situation des jeunes. Certains d’entre eux n’ont plus aucun contact avec les adultes du quartier, il y a un sentiment d’impuissance qui se développe, où on n’arrive plus  à s’interroger collectivement sur cette très préoccupante situation.

L’association Terrain d’Entente poursuit son action sur le quartier depuis Avril 2011. Nous sommes engagés dans une démarche d’éducation populaire qui se réfère à la pédagogie sociale. C’est une pédagogie de l’action.

Notre travail est de comprendre et d’apprendre la réalité de ce que vivent les familles en construisant une relation au rythme de chacun, en donnant du temps au temps. Nous offrons juste un temps de présence. Chacun peut participer à nos rencontres, quand c’est possible et utile pour lui, en fonction de ses centres d’intérêts et pas selon ses possibilités financières. Ce qui contribue pour bonne part, à la possibilité pour chacun de s’engager et d’être partie prenante dans tous les projets menés.

 

Cette posture permet de percevoir peu à peu la façon dont les familles vivent les évènements qui traversent leur vie et de s’indigner ensemble face à ces situations d’abandon, de relégation, et d’en faire notre affaire.

 

 

Nous sommes essentiellement centrés sur des actions collectives qui rendent possible certaines choses et mettent en évidence que le collectif est une force et une richesse. Nous construisons avec les familles des projets qui répondent à des besoins, des envies, qui règlent des problèmes concrets. Ces actions collectives sont l’occasion de développer pleins de savoirs et surtout mettent en évidence des savoirs qui ne sont pris en compte nulle part. Ensemble on sort de l’impuissance.

On peut dire alors, vous connaissez les familles de Tarentaize?

Ah oui, ces parents qui s’impliquent dans la démarche « 1001 Territoires, pour la réussite de tous les enfants à l’école », ces parents qui organisent des diaporamas pour les rencontres pays d’origine, ces parents qui organisent des soupes qu’ils offrent sur l’espace public pour manifester leur position face à certains évènements qui traversent la société, ces parents qui participent à l’animation d’une rue en ouvrant un salon de thé, dans le cadre de la Biennale….

 

Nous cherchons les moyens d’exercer de façon effective notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants. Et nous nous efforçons de nous engager, avec les acteurs volontaires de l’action éducative, pour construire, avec les parents, une communauté éducative, à l’échelle du quartier. Où chacun se sent responsable, impliqué, à égalité

Nous encourageons les enfants à partir des conseils qui ont lieu chaque semaine, de devenir partie prenante de nos temps de rencontre, en les accompagnants dans leurs projets pour qu’ils puissent aboutir.

Les enfants s’investissent et s’engagent pour des projets qui font sens pour eux.

Nous nous centrons sur des modes d’expression artistique (Atelier Théâtre, Atelier écriture, Atelier peinture, Atelier paperolle….)

 

Nous recherchons des modes de manifestation pour mettre en valeur toutes ces productions. On peut dire aujourd’hui: vous connaissez les enfants de Tarentaize? Ah oui, ceux qui ont réalisé l’exposition de peinture à l’amicale de Chapelon, ceux qui ont décoré la librairie croque’linotte avec des origamis, ceux qui ont animé des ateliers paperolles dans le cadre de la fête du livre, ceux qui ont réalisé une émission de radio….

 

Depuis 3 ans, nous avons développé un partenariat avec le centre social du Babet et la médiathèque du quartier, des actions qui concernent nos différentes structures se sont développées. Et nous avons ensemble l’occasion de proposer des débats.

 

 

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Fête des escaliers du Cret de Roch

Ce week-end, nous étions invités à la Fête des Escaliers du Crêt de Roch. Cet événement organisé par l’association « Les Cris du Quartier » rassemblait cette année plus d’une centaine de personnes. Cette fête de quartier est un événement populaire, l’occasion pour tous les stéphanois de se réunir autour d’une crêpe ou d’une partie de chamboule tout.

Cette année nous avons pu découvrir une quinzaine d’ateliers lors de notre ascension des marches du Crêt de Roch. Au programme : Jeux en bois, Toboggan en carton, atelier boxe, cirque ou encore maquillage, et deux concerts prévus en fin d’après-midi pour clore cette journée de fête.

Notre collectif étant invité à participé aux festivités, nous étions un groupe d’une quinzaine de personnes à quitté le terrain ce Samedi pour nous rendre aux escaliers du Crêt de Roch. Après une marche éreintante sous un soleil de plomb, nous sommes arrivés au pied des marches, déshydratés mais contents. Les enfants ont pu profiter du toboggan, d’un jeu de chamboule tout et d’un atelier d’accro-gym au cours duquel ils ont pu apprendre quelques portés.

Nous avons ensuite continué notre ascension jusqu’aux ateliers boxe et cirque qui se trouvaient en haut des marches. Les enfants ont pu profiter pleinement de ces deux activités pendant que les plus jeunes participaient à un atelier maquillage. C’est après ces quelques ateliers que nous avons décidé de reprendre notre route en direction de Tarentaize dans une ambiance chaleureuse après cet après-midi de fête.

 

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Pour un travail social alternatif.

Depuis plusieurs années, dans tout le champs de l’action sociale, on voit apparaître de nouveaux mots. Dans le cadre de la réorganisation des services, on parle aujourd’hui en terme de « management ». Le bilan d’activité est devenu le « rapport annuel des performances ». On parle en terme de « flux » et de « stocks » à propos des personnes non contractualisées au RSA.

Cette façon de nommer notre contexte de travail, détermine une façon de penser et de comprendre la réalité, conditionne et justifie de nouvelles pratiques.

L’objectif est que le travail devienne mesurable, comparable d’un service à l’autre, à l’aide des chiffres. On se doit d’optimiser chaque poste de travail pour réduire les coûts. Nous évoluons désormais, dans ces différents services, avec la même logique du management d’entreprise.

La voie hiérarchique dans chaque institution devient de plus en plus contraignante, chaque agent est sommé de respecter les directives, de se soumettre aux différents protocoles pour appliquer les dispositifs, penser et établis sans aucune concertation. Toute prise d’initiative pour chercher des réponses aux difficultés qui se manifestent de façon croissante, est devenue désormais impossible. Ce qui conduit à un sentiment d’impuissance, de dépossession, qui produit peu à peu des formes de démissions, de désengagement dans le travail. Mais le plus grave, la colère légitime des agents, se retourne bien souvent contre les personnes en demande d’aide qui sont de plus en plus perçues comme incompétentes et responsables de leur situation. Leurs demandes mettent les agents qui les accueillent en difficulté. Dans de nombreuses situations il n’y a plus d’aide concrète possible.

Les institutions socio-éducatives ne trouvent plus de solutions aux problèmes sociaux actuels. Pire, elles les aggravent en acceptant une individualisation toujours plus croissante des réponses qui tend à isoler les personnes dans des situations sociales difficiles.

L’exclusion d’une partie de la population mène au repli et à l’isolement de celle-ci, a une méfiance des uns envers les autres.

Cette idéologie, concernant la notion de la responsabilité individuelle dans les situations de détresse, gagne du terrain. Il n’y a plus de lecture politique et critique de la société. Pendant ces trente dernières années, le travail social a été malmené à tel point qu’il a perdu pour une bonne partie l’essence de sa création.

Le sens du travail social est de favoriser l’émergence de nouvelles lois de protection contre les situations de vulnérabilité. Chaque agent est un observateur privilégié des évolutions de la société, il doit remplir une fonction de vigilance et d’alerte. Il lui appartient, de faire remonter auprès des pouvoirs publics les besoins repérés, et de proposer des évolutions.

 

Le néolibéralisme s’attaque avec continuité et méthode à l’état social. Tout devient un coût, renvoie à un budget. Et le travailleur social doit se mettre au service de ce projet libéral.

 

Ces différents constats sont suffisamment alarmants et inacceptables pour nous donner l’énergie pour chercher et tenter de construire une alternative.

Il existe dans différents points de notre territoire, des actions qui se situent hors les murs. Des actions pour aller à la rencontre des gens, pour occuper l’espace publique, pour être présents dans ces espaces oubliés, délaissés. Ces actions sont portées par ceux qui se nomment les « pédagogues sociaux ». Ils ont créés, au fil des années, des espaces de rencontre notamment à Longjumeau avec « Intermèdes Robinson », à Grenoble, avec « Mme Rutabaga », à St Etienne avec « Terrain d’Entente ».

Le terme de pédagogie sociale évoque toute une histoire socio éducative. C’est une pédagogie engagée, une pédagogie de l’action.

Il est inspiré des pédagogies, de Yanus Korczak avec la république des enfants, de Célestin Freinet et les classes coopératives, Paolo Freire et la pédagogie des opprimés.

Chacun a su s’indigner face à une réalité sociale inacceptable, et s’est efforcé de construire des collectifs qui soient émancipateurs, source de transformations sociales, pour améliorer les conditions de vie des populations les plus à la marge des sociétés et leur assurer une vie digne, une conscience, une reconnaissance, une place.

Cette approche porte sur la critique de la réalité sociale, la nécessaire transformation de la société.

Nous sommes au fondement du travail social.

Laurent OTT a initié en France ce mouvement de pédagogie sociale depuis 20 ans. Avec la volonté de rejoindre et de s’engager avec les personnes les plus en difficulté pour construire plus de justice, retrouver des liens d’entraide et de solidarité, construire ensemble du commun. Faire société.

Laurent OTT nous rappelle que c’est un problème de société qui nous concerne tous, le fait que des familles soient exclues, marginalisées, oubliées des structures qui sont censées accueillir tout le monde.

 

Il nous faut donc exercer de façon effective notre responsabilité collective dans l’éducation et la protection des enfants, sur chaque territoire. Il nous faut rejoindre les personnes exclues là où elles vivent.

Il s’agit d’offrir un temps de présence de façon régulière, même jour, même lieu même heure et de s’engager auprès des personnes que nous rencontrons dans la durée.

Il nous faut chercher à transformer avec les personnes concernées ce qui est inacceptable: l’exclusion de tous les secteurs sociaux, économiques, politiques et culturels des familles les plus pauvres, et toutes ses conséquences qui peuvent être dévastatrices.

 

Comment cette démarche particulière se manifeste?

La tâche de la pédagogie sociale, n’est pas de transmettre des contenus culturels, mais de s’occuper de la manière de dépasser les problèmes émergents des personnes en vue de leur développement et de leur intégration.

Le pédagogue social travaille sur le terrain public, dans la rue ou dans un parc en observant l’environnement qui l’entoure, tel un arpenteur. Il est là, en posture de récepteur : il voit, il entend, il reçoit des impressions. Ces impressions lui permettent de mieux appréhender ce milieu pour une transformation de celui-ci par ses occupants.

Il est un « visiteur », il a conscience qu’il n’ est pas chez lui, qu’il est ignorant de beaucoup de choses. Son travail est de comprendre et d’apprendre la réalité de ce que vivent les familles en construisant une relation au rythme de chacun, en donnant du temps au temps.

Cette posture permet la rencontre. Peu à peu, au fil des semaines, la parole se libère. A partir des besoins, des envies manifestés, des projets d’actions se mettent en place.

Ces actions collectives permettent parfois de régler des problèmes concrets. Elles sont l’occasion de développer pleins de savoirs et surtout mettent en évidence des savoirs qui ne sont pris en compte nulle part. Ensemble on sort de l’impuissance. Ensemble, nous avons fait un pas de plus dans la construction de rapports plus égalitaires et plus justes.

A partir de ces échanges, de ces actions, on comprend mieux la réalité. Ils permettent une remise en cause de nos à prioris, de nos préjugés, on construit ensemble des savoirs nouveaux. De là leur pouvoir émancipateur.

« Les habitants se forment dans les actes qu’ils posent au sein du collectif, les pédagogues se forment au contact des habitants. Chaque action est l’occasion de confronter ses représentations et ses acquis à une réalité complexe, et permettre des réajustements. Les temps mise en place en Pédagogie Sociale, sont l’occasion d’expérimentation de savoir être, savoir-faire, qui se formalisent par la répétition, l’échec, et la réussite. En cela, les espaces où se pratiquent la PS sont des espaces de formation continue et globale. » (Laurent OTT)

 

Nous sommes essentiellement centrés sur des actions collectives qui rendent possible certaines choses et mettent en évidence que le collectif est une force et une richesse. Nous construisons avec les familles des projets qui répondent à des besoins, des envies, qui règlent des problèmes concrets. Nous encourageons les enfants à partir des conseils qui ont lieu chaque semaine, de devenir partie prenante de nos temps de rencontre, en les accompagnants dans leurs projets pour qu’ils puissent aboutir.

Nous faisons ensemble société, nous sommes de plus en plus centrés sur nos intérêts et préoccupations communes.

Nous n’avons pas d’intention particulière concernant la façon dont ce collectif devrait évoluer, par contre nous accordons beaucoup d’attention à chacun pour comprendre au mieux les besoins, les envies et pour y trouver ensemble les réponses les plus adaptées.

Nous offrons juste un temps de présence. Même jour même lieu même heure, on peut compter sur nous, tout au long de l’année. Ce temps de présence est proposé de manière libre, inconditionnelle et gratuite.

Un accueil libre, où l’on vient quand on veut, et l’on part quand on veut. C’est le respect du temps des personnes qui nous rejoignent quand c’est utile et possible pour elles.

Un accueil inconditionnel, pour tout le monde. Notre collectif organise ses rencontres à partir du multi âge et du multiculturel. A l’image de notre belle France.

Un accueil gratuit, ce qui nous met dans un lien d’égalité. Chacun peut participer à nos rencontres en fonction de ses centres d’intérêts et pas selon ses possibilités financières. Ce qui contribue pour bonne part, à la possibilité pour chacun de s’engager et d’être partie prenante dans tous les projets menés.

 

Cette posture permet de percevoir peu à peu la façon dont les familles vivent les évènements qui traversent leur vie et de s’indigner ensemble face à ces situations d’abandon, de relégation, et d’en faire notre affaire.

Nous sommes au coeur de ce que la société produit de violent.

La violence se traduit essentiellement par la pauvreté qui s’aggrave et qui s’amplifie. Par la précarité, qui est pire que la pauvreté. La précarité c’est la peur du lendemain qui peut être pire, c’est l’absence de perspective d’un avenir meilleur, c’est le renoncement à des envies, des projets qui ont du sens, à des rêves, c’est le replis sur soi: « aujourd’hui, il faut faire confiance à personne et se méfier de tout le monde…. »

La violence c’est le désengagement des institutions qui empêchent que les démarches parfois incontournables à la survie de ces familles, puissent aboutir. A la CAF, à St Etienne, les rendez vous ne peuvent plus être pris dans l’urgence. Dans d’autres administrations, les RDV avec les AS ne sont pas possible avant 1 mois, voire 2. Et les problèmes administratifs et financiers qui continuent de s’aggraver.

La violence c’est les petits boulots indignes, en dehors de toute légalité. Pour ne citer que la réalité des conditions de travail des femmes de ménage qui acceptent des conditions insupportables (être prévenu à 6h du matin pour être opérationnel sur le chantier à 7h le jour même, ne pas être payé pendant le temps de déplacement qui peut aller jusqu’à une heure, ne pas avoir de pose de toute une matinée, la dureté du travail en lui même, les produits ménagés extrêmement polluants….) Ces femmes s’accrochent à ce travail. Le perdre serait tomber encore plus bas, ce serait prendre le risque de perdre des droits.

Et nous pouvons aussi nous émerveiller de toutes ces ressources qui se manifestent, de toutes ces solidarités qui se développent de manière totalement invisible. De cette capacité à surmonter la fatigue, le découragement pour organiser une soupe pour 150 personnes, se mobiliser avec d’autres pour réaliser des projets.

De savoir renoncer au programme de sa journée pour accompagner une mère encore plus en difficulté pour essayer de régler un problème.

 

Une forte relation de confiance se construit au fil du temps. Nous le devons à cette connaissance et cette reconnaissance. C’est également notre présence dans la durée, notre présence intense sur le quartier: du Mardi au samedi, tout au long de l’année, nous sommes là aussi les jours fériés, quand tout est fermé. Nous téléphonons très régulièrement: pour annoncer des sorties, pour prendre des nouvelles, pour évoquer des attentes plus particulières que les unes et les autres ont pu manifester.

Cette relation de confiance c’est peut être également construit sur la base de notre situation de précarité. A St Etienne, nous sommes présents au sein d’un quartier depuis 6 ans, et nous n’avons toujours pas de local. Nous dépensons une grande énergie, chaque année, pour obtenir des financements insuffisants qui ne sont pas pérennes. Nous subissons nous aussi cette absence de reconnaissance, cette incertitude du lendemain, cette instabilité de notre équipe qui change très souvent.

 

Ce statu très fragile, nous place dans un rapport d’égalité où l’implication de chacun est précieuse pour agir, penser, comprendre la réalité et que les projets puissent aboutir.

Cette force ainsi construite permet de dire que cette démarche particulière apporte une réelle ouverture pour un renouveau de l’action sociale.

 

« L’association, c’est du possible dans un monde où tout serait déjà dit et décidé par d’autres, où nous n’aurions plus de prise sur aucune direction, aucune orientation dans nos vies…

Cette rapidité, cette mobilité, cette souplesse des modes d’intervention nous aide à nous intégrer dans les territoires, à nous adapter aux situations, à accueillir l’imprévu et à donner une place à tous. Ce sont en quelque sorte les techniques d’une guérilla sociale contre toutes les formes de solitude et d’oppression. » (Laurent OTT)

 

Josiane GUNTHER Le 20 Mai 2017

 

 

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Rupture du Jeun avec les familles

La période du Ramadan est un temps très privilégié de l’année pour les familles de confession musulmane. Nombreux sont les adhérents de Terrain d’Entente à vivre sur ce rythme. Chaque année, nous souhaitons manifester notre marque d’attention et de respect sur ce temps fort et important.  Nous nous réjouissons de  toutes ces occasions où nous faisons ensemble l’expérience de pouvoir partager de façon  de plus en plus détendue et ouverte la façon propre à chacun de manifester des pratiques qui s’ancrent dans la réalité et qui nous ramènent à nos valeurs communes, nos centres d’intérêt. Plus nous nous ouvrons à la réalité des autres et plus nous sentons possibles de construire tous ensemble des espaces où chacun se sent une reconnaissance, une place.

Cette année, pendant ce mois de Ramadan, nous avons décidé ensemble de fêter chaque vendredi soir la rupture du jeûne.  Nous nous sommes donc installés sur notre terrain préféré, qui est à la fois éclairé le soir, et plutôt loin des habitations.  C’est là que nous avons monté nos tables et installés nos tapis.

Nous avions déjà fait l’expérience d’une rupture du jeûne sur notre terrain l’an passé. Une centaine de personnes étaient présentes et chacun de nous garde le souvenir d’un moment joyeux et convivial.
C’est pourquoi cette année, nous avons décidé de rendre ces rendez-vous plus réguliers, et de nous retrouver tous les vendredis soirs. Le vendredi est un soir idéal pour les enfants car il n’y a pas école le lendemain, ils peuvent ainsi veiller tard le soir et profiter avec les adultes de ces moments de fête. Aussi, tout au long de l’année, notre collectif (adultes et enfants) a su démontrer une incroyable capacité d’organisation (fête de noël, expérience du salon de thé, AG de l’association etc.).

Dès notre arrivée, plusieurs enfants étaient déjà présents prêts à faire la fête ! Puis des familles sont arrivées, certains amenant des gâteaux, d’autres des boissons. Nous avons même eu le droit à un couscous ! Petit à petit la soirée prenait forme : des groupes d’enfants jouaient un peu partout dans le parc, des matchs de foots avaient commencés sur le terrain pendant que les adultes dansaient autour d’un verre de thé au rythme de la derbouka de Saïda.

Sur place, un groupe de jeunes habitants du quartier nous on rejoint. Ils étaient une vingtaine et amenaient du taboulé et de la salade de fruit pour tout le monde. Ils ont pu nous expliquer qu’ils avaient récupéré tous ces aliments sur le marché, qu’ils faisaient ça régulièrement, et qu’ils se retrouvaient souvent avec de telles quantités sans trouver où les partager. Nous avons donc continuer à faire la fête tous ensemble, dans l’abondance de nourriture et de thé à la menthe !

Aux alentours de minuit, nous avons constitué des petits groupes de 5 personnes (3 enfants et deux adultes) pour préparer le lancer de lanternes. Une fois tous prêts, chaque groupe alluma sa lanterne, et presque toutes s’envolèrent !

Nous avons pu lancer une dizaine de lanternes, et profiter du spectacle.
Après ce moment magique, il était temps pour tout le monde de rentrer, le temps de ranger tous ensemble autour d’un dernier verre de thé.

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Terrain d’entente comme espace d’expression de l’engagement

« Une des questions centrales à laquelle nous devons nous confronter est celle de la transformation des postures rebelles en postures révolutionnaires qui nous engagent dans un processus radical de transformation du monde . La rébellion est un point de départ indispensable, une explosion de la juste colère, mais elle n’est pas suffisante. » (La pédagogie de l’autonomie, Paolo FREIRE)

 

Paolo Freire s’inscrit dans une optique de lutte pour la libération des populations opprimées.

Une période particulière, dans un contexte différent du nôtre aujourd’hui. Pour moi cependant, son interpellation met en exergue ce qui est enjeu quand on parle d’engagement, et reste très actuelle.

 

L’engagement pour moi, est né d’un inacceptable, de situations sociales concrètes qui m’ont affectées, en regard de convictions profondes sur ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. La « juste colère » m’a amenée à prendre position, à m’impliquer. Cette démarche m’a conduit à adopter une « posture rebelle », et a ouvert à la nécessité de chercher à mieux comprendre les réalités.

Cette prise de conscience appelle l’engagement, la défense de notre bien commun. Elle se traduit par la compréhension des rapports de force inégalitaires et injustes que notre système produit de façon de plus en plus violente.

L’engagement c’est vouloir changer les choses plutôt que les subir.

A l’époque de la révolution de 1789, on parlait de « citoyens vertueux » et de « citoyens corrompus ». Les « citoyens vertueux » étaient tous ceux qui estimaient que l’intérêt général était supérieur à l’intérêt privé. Ils s’efforçaient dans leurs actions de servir l’intérêt général.

A la source de l’engagement, il y a la conscience de l’intérêt général.

S’engager, c’est résister collectivement

J’ai travaillé pendant 20ans, comme puéricultrice de PMI, au Conseil Départemental de la Loire. J’avais d’emblée postulé sur des secteurs dits « sensibles », avec cette volonté d’être aux côtés des populations les plus en difficulté. Ce choix s’est construit sur la conviction que le travail social est conçu pour contribuer à améliorer les conditions de vie, réduire les inégalités, défendre les droits.

Durant toutes ces années de travail, j’ai aimé ce courage des familles à affronter, pour certaines, tellement de difficultés, j’ai recherché à leur côté des solutions pour répondre à des besoins, des envies qui se manifestaient, régler des problèmes concrets. Avec d’autres partenaires nous avons parfois trouver des issues favorables.

Le travail au sein de collectifs est une démarche essentielle. Depuis toujours, ce sont des collectifs qui ont su dénoncer les inégalités et les injustices, et devenir une force pour tenter de construire autrement nos relations sociales.

 

Au fil des années, les prises d’initiatives se sont réduites au sein de mon institution. Aujourd’hui chaque agent doit compter: les visites à domicile, les entretiens, les coups de téléphone, etc…., et justifier ainsi de sa charge de travail. L’objectif de l’institution est désormais d’optimiser chaque poste de travail, de réduire les coûts.

J’ai pu mesurer rapidement en quoi ces nouvelles pratiques étaient préjudiciables pour les personnes en demande d’aide. Nous nous confrontons plus en plus à des situations de détresse où nous n’avons plus aucune réponse.

Je ne me suis plus reconnue dans ces nouvelles procédures, fort de cela, j’ai choisi d’ interpeller d’autres travailleurs sociaux.

 

Pendant plusieurs années un collectif « le travail social dans la crise » a initié différents temps de rencontres. Ce collectif rassemblait des travailleurs sociaux inquiets de l’évolution de leur travail ainsi que des acteurs de terrain, appartenant à des structures très différentes et qui vivaient des réalités semblables. Nous avions faits différents constats :

Depuis plusieurs années, dans tout le champs de l’action sociale, on voit apparaître de nouveaux mots. Dans le cadre de la réorganisation des services, on parle aujourd’hui en terme de « management ». Le bilan d’activité est devenu le « rapport annuel des performances ». On parle en terme de « flux » et de « stocks » à propos des personnes non contractualisées au RSA.

Cette façon de nommer notre contexte de travail, détermine une façon de penser et de comprendre la réalité, conditionne et justifie de nouvelles pratiques.

L’objectif est que le travail devienne mesurable, comparable d’un service à l’autre, à l’aide des chiffres. On se doit d’optimiser chaque poste de travail pour réduire les coûts. Nous évoluons désormais, dans ces différents services, avec la même logique que celle du management d’entreprise.

La voie hiérarchique dans chaque institution devient de plus en plus contraignante, chaque agent est sommé de respecter les directives, de se soumettre aux différents protocoles pour appliquer les dispositifs, penser et établis sans aucune concertation. Toute prise d’initiative pour chercher des réponses aux difficultés qui se manifestent de façon croissante, est devenue désormais impossible. Ce qui conduit à un sentiment d’impuissance, de dépossession, qui produit peu à peu des formes de démissions, de désengagement dans le travail. Mais le plus grave, la colère légitime des agents, se retourne bien souvent contre les personnes en demande d’aide qui sont de plus en plus perçues comme incompétentes et responsables de leur situation.

Ces demandes nous mettent en difficulté parce que nous n’avons plus d’aide concrète à proposer. Année après année, le néolibéralisme s’attaque avec méthode et continuité à l’état social né du Conseil National de la Résistance. Dans ce contexte, les institutions socio éducatives ne trouvent plus de solution aux problèmes sociaux actuels. Pire, elles les aggravent en acceptant une individualisation toujours plus croissante qui tend à isoler les personnes. Elles sont de plus en plus contraintes dans des démarches qui ne peuvent aboutir.

 

Dans son livre, « travailler avec les familles », Laurent OTT met en évidence que nous sommes collectivement responsables de l’éducation et de la protection des enfants. Une question qui est donc posée à toutes ces structures du champ éducatif: à l’échelle de chaque territoire. Comment exerçons nous collectivement cette responsabilité ?

Laurent OTT rappelle que ce qui aide le plus les enfants à se développer de façon harmonieuse, au maximum de leur potentiel, c’est de pouvoir  évoluer dans un climat de sécurité. Ce n’est pas forcement d’avoir des parents « compétents » en matière éducative (une compétence d’ailleurs toujours normalisée), mais surtout d’avoir des modèles d’adultes en capacité de se mobiliser avec d’autres pour régler des problèmes concrets, pour être partie prenante dans les affaires qui les concernent, et nous concernent tous.

Laurent OTT se réfère à la pédagogie sociale, fruit de l’engagement de personnalités comme Célestin Freinet, Paulo Freire, Héléna Radlinska. Chacun a pensé un mode d’organisation collective qui rende possible l’émancipation des populations dominées, qui rende possible des transformations sociales à partir de ces populations.

La pédagogie sociale est née du contact avec les plus fragilisés. C’est un engagement clair et net envers les populations discriminées, pour construire avec elles, plus de justice et d’égalité, pour retrouver des liens d’entraide et de solidarité.

Ces différentes élaborations de réflexions collectives amènent à transformer  » des postures rebelles en postures révolutionnaires qui nous engagent dans un processus radical de transformation… »

Ce Processus peut s’incarner par des formes innovatrices d’actions et de projets, dans l’organisation de l’espace public, avec les familles qui sont souvent privées de pouvoir d’agir.

Mais une posture s’impose. Celle qui invite chacun à aller à la rencontre de ceux avec lesquels plus rien n’est pensé, construit, et à s’immerger dans cette réalité dont nous ignorons tout, pour identifier ce qui est primordial pour eux. Il s’agit de comprendre et d’apprendre la réalité de ce que vivent les personnes, en construisant une relation au rythme de chacun, en donnant du temps au temps.

L’observation est à la base de ce  travail, c’est à partir de celle-ci que l’on peut décider des actions et que l’on peut théoriser. Chacun  se forme ainsi de manière globale et continue. C’est le sens même de l’éducation populaire. Un de ses objectifs principaux est de promouvoir la participation des sujets à la construction d’un projet politique de société  par des solutions construites collectivement pour dépasser les inégalités sociales. Construire des collectifs qui soient émancipateurs, source de transformations sociales, pour améliorer les conditions de vie des populations les plus à la marge des sociétés et leur assurer une vie digne, une conscience, une reconnaissance, une place.

 

Miguel Benasayag (1) parle « d’action restreinte », qui en elle même produit un changement qui devient transformateur d’une façon globale.

 

« Terrain d’Entente » a repris les principes fondamentaux de la pédagogie sociale dans sa façon d’être présent sur le quartier de Tarentaize à St Etienne, depuis Avril 2011.

Nous proposons des ateliers de rue tout au long de l’année et bien d’autres actions qui se sont développées à partir des besoins des envies manifestés. Nous occupons l’espace public et nous sommes présents pour tous ceux qui souhaitent nous rejoindre de façon libre, inconditionnelle et gratuite.

Nous n’avons pas d’intention particulière concernant la façon dont ce collectif devrait évoluer, par contre nous accordons beaucoup d’attention à chacun pour comprendre au mieux les besoins, les envies et pour y trouver ensemble les réponses les plus adaptées. Nous offrons juste un temps de présence: même jour même lieu même heure, on peut compter sur nous, tout au long de l’année.

Cette posture permet de percevoir peu à peu la façon dont les familles vivent les évènements qui traversent leur vie et de s’indigner ensemble face à ces situations d’abandon, de relégation, et d’en faire notre affaire.

Cette posture permet aussi de s’émerveiller de toutes ces ressources qui se manifestent, de toutes ces solidarités qui se développent de manière totalement invisible.

 

De nombreux enfants souffrent de leur situation de relégation pour certains, du sentiment d’exclusion pour d’autres. Ils sont pour la plupart en difficulté à l’école et ne bénéficient que rarement d’activités périscolaires. Mais ils savent se saisir de toutes les opportunités qu’on leur propose. En effet, ils s’investissent, ils s’engagent dans des projets qui font sens pour eux, manifestant ainsi leur grand besoin d’expression et de reconnaissance. Nous les encourageons alors, à partir des conseils[i] qui ont lieu chaque semaine, à devenir partie prenante de nos temps de rencontre, notamment en les accompagnant dans leurs projets pour qu’ils puissent aboutir.

Nous affirmons que nous sommes collectivement responsables de l’éducation et de la protection des enfants. Nous nous efforçons pour cela, d’engager les acteurs de l’action éducative présents sur le quartier, pour construire avec les parents, une communauté éducative au sens où la définit Gerard Pithon[ii], où chacun se sent engagé, responsable, impliqué, à égalité. Nous construisons avec les familles des projets qui répondent à des besoins, des envies, qui « règlent » des problèmes concrets. Seules les actions collectives rendent possible la concrétisation de cet engagement et mettent en évidence la force et la richesse du « collectif ». Nombreuses sont les familles du quartier qui ont vécu dans d’autres régions du monde. Les différences pour ce qu’il s’agit de notre façon d’appréhender le monde, de le comprendre, sont vécues comme des sources d’enrichissement. Afin de mailler les arts de vivre propres à chacun, nous favorisons les échanges et rencontres de manière régulières et ce,   à partir des pays d’origine. Aussi et plutôt que de parler du « vivre ensemble », expression devenue vide de sens aujourd’hui, nous avons opté pour la conjugaison des arts de vivre et de métisser les savoirs être et les savoirs-vivre.

 

Ce que nous croyons séparément importe moins que ce que nous faisons ensemble, nos actions, nos revendications, nos luttes et nos solidarités.

La bataille à laquelle nous participons, à travers ce collectif, avec de très modestes moyens, c’est une bataille pour l’égalité, la justice, la reconnaissance de toute la diversité des citoyens, source d’une immense richesse.

Malgré un quotidien éprouvant pour de très nombreuses familles du quartier, nombreuses sont celles qui arrivent à trouver l’énergie pour construire avec d’autres des solidarités indispensables, et réaliser des projets. Elles ont la force et le courage de croire en un avenir possible avec tous. S’unir, agir ensemble plutôt que se laisser diviser, c’est entre nos mains et c’est à vivre concrètement jour après jour.

S’engager face à l’inacceptable, avec la volonté de participer aux transformations indispensables, c’est rester vivant et debout. C’est ne jamais oublier que l’intérêt général est toujours supérieur à l’intérêt privé.

« Il n’y a que les poissons morts qui vont dans le courant, être vivant, c’est nager à contre courant » (Miguel Benasayag)

Josiane GUNTHER le 12/06/17

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